Travail d'enfer pour déchristianiser le Canada Français - 1897.

XVI

CONCLUSION.

Ce qui nous reste à dire maintenant, c'est qu'il est de toute évidence qu'il se fait un travail d'enfer pour déchristianiser le Canada Français, et que ce travail, commencé depuis assez longtemps et poursuivi avec une rare persévérance, a déjà fait des progrès très-alarmants. Nos libéraux sont les agents les plus actifs de cette œuvre néfaste, et ils font converger tous leurs efforts vers son parfait accomplissement. Voici, pour les citer une dernière fois ce qu'ils disent du christianisme, qu'ils nomment théocratie, afin de ne pas trop effrayer certaines bonnes âmes trop accessibles aux scrupules.

" La théocratie ou gouvernement dont les chefs, c'est-à-dire les prêtres, sont regardés comme étant les ministres de Dieu et chargés en conséquence de manifester sa volonté, c'est la tyrannie la plus bénigne en apparence, mais au fond la plus soupçonneuse, la plus inquiète, la plus active ; c'est l'absence de tout progrès, de toute initiative, aussi bien dans les individus que dans les masses ; c'est l'avilissement des natures les plus fortes et les plus puissantes : c'est, d'un côté, l'extrême opulence ; de l'autre la misère la plus hideuse ; c'est l'immobilité des générations, toutes semblables de mœurs, de costumes et même d'attitude ; c'est le silence des déserts, c'est le calme des tombeaux. Tels sont les traits qui caractérisent les pays que les prêtres ont soumis à leur empire, et l'histoire nous prouve que la domination théocratique est la pire des dominations. "

En face de pareilles menaces et d'aussi grands dangers, quel devoir incombe aux vrais catholiques, aux enfants dévoués de l'Eglise ? Pas d'autre que de résister avec la plus grande énergie à l'erreur et au mal qui nous envahissent et veulent tout submerger. Le temps des compromis, des concessions, du laisser faire et des reculades est passé ; il a duré bien trop longtemps. Plus on veut bafouer la vérité, plus on veut réduire à néant l'autorité de l'Eglise, plus aussi il est nécessaire que l'une et l'autre s'affirment. Il en coûtera probablement cher et très-cher pour tenir cette conduite, car les ennemis du bien sont déterminés à tout pour dominer sur les corps et sur les âmes. Mais dut-on se soumettre aux plus grands sacrifices, il n'y a pas à reculer. En pareille occurence, il faut savoir se mettre au-dessus de n'importe quel genre de persécution, savoir tout braver, même la mort, s'il le faut. Le moment de la crise décisive a souué pour nous. Le Canada de l'avenir dépend de notre attitude présente, et c'est sur nous que pèsent toutes les responsabilités.

Nous sommes plus fortement engagés que nous ne le pensons dans la grande lutte universelle, et, dans ce gigantesque combat, il n'y a de choix à faire qu'entre deux drapeaux, celui de Jésus-Christ et celui de Satan. Au plus fort de la tourmente, rappelons-nous ces paroles d'un grand écrivain catholique, annonçant plus de quarante ans à l'avance ce que serait notre fin de siècle.

" Et le ciel et l'enfer, dit-il, se rencontreront, et Michel et Satan lutteront de nouveau. Et l'étendard des enfants de Dieu portera encore ces mots : Qui est comme Dieu ? Et le mot d'ordre des fils de Satan sera encore : Vous serez comme des dieux ......
" Et le commencement de ces choses est déjà arrivé ;
" Dieu et le démon se préparent ;
" Le monde attend dans l'anxiété ;
" L'Eglise attend dans la confiance ;
" Les anges regardent dans la prière ;
" Et le Christ tient sa croix suspendue sur le monde. "

EUGENE NORMAND

LE LIBÉRALISME DANS LA PROVINCE DE QUÉBEC - 1897 : https://archive.org/stream/cihm_11819#page/n99/mode/2up