Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Lun 22 Fév 2016, 11:21 am

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. — Table des Matières. a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.  


Saint Augustin établit que les bons anges veulent qu’on offre à Dieu seul, objet de leurs propres adorations, les honneurs divins et les sacrifices qui constituent le culte de lâtrie. Il discute ensuite contre Porphyre sur le principe et la voie de la purification et la délivrance de l’âme.


→  nota:  Voilà la table des matières du Livre  Xe; je viendrai, de temps à autre, mettre les liens correspondants.


Chapitre PREMIER. LES PLATONICIENS TOMBANT D’ACCORD QUE DIEU SEUL EST LA SOURCE DE LA BÉATITUDE VÉRITABLE, POUR LES ANGES COMME POUR LES HOMMES, IL RESTE À SAVOIR SI LES ANGES, QUE CES PHILOSOPHES CROIENT QU’IL FAUT HONORER EN VUE DE CETTE BÉATITUDE MÊME, VEULENT QU’ON LEUR FASSE DES SACRIFICES OU QU’ON N’EN OFFRE QU’À DIEU SEUL.

Chapitre II. SENTIMENT DE PLOTIN SUR L’ILLUMINATION D’EN-HAUT.

Chapitre III. BIEN QU’ILS AIENT CONNU LE CRÉATEUR DE L’UNIVERS, LES PLATONICIENS SE SONT ÉCARTÉS DU VRAI CULTE DE DIEU EN RENDANT LES HONNEURS DIVINS AUX BONS ET AUX MAUVAIS ANGES.

Chapitre IV. LE SACRIFICE N’EST DÛ QU’À DIEU SEUL

Chapitre V. DES SACRIFICES QUE DIEU N’EXIGE PAS ET QUI ONT ÉTÉ LA FIGURE DE CEUX QU’IL EXIGE EFFECTIVEMENT.

Chapitre VI. DU VRAI ET PARFAIT SACRIFICE.

Chapitre VII. LES SAINTS ANGES ONT POUR NOUS UN AMOUR SI PUR QU’ILS VEULENT, NON PAS QUE NOUS LES ADORIONS, MAIS QUE NOUS ADORIONS LE SEUL VRAI DIEU.

Chapitre VIII. DES MIRACLES QUE DIEU A DAIGNÉ OPÉRER PAR LE MINISTÈRE DES ANGES À L’APPUI DE SES PROMESSES, POUR CORROBORER LA FOI DES JUSTES.  

Chapitre IX. DES INCERTITUDES DU PLATONICIEN PORPHYRE  TOUCHANT LES ARTS ILLICITES ET DÉMONIAQUES.  

Chapitre X. DE LA THÉURGIE, QUI PERMET D’OPÉRER DANS LES ÂMES UNE PURIFICATION TROMPEUSE PAR L’INVOCATION DES DÉMONS.

Chapitre XI. DE LA LETTRE DE PORPHYRE A L’ÉGYPTIEN ANÉBON,OÙ IL LE PRIE DE L’INSTRUIRE TOUCHANT LES DIVERSES ESPÈCES DE DÉMONS.

Chapitre XII. DES MIRACLES QU’OPÈRE LE VRAI DIEU PAR LE MINISTÈRE DES SAINTS ANGES.  

Chapitre XIII. INVISIBLE EN SOI, DIEU S’EST RENDU SOUVENT VISIBLE, NON TEL QU’IL EST, MAIS TEL QUE LES HOMMES LE POUVAIENT VOIR.  

Chapitre XIV. IL NE FAUT ADORER QU’UN SEUL DIEU, NON SEULEMENT EN VUE DES BIENS ÉTERNELS, MAIS EN VUE MÊME DES BIENS TERRESTRES QUI DÉPENDENT TOUS DE SA PROVIDENCE.

Chapitre XV. DU MINISTÈRE DES SAINTS ANGES, INSTRUMENTS DE LA PROVIDENCE DIVINE.  

Chapitre XVI. SI NOUS DEVONS, POUR ARRIVER À LA VIE BIENHEUREUSE, CROIRE PLUTÔT CEUX D’ENTRE LES ANGES QUI VEULENT QU’ON LES ADORE QUE CEUX QUI VEULENT QU’ON N’ADORE QUE DIEU.  

Chapitre XVII. DE L’ARCHE DU TESTAMENT ET DES MIRACLES QUE DIEU OPÉRA POUR FORTIFIER L’AUTORITÉ DE SA LOI ET DE SES PROMESSES.  

Chapitre XVIII. CONTRE CEUX QUI NIENT QU’IL FAILLE S’EN FIER AUX  LIVRES SAINTS TOUCHANT LES MIRACLES ACCOMPLIS POUR L’INSTRUCTION DU PEUPLE DE DIEU.  

Chapitre  XIX. QUEL EST L’OBJET DU SACRIFICE VISIBLE QUE LA VRAIE RELIGION ORDONNE D’OFFRIR AU SEUL DIEU INVISIBLE ET VÉRITABLE.      

Chapitre XX. DU VÉRITABLE ET SUPRÊME SACRIFICE EFFECTUÉ PAR LE CHRIST LUI-MÊME, MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES.      

Chapitre XXI. DU DEGRÉ DE PUISSANCE ACCORDÉ AUX DÉMONS POUR PROCURER, PAR DES ÉPREUVES PATIEMMENT SUBIES, LA GLOIRE DES SAINTS, LESQUELS N’ONT PAS VAINCU LES DÉMONS EN LEUR FAISANT DES SACRIFICES, MAIS EN RESTANT FIDÈLES À DIEU.  

Chapitre XXII. OÙ EST LA SOURCE DU POUVOIR DES SAINTS CONTRE LES DÉMONS ET DE LA VRAIE PURIFICATION DU CŒUR.  

Chapitre XXIII. DES PRINCIPES DE LA PURIFICATION  DE L’ÂME SELON LES PLATONICIENS.  

Chapitre  XXIV. DU PRINCIPE UNIQUE ET VÉRITABLE QUI SEUL PURIFIE ET RENOUVELLE LA NATURE HUMAINE.    

Chapitre XXV. TOUS LES SAINTS QUI ONT VÉCU SOUS LA LOI ÉCRITE ET DANS LES TEMPS ANTÉRIEURS ONT ÉTÉ JUSTIFIÉS PAR LA FOI EN JÉSUS-CHRIST.      

Chapitre XXVI. DES CONTRADICTIONS DE PORPHYRE FLOTTANT INCERTAIN ENTRE LA CONFESSION DU VRAI DIEU ET LE CULTE DES DÉMONS.      

Chapitre XXVII. PORPHYRE S’ENGAGE DANS L’ERREUR PLUS AVANT QU’APULÉE ET TOMBE DANS L’IMPIÉTÉ.  

Chapitre XXVIII. QUELS CONSEILS ONT AVEUGLÉ PORPHYRE ET L’ONT EMPÊCHÉ DE CONNAÎTRE LA VRAIE SAGESSE, QUI EST JÉSUS-CHRIST.

Chapitre XXIX. DE L’INCARNATION DE NOTRE-SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST REPOUSSÉE PAR L’ORGUEIL IMPIE DES PLATONICIENS.    

Chapitre XXX. SUR COMBIEN DE POINTS PORPHYRE A RÉFUTÉ ET CORRIGÉ LA DOCTRINE DE PLATON.    

Chapitre  XXXI. CONTRE LES PLATONICIENS QUI FONT L’ÂME COÉTERNELLE À DIEU.    

Chapitre XXXII. LA VOIE UNIVERSELLE DE LA DÉLIVRANCE DE L’ÂME NOUS EST OUVERTE PAR LA SEULE GRÂCE DU CHRIST.  (à suivre…)  

Chapitre XXXII. LA VOIE UNIVERSELLE DE LA DÉLIVRANCE DE L’ÂME NOUS EST OUVERTE PAR LA SEULE GRÂCE DU CHRIST. (suite)  



Dernière édition par ROBERT. le Sam 09 Avr 2016, 3:06 pm, édité 32 fois (Raison : lien et mise en forme. + titre.)
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Lun 22 Fév 2016, 11:30 am

.

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap I a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.  


CHAPITRE PREMIER.

LES PLATONICIENS TOMBANT D’ACCORD QUE DIEU SEUL EST LA SOURCE

DE LA BÉATITUDE VÉRITABLE, POUR LES ANGES COMME POUR LES HOMMES,

IL RESTE À SAVOIR SI LES ANGES, QUE CES PHILOSOPHES CROIENT QU’IL FAUT

HONORER EN VUE DE CETTE BÉATITUDE MÊME, VEULENT QU’ON LEUR FASSE

DES SACRIFICES OU QU’ON N’EN OFFRE QU’À DIEU SEUL.




C’est un point certain pour quiconque use un peu de sa raison que tous les hommes veulent être heureux; mais qui est heureux et d’où vient le bonheur ? voilà le problème où s’exerce la faiblesse humaine et qui a soulevé parmi les philosophes tant de grandes et vives controverses. Nous n’avons pas dessein de les ranimer; ce serait un long travail, inutile à notre but. Il nous suffit qu’on se rappelle ce que nous avons dit au huitième livre, alors que nous étions en peine de faire un choix parmi les philosophes, pour débattre avec eux la question du bonheur de la vie future et savoir s’il est nécessaire pour y parvenir d’adorer plusieurs dieux ou s’il ne faut adorer que le seul vrai Dieu, créateur des dieux eux-mêmes.



On peut se souvenir, ou au besoin s’assurer par une seconde lecture, que nous avons choisi les Platoniciens, les plus justement célèbres parmi les philosophes, parce qu’ayant su comprendre que l’âme humaine, toute immortelle et raisonnable qu’elle est, ne peut arriver à la béatitude que par sa participation à la lumière de celui qui l’a faite et qui a fait le monde, ils en ont conclu que nul n’atteindra l’objet des désirs de tous les hommes, savoir le bonheur, qu’à condition d’être uni par un amour chaste et pur à cet être unique, parfait et immuable qui est Dieu.



Mais comme ces mêmes philosophes, entraînés par les erreurs populaires, ou, suivant le mot de l’Apôtre, perdus dans le néant de leurs spéculations 1, ont cru qu’il fallait adorer plusieurs dieux, au point même que quelques-uns d’entre eux sont tombés dans l’erreur déjà longuement réfutée du culte des démons, il faut rechercher maintenant, avec l’aide de Dieu, quel est, touchant la religion et la piété, le sentiment des anges, c’est-à-dire de ces êtres immortels et bienheureux établis dans les sièges célestes, Dominations, Principautés, Puissances, que ces philosophes appellent dieux, et quelques-uns bons démons, ou, comme nous, anges; en termes plus précis, il faut savoir si ces esprits célestes veulent que nous leur rendions les honneurs sacrés, que nous leur offrions des sacrifices, que nous leur consacrions nos biens et nos personnes, ou que tout cela soit réservé à Dieu seul, leur dieu et le nôtre.



Tel est, en effet, le culte qui est dû à la divinité ou plus expressément à la déité, et pour désigner ce culte en un seul mot, faute d’expression latine suffisamment appropriée, je me servirai d’un mot grec. Partout où les saintes Ecritures portent latreia, nous traduisons par service; mais ce service qui est dû aux hommes et dont parle l’Apôtre, quand il prescrit aux serviteurs d’être soumis à leurs maîtres 1, est désigné en grec par un autre terme 2. Le mot latrea au contraire, selon l’usage de ceux qui ont traduit en grec le texte hébreu de la Bible, exprime toujours, ou presque toujours, le service qui est dû à Dieu. C’est pourquoi il semble que le mot culte ne se rapporte pas d’une manière assez exclusive à Dieu, puisqu’on s’en sert pour désigner aussi les honneurs rendus à des hommes, soit pendant leur vie, soit après leur mort.



De plus, il ne se rapporte pas seulement aux êtres auxquels nous nous soumettons par une humilité religieuse, mais aussi aux choses qui nous sont soumises; car de ce mot dérivent agriculteurs, colons et autres. De même, les païens n’appellent leurs dieux coelicoles  qu’à titre de colons du ciel, ce qui ne veut pas dire qu’on les assimile à cette espèce de colons qui sont attachés au sol natal pour le cultiver sous leurs maîtres; le mot colon est pris ici au sens où l’a employé un des maîtres de la langue latine dans ce vers:




"Il était une antique cité habitée par des colons tyriens 1
.



C’est dans le même sens qu’on appelle colonies les Etats fondés par ces essaims de peuples qui sortent d’un Etat plus grand. En somme, il est très vrai que le mot culte, pris dans un sens propre et précis, ne se rapporte qu’à Dieu seul; mais comme on lui donne encore d’autres acceptions, il s’ensuit que le culte exclusivement dû à Dieu ne peut en notre langue s’exprimer d’un seul mot.



Le mot de religion semblerait désigner plus distinctement, non toute sorte de culte, mais le culte de Dieu, et c’est pour cela qu’on s’en est servi pour rendre le mot grec treskeia. Toutefois, comme l’usage de notre langue fait dire aux savants aussi bien qu’aux ignorants, qu’il faut garder la religion de la famille, la religion des affections et des relations sociales, il est clair qu’en appliquant ce mot au culte de la déité, on n’évite pas l’équivoque ; et dire que la religion n’est autre chose que le culte de Dieu, ce serait retrancher par une innovation téméraire l’acception reçue, qui comprend dans la religion le respect des liens du sang et de la société humaine 2. Il en est de même du mot piété, en grec eusebeia. Il désigne proprement le culte de Dieu 3; et cependant on dit aussi la piété envers les parents, et le peuple s’en sert même pour marquer les œuvres de miséricorde, usage qui me paraît venir de ce que Dieu recommande particulièrement ces œuvres et les égale ou même les préfère aux sacrifices. De là vient qu’on donne à Dieu même le titre de pieux 4.



Toutefois les Grecs ne se servent pas du mot eusebein dans ce sens, et c’est pourquoi, en certains passages de l’Ecriture, afin de marquer plus fortement la distinction, ils ont préféré au mot eusebeia, qui désigne le culte en général, le mot tesebeia qui exprime exclusivement le culte de Dieu. Quant à nous, il nous est impossible de rendre par un seul mot l’une ou l’autre de ces deux idées. Nous disons donc que ce culte, que les Grecs appellent latreia et nous service, mais service exclusivement voué à Dieu, ce culte que les Grecs appellent aussi treskeia, et nous religion, mais religion qui nous attache à Dieu seul.



Ce culte enfin que les Grecs appellent d’un seul mot, teosebeia, et nous en trois mots, culte de Dieu, ce culte n’appartient qu’à Dieu seul, au vrai Dieu qui transforme en dieux ses serviteurs1. Cela posé, il suit, de deux choses l’une: que si les esprits bienheureux et immortels qui habitent les demeures célestes ne nous aiment pas et ne veulent pas notre bonheur, nous ne devons pas les honorer, et si, au contraire, ils nous aiment et veulent notre bonheur, ils ne peuvent nous vouloir heureux que comme ils le sont eux-mêmes; car comment notre béatitude aurait-elle une autre source que la leur?



-----------------------------------------------------------------------


1. Romains  I, 21. —1. Ephésiens VI, 5. — 2.. Ce terme est douleia. Saint Augustin développe en d’autres ouvrages la distinction de la douleia et de latreia . (Voyez le livre XV Contra Faust., n.9 et le livre XX, n. 21. Comp. Lettres, CII, n. 20 et ailleurs). Il résume ainsi sa pensée dans ses Quœst. in Exod., qu. 94: "La douleia est due à Dieu, en tant que Seigneur; la latreia est due à Dieu, en tant que Dieu, et à Dieu seul." —1.Virgile, Énéide, livre I, vers 12.— 2. Voyez Cicéron , Pro Rosc. Amer., cap. 24. —3. Voyez Sophocle, Philoctète , vers 1440-1444.— 4. II Paralipomènes  XXX, 9; Ecclésiastique II, 13; Judith, VII, 20. —1. Psaume LXXXI, 6; Jean X, 34-35.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mer 24 Fév 2016, 10:45 am

.

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap II a écrit:


LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE II.

SENTIMENT DE PLOTIN SUR L’ILLUMINATION D’EN-HAUT.




Mais nous n’avons sur ce point aucun sujet de contestation avec les illustres philosophes de l’école platonicienne. Ils ont vu, ils ont écrit de mille manières dans leurs ouvrages, que le principe de notre félicité est aussi celui de la félicité des esprits célestes, savoir cette lumière intelligible, qui est Dieu pour ces esprits, qui est autre chose qu’eux, qui les illumine, les fait briller de ses rayons, et, par cette communication d’elle-même, les rend heureux et parfaits. Plotin, commentant Platon, dit nettement et à plusieurs reprises, que cette âme même dont ces philosophes font l’âme du monde, n’a pas un autre principe de félicité que la nôtre, et ce principe est une lumière supérieure à l’âme, par qui elle a été créée, qui l’illumine et la fait briller de la splendeur de l’intelligible. Pour faire comprendre ces choses de l’ordre spirituel, il emprunte une comparaison aux corps célestes.



Dieu est le soleil, et l’âme, la lune; car c’est du soleil, suivant eux, que la lune tire sa clarté. Ce grand platonicien pense donc que l’âme raisonnable, ou plutôt l’âme intellectuelle (car sous ce nom il comprend aussi les âmes des bienheureux immortels dont il n’hésite pas à reconnaître l’existence et qu’il place dans le ciel), cette âme, dis-je, n’a au-dessus de soi que Dieu, créateur du monde et de l’âme elle-même, qui est pour elle comme pour nous le principe de la béatitude et de la vérité 1. Or, cette doctrine est parfaitement d’accord avec l’Évangile, où il est dit: "Il y eut un homme envoyé de Dieu qui s’appelait Jean. Il vint comme témoin pour rendre témoignage à la lumière, afin que tous crussent par lui. Il n’était pas la lumière, mais il vint pour rendre témoignage à celui qui était la lumière. Celui-là était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde 2".  Cette distinction montre assez que l’âme raisonnable et intellectuelle, telle qu’elle était dans saint Jean, ne peut pas être à soi-même sa lumière, et qu’elle ne brille qu’en participant à la lumière véritable. C’est ce que reconnaît le même saint Jean, quand il ajoute, rendant témoignage à la lumière: "Nous avons tous reçu de sa plénitude 3"



-------------------------------------------------------


1. Voyez Plotin, Ennéades, II, lib. IX, cap. 2 et 3. — Comp. ibid., III, lib. IX, cap. 1; lib. V, cap. 3; lib. VIII, cap.9. — 2. Jean, I, 6-9 — 3. Jean I, 16.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Jeu 25 Fév 2016, 4:36 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap III a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE III.

BIEN QU’ILS AIENT CONNU LE CRÉATEUR DE L’UNIVERS,

LES PLATONICIENS SE SONT ÉCARTÉS DU VRAI CULTE DE DIEU

EN RENDANT LES HONNEURS DIVINS AUX BONS

ET AUX MAUVAIS ANGES.




Cela étant, si les Platoniciens et les autres philosophes qui acceptent ces mêmes principes, connaissant Dieu, le glorifiaient comme Dieu et lui rendaient grâces, s’ils ne se perdaient pas dans leurs vaines pensées, s’ils n’étaient point complices des erreurs populaires, soit qu’ils en aient eux-mêmes semé le germe, soit qu’ils n’osent en surmonter l’entraînement, ils confesseraient assurément que ni les esprits immuables et bienheureux, ni les hommes mortels et misérables ne peuvent être ou devenir heureux qu’en servant cet unique Dieu des dieux, qui est le nôtre et le leur.



C’est à lui que nous devons, pour parler comme les Grecs, rendre le culte de latrie, soit dans les actes extérieurs, soit au dedans de nous; car nous sommes son temple, tous ensemble comme chacun en particulier et il daigne également prendre pour demeure et chaque fidèle 1 et le corps de l’Eglise, sans être plus grand dans le tout que dans chaque partie, parce que sa nature est incapable de toute extension et de toute division. Quand notre cœur est élevé vers lui, il est son autel; son Fils unique est le prêtre par qui nous le fléchissons; nous lui immolons des victimes sanglantes, quand nous versons notre sang pour la vérité et pour lui; l’amour qui nous embrase en sa présence d’une flamme sainte et pieuse lui est le plus agréable encens; nous lui offrons les dons qu’il nous a faits, et nous nous offrons, nous nous rendons nous-mêmes à notre créateur; nous rappelons le souvenir de ses bienfaits, par des fêtes solennelles, de peur que le temps n’amène l’ingratitude avec l’oubli; enfin nous lui vouons sur l’autel de notre cœur, où rayonne le feu de la charité, une hostie d’humilité et de louange.



C’est pour le voir, autant qu’il peut être vu, c’est pour être unis à lui que nous nous purifions de la souillure des péchés et des passions mauvaises, et que nous cherchons une consécration dans la vertu de son nom; car il est la source de notre béatitude et la fin de tous nos désirs. Nous attachant donc à lui, ou plutôt nous y rattachant, au lieu de nous en détacher pour notre malheur, le méditant et le relisant sans cesse (d’où vient, dit-on 1, le mot religion), nous tendons vers lui par l’amour, afin de trouver en lui le repos et de posséder la béatitude en possédant la perfection. Ce souverain bien, en effet, dont la recherche a tant divisé les philosophes, n’est autre chose que l’union avec Dieu; c’est en le saisissant, si on peut ainsi dire, par un embrassement spirituel, que l’âme devient féconde en véritables vertus.



Aussi nous est-il ordonné d’aimer ce bien de tout notre cœur, de toute notre âme et de toute notre vertu. Vers lui doivent nous conduire ceux qui nous aiment; vers lui nous devons conduire ceux que nous aimons. Et par là s’accomplissent ces deux commandements qui renferment la loi et les Prophètes: "Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de tout ton esprit". —   "Tu aimeras ton prochain comme toi-même 2". Pour apprendre à l’homme à s’aimer lui-même comme il convient, une fin lui a été proposée à laquelle il doit rapporter toutes ses actions pour être heureux; car on ne s’aime que pour être heureux, et cette fin, c’est d’être uni à Dieu 1. Lors donc que l’on commande à celui qui sait déjà s’aimer comme il faut, d’aimer son prochain comme soi-même, que lui commande-t-on, sinon de se porter, autant qu’il est en son pouvoir, à aimer Dieu ?



Voilà le vrai culte de Dieu, voilà la vraie religion, voilà la solide piété, voilà le service qui n’est dû qu’à Dieu. Quelque hautes, par conséquent, que soient l’excellence et les vertus des puissances angéliques, si elles nous aiment comme elles-mêmes, elles doivent souhaiter que nous soyons soumis, pour être heureux, à celui qui doit aussi avoir leur soumission pour faire leur bonheur, Si elles ne servent pas Dieu, elles sont malheureuses, étant privées de Dieu; si elles servent Dieu, elles ne veulent pas qu’on les serve à la place de Dieu, et leur amour pour lui les fait au contraire acquiescer à cette sentence divine: "Celui qui sacrifiera à d’autres dieux qu’au Seigneur sera exterminé 2".



------------------------------------------------------



1. Corinthiens III, 16-17. —1. Dans ce passage étrange, saint Augustin parait faire allusion à Cicéron, qui dérive quelque part religio de relegere: "Qui omnia quæ ad Dei cultum pertinerent diligenter pertractarent et quasi relegerent sunt dicti religiosi ex relegendo (De nul. Deor., II, 28) "  Lactance veut que religio vienne de religare (Inst., IV, 28).—2. Matthieu  XII, 37-40. — 1. Psaume  LXXII, 28.— 2. Exode  XXII, 20.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Ven 26 Fév 2016, 10:52 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap IV a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.

 CHAPITRE IV.

LE SACRIFICE N’EST DÛ QU’À DIEU SEUL




Sans parler en ce moment des autres devoirs religieux, il n’y a personne au monde qui osât dire que le sacrifice soit dû à un autre qu’à Dieu. Il est vrai qu’on a déféré à des hommes beaucoup d’honneurs qui n’appartiennent qu’à Dieu, soit par un excès d’humilité, soit par une pernicieuse flatterie; mais, outre qu’on ne cessait pas de regarder comme des hommes ceux à qui on donnait ces témoignages d’honneur, de vénération, et; si l’on veut, d’adoration, qui jamais a pensé devoir offrir des sacrifices à un autre qu’à celui qu’il savait, ou croyait, ou voulait faire croire être Dieu ? Or, que le sacrifice soit une pratique très ancienne du culte de Dieu, c’est ce qui est assez prouvé par les sacrifices de Caïn et d’Abel, le premier rejeté de Dieu, le second regardé d’un œil favorable.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Ven 26 Fév 2016, 11:01 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap V a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE V.

DES SACRIFICES QUE DIEU N’EXIGE PAS ET QUI ONT ÉTÉ

LA FIGURE DE CEUX QU’IL EXIGE EFFECTIVEMENT.




Qui serait assez insensé pour croire que Dieu ait besoin des choses qu’on lui offre en sacrifice ? L’Ecriture sainte témoigne le contraire en plusieurs endroits, et il suffira de rapporter cette parole du Psaume: "J’ai dit au Seigneur: Vous êtes mon Dieu, car vous n’avez pas besoin de mes biens 1". Ainsi, Dieu n’a besoin ni des animaux qu’on lui sacrifie, ni d’aucune chose terrestre et corruptible, ni même de la justice de l’homme, et tout le culte légitime qui lui est rendu n’est utile qu’à l’homme qui le lui rend. Car on ne dira pas qu’il revienne quelque chose à la fontaine de ce qu’on s’y désaltère, ou à la lumière de ce qu’on la voit. Que si les anciens patriarches ont immolé à Dieu des victimes, ainsi que nous en trouvons des exemples dans l’Ecriture, mais sans les imiter, ce n’était qu’une figure de nos devoirs actuels envers Dieu, c’est-à-dire du devoir de nous unir à lui et de porter vers lui notre prochain. Le sacrifice est donc un sacrement, c’est-à-dire un signe sacré et visible de l’invisible sacrifice. C’est pour cela que l’âme pénitente dans le Prophète ou le Prophète lui-même, cherchant à fléchir Dieu pour ses péchés, lui dit: "Si vous aviez voulu un sacrifice, je vous  l’aurais offert avec joie; mais vous n’avez point les holocaustes pour agréables. Le vrai sacrifice est une âme brisée de tristesse; vous ne dédaignez pas, ô mon Dieu ! Un cœur contrit et humilié".



Remarquons qu’en disant que Dieu ne veut pas de sacrifices, le Prophète fait voir en même temps qu’il en est un exigé de Dieu. Il ne veut point le sacrifice d’une bête égorgée,  mais celui d’un cœur contrit. Ainsi ce que Dieu ne veut pas, selon le Prophète, est ici la figure de ce que Dieu veut. Dieu ne veut pas les sacrifices, mais seulement au sens où les insensés s’imaginent qu’il les veut, c’est-à-dire pour y prendre plaisir et se satisfaire lui-même; car s’il n’avait pas voulu que les sacrifice qu’il demande, comme, par exemple, celui d’un cœur contrit et humilié par le repentir, fussent signifiés par les sacrifices charnels qu’on a cru qu’il désirait pour lui-même, il n’en aurait pas prescrit l’offrande dans l’ancienne loi. Aussi devaient-ils être changés au temps convenable et déterminé, de peur qu’on ne les crût agréables à Dieu par eux-mêmes, et non comme figure de sacrifices plus dignes de lui. De là ces paroles d’un autre psaume: "Si j’ai faim, je ne vous le dirai pas; car tout l’univers est à moi, avec tout ce qu’il enferme. Mangerai-je la chair des taureaux, ou boirai-je le sang des boucs 1?"



Comme si Dieu disait: Quand j’aurais besoin de ces choses, je ne vous les demanderais pas, car elles sont en ma puissance. Le Psalmiste, pour expliquer le sens de ces paroles, ajoute: "Immolez à Dieu un  sacrifice de louanges, et offrez vos vœux au Très-Haut. Invoquez-moi au jour de la tribulation; je vous délivrerai et je vous glorifierai 2".  — "Qu’offrirai-je", dit un  autre prophète,  "qu’offrirai-je au Seigneur qui soit digne de lui ? Fléchirai-je le genou devant le Très-Haut ? Lui offrirai-je pour holocaustes des veaux d’un an ? Peut-il être apaisé par le sacrifice de mille béliers ou de mille boucs engraissés ? Lui sacrifierai-je mon premier-né pour mon impiété et le fruit de mes entrailles pour le péché de mon âme ? Je t’apprendrai, ô homme ! Ce que tu dois faire et ce que Dieu demande de toi: pratique la justice, aime la miséricorde, et sois toujours prêt à marcher devant le Seigneur ton Dieu 3". Ces paroles font assez voir que Dieu ne demande pas les sacrifices charnels pour eux-mêmes, mais comme figure des sacrifices véritables.



Il est dit aussi dans l’épître aux Hébreux: "N’oubliez pas d’exercer la charité et de faire part de votre bien aux pauvres; car c’est par de tels sacrifices  qu’on est agréable à Dieu 4". Ainsi, quand il est écrit: "J’aime mieux la miséricorde que le sacrifice 5", il ne faut entendre autre chose sinon qu’un sacrifice est préféré à l’autre, attendu que ce qu’on appelle vulgairement sacrifice n’est que le signe du sacrifice véritable. Or, la miséricorde est le sacrifice véritable; ce qui a fait dire à l’Apôtre: "C’est par de tels sacrifices qu’on se rend agréable  à Dieu". Donc toutes les prescriptions divines touchant les sacrifices du temple ou du tabernacle se rapportent à l’amour de Dieu et du prochain; car, ainsi qu’il est écrit: "Ces  deux commandements renferment la loi et les Prophètes 6".



---------------------------------------------------------------------------------------



1. Psaume XV, 2. — 2. Psaume L, 18 et 19. —1. Psaume  XLIX, 12-13. — 2. Psaume XLIX,  14 -15. — 3. Michée VI, 6, 7 et 8. — 4. Hébreux XIII, 16. — 5. Osée VI, 6. — 6. Matthieu XXII, 40.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Sam 27 Fév 2016, 12:14 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap VI a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE VI.

DU VRAI ET PARFAIT SACRIFICE.




Ainsi le vrai sacrifice, c’est toute œuvre accomplie pour s’unir à Dieu d’une sainte union, c’est-à-dire toute œuvre qui se rapporte à cette fin suprême et unique où est le bonheur. C’est pourquoi la miséricorde même envers le prochain n’est pas un sacrifice, si on ne l’exerce en vue de Dieu. Le sacrifice en effet, bien qu’offert par l’homme, est chose divine, comme l’indique le mot lui-même, qui signifie action sacrée. Aussi l’homme même consacré et voué à Dieu est un sacrifice, en tant qu’il meurt au monde pour vivre en Dieu; car cette consécration fait partie de la miséricorde que chacun exerce envers soi-même, et c’est pour cela qu’il est écrit: "Aie pitié de [t]on âme en te rendant agréable à Dieu 1". Notre corps est pareillement un sacrifice, quand nous le mortifions par la tempérance, si nous agissons de la sorte pour plaire à Dieu, comme nous y sommes tenus, et que loin de prêter nos membres au péché pour lui servir d’instrument d’iniquité 2, nous les consacrions à Dieu pour en faire des instruments de justice.



C’est à quoi l’Apôtre nous exhorte en nous disant: "Je vous conjure, mes frères, par la miséricorde de Dieu, de lui offrir vos corps comme une victime vivante, sainte et agréable à ses yeux, et de « lui rendre un culte raisonnable et spirituel3". Or, si le corps, dont l’âme se sert comme d’un serviteur et d’un instrument, est un sacrifice, quand l’âme rapporte à Dieu le service qu’elle en tire, à combien plus forte raison l’âme elle-même est-elle un sacrifice, quand elle s’offre à Dieu, afin qu’embrasée du feu de son amour, elle se dépouille de toute concupiscence du siècle et soit comme renouvelée par sa soumission à cet être immuable qui aime en elle les grâces qu’elle a reçues de sa souveraine beauté ? C’est ce que le même apôtre insinue en disant: "Ne vous conformez point au siècle présent; mais transformez-vous par le renouvellement de l’esprit, afin que vous connaissiez ce que Dieu demande de vous, c’est-à-dire ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait4 " .



Puis donc que les œuvres de miséricorde rapportées à Dieu sont de vrais sacrifices, que nous les pratiquions envers nous-mêmes ou envers le prochain, et qu’elles n’ont d’autre fin que de nous délivrer de tout misère et de nous rendre bienheureux, ce qui ne peut se faire que par la possession de ce bien dont il est écrit: "M’attacher à Dieu c’est mon bien1",  il s’ensuit que toute la cité du Rédempteur, c’est-à-dire l’assemblée et la société des saints, est elle-même un sacrifice universel offert à Dieu par le suprême pontife, qui s’est offert pour nous dans sa passion, afin que nous fussions le corps de ce chef divin selon cette forme d’esclave 2 dont il s’est revêtu. C’est cette forme, en effet, qu’il a offerte à Dieu, et c’est en elle qu’il a été offert, parce que c’est selon elle qu’il est le médiateur, le prêtre et le sacrifice.



Voilà pourquoi l’Apôtre, après nous avoir exhortés à faire de nos corps une victime vivante, sainte et agréable à Dieu, à lui rendre un culte raisonnable et spirituel, à ne pas nous conformer au siècle, mais à nous transformer par un renouvellement d’esprit, afin de connaître ce que Dieu demande de nous, ce qui est bon, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait, c’est-à-dire le vrai sacrifice qui est celui de tout notre être, l’Apôtre, dis-je, ajoute ces paroles: "Il vous recommande à tous, selon le ministère qui m’a été donné par grâce, de ne pas  aspirer à être plus sages qu’il ne faut, mais  de l’être avec sobriété, selon la mesure de  foi que Dieu a départie à chacun de vous.  Car, comme dans un seul corps nous avons  plusieurs membres, lesquels n’ont pas tous  la même fonction; ainsi, quoique nous  soyons plusieurs, nous n’avons qu’un seul  corps en Jésus-Christ et nous sommes membres les uns des autres, ayant des dons différents, selon la grâce qui nous a été donnée 3".Tel est le sacrifice des chrétiens: être tous un seul corps en Jésus-Christ, et c’est ce mystère que l’Eglise célèbre assidûment dans le sacrement de l’autel, connu des fidèles 4, où elle apprend qu’elle est offerte elle-même dans l’oblation qu’elle fait à Dieu.


-----------------------------------------------------------


1. Ecclésiastique XXX, 24. —2. Romains VI, 13. —3. Romains XII, 1. — 4. Romains XII, 2. —1. Psaume LXXII, 27. —  2. Philippiens II, 7. — 3. Romains XII, 3-6.
4. On le cachait aux païens et aux catéchumènes.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Dim 28 Fév 2016, 12:29 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap VII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE VII.

LES SAINTS ANGES ONT POUR NOUS UN AMOUR SI PUR

QU’ILS VEULENT, NON PAS QUE NOUS LES ADORIONS,

MAIS QUE NOUS ADORIONS LE SEUL VRAI DIEU.




Comme les esprits qui résident dans le ciel, où ils jouissent de la possession de leur créateur, forts de sa vérité, fermes de son éternité et saints par sa grâce, comme ces esprits justement immortels et bienheureux nous aiment d’un amour plein de miséricorde, et désirent que nous soyons délivrés de notre condition de mortalité et de misère pour devenir comme eux bienheureux et immortels, ils ne veulent pas que nos sacrifices s’adressent à eux, mais à celui dont ils savent qu’ils sont comme nous le sacrifice. Nous formons en effet avec eux une seule cité de Dieu, à qui le Psalmiste adresse ces mots: "On a dit des choses glorieuses de toi, ô cité de Dieu1!" et de cette cité une partie est avec nous errante, et l’autre avec eux secourable. C’est de cette partie supérieure, qui n’a point d’autre loi que la Volonté de Dieu, qu’est descendue, par le ministère des anges, cette Ecriture sainte où il est dit que celui qui sacrifiera à tout autre qu’au Seigneur sera exterminé. Et cette défense a été confirmée par tant de miracles, que l’on voit assez à qui ces esprits immortels et bienheureux, qui nous souhaitent le même bonheur dont ils jouissent eux-mêmes, veulent que nous offrions nos sacrifices.



----------------------------------------------------------



1. Psaume LXXXVI, 3 .



Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mar 01 Mar 2016, 12:50 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap VIII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE VIII.

DES MIRACLES QUE DIEU A DAIGNÉ OPÉRER PAR LE MINISTÈRE DES ANGES

À L’APPUI DE SES PROMESSES, POUR CORROBORER LA FOI DES JUSTES.  




Si je ne craignais de remonter trop haut, je rapporterais tous les anciens miracles qui furent accomplis pour attester la vérité de cette promesse faite à Abraham tant de milliers d’années avant son accomplissement, que toutes les nations seraient bénies dans sa race 2. En effet, qui n’admirerait qu’une femme stérile ait donné un fils à Abraham 3, lorsqu’elle avait passé l’âge de la fécondité ? Que, dans le sacrifice de ce même Abraham, une flamme descendue du ciel ait couru au milieu des victimes divisées 4 ? Que les anges, à qui il donna l’hospitalité comme à des voyageurs, lui aient prédit l’embrasement de Sodome et la naissance d’un fils 1 ? Qu’au moment où Sodome allait être consumée par le feu du ciel, ces mêmes anges aient délivré miraculeusement de cette ruine Loth, son neveu 2 ? Que la femme de Loth, ayant eu la curiosité de regarder derrière elle pendant sa fuite, ait été transformée en statue de sel, pour nous apprendre qu’une fois rentrés dans la voie du salut, nous ne devons rien regretter de ce que nous laissons derrière nous ?



Mais combien furent plus grands encore les miracles que Dieu accomplit par Moïse pour délivrer son peuple de la captivité, puisqu’il ne fut permis aux mages du Pharaon, c’est-à-dire du roi d’Egypte, de faire quelques prodiges que pour rendre la victoire de Moïse plus glorieuse 3 ! Ils n’opéraient, en effet, que par les charmes et les enchantements de la magie, c’est-à-dire par l’entremise des démons; aussi furent-ils aisément vaincus par Moïse, qui opérait au nom du Seigneur, créateur du ciel et de la terre, et avec l’assistance des bons anges; de sorte que les mages se trouvant sans pouvoir à la troisième plaie, Moïse en porta le nombre jusqu’à dix (figures de grands mystères) qui fléchirent enfin le cœur du Pharaon et des Egyptiens et les décidèrent à rendre aux Hébreux la liberté. Ils s’en repentirent aussitôt, et, comme ils poursuivaient les fugitifs, la mer s’ouvrit pour les Hébreux qui la passèrent à pied sec, tandis que les Egyptiens furent tous submergés par le retour des eaux 4 .



Que dirai-je de ces autres miracles du désert où éclata la puissance divine ? De ces eaux dont on ne pouvait boire et qui perdirent leur amertume au contact du bois qu’on y jeta par l’ordre de Dieu 5; de la manne tombant du ciel pour rassasier ce peuple affamé 6, avec cette circonstance que ce que l’on en ramassait par jour au-delà de la mesure prescrite se corrompait, excepté la veille du sabbat, où la double mesure résistait à la corruption, à cause qu’il n’était pas permis d’en recueillir le jour du sabbat; du camp israélite couvert de cailles venues en troupe pour satisfaire ce peuple qui voulait manger de la chair et qui en mangea jusqu’au dégoût 1; des ennemis qui s’opposaient au passage de la mer Rouge défaits et taillés en pièces à la prière de Moïse, qui, tenant ses bras étendus en forme de croix, sauva tous les Hébreux jusqu’au dernier 2; de la terre entr’ouverte pour engloutir tout vivants des séditieux et des transfuges, et pour les faire servir d’exemple visible d’une peine invisible 3; du rocher frappé de la verge et fournissant assez d’eau pour désaltérer une si grande multitude 4; du serpent d’airain élevé sur un mât et dont l’aspect guérissait les blessures mortelles que les serpents avaient faites aux Hébreux en punition de leurs péchés 5, afin que la mort fût détruite par la figure de la mort crucifiée ? C’est ce serpent qui, après avoir été conservé longtemps en mémoire d’un événement si merveilleux, fut depuis brisé avec raison par le roi Ezéchias 6, parce que le peuple commençait à l’adorer comme une idole.




----------------------------------------------------------------------



2. Genèse XVIII, 18 .— 3. Genèse XXI, 2 — 4. Au sujet de ce miracle, saint Augustin s’exprime ainsi dans ses Rétractations (livre II, ch. 43, n. 2) :  "Il ne fallait pas comprendre dans le sacrifice d’Abraham, ni citer comme un miracle, la flamme descendue du ciel entre les victimes diverses, puisque cette flamme fut simplement montrée en vision à Abraham." Voyez la Genèse, XV, 17.—1. Genèse  XVIII, 10 ; 20. — 2. Genèse XIX, 17. — 3. Exode VII, 11 et seq. — 4.  Exode VII, VIII-XII, XIV. — 5. Exode XV, 25. — 6. Exode XVI, 14. —1. Nombres  XI, 31-33. — 2. Exode XVII, 11. — 3. Nombres XVI, 32. — 4. Exode  XVII, 6. — 5. Nombres. XXI, 6-9. — 6. IV Rois XVIII, 4.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mer 02 Mar 2016, 2:35 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap IX a écrit:

LIVRE DIXIÈME:LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE IX.

DES INCERTITUDES DU PLATONICIEN PORPHYRE

TOUCHANT LES ARTS ILLICITES ET DÉMONIAQUES.  




 Ces miracles et beaucoup d’autres qu’il serait trop long de rapporter, avaient pour objet de consolider le culte du vrai Dieu et d’interdire le polythéisme; ils se faisaient par une foi simple, par une pieuse confiance en Dieu, et non par les charmes et les enchantements de cette curiosité criminelle, de cet art sacrilège qu’ils appellent tantôt magie, tantôt d’un nom plus odieux, goétie 7, ou d’un nom moins décrié, théurgie; car on voudrait faire une différence entre deux sortes d’opérations, et parmi les partisans des arts illicites déclarés condamnables, ceux qui pratiquent la goétie et que le vulgaire appelle magiciens 8, tandis qu’au contraire ceux qui se bornent à la théurgie seraient dignes d’éloges; mais la vérité est que les uns et les autres sont entraînés au culte trompeur des démons qu’ils adorent sous le nom d’anges. Porphyre 1 promet une certaine purification de l’âme à l’aide de la théurgie, mais il ne la promet qu’en hésitant et pour ainsi dire en rougissant, et d’ailleurs il nie formellement que le retour de l’âme à Dieu se - puisse faire par ce chemin 2; de sorte qu’on le voit flotter entre les coupables secrets d’une curiosité sacrilège et les maximes de la philosophie.



Tantôt en effet il nous détourne de cet art impur comme dangereux dans la pratique et prohibé par les lois, tantôt entraîné par les adeptes, il accorde que la théurgie sert à purifier une partie de l’âme, non pas, il est vrai, cette partie intellectuelle qui perçoit la vérité des choses intelligibles et absolument éloignées des sens, mais du moins cette partie spirituelle qui saisit les images sensibles. Celle-ci, suivant Porphyre, à l’aide de certaines consécrations théurgiques nommées Télètes 3, devient propre au commerce des esprits et des anges et capable de la vision des dieux. Il convient toutefois que ces consécrations ne servent de rien pour purifier l’âme intellectuelle et la rendre apte à voir son Dieu et à contempler les existences véritables. On jugera par un tel aveu de ce que peut être cette vision théurgique où l’on ne voit rien de ce qui existe véritablement. Porphyre ajoute que l’âme, ou, pour me servir de son expression favorite, l’âme intellectuelle peut s’élever aux régions supérieures sans que la partie spirituelle ait été purifiée par aucune opération de la théurgie, et que la théurgie, en purifiant cette partie spirituelle, ne peut pas aller jusqu’à lui donner la durée immortelle de l’éternité 4.



Enfin, tout en distinguant les anges qui habitent, suivant lui, l’éther ou l’empyrée, d’avec les démons, dont l’air est le séjour, et tout en nous conseillant de rechercher l’amitié de quelque démon, qui veuille bien après notre mort nous soulever un peu de terre (car c’est par une autre voie que nous parvenons, suivant lui, à la société des anges), Porphyre en définitive avoue assez clairement qu’il faut éviter le commerce des démons, quand il nous représente l’âme tourmentée des peines de l’autre vie et maudissant le culte des démons dont elle s’est laissé charmer. Il n’a pu même s’empêcher de reconnaître que cette théurgie, par lui vantée comme nous conciliant les anges et les dieux, traite avec des puissances qui envient à l’âme sa purification ou qui favorisent la passion de ceux qui la lui envient, Il rapporte à ce sujet les plaintes de je ne sais quel Chaldéen: "Un homme de bien, de Chaldée, dit-il, se plaint qu’après avoir pris beaucoup de peine à purifier une âme, il n’y a pas réussi, parce qu’un autre magicien, poussé par l’envie, a lié les puissances par ses conjurations et rendu leur bonne volonté inutile". Ainsi, ajoute Porphyre, "les liens formés par celui-ci, l’autre n’a pu les rompre"; d’où il conclut que la théurgie sert à faire du mal comme du bien chez les dieux et chez les hommes; et, de plus, que les dieux ont aussi des passions et sont agités par ces mêmes troubles qui, suivant Apulée, sont communs aux hommes et aux démons, mais ne peuvent atteindre les dieux placés par Platon dans une région distincte et supérieure.




-------------------------------------------------------------



7. La goétie (goéteia) est, suivant Suidas et Eustathe, cette partie de la magie qui consiste à évoquer les morts, à l’aide de certains gémissements ( apo ton goon ) poussés autour de leurs tombeaux.— 8. Saint Augustin se sert du mot maleficus. Et en effet, les magiciens et les astrologues étaient punis par les lois sous le nom de mathematici et de malefici. Voyez le Corpus juris , lib. IX Codicis, tit. 8.—1. Un des principaux philosophes de l’école d’Alexandrie. Il naquit l’an 232 de J.-C. Bien qu’on ait voulu le faire Juif, il était certainement de Syrie. Son nom était Malchus, qui fut traduit en grec, tantôt par Basileus , tantôt par Porphurios . Disciple et ami de Plotin, il recueillit et édita ses ouvrages sous le nom d’Ennéades. Lui-même composa un grand nombre d’écrits, presque tous perdus. Ceux dont parle saint Augustin, dans ce chapitre et les suivants, sont la Lettre à Anébon, ouvrage que nous avons conservé, le traité du Retour de l’âme vers Dieu, et le fameux écrit Contre les chrétiens. Nous n’avons plus ces deux derniers ouvrages. Voyez  Fabricius, Biblioth. grœc., tome IV, page 192 et seq.— 2. Lettre à Anébon, page 9, édit de Th. Gale, Oxford, 1678. — 3. Les Télètes (teletai) étaient certains rites magiques estimés parfaits par les adeptes. Voyez Apulée, passim. — 4. Cette distinction établie par Porphyre entre la partie simplement spirituelle de l’âme et la  partie intellectuelle et supérieure est déjà dans Plotin (Voyez I Ennéades, lib. I, cap. 8). En général, les Alexandrins distinguent dans l’homme trois principes: 1° le corps;  2° l’âme, supérieure au corps (psyché); 3° l’esprit (nous), supérieur au corps et à l’âme.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Jeu 03 Mar 2016, 11:33 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap X a écrit:

LIVRE DIXIÈME :LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE X.

DE LA THÉURGIE, QUI PERMET D’OPÉRER DANS LES ÂMES UNE

PURIFICATION TROMPEUSE PAR L’INVOCATION DES DÉMONS.




Voici donc qu’un philosophe platonicien, Porphyre, réputé plus savant encore qu’Apulée, nous dit que les dieux peuvent être assujettis aux passions et aux agitations des hommes. Par je ne sais quelle science théurgique, nous voyons en effet que des conjurations ont suffi pour les effrayer et pour les faire renoncer à la purification d’une âme, de sorte que celui qui commandait le mal a eu plus d’empire sur eux que celui qui leur commandait le bien et qui se servait pourtant du même art. Qui ne reconnaît là les démons et leur imposture, à moins d’être du nombre de leurs esclaves et entièrement destitué de la grâce du véritable libérateur ?  Car si l’on avait affaire à des dieux bons, la purification bienveillante d’une âme  triompherait sans doute de la jalousie d’un magicien malfaisant; ou si les dieux jugeaient que la purification ne fût pas méritée, au moins ne devaient-ils pas s’épouvanter des conjurations d’un envieux, ni être arrêtés, comme le rapporte formellement Porphyre, par la crainte d’un dieu plus puissant, mais plutôt refuser ce qu’on leur demande par une libre décision.



N’est-il pas étrange que ce bon Chaldéen, qui désirait purifier une âme par des consécrations théurgiques, n’ait pu trouver un dieu supérieur, qui, en imprimant aux dieux subalternes une terreur plus forte, les obligeât à faire le bien qu’on réclamait d’eux, ou, en les délivrant de toute crainte, leur permît de faire ce bien librement ? Et toutefois l’honnête théurge manqua de recettes magiques pour purifier d’abord de cette crainte fatale les dieux qu’il invoquait comme purificateurs. Je voudrais bien savoir comment il se fait qu’il y ait un dieu plus puissant pour imprimer la terreur aux dieux subalternes, et qu’il n’y en ait pas pour les en délivrer. Est-ce donc à dire qu’il est aisé de trouver un dieu quand il s’agit non d’exaucer la bienveillance, mais l’envie, non de rassurer les dieux inférieurs, pour qu’ils fassent du bien, mais de les effrayer, pour qu’ils n’en fassent pas ? O merveilleuse purification des âmes! Sublime théurgie, qui donne à l’immonde envie plus de force qu’à la pure bienfaisance !



Ou plutôt détestable et dangereuse perfidie des malins esprits, dont il faut se détourner avec horreur, pour prêter l’oreille à une doctrine salutaire ! Car ces belles images des anges et des dieux, qui, suivant Porphyre, apparaissent à l’âme purifiée, que sont-elles autre chose, en supposant que ces rites impurs et sacrilèges aient en effet la vertu de les faire voir, que sont-elles, sinon ce que dit l’Apôtre 1, c’est à savoir: "Satan transformé en ange de lumière ?" C’est lui qui, pour engager les âmes dans les mystères trompeurs des faux dieux et pour les détourner du vrai culte et du vrai Dieu, seul purificateur et médecin des âmes, leur envoie ces fantômes décevants, véritable protée, habile à revêtir toutes les formes 2, tour à tour persécuteur acharné et persécuteur perfide, toujours malfaisant.



--------------------------------------------------------------------------



1. II Corinthiens  XI, 14.— 2. Virgile, Géorgiques, livre IV, v, 411.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, soulignés
et gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Sam 05 Mar 2016, 4:56 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XI a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XI.

DE LA LETTRE DE PORPHYRE A L’ÉGYPTIEN ANÉBON, OÙ IL LE

PRIE DE L’INSTRUIRE TOUCHANT LES DIVERSES ESPÈCES DE DÉMONS.




Porphyre a été mieux inspiré dans sa lettre à l’égyptien Anébon, où, en ayant l’air de le consulter et de lui faire des questions, il démasque et renverse tout cet art sacrilège. Il s’y déclare ouvertement contre tous les démons, qu’il tient pour des êtres dépourvus de sagesse, attirés vers la terre par l’odeur des sacrifices, et séjournant à cause de cela, non dans l’éther, mais dans l’air, au-dessous de la lune et dans le globe même de cet astre. Il n’ose pas cependant attribuer à tous les démons toutes les perfidies, malices et stupidités dont il est justement choqué. Il dit, comme les autres, qu’il y a quelques bons démons, tout en confessant que cette espèce d’êtres est généralement dépourvue de sagesse. Il s’étonne que les sacrifices aient l’étrange vertu non-seulement d’incliner les dieux, mais de les contraindre à faire ce que veulent les hommes, et il n’est pas moins surpris qu’on mette au rang des dieux le soleil, la lune et les autres astres du ciel, qui sont des corps, puisqu’on fait consister la différence des dieux et des démons en ce point que les démons ont un corps et que les dieux n’en ont pas; et en admettant que ces astres soient en effet des dieux, il ne peut comprendre que les uns soient bienfaisants, les autres malfaisants, ni qu’on les mette au rang des êtres incorporels, puisqu’ils ont un corps.



Il demande encore avec l’accent du doute si ceux qui prédisent l’avenir et qui font des prodiges ont des âmes douées d’une puissance supérieure, ou si cette puissance leur est communiquée du dehors par de certains esprits, et il estime que cette dernière opinion est la plus plausible, parce que ces magiciens se servent de certaines pierres et de certaines herbes pour opérer des alligations (wiki: calculs pharmaceutiques), ouvrir des portes et autres effets miraculeux. C’est là, suivant Porphyre, ce qui fait croire à plusieurs qu’il existe des êtres d’un ordre supérieur, dont le propre est d’être attentifs aux vœux des hommes, esprits perfides, subtils, susceptibles de toutes les formes, tour à tour dieux, démons, âmes des morts. Ces êtres produisent tout ce qui arrive de bien ou de mal, du moins ce qui nous paraît tel; car ils ne concourent jamais au bien véritable, et ils ne le connaissent même pas; toujours occupés de nuire, même dans les amusements de leurs loisirs 1, habiles à inventer des calomnies et à susciter des obstacles contre les amis de la vertu, vains et téméraires, séduits par la flatterie et par l’odeur des sacrifices. Voilà le tableau que nous trace Porphyre 2 de ces esprits trompeurs et malins qui pénètrent du dehors dans les âmes et abusent nos sens pendant le sommeil et pendant la veille. Ce n’est pas qu’il parle du ton d’un homme convaincu et en son propre nom; mais en rapportant les opinions d’autrui, il n’émet ses doutes qu’avec une réserve extrême. Il était difficile en effet à ce grand philosophe, soit de connaître, soit d’attaquer résolument tout ce diabolique empire, que la dernière des bonnes femmes chrétiennes découvre sans hésiter et déteste librement; ou peut-être craignait-il d’offenser Anébon, un des principaux ministres du culte, et les autres, admirateurs de toutes ces pratiques réputées divines et religieuses.



Il poursuit cependant, et toujours par forme de questions; il dévoile certains faits qui, bien considérés, ne peuvent être attribués qu’à des puissances pleines de malice et de perfidie. Il demande pourquoi, après avoir invoqué les bons esprits, on commande aux mauvais d’anéantir les volontés injustes des hommes; pourquoi les démons n’exaucent pas les prières d’un homme qui vient d’avoir commerce avec une femme, quand ils ne se font aucun scrupule de convier les débauchés à des plaisirs incestueux; pourquoi ils ordonnent à leurs prêtres de s’abstenir de la chair des animaux, sous prétexte d’éviter la souillure des vapeurs corporelles, quand eux-mêmes se repaissent de la vapeur des sacrifices; pourquoi il est défendu aux initiés de toucher un cadavre, quand la plupart de leurs mystères se célèbrent avec des cadavres; pourquoi enfin un homme, sujet aux vices les plus honteux, peut faire des menaces, non seulement à un démon ou à l’âme de quelque trépassé, mais au soleil et à la lune, ou à tout autre des dieux célestes qu’il intimide par de fausses terreurs pour leur arracher la vérité; car il les menace de briser les cieux et d’autres choses pareilles, impossibles à l’homme, afin que ces dieux, effrayés comme des enfants de ces vaines et ridicules chimères, fassent ce qui leur est ordonné.



Porphyre rapporte qu’un certain Chérémon 1 , fort habile dans ces pratiques sacrées ou plutôt sacrilèges, et qui a écrit sur les mystères fameux de l’Egypte, ceux d’Isis et de son mari Osiris, attribue à ces mystères un grand pouvoir pour contraindre les dieux à exécuter les commandements humains, quand surtout le magicien les menace de divulguer les secrets de l’art et s’écrie d’une voix terrible que, s’ils n’obéissent pas, il va mettre en pièces les membres d’Osiris. Qu’un homme fasse aux dieux ces vaines et folles menaces, non pas à des dieux secondaires, mais aux dieux célestes, tout rayonnants de la lumière sidérale, et que ces menaces, loin d’être sans effet, forcent les dieux par la terreur et la violence à exécuter ce qui leur est prescrit, voilà ce dont Porphyre s’étonne avec raison, ou plutôt, sous le voile de la surprise et en ayant l’air de chercher la cause de phénomènes si étranges, il donne à entendre qu’ils sont l’ouvrage de ces esprits dont il vient de décrire indirectement la nature: esprits trompeurs, non par essence, comme il le croit, mais par corruption, qui feignent d’être des dieux ou des âmes de trépassés, mais qui ne feignent pas, comme il le dit, d’être des démons, car ils le sont véritablement.



Quant à ces pratiques bizarres, à ces herbes, à ces animaux, à ces sons de voix, à ces figures, tantôt de pure fantaisie, tantôt tracées d’après le cours des astres, qui paraissent à Porphyre capables de susciter certaines puissances et de produire certains effets, tout cela est un jeu des démons, mystificateurs des faibles et qui font leur amusement et leurs délices des erreurs des hommes. De deux choses l’une: ou Porphyre est resté en effet dans le doute sur ce sujet, tout en rapportant des faits qui montrent invinciblement que tous ces prestiges sont l’œuvre, non des puissances qui nous aident à acquérir la vie bienheureuse, mais des démons séducteurs; ou, s’il faut mieux penser d’un philosophe, Porphyre a jugé à propos de prendre ce détour avec un Égyptien attaché à ses erreurs et enflé de la grandeur de son art, dans l’espoir de le convaincre plus aisément de la vanité et du péril de cette science trompeuse, aimant mieux prendre le personnage d’un homme qui veut s’instruire et propose humblement des questions que de combattre ouvertement la superstition et d’affecter l’autorité superbe d’un docteur.


Il finit sa lettre en priant Anébon de lui enseigner comment la science des Égyptiens peut conduire à la béatitude. Du reste, quant à ceux dont tout le commerce avec les dieux se réduit à obtenir leur secours pour un esclave fugitif à recouvrer, ou pour l’acquisition d’une terre, ou pour un mariage, il déclare sans hésiter qu’ils n’ont que la vaine apparence de la sagesse; et alors même que les puissances évoquées pour une telle fin feraient des prédictions vraies touchant d’autres événements, du moment qu’elles n’ont rien de certain à dire aux hommes en ce qui regarde la béatitude véritable, Porphyre, loin de les reconnaître pour des dieux ou pour de bons démons, n’y voit autre chose que l’esprit séducteur ou une pure illusion.




----------------------------------------------------------------



1. Je cherche à traduire le mot de Porphyre kakoskoleuestai, que saint Augustin rend d’une manière assez louche par male conciliare. —2. Porphyre se prononce également contre le culte des démons dans son traité De l’abstinence, etc. Voyez les ch. 39 à 42. —  1. Ce Chérémon est un Egyptien qui avait embrassé la secte stoïcienne. Ses écrits sur la religion de l’Egypte sont mentionnés par Porphyre (De abst., lib. IV, cap. 6) et par saint Jérôme (Adv. Jovin. lib. II, cap. 13).




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques, gras et
note ajoutés.
à suivre…

.


Dernière édition par ROBERT. le Lun 07 Mar 2016, 4:12 pm, édité 1 fois
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Lun 07 Mar 2016, 4:02 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XII.

DES MIRACLES QU’OPÈRE LE VRAI DIEU PAR

LE MINISTÈRE DES SAINTS ANGES.  




Toutefois, comme il se fait par le moyen de ces arts illicites un grand nombre de prodiges qui surpassent la mesure de toute puissance humaine, que faut-il raisonnablement penser, sinon que ces prédictions et opérations qui se font d’une manière miraculeuse et comme surnaturelle, et qui n’ont cependant pas pour objet de glorifier le seul être où réside, du propre aveu des Platoniciens, le vrai bien et la vraie béatitude, tout cela, dis-je, n’est que pièges  des démons et illusions dangereuses dont une piété bien entendue doit nous préserver? Au contraire, nous devons croire que les miracles et toutes les œuvres surnaturelles faites par les anges ou autrement, qui ont pour objet la gloire du seul vrai Dieu, source unique de la béatitude, s’opèrent en effet par l’entremise de ceux qui nous aiment selon la vérité et la piété, et que Dieu se sert pour cela de leur ministère.



N’écoutons point ceux qui ne peuvent souffrir qu’un Dieu invisible fasse des miracles visibles, puisque, de leur propre aveu, c’est Dieu qui a fait le monde, c’est-à-dire une œuvre incontestablement visible. Et certes tout ce qui arrive de miraculeux dans l’univers est moins miraculeux que l’univers lui-même, qui embrasse le ciel, la terre et toutes les créatures. Comment cet univers a-t-il été fait ? C’est ce qui nous est aussi obscur et aussi incompréhensible que la nature de son auteur. Mais bien que le miracle permanent de l’univers visible ait perdu de son prix par l’habitude où nous sommes de le voir, il suffit d’y jeter un coup d’œil attentif pour reconnaître qu’il surpasse les phénomènes les plus extraordinaires et les plus rares. Il y a, en effet, un miracle plus grand que tous les miracles dont l’homme est l’instrument, et c’est l’homme même.



Voilà pourquoi Dieu, qui a fait les choses visibles, le ciel et la terre, ne dédaigne pas de faire dans le ciel et sur la terre des miracles visibles, afin d’exciter l’âme encore attachée aux choses visibles à adorer son invisible créateur; et quant au lieu et au temps où ces miracles s’accomplissent, cela dépend d’un conseil immuable de sa sagesse, où les temps à venir sont d’avance disposés et comme accomplis. Car il meut les choses temporelles sans être mû lui-même dans le temps; il ne connaît pas ce qui doit se faire autrement que ce qui est fait; il n’exauce pas qui l’invoque autrement qu’il ne voit qui le doit invoquer. Quand ses anges exaucent une prière, il l’exauce en eux comme en son vrai temple, qui n’est pas l’œuvre d’une main mortelle et où il habite comme il habite aussi dans l’âme des saints. Enfin, les volontés divines s’accomplissent dans le temps; Dieu les forme et les conçoit dans l’éternité.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Jeu 10 Mar 2016, 11:28 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XIII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XIII.

INVISIBLE EN SOI, DIEU S’EST RENDU SOUVENT VISIBLE,

NON TEL QU’IL EST, MAIS TEL QUE LES HOMMES LE POUVAIENT VOIR.  




On ne doit pas trouver étrange que Dieu, tout invisible que soit son essence, ait souvent apparu sous une forme visible aux patriarches. Car, comme le son de la voix, qui fait éclater au dehors la pensée conçue dans le silence de l’entendement, n’est pas la pensée même, ainsi la forme sous laquelle Dieu, invisible en soi, s’est montré visible, était autre chose que Dieu; et cependant c’est bien lui qui apparaissait sous cette forme corporelle, comme c’est bien la pensée qui se fait entendre dans le son de la voix. Les patriarches eux-mêmes n’ignoraient pas qu’ils voyaient Dieu sous une forme corporelle qui n’était pas lui. Ainsi, bien que Dieu parlât à Moïse et que Moïse lui répondît, Moïse ne laissait pas de dire à Dieu: "Si j’ai trouvé grâce devant vous, montrez-vous vous-même à moi, afin que je sois assuré de vous voir 1".



Et comme il fallait que la loi de Dieu fût publiée avec un appareil terrible, étant donnée, non à un homme ou à un petit nombre de sages, mais à une nation tout entière, à un peuple immense, Dieu fit de grandes choses par le ministère des anges sur le Sinaï, où la loi fut révélée à un seul en présence de la multitude qui contemplait avec effroi tant de signes surprenants. C’est qu’il n’en était pas du peuple d’Israël par rapport à Moïse comme des Lacédémoniens qui crurent à la parole de Lycurgue déclarant tenir ses lois de Jupiter ou d’Apollon 2; la loi de Moïse ordonnait d’adorer un seul Dieu, et dès lors il était nécessaire que Dieu fît éclater sa majesté par des effets assez merveilleux pour montrer que Moïse n’était qu’une créature dont se servait le créateur.




-----------------------------------------------------


1. Exode XXXIII, 13. —2. Voyez Hérodote, liv. I, chap. 65.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Ven 11 Mar 2016, 11:24 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XIV a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XIV.

IL NE FAUT ADORER QU’UN SEUL DIEU, NON SEULEMENT EN VUE DES BIENS ÉTERNELS,

MAIS EN VUE MÊME DES BIENS TERRESTRES QUI DÉPENDENT TOUS DE SA PROVIDENCE.




L’espèce humaine, représentée par le peuple de Dieu, peut être assimilée à un seul homme dont l’éducation se fait par degrés 3. La suite des temps a été pour ce peuple ce qu’est la suite des âges pour l’individu, et il s’est peu à peu élevé des choses temporelles aux choses éternelles, et du visible à l’invisible; et toutefois, alors même qu’on lui promettait des biens visibles pour récompense, on ne cessait pas de lui commander d’adorer un seul Dieu, afin de montrer à l’homme que, pour ces biens eux-mêmes, il ne doit point s’adresser à un autre qu’à son maître et créateur.



Quiconque, en effet, ne conviendra pas qu’un seul Dieu tout-puissant est le maître absolu de tous les biens que les anges ou les hommes peuvent faire aux hommes, est véritablement insensé. Plotin, philosophe platonicien, a discuté la question de la providence; et il lui suffit de la beauté des fleurs et des feuilles pour prouver cette providence dont la beauté est intelligible et ineffable, qui descend des hauteurs de la majesté divine jusqu’aux choses de la terre les plus viles et les plus basses, puisque, en effet, ces créatures si frêles et qui passent si vite n’auraient point leur beauté et leurs harmonieuses proportions, si elles n’étaient formées par un être toujours subsistant qui enveloppe tout dans sa forme intelligible et immuable 1.  



C’est ce qu’enseigne Notre-Seigneur Jésus-Christ quand il dit: "Regardez les lis des champs ; ils ne travaillent, ni ne filent; or, je vous dis que Salomon même, dans toute sa gloire, n’était point vêtu comme l’un d’eux. Que si Dieu prend soin de vêtir de la sorte l’herbe des champs, qui est aujourd’hui et qui demain sera jetée au four, que ne fera-t-il pas pour vous, hommes de peu de foi2 ?" Il était donc convenable d’accoutumer l’homme encore faible et attaché aux objets terrestres à n’attendre que de Dieu seul les biens nécessaires à cette vie mortelle, si méprisables qu’ils soient d’ailleurs au prix des biens de l’autre vie, afin que, dans le désir même de ces biens imparfaits, il ne s’écartât pas du culte de celui qu’on ne possède qu’en les méprisant.




--------------------------------------------------------------------------


3. Cette comparaison, si naturelle et pourtant si originale, se rencontre dans un autre écrit de saint Augustin sous une forme plus nette et plus grande encore: "La Providence divine, dit-il, qui conduit admirablement toutes choses, gouverne la suite des générations humaines, depuis Adam jusqu’à la fin des siècles, comme un seul homme, qui, de l’enfance à la vieillesse, fournit sa carrière dans le temps en passant par tons les âges (De quœst. octog. trib,  qu. 58)". On sait combien cette belle image a trouvé d’imitateurs parmi les plus illustres génies. Voyez notamment Bacon (Novum organum, lib. I, aph. 84) et Pascal (Fragment d’un traité du vide, page 436 de l’édition de M. Havet).—1. Voyez Plotin, Ennéades. III, lib. 2, cap. 13.— 2. Matthieu VI, 28-30.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mar 15 Mar 2016, 3:53 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XV a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XV.

DU MINISTÈRE DES SAINTS ANGES,

INSTRUMENTS DE LA PROVIDENCE DIVINE. .




Il a donc plu à la divine Providence, comme je l’ai déjà dit et comme on le peut voir dans les Actes des Apôtres 3, d’ordonner le cours des temps de telle sorte que la loi qui commandait le culte d’un seul Dieu fût publiée par le ministère des anges. Or, Dieu voulut dans cette occasion se manifester d’une manière visible, non en sa propre substance, toujours invisible aux yeux du corps, mais par de certains signes qui font des choses créées la marque sensible de la présence du Créateur. Il se servit du langage humain, successif et divisible, pour transmettre aux hommes cette voix spirituelle, intelligible et éternelle qui ne commence, ni ne cesse de parler, et qu’entendent dans sa pureté, non par l’oreille, mais par l’intelligence, les ministres de sa volonté, ces esprits bienheureux admis à jouir pour jamais de sa vérité immuable et toujours prêts à exécuter sans retard et sans effort dans l’ordre des choses visibles les ordres qu’elle leur communique d’une manière ineffable.



La loi divine a donc été donnée selon la dispensation des temps; elle ne promettait d’abord, je le répète, que des biens terrestres, qui étaient à la vérité la figure des biens éternels; mais si un grand nombre de Juifs célébraient ces promesses par des solennités visibles, peu les comprenaient. Toutefois, et les paroles et les cérémonies de la loi prêchaient hautement le culte d’un seul Dieu, non pas d’un de ces dieux choisis dans la foule des divinités païennes, mais de celui qui a fait et le ciel et la terre, et tout esprit et toute âme, et tout ce qui n’est pas lui; car il est le créateur et tout le reste est créature; et rien n’existe et ne se conserve que par celui qui a tout fait.



-----------------------------------------------


3. Actes VII, 53.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mer 16 Mar 2016, 10:25 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XVI a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XVI.

SI NOUS DEVONS, POUR ARRIVER À LA VIE BIENHEUREUSE,

CROIRE PLUTÔT CEUX D’ENTRE LES ANGES QUI VEULENT QU’ON

LES ADORE QUE CEUX QUI VEULENT QU’ON N’ADORE QUE DIEU.  




A quels anges devons-nous ajouter foi pour obtenir la vie éternelle et bienheureuse ? À ceux qui demandent aux hommes un culte religieux et des honneurs divins, ou à ceux qui disent que ce culte n’est dû qu’au Dieu créateur, et qui nous commandent d’adorer en vérité celui dont la vision fait leur béatitude et en qui ils nous promettent que nous trouverons un jour la nôtre ? Cette vision de Dieu est en effet la vision d’une beauté si parfaite et si digne d’amour, que Plotin n’hésite pas à déclarer que sans elle, fût-on d’ailleurs comblé de tous les autres biens, on est nécessairement malheureux1 . Lors donc que les divers anges font des miracles, les uns, pour nous inviter à rendre à Dieu seul le culte de latrie 2, les autres pour se le faire rendre à eux-mêmes, mais avec cette différence que les premiers nous défendent d’adorer des anges, au lieu que les seconds ne nous défendent pas d’adorer Dieu , je demande quels sont ceux à qui l’on doit ajouter foi ?


Que les Platoniciens répondent à cette question; que tous les autres philosophes y répondent; qu’ils y répondent aussi ces théurges, ou plutôt ces périurges, car ils ne méritent pas un nom plus flatteur1 ; en un mot, que tous les hommes répondent, s’il leur reste une étincelle de raison, et qu’ils nous disent si nous devons adorer ces anges ou ces dieux qui veulent qu’on les adore de préférence au Dieu que les autres nous commandent d’adorer, à l’exclusion d’eux-mêmes et des autres anges. Quand ni les uns ni les autres ne feraient de miracles, cette seule considération que les uns ordonnent qu’on leur sacrifie, tandis que les autres le défendent et exigent qu’on ne sacrifie qu’au vrai Dieu, suffirait pour faire discerner à une âme pieuse de quel côté est le faste et l’orgueil, de quel côté la véritable religion. Je dis plus: alors même que ceux qui demandent à être adorés seraient les seuls à faire des miracles et que les autres dédaigneraient ce moyen, l’autorité de ces derniers devrait être préférable aux yeux de quiconque se détermine par la raison plutôt que par les sens. Mais puisque Dieu, pour consacrer la vérité, a permis que ces esprits immortels aient opéré, en vue de sa gloire et non de la leur, des miracles d’une grandeur et d’une certitude supérieures, afin, sans doute, de mettre ainsi les âmes faibles en garde contre les prestiges des démons orgueilleux, ne serait-ce pas le comble de la déraison que de fermer les yeux à la vérité, quand elle éclate avec plus de force que le mensonge ?



Pour toucher un mot, en effet, des miracles attribués par les historiens aux dieux des Gentils, en quoi je n’entends point parler des accidents monstrueux qui se produisent de loin en loin par des causes cachées, comprises dans les plans de la Providence, tels, par exemple, que la naissance d’animaux difformes, ou quelque changement inusité sur la face du ciel et de la terre, capable de surprendre ou même de nuire, je n’entends point, dis-je, parler de ce genre d’événements dont les démons fallacieux prétendent que leur culte préserve le monde, mais d’autres événements qui paraissent en effet devoir être attribués à leur action et à leur puissance, comme ce que l’on rapporte des images des dieux pénates, rapportées de Troie par Enée et qui passèrent d’elles-mêmes d’un lieu à un autre 1; de Tarquin, qui coupa un caillou avec un rasoir 2; du serpent d’Epidaure, qui accompagna Esculape dans son voyage à Rome 3; de cette femme qui, pour prouver sa chasteté, tira seule avec sa ceinture le vaisseau qui portait la statue de la mère des dieux, tandis qu’un grand nombre d’hommes et d’animaux n’avaient pu seulement l’ébranler 4; de cette vestale qui témoigna aussi son innocence en puisant de l’eau du Tibre dans un crible 5; voilà bien des miracles, mais aucun n’est comparable, ni en grandeur, ni en puissance, à ceux que l’Ecriture nous montre accomplis pour le peuple de Dieu.



Combien moins peut-on leur comparer ceux que punissent et prohibent les lois des peuples païens eux-mêmes, je veux parler de ces œuvres de magie et de théurgie qui ne sont pour la plupart que de vaines apparences et de trompeuses illusions, comme, par exemple, quand il s’agit de faire descendre la lune, afin, dit le poète Lucain, qu’elle répande de plus près son écume sur les herbes 6. Et s’il est quelques-uns de ces prodiges qui semblent égaler ceux qu’accomplissent les serviteurs de Dieu, la diversité de leurs fins, qui sert à les distinguer les uns des autres, fait assez voir que les nôtres sont incomparablement plus excellents. En effet, les uns ont pour objet d’établir le culte de fausses divinités que leur vain orgueil rend d’autant plus indignes de nos sacrifices qu’elles les souhaitent avec plus d’ardeur; les autres ne tendent qu’à la gloire d’un Dieu qui témoigne dans ses Ecritures qu’il n’a aucun besoin de tels sacrifices, comme il l’a montré plus tard en les refusant pour l’avenir.



En résumé, s’il y a des anges qui demandent le sacrifice pour eux-mêmes, il faut leur préférer ceux qui ne le réclament que pour le Dieu qu’ils servent et qui a créé l’univers; ces derniers, en effet, font bien voir de quel sincère amour ils nous aiment, puisqu’au lieu de nous soumettre à leur propre empire, ils ne cherchent qu’à nous faire parvenir vers l’être dont la contemplation leur promet à eux-mêmes une félicité inébranlable. En second lieu, s’il y a des anges qui, sans vouloir qu’on leur sacrifie, ordonnent qu’on sacrifie à plusieurs dieux dont ils sont les anges, il faut encore leur préférer ceux qui sont les anges d’un seul Dieu et qui nous défendent de sacrifier à tout autre qu’à lui, tandis que les autres n’interdisent pas de sacrifier à ce Dieu-là. Enfin, si ceux qui veulent qu’on leur sacrifie ne sont ni de bons anges, ni les anges de bonnes divinités, mais de mauvais démons, comme le prouvent leurs impostures et leur orgueil, à quelle protection plus puissante avoir recours contre eux qu’à celle du Dieu unique et véritable que servent les anges, ces bons anges qui ne demandent pas nos sacrifices pour eux, mais pour celui dont nous devons nous-mêmes être le sacrifice ?




-----------------------------------------------------------



1. Voyez Plotin, Ennéades I, lib. VI, cap. 7—2. Sur le culte de lâtrie, voyez plus haut, livre X, ch. 1— 1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible sur theurgi (teourgoi, magiciens) et periurgi ( periourgoi) , ou plutôt periergoi, esprits vains et curieux). Vivès pense que saint Augustin a forgé le mot periurgi de perurgere, solliciter, ou de perurere, brûler. —1. Voyez Varron (dans Servius, ad . Aeneid., lib. I, vers 368).—2. Cicéron et Tite-Live rapportent que l’augure Actius Navius, sur le défi de Tarquin l’ancien, coupa un caillou avec un rasoir (Voyez Cicéron, De divin., lib. I, cap. 17, et De nat. Deor., lib. 2. — Tite-Live, lib. I, cap. 35).—3. Voyez Tite-Live, Epit., lib. XI; Valère, Maxime, lib. I, cap. 8, § 2, et Ovide, Metamorph., lib. XV, vers 622 et suiv.—4. Voyez Tite-Live, lib. XXIX, cap. 14; Ovide, Fastès, liv. IV, v. 295 et suiv., et Properce, lib. IV, élégie. 2.—5. Voyez Denys d’Halycarnasse, Antiquit., lib. II, cap. 67; Pline, Hist. nat., lib,. XXVIII, cap. 2 ; Valère Maxime, lib, VIII, cap. 1, § 5.—6. Lucain, Phars., lib. VI, vers 503. — Comp. Aristophane, Nuées, vers 749 et seq.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Ven 18 Mar 2016, 11:47 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XVII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XVII.

DE L’ARCHE DU TESTAMENT ET DES MIRACLES QUE DIEU OPÉRA

POUR FORTIFIER L’AUTORITÉ DE SA LOI ET DE SES PROMESSES.  




C’est pour cela que la loi de Dieu, donnée au peuple juif par le ministère des anges, et qui ordonnait d’adorer le seul Dieu des dieux, à l’exclusion de tous les autres, était déposée dans l’arche dite du Témoignage. Ce nom indique assez que Dieu, à qui s’adressait tout ce culte extérieur, n’est point contenu et enfermé dans un certain lieu, et que si ses réponses et divers signes sensibles sortaient en effet de cette arche, ils n’étaient que le témoignage visible de ses volontés. La loi elle-même était gravée sur des tables de pierre et renfermée dans l’arche, comme je viens de le dire. Au temps que le peuple errait dans le désert, les prêtres la portaient avec respect avec le tabernacle, dit aussi du Témoignage, et le signe ordinaire qui l’accompagnait était une colonne de nuée durant le jour et une colonne de feu durant la nuit 1 . Quand cette nuée marchait, les Hébreux levaient leur camp, et ils campaient, quand elle s’arrêtait 2. Outre ce miracle et les voix qui se faisaient entendre de l’arche, il y en eut encore d’autres qui rendirent témoignage à la loi; car, lorsque le peuple entra dans la terre de promission, (terre promise) le Jourdain s’ouvrit pour donner passage à l’arche aussi bien qu’à toute l’armée 1. Cette même arche ayant été portée sept fois autour de la première ville ennemie qu’on rencontré (laquelle adorait plusieurs dieux à l’instar des Gentils) , les murailles tombèrent d’elles-mêmes sans être ébranlées ni par la sape ni par le bélier 2.  Depuis, à une époque où les Israélites étaient déjà établis dans la terre promise, il arriva que l’arche fut prise en punition de leurs péchés, et que ceux qui s’en étaient emparés l’enfermèrent avec honneur dans le temple du plus considérable de leurs dieux 3.



Or, le lendemain, à l’ouverture du temple, ils trouvèrent la statue du dieu renversée par terre et honteusement fracassée. Divers prodiges et la plaie honteuse dont ils furent frappés les engagèrent dans la suite à restituer l’arche de Dieu. Mais comment fut-elle rendue ? ils la mirent sur un chariot, auquel ils attelèrent des vaches dont ils eurent soin de retenir les petits, puis ils laissèrent aller ces animaux à leur gré, pour voir s’il se produirait quelque chose de divin. Or, les vaches, sans guide, sans conducteur, malgré les cris de leurs petits affamés, marchèrent droit en Judée et rendirent aux Hébreux l’arche mystérieuse. Ce sont là de petites choses au regard de Dieu; mais elles sont grandes par l’instruction et la terreur salutaire qu’elles doivent donner aux hommes. Si certains philosophes, et à leur tête les Platoniciens, ont montré plus de sagesse et mérité plus de gloire que tous les autres, pour avoir enseigné que la Providence divine descend jusqu’aux derniers êtres de la nature, et fait éclater sa splendeur dans l’herbe des champs aussi bien que dans les corps des animaux, comment ne pas se rendre aux témoignages miraculeux d’une religion qui ordonne de sacrifier à Dieu seul, à l’exclusion de toute créature du ciel, de la terre et des enfers ? Et quel est le Dieu de cette religion ? Celui qui peut seul faire notre bonheur par l’amour qu’il nous porte et par l’amour que nous lui rendons, celui qui, bornant le temps des sacrifices de l’ancienne loi dont il avait prédit la réforme par un meilleur pontife, a témoigné qu’il ne les désire pas pour eux-mêmes, et que s’il les avait ordonnés, c’était comme figure de sacrifices plus parfaits; car enfin Dieu ne veut pas notre culte pour en tirer de la gloire, mais pour nous unir étroitement à lui, en nous enflammant d’un amour qui fait notre bonheur et non pas le sien.


-----------------------------------------------------



1. Exode XIII, 21. — 2. Exode XL, 34. —1. Josué. III, 16-17. —  2. Josué VI, 20. — 3. I Rois,  IV-VI.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.


Dernière édition par ROBERT. le Sam 19 Mar 2016, 11:44 am, édité 1 fois (Raison : note ajoutée)
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Sam 19 Mar 2016, 11:39 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XVIII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XVIII.

CONTRE CEUX QUI NIENT QU’IL FAILLE S’EN FIER AUX

LIVRES SAINTS TOUCHANT LES MIRACLES ACCOMPLIS

POUR L’INSTRUCTION DU PEUPLE DE DIEU.  




S’avisera-t-on de dire que ces miracles sont faux et supposés ? Quiconque parle de la sorte et prétend qu’en fait de miracles il ne faut s’en fier à aucun historien, peut aussi bien prétendre qu’il n’y a point de dieux qui se mêlent des choses de ce monde. C’est par des miracles, en effet, que les dieux ont persuadé aux hommes de les adorer, comme l’atteste l’histoire des Gentils, et nous y voyons les dieux plus occupés de se faire admirer que de se rendre utiles. C’est pourquoi nous n’avons pas entrepris dans cet ouvrage de réfuter ceux qui nient toute existence divine ou qui croient la divinité indifférente aux événements du monde, mais ceux qui préfèrent leurs dieux au Dieu fondateur de l’éternelle et glorieuse Cité, ne sachant pas qu’il est pareillement le fondateur invisible et immuable de ce monde muable et visible, et le véritable dispensateur de cette félicité qui réside en lui-même et non pas en ses créatures. Voilà le sens de ce mot du très-véridique prophète: "Etre uni à Dieu, voilà mon bien1".



Je reviens sur cette citation, parce qu’il s’agit ici de la fin de l’homme, de ce problème tant controversé entre les philosophes, de ce souverain bien où il faut rapporter tous nos devoirs. Le Psalmiste ne dit pas: Mon bien, c’est de posséder de grandes richesses, ou de porter la pourpre, le sceptre et le diadème; ou encore, comme quelques philosophes n’ont point rougi de le dire: Mon bien, c’est de jouir des voluptés du corps; ou même enfin, suivant l’opinion meilleure de philosophes meilleurs : Mon bien, c’est la vertu de mon âme; non, le Psalmiste le déclare: Le vrai bien, c’est d’être uni à Dieu. Il avait appris cette vérité de celui-là même que les anges, par des miracles incontestables, lui avaient appris à adorer exclusivement. Aussi était-il lui-même le sacrifice de Dieu, puisqu’il était consumé du feu de son amour et désirait ardemment de jouir de ses chastes et ineffables embrassements. Mais enfin, si ceux qui adorent plusieurs dieux (quelque sentiment qu’ils aient touchant leur nature) ne doutent point des miracles qu’on leur attribue, et s’en rapportent soit aux historiens, soit aux livres de la magie, soit enfin aux livres moins suspects de la théurgie, pourquoi refusent-ils de croire aux miracles attestés par nos Écritures, dont l’autorité doit être estimée d’autant plus grande que celui à qui seul elles commandent de sacrifier est plus grand ?


-------------------------------------------------------------


1. Psaume LXXII, 28.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Dim 20 Mar 2016, 3:52 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XIX a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XIX.

QUEL EST L’OBJET DU SACRIFICE VISIBLE QUE LA VRAIE RELIGION

ORDONNE D’OFFRIR AU SEUL DIEU INVISIBLE ET VÉRITABLE.      




Quant à ceux qui estiment que les sacrifices visibles doivent être offerts aux autres dieux, mais que les sacrifices invisibles, tels que les mouvements d’une âme pure et d’une bonne volonté, appartiennent, comme plus grands et plus excellents, au Dieu invisible, plus grand lui-même et plus excellent que tous les dieux 1, ils ignorent sans doute que les sacrifices visibles ne sont que les signes des autres, comme les mots ne sont que les signes des choses. Or, puisque dans la prière nous adressons nos paroles à celui-là même à qui nous offrons les pensées de nos cœurs, n’oublions pas, quand nous sacrifions, qu’il ne faut offrir le sacrifice visible qu’à celui dont nous devons être nous-mêmes le sacrifice invisible.



C’est alors que les Anges et les Vertus supérieures, dont la bonté et la piété font la puissance, se réjouissent avec nous de ce culte que nous rendons à Dieu, et nous aident à le lui rendre. Mais si nous voulons les adorer, ces purs esprits sont si peu disposés à agréer notre culte qu’ils le rejettent positivement, quand ils viennent remplir quelque mission visible auprès des hommes. L’Ecriture sainte en fournit des exemples. Nous y voyons, en effet 2, que quelques fidèles ayant cru devoir leur rendre les honneurs divins, soit par l’adoration, soit par le sacrifice, ils les en ont empêchés, avec ordre de les reporter au seul être à qui ils savent qu’ils sont dus. Les saints ont imité les anges: après la guérison miraculeuse que saint Paul et saint Barnabé opérèrent en Lycaonie, le peuple les prit pour des dieux et voulut leur sacrifier 1; mais leur humble piété s’y opposa, et ils annoncèrent aux Lycaoniens le Dieu en qui ils devaient croire.


Les esprits trompeurs eux-mêmes n’exigent ces honneurs que parce qu’ils savent qu’ils n’appartiennent qu’au vrai Dieu. Ce qu’ils aiment ce n’est pas, comme le rapporte Porphyre, et comme quelques-uns le croient, les odeurs corporelles, mais les honneurs divins. Dans le fait, ils ont assez de ces sortes d’odeurs qui leur viennent de tout côté, et, s’ils en voulaient davantage, il ne tiendrait qu’à eux de s’en donner; mais ces mauvais esprits, qui affectent la divinité, ne se contentent pas de la fumée des corps, ils demandent les hommages du cœur , afin d’exercer leur domination sur ceux qu’ils abusent, et de leur fermer la voie qui mène au vrai Dieu, en les empêchant par ces sacrifices impies de devenir eux-mêmes un sacrifice agréable à Dieu.


------------------------------------------------------


1. Saint Augustin paraît faire ici allusion à Porphyre et à ses disciples. Voyez le De abst. anim., lib. II, cap. 61 et seq. —2. Apocalypse XIX, 10, et Apocalypse XXII, 9. —1. Actes XIV, 10 et seq.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Lun 21 Mar 2016, 4:13 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XX a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XX.

DU VÉRITABLE ET SUPRÊME SACRIFICE EFFECTUÉ PAR LE

CHRIST LUI-MÊME, MÉDIATEUR ENTRE DIEU ET LES HOMMES.      




De là vient que ce vrai médiateur entre Dieu et les hommes, médiateur en tant qu’il a pris la forme d’esclave, Jésus-Christ homme, bien qu’il reçoive le sacrifice, à titre de Dieu consubstantiel au Père, a mieux aimé être lui-même le sacrifice, à titre d’esclave, que de le recevoir, et cela, pour ne donner occasion à personne de croire qu’il soit permis de sacrifier à une créature, quelle qu’elle soit. Il est donc à la fois le prêtre et la victime, et voilà le sens du sacrifice que l’Eglise lui offre chaque jour; car l’Eglise, comme corps dont il est le chef, s’offre elle-même par lui. Les anciens sacrifices des saints n’étaient aussi que des signes divers et multipliés de ce sacrifice véritable, de même que plusieurs mots servent quelquefois à exprimer une seule chose en l’inculquant plus fortement et sans ennui. Devant ce suprême et vrai sacrifice, tous les faux sacrifices ont disparu.



Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mar 22 Mar 2016, 10:02 am

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XXI a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XXI.

DU DEGRÉ DE PUISSANCE ACCORDÉ AUX DÉMONS POUR PROCURER,

PAR DES ÉPREUVES PATIEMMENT SUBIES, LA GLOIRE DES SAINTS,

LESQUELS N’ONT PAS VAINCU LES DÉMONS EN LEUR FAISANT

DES SACRIFICES, MAIS EN RESTANT FIDÈLES À DIEU.  




Toutefois[/b] les démons ont reçu le pouvoir, en des temps réglés et limités par la Providence, d’exercer leur fureur contre la Cité de Dieu à l’aide de ceux qu’ils ont séduits[/b], et non seulement de recevoir les sacrifices qu’on leur offre mais aussi d’en exiger par de violentes persécutions. Or, tant s’en faut que cette tyrannie soit préjudiciable à l’Eglise, qu’elle lui procure, au contraire, de grands avantages; elle sert, en effet, à compléter le nombre des saints, qui tiennent un rang d’autant plus honorable dans la Cité de Dieu qu’ils combattent plus généreusement et jusqu’à la mort contre les puissances de l’impiété 1. Si le langage de l’Eglise le permettait, nous les appellerions à bon droit nos héros. On fait venir ce nom de celui de Junon, qui, en grec, est appelé Héra, d’où vient que, suivant les fables de la Grèce, je ne sais plus lequel de ses fils porte le nom d’Héros. Le sens mystique de ces noms est, dit-on, que Junon représente l’air, dans lequel on place, en compagnie des démons, les héros, c’est-à-dire les âmes des morts illustres.



C’est dans un sens tout contraire qu’on pourrait, je le répète, si le langage ecclésiastique le permettait, appeler nos martyrs des héros; non certes qu’ils aient aucun commerce dans l’air avec les démons, mais parce qu’ils ont vaincu les démons, c’est-à-dire les puissances de l’air et Junon elle-même, quelle qu’elle soit, cette Junon que les poètes nous représentent, non sans raison, comme ennemie de la vertu et jalouse de la gloire des grands hommes qui aspirent au ciel. Virgile met ceux-ci au-dessus d’elle quand il lui fait dire: "Énée est mon vainqueur2 ..."mais il lui cède ensuite et faiblit misérablement quand il introduit Hélénus donnant à Énée ce prétendu conseil de piété:"Rends hommage de bon cœur à Junon et triomphe par tes offrandes suppliantes du courroux de cette redoutable divinité 1".



Porphyre est du même avis, tout en ne parlant, il est vrai, qu’au nom d’autrui, quand il dit que le bon génie n’assiste point celui qui l’invoque, à moins que le mauvais génie n’ait été préalablement apaisé 2; d’où il suivrait que les mauvaises divinités sont plus puissantes que les bonnes; car les mauvaises peuvent mettre obstacle à l’action des bonnes, et celles-ci ne peuvent rien sans la permission de celles-là, tandis qu’au contraire les mauvaises divinités peuvent nuire, sans que les autres soient capables de les en empêcher. Il en est tout autrement dans la véritable religion; et ce n’est pas ainsi que nos martyrs triomphent de Junon, c’est-à-dire des puissances de l’air envieuses de la vertu des saints. Nos héros, si l’usage permettait de les appeler ainsi, n’emploient pour vaincre Héra que des vertus divines et non des offrandes suppliantes. Et certes, Scipion a mieux mérité le Surnom d’Africain en domptant l’Afrique par sa valeur que s’il eût apaisé ses ennemis par des présents et des supplications.




-------------------------------------------



1. Tertullien exprime plusieurs fois la même pensée (Apoloy., cap. 50;  ad Scap., cap. 5).— 2. Énéide, livre VII, vers 310. —1. Enéide, livre III, vers 438-439.  — 2. Voyez plus haut, sur Porphyre, les chapitres 9, 10 et 11, et comp. De abstin. anim., cap. 39.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
Italiques, soulignés
Et gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Mer 23 Mar 2016, 2:34 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XXII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XXII.

OÙ EST LA SOURCE DU POUVOIR DES SAINTS CONTRE

LES DÉMONS ET DE LA VRAIE PURIFICATION DU CŒUR.  




Les hommes véritablement pieux chassent ces puissances aériennes par des exorcismes, loin de rien faire pour les apaiser, et ils surmontent toutes les tentations de l’ennemi, non en les priant, mais en priant Dieu contre lui. Aussi, les démons ne triomphent-ils que des âmes entrées dans leur commerce par le péché. On triomphe d’eux, au contraire, au nom de celui qui s’est fait homme, et homme sans péché, pour opérer en lui-même, comme pontife et comme victime, la rémission des péchés, c’est-à-dire au nom du médiateur Jésus-Christ homme, par qui les hommes, purifiés du péché, sont réconciliés avec Dieu. Le péché seul, en effet, sépare les hommes d’avec Dieu, et s’ils peuvent en être purifiés en cette vie, ce n’est point par la vertu, mais bien par la miséricorde divine; ce n’est point par leur puissance propre, mais par l’indulgence de Dieu, puisque la faible et misérable vertu qu’on appelle la vertu humaine n’est elle-même qu’un don de sa bonté.



Nous serions trop disposés à nous enorgueillir dans notre condition charnelle, si, avant de la dépouiller, nous ne vivions pas sous le pardon. C’est pourquoi la vertu du Médiateur nous a fait cette grâce que, souillés par la chair du péché, nous trouvons notre purification dans un Dieu fait chair; grâce merveilleuse, où éclate la miséricorde de Dieu, et qui, après nous avoir conduits durant cette vie dans le chemin de la foi, nous prépare, après la mort, par la contemplation de la vérité immuable, la plénitude de la perfection.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Jeu 24 Mar 2016, 3:19 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XXIII a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XXIII.

DES PRINCIPES DE LA PURIFICATION

DE L’ÂME SELON LES PLATONICIENS.  




 Des oracles divins, dit Porphyre, ont répondu que les sacrifices les plus parfaits à la lune et au soleil sont incapables de purifier, et il a voulu montrer par là qu’il en est de même des sacrifices offerts à tous les autres dieux. Quels sacrifices, en effet, auraient une vertu purifiante, si ceux de la lune et du soleil, divinités du premier ordre, ne l’ont pas? Porphyre, d’ailleurs, ajoute que le même oracle a déclaré que les Principes peuvent purifier; par où l’on voit assez que ce philosophe a craint que sur la première réponse, qui refuse aux sacrifices parfaits du soleil et de la lune la vertu purifiante, on ne s’avisât de l’attribuer aux sacrifices de quelqu’un des petits dieux. Mais qu’entend Porphyre par ses Principes1 dans la bouche d’un philosophe platonicien, nous savons ce que cela signifie: il veut désigner Dieu le Père d’abord, puis Dieu le Fils, qu’il appelle la Pensée ou l’Intelligence du Père; quant au Saint-Esprit, il n’en dit rien, ou ce qu’il en dit n’est pas clair; car je n’entends pas quel est cet autre Principe qui tient le milieu, suivant lui, entre les deux autres. Est-il du sentiment de Plotin, qui, traitant des trois hypostases principales donne à l’âme le troisième rang ? Mais alors il ne dirait pas que la troisième hypostase tient le milieu entre les deux autres, c’est-à-dire entre le Père et le Fils.



En effet, Plotin place l’âme au-dessous de la seconde hypostase, qui est la pensée du Père, tandis que Porphyre, en faisant de l’âme une substance mitoyenne, ne la place pas au-dessous des deux autres, mais entre les deux. Porphyre, sans doute, a parlé comme il a pu, ou comme il a voulu car nous disons, nous, que le Saint-Esprit n’est pas seulement l’esprit du Père, ou l’esprit du Fils, mais l’esprit du Père et du Fils. Aussi bien, les philosophes sont libres dans leurs expressions, et, en parlant des plus hautes matières, ils ne craignent pas d’offenser les oreilles pieuses. Mais nous, nous sommes obligés de soumettre nos paroles à une règle précise, de crainte que la licence dans les mots n’engendre l’impiété dans les choses.



------------------------------------------------------------------



1. Les Platoniciens de l’école d’Alexandrie et de l’école d’Athènes ce sont accordés, depuis Plotin jusqu’à Proclus, à reconnaître en Dieu trois principes ou hypostases 1° l’Un ( to en aploun ) ou le Bien, qui est le Père; 2° l’Intelligence, le Verbe (logos, nous), qui est le Fils, 3° l’Âme (psuché), qui est le principe universel de la vie. — Quant à la nature et à l’ordre de ces hypostases, les Alexandrins cessent d’être d’accord. — Consultez, sur les différences très subtiles de la Trinité de Plotin et de celle de Porphyre, les deux historiens de l’école d’Alexandrie, M. Jules Simon (tome II, page 110 et seq.) et M. Vacherot (tome II, p. 37 et seq.)




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet) Empty Re: Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre X — LE CULTE DE LÂTRIE. (Complet)

Message  ROBERT. Sam 26 Mar 2016, 2:51 pm

.
Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre X, cap XXIV a écrit:

LIVRE DIXIÈME: LE CULTE DE LÂTRIE.


CHAPITRE XXIV.

DU PRINCIPE UNIQUE ET VÉRITABLE QUI SEUL

PURIFIE ET RENOUVELLE LA NATURE HUMAINE.    




 Lors donc que nous parlons de Dieu, nous n’affirmons point deux ou trois principes, pas plus que nous n’avons le droit d’affirmer deux ou trois dieux; et toutefois, en affirmant tour a tour le Père, le Fils et le Saint-Esprit, nous disons de chacun qu’il est Dieu. Car nous ne tombons pas dans l’hérésie des Sabelliens1, qui soutiennent que le Père est identique au Fils, et que le Saint-Esprit est identique au Fils et au Père; nous disons, nous, que le Père est le Père du Fils, que le Fils est le Fils du Père, et que le Saint-Esprit est l’Esprit du Père et du Fils, sans être ni le Père, ni le Fils. Il est donc vrai de dire que le Principe seul purifie l’homme, et non les Principes, comme l’ont soutenu les Platoniciens. Mais Porphyre, soumis à ces puissances envieuses dont il rougissait sans oser les combattre ouvertement, n’a pas voulu reconnaître que le Seigneur Jésus-Christ est le principe qui nous purifie par son incarnation.



Il l’a sans doute méprisé dans la chair qu’il a revêtue pour accomplir le sacrifice destiné à nous purifier; grand mystère que n’a point compris Porphyre, par un effet de cet orgueil que le bon, le vrai Médiateur a vaincu par son humilité, prenant la nature mortelle pour se montrer à des êtres mortels, tandis que les faux et méchants médiateurs, fiers de n’être pas sujets à la mort, se sont exaltés dans leur orgueil, et par le prestige de leur immortalité ont fait espérer à des êtres mortels un secours trompeur. Ce bon et véritable Médiateur a donc montré que le mal consiste dans le péché, et non dans la substance ou la nature de la chair, puisqu’il a pris la chair avec l’âme de l’homme sans prendre le péché, puisqu’il a vécu dans cette chair, et qu’après l’avoir quittée par la mort, il l’a reprise transfigurée dans sa résurrection. Il a montré aussi que la mort même, peine du péché, qu’il a subie pour nous sans avoir péché, ne doit pas être évitée par le péché, mais plutôt supportée à l’occasion pour la justice car s’il a eu la puissance de racheter nos péchés par sa mort, c’est qu’il est mort lui-même et n’est pas mort par son péché.



Mais Porphyre n’a point connu le Christ comme Principe; car autrement il l’eût connu comme purificateur. Le Principe, en effet, dans le Christ, ce n’est pas la chair ou l’âme humaine, mais bien le Verbe par qui tout a été fait. D’où il suit que la chair du Christ ne purifie point par elle-même, mais par le Verbe qui a pris cette chair, quand "le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous 1". C’est pourquoi, quand Jésus parlait dans un sens mystique de la manducation de sa chair, plusieurs qui l’écoutaient sans le comprendre s’étant retirés en s’écriant: "Ces paroles sont dures; est-il possible de les écouter ?" il dit à ceux qui restèrent auprès de lui: "C’est l’esprit qui  vivifie; la chair ne sert de rien 2". Il faut conclure que c’est le Principe qui, en prenant une chair et une âme, purifie l’âme et la chair des fidèles, et voilà le sens de la réponse de Jésus aux Juifs qui lui demandaient qui il était: "Je suis le Principe 3".



Nous-mêmes, faibles que nous sommes, charnels et pécheurs, nous ne pourrions, enveloppés dans les ténèbres de l’ignorance, comprendre cette parole, si le Christ ne nous avait doublement purifiés et par ce que nous étions et par ce que nous n’étions pas; car nous étions hommes, et nous n’étions pas justes, et dans l’Incarnation il y a l’homme, mais juste et sans péché. Voilà le Médiateur qui nous a tendu la main pour nous relever, quand nous étions tombés et gisants par terre; voilà la semence organisée par le ministère des anges1, promulgateurs de la loi qui contenait tout ensemble le commandement d’obéir à un seul Dieu et la promesse du médiateur à venir.



-----------------------------------------------



1. Sabellius, et avant lui Noët et Praxeus, réduisaient la distinction des personnes de la sainte Trinité à une distinction nominale. Cette hérésie a été condamnée par le concile de Constantinople en 381.  — 1. Jean, I, 14. 2. Jean, VI, 61 ; 64. — 3. Jean VIII, 25.  — 1. Galates III, 19.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques et
gras ajoutés.
à suivre…

.
ROBERT.
ROBERT.

Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Page 1 sur 2 1, 2  Suivant

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum