Saint Augustin — Cité de Dieu — Livre XI — Origine des deux Cités. (complet) Table des Matières.

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Message  ROBERT. Lun 12 Oct 2015, 10:31 am

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XI, cap. XXX a écrit:

LIVRE ONZIÈME: ORIGINE DES DEUX CITÉS.


CHAPITRE XXX.

DE LA PERFECTION DU NOMBRE SENAIRE*,

QUI, LE PREMIER DE TOUS LES NOMBRES,

SE COMPOSE DE SES PARTIES.  



Or, l’Ecriture dit que la création fut achevée en six jours 3, non que Dieu ait eu besoin de ce temps, comme s’il n’eût pu créer tous les êtres à la fois et leur faire ensuite marquer le cours du temps par des mouvements convenables ; mais le nombre sénaire exprime ici la perfection de l’ouvrage divin. Il est parmi tous les nombres le premier qui se compose de ses parties, je veux dire du sixième, du tiers et de la moitié de lui-même; en effet, le sixième de six est un, le tiers est deux et la moitié est trois, or, un, deux et trois font six. Les parties dont je parle ici sont celles dont on peut préciser le rapport exact avec le nombre entier, comme la moitié, le tiers, le quart ou telle autre fraction semblable. Quatre, par exemple, n’est point partie aliquote de neuf, comme un, qui en est le neuvième, ou trois, qui en est le tiers; d’un autre côté, le neuvième de neuf qui est un, et le tiers de neuf qui est trois, ajoutés ensemble, ne font pas neuf. Quatre est encore partie de dix, mais non partie aliquote, comme un qui en est le dixième. Deux en est le cinquième, cinq la moitié; ajoutez maintenant ces trois parties, un, deux et cinq, vous formez non le total dix, mais le total huit.



Au contraire, les parties additionnées du nombre douze le surpassent; car, prenez le douzième de douze qui est un, le sixième qui est deux, le tiers qui est trois, le quart qui est quatre, et la moitié qui est six, vous obtenez, en ajoutant tout cela, non pas douze, mais seize. J’ai cru devoir toucher en passant cette question, afin de montrer la perfection du nombre sénaire, qui est, je le répète, le premier de tous qui se compose de la somme de ses parties 1. C’est dans ce nombre parfait que Dieu acheva ses ouvrages 2. On aurait donc tort de mépriser les explications qu’on peut tirer des nombres, et ceux qui y regardent de près reconnaissent combien elles sont considérables en plusieurs endroits de l’Ecriture. Ce n’est pas en vain qu’elle a donné à Dieu cette louange: "Vous avez ordonné toutes choses avec poids, nombre et mesure 3"
 



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*Base sénaire: chiffre dans la base 6, au lieu de la base 10 (base décimale), que nous utilisons.  Exemple: 77710 = 33336.



3. Genèse I, 31. —  1. Ces idées, étranges sur la vertu des nombres étaient alors fort répandues, et l’école d’Alexandrie, qui les empruntait en les exagérant à la tradition pythagoricienne, avait singulièrement contribué à les mettre en honneur. — 2. Comp. saint Augustin, De Gen. ad litt., n. 2-7, et De Trin., lib. IV, n. 31; 37. — 3. Sagesse  XI, 21.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
italiques gras
et note ajoutés.
à suivre…

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Message  ROBERT. Mar 13 Oct 2015, 12:52 pm

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XI, cap. XXXI a écrit:

LIVRE ONZIÈME: ORIGINE DES DEUX CITÉS.


CHAPITRE XXXI.

DU SEPTIÈME JOUR, QUI EST CELUI OÙ DIEU SE REPOSE

APRÈS L’ACCOMPLISSEMENT DE SES OUVRAGES.  




Quant au septième jour, c’est-à-dire au même jour répété sept fois, nombre qui est également parfait, quoique pour une autre raison, il marque le repos de Dieu 1 , et il est le premier que Dieu ait sanctifié 2. Ainsi, Dieu n’a pas voulu sanctifier ce jour par ses ouvrages, mais par son repos, qui n’a point de soir, car il n’y a plus dès lors de créature, qui, étant connue dans le Verbe de Dieu autrement qu’en elle-même, constitue la distinction du jour en matin et en soir 3. Il y aurait beaucoup de choses à dire touchant la perfection du nombre sept; mais ce livre est déjà long, et je crains que l’on ne m’accuse de vouloir faire un vain étalage de ma faible science. Je dois donc imposer une règle à mes discours, de peur que, parlant du nombre avec excès, il ne semble que je manque moi-même à la loi du nombre et de la mesure. Qu’il me suffise d’avertir ici que trois est le premier nombre impair, et quatre le premier pair, et que ces deux nombres pris ensemble font celui de sept.



On l’emploie souvent par cette raison, pour marquer indéfiniment tous les nombres, comme quand il est dit: "Sept fois le juste tombera, et il se relèvera 4", c’est-à-dire, il ne périra point, quel que soit le nombre de ses chutes. Par où il ne faut pas entendre des péchés, mais des afflictions qui conduisent à l’humilité. Le Psalmiste dit aussi: "Je vous louerai sept fois le jour 5"; ce qui est exprimé ailleurs ainsi: "Les louanges seront toujours en ma bouche 6". Il y a beaucoup d’autres endroits semblables dans l’Ecriture, où le nombre sept marque une généralité indéfinie. Il est encore souvent employé pour signifier le Saint-Esprit, dont Notre-Seigneur dit: "Il vous enseignera toute vérité 7" En ce nombre est le repos de Dieu, je veux dire le repos qu’on goûte en Dieu; car le repos se trouve dans le tout, c’est à savoir dans le plein accomplissement, et le travail dans la partie. Aussi la vie présente est-elle le temps du travail, parce que nous n’avons que des connaissances partielles 8; mais lorsque ce qui est parfait sera arrivé, ce qui n’est que partiellement s’évanouira. De là vient encore que nous avons ici-bas de la peine à découvrir le sens de l’Ecriture; mais il en est tout autrement des saints anges, dont la société  glorieuse fait l’objet de nos désirs dans ce laborieux pèlerinage: comme ils jouissent d’un état permanent et immuable, ils ont une facilité pour comprendre égale à la félicité de leur repos. C’est sans peine qu’ils nous aident, et leurs mouvements spirituels, libres et purs, ne leur coûtent aucun effort.



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1. Genèse II, 1. — 2. Comp. De Gen. ad litt., lib. V, n. 1-3, et lib. IV, n. 7-9; Genèse I, 3.— 3. Voyez plus haut, ch. 7.
4. Proverbes XXIV, 16. — 5. Psaume CXVIII, 164. — 6. Psaume XXXIII, 1. — 7. Jean, XVI, 13. — 8. I Corinthiens XIII, 9.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
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Message  ROBERT. Mer 14 Oct 2015, 2:26 pm

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XI, cap. XXXII a écrit:

LIVRE ONZIÈME: ORIGINE DES DEUX CITÉS.



CHAPITRE XXXII.

DE CEUX QUI CROIENT QUE LA CRÉATION DES ANGES

A PRÉCÉDÉ CELLE DU MONDE.




Quelqu’un prétendra-t-il que ces paroles de la Genèse: "Que la lumière soit faite, et la lumière fut faite", ne doivent point s’entendre de la création des anges, mais d’une lumière corporelle, quelle qu’elle soit; et que les anges ont été créés, non-seulement avant le firmament, mais aussi avant toute autre créature ? alléguera-t-il , à l’appui de cette opinion, que le premier verset de la Genèse ne signifie pas que le ciel et la terre furent les premières choses que Dieu créa, puisqu’il avait déjà créé les anges, mais que toutes choses furent créées dans sa sagesse, c’est-à-dire dans son Verbe, que l’Ecriture nomme ici Principe 1, nom qu’il prend lui-même dans l’Évangile 2, lorsqu’il répond aux Juifs qui lui demandaient qui il était 3. Je ne combattrai point cette interprétation, à cause de la vive satisfaction que j’éprouve à voir la Trinité marquée dès le commencement du saint livre de la Genèse.



On y lit, en effet: "Dans  le principe, Dieu créa le ciel et la terre", ce qui peut signifier que le Père a créé le monde dans son Fils, suivant ce témoignage du psaume: "Que vos œuvres, Seigneur, sont magnifiques ! Vous avez fait toutes choses dans votre sagesse 4". Aussi bien l’Ecriture ne tarde pas à faire mention du Saint-Esprit. Après avoir décrit la terre, telle que Dieu l’a créée primitivement, c’est-à-dire cette masse ou matière que Dieu avait préparée sous le nom du ciel et de la terre pour la structure de l’univers, après avoir dit: "Or, la terre était invisible et informe, et les ténèbres étaient répandues sur l’abîme"; elle ajoute aussitôt, comme pour compléter le nombre des personnes de la Trinité: "Et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux".



Chacun, au reste, est libre d’entendre comme il le voudra ces paroles si obscures et si profondes qu’on en peut faire sortir beaucoup d’opinions différentes toutes conformes à la foi, pourvu cependant qu’il soit bien entendu que les saints anges, sans être coéternels à Dieu, sont certains de leur véritable et éternelle félicité. C’est à la société bienheureuse de ces anges qu’appartiennent les petits enfants dont parle le Seigneur, quand il dit: "Ils seront les égaux des anges du ciel 1". Il nous apprend encore de quelle félicité les anges jouissent au ciel, par ces paroles: "Prenez garde de ne mépriser aucun de ces petits; car je vous déclare que leurs anges voient sans cesse la face de mon Père, qui est dans les cieux 2".




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1. Dans le principe, dit la Genèse, Dieu créa le ciel et la terre. —2. Jean  VIII, 25.
3. Voici le passage de saint Jean: "Ils lui dirent: Qui êtes-vous donc ? Jésus leur répondit: Je suis le principe".
4. Psaume CIII, 25. —1. Matthieu XIX, 14. — 2. Matthieu XVIII, 10.




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Message  ROBERT. Jeu 15 Oct 2015, 9:50 am

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XI, cap. XXXIII a écrit:

LIVRE ONZIÈME: ORIGINE DES DEUX CITÉS.



CHAPITRE XXXIII.

ON PEUT ENTENDRE PAR LA LUMIÈRE ET LES TÉNÈBRES LES DEUX

SOCIÉTÉS CONTRAIRES DES BONS ET DES MAUVAIS ANGES.




Que certains anges aient péché et qu’ils aient été précipités dans la plus basse partie du monde, où ils sont comme en prison jusqu’à la condamnation suprême, c’est ce que l’apôtre saint Pierre montre clairement lorsqu’il dit que Dieu n’a point épargné les anges prévaricateurs, mais qu’il les a précipités dans les prisons obscures de l’enfer, en attendant qu’il les punisse au jour du jugement 3. Qui doutera dès lors que Dieu, soit dans sa prescience, soit dans le fait, n’ait séparé les mauvais anges d’avec les bons ? Et qui niera que ces derniers ne soient fort bien appelés lumière, alors que l’Apôtre nous donne ce nom, à nous qui ne vivons encore que par la foi et qui espérons, il est vrai, devenir les égaux des anges, mais ne le sommes pas encore ? "Autrefois, dit-il, vous étiez ténèbres, mais maintenant vous êtes lumière en Notre-Seigneur 4". A l’égard des mauvais anges, quiconque sait qu’ils sont au-dessous des hommes infidèles, reconnaîtra que l’Ecriture les a pu nommer très justement ténèbres. Ainsi, quand on devrait prendre lumière et ténèbres au sens littéral dans ces passages de la Genèse: "Dieu dit: Que la lumière soit faite, et la lumière fut faite". — "Dieu sépara la lumière des ténèbres"



On ne saurait toutefois nous blâmer de reconnaître ici les deux sociétés des anges: l’une qui jouit de Dieu, et l’autre qui est enflée d’orgueil; l’une à qui l’on dit: "Vous tous qui êtes ses anges, adorez-le 1"; et l’autre qui ose dire par la bouche de son prince: "Je vous donnerai tout cela, si vous voulez vous prosterner devant moi et m’adorer 2"; l’une embrasée du saint amour de Dieu, et l’autre consumée de l’amour impur de sa propre grandeur; l’une habitant dans les cieux des cieux, et l’autre précipitée de ce bienheureux séjour et reléguée dans les plus basses régions de l’air, suivant ce qui est écrit que "Dieu résiste aux superbes et donne sa grâce aux humbles 3"; l’une tranquille et doucement animée d’une piété lumineuse, l’autre turbulente et agitée d’aveugles convoitises; l’une qui secourt avec bonté et punit avec justice, selon le bon plaisir de Dieu, et l’autre à qui son orgueil inspire une passion furieuse de nuire et de dominer; l’une ministre de la bonté de Dieu pour faire du bien autant qu’il lui plaît, et l’autre liée par la puissance de Dieu pour ne pas nuire autant qu’elle voudrait; la première enfin se riant de la seconde et de ses vains efforts pour entraver son glorieux progrès à travers les persécutions, et celle-ci consumée d’envie quand elle voit sa rivale recueillir partout des pèlerins.



Et maintenant que, d’après d’autres passages de l’Ecriture qui nous représentent plus clairement ces deux sociétés contraires, l’une bonne par sa nature et par sa volonté, et l’autre mauvaise par sa volonté, quelque bonne par sa nature, nous avons cru les voir marquées dans ce premier chapitre de la Genèse sous les noms de lumière et de ténèbres, si nous supposons que telle n’ait pas été la pensée de l’écrivain sacré, il n’en résulte pas que nous ayons perdu le temps en paroles inutiles; car enfin, bien que le texte reste obscur, la règle de la foi n’a pas été atteinte et elle est assez claire aux fidèles par d’autres endroits.



Si en effet le livre de la Genèse ne fait mention que des ouvrages corporels de Dieu, ces ouvrages-mêmes ne laissent pas d’avoir quelque rapport avec les spirituels, suivant cette parole de saint Paul: "Vous êtes tous enfants de lumière et enfants du jour; nous ne sommes pas enfants de la nuit ni des ténèbres 4". Et si, au contraire, l’écrivain sacré a eu les pensées que nous lui supposons, alors le commentaire auquel nous nous sommes livré en tire une nouvelle force, et il faut conclure que cet homme de Dieu, tout pénétré d’une sagesse divine, ou plutôt que l’esprit de Dieu qui parlait en lui n’a pas oublié les anges dans l’énumération des ouvrages de Dieu, soit que par ces mots: "Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre", on entende que Dieu créa les anges dès le principe, c’est-à-dire dès le commencement, soit, ce qui me paraît plus raisonnable, qu’on entende qu’il les créa dans le Verbe de Dieu, son Fils unique, en qui il a créé toutes choses.1 De même, par le ciel et la terre, on peut entendre toutes les créatures, tant spirituelles que corporelles, explication la plus vraisemblable, ou ces deux grandes parties du monde corporel qui contiennent tout le reste des êtres, et que Moïse mentionne d’abord en général, pour en faire ensuite une description détaillée selon le nombre mystique des six jours.




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3. II Pierre, II, 4. — 4. Ephésiens  V, 8.—1. Psaume XCVI, 8. – 2. Matthieu IV, 9. 3. – Jacques IV, 6. –  4. I Thessaloniciens V, 5. —1. Ce système d’interprétation est celui d’Origène, et saint Augustin y incline dans les Confessions (lib. XIII, chap. 15 et chap. 32); plus tard il l’abandonna complètement. Voyez ses Rétractations (livre II, ch. 6, n. 2).




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Message  ROBERT. Ven 16 Oct 2015, 10:16 am

Saint Augustin, in La Cité de Dieu, Livre XI, cap. XXXIV a écrit:

LIVRE ONZIÈME: ORIGINE DES DEUX CITÉS.


CHAPITRE XXXIV.

DE CEUX QUI CROIENT QUE PAR LES EAUX QUE SÉPARA LE FIRMAMENT IL FAUT ENTENDRE

LES ANGES, ET DE QUELQUES AUTRES QUI PENSENT QUE LES EAUX N’ONT POINT ÉTÉ CRÉÉES.    




Quelques-uns ont cru que les eaux, dans la Genèse, désignent la légion des anges, et que c’est ce qu’on doit entendre par ces paroles: "Que le firmament soit fait entre l’eau et l’eau 2"; en sorte que les eaux supérieures seraient les bons anges, et que par les eaux inférieures il faudrait entendre, soit les eaux visibles, soit les mauvais anges, soit toutes les nations de la terre. A ce compte, la Genèse ne nous dirait pas quand les anges ont été créés, mais quand ils ont été séparés. Mais croira-t-on qu’il se soit trouvé des esprits assez frivoles et assez impies pour nier que Dieu ait créé les eaux, sous prétexte qu’il n’est écrit nulle part: Dieu dit: Que les eaux soient faites? Par la même raison, ils pourraient en dire autant de la terre, puisqu’on ne lit nulle part : Dieu dit: Que la terre soit faite.



Mais, objectent ces téméraires, il est écrit: "Dans le principe, Dieu créa le ciel et la terre". Que conclure de là ? Que l’eau est ici sous-entendue, et qu’elle est comprise avec la terre sous un même nom. Car "la mer est à lui" dit le Psalmiste, "et c’est lui qui l’a faite; et ses mains ont formé la terre 1." Pour revenir à ceux qui veulent que, par les eaux qui sont au-dessus des cieux, on entende les anges, ils n’adoptent cette opinion qu’à cause de la nature à la fois pesante et liquide de cet élément, qu’ils ne croient pas pouvoir demeurer ainsi suspendu. Mais cela prouve simplement que s’ils pouvaient faire un homme, ils ne mettraient pas dans sa tête le flegme ou la pituite [mucosité], laquelle joue le rôle de l’eau dans les quatre éléments dont notre corps est composé. Cependant, la tête n’en reste pas moins le siège de la pituite, et cela est fort bien ordonné.


Quant au raisonnement de ces esprits hasardeux, il est tellement absurde que si nous ignorions ce qui en est et qu’il fût écrit de même dans le livre de la Genèse que Dieu a mis un liquide froid et par conséquent pesant dans la plus haute partie du corps de l’homme, ces peseurs d’éléments ne le croiraient pas et diraient que c’est une expression allégorique. Mais si nous voulions examiner en particulier tout ce qui est contenu dans ce récit divin de la création du monde, l’entreprise demanderait trop de temps et nous mènerait trop loin. Comme il nous semble avoir assez parlé de ces deux sociétés contraires des anges, où se trouvent quelques commencements des deux cités dont nous avons dessein de traiter dans la suite, il est à propos de terminer ici ce livre.



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2. Genèse I, 6.  —1. Psaume XCIV, 5.




Traduction par M. SAISSET, 1869.
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FIN DU LIVRE ONZIÈME DE LA CITÉ DE DIEU.

À SUIVRE:  LIVRE DIX-HUITIÈME
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