J’ai attendu quelqu’un qui s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré

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J’ai attendu quelqu’un qui s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré  Empty J’ai attendu quelqu’un qui s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré

Message  gabrielle Lun 29 Juin 2015, 8:58 am

Saint Augustin a écrit:(...)« Tous ceux qui me persécutent sont en votre eu présence ». Si donc j’essuie un opprobre, vous savez pourquoi; une confusion, vous savez pourquoi; une honte, vous savez encore pourquoi; délivrez-moi donc, à cause de mes ennemis, parce que vous connaissez tout cela, mais eux ne le connaissent point; et comme ils sont devant vous sans connaître cela, ils n’ont pu ni éprouver de la honte, ni se corriger, si vous ne me délivrez en considération de mes ennemis.

« Mon coeur a attendu l’outrage et la misère ». Qu’est-ce à dire « A attendu? » Il a prévu qu’il en serait ainsi, il l’a prédit. L’avènement du Christ n’avait point d’autre but. S’il n’eût voulu mourir, il n’eût point voulu naître; c’est en vue de sa résurrection qu’il a fait l’un et l’autre. Il y avait en effet dans le genre humain deux choses fort connues, une troisième était ignorée. Les hommes connaissaient la naissance et la mort, mais nous ne savions ressusciter ni vivre éternellement. Or, pour nous apprendre ce que nous ne savions point encore, Dieu a voulu passer par deux phases bien connues. C’est donc pour cela qu’il est venu. « Mon coeur a attendu l’outrage et la misère ». Mais de qui est cette misère? Il a attendu la misère, mais c’est plutôt la misère de ceux qui le crucifiaient, qui le persécutaient; en sorte qu’il y avait la misère chez eux, et chez lui miséricorde. Car il prenait en pitié leur misère, quand sur la croix il s’écriait: « Mon Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font . Mon coeur a attendu l’outrage et la misère: j’ai attendu quelqu’un qui s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré ». De quoi donc m’a-t-il servi d’attendre? c’est-à-dire de quoi m’a-t-il servi de prophétiser? de quoi m’a servi de prêcher que je venais pour cela? Voilà que s’accomplit ce que j’ai dit: « J’ai attendu que l’on s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré; j’ai espéré un consolateur, et n’en ai point trouvé »; c’est-à-dire, nul ne s’est rencontré. Cette parole du verset précédent: « J’ai attendu quelqu’un qui s’affligeât avec moi »; il la répète au verset suivant: « J’ai espéré un consolateur». Ce qu’il a dit encore plus haut: « Et nul ne s’est rencontré »; il le répète ici: « Et n’en ai point trouvé». Il n’y a donc rien d’ajouté, c’est la première pensée qu’il répète.

Mais en examinant de près cette pensée, on peut soulever quelques questions. Ses disciples ne furent-ils donc point dans l’affliction quand il fut conduit pour être supplicié, quand il fut cloué à la croix, quand il mourut? Leur tristesse fut si grande qu’ils en pleuraient encore, quand Marie Madeleine, qui le vit la première, vint alors leur raconter ce qu’elle avait vu . C’est l’Evangile qui nous le rapporte; ce n’est point de notre part une parole hasardée, ce n’est point un soupçon. Il est constant que les disciples en furent dans la tristesse, dans les larmes. Des femmes qui lui étaient étrangères pleuraient quand on le conduisait au supplice, et se tournant de leur côté, il leur dit: « Pleurez, mais sur vous, et non sur moi ». Comment donc attendit-il sans le trouver quelqu’un qui s’affligeât avec lui? Nous regardons, et nous voyons de la tristesse, des pleurs, des lamentations; et de là vient que cette parole nous étonne: « J’ai attendu que l’on s’affligeât avec moi, et nul ne s’est rencontré; que l’on me consolât, et je n’ai trouvé personne ».

Toutefois, avec plus d’attention, nous verrons qu’il a attendu que l’on s’affligeât avec lui, sans trouver personne. Les disciples étaient pris d’une tristesse charnelle, au sujet de cette vie périssable, qu’il devait échanger contre la mort et recouvrer par la résurrection; tel était le sujet de leur tristesse. Ils devaient s’attrister au contraire au sujet de ces aveugles qui avaient tué le médecin, de ces infortunés qui, dans la fougue de leur démence, insultaient celui qui leur apportait le salut. Lui voulait les guérir, eux voulurent le tuer; de là cette tristesse du médecin. Or, vois s’il y eut quelqu’un pour s’affliger avec lui. Il ne dit pas en effet: J’ai attendu que l’on s’affligeât, et nul ne s’est rencontré; mais « que l’on s’affligeât avec moi », c’est-à-dire pour le même sujet qui m’affligeait moi-même, « et je n’ai trouvé personne ». Pierre l’aimait assurément beaucoup, lui qui, sans hésiter, se précipita pour marcher sur les flots, et fut délivré à la parole du Seigneur : lui qui, dans son amour, le suivit audacieusement quand on le conduisait à la mort, et pourtant le renia trois fois dans son trouble. Pourquoi? sinon parce qu’il voyait un mal dans la mort? Car il évitait ce qu’il croyait un mal. Il gémissait de voir dans le Seigneur ce que lui-même voulait éviter. Aussi avait-il dit auparavant: « A Dieu ne plaise, Seigneur! veillez sur vous, il n’en sera pas ainsi »: quand il mérita d’être appelé « Satan », après s’être entendu dire: « Tu es bienheureux, Simon, fils de Jean ». Donc nul ne partageait cette tristesse au sujet de ceux pour lesquels Jésus disait: «Mon Père, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu’ils font. J’ai attendu que l’on s’affligeât avec moi, et nul ne l’a fait». Non, il ne s’est trouvé personne. «J’ai cherché eu des consolateurs et n’en ai point trouvé ».

Traduits par M. l’abbé MORISOT., 1875
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Message  ROBERT. Lun 29 Juin 2015, 10:54 am

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Merci de cette profonde explication de Saint Augustin: Comme les disciples, nous sommes pris par une tristesse charnelle;

Notre Seigneur, le Divin médecin, attendait, attend de nous une tristesse spirituelle; voilà pourquoi Il ne trouva, Il ne trouve personne.

Soyons tristes comme l’âme du Seigneur est triste jusqu’à la mort.
 (Matthieu XXVI, 38; Marc XIV, 34.)
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