L'HOMME-DIEU - M. l'abbé Besson - 1872.

L'HOMME-DIEU - CONFÉRENCES - M. l'abbé Besson - 1872

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PREMIÈRE CONFÉRENCE

DE LA NOTION DE DIEU

ÉMINENCE 1,

L'enseignement de notre sainte religion est le plus indispensable de tons les ministères, puisque le salut, la seule chose indispensable au monde, est tous les jours mis en péril aussi bien par l'ignorance que par le respect humain et par les passions.

Mais les temps troublés où nous vivons imposent au prêtre des devoirs plus austères et plus sacrés que jamais. Nous voilà en face de l'agression la plus radicale et la plus dissimulée que l'on ait jamais vue, et le christianisme, dont nous sommes les ministres, n'a point eu d'ennemis à la fois aussi audacieux dans leurs desseins et aussi hypocrites dans leur langage que ces critiques nouveaux, qui s'estiment plus forts que Dieu et plus instruits que leurs semblables : entreprise audacieuse, car elle attaque par des coups discrètement frappés et savamment gradués, le pape, l'Église, la divinité de Jésus-Christ, l'existence même de Dieu, c'est-à-dire les vérités qui sont non-seulement le fond du christianisme, mais encore la base des lois morales et la vie de toute société ; langage hypocrite, car ces attaques sont pleines d'équivoques, de réticences et de contradictions ; l'erreur, pour imposer aux simples ou pour faire illusion aux âmes sensibles, marche dans l'ombre, s'enveloppe de ténèbres, frappe nos croyances en s'inclinant devant elles, et verse des larmes feintes sur les ruines qu'elle entasse autour de nous.

Voilà la guerre et voilà l'ennemi. Il sagît de savoir si le monde chrétien veut se laisser envahir par une barbarie présentée sous le nom de la science, et si le titre de romancier ou de lettré suffira désormais à quelques hommes pour faire et défaire à leur gré les principes de toutes choses et la foi des peuples. Dans ce combat suprême entre la vérité et l'erreur, il est un personnage sur lequel se dirigent toutes les attaques, parce que ce personnage est dans Thistoire le centre de tous les événements, dans l'éditice de nos dogmes la pierre angulaire et fondamentale, dans les rapports entre le ciel et la terre le lien sacré qui les fortifie et qui les resserre. Ce personnage qui relie l'homme à Dieu, c'est celui que Oieu a envoyé et qui a envoyé le pape à son tour, c'est le Messie, c'est l'ilomme-Dieu, c'est Jésus-Christ. J'ai entrepris de vous le faire connaître. Après avoir expliqué les harmonies et les convenances de l'Incarnation, je vous dirai comment le fils de Dieu a été attendu et comment il est venu ; quel faux portrait l'incrédulité et l'hérésie ont fait de sa personne ; avec quel soin merveilleux son portrait véritable a été tracé dans les deux Testaments et de quelle autorité jouit son histoire parmi les ouvrages historiques : ce sont les preuves préliminaires de la divinité de Jésus-Christ. Nous étudierons ensuite la sainteté de sa vie, la hauteur de sa doctrine, la splendeur de ses miracles, l'étonnante variété et l'accomplissement littéral des prophéties qu'il a faites, la magnificence des titres qu'il s'est donnés, le testament qu'il a laissé à la terre, sa mort si digne de sa vie, et sa résurrection si digne de sa mort : ce sont des preuves déoisives et comme le sceau de sa divinité.

Tel est l'Homme-Dieu. Mais nous ne saurions entreprendre cette grande étude sans avoir rappelé d'abord l'exacte notion qu'on doit avoir de Dieu et de l'Homme, non moins défigurée par les erreurs modernes que la notion de l'Homme-Dieu.

C'est de Dieu que je viens vous entretenir aujourd'hui.

1° Dieu existe : redisons-le à l'honneur de la raison humaine, qui l'a toujours proclamé.

2° Qu'est-ce que Dieu : enseignons-le à la raison elle-même, qui en défigure la notion.

Existence de Dieu, vérité de raison et d'enseignement humain.

Notion exacte de Dieu, vérité de catéchisme enseignée par la foi et juslitiée par les sciences modernes.

Vous avez voulu, Monseigneur, qu'un humble apôtre de l'Église montât dans cette chaire pour exposer et pour défendre la vérité sous vos auspices. Le Ciel nons donne de ne point faillir à votre appel ! Puissions-nous, en imitant votre grand cœur, et en suivant de loin vos pas intrépides, servir, avec le zèle inspiré par un si noble exemple, la cause de Dieu et la cause de l'homme.

I. Dieu existe, la raison le demande, parce que Dieu est l'être nécessaire.

Un peu d'attention suffit pour distinguer ce qui existe de soi-même de ce qui pourrait ne pas exister. Je vois clairement que les êtres qui m'entourent sont bornés, limités, défectueux ; je vois que moi-même je suis plein de défauts ; je vois que tout ce qui compose l'univers est essentiellement changeant, variable et perfectible. Tous ces êtres n'ont point en eux-mêmes une raison suffisante de leur existence. Je peux rêver pour mon âme une vie antérieure aussi longue que je le voudrai. Il y aura toujours un temps où cette vie aura commencé pour elle ; je peux ordonner dans un magnifique ensemble tous les phénomènes de lumière, de chaleur et d'électricité qui remplissent le monde, et les faire dépendre d'un principe modifié de difî'érentes manières, il restera toujours à dire d'où vient cette force, qui les produit et qui les met en mouvement. Ces idées, ces phénomènes extérieurs, cette âme et ce monde qai en sont le siège, ne sont que des effets contingents et non nécessaires, changeants et non immuables, passagers et non éternels ; et d'effets en effets, de cause secondaire en cause secondaire, il faut remonter à la cause unique, première, nécessaire, immuable, infinie, éternelle, incréée et créatrice, pour reposer enfin ma raison fatiguée et dire en toute vérité : Il n'y a plus rien au-delà. Cette cause, je le sens, est au-dessus de moi, indépendante de moi, et fussé-je anéanti, elle ne périrait point avec moi. Je reconnais que, quand même tous les esprits semblables au mien cesseraient d'exister, elle ne disparaîtrait point avec eux, parce que sa nature est d'être par elle-même, tandis que la nôtre est de naître, de se transformer et de disparaître au besoin.

Voilà ce que la raison conçoit, demande, exige. Puis, avec cette notion de l'être nécessaire, cause unique et primordiale à laquelle se rapportent tous les effets, elle descend, comme avec un flambeau, dans les mystères de l'âme, de la natare et de l'Histoire, et elle vient éclairer d'une magnifique lumière trois ordres de faits qui ne seraient plus sans elle que des effets sans cause.

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1 Mgr Mathieu, Cardinal Archevêque de Besançon.

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Cinquième conrérence

DES FAUX PORTRAITS DE L'HOMME-DIEU



Étude du Christ tel que l'hérésie et l'incrédulité ont essayé de le peindre.

1° Le Christ des hérétiques : Erreurs d'Arius, de Nestorius, d'Eutychès et de Sergius ; elles sont combattues par les Pères de l'Eglise ; les âges suivants ne font que les reproduire.

2° Le Christ des incrédules ..... Est-il, comme ils l'ont peint, un fourbe, un réformateur, un sage, une fable, un mythe, un personnage en qui se résume le progrès ? Est-il, comme on vient de le peindre, un héros de roman dont la vie commence par une pastorale, se continue par des jongleries et se termine par une mort tragique ?

CONCLUSION. Le monde serait depuis dix-huit siècles victime du mensonge et de la folie, si le Christ qu'il adore était un tel personnage.

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Voir le chapitre de cette cinquième conférence, là aux pages 107 à 125 :

https://archive.org/stream/lhommedieuconf00bess#page/106/mode/2up