Temps de la Passion (Exposé)
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Temps de la Passion (Exposé)
Note de Louis : Il ne faut pas oublier que ce texte est tiré d'un Missel qui date des années 1950, temps du Pape Pie XII.
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III. — TEMPS DE LA PASSION
(Du dimanche de la Passion au Samedi Saint)
Exposé dogmatique
A suivre : Exposé historique.L'Église qui, depuis le début du Cycle de Pâques, a suivi Jésus dans son ministère apostolique, contemple en deuil, au cours du Temps de la Passion , les événements douloureux qui marquèrent la dernière année (Semaine de la Passion) et la dernière semaine (Semaine Sainte) de sa vie mortelle.
La haine des ennemis du Messie croît de jour en jour. Elle va éclater et le Vendredi Saint nous rappellera le plus affreux de tous les crimes, le drame sanglant du Golgotha, annoncé par les prophètes et par Jésus lui-même. Aussi la liturgie, mettant en regard l'Ancien et le Nouveau Testament, établit un parallèle saisissant entre les paroles de S. Paul et des Évangélistes au sujet de la Passion et les prophéties si nettes de Jérémie, d'Isaïe, de David, de Jonas et de Daniel (V. fig. ci-dessus).
A l'approche du dénouement fatal, les accents de douleur de l'Église deviennent plus émus, et bientôt nous entendrons ses lamentations au sujet de son Époux qui n'est plus. « Le ciel de la Sainte Église devient de plus en plus sombre », écrit Dom Guéranger (1). Comme aux jours d'orage, on voit s'accumuler à l'horizon de sinistres nuages tout chargés de tempête. La foudre de la Justice divine va tomber, elle atteindra le Sauveur qui s'est fait homme par amour pour son Père et pour nous.
En vertu de la solidarité mystérieuse qui existe entre tous les membres de la grande famille humaine, ce Dieu fait chair se substitue à ses frères coupables. « Il se revêt de nos fautes, dit le prophète, comme d'un manteau », et « il se fait péché pour nous (2) », afin de pouvoir « le porter en sa chair sur la croix (1) » et le détruire par sa mort.
Au jardin de Gethsémani, les péchés de tous les siècles, de toutes les âmes, affluent, horribles, répugnants, en vagues boueuses dans l'âme très pure de Jésus qui devient « le réceptacle de toute la fange humaine, l'égout de la création (2) ». Aussi son Père, faisant violence à l'amour qu'il lui porte, doit-il le traiter comme un être maudit, car il est écrit: « Maudit quiconque est pendu au bois (3) ». « L'oeuvre de notre salut réclamait en effet (4) » que Jésus « fût attaché au bois de la croix, pour que la vie nous fût rendue par ce qui nous avait donné la mort et que celui qui avait triomphé par le bois fût vaincu à son tour par le bois (5) ». C'est entre le prince de la vie et celui de la mort un duel sans égal (6) mais « le Christ triomphe en s'immolant (7) ».
Il s'avance en effet, le dimanche des Rameaux, comme un conquérant sûr de lui-même, acclamé et déjà couronné de palmes et de lauriers, « signes de la victoire qui va être remportée ( 8 ) ». « Réjouis-toi, fille de Sion, car voici ton roi qui vient à toi », dit Zacharie, et la foule étend ses vêtements sous ses pas, comme on le faisait pour les rois, en s'écriant: « Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur (9) ».
Jésus entre dans sa capitale de Jérusalem, il monte sur le trône précieux que son sang « pare de la pourpre royale (10) » et au sommet duquel Juifs et Romains écrivent dans les trois langues alors en usage son titre glorieux: « Jésus de Nazareth, roi des Juifs », « L'oracle de David s'est accompli: Dieu règne par le bois (11), qui, d'objet d'ignominie, devient « l'étendard du roi (12) » et « notre unique espérance en ce Temps de la Passion (13) ».
« Devant la croix, nous nous prosternons, car c'est par ce bois que dans l'univers entier est venue la joie (14). » Et pour bien montrer que c'est à ce point de vue que l'Église veut désormais considérer Jésus en croix, les artistes chrétiens changeaient autrefois sa couronne d'épines en une couronne héraldique et royale.
C'est à la fin du Temps du Carême, au moment où l'Église célèbre le souvenir de la mort et du triomphe de Jésus que les Conciles exigeaient que l'on donnât les sacrements de Baptême, de Confirmation et d'Eucharistie aux Catéchumènes et que l'on réconciliât par l'absolution sacramentelle les pénitents publics.
De la sorte les Catéchumènes étaient « ensevelis avec Jésus par le baptême en sa mort et ressuscitaient avec lui à une vie nouvelle (1) », et les Temps de la Passion et de Pâques, en marquant pour tous les chrétiens l'anniversaire de la réception de ces grands bienfaits, leur rappelaient que la mort et la résurrection du Christ qui avaient été la cause efficiente et exemplaire de leur mort au péché et de leur résurrection spirituelle, devaient continuer à l'être, surtout à cette époque de l'année, par un redoublement de foi en ces mystères.
Ces fêtes ne sont donc pas un simple souvenir historique se rapportant à la personne seule de Jésus; elles doivent constituer par l'union de foi et d'amour qu'elles suscitent dans les âmes et qui les relie toujours plus au Christ, une réalité actuelle pour tout son corps mystique. Par elles, !e duel du Golgotha s'étend donc dans le monde entier, et avec le Christ son Chef, l'Église remporte chaque année aux solennités de Pâques une victoire nouvelle sur Satan.
Par sa connexion intime avec le Temps de Pâques, le Temps de la Passion a donc pour but de renouveler et d'augmenter en nous la foi et les vertus, de nous faire ressusciter et vivre de plus en plus intimement avec le Christ.
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(1). Année Liturgique: Temps de la Passion ch. III. — (2). 2 Cor. 5, 21. —(1). 1 S. Pierre 2, 24. — (2). Mgr Gay, sermon pour le Jeudi Saint. — (3). Gal., 3, 13. — (4). Hymne Pange lingua du Vendredi Saint. — (5). Préface de la Sainte Croix. Ainsi est marqué le principe d'opposition qui fait dire à l'Esprit-Saint: « Considère toutes les œuvres du Très-Haut: Elles sont, deux à deux, opposées l'une à l'autre: en face du mal est le bien, en face de la mort la vie, et en face du juste le pécheur » (Eccli. 33, 15). « Puisque par un homme est venue la mort, dit S. Paul, c'est par un homme aussi, que vient la résurrection des morts; et comme tous meurent en Adam, de même aussi, tous seront vivifiés dans le Christ » (1 Cor. 15, 21). Et la liturgie remarque que nos premiers parents ayant été trompés par Satan, il fallait « qu'un divin stratagème déjouât l'artifice du serpent » (Hymne Pange lingua ); ce qu'explique S. Bernard en disant que « Jésus n'ayant du péché que la ressemblance, c'est ce voile qui déroba au démon le piège dans lequel il tomba ». Et S. Augustin: « Par une juste permission de Dieu, Lucifer perdit le droit de mort qu'il avait sur les hommes coupables le jour où il fut assez téméraire pour l'exercer contre le Juste ». — (6). Séquence de Pâques. — (7). Hymne Pange lingua . — ( 8 ). Oraison de la bénédiction des Rameaux. — (9). S. Luc 19, 38. — (10). Vexilla Régis. —(11). (12). (13). Vexilla Régis. — (14). Adoration de la Croix le Vendredi Saint. — (1). Rom. 6, 4.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Temps de la Passion (Exposé)
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A suivre : Exposé liturgique.
III. — TEMPS DE LA PASSION
(suite)
Exposé historique.
Le Temps de la Passion, qui rappelle les souffrances de Jésus, se rapporte spécialement à la dernière année de son ministère, car c'est alors surtout que la haine de ses ennemis, qui grandissait chaque jour, se manifesta d'une façon plus tangible, et aboutit au drame que l'Église célèbre pendant la Grande Semaine ou Semaine Sainte où elle suit le Maître jour pour jour.
Deuxième année . — Après avoir guéri le fils de la veuve de Naïm, Jésus absout Marie-Madeleine, la pécheresse qui n'a pas craint de venir se jeter à ses pieds tandis qu'il était à table chez Simon le pharisien. L'avarice de Judas fait prévoir son crime (2).
Troisième année. — Après la Transfiguration, Jésus se rendit à Capharnaüm et fit ensuite le pèlerinage de Jérusalem pour la fête des Tabernacles (3). Il déclara qu'il était la fontaine d'eau vive qui désaltère les âmes et annonça sa mort prochaine (4). Le lendemain de ces fêtes, il donna aux Juifs des preuves de sa divinité; aussi ces derniers cherchèrent-ils à le lapider (5). Retourné en Galilée, il revint à Jérusalem pour y célébrer, en hiver, la fête de l'anniversaire de la Dédicace du Temple. Les Juifs voulaient encore le lapider: n'était-ce pas un blasphémateur celui qui prétendait ne faire qu'un avec le Père céleste (6). Puis étant allé en Pérée, Jésus fut appelé à Béthanie où il ressuscita Lazare. Ce prodige lui valut une telle renommée que les Juifs, ne pouvant plus contenir leur haineuse jalousie, résolurent définitivement sa mort. Aussi Jésus se réfugia-t-il à Ephrem. (1) Six jours avant la Pâque, il revient à Béthanie où Marie-Madeleine répandit du parfum sur ses pieds, symbole de sa sépulture (2).
La Grande Semaine. — Le lendemain Jésus fit son entrée triomphale à Jérusalem (3). Il quitta la ville le soir même pour y revenir le jour suivant qui est le Lundi Saint, où il eut une entrevue avec les Gentils dans le Temple (4). Le Mardi Saint, il alla sur le soir vers le Mont des Oliviers, et prédit à ses apôtres sa Passion prochaine. Il ne retourna à Jérusalem que le jeudi soir pour la dernière Cène (5) et fut crucifié le lendemain aux portes de la ville, sur le Calvaire (6). Le même jour il fut déposé dans le sépulcre et en sortit glorieux le matin du dimanche suivant (7).
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(1). Rom. 6, 4. — (2). Jeudi de la Passion. — (3). Mardi de la Passion. — (4). Lundi de la Passion. — (5). Dim. de la Passion. — (6). Mercredi de la Passion. — (1). Vendredi de la Passion. — (2). Lundi Saint. — (3). Évangile de la bénédiction des Rameaux et samedi de la Passion. — (4). Samedi de la Passion. — (5). Jeudi Saint. — (6). Dimanche des Rameaux, Mardi, Mercredi, Vendredi Saints. — (7). Samedi Saint.
A suivre : Exposé liturgique.
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Louis- Admin
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Re: Temps de la Passion (Exposé)
III. — TEMPS DE LA PASSION
(suite)
Exposé liturgique
Le Temps de la Septuagésime est une préparation éloignée à la fête de Pâques, le Temps de Carême une préparation prochaine, et ses deux dernières semaines, qui portent le nom de Temps de la Passion, une préparation immédiate.
Les fêtes et cérémonies de la dernière semaine, appelée la Grande Semaine ou Semaine Sainte, tirent leur origine de l'Église de Jérusalem. L'évangile à la main, les chrétiens y suivaient pas à pas le Sauveur, recueillant pieusement sur place les précieux souvenirs des événements solennels entre tous par lesquels s'était achevée sa vie mortelle. Rome adopta cette liturgie d'abord locale et disposa même ses églises de manière à pouvoir célébrer les offices de la Semaine Sainte comme on le faisait à Jérusalem.
Pendant cette quinzaine, l'Eglise supprime le psaume Judica me et les Gloria Patri , qui n'existaient pas dans la liturgie ancienne.
Elle couvre aussi de voiles sombres les images saintes pour marquer que la dévotion aux Saints doit s'effacer devant la grande œuvre de la Rédemption, mais, si l'on remarque que le Crucifix lui-même est voilé, on verra plutôt dans cet usage un vestige du rideau que l'on suspendait jadis durant tout le Carême entre la nef et le sanctuaire. Autrefois, en effet, les pénitents publics expulsés de l'église ne pouvaient y rentrer que le Jeudi Saint. Après la suppression de cette cérémonie tous les chrétiens furent plus ou moins assimilés aux pénitents publics et, sans prononcer contre eux la peine de l'exclusion, on leur cacha le sanctuaire et tout ce qui s'y trouvait, afin de leur montrer qu'ils ne méritaient de prendre part au culte eucharistique par la Communion pascale qu'après avoir fait de dignes fruits de pénitence.
Le Jeudi Saint, elle dépouille ses autels et fait taire les orgues et les cloches. Ainsi l'intérieur de la maison de Dieu, où tant de grâces sont distribuées et le culte célébré avec faste, prend un aspect de deuil, et l'Église fait partager aux fidèles la tristesse qu'elle ressent au grand souvenir qu'elle rappelle en ces jours de la mort du Sauveur.
FIN.
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