LE LAÏCISME
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LE LAÏCISME
Par l'abbé J. Raimond - 1938
LE LAÏCISME
1. Sa notion perverseI. JURIDIQUE. Conformément à l'étymologie, le « laïc » s'oppose au « clerc ». Quiconque ne fait pas partie du clergé, dont l'entrée s'ouvre par la tonsure, est laïc. Ce qui se vérifie non seulement dans le monde séculier, mais encore dans la vie religieuse, où l'on distingue canoniquement les Frères lais ou laïques des Religieux clercs.
Il est donc inintelligent de revendiquer le caractère laïque pour des individus ou des sociétés dépourvus d'un caractère sacré. Forcément l'État est laïque, et toutes ses institutions, l'industrie et le commerce.
II. COURANTE. Mais de ce que la Religion est réellement pour le Clergé son occupation exclusive, on s'est empressé de conclure qu'il devait s'en occuper à l'exclusion des laïcs, qui dès lors n'avaient pas à s'occuper de Religion. par suite, l'État laïc n'en professera aucune ; l'enseignement laïc n'en soufflera pas mot ; et l'esprit laïc ne se posera même pas la question religieuse !
III. DOCTRINALE. Il n'y avait qu'un pas à faire pour ériger cette manière de voir en système doctrinal. On l'a fait en professant le laïcisme, qui sévit aujourd'hui partout sous une forme modérée ou dans un esprit radical.
Le laïcisme modéré proclame que les relations avec Dieu sont d'ordre privé et n'ont pas à se manifester en public. La Religion peut être affaire de conscience ou de sentiment, mais non pas de vie extérieure.
Le laïcisme radical est évidemment plus logique. Comme tel on est, tel on agit, si notre activité doit être areligieuse, notre être intime doit l'être aussi bien. Autrement dit, pour le pur laïc il n'y a pas de Dieu pratiquement. De là à nier son existence comme il n'y a pas loin, les purs laïcs sont athées.
Voilà comment ce sens réprouvé, dont parle saint Paul ( Rom. I, 28. ) a perverti une notion, religieuse à son origine, en cette formule d'athéisme, que sous le nom de laïcisme professent tant de nos contemporains !
Dernière édition par roger le Sam 28 Fév 2015, 7:25 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LE LAÏCISME
2. Ses raisons pitoyablesAu vrai, il n'est pas facile de l;es saisir distinctement. Cela se sent et se devine, plutôt qu'on ne le formule. Mais nous ne trahirons pas la pensée laïque, en disant qu'elle regarde des relations avec Dieu comme parfaitement inutiles, singulièrement gênantes, sinon même odieuses. Suivez cette progression, qui marque habituellement le progrès de l'esprit laïc.
I. LA RELIGION EST INUTILE.
A) Exposé. - Elle ne sert, en effet, ni à Dieu, ni à l'homme, qui restent ce qu'ils sont, quand même ils s'ignorent. Dieu n'en a pas besoin ; et l'athée n'est pas moins intelligent ni honnête que le croyant. Alors, pourquoi s'astreindre à des relations, qui en somme ne servent à personne !
B) Réponse. - Si Dieu, en tant que Dieu n'a nul besoin de nous, en tant que cause première il en va autrement. Une cause ne peut se concevoir que par rapport à son effet ; un auteur n'est auteur que relativement à son œuvre. Cette relation bien loin de leur être étrangère, leur est au contraire essentielle. Dieu devrait donc renier sa causalité pour se désintéresser de ses relations avec nous.
De notre côté, nos liens essentiels avec Dieu n'ont pas besoin pour subsister d'être connus et acceptés de nous. Qu'on le sache ou non, et bon gré mal gré nous sommes totalement et incessamment causé par Dieu, c'est démontré. Mais il est essentiel à l'homme que ses relations avec sa cause soient en lui humaines, c'est-à-dire connues et voulues, puisque telle est sa condition. faute de la remplir, il cesserait au regard de Dieu d'être un homme, pour n'être plus qu'une simple brute. Si cette conclusion sourit à nos laïcs, ils sont plus à plaindre qu'à blâmer !
II. LA RELIGION EST BIEN GÊNANTE.
A) Exposé. - Elle contrarie sans cesse nos intérêts et nos plaisirs. Elle interdit à ses fidèles toutes les relations humaines, qui pourraient déplaire à ce Dieu jaloux. On n'est plus libre de sa personne, pas même un instant ; puisque ces relations prétendent absorber l'être et la vie.
B) Réponse. - S'il en était autrement, il n'y aurait plus ni Dieu, ni rien. A moins d'admettre l'identité des contraires, comment l'être s'accommoderait-il de n'être pas, ou bien un cercle d'être un carré ? Si les contraires s'excluent, ce n'est pas par jalousie, mais par essence. Pour blâmer la cause première de ne pas se contenter d'être traité en cause seconde, il faut être réellement fou !
C'est une vaine prétention d'un esprit superficiel et illogique de croire qu'il puisse entretenir des relations, foncièrement contraires à Dieu. Celles-là aussi, pour être, seront causées par Dieu. Voilà certes pour un laïc un cercle vraiment infernal, où sa propre raison l'enferme, heureusement pour lui ; car tout l'être y est enfermé avec Dieu, et au dehors c'est le néant !
III. LA RELIGION EST ODIEUSE à l'homme avide de progrès.
A) Exposé. - C'est l'argument massue de tout laïc averti. La Religion oppose un obstacle absolu au vrai progrès humain, si bien que tout croyant est forcément un rétrograde, un réactionnaire et un arriéré. Nous autres, laïcs, nous rêvons d'un progrès sans fin en science, en vertu, en bonheur. tant que nous ne serons pas les égaux de votre Dieu, nous prétendons progresser. Le croyant doit s'y refuser. Il est donc d'avance l'odieux ennemi du progrès.
B) Réponse. - Nous le tenons enfin, ce mot qu'un orgueil insensé nous jette sans cesse à la tête et qui retombe en fait sur notre Sainte Religion comme une couronne royale.
Le laïc est ami d'un tel progrès humain qu'il rêve de devenir Dieu. Hélas ! pour lui ce n'est qu'un rêve, dont il ne se flatte pas, d'ailleurs, de voir jamais la réalisation. Mais pour nous, chrétiens, il y aura bientôt vingt siècles que le rêve est réalisé et qu'est apparu sur la terre l'Homme-Dieu. Depuis ce jour-là, quiconque croit en Lui et l'aime, devient par participation homme-Dieu en toute vérité. Par la grâce de Dieu ce beau rêve du laïcisme est devenu pour les chrétiens la plus belle des réalités.
Mais nous disons bien : par la grâce de Dieu ; et c'est le mot qui nous sépare infiniment du laïcisme, qui voudrait bien devenir Dieu, mais sans Dieu, et même contre Dieu, car il prétend le supplanter. S'il s'imagine montrer par là l'esprit nouveau dont il se vante, c'est qu'il ignore tout de l'histoire. Pauvre monde laïc ! Il est tellement vieux qu'il paraît tombé en enfance, car il ne fait que ressasser le mot qu'il apprit de Satan, alors que notre humanité était encore au berceau : « Mange le fruit défendu ; tu deviendras Dieu à ton tour ! » Si quelqu'un donc est rétrograde, c'est bien le progrès laïc. Comme le chien de l'Écriture, il retourne sans cesse à son vomissement, et il appelle cela progrès ! Que n'est-il sincère et capable de comprendre ce que la Religion lui offre ? Son désir de progrès le mènerait tout droit au baptême. Ainsi soit-il !
Dernière édition par roger le Sam 28 Fév 2015, 7:21 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LE LAÏCISME
3. Ses conséquences détestablesElles s'étalent, hélas ! sous nos yeux.
I. LE LAÏCISME ORDINAIRE sépare de la Religion toutes les formes de notre activité.
Entre la vie religieuse et la vie intellectuelle il y a désormais l'abîme de la neutralité laïque, qui au fond n'est qu'irréligion.
Entre la vie religieuse et la vie sociale, le laïcisme a creusé cet abîme de matérialisme où les classes sont en lutte les unes contre les autres et la société menacée d'anarchie et de mort.
Entre la vie religieuse et la vie politique, le laïcisme a élevé cette barrière irrationnelle et immorale, qu'il appelle la Séparation des Églises et de l'État et qui n'est qu'une déclaration d'athéisme officiel.
Dès lors, le laïcisme peut revendiquer à bon droit une certaine paternité à l'égard de l'hérésie moderniste, qui infecte le monde contemporain.
II. LE LAÏCISME OFFICIEL, par le scandale de son exemple, par la pression de ses menaces, par l'appât des faveurs et des emplois dont il dispose, pousse au moins ses sujets d'abord à l'indifférence religieuse, puis à l'apostasie pratique, sinon même à son athéisme.
III. LE LAÏCISME SECTAIRE engendre la persécution, car il s'érige volontiers en religion moderne, qui doit éliminer toutes les autres, au besoin par la violence. Dieu seul sait, de fait, combien ce laïcisme tyrannique a produit de martyrs obscurs !
Texte extrait des pages 211 à 217 de cet ouvrage :
Cours Synthétique de Religion
par l'abbé J. RAIMOND, aumônier de la Légion d'Honneur
TOME DEUXIÈME
Je crois
en Dieu
( Son existence )
NIHIL OBSTAT :
Versaliis, 21 jan. 1938
J. OUVRANRD, censor.
IMPRIMATUR :
Versaliis, 22 jan. 1938
R. AUDRAIN, vic. gen.
Dernière édition par roger le Sam 28 Fév 2015, 7:28 pm, édité 1 fois
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LE LAÏCISME
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Très bon votre article, Roger.
On fait débouler une boule de neige au sommet
d'une montagne de 100,000 pi de hauteur.
Watch out rendu en bas !
Très bon votre article, Roger.
On fait débouler une boule de neige au sommet
d'une montagne de 100,000 pi de hauteur.
Watch out rendu en bas !
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: LE LAÏCISME
LAÏCISME : ( DICTIONNAIRE APOLOGÉTIQUE DE LA FOI CATHOLIQUE - Tome II - Colonnes 1767 à 1810 ) :
https://archive.org/stream/dictionnaireapol02aluoft#page/888/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13222
Date d'inscription : 15/02/2009
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