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Message  Louis Mer 18 Fév 2015, 12:44 pm

(tiré des Petits Bollandistes t. 6, p. 12-19.)

Saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry.

988. — Pape: Jean XVI. — Roi d'Angleterre : Ethelred II.

Choisis ton conseiller entre mille.

Eccli. VI, 6.

Saint Dunstan naquit à Glastenbury en Angleterre, d'une race très-noble. Son père, nommé Herstan, et sa mère nommée Cinédrite, étaient deux personnes de grande piété ; Dieu fit connaître par un miracle quelle serait la sainteté de leur fils. Le jour de la Purification de la sainte Vierge, ils étaient dans l'église dédiée en son honneur, en la ville de Glastenbury, où une fête si célèbre avait attiré une nombreuse noblesse et un peuple non moins nombreux. Au commencement de la messe, chacun portait un cierge allumé : toute cette église était remplie de l'éclat de tant de lumières ; on vit tous ces cierges s'éteindre sans cause apparente ; chacun fut surpris et fort étonné d'un événement si extraordinaire. Mais on le fut davantage quand on vit descendre du ciel une flamme qui ralluma le cierge de Cinédrite, auquel chacun vint ensuite rallumer le sien. Ce prodige augmenta encore la vénération que l'on avait déjà pour cette vertueuse femme et pour son mari. Cela fit aussitôt concevoir de grandes espérances de l'enfant que Cinédrite portait dans son sein.

Lorsque Dunstan fut sorti des premières années de l'enfance, ses vertueux parents l'offrirent à Dieu avec des présents dans cette même église; et, comme ils passaient la nuit en prières, un ange leur apparut, prit l'enfant par la main, le conduisit par tout le temple, et leur prédit ensuite qu'il attirerait beaucoup de monde au service de Notre-Seigneur, et qu'il serait lui-même un grand Saint. Pleins de joie, ils le confièrent à des moines irlandais établis à Glastenbury et leur recommandèrent fort de ne l'instruire pas seulement dans les lettres, mais aussi dans la crainte et le service de Dieu. L'enfant s'appliqua à l'étude avec tant de courage que l'excès de son travail le fit tomber en langueur. Il fut même si malade, qu'on le crut mort ; mais Dieu le guérit tout d'un coup parfaitement, lorsqu'on désespérait de sa santé : il se leva à l'heure même, et s'en alla à l'église; bien qu'elle fût fermée, il y entra par le secours extraordinaire d'un ange. Ceux qui l'assistaient dans sa maladie l'ayant suivi, le trouvèrent au pied de l'autel dans une parfaite santé.

Sa vertu croissant avec son âge, on lui conféra les premiers ordres, et il en exerça les fonctions avec soin et pureté de cœur ; il avait un grand mépris de tous les vains amusements du monde, beaucoup de dévotion à prier, à méditer et à lire l'Ecriture sainte ; il ne faut pas s'étonner qu'ayant continuellement Dieu devant les yeux, et ne pensant qu'à lui plaire, il lui fût si agréable et gagnât, comme il fit, l'affection et le cœur de toutes les personnes de piété.

Par crainte de se corrompre dans le siècle, s'il demeurait davantage avec ses parents, il alla trouver Athelme, archevêque de Cantorbéry, son oncle paternel, à cause de la grande réputation de sa vertu. Ce bon prélat, se trouvant obligé d'aller à la cour, le mena avec lui pour lui tenir compagnie et le présenta au roi Athelstan qui le reçut si bien et en fut si satisfait, qu'il le retint auprès de lui. Mais des envieux parvinrent à lui faire perdre la bienveillance du prince. Il se retira auprès d'Elphège, évêque de Winchester, son parent, dont les saintes instructions le portèrent à se faire religieux ; cet excellent prélat, voyant qu'il s'avançait toujours de plus en plus dans la vertu, lui conféra les saints ordres, qu'il n'avait pas encore reçus, et le fit prêtre.

Chargé de desservir l'église de Glastenbury…

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Message  Louis Jeu 19 Fév 2015, 12:23 pm

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(suite)

Chargé de desservir l'église de Glastenbury, il s'y bâtit une cellule si étroite qu'elle ressemblait à un sépulcre : elle n'avait que cinq pieds de long, deux et demi de large et la hauteur nécessaire pour y demeurer debout ; il n'y avait pas d'autre fenêtre que celle qui était pratiquée dans la porte. Là, le Saint s'occupait à prier, à chanter des psaumes et à travailler de ses mains autant que l'exiguïté du lieu le pouvait permettre, sans avoir d'autre pensée que de plaire à Dieu.

La réputation d'une vie si sainte porta plusieurs personnes de diverses conditions de l'un et de l'autre sexe à le consulter touchant leur salut ; et il donnait à chacun, selon leur besoin, des avis salutaires pour se rendre agréables à Dieu.

Son père et sa mère étant morts, il distribua aux pauvres ou employa à bâtir des églises, et à d'autres œuvres de piété, les grands biens qu'ils lui laissèrent : et, considérant cette vie comme un exil, il soupirait sans cesse vers la céleste patrie, et ne travaillait qu'à s'avancer de plus en plus dans la vertu.

Le roi Athelstan étant mort, Edmond, son fils, lui succéda (900). Et comme il connaissait la prudence et la sainteté de Dunstan, il lui manda de se rendre auprès de lui pour l'aider par ses sages conseils à gouverner son royaume. Le Saint, qui avait appris de l'Apôtre l'obéissance qui est due aux rois, l'alla trouver et se soumit à ses ordres, sans rien faire néanmoins qui pût avilir la dignité du sacerdoce. Ce prince, assisté du Saint, réglait avec justice toutes les affaires de son Etat, terminait les différends qui pouvaient troubler le repos de ses sujets, et entretenait la paix entre eux. Jamais personne ne s'est plaint des jugements rendus par l'avis de cet excellent ministre, et il était estimé et révéré de tout le monde.

Mais, comme la vertu la plus élevée excite le plus d'envie, il se trouva enfin des gens assez méchants pour le calomnier auprès du roi, et ce prince fut assez faible pour ajouter foi à leurs paroles : ainsi il l'éloigna de sa cour. Trois jours après, le roi chassait dans une forêt, où est une montagne sur le sommet de laquelle il y a une ouverture en forme d'abîme : le cerf étant arrivé en ce lieu-là et se trouvant fort pressé, s'y précipita : les chiens, transportés d'ardeur, s'y lancèrent après lui, et le cheval du roi, qui les suivait et avait rompu la bride, allait faire la même chose. Dans ce grand péril, le roi se rappelant l'injustice qu'il avait faite à Dunstan, en gémit en son cœur et promit à Dieu de la réparer en toutes les manières imaginables, s'il lui plaisait de le préserver. Sa prière fut exaucée ; son cheval s'arrêta tout court au même moment ; et aussitôt que le roi fut retourné en son palais, il raconta aux principaux de sa cour ce qui lui était arrivé, fit revenir Dunstan avec toutes sortes d'honneurs et lui demanda pardon avec grande humilité du tort qu'il lui avait fait : quelques jours après, il lui donna l'Eglise de Glastenbury. Le Saint fit reconstruire magnifiquement le monastère (1).

Le roi Edmond ayant été massacré après un règne de six ans et demi…

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(1) Voir la note (2)

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Message  Louis Ven 20 Fév 2015, 11:23 am

Saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry

(suite)

Le roi Edmond ayant été massacré après un règne de six ans et demi, Edrède, son frère, qui était un prince de grande piété, lui succéda, et il ne témoigna pas moins d'affection à notre Saint qu'avait fait son prédécesseur : il se reposa sur lui d'une grande partie de la conduite de son royaume. Ce prince le pressa extrêmement de recevoir l'évêché de Winchester, et employa même la reine Edgive, sa mère, pour le lui persuader ; mais ils ne purent ni l'un ni l'autre obtenir son consentement.

Le roi Edrède étant mort, Edwy, fils du roi Edmond, lui succéda. Il était jeune, sans intelligence des affaires. Au lieu de se servir dans le gouvernement de son Etat, du conseil des sages qui avaient acquis, par leurs longs emplois, une grande expérience, il choisit pour ses conseillers et ses ministres des jeunes gens aussi incapables que lui, qui, lorsqu'il se laissait emporter, contre toute sorte de raison, à ses passions, le flattaient et le louaient au lieu de le reprendre. Aussi il est facile de juger dans combien de fautes il tomba, et quelle fut l'aversion que tous les peuples conçurent contre lui. Il prenait le bien de tout le monde, envoyait en exil ceux qui résistaient à ses volontés et faisait gémir tout le royaume par les diverses vexations dont il l'opprimait. Il ajouta à tant de maux une horrible inhumanité ; il priva de tous biens et de tous honneurs la reine Edgive, sa mère, qu'on pouvait nommer avec raison l'ornement et le soutien de l'Angleterre, la consolation des églises, la protectrice des affligés et la nourrice des pauvres.

Saint Dunstan avait le cœur percé de douleur de voir le roi courir de la sorte à sa ruine et à celle de son Etat ; il ne manqua pas de l'en reprendre. Mais ce prince, au lieu de profiter de ses avis, s'en moquait et, comme s'il eût perdu l'esprit, ne lui faisait que des réponses extravagantes. Aussi le Saint quitta la cour et se retira dans son monastère de Glastenbury.

Depuis, à la prière de tous les grands, il parla au roi avec une sainte liberté au sujet d'une femme mariée avec laquelle il vivait d'une manière scandaleuse. Celle-ci conçut une telle haine contre Dunstan, qu'elle ne laissa point le prince en repos jusqu'à ce qu'il l'eût envoyé en exil. Il passa en Flandre ; le comte le reçut parfaitement bien, et il s'arrêta dans la ville de Gand, où sa vertu le fit tellement respecter et aimer de tout le monde, qu'on peut dire qu'il rencontra son pays hors de son pays.

Cependant Edwy se rendait insupportable par sa mauvaise conduite ; les principaux seigneurs, surtout ceux de Mercie et de Northumberland, le détrônèrent et mirent en sa place son frère Edgar. Comme ce nouveau roi n'avait pas moins de prudence que de piété et de courage, il n'oublia rien de tout ce qui pouvait dépendre de lui pour remédier aux désordres causés par la mauvaise administration d'Edwy. Il ôta les charges à ceux qui ne s'en servaient que pour opprimer le peuple, et y rétablit, les gens de bien qui en avaient été injustement dépouillés. Ainsi la paix fut rendue aux églises qui se trouvaient sous sa domination ; il ne se contenta pas de rappeler saint Dunstan avec grand honneur, il ne faisait rien que d'après son conseil. En 957, il l'obligea d'accepter l'évêché de Worcester…

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Message  Louis Sam 21 Fév 2015, 11:24 am

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(suite)

…En 957, il l'obligea d'accepter l'évêché de Worcester. Il fut sacré à Cantorbéry par l'archevêque ; celui-ci, pendant la cérémonie, au lieu de nommer Dunstan évêque de Worcester, le nommait archevêque de Cantorbéry, comme s'il l'eût ordonné pour son église. Les assistants croyant que c'était par mégarde, le lui firent remarquer ; il leur répondit : « C'est Dieu, mes enfants, qui me fait parler ainsi. Dunstan, de mon vivant, sera évêque de Worcester ; mais après ma mort, il gouvernera toute l'Angleterre ».

Quelque temps après, l'évêché de Londres étant devenu vacant, on força Dunstan de gouverner cet évêché avec le sien. Odon, archevêque de Cantorbéry, mourut en 961. Notre Saint fut nommé son successeur ; mais il refusa. Ainsi Belphin, évêque de Winchester, fut établi dans cet archevêché. Il mourut bientôt après, et Birthelm, évêque de Dorset, fut mis en sa place. C'était un homme fort doux et fort humble, mais trop faible pour réprimer les vices et maintenir la discipline ecclésiastique ; ce qui l'obligea à retourner dans son ancien évêché. Alors tout le monde dit que Dunstan avait seul toutes les qualités nécessaires pour remplir ce premier siège de l'Angleterre et en soutenir la dignité. Ainsi, malgré toute sa résistance, il fut, par le consentement général de toute l'Eglise et de tout le peuple, établi sur le trône archiépiscopal avec non moins de pompe que de joie.

Le Saint alla faire ensuite un voyage à Rome pour visiter les tombeaux des saints Apôtres. Le Pape le reçut fort bien ; mais lorsqu'il l'eut entretenu particulièrement et reconnu les grâces si extraordinaires dont Dieu le favorisait, il lui fit encore beaucoup plus d'honneur, lui accorda le Pallium, qu'il était venu demander, et l'établit son légat dans toute l'Angleterre. Il n'y fut pas plus tôt revenu, qu'étant armé du secours de Dieu, il combattit comme un géant, avec un courage invincible, tous les vices et les désordres que la malice des démons, jointe à celle des hommes, avait introduits dans l'Eglise.

Un comte extrêmement puissant avait épousé une personne qui était sa parente à un degré prohibé. Le saint archevêque l'en reprit sévèrement et lui ordonna par trois diverses fois de renoncer à ce mariage incestueux. Mais voyant qu'il ne tenait aucun compte de ses remontrances, il lui défendit l'entrée de l'église. Ce seigneur, au lieu de s'humilier, eut recours au roi, implorant sa protection contre la sévérité excessive de l'archevêque. Le roi manda à Dunstan de laisser le comte, en paix et de lever la censure. Notre Saint, étonné qu'un prince si pieux se fût ainsi laissé séduire, représenta au comte qu'il avait ajouté à son premier crime par cette démarche auprès du roi, et l'excita au repentir; le comte y répondit par des menaces. Alors Dunstan prononça contre lui l'excommunication. Le comte, outré de colère, envoya à Rome, et, par ses largesses, ayant gagné quelques Romains, il obtint des lettres du Pape qui enjoignaient à Dunstan de le réconcilier avec l'Eglise. « Je le réconcilierai », dit l'archevêque en voyant ces lettres, « quand je le verrai se repentir; mais tant qu'il demeurera dans son péché, qu'il n'espère pas être exempt des censures de l'Eglise; rien ne m'empêchera d'observer les canons ».

Le comte, ayant su cette réponse et connaissant la fermeté inflexible de l'archevêque...

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Message  Louis Dim 22 Fév 2015, 1:09 pm

Saint Dunstan, archevêque de Cantorbéry

(suite)

Le comte, ayant su cette réponse et connaissant la fermeté inflexible de l'archevêque, rentra en lui-même, appréhenda les suites funestes de l'excommunication, se sépara de cette femme, avec qui il ne pouvait demeurer légitimement, et résolut de faire pénitence de son péché. Ainsi lorsque le saint prélat tenait un concile national, il vint en très-grande humilité, avec un simple habit de laine, les pieds nus et des verges à la main, se jeter à ses pieds, fondant en larmes. Tous les assistants en furent extraordinairement touchés, et le saint prélat plus que nul autre; ses entrailles paternelles en furent émues, et il eut besoin de se contraindre pour retenir ses larmes et faire paraître sur son visage la rigueur de la discipline. Tous les évêques le prièrent de remettre la faute à ce pénitent, ce qu'il leur accorda de tout son cœur ; il leva à l'instant même l'excommunication, et le rétablit dans la communion des fidèles, à la grande joie de tout le monde.

Autant cet admirable primat était plein de compassion et de tendresse, autant il était zélé pour la justice, et il le fit particulièrement paraître contre les faux monnayeurs, dont il avait une très-grande aversion, à cause du préjudice que le public en reçoit; car, un jour de Pentecôte, il voulut, nonobstant la sainteté de la fête, qu'on en punît quelques-uns. Dieu montra par un miracle que cette action lui était agréable : on vit une colombe blanche entrer dans l'église et se reposer sur la tête de Dunstan, les ailes étendues, durant tout le temps qu'il célébra le saint sacrifice, et, lorsque la messe fut achevée, elle alla se mettre sur le tombeau du bienheureux Odon : ce qui augmenta encore la vénération de saint Dunstan pour cet excellent archevêque.

Qui pourrait dignement représenter la profonde humilité du grand saint Dunstan, son amour pour la contemplation, sa ferveur dans la prière, son application à la lecture de l'Ecriture sainte, le don des larmes qu'il avait reçu de Dieu, et l'incroyable soin qu'il prenait de toutes les églises de l'Angleterre et des îles qui en dépendent, dont toutes les causes venaient à lui par appel, comme à leur primat et à leur patriarche ?

Le roi Edgar, qui avait eu de sa femme, nommée Candide, le prince Edouard, qui fut depuis Saint, tomba dans un grand crime : étant allé à un monastère de femmes, situé à Wilton, il fut épris de la beauté d'une personne noble, qui vivait avec les religieuses sans avoir encore pris l'habit. Il voulut l'entretenir en particulier; elle, qui craignait ce qui arriva, prit le voile d'une religieuse et le mit sur sa tête comme une sauvegarde. Le roi, néanmoins, lui fit violence : ce fut un grand scandale. Le Saint ne l'eut pas plus tôt appris, qu'ayant le cœur percé de douleur, il l'alla trouver. Le roi, selon sa coutume, vint au-devant de lui et lui prit la main, mais l'archevêque la retira avec un visage sévère. Ce prince fut fort surpris; il ne savait pas qu'il eût connaissance du crime qu'il avait commis en secret. Il lui demanda d'où venait qu'il retirait ainsi sa main; le Saint lui répondit :

« Quoi ! après avoir renoncé à toute pudeur, après avoir commis un adultère, foulé aux pieds le commandement de Dieu et ravi à une vierge sa virginité, sans porter respect au voile sacré dont elle s'était couverte, vous demandez pourquoi je ne veux pas toucher vos mains impures avec ces mains qui offrent au Père éternel le Fils de la très-sainte Vierge ? Commencez par purifier les vôtres de leurs souillures par la pénitence, et, lorsque vous serez réconcilié avec Dieu, vous pourrez baiser la main de celui qui a l'honneur d'être le Pontife de Jésus-Christ ».

Ce discours du saint prélat épouvanta si fort le roi, qu'il se jeta à ses pieds, et, avec des paroles interrompues de soupirs, confessa qu'il avait péché. Le Saint, extrêmement touché d'une si profonde humilité, le releva, l'embrassa, lui dit avec une grande douceur ce qu'il devait faire pour sauver son âme, lui imposa une pénitence de sept ans, qui consistait à ne point porter la couronne pendant tout ce temps-là; à jeûner deux fois la semaine et à faire d'abondantes aumônes; il lui enjoignit en outre de fonder un monastère où les vierges pussent se consacrer à Jésus-Christ. Edgard fonda le monastère de Shaftsbury, et puis il reçut l'absolution. Ce prince accomplit cette pénitence avec tant de fidélité et de ferveur, qu'il y ajouta encore de nouvelles œuvres de piété, suivant le conseil de cet admirable archevêque, pour apaiser la colère de Dieu, et il n'oublia rien aussi pour obliger ses sujets à vivre chrétiennement.

Le Saint couronna ensuite ce roi…

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Message  Louis Lun 23 Fév 2015, 10:59 am

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(suite)

Le Saint couronna ensuite ce roi, qui mourut quelque temps après, et laissa tout le royaume à Edouard, son fils, à qui il appartenait par un droit héréditaire. La vertu de ce jeune prince, dont on appréhendait la juste sévérité, fit que quelques grands s'opposèrent à son établissement, et prirent pour prétexte que la reine, sa mère, n'avait point été couronnée, et que, lorsqu'il naquit, le roi son père n'était pas encore sacré. Mais saint Dunstan, qui connaissait le mérite d'Edouard, et savait que le royaume lui appartenait légitimement, se jeta, la croix à la main, au milieu de ces révoltés, confondit toutes leurs raisons, mit Edouard sur le trône, et lui témoigna durant toute sa vie et en toutes occasions, tant par ses conseils que par son assistance, une affection de père.

Ce jeune roi, de son côté, vivait si religieusement, établissait de si saintes lois, et se rendait si agréable à Dieu, que ceux même qui lui étaient le plus opposés au temps de son avènement à la couronne, avaient honte d'avoir voulu le traverser. Mais, quelques années après, sa belle-mère le fit mourir par une détestable trahison, pour faire régner en sa place Ethelred, son fils, dont l'infamie le rendait semblable à elle, et qui ne tenait rien de la vertu d'Edgar, son père. Saint Dunstan parla à ce prince avec des paroles foudroyantes, lui prédit que, comme il était monté sur le trône par l'effusion du sang de son frère, il passerait sa vie d'une manière sanglante; qu'une inondation de Barbares briseraient le sceptre entre les mains de ses successeurs, ravageraient leur pays, et l'assujettiraient durant plusieurs années sous leur cruelle domination; que ce dernier malheur n'arriverait pas durant sa vie, mais qu'il arriverait très-certainement. Ce fut une prophétie, dont on éprouva bien la vérité dans la suite, lorsque Suénon, roi des Danois, se rendit maître de l'Angleterre.

Si saint Dunstan fut terrible à l'égard des rois coupables, il ne le fut pas moins à l'égard des clercs et des chanoines qui vivaient dans le désordre. Il usa envers eux de prières, de remontrances, de menaces et de châtiments. Enfin, voyant qu'en quelques cathédrales ils étaient incorrigibles, et que leurs enfants, qui espéraient hériter de leurs prébendes, étaient des témoins de leurs incestes et de leurs débauches, il les chassa honteusement de leurs églises et mit des communautés religieuses en leur place : ce qui fit fleurir admirablement l'Ordre monastique en Angleterre. Ils s'en plaignirent au roi, qui souhaita qu'on tînt à Winchester une assemblée des prélats et des grands du royaume, pour examiner cette affaire.

Mais le Saint qui, d'ailleurs, n'avait rien fait que par l'autorité du Pape, soutint si vigoureusement la justice de son action, que toute l'assemblée en demeura d'accord (968). Cependant on le supplia de pardonner encore pour cette fois à ses clercs, qui promettaient de se corriger; mais pendant qu'il pensait à ce qu'il répondrait, une voix sortit du crucifix, qui disait : « N'en faites rien, vous avez bien jugé, et vous feriez mal de changer votre jugement ». Alors le Saint dit au roi et à toutes les illustres personnes qui composaient l'assemblée : « Que voulez-vous de plus, mes frères ? Dieu a donné lui-même son arrêt : l'affaire est finie ». Ils répondirent : « Cela est vrai » ; et la chose demeura comme saint Dunstan l'avait réglée.

Plus tard, les enfants des clercs chassés des églises par saint Dunstan, étant venus le trouver, réclamèrent impudemment leurs prétendus patrimoines ; le Saint leur dit : « Je ne veux point discuter avec vous, je laisse à Dieu à juger la cause de son Eglise ». Aussitôt la maison croula, le plancher de la chambre manqua sous leurs pieds; ces séditieux tombèrent, plusieurs furent écrasés par les poutres, tandis que l'endroit où était Dunstan, avec les siens, demeura solide et intact.

On raconte beaucoup de miracles opérés par saint Dunstan. Il a arrêté en l'air une poutre qui devait nécessairement tomber, les câbles qui la soutenaient s'étant rompus. Il a fait sourdre une fontaine en frappant la terré de son bâton, et cette fontaine a depuis porté le nom de Saint-Dunstan. Il a redressé et tourné à l'Orient une petite église qui n'était pas suffisamment orientée, en la poussant seulement avec son épaule; enfin, sa sainteté et ses prodiges lui acquirent une si grande estime, et tant de vénération dans toute l'Angleterre, que le roi, les prélats et les seigneurs ne le regardaient que comme leur père.

Il avait encore le don….

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Message  Louis Mar 24 Fév 2015, 12:00 pm

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(suite)


Il avait encore le don des larmes à un tel degré que toutes les fois qu'il approchait de l'autel, ou qu'il faisait quelque fonction épiscopale, on en voyait couler des torrents de ses yeux. C'était une marque sensible de sa dévotion et de l'amour divin dont son cœur était embrasé. Notre-Seigneur l'a souvent consolé par des concerts angéliques, et par des visions, ou de son humanité sainte, ou de la sainte Vierge, sa mère, ou des bienheureux apôtres saint Pierre, saint Paul et saint André. La plus remarquable fut celle qui le disposa à aller jouir de l'éternité bienheureuse dont il s'était rendu digne par tant d'actions glorieuses.

Le jour de l'Ascension de Notre-Seigneur de l'an 988, étant demeuré seul en prière en son église cathédrale de Cantorbéry, après les Matines, il vit entrer, avec beaucoup de majesté, une troupe de personnages vêtus de blanc, qui avaient tous des couronnes d'or sur la tête; ce spectacle le remplit d'admiration et de joie; ils s'approchèrent de lui, le saluèrent de la part du Fils de Dieu, et lui demandèrent s'il était prêt à les suivre : « Je le souhaiterais extrêmement », répondit-il, « afin d'avoir part à la gloire que mon Seigneur a reçue en ce jour : mais cela est impossible, parce que je me suis engagé à prêcher aujourd'hui à mon peuple le chemin qu'il doit tenir pour suivre son souverain pasteur. — Bien donc », repartirent ces esprits bienheureux, « mais tenez-vous prêt samedi, pour venir chanter éternellement avec nous : Saint, Saint, Saint ».

Il en demeura d'accord, et l'heure du sacrifice étant venue, il célébra pontificalement la grand'messe, avec une nombreuse assistance. Après l'Évangile, il prêcha d'une manière si extraordinaire, qu'on vit bien que le Saint-Esprit l'animait, et parlait par sa bouche. Lorsqu'il eut achevé le saint sacrifice, il parut comme enivré de l'esprit de Dieu, parla une seconde fois à son peuple, et prêcha d'une manière si puissante sur la vérité du corps de Jésus-Christ dans l'Eucharistie, sur la résurrection générale et sur la vie éternelle, qu'on l'aurait plutôt pris pour un ange que pour un homme. Il donna ensuite la bénédiction à ses chers enfants; et, pensant à la douleur que leur causerait sa mort, dont il n'avait encore osé leur parler, de crainte de les affliger, il fut touché d'une si grande tendresse pour eux, et son cœur s'émut de telle sorte, qu'il parla une troisième fois à ses auditeurs étonnés; et lorsqu'il ouvrit la bouche, on vit son visage reluire d'une lumière si brillante, que nul de toute cette grande assemblée n'en put soutenir l'éclat. Cette merveille les ravit de joie.

Mais quand il commença à leur parler de sa mort, et à leur dire qu'elle était proche, cette joie se convertit en une tristesse inconcevable; elle fut si extraordinaire que le Saint même, quoique comblé de consolations, en fut attendri et ne put retenir ses larmes; mais il les essuya bientôt, afin d'arrêter le cours des leurs, et, les ayant consolés par des considérations très-puissantes, il les recommanda à Jésus-Christ.

Lorsque le peuple se fut retiré et que le Saint eut pris le soir sa réfection, il avertit ses clercs et ses religieux du jour qu'il les devait quitter pour aller à Dieu…

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Message  Louis Mer 25 Fév 2015, 10:50 am

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(suite)

Lorsque le peuple se fut retiré et que le Saint eut pris le soir sa réfection, il avertit ses clercs et ses religieux du jour qu'il les devait quitter pour aller à Dieu, et leur marqua le lieu où il voudrait être enterré. Il fut ensuite saisi d'une petite fièvre;  et, le samedi suivant, s'étant fait apporter le saint Viatique du corps de Jésus-Christ, il attendit paisiblement l'heure que les anges lui avaient prédite. Cependant on vit avec admiration son lit s'élever de lui-même par trois fois différentes jusqu'au plancher, et se remettre autant de fois en sa place. Pour lui, voyant ses enfants fondre en larmes dans sa chambre, il les consola admirablement et leur dit d'un accent plein de tendresse :

« Mes chers enfants, brebis du troupeau du Fils de Dieu, vous voyez vous-mêmes où l'on m'appelle et où je m'en vais. Vous savez la voie que j'ai tenue; vous connaissez les œuvres auxquelles je me suis appliqué pendant que j'ai vécu, et dont l'accomplissement et la consommation m'élèvent maintenant au ciel. Il me reste à vous supplier et à vous conjurer de marcher par la même voie, afin que vous puissiez arriver au même terme. Et je prie ce Dieu de miséricorde, qui me met dans le chemin de sa gloire, de conduire aussi vos cœurs et vos corps en paix, selon sa volonté ».

Et chacun ayant répondu Amen, il mourut au milieu d'un cœur d'anges qui l'assistaient et qui le conduisirent dans le lieu du bonheur éternel. Ce fut le 19 mai 988, comme nous l'avons déjà marqué, la soixante-dixième année de son âge, et la trente-troisième de son épiscopat.

Saint Dunstan n'était pas seulement théologien. Comme beaucoup de moines du moyen âge, il était orfèvre, peintre, fondeur, architecte, musicien. Aussi sa légende prétend-elle qu'un jour qu'il était occupé à quelque ouvrage d'orfèvrerie dans sa cellule, la lyre qui était suspendue muette à la muraille se mit à résonner tout à coup sous la main des anges et à répéter l'antienne du Magnificat des secondes vêpres du commun des martyrs. « Les âmes des Saints qui ont suivi Jésus-Christ se réjouissent dans le ciel etc. » Cela a donné occasion de mettre des anges dans les tableaux dont saint Dunstan est le sujet. Le démon aussi y figure. Voici à quel propos. L'ennemi de tout bien, jaloux de la gloire qui pouvait venir à Dieu des travaux manuels auxquels se livrait saint Dunstan, se mit à rôder autour de son enclume pour le distraire, un jour qu'il forgeait une pièce d'orfèvrerie. L'ouvrier du bon Dieu saisit le tentateur par le nez avec ses pinces rougies au feu, et, ajoute-t-on, le maltraita fort sur son enclume (1). On s'explique dès lors, pourquoi saint Dunstan est le patron des orfèvres et des forgerons dans la Grande-Bretagne.

La fête de saint Dunstan a été longtemps chômée en Angleterre, le 19 mai. Depuis que le schisme a séparé ce pays de l'Eglise romaine, on a fait à ce grand Saint l'honneur de conserver son nom dans le calendrier de l'Eglise réformée.

Avant la Révolution, on montrait encore une de ses chasubles, à Saint-Pierre de Gand, qu'il avait honoré de sa présence pendant une année. La tradition veut aussi qu'il ait séjourné quelque temps à Saint-Amand, en Flandre.

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Sa Vie a été écrite par un religieux de Cantorbéry, appelé Osbert, qui vivait alors et qui assure avoir été témoin oculaire de la plupart des choses qu'il raconte : d'où vient que le cardinal Baronius n'a point fait difficulté de l'insérer dans ses Annales au dixième tome; elle se trouve aussi au troisième tome de Surius, avec un sommaire des miracles qui ont été faits depuis à son tombeau. D'Andilly en a donné une traduction en abrégé parmi ses Vies choisies, et nous n'avons fait qu'y ajouter ce que nous avons cru pouvoir encore servir a l'instruction et a l'édification des lecteurs.
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(1). Le Père Cahier parle d'une vieille chappe, conservée en Angleterre, où ce fait est représenté.

FIN

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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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