Dimanche de la Sexagésime

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Message  gabrielle Dim 08 Fév 2015, 7:25 am

SERMON POUR LE DIMANCHE DE LA SEXAGÉSIME.
SUR LA PAROLE DE DIEU.
Note de Gabrielle : malgré la disette de prédicateurs, nul n’est dispensé de s’instruire de la divine Parole, les bibliothèques virtuelles ne manquent pas et les livres que nous possédons non plus et les sermons du Dimanche mit en ligne. À nous de s’en servir pour compenser le vide de prédication..

Sommes-nous de cette bonne terre où le bon grain de la parole de Dieu fructifie ? Si cette divine parole est si stérile, il ne faut point s'en prendre à Dieu, mais aux mauvaises dispositions de ceux qui l’entendent (…)

Dès que par notre faute la parole de Dieu nous est inutile, elle devient le sujet de notre condamnation devant Dieu. Car  rendre inutile une parole si efficace en elle-même, 1° c'est un péché ; 2° c'est s'ôter, par ce péché particulier, toute excuse dans tous les autres péchés.

1° C'est un péché, parce que la parole de Dieu est un moyen de salut, et un des premiers moyens. Or, puisqu'il nous est ordonné de travailler à notre salut, manquer par sa faute un tel moyen, c'est incontestablement un péché. Quel fut le péché des Juifs? de ne s'être pas soumis à la parole de Dieu. Cependant de tous les péchés en est-il un que l'on connaisse moins? On ne s'en fait nul scrupule : mais il y a néanmoins de quoi nous faire trembler.

2° C'est s'ôter, par ce péché particulier, toute excuse dans tous les autres péchés. Car à quoi se réduisent toutes nos excuses? ou à l'ignorance, ou à la faiblesse. Or, la parole de Dieu est un moyen pour nous instruire et pour nous fortifier. Nous ne pouvons donc plus dire ce qu'on dit néanmoins sur tant de sujets : Je ne le savais pas, ou je ne le pouvais pas. La parole de Dieu était un moyen pour le savoir, et pour le pouvoir : et c'était le moyen le plus puissant,

C'est une belle pensée de saint Bernard, et qui renferme pour nous un grand fonds de moralité, que trois principes ont concouru à vous donner, quoique diversement, la divine parole : savoir, la Vierge, l'Église et la grâce. La Vierge nous l'a donnée revêtue d'une chair semblable à la nôtre, pour nous la faire voir. L'Église nous l’a donné ( grâce à Dieu, ce don est inscrit à jamais  dans l’Évangile et les livres des Saints Docteurs (…) Enfin la grâce, par l'infusion du Saint-Esprit, nous l'insinue dans le cœur, pour nous en faire profiter (…) Si Marie ne l'avait pas reçue dans son sein , elle n'aurait pu nous la donner visible et palpable. Si l'Église ne l’avait faisait pas retentir aux oreilles du corps, nous ne pourrions l'entendre sensiblement, ni la recevoir (…) (pour nous  Québécois) en ce moment par des livres et par plus de 30 ans de réunion et d’étude le Dimanche.)

et si par l'onction de la grâce elle ne pénétrait jusque dans uns aines, elle n'y ferait nulle impression, et n'y produirait aucun fruit. Mais, ajoute le même saint Bernard, cette parole indivisible et une en elle-même se communique à chacun selon la diversité des sujets et leurs différentes dispositions.

Quand l'Écriture fait mention de la parole de Dieu et de ses merveilleux effets, elle nous la représente comme une parole toute sainte et toute sanctifiante, comme une parole de vie et d'une vie éternelle. Seigneur, s'écriait le Prophète royal, ranimez-moi et ressuscitez-moi par votre parole (…)

Car c'est, ô mon Dieu, reprenait le saint roi, c'est dans la vertu de cette adorable parole que j'ai mis toute ma confiance.  Où irons-nous, Seigneur, disait saint Pierre au Fils de Dieu, et à quel autre nous adresserons-nous qu'à vous-même, puisque vous avez les paroles de la vie éternelle?

Et le Sauveur lui-même n'a-t-il pas dit que toutes ses paroles étaient esprit et vie (…)

Il est donc certain que le vrai caractère de la parole de Dieu est de nous conduire dans les voies de la justice et de la sainteté, de nous porter à Dieu, et de nous faire heureusement parvenir au terme où nous sommes appelés de Dieu. Mais si cela est, comment se vérifie d'ailleurs l'autre proposition que j'ai avancée, que la parole de Dieu doit servir à notre condamnation, des qu'elle ne sert pas à notre justification?

La réponse est facile et prompte; et c'est de ces avantages mêmes attachés à la parole de Dieu prise en soi, que je tire l'incontestable preuve de la triste vérité que j'ai maintenant à vous expliquer. Car, rendre inutile une parole si efficace en elle-même, c'est un péché ; et de plus, par ce péché particulier, c'est s'ôter toute excuse dans tous les autres péchés. Vous comprendrez mieux ces deux pensées par l'éclaircissement que je leur vais donner.

En effet, tout moyen de salut que Dieu nous fournit, en justifiant à notre égard sa providence, nous impose en même temps l'obligation de mettre en œuvre ce secours et d'en profiter. Autant que nous sommes obligés de travailler au salut de notre âme, autant le sommes-nous d'user pour cela des moyens que nous avons en main, puisqu'il y a une dépendance et une connexion nécessaire entre l'un et l'autre.

De là vient ce reproche si juste et si bien fondé que Dieu fera aux pécheurs, comme il est écrit dans la Sagesse (…)

J'ai fait toutes les avances convenables pour vous attirer à moi, et vous avez négligé d'y répondre. Voilà pourquoi je me tournerai contre vous, et je vous frapperai des plus rudes coups de ma justice. De là vient cette terrible menace de Jésus-Christ, lorsque voyant Jérusalem, et parlant à cette ville infidèle, il lui dit ( …) Combien de fois ai-je voulu dissiper les ténèbres de ton incrédulité et vaincre ton obstination ! et combien de fois par ton opiniâtre résistance as-tu fait évanouir mes plus favorables desseins, et arrêté tous mes efforts! C'est pourquoi tu seras livrée à l'ennemi, et ruinée de fond en comble. De là vient ce funeste arrêt prononcé dans l'Évangile contre le serviteur paresseux : Méchant serviteur, je vous avais confié ce talent, et je m'attendais que vous le feriez valoir; mais vous n'en avez rien retiré. Allez dans une obscure prison et dans des ombres éternelles, recevoir le châtiment de votre infructueuse et stérile oisiveté.

De tout ceci et de mille autres témoignages, nous devons conclure, avec saint Augustin, que les grâces de Dieu ne sont donc pas seulement pour nous des dons de Dieu, ni des bienfaits de sa miséricorde ; mais de grandes charges devant Dieu et la matière aussi bien que la mesure de ses vengeances, quand par une résistance expresse, ou du moins par une négligence volontaire de notre part, elles n'opèrent rien en nous, et qu’elles y demeurent sans fruit.

Surtout, si ce sont de ces grâces plus ordinaires, de ces premières grâces, et, pour m'exprimer de la sorte, de ces grâces fondamentales que Dieu emploie dans l'ouvrage du salut de l'homme; si ce sont de ces moyens que sa sagesse a spécialement choisis pour y réussir, et qu'elle y a plus directement et plus formellement destinés. Car, laisser de tels moyens sans en faire nul usage, c'est renverser toutes les vues de Dieu, c'est déconcerter tout l'ordre de sa prédestination éternelle, c'est ou renoncer à la fin qu'il nous a marquée, ou prétendre changer les voies par où il avait résolu de nous y conduire.

Or, voilà  le péché que vous commettez quand vous vous rendez inutile la parole de Dieu. C'est un moyen de salut, puisque c'est par la prédication de l'Évangile, ainsi que nous l'enseigne l'Apôtre, qu'il a plu à Dieu de sauver le monde (…)

Il a pris soin qu'elle fût publiée dans le monde, mais  pourquoi? Pour réformer le monde. (…) C'est afin qu'elle vous guérisse de vos erreurs, qu'elle vous relève de vos chutes, qu'elle vous fortifie dans vos faiblesses, qu'elle vous soutienne dans vos tentations, qu'elle vous dirige dans toutes vos voies, et qu'elle vous mène jusqu'au royaume céleste, qui est le terme où vous devez aspirer. (…)

Si donc, vous vivez toujours dans les mêmes illusions, toujours dans les mêmes dérèglements, toujours dans les mêmes distractions et les mêmes mondanités : si la parole de Dieu ne sert, ni à vous retirer de vos engagements criminels, ni à vous réveiller de votre assoupissement et de vos langueurs, ni à vous donner une connaissance plus exacte de vos obligations, ni à vous inspirer plus de zèle et plus de ferveur dans les pratiques du christianisme, cette inutilité ne procédant de nul autre que de vous, vous en croyez-vous quittes pour la perte que vous avez faite, et vous tenez-vous exempts de péché, et d'un péché très-grave, quand vous dissipez un si riche trésor, et que vous troublez toute l'économie de votre salut?

Quel fut le péché des Juifs? je vous l'ai dit, de ne s être pas soumis à la parole du Fils de Dieu, que son Père avait établi leur législateur et leur docteur. (…) La lumière a paru dans le monde, elle s'est présentée à vous, et vous ne l'avez pas aperçue, parce que vous avez fermé les yeux pour ne la pas apercevoir. Mais prenez y garde, et ne vous y trompez pas : quiconque refuse de suivre cette lumière, quiconque est sourd à ma parole, ou demeure insensible à ses traits en l'écoutant, celui-là dès lors, quel qu'il soit, a un juge, mais un juge sévère, pour le juger. Et quel est-il ce juge qui doit le juger avec tant de rigueur, et le condamner sans rémission? C'est ma parole même, envers qui il devient prévaricateur et pécheur(…)

(…)c'est à vous de les recueillir (paroles évangéliques) , à vous de vous les appliquer, à vous de les conserver dans votre cœur, et de les faire ensuite passer dans vos mains par une pratique fidèle et constante.

(…) de tous les péchés dont nous avons à nous préserver, en est-il un que l'on craigne moins et sur lequel on entre moins en scrupule? On ne se fait sur ce point nul reproche devant Dieu, (…) Demandez-leur s'ils se croient responsables à Dieu de sa parole ainsi abandonnée, ou dissipée après l'avoir reçue. Demandez, dis-je. À cette femme mondaine si elle compte comme un péché de ne vouloir jamais ménager quelques moments pour méditer  (ou  lire) la parole de Dieu(…) tandis qu'elle perd les heures dans un soin frivole de ses ajustements et de ses parures.

Demandez à cet homme du siècle s'il traite de péché le peu de réflexion qu'il fait à la parole de Dieu(…)  lui si attentif à des affaires humaines, et qui sait si bien raisonner sur tout ce qui concerne ses intérêts temporels et l'avancement de sa fortune. Demandez-leur, encore une fois, si là-dessus ils s'estiment coupables, et s'ils jugent que la conscience y puisse être quelquefois engagée : ils seront surpris d'une telle proposition, et ils trouveront étrange que vous entrepreniez de leur imposer une obligation qu'ils n'ont jamais connue, et dont ils ne sauraient convenir.


Que serait-ce si je leur faisais cette étonnante comparaison de saint Augustin, lequel n'a pas cru exagérer de mettre en parallèle un chrétien qui résiste à la parole de Jésus-Christ, et qui de la sorte anéantit toute la vertu de cette divine parole par rapport à lui, avec les Juifs qui versèrent le sang de ce Sauveur, et attachèrent à une croix son sacré corps? Il est vrai, dit ce saint docteur, vous ne portez pas comme eux sur sa chair innocente des mains sacrilèges, parce que vous ne le voyez pas sensiblement comme eux; mais quand je suis témoin de l'outrage que vous faites à sa parole, tout adorable qu'elle est, en la profanant, en la déshonorant par une vie toute contraire aux grands mystères qu'elle vous révèle et aux excellentes leçons qu'elle vous trace, que puis-je conclure autre chose, sinon que vous seriez disposé vous-même à le crucifier, s'il se montrait encore à vous comme il se fit voir à cette nation ingrate et déicide

(…) vous pensiez peut-être, de profiter ou de ne profiter pas de la parole de Dieu ; que ce n'est pas là un de ces articles sur quoi vous pouvez passer superficiellement dans la recherche de vous-mêmes, ni un point que vous deviez mettre au nombre des fautes légères et sans conséquence ; qu'il y a de quoi vous inspirer une juste crainte, parce qu'il y a de quoi vous rendre aux yeux de Dieu très-criminels ; que comme le Fils de Dieu dans son Évangile a béatifié ceux qui entendent la divine parole et qui la mettent en pratique, il semble par une règle toute contraire avoir réprouvé ceux qui ne l'entendent point, ou qui n'en tirent nulle utilité pour la réformation et la conduite de leur vie.

(…) Ce n'est pas tout : mais si c'est un crime devant Dieu de ne profiter pas de sa parole, je prétends encore que ce seul péché vous rend inexcusables dans tous les autres péchés que vous commettez. Car à quoi se réduisent toutes vos excuses? ou à l'ignorance, ou à la faiblesse. A l'ignorance, quand vous dites en tant d'occasions et sur tant de matières importantes: Je ne le savais pas, je n'y pensais pas, je ne me le figurais pas. A la faiblesse, quand vous ajoutez en tant d'autres rencontres et sur tant d'autres sujets : je ne le pouvais, c'était trop pour moi, le fardeau était trop pesant, et l'entreprise trop difficile. Voilà vos discours ordinaires, et les prétextes dont vous voulez couvrir les désordres de votre conduite.

Mais voici ce que Dieu aura de sa part à y répondre, et comment il se servira, pour vous condamner, du don même qu'il vous aura fait de sa parole pour vous sanctifier.

Il est vrai, la loi était difficile; et pour la garder, vous aviez bien des obstacles à vaincre : il vous fallait un courage et une résolution qui vous manquaient. Mais vous deviez donc pour cela même avoir recours à la parole de votre Dieu. Elle eût excité votre cœur froid et languissant, elle l'eût enflammé et embrasé. Votre foi était assoupie, et elle l'eût réveillée : votre espérance était chancelante, et elle l'eût fortifiée; votre charité était éteinte, et elle l'eût rallumée. Alors rien ne vous eût étonnés ni arrêtés ; et ce que vous aviez cru ne pas pouvoir faire sans changer de nature, vous eût paru non-seulement possible et praticable, mais doux et facile : car telle est la force et l'onction de la grâce que porte avec soi cette sainte parole(…)


Car il est bien étrange, (…) qu'une parole qui a pu opérer de si prodigieux changements en des âmes plus éloignées de Dieu que vous ne l'êtes, qui a pu toucher tant de pécheurs et en faire autant de saints, ne vous ait pas fait renoncer jusques à présent à un seul péché, ni pratiquer une seule vertu(…) c'est que cette parole n'ait, ce semble, nul pouvoir sur vous; que vous soyez insensible à toutes ses impressions ; qu'elle n'ait jusques à présent ni guéri les erreurs de votre esprit, ni amolli la dureté de votre cœur; que malgré toutes les vérités qu'elle vous annonce, et qui ont suffi pour réduire sous le joug de la loi de Dieu tous les peuples de la terre, vous demeuriez toujours dans le même endurcissement et la même obstination, toujours esclave des mêmes passions et plongé dans les mêmes désordres. Ce n'est pas à la parole de Dieu qu'il faut s'en prendre ; car puisqu'elle est toujours et partout la même, elle peut toujours et partout agir avec la même efficacité.

(…)
Que reste-t-il donc sinon de chercher dans vous-mêmes le principe malheureux qui, par rapport à vous, énerve toute la vertu de la parole du Seigneur, et de conclure qu'autant qu'elle était capable de vous relever de vos chutes et de cet abîme de corruption où vous vivez, autant êtes-vous inexcusables de vous y être laissés entraîner, et d'y vivre sans faire nul effort pour en sortir?

(…) Au tribunal souverain  où  vous comparaîtrez  un  jour devant votre Dieu et votre juge, vous serez plus sévèrement traités que ceux mêmes de Sodome, ce peuple si corrompu et si abominable. Quoi donc! demandent les interprètes, ne pas profiter de la parole de Dieu, est-ce un plus grand crime que celui de cette ville prostituée et abandonnée à de si honteux dérèglements?

Les Pères s'expliquent différemment sur cette question ; mais quoi qu'ils en disent, l'oracle de Jésus-Christ est tel que je le rapporte, et en voici, selon l'interprétation de saint Grégoire, pape, le sens le plus naturel. C'est que les habitants de Sodome ayant péché contre Dieu avec moins de lumières, ils seront jugés avec moins de rigueur. Car c'étaient des hommes dominés par leurs brutales passions, et peu cultivés par la divine parole, qu'ils avaient à peine quelquefois entendue. Il est vrai que Loth leur avait fait quelques menaces de la colère du ciel ; mais ils ne savaient pas qu'il leur parlât de la part de Dieu, et même ne pouvaient-ils croire que ce fussent de sérieux avis qu'il leur donnait (…)

Au lieu que vous dans le sein de l'Église, et par une distinction refusée à tant de nations infidèles, vous avez eu mille façons  pour vous former, et pour vous inspirer tous les principes d'une éducation chrétienne. D'où il s'ensuit que vous êtes par là plus criminels dans vos désordres, et que vous devez pour cela vous attendre à de plus rudes coups de la main de Dieu, et à de plus terribles châtiments de sa justice.

Bourdaloue

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gabrielle
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