Sainte Catherine d'Alexandrie
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Re: Sainte Catherine d'Alexandrie
Voici une courte biographie de Sainte Catherine, tirée des Petits Bollandistes, 1875, tome 13. Je tâcherai de publier 2 posts consécutifs par jour pour faire en sorte que le 14 janvier soit achevée cette publication.
Bien à vous.
Bien à vous.
SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE
À ALEXANDRIE, PATRONNE DES JEUNES FILLES ET DES PHILOSOPHES
IVe siècle.Nous vous saluons, ô Catherine, perle des vierges ;
nous vous saluons, glorieuse épouse du Roi des rois.
Nous vous saluons, hostie vivante du Christ;
ne refusez pas vos suffrages à ceux qui implorent votre protection.
Antienne de la liturgie dominicaine.
Cette illustre vierge, qui est si célèbre parmi les Grecs, sous le nom d'Æcathérie et que le cardinal Baronius croit avoir été cette Amazone chrétienne qu'Eusèbe de Césarée appelle Æchaté, et dont il loue si hautement la constance et la chasteté, naquit à Alexandrie d'une famille noble et illustre, que Siméon Métaphraste nomme royale. Pierre de Natalibus rapporte qu'avant son baptême elle eut en songe une vision mystérieuse, où la sainte Vierge tenant Jésus-Christ entre ses bras, la présentait à ce divin enfant, afin qu'il la reçût au nombre de ses servantes, et l'enfant, au contraire, la repoussait et tournait la tête d'un autre côté pour ne point la voir, disant pour raison que cette enfant n'était pas encore régénérée dans les fonts du baptême. A son réveil, faisant réflexion sur ce qui lui manquait pour plaire à cet aimable Sauveur, elle prit la résolution de ne point différer davantage de recevoir ce sacrement, et elle le reçut en effet. Après cette action, Jésus-Christ lui apparut encore et lui donna pour lors mille témoignages d'amitié et de bienveillance, jusqu'à la prendre pour son épouse, en présence de sa très-sainte Mère et d'une multitude d'esprits célestes; il lui mit au doigt un anneau miraculeux, qu'elle trouva effectivement à son réveil et qui lui fit connaître la vérité de cotte divine alliance.
Ayant un esprit vif et propre à toutes choses, elle s'appliqua dans sa jeunesse à l'étude de la philosophie et de la théologie ; ce qui lui fut d'autant plus facile, qu'il y avait alors à Alexandrie des hommes savants qui tenaient de saintes écoles pour l'instruction des chrétiens ; et elle y réussit si admirablement, que, nonobstant la faiblesse de son sexe, elle devint capable de soutenir les vérités de notre religion contre les sophistes les plus subtils. En ce temps, qui était vers 307, Maximin II, originaire de Dacie et neveu de Maximien Galère, gendre de Dioclétien, partageait l'empire avec Constantin le Grand et Licinius ; et, comme l'Egypte était de son district, il faisait plus ordinairement sa résidence à Alexandrie, capitale de cette province. C'était un prince cruel et barbare, qui n'avait pas moins hérité de Dioclétien et de Galère la haine impitoyable contre les chrétiens que la puissance impériale. Il fit donc publier un édit, par lequel il ordonnait à tous ses sujets de sacrifier aux dieux, et condamnait à de grands supplices et à la mort ceux qui refuseraient d'obéir. Il voulut lui-même donner un exemple éclatant de cette impiété, en faisant faire dans Alexandrie le plus fameux sacrifice que l'on y eût vu jusqu'alors. Toute la ville était pleine de taureaux et de béliers, que l'on amenait pour immoler sur les autels. Ni les temples, ni les places publiques n'étaient assez amples pour contenir le monde qui accourait à cette cérémonie. L'air même était obscurci de la fumée des victimes que l'on brûlait en holocauste ou que l'on faisait rôtir pour traiter cette multitude innombrable.
Dans cette fête sacrilège, Catherine travaillait de toutes ses forces à confirmer les chrétiens, leur faisant voir clairement que les oracles, si vantés dans le paganisme, n'étaient que de pures illusions ; que ceux que l'on appelait des dieux n'étaient que des hommes mortels qui s'étaient rendus fameux par une infinité de crimes ; que les démons, ennemis de la vérité, étaient auteurs de cette superstition, et que l'on ne pouvait pas obéir aux ordres de l'empereur, sans attirer sur soi l'indignation et les châtiments éternels de Celui qui a fait le ciel et la terre, et qui seul mérite d'être adoré. Ses paroles, pleines de grâce et d'onction, servirent admirablement à soutenir les esprits faibles que la vue de cette éclatante cérémonie pouvait ébranler. Mais cette incomparable fille n'en demeura pas là ; car, voyant bien que la ville, après avoir nagé dans le sang des victimes, nagerait dans le sang des chrétiens, que l'on n'aurait pas vus assister aux sacrifices, elle prit la résolution d'aborder elle-même l'empereur au milieu du temple de Sérapis où il faisait son infâme cérémonie avec toute sa cour, et de lui remontrer son impiété; elle demanda donc à lui parler, et, comme elle avait un port majestueux, une beauté singulière et un air de grandeur qui paraissait sur son visage et en toutes ses actions, elle n'eut pas de peine à obtenir audience.
Elle dit donc à ce prince avec une fermeté surprenante: ...
Dernière édition par Louis le Dim 11 Jan 2015, 4:08 pm, édité 1 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Sainte Catherine d'Alexandrie
SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE
(suite)
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Elle dit donc à ce prince avec une fermeté surprenante : « qu'il devait avoir reconnu par lui-même que cette multitude de dieux qu'il adorait était une erreur insoutenable, vu que la lumière naturelle nous montre qu'il ne peut y avoir qu'un souverain Etre et un premier principe de toutes choses ; mais, puisque sa raison n'était pas assez développée pour pénétrer une vérité si évidente, au moins devait-il se rendre au témoignage des plus savants d'entre ses docteurs, qui avaient eux-mêmes enseigné distinctement qu'il n'y avait qu'un seul Dieu, et avaient écrit la cause et l'origine de cette horrible multiplication des divinités, comme Diodore de Sicile, Plutarque et quelques autres.; que c'était une chose étrange qu'il attirât, par son exemple, tant de peuples à un culte si abominable, lui qui était au contraire obligé, par sa qualité d'empereur, de les en détourner ; et elle le priait de faire cesser un si grand désordre en rendant au vrai Dieu l'honneur qui lui est dû, de peur que, lassé de tant de sacrilèges, il ne le punît enfin d'une manière terrible, en lui ôtant le sceptre et la vie ».
On ne peut exprimer l'étonnement dont l'empereur fut saisi en entendant ce discours. Il se retint néanmoins, et, ne voulant pas paraître ému, il dit à la vierge que ses remontrances ne lui feraient pas interrompre son sacrifice, mais qu'il l'entendrait ensuite tout à loisir. Dès qu'il fut rentré dans son palais, il la fit venir en sa présence, et lui demanda qui elle était et d'où lui venait cette hardiesse qu'elle avait fait paraître au milieu d'une assemblée si auguste et si vénérable. « Ma naissance », répondit la Sainte, « est assez connue dans Alexandrie ; je m'appelle Catherine ; et mes parents ont été des plus illustres du pays. J'ai employé tout mon temps à la connaissance de la vérité, et plus j'ai étudié, plus j'ai reconnu la vanité des idoles que vous adorez. Je mets toute ma gloire et toute ma richesse à être chrétienne et épouse de Jésus-Christ ; et mon unique souhait, c'est que vous le connaissiez aussi avec tout votre empire, et que vous renonciez aux superstitions où vous êtes engagé. C'est ce qui m'a fait prendre la hardiesse d'aller au temple pour vous en faire de très-humbles remontrances ». Elle ajouta ensuite plusieurs raisons, pour montrer que Jupiter, Mars, Mercure, n'étaient pas des dieux, mais des rois anciens semblables aux autres hommes, que leurs seuls vices avaient rendus célèbres dans le monde.
L'empereur, ne s'estimant pas assez savant pour lui répondre, lui dit que, n'étant pas docteur, il n'entreprenait pas de satisfaire à ces difficultés ; mais qu'il ferait venir les plus sages philosophes de son Etat, et qu'il était certain qu'ils lui fermeraient la bouche et la convaincraient de blasphème. Catherine convint d'entrer en discussion avec eux, s'assurant sur la bonté de sa cause et sur le secours extraordinaire du ciel. Cinquante des plus habiles sophistes furent appelés, et on leur dit que c'était pour entrer en conférence avec Catherine et pour la faire revenir de ses erreurs. Le premier d'entre eux, qui avait la réputation d'être le plus capable, dit à l'empereur qu'il n'était point nécessaire d'assembler une si grande compagnie pour confondre cette jeune fille, et que le moindre de ses écoliers en serait venu à bout; que néanmoins ils donneraient volontiers eux-mêmes ce plaisir à sa majesté impériale, si elle voulait bien être présente. Le jour et l'heure furent donnés; l'orgueil et la présomption animaient ces philosophes et ne leur faisaient regarder cette discussion que comme une. victoire assurée ; Catherine, au contraire, sachant que nous ne pouvons rien sans le secours de Dieu, tâchait de le mériter en s'humiliant devant sa divine majesté par le sacrifice de ses jeûnes, de ses prières et de ses larmes. Le temps du combat était venu ; l'empereur entra dans la salle avec toute sa cour et s'assit sur son trône, dissimulant la rage et la fureur dont son âme était remplie. Catherine y fut amenée, et toute cette compagnie de sophistes y parut, témoignant assez par leurs gestes le mépris qu'ils faisaient de leur adversaire.
Dès que l'huissier eut imposé silence, Catherine, adressant la parole à l'empereur, lui dit que…
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Re: Sainte Catherine d'Alexandrie
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Dès que l'huissier eut imposé silence, Catherine, adressant la parole à l'empereur, lui dit que « c'était une chose surprenante que Sa Majesté l'obligeât à un combat si inégal, voulant qu'elle soutînt elle seule l'effort de cinquante orateurs et philosophes ; qu'elle l'acceptait néanmoins très-volontiers, mais qu'elle lui demandait pour grâce que, si le vrai Dieu qu'elle adorait la rendait victorieuse, il embrassât sa religion et renonçât au culte des démons ». Cette liberté ne plut pas au prince, et il lui dit que ce n'était pas à elle à poser des conditions à la discussion. Le chef des sophistes ouvrit la bouche et commença à reprendre sévèrement Catherine de ce qu'elle s'opposait à l'autorité des plus éclairés d'entre les poètes, les orateurs et les philosophes, qui tous unanimement avaient révéré Jupiter, Junon, Neptune, Minerve et les autres divinités. Il rapporta là-dessus leurs passages, et conclut que, sa religion étant appuyée sur des témoignages si authentiques, elle devait prévaloir sur le christianisme qui avait été inconnu à toute l'antiquité.
Catherine écouta patiemment son discours, se tenant bien certaine de la victoire, dont un ange était venu l'assurer de la part de Dieu. Lorsqu'il eut achevé, s'étant d'abord concilié l'estime et l'amour de ses auditeurs, par un exorde plein d'esprit et d'éloquence, elle entreprit de montrer trois choses : premièrement, que l'histoire des dieux, dont le sophiste avait parlé, n'était qu'une pure fable que nul homme d'esprit ne pouvait approuver ; secondement, qu'en bonne philosophie on ne devait reconnaître qu'un seul Dieu, créateur et gouverneur de tout l'univers; troisièmement, qu'il fallait sans préjudice de l'unité de Dieu, reconnaître Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui était venu racheter le monde. Elle montra le premier en découvrant les contes ridicules qu'Homère, Orphée et les autres poètes font de leurs propres divinités, les crimes abominables qu'ils leur attribuent, l'origine de quelques siècles seulement qu'ils en marquent, et l'aveu que font quelques-uns d'entre eux que ces dieux ne le sont que dans l'opinion du vulgaire. Elle fit voir le second par des raisons démonstratives tirées des livres de Socrate, de Platon et d'Aristote, qui concluent évidemment qu'il ne peut y avoir qu'un seul gouverneur de l'univers, un seul principe de , tous les mouvements, et un seul être infini indépendant et nécessaire. Enfin,, elle prouva le troisième par l'accomplissement des prophéties de l'ancien Testament et surtout par le témoignage des sibylles, auxquelles les païens déféraient extrêmement, qui avaient annoncé très-clairement et le temps et les autres circonstances de la venue du Messie.
Un discours si puissant et si énergique remplit toute l'assemblée d'admiration et d'étonnement ; le chef des philosophes, qui avait le premier ouvert la dispute, en fut si touché, que Catherine lui demandant s'il avait quelque chose à y répondre, il avoua qu'il était vaincu et qu'il se rendait bien volontiers aux vérités que le Saint-Esprit lui avait annoncées par sa bouche. Maximin, transporté de colère, ordonna aux autres de prendre la parole et de réfuter tout ce que la Sainte avait dit. La grâce avait aussi opéré dans leur cœur et les avait fait entièrement souscrire à tout ce que cette maîtresse céleste leur avait dit. Ils répondirent donc que, « leur chef se rendant à la doctrine de Catherine, ils n'avaient garde d'y rien répliquer; qu'ils la jugeaient fort raisonnable, et que c'était par ignorance qu'ils l'avaient combattue jusqu'alors ». Ils protestèrent en même temps à la vierge que nulle considération ni violence ne leur ferait renoncer à cette doctrine, et, la remerciant de la grâce qu'elle leur avait faite de les faire passer de l'obscurité à la lumière, de l'erreur à la vérité et de la mort à la vie, ils la supplièrent instamment de les secourir de ses prières. Maximin, plus furieux que jamais, les fit tous arrêter par ses gardes et commanda à son officier de justice que, s'ils persistaient dans leurs sentiments, il les fît tous passer par le feu. L'officier les pressa de revenir à eux ; mais, ne pouvant rien gagner sur leur constance, il exécuta enfin contre eux le cruel arrêt du prince. Ainsi, ces cinquante victimes furent immolées en l'honneur de Jésus-Christ, et ne pouvant être baptisées du baptême de l'eau, elles furent baptisées de celui du sang et du feu. Leurs corps ne furent point consumés par les flammes, et ce grand miracle, joint à la victoire insigne que Catherine venait de remporter sur la subtilité de la fausse philosophie, servit à la conversion d'un grand nombre d'idolâtres.
L'empereur, tout farouche qu'il était, ne laissa pas d'être épris de la…
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(suite)
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L'empereur, tout farouche qu'il était, ne laissa pas d'être épris de la beauté et des autres qualités incomparables de Catherine. Il conçut un amour violent pour elle, et cette sagesse qu'elle avait fait paraître dans toute la querelle augmenta encore son feu et lui inspira le dessein de l'épouser, quoiqu'il fût déjà marié. La passion lui fit croire que Catherine se rendrait aisément à ses volontés par le désir de régner. Il savait que les femmes sont ambitieuses et que c'est une grande tentation pour elles que la puissance souveraine ; mais il fut trompé dans son attente ; Catherine se moqua de ses propositions et de ses promesses. Elle lui dit qu'elle était également attachée au christianisme et à la chasteté, dont elle avait fait vœu; qu'elle n'aurait jamais ni d'autre Dieu ni d'autre époux que Jésus-Christ et qu'elle aimait mieux vivre misérable avec les pauvres que d'être élevée sur un trône au préjudice de ces glorieuses qualités de servante et d'épouse de son Sauveur. Ce refus irrita tellement Maximin qu'il commanda que la vierge lut étendue sur le chevalet, qu'on lui disloquât les membres, qu'on lui déchirât le corps à coups de fouet et qu'on lui fît sentir par ces supplices ce que c'est que de mépriser la bienveillance d'un aussi grand prince que lui. Sa sentence fut exécutée pendant deux heures avec toute la cruauté qu'il souhaitait. Après quoi il ordonna qu'on jetât la Sainte dans une basse fosse et que, sans panser ses plaies ni étancher le sang qui en coulait de tous côtés, on l'y laissât mourir de faim.
Pendant qu'elle y était, ce monstre d'inhumanité fit un voyage vers l'embouchure du Nil, pour voir la frontière d'Egypte et surtout la ville de Capone, qui en était la première forteresse. Dans cet intervalle, Faustine, sa femme, vit en songe la bienheureuse Catherine, toute brillante de lumière, laquelle la faisant asseoir à son côté, lui mettait une couronne sur la tête et lui disait ces paroles : « Auguste, c'est mon époux qui vous donne cette couronne ». Cette vision, jointe aux grandes merveilles qu'elle avait entendu dire de Catherine, lui fit souhaiter de l'entretenir. Elle pria Porphyre, l'un des principaux capitaines de l'empereur, de lui procurer cette consolation, et elle fut à la prison avec lui pour jouir d'une conversation si charmante. Ils trouvèrent Catherine guérie de toutes ses plaies et remise de toutes les violences que l'on avait faites à son corps, et ayant un embonpoint aussi parfait que si on l'avait nourrie des viandes les plus délicates ; aussi son Epoux l'avait visitée et avait eu soin de la nourrir, non pas de viandes corporelles, qui n'engendrent que de la corruption, mais de ces douceurs célestes qui portent avec elles la santé et la vie. Catherine leur parla avec tant de force et d'onction de la nécessité de croire en Jésus-Christ, pour éviter les peines éternelles et pour mériter la véritable béatitude, qu'ils se rendirent à ses raisons et protestèrent de ne se séparer jamais de cette foi. Elle leur prédit que dans trois jours ils seraient martyrisés et les assura que Dieu les fortifierait d'une grâce si puissante, qu'ils se moqueraient de la violence des tourments.
Dès que Maximin fut de retour…
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Dès que Maximin fut de retour, il fit venir devant lui sa prisonnière, et il fut tellement surpris de la voir plus saine et plus belle que jamais, qu'il eût fait mourir ses gardes comme violateurs des ordres qu'il leur avait donnés, si elle n'eût découvert que c'était un miracle d'en haut, et non par leur condescendance qu'elle avait été guérie de tous ses maux. Il la sollicita de nouveau de se rendre à ses volontés et de vouloir bien monter sur son trône pour n'avoir plus qu'un même lit et une même puissance avec lui; mais la trouvant plus inflexible que jamais, il commanda qu'on fît une machine composée de trois ou quatre roues et armée de tous côtés de rasoirs et de pointes de fer, afin que son corps y étant attaché, fût aussitôt coupé en pièces par le mouvement artificiel de ces roues. L'on travailla en diligence à cette machine, et durant ce temps, Catherine fut encore reconduite en prison. Au bout de trois jours, Maximin la fit ramener devant lui, et, ne pouvant rien gagner sur la fermeté invincible de son cœur, il la fit attacher à ces roues. Cet instrument terrible faisait trembler tout le monde ; mais, dès le premier mouvement, il fut miraculeusement mis en pièces, sans que la vierge en reçût aucune plaie ; les éclats volèrent de tous côtés avec tant de force qu'ils blessèrent et tuèrent plusieurs personnes; les autres spectateurs, reconnaissant en cela la main du Tout-Puissant, s'écrièrent que le Dieu des chrétiens était grand.
Ce fut là un étrange sujet de confusion pour l'empereur. Cependant il ne diminua rien de sa barbarie ; au contraire, sa femme lui étant venue démontrer qu'il devait enfin reconnaître, par tant de miracles, que la religion chrétienne était la seule qu'il fallait embrasser, il lui fit trancher la tête, et en fit de même au capitaine Porphyre, qui s'offrit volontiers à la mort avec deux cents de ses soldats, dont après sa conversion il s'était fait l'apôtre et l'évangéliste. On met la mort de Faustine au 23 novembre, et celle de Porphyre au 24. Ces exécutions donnèrent sujet à l'empereur de solliciter encore plus puissamment Catherine de vouloir bien être son épouse; car puisque sa femme n'était plus, il lui semblait que la principale difficulté de ce mariage était levée. Il lui dit donc qu'elle ne devait plus craindre qu'une autre partageât avec elle la qualité d'impératrice et la puissance souveraine; qu'elle seule aurait toutes ses affections, et serait la maîtresse de tous ses biens; que son bonheur surpasserait celui des Ptolémée et de Cléopâtre, et que jamais princesse n'aurait été si heureuse Qu'elle le deviendrait en l'épousant; que si elle refusait ces offres par une vaine espérance de la béatitude de l'autre vie, elle passerait devant tout le monde pour une folle, et qu'elle perdrait sans doute toute cette haute estime de sagesse et de discrétion qu'elle s'était acquise.
La Sainte n'entendit ce discours qu'avec horreur. Elle prit alors un ton méprisant et sévère, et, répondant au fou selon sa folie, elle lui dit qu'il était indigne de la vie dont il jouissait, puisque, après tant de miracles de la puissance de Dieu, il refusait encore de l'adorer et voulait lui arracher une épouse qui lui était consacrée. Alors toute la fureur de Maximin se réveilla, et il ordonna sur l'heure que Catherine fût ôtée de sa présence et menée sur la place publique pour y être décapitée. En chemin, elle demanda deux choses à Notre-Seigneur : la première, qu'il ne permît pas que son corps vierge fût vu et touché après sa mort par les bourreaux; la seconde, qu'il mît enfin un terme aux persécutions contre l'Eglise et qu'il bannît entièrement du monde les ténèbres de l'idolâtrie, pour y faire reluire la lumière admirable de l'Evangile. L'une et l'autre de ses demandes furent exaucées et elle en reçut des assurances par une voix qui les apporta du ciel. Quand on allait lui trancher la tête, tous les assistants pleuraient : elle seule avait la face riante d'un séraphin. Enfin, elle tendit le cou au bourreau qui lui abattit la tête le 25 novembre 307.
Sainte Catherine est représentée : …
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A suivre : Culte et Reliques.
SAINTE CATHERINE, VIERGE ET MARTYRE
(suite)
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Sainte Catherine est représentée :
1° tenant une petite croix et une roue;
2° debout, tenant une palme : près d'elle sa roue de supplice brisée;
3° assise et tenant les instruments de son supplice ;
4° vêtue d'une robe blanche, tenant un livre et recevant des papiers écrits que lui présentent diverses figures à genoux;
5º adorant l'enfant Jésus;
6° ensevelie par des anges;
7° debout, tenant une épée.
— L'église de Cideville, dans l'arrondissement d'Yvetot, possède une charmante image du xvie siècle représentant la Sainte. C'est une statue de pierre, découpée avec talent, drapée avec grâce et posée avec un esprit infini. La jeune vierge d'Alexandrie est habillée, non à la grecque, mais à la française, du temps de Marie Stuart. Sa robe, serrant sa taille et boutonnant coquettement sur sa poitrine, est ornée de manchettes en dentelles, comme une demoiselle du grand monde. Sa figure est pleine de modestie et de dignité tout à la fois, ses cheveux sont simplement rejetés en arrière, et sa tête est couverte d'une couronne de marquise ou de duchesse. De la main gauche elle tient un livre ouvert, et de la droite un glaive renversé la pointe en bas. On dirait que cette innocente victime joue avec l'instrument de son supplice. Sous ses pieds elle foule la roue symbolique et la tête de Maximin, son persécuteur. L'artiste a été si habile, qu'il a su donner de l'expression à cette tête philosophique, et le genre d'esprit qui convient à un séducteur dépisté. Maximin, en effet, a une barbe épaisse comme nos lions d'aujourd'hui, il porte au cou la fraise des Valois et au dessous un collier, symbole des passions qui l'enchaînent. Un chapeau de ligueur, posé sur sa tête avec beaucoup de prétention, est ombragé par un panache blanc à la Henri IV. Mais la plus grande signification est dans la bouche de cet homme ambitieux, qui enrage de se voir humilié depuis des siècles sous les pieds d'une jeune fille.
A suivre : Culte et Reliques.
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FIN
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CULTE ET RELIQUES.
An IXe siècle, des chrétiens trouvèrent sur le Sinaï le corps d'une jeune fille de dix-huit ans; ses linceuls et sa robe, encore teints de son sang, portaient la vétusté de plusieurs siècles; mais la corruption avait épargné ce corps qui exhalait, ainsi que ceux des prédestinés et des martyrs, comme un parfum céleste ; ses cheveux blonds, tombant sur son col presque saignant encore, la couvraient de leur soie ondulée, et sur son front pur resplendirait comme une auréole de sainteté, ce sceau d'élection que le Dieu des chrétiens persécutés attachait aux reliques de ses serviteurs et de ses martyrs. A tous ces signes les pèlerins reconnurent le corps d'une jeune vierge, dont la touchante histoire avait autrefois retenti dans Alexandrie, et dont les restes précieux avaient été dérobés à la vénération du peuple chrétien. C'était eu effet ce corps précieux. On ne sait comment il avait été transporté d'Alexandrie, la seconde capitale des pompes païennes, au milieu des sables solitaires de l'Arabie, sur cette colline sainte de Sinaï, encore frémissante des foudres divines et des terreurs d'Israël humilié. Les chrétiens lui donnèrent le nom de Catherine, c'est-à-dire « pure et sans tache », et depuis ce temps-là, cette Sainte reçut dans la catholicité le culte d'honneur et de prière que nous rendons à nos Saints, comme aux bien-aimés du Seigneur.
L'Eglise, dans la collecte de sa fête, rend témoignage de ce transport merveilleux de son corps, ce qui lui donne sujet de demander au Père éternel de pouvoir arriver, par les mérites de cette excellente vierge, à la véritable montagne, qui est Jésus-Christ. Depuis ce temps-là, les religieux de Sinaï y entendaient quelquefois une admirable mélodie des esprits célestes ; d'où l'empereur Justinien Ier prit la résolution d'y bâtir une église magnifique en l'honneur de la Sainte, et d'y multiplier le nombre des cénobites. Dans le XIe siècle, Siméon, moine de Sinaï, vint à Rouen pour recevoir l'aumône annuelle de Richard, duc de Normandie. Il apporta avec lui une portion des reliques de sainte Catherine, qu'il laissa dans cette ville. Son chef est conservé à Rome.
Sa mémoire a toujours été fort célèbre chez les Grecs, et elle l'est devenue en Orient par les secours miraculeux que les princes et les seigneurs d'Europe, étant passés en Orient pour la délivrance de la Terre Sainte, ont reçus de sa puissante protection. Saint Louis, à son retour d'outremer, fit construire à Paris, en reconnaissance de ses bienfaits, la célèbre église de Sainte-Catherine du Val.
Une main en chair et en os de sainte Catherine fut rapportée du mont Sinaï par le père d'Henri V, comte de Champagne, et donnée à l'église de Saint-Jean de Vertus. Le reliquaire d'argent doré qui renfermait cette précieuse relique fut mis en sûreté à Châlons pendant les ravages des Anglais dans la Champagne, et déposé dans l'abbaye de Toussaints, située hors des murs de la ville. En 1450, le reliquaire fut rapporté et déposé dans l'église Notre-Dame, de Vertus, puis transporté solennellement le 25 novembre, jour de la fête de la Sainte, à l'église de Saint-Jean. Cette église ayant été détruite à la Révolution, on ignore ce que sont devenues les reliques de sainte Catherine qu'elle possédait. Aucune dévotion populaire en l'honneur de la Sainte ne fleurit aujourd'hui (1873) dans cette paroisse, et sainte Catherine n'y est guère honorée que par les petites filles des classes.
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Nous avons conservé le récit du Père Giry que nous avons complété au moyen de Notes locales dues à l'obligeance de M. Thibault, chanoine honoraire, doyen de Vertus. (Lettre du 13 juillet 1873.)
FIN
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