LE PRICIPES DE TOUTES NOS ERREURS - Mgr Henri DELASSUS - 1909.

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Message  Roger Boivin Mer 07 Jan 2015, 1:44 pm




LE PRINCIPE DE TOUTES NOS ERREURS



« Dans une société qui croule de toutes parts, disait déjà M. Le Play en 1865 (15 fév.), il y a d'abord à redresser les idées. Ce qu'il faut, c'est changer le moral et l'intelligence des classes éclairées, c'est améliorer le fond des choses à la lumière des principes ». « C'est l'erreur encore plus que le vice qui perd les nations. » Et en 1871 : « L'erreur nous a plus dévorés que ne nous dévorent à cette heure les communistes et les Prussiens. » « Ce qui combat ma foi dans l'avenir de la France, c'est que l'erreur a envahi presque complètement les classes dirigeantes. »

Ailleurs, M. Le Play dit au pluriel « les faux dogmes » ; ici, il dit simplement « l'erreur » : c'est qu'en effet une observation, même superficielle, permet bientôt de reconnaître que les erreurs du jour, dans l'ordre économique et social, sont apparentées entre elles ; un examen plus approfondi les montre filles d'une idée-mère, issues d'un même et unique principe.

Quel est ce principe ? Il importe grandement de le savoir, car si certaines idées sont vraiment pour nous des agents de mort, saisir leur racine, l'arracher des esprits et des cœurs, c'est bien le moyen d'emporter avec elle toutes ces fausses idées qui en sont les tiges et les branches.

La Papauté a rendu ce service à notre société défaillante, il y a un demi-siècle. Elle a défini le dogme de l'Immaculée Conception de Marie. Par cet acte, elle a énoncé de nouveau la vérité sur laquelle repose tout l'état social, et frappé les erreurs qui, si elles avaient plus longtemps le champ libre, accéléreraient la fin du monde. Elle a rappelé aux hommes que nous naissons tous dans le péché. Non point que Dieu ait ainsi constitué la nature humaine (1), mais parce qu'elle a sombré dans l'orgueil et la sensualité où l'a entraînée son auteur, notre premier père. Une seule exception à la transmission de l'état de déchéance, dans lequel la faute d'Adam a plongé toute sa race, a été faite en faveur de Marie. La Mère du Rédempteur, du Fils de Dieu fait Homme, pour nous relever de notre chute, a été mise à l'abri du torrent dévastateur qui saisit et emporte, dans ses flots ténébreux et boueux, tous les hommes à mesure que l'appel à la vie les fait entrer en participation d'une nature déchue et corrompue à ses origines.

L'exception confirme la règle. La proclamation du privilège dont jouit Marie, en sa Conception, a affirmé l'existence en chacun de nous du vice originel.
La méconnaissance ou la négation de ce fait est l'erreur capitale de ce temps.

Elle fut lancée dans le monde, il y a un siècle et demi, par J.-J. Rousseau. D'elle sont nées toutes les idées révolutionnaires et la Révolution elle-même...
L'homme naît bon, la société le déprave, a dit l'évangéliste des temps modernes.
L'homme naît bon ; il doit donc avoir ses libertés, qui ne peuvent produire que le bien.
Les hommes sont tous également bons : ils sont donc tous égaux en droits.
La société déprave l'homme ; il faut donc détruire la société, cause du mal dont l'homme souffre (2).

Rien ne préservera la civilisation d'une ruine finale, si l'Europe ne rejette ces erreurs, si elle ne revient à la vérité, dont le mépris l'a fait courir après les libertés funestes, l'égalité niveleuse et le droit à toutes les insurrections ; en un mot, si elle ne prête l'oreille à la sentence prononcée aux premiers jours du monde et si opportunément rappelée en notre temps par le Vatican.

Pie IX n'ignorait pas que les idées révolutionnaires tirent leur filiation de ce faux dogme. Aussi, lorsqu'il voulut faire un Syllabus de toutes les fausses doctrines du temps présent, pour nous engager à les combattre sous sa direction, se mit-il sous les auspices de la Vierge immaculée et choisit-il pour les dénoncer au monde, l'anniversaire du jour où il avait proclamé l'Immaculée Conception de Marie. En rétablissant par ces deux grands actes la notion de la chute et de ses conséquences, Pie IX atteignit la Révolution au cœur, et il ne dépend que de nous que l'effet, c'est-à-dire la mort de l'erreur, la fin de l'ère révolutionnaire ne s'ensuive.

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1. Il est dit au Livre de la Sagesse (I, 14), sanabiles fecit nationes... « Toutes les créatures étaient saines dans leur origine : il n'y avait rien en elles de contagieux ni de mortel ; et le règne des enfers n'était point sur la terre ». (Traduction de D'Allioli). On traduit souvent : « Dieu a fait les nations guérissables ». Ce n'est point le sens. Le P. Bainvel, S. J., dans son livre Les Contresens bibliques, dit : « L'auteur inspiré veut montrer dans ce passage du Livre de la Sagesse que ni la mort, ni le mal physique ne sont l'œuvre de Dieu. Ils viennent du péché. » Moïse a dit aussi : « Tout ce que Dieu avait fait était bon » ; et nous voyons dans la Genèse que ce ne fut qu'après le péché que l'homme fut frappé de malédiction.

Nous ne sommes point tels que Dieu nous a faits. En chacun de nous, à toutes les heures de notre existence, il y a le résultat de l'œuvre de Dieu, de l'œuvre d'Adam et notre œuvre propre. Et il en est ainsi non seulement pour les individus, mais aussi pour les familles et pour les nations.

2. En mars 1905, le Times a publié une lettre de Tolstoï, « l'anarchiste chrétien », comme il se baptise lui-même, l'apôtre du christianisme nihiliste. Il y dénonce « l'activité malfaisante de tous les gouvernements existants : russe, américain, français, japonais ou britannique ». Et il conclut : « Tout homme raisonnable devra donc faire tous ses efforts nour s'affranchir de tout gouvernement ». C'est ce que disait Weishaupt, contemporain de J.-J. Rousseau. Il y a, depuis lors, continuité de doctrines et succession de révolutions nées de ces doctrines.


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VÉRITÉS SOCIALES ET ERREURS DÉMOCRATIQUES - Mgr DELASSUS - 1909 : https://archive.org/stream/veritessocialese00dela#page/n13/mode/2up

CHAPITRE I. — LE PRINCIPE DE TOUTES NOS ERREURS. - L'erreur-mère : l'homme naît bon. — Le Vatican lui a opposé la définition dogmatique de l'Immaculée Conception de Marie. — Aux erreurs-filles il a opposé le Syllabus.


Roger Boivin
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