Temps de Noël (2014)

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Message  gabrielle Jeu 25 Déc 2014, 7:00 am

SERMON SUR LA NATIVITÉ DE JÉSUS-CHRIST. (2014)

La grâce de Dieu notre Sauveur s'est manifestée à tous les hommes pour notre instruction, afin que, renonçant à l'impiété et aux convoitises du monde, nous vivions dans ce siècle selon les règles de la tempérance, de la justice et de la piété, attendant le bonheur qui est le terme de notre espérance. (Dans l’Epitre à Tite, chap. II, 11-13.)

Bourdaloue a écrit:C'est en ce jour qu'elle s'est montrée aux hommes, cette grâce de Dieu notre Sauveur ; et c'est dans l'adorable personne de Jésus-Christ naissant que se sont accomplies ces belles et consolantes paroles de l'Apôtre. Dans le mystère de l'incarnation divine, cette grâce du Sauveur est descendue sur la terre ; mais elle demeurait encore cachée dans le chaste sein de Marie, et ce n'est qu'en Bethléem et dans l'étable qu'elle s'est rendue visible par la sainte nativité de l’Enfant-Dieu qui nous l'apportait. Il est donc venu et il a paru au monde, ce Messie, ce désiré des nations : pourquoi? Pour nous instruire et pour nous donner la science du  salut. Science du salut dont avait parlé Zacharie, père de Jean-Baptiste, dans son admirable cantique, et que le divin précurseur devait lui-même enseigner au peuple de Dieu.

Science du salut, science suréminente, l'abrégé de  toutes  les sciences,  ou  plutôt  l'unique science qu'il nous importe d'acquérir et de bien apprendre. Science que saint Paul fait consister en deux choses : l'une d'éloigner de nous tous les obstacles du salut, et l'autre, de pratiquer toutes les œuvres du salut. Car ce sont là, dans la pensée du maître des Gentils, les deux importantes instructions que nous devons tirer de la naissance de Jésus-Christ. La grâce de Dieu notre Sauveur s'est manifestée à tous les hommes, afin que nous renoncions aux convoitises du monde et à ses désirs sensuels ; voilà les obstacles  du salut   dont un Dieu-Homme, et naissant parmi les hommes, nous apprend à nous dégager (…)

Cette même grâce de Dieu notre Sauveur s'est manifestée à tous les hommes, afin que nous vivions selon les règles de la tempérance, de la justice et de la piété ; voilà les œuvres du salut qu'un Dieu-Homme,  et naissant  parmi  les hommes, nous apprend à pratiquer (…)

Grandes et salutaires leçons où est renfermée toute la  sagesse évangélique et qui demandent toute notre étude et toute notre attention.

Premier point. — Obstacles du salut dont un Dieu-Homme, et naissant parmi les hommes, nous apprend à nous dégager. Ces obstacles sont les biens du monde, les honneurs du monde, les plaisirs du monde et l'attachement que nous y avons : je dis l'attachement que nous y avons, et c'est cet attachement que l'Apôtre appelle convoitises du siècle et désirs sensuels. L'expérience de tous les temps n'a fait que trop voir de combien de crimes ces malheureuses convoitises ont été la source, et combien d'âmes elles ont damnées, combien elles en damnent tous les jours. Or, c'est ce que le Fils de Dieu, dès sa naissance, nous apprend à retrancher de nos cœurs ; et c'est pour nous y porter avec plus d'efficace et plus de force, qu'il commence par nous en donner lui-même l'exemple le plus touchant.

En quel état naît-il? Dans un état de pauvreté, dans un état d'humiliation, dans un état de souffrance et de mortification. Lisons sur cela l'Évangile : tout y est remarquable. Pauvreté : la mère, qui se voit proche de son terme, cherche un lieu convenable pour se retirer ; mais son extrême indigence la fait refuser partout ; il ne lui reste qu'une étable : quelle demeure pour un Dieu et pour une mère de Dieu ! Quoi qu'il en soit, c'est là que Marie met au monde le Sauveur et le Roi du monde; c'est là qu'il commence à paraître.

Le lit où il repose, c'est la paille; son berceau, c'est une crèche ; ses vêtements, ce sont de misérables langes ; voilà son palais; voilà tous ses trésors, Humiliation : hors quelques pasteurs qui viennent lui rendre leurs hommages, nul ne le connaît, ni ne pense à lui. A la naissance des princes, la joie éclate de toutes parts, on célèbre leur nom ; les peuples, par des feux, des acclamations publiques, leur applaudissent: mais à l'égard de ce Dieu naissant, tout est dans le plus profond silence ; il est dans le monde comme s'il n'y était pas. Souffrance et mortification ; dans les ténèbres d'une nuit obscure, et au milieu de la plus rigoureuse saison, il se trouve exposé à toutes les injures du temps.

Quel soulagement peut-il recevoir de Joseph et de Marie? Toutes choses leur manquent, et ils n'ont point d'autres secours à lui donner que de s'attendrir à ses cris et de compatir à ses douleurs.

Est-ce donc ainsi que devait naître le libérateur d'Israël, le rédempteur des hommes, l'envoyé de Dieu ? Est-ce ainsi que la Synagogue l'attendait? Bien loin de cela, elle se promettait un Messie puissant selon le monde, grand selon le monde, comblé de tout le bonheur et de toute la gloire du monde : fausse espérance dont les Juifs s'étaient laissé prévenir. Mais ce n'est point là le plan que Dieu , dans le conseil de sa sagesse éternelle, s'était formé pour l'ouvrage de notre rédemption et pour son accomplissement ; il nous fallait un Sauveur qui nous enseignât la science du salut, et qui d'abord nous apprît à en lever tous les obstacles; qui, dis-je, nous l'apprît encore plus par ses exemples que par ses paroles, puisque les paroles sans les exemples perdent infiniment de leur vertu, et ne font pas, à beaucoup près, la même impression.

Par conséquent il nous fallait un Sauveur tel que nous l'avons, et tel qu'il se présente à nos yeux : un Sauveur pauvre, un Sauveur abject et humilié, un Sauveur souffrant et pénitent : pourquoi ? Afin qu'il pût nous dire avec plus d'autorité et d'une manière plus persuasive ce qu'il nous dit en effet de sa crèche : Malheur à vous, riches !  non point précisément parce que vous êtes riches, mais parce que, vous confiant dans ces richesses périssables que vous aimez, vous ne pensez point à ce souverain bien, à ce bien éternel que je viens vous promettre, et qui seul est digne de vos soins, dédaignant ainsi le pauvre.

Malheur à vous qui, pour vous élever et vous agrandir sur la terre, ambitionnez les premiers rangs et voulez occuper les premières places ! non point précisément que ce soit un crime de devenir grand et d'être grand ; mais parce qu'éblouis de cette grandeur humaine et passagère dont vous êtes si jaloux, vous oubliez la véritable grandeur où vous devez sans cesse aspirer, et qui est la gloire céleste et immortelle.

Malheur à vous qui vous réjouissez et qui trouvez votre consolation en cette vie ! Non point précisément que toute joie et toute consolation vous soit défendue, car il y en a d'innocentes et même de saintes; mais parce qu'enivrés des plaisirs sensuels qui vous corrompent, vous ne portez jamais vos vues vers la suprême béatitude où vous êtes appelés, et que vous ne prenez nulles mesures pour l'obtenir.


Solides enseignements du divin Maître qui, pour nous faire marcher avec plus d'assurance dans les voies du salut, nous en découvre les écueils. Il nous parle; mais l'entendons-nous? Voulons-nous l'entendre? Renoncer au monde, aux prospérités du monde, aux grandeurs du monde, au bonheur du monde: y renoncer, sinon d'effet, au moins de cœur, quel langage pour des mondains! Mais c'est le langage de Jésus-Christ, c'est son Évangile. Nous trompe-t-il? Veut-il nous tromper? Raisonnons comme il nous plaira : il faut, ou suivre ce guide qui vient nous conduire, et qui est la voie même, la vérité, la vie ; ou vivre et mourir dans un funeste égarement qui nous mène à la perdition.

Second point. — Œuvres du salut qu'un Dieu-Homme, et naissant parmi les hommes, nous apprend à pratiquer. L'Apôtre nous les a marquées dans ces paroles : Afin que nous vivions selon les règles de la tempérance, de la justice et de la piété. Œuvres, suivant l'explication de saint Bernard, œuvres de tempérance et d'une modération chrétienne par rapport à nous-mêmes, œuvres de justice et d'une charité chrétienne par rapport au prochain, œuvres de religion et d'une piété chrétienne par rapport à Dieu.

1° Œuvres de tempérance et d'une modération chrétienne par rapport à nous-mêmes. Ce devoir se réduit aux saintes violences qu'il en coûte pour se maintenir dans l'ordre et se bien gouverner en toutes choses ; pour garder une conduite toujours sage, droite, pure et régulière, selon la raison et selon l'esprit du christianisme. Car dans l'usage de la vie, combien y a-t-il pour cela de combats à livrer contre ses propres inclinations et ses propres sentiments? Combien de vivacités à réprimer, combien de mouvements impétueux à arrêter, combien de jugements particuliers à soumettre et à déposer, combien de répugnances à vaincre, de volontés à rompre, combien d'efforts à faire, soit pour agir, soit pour s'abstenir et pour souffrir? En un mot, combien de fois et sur combien de sujets faut-il, non-seulement renoncer au monde et à tous les objets extérieurs et sensibles, mais s'immoler soi-même, mais se dépouiller de soi-même, mais se renoncer soi-même ? Sans cela, bien loin de pouvoir posséder son âme et de savoir se régler, à quoi souvent ne s'échappe-t-on pas? À quelles extrémités ne se porte-t-on pas? En combien de rencontres ne s'oublie-t-on pas ?

Guerre évangélique dont cet enfant à qui nous rendons nos hommages comme à notre Dieu, et que nous adorons dans l'étable, lève, pour ainsi parler, aujourd'hui l'étendard ; guerre qu'il vient allumer sur la terre , et qu'il propose à tous ses disciples, ne les reconnaissant pour être à lui que par le renoncement à eux-mêmes ; guerre qui réforme tout l'homme , qui le tient continuellement en bride, qui redresse ses caprices, ses légèretés, ses humeurs; qui le garantit de tous les excès où l'ardeur de ses passions pourrait l'entraîner ; qui l'établit et l'affermit inébranlablement dans cette sobriété, pour user du terme de saint Paul, dans ce tempérament et ce milieu où réside la sagesse, et où les maîtres de la morale font consister la vertu ; guerre difficile, il est vrai ; mais il y va du salut. Or un Dieu descendu de sa gloire, un Dieu fait chair et sujet à toutes nos infirmités, un Dieu né dans la misère et anéanti pour ce salut même dont le soin nous est confié, ne nous donne-t-il pas assez à entendre quelle en est l'importance, et que, dans une affaire d'une telle conséquence, il n'y a rien à ménager?

2° Œuvres de justice et d'une charité chrétienne par rapport au prochain. De justice : rendant à chacun ce qui lui est dû, et ne refusant rien à personne de tout ce qui lui appartient. De charité : ajoutant au devoir la bonne volonté, l'inclination à faire du bien, le désir d'obliger et de faire des grâces, la patience dans les injures, et une prompte disposition à pardonner. Contemplons notre modèle, et observons-y tous ces traits, pour les former en nous et pour les imiter.

Il naît, ce roi du monde, et il naît dans l'exercice actuel de la justice la plus exacte, par l'hommage qu'il rend aux puissances du siècle, quoique païennes et ennemies de sa loi. Si Marie, toute enceinte qu'elle était, a quitté Nazareth et s'est transportée à Bethléem, c'est pour se soumettre à l'édit d'Auguste César , qui ordonne qu'on dresse un état de l'empire, et que tous sans exception aillent se faire inscrire, chacun dans la ville dont il est originaire : voilà pourquoi cette mère vierge s'expose , elle et l'enfant qu'elle porte, à toutes les fatigues d'un pénible voyage, et aux rudes épreuves qu'elle a à soutenir dans une bourgade où elle est regardée et traitée comme étrangère. Elle obéit, elle pratique par avance et fait pratiquer à son Fils cette grande maxime qu'il doit un jour prêcher lui-même : Rendez à César ce qui est à César ; tant les droits du prochain sont inviolables, et tant devons-nous les respecter, de quelque nature qu'ils soient et en qui que ce puisse être.

Ce n'est pas tout : il naît cet aimable et adorable Sauveur, et c'est par un effet de la charité la plus ardente et la plus désintéressée, c'est pour nous délivrer de la mort c'est pour nous combler de ses biens, nous, indignes et viles créatures, nous pécheurs et ennemis de son Père. Comptons après cela le peu que nous faisons pour nos frères ; car qu'est-ce que notre charité, et en quoi se montre-t-elle? Où sont ses largesses ? Où sont ses soins prévenants et bienfaisants? Que donne-t-elle ? Que supporte-t-elle ? Que remet-elle? Toutefois un des caractères les plus marqués du christianisme, et par conséquent une des vertus les plus nécessaires au salut, c'est la charité.

3° Œuvres de religion et d'une piété chrétienne par rapport à Dieu. Voilà le point capital, et c'est là que tout doit tendre : c'est, dis-je, à la gloire et au culte de Dieu. Aussi est-ce l'essentiel et dernière fin de l'avènement du médiateur qui nous est né. En entrant dans le monde, que dit-il au Père tout-puissant qui l'envoie? Écoutons l'Apôtre, et voyons comme il le fait parler : Vous n'avez pas voulu, Seigneur, du sang des taureaux et des boucs ; vous ne vous êtes point contenté de ces oblations et de ces victimes ; mais vous m'avez formé un corps; et dans ce corps me voici, mon Dieu, je viens faire votre volonté, selon qu’il est écrit de moi.

C'est par la transgression de cette volonté divine que votre gloire a été blessée, et je viens la réparer ; je viens vous honorer, autant que le mérite votre être suprême. Ainsi, en effet, vient-il glorifier le Dieu vivant, ce Fils unique de Dieu ; il s'abaisse à tout pour cela, il se soumet à tout; mais nous, ce même Dieu à qui nous assujettit une dépendance encore plus naturelle et plus entière, en quoi le glorifions-nous ?est-ce dans nos sentiments, est-ce dans nos paroles, est-ce dans nos actions? Quels actes de religion, quels exercices de piété pratiquons-nous ? Ou, si nous les pratiquons, comment les pratiquons-nous ? Devoirs indispensables, mais qu'on abandonne absolument, ou dont on ne s'acquitte qu'imparfaitement; on s'en fait une gêne, une servitude, un fardeau. A qui donc offrons-nous notre encens? À qui le devons-nous? Aux hommes ou à Dieu?

Or ce qui appartient à Dieu, c'est l'honneur ; et l'honneur de Dieu, c'est que nous le servions, que nous l'adorions, que nous observions sa loi, que nous révérions ses mystères, que nous soyons assidus à chanter ses louanges, à célébrer ses grandeurs, à invoquer son nom, à entendre sa parole,(…), à fuir tout le mal qu'il nous défend , et à ne rien omettre de tout le bien qu'il nous commande. Reprenons tout ce discours, et concluons. Nous avons appris de Jésus-Christ naissant la science du salut, ou nous avons dû l'apprendre ; nous savons quels sont les obstacles du salut, quelles sont les œuvres du salut. Joignons à ces connaissances la pratique : c'est tout ce qui manque à l'ouvrage de notre rédemption, qu'il ne tient qu'à nous, avec la grâce du Sauveur, d'achever et de consommer.  

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Message  ROBERT. Jeu 25 Déc 2014, 9:28 am

gabrielle a écrit:
SERMON SUR LA NATIVITÉ DE JÉSUS-CHRIST. (2014)

Bourdaloue a écrit:  
...fuir tout le mal qu'il nous défend, et à ne rien omettre de tout le bien qu'il nous commande.
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Message  gabrielle Dim 28 Déc 2014, 7:28 am

Dimanche dans l'Octave  de la Nativité

Sermon de saint Léon, Pape.

La grandeur des œuvres divines est, mes très chers frères, bien au-dessus des ressources de l’éloquence humaine, et la difficulté de s’exprimer vient ici de la raison même qui nous défend de garder le silence ; car ces paroles du Prophète : « Qui racontera sa génération ? » se doivent entendre non seulement de la divine essence de Jésus-Christ, mais aussi de la nature humaine qui est en lui. Si la foi ne croit que ces deux natures sont unies dans une seule personne, la parole ne peut l’expliquer. Aussi ce sujet de louanges est-il intarissable, parce que le talent de celui qui loue reste toujours insuffisant.  

Réjouissons-nous de l’impuissance où nous sommes de parler dignement de ce grand mystère de miséricorde ; et, si nous ne pouvons bien pénétrer la profondeur des mystères de notre rédemption, estimons-nous heureux d’être vaincus par l’immensité d’un tel bienfait. Personne, en effet, n’approche plus de la connaissance de la vérité que celui qui comprend que, dans les choses divines, lors même qu’on avance beaucoup, il reste toujours beaucoup à chercher. Car celui qui a la présomption de croire être parvenu où il tendait, n’a pas trouvé ce qu’il cherchait : il n’a fait que s’arrêter dans ses recherches.

Cependant, ne nous laissons pas troubler à la pensée des limites étroites dans lesquelles nous resserre notre faiblesse. Les paroles de l’Évangile et des Prophètes viennent à notre secours : éclairés par leur lumière, nous apprenons à considérer la Nativité du Seigneur, ce mystère du Verbe fait chair, moins comme le souvenir d’un événement passé, que comme un fait qui se passe sous nos yeux. En effet, ce que l’Ange vint annoncer aux pasteurs qui veillaient à la garde de leurs troupeaux, nous l’avons entendu nous-mêmes. Nous sommes en ce moment à la tête des ouailles du Seigneur, parce que nous conservons au fond de notre cœur les paroles qui ont été dites de la part de Dieu ; c’est comme si l’on nous disait encore, en la solennité d’aujourd’hui : « Je vous apporte la bonne nouvelle d’une grande joie pour tout le peuple : c’est qu’il vous est né aujourd’hui, dans la dans la ville de David, un Sauveur, qui est le Christ et le Seigneur. »

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Message  gabrielle Jeu 01 Jan 2015, 6:45 am

LA CIRCONCISION DE JÉSUS-CHRIST.

Bourdaloue a écrit: Il fallait que Jésus-Christ, pour être parfaitement Sauveur, non-seulement en fit lui-même la fonction, mais qu'il nous apprit quelle devait être, pour l'accomplissement de ce grand ouvrage, notre coopération. Or, dans ce mystère, il s'est admirablement acquitté de ces deux devoirs. Il a commencé à nous sauver par l'obéissance qu'il a rendue à la loi de l'ancienne circoncision, qui était la circoncision de la chair ; et il nous a donné un moyen sûr pour nous aider nous-mêmes à nous sauver, par la loi qu'il a établie de la circoncision nouvelle, qui est la circoncision du cœur .

(…) c'est en se soumettant à la circoncision de l'ancienne loi, que le Fils de Dieu s'est montré véritablement Sauveur; et c'est, à proprement parler, dans le mystère de ce jour qu'il a commencé à en exercer l'office : écoutez-en les preuves. Car au moment qu'il fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire pour pouvoir être la victime du péché. Au moment qu'il fut circoncis, il offrit à Dieu les prémices de son sang adorable, qui devait être le remède du péché. Au moment qu'il fut circoncis, et en vertu de sa circoncision, il s'engagea à répandre ce même sang plus abondamment sur la croix, pour la réparation entière du péché. Trois choses à quoi la rédemption du monde était attachée, et dont la foi nous assure que le salut des hommes dépendait. Trois raisons solides, que je vous prie d'approfondir avec moi, et qui vont vous faire comprendre, mais d'une manière sensible, sur quoi est fondée cette mystérieuse liaison qui se rencontre entre la circoncision de l'enfant et l'imposition du nom de Jésus.

Au moment que le Fils de Dieu fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire pour pouvoir être la victime du péché, et par conséquent pour être parfaitement Sauveur : car, pour sauver l'homme tombé dans la disgrâce de son Dieu, il fallait satisfaire à Dieu dans toute la rigueur de la justice : Dieu le voulait ainsi, et c'est un point de religion qui ne peut être contesté. Pour offrir à Dieu cette satisfaction rigoureuse, il fallait un sujet capable de souffrir et de mourir; la croix et la mort étaient les moyens choisis pour cela dans le conseil de la Sagesse éternelle : toutes les Écritures nous l'enseignent. Pour être capable de souffrir et de mourir, il fallait au moins avoir la marque du péché; la chose est évidente, et c'est sur quoi roule toute la théologie de saint Paul. Cette marque du péché ne devait être imprimée sur la chair innocente de Jésus-Christ que par sa sainte circoncision ; et en effet, la circoncision, quelque sainte que nous la concevions dans la personne du Sauveur, était en soi, et selon l'institution divine, le sacrement et le sceau de la justification des pécheurs. Que s'ensuit-il de là? vous prévenez déjà ma pensée : il s'ensuit qu'avant que Jésus-Christ fût circoncis, il lui manquait, pour ainsi dire, une condition sans laquelle il ne pouvait pas encore être la victime de ce sacrifice sanglant et douloureux que Dieu exigeait pour notre rédemption.

Cette condition, c'est-à-dire ce pouvoir prochain d'être immolé comme victime pour nos péchés, était la suite du mystère de sa circoncision

(…)Lorsque le temps de la circoncision de l'enfant fut venu, et qu'en effet on l'eut circoncis, on lui donna le nom de Jésus. Comme si l'évangéliste nous disait : Jusque-là, quelque perfection et quelque mérite qu'il eût, il ne portait pas encore ce nom, parce qu'il n'avait pas encore tout ce qui lui était nécessaire pour être actuellement Sauveur; mais après la circoncision il eut droit d'être appelé Sauveur, parce qu'il ne lui manquait plus rien pour l'être. Donnons à cette vérité plus d'étendue et plus de jour.

Pour sauver des pécheurs et des coupables il fallait un juste; mais un juste, dit saint Augustin, sur qui pût tomber la malédiction que traîne après soi le péché, et le châtiment qui lui est dû. Or, ce juste, c'était Jésus-Christ : il ne devait pas être pécheur; comme pécheur, il eût été rejeté de Dieu : il ne suffisait pas qu'il fût juste; comme juste, il n'aurait pu être l'objet des vengeances de Dieu : mais en qualité de médiateur, il devait, quoique exempt de péché, et quoique impeccable même, tenir une espèce de milieu entre l'innocence et le péché; et ce milieu entre l'innocence et le péché, ajoute saint Augustin, c'était qu'il eût la marque du péché. Ainsi il fallait que Jésus-Christ fût juste en vérité, et pécheur en apparence : juste en vérité, pour pouvoir justifier les hommes; et pécheur en apparence,  pour pouvoir attirer sur soi  les châtiments   de Dieu.   Car Dieu, tout irrité qu'il était contre les hommes, ne pouvait s'en   prendre à Jésus-Christ, tandis qu'il ne voyait en lui que justice et que sainteté ; et cette irrépréhensible sainteté de Jésus-Christ, quelque désir qu'il eût d'expier nos crimes, le rendait incapable d'en subir pour nous la peine.

Que fait-il donc? il prend la forme de pécheur, et par là il se met en état d'être sacrifié pour les pécheurs; car c'est pour cela, dit saint Paul, que Dieu l'a envoyé revêtu d'une chair semblable à celle du péché.  En effet, comme raisonnait saint Augustin, l'Apôtre ne dit pas précisément que Dieu a envoyé son Fils avec la ressemblance de la chair ; il s'ensuivrait que Jésus-Christ n'aurait pas été vraiment homme, et cela seul saperait le fondement de tout le christianisme : mais il dit que Dieu l'a envoyé avec une chair semblable à celle du péché ; pour marquer que la chair de Jésus-Christ a eu l'apparence et la marque du péché, sans avoir jamais contracté la tache du péché ; et c'est ce que nous faisons profession de croire. Il n'en fallait pas davantage , reprend saint Augustin, afin que Jésus-Christ fût en état de souffrir pour nous ; car il y a, dit ce saint docteur, entre Dieu et le péché une telle opposition, que l'apparence seule du péché a suffi pour obliger Dieu à n'épargner pas même le Saint des saints, et pour le déterminer à exécuter sur la chair innocente de Jésus-Christ l'arrêt de notre condamnation.

Oui, mes Frères, parce que ce Dieu-Homme est couvert de l'ombre de nos iniquités, Dieu le livrera à la mort, et à la mort de la croix; et parce qu'il a consenti à paraître criminel, il sera traité comme s'il l'était. Vous diriez, à entendre parler l'Écriture, que Jésus-Christ, en conséquence de ce mystère, ait été non-seulement pécheur, mais le péché même, parce qu'il en a pris le caractère et la marque. Ce sont les termes de saint Paul, qui, pris à la lettre, pourraient nous scandaliser ; mais qui, dans le sens orthodoxe, expriment une des vérités les plus chrétiennes et les plus édifiantes. Celui qui ne connaissait point le péché, a été fait péché pour nous ; c'est-à-dire, celui qui ne connaissait point le péché a paru devant Dieu comme s'il eût été lui-même le péché, et a été traité de Dieu comme le péché même subsistant eût pu mériter de l'être (…)

Or, dans quel moment de la vie du Sauveur cette étonnante proposition fut-elle exactement et spécialement vérifiée, et quand peut-on dire que Jésus-Christ s'est pour la première fois présenté aux yeux de son Père, comme s'il eût été le péché même? Au moment de sa circoncision : je m'explique. Dès sa naissance il était homme; mais il n'avait rien encore alors de commun avec les pécheurs. Son incarnation, l'œuvre par excellence du Saint-Esprit, sa génération dans le sein d'une vierge toujours vierge, son entrée miraculeuse dans le monde, tout cela l’éloignait des moindres apparences du péché.

Mais aujourd'hui, dit saint Bernard, qu'il se soumet à la loi de la circoncision, cette loi n'ayant été faite que pour les pécheurs, il paraît pécheur. Le voilà donc dans l'état où Dieu le voulait pour l'immoler à sa justice. Avant qu'il subît cette loi, Dieu offensé cherchait une victime pour se satisfaire, et il n'en trouvait point (…) : Sur qui déchargerai-je ma colère, et sur qui dois-je frapper? Sur les coupables qui sont les pécheurs? quand je les aurais tous anéantis, ma gloire n'en serait pas réparée. Sur ce juste qui vient de naître dans l'obscurité d'une étable? c'est mon Fils bien-aimé, en qui je me plais souverainement, et en qui par la même je n'aperçois rien qui puisse mériter ma vengeance.

Voilà, mon Dieu, où votre justice en était réduite ; et jusques à l'accomplissement de ce mystère, il n'y avait point encore de Jésus qui pût être pour nos péchés l'hostie de propitiation que vous demandiez. Le Messie qui venait de paraître au monde, pour être trop saint, n'était pas encore en état d'être pour nous un sujet de malédiction (…)  et pour être trop digne de votre amour, il ne pouvait encore ni ressentir, ni apaiser votre juste courroux : mais maintenant qu'il porte, comme circoncis, la marque du péché, souffrez, Seigneur, que nous vous le disions avec confiance, nous avons enfin un Sauveur. Vous demandez sur qui vous frapperez pour vous venger (…)

C'est sur ce divin enfant : car il a désormais tout ce qu'il faut, et tout ce que vous pouvez désirer pour tirer de lui et pour vous donner à vous-même une satisfaction entière. Il a la forme d'un pécheur pour éprouver la rigueur de vos jugements, et il a la sainteté d'un Dieu pour mériter vos miséricordes : en faut-il davantage pour nous sauver? Vengez-vous donc, ô mon Dieu ! pourrais-je ajouter avec respect; vengez-vous aux dépens de la chair de cet agneau, qui devient aujourd'hui semblable à la chair du péché, et qui, par cette ressemblance même, se trouve en état d'être la précieuse matière de ce grand sacrifice, qui doit détruire le péché. C'est ainsi que le Fils de Dieu se met, en voulant être circoncis, dans la disposition prochaine et nécessaire pour sauver les hommes.

Mais en demeure-t-il là ? Non, sa charité va plus avant : il ne se contente pas d'être en état de nous sauver; il veut dès aujourd'hui en faire l'essai, et dans sa circoncision il en trouve le moyen. Comment cela? En offrant à Dieu les prémices de son sang, qui devait être le prix de notre salut. Il est vrai, disent les théologiens, que la moindre action du Fils de Dieu, eu égard à la dignité de sa personne, pouvait suffire pour nous racheter : mais dans l'ordre des décrets divins, et de cette rigide satisfaction à laquelle il s'était soumis, il fallait qu'il lui en coûtât du sang.

Ainsi était-il arrêté, dans le conseil de Dieu, que ce serait lui qui pacifierait par son sang le ciel et la terre, lui qui par son sang nous réconcilierait avec son Père (…) et que ce traité de paix entre Dieu et nous ne commencerait à être ratifié que quand le sang du Rédempteur aurait commencé a couler : d'où vient que lui-même il l'appelait le sang de la nouvelle alliance (…) et que le sang de Jésus-Christ aurait seul la vertu de nous purifier et de nous laver (…)  Ainsi la foi nous apprend-elle que l'Église, comme épouse du Dieu Sauveur, devait lui appartenir par droit de conquête ; mais que ce droit ne serait fondé que sur l'acquisition qu'il en aurait faite par son sang (…)

Or c'est ici que la condition s'exécute ; et quand je vois, sous le couteau de la circoncision, ce Dieu naissant, je puis vous dire bien mieux que Moïse : Voici le sang du testament et de l'alliance que Dieu a faite en votre faveur. C'est donc proprement en ce jour que commence la rédemption du monde, et que le Fils de Dieu prend possession de sa qualité   de  Sauveur, puisque   c'est en ce jour qu'il en fait les premières fonctions, et qu'il entre dans le sanctuaire, non plus avec le sang des boucs et des taureaux , mais avec son propre sang (…)

Concluons, après saint Bernard, que c'est donc avec justice que le nom de Jésus lui est donné. Ah ! dit ce Père, nous ne devons pas considérer ce Sauveur comme les autres : car mon Jésus n'est pas semblable à ces anciens sauveurs du peuple de Dieu, et ce n'est pas en vain qu'il porte ce nom (…) Quand les princes naissent sur la terre, nous les appelons rois, monarques, souverains ; mais ce sont des titres pour signifier ce qui doit être un jour, et non pas ce qui est. Bien loin d'être en état de gouverner les peuples, ils ne sont pas encore en état de se connaître ; et dans cet âge tendre et sans expérience, leur faiblesse les réduit à se laisser conduire par leurs propres sujets, avant qu'ils puissent les conduire eux-mêmes.

Mais Jésus-Christ ne commence à prendre la qualité de Sauveur qu'au moment qu'il commence à en faire l'exercice(…)   Il n'est pas plutôt né, qu'il se livre pour le salut des siens, et pour s'acquérir un nom immortel, qui est le nom de Jésus. N'est- ce pas pour cela,  que ce nom lui a été si cher, et que, dans la pensée de saint Jérôme, il lui a tenu lieu d'une récompense proportionnée à toutes les humiliations de sa circoncision et à tous les travaux de sa vie? N'est-ce pas pour cela qu'il l'a porté sur la croix comme un diadème d'honneur, et qu'ayant souffert que les Juifs lui refusassent devant Pilate le titre de roi, il ne permit jamais qu'ils lui contestassent le nom de Jésus? N'est-ce pas pour cela qu'il a fait publier par toute la terre ce saint nom, ce grand nom, cet auguste nom ? N'est-ce pas, dis-je, parce qu'il n'est rien de plus naturel que de se glorifier des noms qu'on s'est acquis par sa vertu, plutôt que de ceux qu'on tient du hasard, ou du bonheur de la naissance? Or l’Homme-Dieu n'a possédé le nom de Jésus que par titre de conquête : il l'a mérité en sauvant les pécheurs, et il commença à les sauver en voulant répandre son sang et subir la loi de la circoncision.

Mais quoi, mon Dieu, y avait-il donc pour vous tant de gloire à racheter de vils esclaves? trouviez-vous tant de grandeur à vous abaisser si profondément pour eux, et des hommes valaient-ils un sang aussi précieux que le vôtre ? Mes chers frèrs, (…) voilà ce que valait votre âme, et ce qu'elle valait au jugement même de votre Dieu : c'est ainsi qu'il l'a estimée ; et en donnant son sang pour elle, il n'a pas cru trop donner; car son amour, tout libéral qu'il est, n'est pas prodigue. Toujours dirigé par sa sagesse, il conforme les moyens à  la fin ; et puisqu'un Dieu souffre déjà pour votre salut, il faut que votre salut soit le juste prix des souffrances d'un Dieu. Or, mes Frères, est-ce là l'estime que vous en faites vous-mêmes? est-ce de la sorte que vous en jugez? Saint Augustin disait : Voyez ce que votre âme, ou plutôt ce que le salut de votre âme a coûté au Dieu sauveur!

Voyez en combien de rencontres vous l'avez sacrifié, ce salut; en combien de rencontres vous le sacrifiez tous les jours à un vain intérêt, à un plaisir profane, et même si abominable; et de là tirez, à votre confusion, cette triste conséquence, que le premier de tous les biens, le souverain bien, est de tous les biens le plus méprisé. Car si vous l'estimez, je ne dis pas autant qu'il le mérite, puisqu'il est au-dessus de toutes nos vues, et que Dieu seul en peut connaître tout le prix, mais du moins autant que vous le pouvez et que vous le devez, pourquoi l'oubliez-vous, pourquoi l'exposez-vous, pourquoi y renoncez-vous si aisément ?

D'où vient que donnant tout au monde, et faisant tout pour des affaires temporelles, vous ne faites rien pour celle-ci ; que vous  ne voulez presque jamais en entendre parler ; que vous craignez ceux à qui le zèle inspire   de   vous   en représenter  les conséquences, et de vous y faire penser (…) ; Ah ! quelle opposition entre ce Dieu circoncis et nous, et en cela même quel aveuglement de notre part, et quel renversement! Il fait sa gloire et son plus bel emploi de nous sauver; et nous nous faisons un jeu de nous perdre. Lui était-il donc plus important d'être Sauveur, qu'il ne nous importe d'être sauvés ? S'il est Sauveur, est-ce pour lui? et si nous sommes sauvés, n'est-ce pas pour nous-mêmes? Sans être Sauveur, en eût-il été moins heureux, en eût-il été moins Dieu ? et sans être sauvés, que pouvons-nous être, et quel anathème doit tomber sur nous?

http://deojuvante.forumactif.org/t629-la-circoncision#8293
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Message  gabrielle Dim 04 Jan 2015, 6:41 am

Dimanche 4 janvier 2015

SERMON SUR LE SAINT NOM DE JESUS.

Qu'au nom de Jésus, tout genou fléchisse dans le ciel, sur la terre et dans les enfers
.

Il est un nom saint et terrible, connu du couchant à l'aurore, et qui est une source de salut pour tous ceux qui l'invoquent; un nom qui donne au cœur les plus délicieuses consolations, et qui est plus doux que le miel le plus suave. Les chants les plus harmonieux, les pensées les plus aimables, les sentiments les plus affectueux ne sauraient lui être comparés.

Ce nom est l'espérance des pénitents, la consolation des affligés, le refuge des pécheurs, et le bonheur le plus parfait pour ceux qui le trouvent. La langue ne saurait dire, ni la lettre exprimer ce que c'est que de l'aimer. Ce nom divin réjouit les anges et les saints qui sont au ciel ; toutes les harpes des chérubins et des séraphins frémissent en le nommant, et la cour céleste tombe à genoux devant lui ; la terre tressaille, toutes les créatures sont saisies d'un noble enthousiasme et s'écrient qu'il est grand, qu'il est admirable le nom de Jésus. A ce nom, l'enfer tremble, les démons frémissent d'épouvante et prennent la fuite à la hâte et en désordre.

Vous l'avez compris, ce nom si puissant et si grand est le nom de Jésus fils du Dieu vivant. Nom admirable qu'on ne saurait assez aimer et adorer. Quand il est dans nos cœurs, la vérité y brille dans toute sa splendeur, la terre ne leur offre que des frivolités et des chimères, et la charité les embrase de ses chastes ardeurs. Oh ! puissions-nous comprendre toute l'efficacité de ce nom divin et tout l'amour dont il brûle pour nous nuit et jour, et dont il brûlera jusqu'à la fin des siècles. Je viens donc aujourd'hui, vous dire quelques mots sur le nom de Jésus, et pour comprendre tout ce qu'il renferme de grandeur, nous dirons qu'il est aimable et admirable tout a la fois, par sa vertu et par son efficacité, par sa dignité et par sa piété.

Vierge Marie, que vous dûtes être heureuse le jour où ce nom divin retentit pour la première fois à vos oreilles! Accordez-nous aujourd'hui la faveur de l'aimer et de le craindre, et d'en comprendre l'étendue, l'immensité et la profondeur..

Quelle est la vertu ou la puissance du nom de Jésus? Saint Bernard nous en indique trois principales : il brille, il nourrit, il aime.  Il brille et il éclaire. Avant la connaissance de ce nom divin, tous les peuples étaient plongés dans les ténèbres les plus profondes. L'ignorance était devenue le triste partage de l'humanité, point de notion exacte sur Dieu, sur la chute de l'homme, sur le mystère de sa régénération, sur l'âme et sur sa destinée à la vie future; point de notion exacte sur le monde physique, ni sur les éléments qui le composent; c'était partout le hasard et la fatalité. Mais au moment où le nom de Jésus fut connu, une vive lumière brilla sur les peuples, et toutes les ténèbres de l'ignorance disparurent comme les étoiles en présence du soleil.

L'humanité connut les devoirs et les destinées immortelles qui lui étaient échues par le mystère de la réparation. Elle eut des idées exactes sur Dieu et sur son verbe, sur l'homme et ses augustes privilèges, sur la création et ses splendides merveilles. C'est la vertu de ce nom divin qu'annonçait le prophète Isaïe quand il s'écriait : Jérusalem, lève-toi; car ta lumière est venue, et la gloire du Seigneur s'est levée sur ta tête. Les ténèbres couvriront la terre, et les peuples seront plongés dans leurs profondeurs, mais le Seigneur s'élèvera et sa gloire sera vue en toi. Les nations marcheront au flambeau de cette vive lumière, et les rois à la splendeur de son aurore. Lève tes yeux et considère cette foule de peuples qui sont réunis et qui viendront de loin pour le contempler. Encore une fois, lève-toi et sois éclairée, ô Jérusalem.

En second lieu, le nom de Jésus est une nourriture.  Ce n'est point la manne matérielle du désert du Sinaï, mais une nourriture spirituelle qui rassasie tous ceux qui ont faim. Est-ce que, dit saint Bernard, le souvenir seul de ce nom divin n'est pas pour vous un principe de forces? N'est-ce pas lui qui répare nos sens affaiblis par de pénibles labeurs, et peut-être, hélas! par des passions funestes? N'est-ce pas lui qui corrobore les vertus chrétiennes, et qui nous donne le courage de les pratiquer? N'est-ce pas lui qui fait fleurir les bonnes mœurs, et qui réchauffe les plus chastes affections? Aussi  qu'elle est aride l'âme, et qu'elle est grande son insensibilité, si le nom de Jésus ne vient point la réjouir de sa douceur ineffable! C'est cette nourriture divine donnée par le nom de Jésus que chantait dans ses extases le roi-prophète. Je louerai votre nom, Seigneur, et je le proclamerai par une confession publique. Je me réjouirai et je tressaillirai d'allégresse en lui ; que votre nom soit béni, Ô Dieu de nos pères, qui dans votre colère n'avez point oublié vos miséricordes. C'est votre nom seul qui opère des prodiges; qu'il soit donc béni en tous lieux ! Qu'ils espèrent en vous ceux qui ont connu votre nom, et vous n'abandonnez jamais ceux qui ont recours à lui.

Voulez-vous donc rassasier votre âme? Invoquez le nom de Jésus, et toutes les vertus viendront affluer en elle, comme un torrent impétueux et rapide. La foi avec sa grandeur et sa puissance, l'espérance avec ses saintes consolations et ses chastes douceurs, la charité avec ses tendres affections et ses ineffables ardeurs, la sagesse avec ses conseils et ses enseignements salutaires, la chasteté avec ses attraits et ses charmes divins. Tous les biens vous arriveront avec ce nom divin.

Troisièmement enfin, le nom de Jésus guérit toute blessure.  Quelqu'un dit saint Bernard, est-il plongé dans les angoisses de la tristesse? que le nom de Jésus vienne dans son cœur, et il sera soulagé de ses afflictions. Quelqu'un tombe-t-il dans le crime, et est-il sur le point de s'abandonner au désespoir? qu'il invoque le nom de la vie, et aussitôt il entreverra la lumière qui l'empêchera de mourir. Quelqu'un chancelle-t-il dans ses voies? Au nom de Jésus de Nazareth, qu'il marche, et soudain il sera consolidé sur ses bases.

0 vous donc  qu'un cortège de souffrances accompagne dans votre triste exil, invoquez le nom de Jésus et vous serez allégés dans vos douleurs et dans vos peines. Mères, qui avez perdu votre enfant bien-aimé, et qui ne pouvez trouver de consolations dans vos angoisses, invoquez le nom de Jésus, et votre cœur flétri parla tristesse renaîtra à l'espérance et à la vie. Épouses, qui avez perdu vos époux, et qui, plongées dans les douleurs d'un triste veuvage, ne retrouvez partout que le souvenir déchirant de l'objet que la mort vous a ravi, invoquez le nom de Jésus, et ce nom divin cicatrisera votre large blessure. Pécheurs, qui avez perdu la grâce de Dieu, et pour qui l'iniquité est devenue peut-être un breuvage et une nourriture quotidienne, invoquez le nom de Jésus, et dès lors vous accuserez le vice de folie, et vous direz à la face du siècle, pourquoi me trompez-vous? Vous tous enfin, qui que vous soyez, riches ou pauvres, justes ou pécheurs, invoquez ce nom tout aimable et vous retrouverez le calme et la paix.

Mais ce n'est pas seulement comme vertu et puissance que le nom de Jésus est admirable et aimable, c'est encore comme efficacité. Quand on l'invoque, on est toujours certain d'arriver à la victoire, car c'est l'étendard  fameux sur lequel il est écrit : Par ce signe tu vaincras.  Il est surtout efficace pour les combats que nous devons livrer à l'enfer et au monde.

Ce n'est pas, vous le savez, une faible victoire que celle que nous devons remporter sur le monde; que de sacrifices pour arriver à ce triomphe ! Il faut fouler aux pieds l'attrait de ses plaisirs et de ses fêtes, fuir ses assemblées tumultueuses et bruyantes, ses sociétés profanes et toujours dangereuses pour le salut ; il faut mépriser ses richesses éphémères et frivoles, ses honneurs et ses dignités qui entraînent tant d'hommes à leur perte en leur faisant mépriser leur Dieu, leur âme et leur éternité ; il faut regarder comme de la boue la gloire qu'il promet à ses partisans, cette indépendance et cette liberté qui réveillent tous les sentiments et parfois les passions les plus coupables; encore une fois, quels sacrifices et quels efforts? Mais aussitôt qu'on invoque le nom de Jésus avec le respect qui lui est dû, soudain le monde est terrassé et vaincu ; ses plaisirs, ses fêtes deviennent impuissants; ses théâtres sont abandonnés; ses danses sont traitées de folie et de scandale ; en vain il fait briller l'or et les pierres précieuses, en vain il déploie toute la pompe de ses dignités et de ses honneurs, tout est réputé vil et méprisable, car le nom de Jésus est toujours efficace pour la victoire. Bénissons-le donc, ce nom admirable et tout-puissant, et qu'il vive de génération en génération. Chantez un cantique au Seigneur, s'écriait le roi David et annoncez de jour en jour le salut que renferme son nom tout-puissant. J'ai trouvé la tribulation et la douleur, et dès lors j'ai invoqué le nom du Seigneur; le nom du Seigneur est une tour très-forte, j'ai espéré en lui et il m'a prêté son secours,.

L'enfer n'est pas un ennemi moins terrible pour nous que le monde. Vous savez qu'il n'est point d'âge, de sexe ni de condition qui puisse échapper à sa triste influence. L'enfant dans le sein de sa mère est même sujet à ses lois, puisque nous portons tous en naissant, sur notre front, les stigmates du péché de notre origine. Il présente à la jeunesse la coupe empoisonnée de tous les plaisirs et de toutes les passions, et la précipite souvent dans le désordre et les abominations les plus sacrilèges; à l'âge mûr, la séduction de l'égoïsme et de l'ambition, le charme des honneurs et des dignités les plus éminentes et finit presque toujours par lui faire oublier son salut et son Dieu ; il trompe la vieillesse en lui faisant poursuivre un avenir qui lui échappe à mesure qu'elle s'avance sur la tombe, et lui fait perdre la couronne de gloire qui l'attendait au ciel. Le démon!  ah ! dit l'apôtre, il rôde sans cesse autour de nous comme un lion rugissant pour nous dévorer, et il n'est satisfait que lorsqu'il a saisi sa proie pour ne plus la laisser échapper !

Mais au seul nom de Jésus, l'enfer frémit, tremble et se concentre en rugissant jusqu'au plus profond des abimes. Parce nom divin, l'enfance respire à l'aise dans des doctrines les plus pures et les plus saintes, la jeunesse se plaît à vivre à l'ombre du Dieu des vertus, l'homme brise avec l'égoïsme et l'ambition, et le vieillard retrouve son énergie pour l'immolation et les sacrifices. Par le nom de Jésus, toutes les armes de Satan s'émoussent, l'orgueil avec ses débordements et ses épouvantables ravages, l'ambition avec ses richesses éphémères, et ses biens mal acquis, la volupté avec la coupe empoisonnée de ses plaisirs trompeurs et de ses voluptés criminelles, l'envie avec ses airs sombres et désespérants, l'immortification avec sa sensualité et ses révoltantes orgies, la colère avec ses emportements et ses désordres funestes; l'indifférence, enfin, avec sa lâcheté et ses omissions coupables.  Car ce nom est pour l'homme le casque du salut, le bouclier de là foi et la cuirasse de la charité; quiconque l'invoque est sauvé.
Extrait de
La doctrine Catholique expliqué
Pour toutes les époques de l'année chrétienne
Abbé. A Vidal.
1860


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Temps de Noël (2014) Empty Épiphanie du Seigneur (2015)

Message  gabrielle Mar 06 Jan 2015, 7:58 am

ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR

Sermon de saint Léon, Pape.

« Réjouissez-vous dans le Seigneur, mes bien-aimés, je le dis encore, réjouissez-vous » ; puisque peu de temps après la solennité de la Nativité de Jésus-Christ, la fête de sa manifestation brille à son tour : et celui que la Vierge a enfanté le vingt-cinq décembre, le monde l’a reconnu aujourd’hui. Le Verbe fait chair a disposé son entrée dans le monde de telle manière que l’enfant Jésus fut manifesté aux fidèles et caché à ses persécuteurs. Alors déjà « les cieux racontèrent la gloire de Dieu, et le bruit de la vérité se répandit dans toute la terre, » quand une armée d’Anges apparut aux pasteurs pour leur annoncer la naissance du Sauveur, et qu’une étoile servit de guide aux Mages pour le venir adorer. L’avènement du véritable Roi fut ainsi manifesté avec éclat du levant au couchant, car les royaumes de l’Orient apprirent des Mages les éléments de la foi, et ils ne restèrent pas cachés à l’empire romain.

La cruauté d’Hérode, voulant étouffer dans le berceau le Roi qui lui était suspect, servait, à son insu, à cette diffusion de la foi. Tandis qu’il s’appliquait à faire réussir un crime détestable, et qu’il cherchait à envelopper dans un massacre général l’enfant qui lui restait inconnu, le bruit de ce massacre divulguait en tous lieux la naissance du maître du ciel. La nouvelle s’en répandit d’autant plus promptement et d’autant mieux, que le prodige d’un signe dans le ciel était plus nouveau, et l’impiété du persécuteur plus cruelle. Alors aussi le Sauveur fut porté en Égypte, pour que ce peuple attaché à d’anciennes erreurs fût préparé, par une grâce secrète, à recevoir son prochain salut, et afin qu’avant même d’avoir banni ses vieilles superstitions, ce pays reçût pour hôte la vérité même.

Reconnaissons donc, mes bien-aimés, dans les Mages adorateurs du Christ, les prémices de notre vocation et de notre foi, et célébrons avec des cœurs pleins de joie les débuts de cette heureuse espérance. Car dès ce moment nous avons commencé à entrer dans l’héritage céleste ; depuis lors les passages mystérieux des saintes Écritures qui se rapportaient au Christ ont été découverts pour nous, et la vérité que l’aveuglement des Juifs n’accepte pas, a répandu sa lumière dans toutes les Nations. Honorons donc ce très saint jour en lequel l’Auteur de notre salut s’est fait connaître, et Celui que les Mages ont adoré petit enfant dans une crèche, adorons-le, tout-puissant dans les Cieux. Et, comme les Rois firent de leurs trésors des offrandes mystiques au Seigneur, cherchons de même à trouver dans nos cœurs des dons qui méritent d’être offerts à Dieu.

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Message  ROBERT. Mar 06 Jan 2015, 11:26 am

ÉPIPHANIE DU SEIGNEUR. — Sermon de saint Léon, Pape. a écrit:
...La cruauté d’Hérode, voulant étouffer dans le berceau le Roi qui lui était suspect, servait, à son insu, à cette diffusion de la foi...

Quand les méchants s'apercevront-ils enfin qu'ils ne pourront jamais rien contre le

Dieu Trois fois Saint, et ce, malgré toutes leurs manigances et toutes leurs fourberies ?
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Message  gabrielle Dim 11 Jan 2015, 6:36 am

La Sainte Famille

Des Lettres apostoliques de Léon XIII, Pape. [Bref « Neminem fugit » du 14 juin 1892.]
Quand vint le temps fixé par ses décrets pour l’accomplissement de la grande œuvre du relèvement de l’humanité, que les siècles depuis longtemps attendaient, le Dieu de miséricorde en disposa l’ordre et l’économie de telle sorte que les débuts de cette œuvre offrissent au monde l’auguste spectacle d’une famille divinement constituée, en laquelle tous les hommes pussent contempler l’exemplaire le plus parfait de la société domestique, ainsi que de toute vertu et sainteté. Telle fut en effet cette famille de Nazareth, où, (avant de répandre sur toutes les nations la splendeur de sa pleine lumière), le Soleil de justice, c’est-à-dire le Christ, Dieu, notre Sauveur, demeura caché avec la Vierge sa Mère et Joseph, l’homme très saint qui remplissait à l’égard de Jésus la charge paternelle. Quant aux mutuelles preuves d’amour, à la sainteté des mœurs, à l’exercice de la piété dans la société familiale et dans les rapports habituels de ceux qui vivent sous un même toit, on ne peut sans nul doute trouver à célébrer aucune vertu qui n’ait brillé en cette sainte famille destinée à en devenir le modèle pour les autres. Et la providence l’a ainsi établi selon son dessein plein de bonté, pour que tous les chrétiens quelle que soit leur condition ou leur patrie puissent facilement, s’ils tournent vers elle leur attention, avoir et l’exemple de a vertu, et une invitation à la pratiquer.


Les pères de famille trouvent assurément en Joseph un modèle admirable de la vigilance et de la sollicitude paternelles ; les mères ont en la très sainte Vierge, mère de Dieu, un exemple insigne d’amour, de respect modeste et de la soumission d’une âme de foi parfaite ; les enfants auront au sein des familles, en Jésus soumis à ses parents, un divin exemple d’obéissance qu’ils admireront, honoreront, imiteront. Ceux qui sont nés dans la noblesse apprendront de cette famille de sang royal, à garder la modération dans la prospérité et la dignité dans les afflictions ; les riches reconnaîtront à son école qu’il faut estimer bien moins les richesses que les vertus. Quant aux ouvriers et à tous ceux qui ont tant à souffrir des soucis angoissants du soutien d’une famille ou d’une condition pauvre, s’ils jettent un regard sur les membres très saints de cette société domestique, il ne leur manquera, ni motif ni occasion de se réjouir du sort qui leur est échu plutôt que de s’en attrister. Leurs labeurs leur sont en effet communs avec la Sainte Famille et communs avec elle, les soins que leur imposent la vie quotidienne : Joseph lui aussi dût pourvoir, en gagnant son pain, à la subsistance des siens et, ce qui est plus admirable encore, des mains divines s’exercèrent elles-mêmes aux travaux d’un art mécanique. Il n’est donc pas très étonnant que des hommes pleins de sagesse ayant des richesses en abondances aient voulu y renoncer pour choisir la pauvreté et s’y trouver unis à Jésus, Marie et Joseph.

C’est à bon droit que pour tous ces motifs le culte de la Sainte Famille qui s’est promptement établi parmi les catholiques, prend chaque jour de nouveaux accroissements comme le prouvent, soit les associations chrétiennes instituées sous le vocable de la Sainte Famille, soit les honneurs singuliers qui lui sont rendus et surtout les privilèges et les faveurs spirituelles accordés par nos prédécesseurs pour exciter envers elle le zèle de la piété. Ce culte a donc été en grand honneur depuis le dix-septième siècle et propagé de tous côtés dans l’Italie la France et la Belgique ; il s’est répandu dans presque toute l’Europe, puis il a passé les vastes plaines de l’Océan et s’est étendu par la région canadienne dans l’Amérique pour y fleurir sous les plus heureux auspices. C’est qu’en effet on ne peut rien envisager de plus salutaire et de plus utile aux familles chrétiennes que l’exemple de la sainte Famille, lequel comprend la perfection et l’ensemble de toutes les vertus domestiques. Implorés ainsi au sein des familles, Jésus, Marie et Joseph, leur viendront en aide ; ils y entretiendront la charité, y régleront les mœurs et en provoqueront les membres à l’imitation de leur vertu ; leur secours adoucira et rendra supportables les mortelles épreuves qui de tous côtés nous menacent. – Pour augmenter encore le culte de la sainte Famille, le Pape Léon XIII a ordonné de consacrer les familles chrétiennes à cette famille sacrée, et Benoît XV a étendu son office et sa messe à l’Église universelle.

http://deojuvante.forumactif.org/t83-sainte-famille#560


Homélie de saint Bernard, Abbé.

« Et il leur était soumis ». Qui était soumis ? et à qui ? Un Dieu, à des hommes ! Oui, le Dieu à qui les Anges sont soumis, à qui les Principautés et les Puissances obéissent, était soumis à Marie ; et non seulement à Marie, mais aussi à Joseph à cause de Marie. Admire donc l’un et l’autre, et vois ce qui te paraît plus admirable, de la très gracieuse condescendance du Fils ou de la très glorieuse dignité de ses parents. Dés deux côtés, sujet d’étonnement ; des deux côtés, miracle. Qu’un Dieu obéisse à la créature humaine, voilà une humilité sans exemple, et que la créature humaine commande à un Dieu, voilà une sublimité sans égale. Dans les louanges décernées aux vierges, on chante ceci en particulier qu’elles suivent l’Agneau partout où il va. Eh bien, de quelles louanges ne jugez-vous pas digne celui qui va même devant lui ?

Homme, apprends à obéir ! Terre, apprends à accepter la subordination ! Poussière, apprends à te soumettre ! L’évangéliste a dit en parlant de ton Créateur : « Et il leur était soumis » ; il n’est pas douteux que ce ne soit à Marie et à Joseph. Rougis, cendre orgueilleuse ! Un Dieu s’abaisse, et toi, tu t’élèves ! Un Dieu se soumet aux hommes et toi, cherchant à dominer les hommes, tu te mets au-dessus de ton Créateur ! En effet, chaque fois que je désire parmi les hommes la prééminence, chaque fois je m’efforce de passer avant Dieu ; et alors vraiment je ne goûte pas ce qui est de Dieu. Car c’est de lui qu’il a été dit : « Et il leur était soumis ». O homme, si tu ne daignes pas imiter l’exemple d’un homme, il ne sera certes pas indigne de toi de suivre ton Créateur. Si tu ne peux, sans doute, le suivre partout où il ira, daigne au moins le suivre jusqu’où il a voulu descendre pour toi.


Si tu ne peux marcher dans le sentier sublime de la virginité, suis au moins ton Dieu dans la voie très sûre de l’humilité. Si quelques-uns, tout en étant vierges, se sont écartés de cette voie droite, eux non plus, pour dire la vérité, ne suivent pas l’Agneau partout où il va. L’humble qui est souillé suit l’Agneau, l’orgueilleux qui est vierge le suit aussi, mais aucun des deux ne le suit partout où il va : le premier ne pouvant s’élever à la pureté de l’Agneau qui est sans tache, et le second ne daignant pas descendre à la douceur de cet Agneau qui s’est tu, non seulement devant celui qui le tondait, mais encore devant son bourreau. Et pourtant le pécheur, en s’humiliant, a choisi un meilleur parti que celui de l’orgueilleux qui est vierge, puisque l’humble satisfaction de celui-là efface sa souillure, tandis que l’orgueil de celui-ci souille sa pureté.

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Message  ROBERT. Dim 11 Jan 2015, 12:35 pm

.
Il va sans dire que les familles catholiques doivent imiter le plus parfaitement possible la Sainte Famille.

Question: les autres n’ont-ils qu’à suivre l’exemple des familles catholiques… en attendant de devenir elles-mêmes catholiques ?
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Message  gabrielle Lun 12 Jan 2015, 7:54 am

Ce me semble difficile de suivre un exemple auquel on ne croit pas.

Si les familles donnent catholiques donnent un exemple attirant de la vie familiale remplie de vertus, peut-être que les autres pourraient, avec la grâce de Dieu, vouloir être comme elles.

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Message  ROBERT. Lun 12 Jan 2015, 3:06 pm

gabrielle a écrit:...Si les familles donnent catholiques donnent un exemple attirant de la vie familiale remplie de vertus, peut-être que les autres pourraient, avec la grâce de Dieu, vouloir être comme elles.

Merci. C'est à cette éventualité-là que je pensais en posant la question.
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Message  Roger Boivin Mar 01 Jan 2019, 8:34 am

gabrielle a écrit:
LA CIRCONCISION DE JÉSUS-CHRIST.

Bourdaloue a écrit: Il fallait que Jésus-Christ, pour être parfaitement Sauveur, non-seulement en fit lui-même la fonction, mais qu'il nous apprit quelle devait être, pour l'accomplissement de ce grand ouvrage, notre coopération. Or, dans ce mystère, il s'est admirablement acquitté de ces deux devoirs. Il a commencé à nous sauver par l'obéissance qu'il a rendue à la loi de l'ancienne circoncision, qui était la circoncision de la chair ; et il nous a donné un moyen sûr pour nous aider nous-mêmes à nous sauver, par la loi qu'il a établie de la circoncision nouvelle, qui est la circoncision du cœur .

(…) c'est en se soumettant à la circoncision de l'ancienne loi, que le Fils de Dieu s'est montré véritablement Sauveur; et c'est, à proprement parler, dans le mystère de ce jour qu'il a commencé à en exercer l'office : écoutez-en les preuves. Car au moment qu'il fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire pour pouvoir être la victime du péché. Au moment qu'il fut circoncis, il offrit à Dieu les prémices de son sang adorable, qui devait être le remède du péché. Au moment qu'il fut circoncis, et en vertu de sa circoncision, il s'engagea à répandre ce même sang plus abondamment sur la croix, pour la réparation entière du péché. Trois choses à quoi la rédemption du monde était attachée, et dont la foi nous assure que le salut des hommes dépendait. Trois raisons solides, que je vous prie d'approfondir avec moi, et qui vont vous faire comprendre, mais d'une manière sensible, sur quoi est fondée cette mystérieuse liaison qui se rencontre entre la circoncision de l'enfant et l'imposition du nom de Jésus.

Au moment que le Fils de Dieu fut circoncis, il se trouva dans la disposition prochaine et nécessaire pour pouvoir être la victime du péché, et par conséquent pour être parfaitement Sauveur : car, pour sauver l'homme tombé dans la disgrâce de son Dieu, il fallait satisfaire à Dieu dans toute la rigueur de la justice : Dieu le voulait ainsi, et c'est un point de religion qui ne peut être contesté. Pour offrir à Dieu cette satisfaction rigoureuse, il fallait un sujet capable de souffrir et de mourir; la croix et la mort étaient les moyens choisis pour cela dans le conseil de la Sagesse éternelle : toutes les Écritures nous l'enseignent. Pour être capable de souffrir et de mourir, il fallait au moins avoir la marque du péché; la chose est évidente, et c'est sur quoi roule toute la théologie de saint Paul. Cette marque du péché ne devait être imprimée sur la chair innocente de Jésus-Christ que par sa sainte circoncision ; et en effet, la circoncision, quelque sainte que nous la concevions dans la personne du Sauveur, était en soi, et selon l'institution divine, le sacrement et le sceau de la justification des pécheurs. Que s'ensuit-il de là? vous prévenez déjà ma pensée : il s'ensuit qu'avant que Jésus-Christ fût circoncis, il lui manquait, pour ainsi dire, une condition sans laquelle il ne pouvait pas encore être la victime de ce sacrifice sanglant et douloureux que Dieu exigeait pour notre rédemption.

Cette condition, c'est-à-dire ce pouvoir prochain d'être immolé comme victime pour nos péchés, était la suite du mystère de sa circoncision

(…)Lorsque le temps de la circoncision de l'enfant fut venu, et qu'en effet on l'eut circoncis, on lui donna le nom de Jésus. Comme si l'évangéliste nous disait : Jusque-là, quelque perfection et quelque mérite qu'il eût, il ne portait pas encore ce nom, parce qu'il n'avait pas encore tout ce qui lui était nécessaire pour être actuellement Sauveur; mais après la circoncision il eut droit d'être appelé Sauveur, parce qu'il ne lui manquait plus rien pour l'être. Donnons à cette vérité plus d'étendue et plus de jour.

Pour sauver des pécheurs et des coupables il fallait un juste; mais un juste, dit saint Augustin, sur qui pût tomber la malédiction que traîne après soi le péché, et le châtiment qui lui est dû. Or, ce juste, c'était Jésus-Christ : il ne devait pas être pécheur; comme pécheur, il eût été rejeté de Dieu : il ne suffisait pas qu'il fût juste; comme juste, il n'aurait pu être l'objet des vengeances de Dieu : mais en qualité de médiateur, il devait, quoique exempt de péché, et quoique impeccable même, tenir une espèce de milieu entre l'innocence et le péché; et ce milieu entre l'innocence et le péché, ajoute saint Augustin, c'était qu'il eût la marque du péché. Ainsi il fallait que Jésus-Christ fût juste en vérité, et pécheur en apparence : juste en vérité, pour pouvoir justifier les hommes; et pécheur en apparence,  pour pouvoir attirer sur soi  les châtiments   de Dieu.   Car Dieu, tout irrité qu'il était contre les hommes, ne pouvait s'en   prendre à Jésus-Christ, tandis qu'il ne voyait en lui que justice et que sainteté ; et cette irrépréhensible sainteté de Jésus-Christ, quelque désir qu'il eût d'expier nos crimes, le rendait incapable d'en subir pour nous la peine.

Que fait-il donc? il prend la forme de pécheur, et par là il se met en état d'être sacrifié pour les pécheurs; car c'est pour cela, dit saint Paul, que Dieu l'a envoyé revêtu d'une chair semblable à celle du péché.  En effet, comme raisonnait saint Augustin, l'Apôtre ne dit pas précisément que Dieu a envoyé son Fils avec la ressemblance de la chair ; il s'ensuivrait que Jésus-Christ n'aurait pas été vraiment homme, et cela seul saperait le fondement de tout le christianisme : mais il dit que Dieu l'a envoyé avec une chair semblable à celle du péché ; pour marquer que la chair de Jésus-Christ a eu l'apparence et la marque du péché, sans avoir jamais contracté la tache du péché ; et c'est ce que nous faisons profession de croire. Il n'en fallait pas davantage , reprend saint Augustin, afin que Jésus-Christ fût en état de souffrir pour nous ; car il y a, dit ce saint docteur, entre Dieu et le péché une telle opposition, que l'apparence seule du péché a suffi pour obliger Dieu à n'épargner pas même le Saint des saints, et pour le déterminer à exécuter sur la chair innocente de Jésus-Christ l'arrêt de notre condamnation.

Oui, mes Frères, parce que ce Dieu-Homme est couvert de l'ombre de nos iniquités, Dieu le livrera à la mort, et à la mort de la croix; et parce qu'il a consenti à paraître criminel, il sera traité comme s'il l'était. Vous diriez, à entendre parler l'Écriture, que Jésus-Christ, en conséquence de ce mystère, ait été non-seulement pécheur, mais le péché même, parce qu'il en a pris le caractère et la marque. Ce sont les termes de saint Paul, qui, pris à la lettre, pourraient nous scandaliser ; mais qui, dans le sens orthodoxe, expriment une des vérités les plus chrétiennes et les plus édifiantes. Celui qui ne connaissait point le péché, a été fait péché pour nous ; c'est-à-dire, celui qui ne connaissait point le péché a paru devant Dieu comme s'il eût été lui-même le péché, et a été traité de Dieu comme le péché même subsistant eût pu mériter de l'être (…)

Or, dans quel moment de la vie du Sauveur cette étonnante proposition fut-elle exactement et spécialement vérifiée, et quand peut-on dire que Jésus-Christ s'est pour la première fois présenté aux yeux de son Père, comme s'il eût été le péché même? Au moment de sa circoncision : je m'explique. Dès sa naissance il était homme; mais il n'avait rien encore alors de commun avec les pécheurs. Son incarnation, l'œuvre par excellence du Saint-Esprit, sa génération dans le sein d'une vierge toujours vierge, son entrée miraculeuse dans le monde, tout cela l’éloignait des moindres apparences du péché.

Mais aujourd'hui, dit saint Bernard, qu'il se soumet à la loi de la circoncision, cette loi n'ayant été faite que pour les pécheurs, il paraît pécheur. Le voilà donc dans l'état où Dieu le voulait pour l'immoler à sa justice. Avant qu'il subît cette loi, Dieu offensé cherchait une victime pour se satisfaire, et il n'en trouvait point (…) : Sur qui déchargerai-je ma colère, et sur qui dois-je frapper? Sur les coupables qui sont les pécheurs? quand je les aurais tous anéantis, ma gloire n'en serait pas réparée. Sur ce juste qui vient de naître dans l'obscurité d'une étable? c'est mon Fils bien-aimé, en qui je me plais souverainement, et en qui par la même je n'aperçois rien qui puisse mériter ma vengeance.

Voilà, mon Dieu, où votre justice en était réduite ; et jusques à l'accomplissement de ce mystère, il n'y avait point encore de Jésus qui pût être pour nos péchés l'hostie de propitiation que vous demandiez. Le Messie qui venait de paraître au monde, pour être trop saint, n'était pas encore en état d'être pour nous un sujet de malédiction (…)  et pour être trop digne de votre amour, il ne pouvait encore ni ressentir, ni apaiser votre juste courroux : mais maintenant qu'il porte, comme circoncis, la marque du péché, souffrez, Seigneur, que nous vous le disions avec confiance, nous avons enfin un Sauveur. Vous demandez sur qui vous frapperez pour vous venger (…)

C'est sur ce divin enfant : car il a désormais tout ce qu'il faut, et tout ce que vous pouvez désirer pour tirer de lui et pour vous donner à vous-même une satisfaction entière. Il a la forme d'un pécheur pour éprouver la rigueur de vos jugements, et il a la sainteté d'un Dieu pour mériter vos miséricordes : en faut-il davantage pour nous sauver? Vengez-vous donc, ô mon Dieu ! pourrais-je ajouter avec respect; vengez-vous aux dépens de la chair de cet agneau, qui devient aujourd'hui semblable à la chair du péché, et qui, par cette ressemblance même, se trouve en état d'être la précieuse matière de ce grand sacrifice, qui doit détruire le péché. C'est ainsi que le Fils de Dieu se met, en voulant être circoncis, dans la disposition prochaine et nécessaire pour sauver les hommes.

Mais en demeure-t-il là ? Non, sa charité va plus avant : il ne se contente pas d'être en état de nous sauver; il veut dès aujourd'hui en faire l'essai, et dans sa circoncision il en trouve le moyen. Comment cela? En offrant à Dieu les prémices de son sang, qui devait être le prix de notre salut. Il est vrai, disent les théologiens, que la moindre action du Fils de Dieu, eu égard à la dignité de sa personne, pouvait suffire pour nous racheter : mais dans l'ordre des décrets divins, et de cette rigide satisfaction à laquelle il s'était soumis, il fallait qu'il lui en coûtât du sang.

Ainsi était-il arrêté, dans le conseil de Dieu, que ce serait lui qui pacifierait par son sang le ciel et la terre, lui qui par son sang nous réconcilierait avec son Père (…) et que ce traité de paix entre Dieu et nous ne commencerait à être ratifié que quand le sang du Rédempteur aurait commencé a couler : d'où vient que lui-même il l'appelait le sang de la nouvelle alliance (…) et que le sang de Jésus-Christ aurait seul la vertu de nous purifier et de nous laver (…)  Ainsi la foi nous apprend-elle que l'Église, comme épouse du Dieu Sauveur, devait lui appartenir par droit de conquête ; mais que ce droit ne serait fondé que sur l'acquisition qu'il en aurait faite par son sang (…)

Or c'est ici que la condition s'exécute ; et quand je vois, sous le couteau de la circoncision, ce Dieu naissant, je puis vous dire bien mieux que Moïse : Voici le sang du testament et de l'alliance que Dieu a faite en votre faveur. C'est donc proprement en ce jour que commence la rédemption du monde, et que le Fils de Dieu prend possession de sa qualité   de  Sauveur, puisque   c'est en ce jour qu'il en fait les premières fonctions, et qu'il entre dans le sanctuaire, non plus avec le sang des boucs et des taureaux , mais avec son propre sang (…)

Concluons, après saint Bernard, que c'est donc avec justice que le nom de Jésus lui est donné. Ah ! dit ce Père, nous ne devons pas considérer ce Sauveur comme les autres : car mon Jésus n'est pas semblable à ces anciens sauveurs du peuple de Dieu, et ce n'est pas en vain qu'il porte ce nom (…) Quand les princes naissent sur la terre, nous les appelons rois, monarques, souverains ; mais ce sont des titres pour signifier ce qui doit être un jour, et non pas ce qui est. Bien loin d'être en état de gouverner les peuples, ils ne sont pas encore en état de se connaître ; et dans cet âge tendre et sans expérience, leur faiblesse les réduit à se laisser conduire par leurs propres sujets, avant qu'ils puissent les conduire eux-mêmes.

Mais Jésus-Christ ne commence à prendre la qualité de Sauveur qu'au moment qu'il commence à en faire l'exercice(…)   Il n'est pas plutôt né, qu'il se livre pour le salut des siens, et pour s'acquérir un nom immortel, qui est le nom de Jésus. N'est- ce pas pour cela,  que ce nom lui a été si cher, et que, dans la pensée de saint Jérôme, il lui a tenu lieu d'une récompense proportionnée à toutes les humiliations de sa circoncision et à tous les travaux de sa vie? N'est-ce pas pour cela qu'il l'a porté sur la croix comme un diadème d'honneur, et qu'ayant souffert que les Juifs lui refusassent devant Pilate le titre de roi, il ne permit jamais qu'ils lui contestassent le nom de Jésus? N'est-ce pas pour cela qu'il a fait publier par toute la terre ce saint nom, ce grand nom, cet auguste nom ? N'est-ce pas, dis-je, parce qu'il n'est rien de plus naturel que de se glorifier des noms qu'on s'est acquis par sa vertu, plutôt que de ceux qu'on tient du hasard, ou du bonheur de la naissance? Or l’Homme-Dieu n'a possédé le nom de Jésus que par titre de conquête : il l'a mérité en sauvant les pécheurs, et il commença à les sauver en voulant répandre son sang et subir la loi de la circoncision.

Mais quoi, mon Dieu, y avait-il donc pour vous tant de gloire à racheter de vils esclaves? trouviez-vous tant de grandeur à vous abaisser si profondément pour eux, et des hommes valaient-ils un sang aussi précieux que le vôtre ? Mes chers frèrs, (…) voilà ce que valait votre âme, et ce qu'elle valait au jugement même de votre Dieu : c'est ainsi qu'il l'a estimée ; et en donnant son sang pour elle, il n'a pas cru trop donner; car son amour, tout libéral qu'il est, n'est pas prodigue. Toujours dirigé par sa sagesse, il conforme les moyens à  la fin ; et puisqu'un Dieu souffre déjà pour votre salut, il faut que votre salut soit le juste prix des souffrances d'un Dieu. Or, mes Frères, est-ce là l'estime que vous en faites vous-mêmes? est-ce de la sorte que vous en jugez? Saint Augustin disait : Voyez ce que votre âme, ou plutôt ce que le salut de votre âme a coûté au Dieu sauveur!

Voyez en combien de rencontres vous l'avez sacrifié, ce salut; en combien de rencontres vous le sacrifiez tous les jours à un vain intérêt, à un plaisir profane, et même si abominable; et de là tirez, à votre confusion, cette triste conséquence, que le premier de tous les biens, le souverain bien, est de tous les biens le plus méprisé. Car si vous l'estimez, je ne dis pas autant qu'il le mérite, puisqu'il est au-dessus de toutes nos vues, et que Dieu seul en peut connaître tout le prix, mais du moins autant que vous le pouvez et que vous le devez, pourquoi l'oubliez-vous, pourquoi l'exposez-vous, pourquoi y renoncez-vous si aisément ?

D'où vient que donnant tout au monde, et faisant tout pour des affaires temporelles, vous ne faites rien pour celle-ci ; que vous  ne voulez presque jamais en entendre parler ; que vous craignez ceux à qui le zèle inspire   de   vous   en représenter  les conséquences, et de vous y faire penser (…) ; Ah ! quelle opposition entre ce Dieu circoncis et nous, et en cela même quel aveuglement de notre part, et quel renversement! Il fait sa gloire et son plus bel emploi de nous sauver; et nous nous faisons un jeu de nous perdre. Lui était-il donc plus important d'être Sauveur, qu'il ne nous importe d'être sauvés ? S'il est Sauveur, est-ce pour lui? et si nous sommes sauvés, n'est-ce pas pour nous-mêmes? Sans être Sauveur, en eût-il été moins heureux, en eût-il été moins Dieu ? et sans être sauvés, que pouvons-nous être, et quel anathème doit tomber sur nous?

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Roger Boivin
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