LE CRUCIFIX - par Bossuet

LE CRUCIFIX

Le Crucifix vient d'être vengé des attaques maçonniques par Mgr l'Evêque de Grenoble. Dans son Instruction pastorale pour le Carême de cette année, Sa Grandeur a exposé le sujet dans toute son ampleur, de manière à faire du Crucifix le résumé du temps et de l'éternité. En effet, voici l'exorde de son discours :

« Le Crucifix est la Vision éternelle de Dieu le Père, réalisée par son Fils, le Verbe Incarné, au Calvaire où il fut crucifié, et prêchée par le Saint-Esprit, aide et âme de l'Eglise.

« Le Crucifix nous apprend à connaître la bonté de Dieu  qui a aimé les hommes au point de leur donner son Fils  unique pour les racheter (Joan., III, 16) ; et il nous révèle le but que s'est proposé la Sagesse divine en ce monde : la glorification de Jésus-Christ, Victime volontaire du Calvaire.

« Le Crucifix jette sur l'humanité une pleine lumière. Sans lui, l'origine de l'homme, sa nature intime, ses aspirations vers l'infini, ses grandeurs et ses faiblesses, ses destinées, resteraient incomprises, et le monde serait comme une amère dérision jetée devant l'esprit humain. Il explique tout, divinement ; il projette en tous lieux sa clarté, comme un phare placé au rivage de la mer pour guider l'homme qui vogue dans la nuit.

« Le Crucifix est le signe auguste qui marque le point d'arrivée du monde ancien et le point de départ du monde nouveau. A leur réveil suprême, les générations sorties de la tombe le reverront dans les airs : Alors, dit saint Mathieu, paraîtra le signe du Fils de l'homme dans les Cieux.  (Ch. XXIV, 30.)

« Le Crucifix, emblème du Sacrifice offert au Calvaire, a été symbolisé pendant quarante siècles par le Sacrifice enseigné et commandé aux premiers hommes par le Seigneur lui-même : il brille au-dessus de nos autels où se continue, d'une manière non sanglante, le Sacrifice de la Croix, Sacrifice qui ne finira sur la terre qu'avec l'humanité voyageuse.

« Enfin, le Crucifix sauve la croyance qui a sauvé l'humanité avant-Jésus-Christ, comme après sa venue : croyance au Messie promis dès l'origine du monde, et venu il y a dix-huit cent quatre-vingt-sept ans, puisque le monde nouveau a pris pour date le jour de sa naissance, date dont les incrédules eux-mêmes sont forcés de se servir.

« C'est l'Eglise Catholique, Apostolique et Romaine qui est chargée, avec l'aide du Saint-Esprit, de continuer l'Œuvre de Jésus-Christ demeurant toujours avec elle.

« D'où nous concluons que le Crucifix, cher aux trois personnes de l'adorable Trinité, doit être sacré pour nous, aimé et adoré de nos cœurs. Le peuple qui en fait son drapeau est béni du ciel ; le foyer, qui l'abrite est heureux, même quand sonne l'heure de l'épreuve ; l'âme qui en fait sa lumière et sa force, comme Thomas d'Aquin, connaîtra la vérité, sera fidèle à la vertu et arrivera à la perfection, c'est-à-dire au vrai bonheur.

« Vous n'ignorez pas, nos très chers Frères, de quel œil, dans le monde, on regarde Jésus-Christ et sa Croix ; avec quelle ardeur on y travaille à détruire sa foi dans les âmes et son règne sur la terre ; de quelle impatience sont tourmentés ceux qui veulent célébrer le triomphe qu'ils rêvent, sur les ruines de l'Eglise catholique. Ils veulent que nous nous taisions : Non possumus : Nous ne le pouvons pas, disaient les Apôtres aux Juifs. Il plaît au cœur d'un fils de défendre son père outragé, et à nous combattre pour notre Dieu.

« C'est pourquoi nous offrons à vos méditations l'instruction pastorale suivante, avec l'espoir d'être utile à nos frères, amis ou ennemis de Jésus-Christ, notre Sauveur à tous. » [..]

LA FRANC-MAÇONNERIE DÉMASQUÉE - REVUE MENSUELLE DES DOCTRINES ET FAITS MAÇONNIQUES - 1887-1888
pages 9 en bas, et 10-11 :

http://books.google.ca/books?id=XnlIAAAAYAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false