CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:35 pm


LA FOI DE NOS PÈRES, ou la Perpétuité du catholicisme -- par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844 :

http://books.google.ca/books?id=KpWxlMIv7k4C&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
CHAPITRE VIII

RELIQUES, IMAGES, LA CROIX.

[..][..]

CULTE DES IMAGES.

La vénération des reliques et les honneurs que nous leur rendons, me conduisent naturellement à parler du culte des images, lequel a été également attaqué avec une extrême violence par le protestantisme.

Pour démontrer la fausseté de ses accusations, nous prouverons, suivant noire coutume, que les catholiques sont restés fidèles aux enseignements de la primitive Église.

Il est hors de propos de nous arrêter d'abord à démontrer l'utilité des images ; saint Grégoire-le-Grand a dit, il y a bien des siècles déjà (1) : « La peinture est pour les ignorants, ce qu'est l'écriture pour les savants. » Une image fait souvent une impression plus profonde qu'un discours, et c'est pourquoi on en a reconnu la nécessité dans le christianisme.

Différentes sectes d'hérétiques anciens et modernes, ont soutenu que leur usage était superstitieux et païen.

______

(1) L. IX. epist. IX. —
Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:38 pm




Manière dont le précepte du Décalogue doit être compris. Ces sectes se fondent sur le précepte du Décalogue.

Dieu avait dit aux Juifs : « Vous ne ferez point d'idoles, ni d'images, ni de figures, des créatures qui sont dans le ciel, sur la terre, dans la mer, et sous la terre ; vous n'adorerez point toutes ces choses, et vous ne les honorerez point (1). »

Cependant l’Écriture nous apprend également que l’Éternel ordonna à Moïse de faire diverses images, telles que les chérubins de l'arche d'alliance, et le serpent d'airain du désert. Donc Dieu ne défend point la peinture et la sculpture d'une manière absolue ; mais il interdit simplement l'usage des objets destinés à représenter des divinités, parce que les Juifs, portés à l'idolâtrie, n'eussent pas manqué dans ce cas de leur rendre un culte superstitieux et criminel. La simple lecture du commandement prouve que tel en est le sens. « Écoute, ô Israël, y est-il dit : Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face, tu ne feras point d'images taillées. » Il s'agit ici, on le voit, d'images prises pour d'autres dieux. Le précepte cité plus haut se rapporte à celui-ci, et marque les trois sortes d'idoles des peuples qui entouraient les Israélites, à savoir, les astres auxquels les Chananéens rendaient leur culte, et les animaux de toute espèce qu'adoraient les Philistins et les Égyptiens.

Le sens de la loi est ainsi le suivant : Tu ne tailleras aucune image pour en faire ton idole et l'adorer comme une divinité. Si nous pouvions conserver le moindre doute à ce sujet, il serait dissipé par le passage du Lévitique (2), qui défend « d'élever sur la terre des colonnes ou des pierres remarquables pour les adorer. » Ce précepte n'a pas empêché Josué et Samuel d'ériger des pierres choisies pour éterniser la mémoire du passage du Jourdain, de l'alliance contractée entre Dieu et le peuple d'Israël, et de la victoire remportée sur les Philistins. En agissant ainsi, Josué et Samuel ne violaient point le commandement, ils n'élevaient point les pierres pour en faire des divinités.

Ces exemples, ceux cités ci-dessus, des chérubins et du serpent, nous font saisir l'esprit de la loi, tel que l'entendaient aussi les chefs du peuple juif.

Remarquons en outre, que l'ancien Testament nous parle à plusieurs reprises de signes de joie, ou de vénération, donnés en présence d'images ou d'objets faits de main d'homme, démonstrations qui cependant n'étaient pas considérées comme des prévarications contre le Décalogue. Les Israélites priaient à genoux devant le serpent d'airain, les prêtres et le peuple chantaient, et se prosternaient devant l'arche et les chérubins. David dansa devant l'arche de toute sa force, est-il écrit, et cependant il n'y avait rien de coupable dans ces signes d'humilité ou de joie, parce qu'ils se rapportaient à Dieu, et non aux objets matériels, auprès desquels les prostrations, les chants ou les danses avaient lieu.

Il est évident, d'après tout cela, que le commandement de l’Éternel a rapport à ce qui pouvait outrager sa majesté, c'est-à-dire à l'adoration des images, en leur attribuant des qualités qui méritent le culte suprême, en leur demandant des grâces, et en ayant confiance en elles, en leur pouvoir, en leur vertu intrinsèque. Or, c'est ce que faisaient les peuples idolâtres au milieu desquels vivaient les Juifs, et c'est ce à quoi les Israélites étaient eux-mêmes très-portés. Il fallait empêcher et prévenir leurs chutes par une loi fort sévère.

____

(1) Exod. xx. 4. — Levit. xxvi. 1. — Peut. iv. 15. Y. 8 —
(2)—Levit. xxvi. 1. —

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:39 pm


Les images permises aux chrétiens. Ces mêmes raisons ne subsistent plus pour nous; les images nous sont permises, et nous ne transgressons pas la loi divine lorsque nous représentons par des symboles, même l'une ou l'autre des personnes de la très-sainte Trinité ; ces personnes sont apparues sous différentes formes dans l'ancien et le nouveau Testament, et aucun chrétien n'est assez grossier pour considérer les figures comme la divinité elle-même. Quant à notre Seigneur, à sa bienheureuse mère et aux autres saints, ils ont été revêtus de la forme humaine ; par conséquent le précepte ne nous défend point de les représenter ni d'honorer leurs images, cette coutume a toujours été considérée, au contraire, comme un témoignage extérieur de reconnaissance et de respect. Les autorités les plus anciennes, les plus dignes de foi, confirment ce fait.

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:39 pm


L'usage des images remonte à la primitive Église. Les fidèles persécutés, martyrisés, s'assemblaient dans les endroits les plus secrets, les moins accessibles à leurs ennemis, et ces tristes retraites déjà ils les décoraient de peintures. Les catacombes de Rome en font foi : parcourez ces ténébreuses galeries dans lesquelles les héros du nom chrétien ont prié et offert le saint sacrifice à une époque de glorieuse et horrible mémoire, partout vous trouverez les lieux les plus saints revêtus de peintures représentant notre Seigneur, la sainte Vierge, les apôtres, les martyrs, etc. (1).

_____

(1) Parmi les peintures trouvées dans les catacombes de Rome, il en est qui datent de l'époque des premières persécutions, il en est aussi dont ces lieux sanctifiés furent décorés par ordre des papes à une époque postérieure. On reconnaît aisément par le faire et par la comparaison avec d'autres monuments, le temps auquel chacune de ces peintures appartient.

Les premiers chrétiens avaient aussi des images portatives, qui leur paraissaient utiles pour réveiller de pieux souvenirs. Des découvertes précieuses sous ce rapport ont été faites récemment dans les catacombes de Rome également. On y a trouvé des peintures sur verre qui datent des deux premiers siècles, et qui représentent la sainte Vierge priant pour le genre humain. Ses bras étendus sont soutenus par les apôtres saint Pierre et saint Paul, comme ceux de Moïse le furent autrefois par Aaron et Josué ; les noms de Petrus, Maria, Paulus, forment la légende de ces peintures, et ne permettent aucun doute sur leur signification. Une autre de ces images, plus profondément symbolique encore, figure Pierre en Moïse du nouveau Testament, faisant jaillir par l'attouchement de sa baguette les eaux du roc vivant, rédempteur de l'humanité. —

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:40 pm



Preuves tirées des écrits des saints pères. Un passage de Tertullien, ou plutôt une phrase écrite en passant, au commencement du IIIe siècle, jette aussi de la lumière sur la question que nous traitons ici. Ce père parle comme d'une chose ordinaire de la figure du Christ, représentée sur les vases sacrés, et démontre ainsi qu'au temps où il écrivait l'usage des images était ancien : ce qui le fait remonter à l'époque apostolique. Poussé par son caractère sévère aux excès de rigidité des montanistes, Tertullien reprochait aux prêtres d'accorder la paix et l'absolution aux adultères, et de justifier cet excès d'indulgence par la parabole du bon pasteur, représentée en peinture sur les calices (1).

Les saints docteurs, dans un grand nombre de leurs écrits, confirment ce que nous apprend Tertullien.

Le pape Damase dit que sous le pontificat de saint Sylvestre, l'an 324, Constantin-le-Grand fit bâtir la basilique Constantinienne, la première élevée par les empereurs en l'honneur du vrai Dieu, « et la décora de dons magnifiques ; parmi lesquels on remarquait la statue du Sauveur, travaillée en argent, du poids de cent vingt livres, assise sur un fauteuil de même métal et de la hauteur de cinq pieds, celles des douze apôtres de la grandeur de cinq pieds chacune et pesant quatre-vingt-dix livres. »

Saint Athanase écrivait en 330 (2) : « Nous autres chrétiens, loin d'adorer les images comme des dieux, à la manière des Grecs, nous nous bornons à témoigner notre affection et notre amour pour l'original dont la figure nous est présentée. Et c'est pourquoi, lorsque les traits de l'image sont effacés, nous ne faisons nulle difficulté de brûler comme inutile le bois qui l'avait reçue. »

« L'honneur de l'image passe à son original, » disait saint Basile ; et l'on lit dans la lettre écrite par ce grand évêque à l'empereur Julien (3) : « Je reconnais les apôtres, les prophètes et les martyrs, je les invoque afin qu'ils prient pour moi, et j'espère que par leur intercession, Dieu usera de miséricorde envers moi, et me pardonnera mes fautes. C'est pour cela aussi que je révère et honore leurs images, VU SURTOUT QUE NOUS Y SOMMES INSTRUITS PAR LA TRADITION DES SAINTS APÔTRES. Bien loin de nous être défendues, nous les exposons dans nos églises. » Saint Basile passe avec raison, pour un des principaux oracles de l'église grecque, nous l'entendons ici défendant au milieu du IVe siècle, le culte des images, et l'appuyant sur une tradition apostolique.

Helladius, évêque de Césarée, écrivant, en 380, la vie de ce même saint Basile, son prédécesseur, dit de lui : « Fort souvent ce saint homme se plaçait devant une image de Notre-Dame, près de laquelle était aussi représenté un célèbre martyr. Il se tenait debout et en prières, demandant d'être délivré de l'apostat et impie Julien. »

Saint Ambroise racontant l'apparition qu'il eut de saint Gervais et de saint Protais (4), emploie les termes suivants : « C'était la troisième nuit ; j'étais excédé de jeûnes et plutôt dans une espèce de stupeur que de sommeil ; ils m'apparurent l'un et l'autre, accompagnés d'une troisième personne qui ressemblait au bienheureux Paul, dont je connaissais la physionomie par ses images. »
Saint Augustin (5), parlant d'un livre de magie que les payens avaient voulu attribuer à Jésus-Christ, dit : « Cherchant ensuite auxquels de ses disciples ils feraient adresser cet écrit par le Sauveur, Pierre et Paul leur sont venus à l'esprit, sans doute pour les avoir vus souvent et dans plusieurs endroits peints ensemble avec leur divin maître. »

Passant les témoignages que nous trouvons encore dans les écrits des autres pères, bornons-nous à ajouter ici un fragment de l'épître adressée en 590, par le pape saint Grégoire-le-Grand, à Sérénus, évêque de Marseille, qui, dans un moment de zèle inconsidéré, avait fait briser les images des saints, sous prétexte qu'on ne doit point les adorer. « Si vous aviez défendu qu'on les adore, nous n'aurions qu'à vous louer, écrivait Grégoire ; mais nous vous blâmons de les avoir brisées. Dites-moi, mon frère, avez-vous ouï dire que jamais quelque prêtre ait fait ce que vous avez fait ? A défaut de toute autre considération, vous deviez être retenu par celle de ne pas vous estimer seul sage et seul saint parmi vos confrères; autre » chose est d'adorer la peinture et autre chose d'apprendre par elle ce qu'on doit adorer. Ce que l’Écriture montre a ceux qui savent » lire, la peinture le montre aux idiots qui ne savent que regarder. »

_____

(1) Lib. de pudicitiâ, p. 748. —
(2) Quest. et réponse au prince Antiochus, n° 38. —
(3) Frag. de répit, ccv, cité au 2e conc. de Nicée. —
(4) Sermon sur saint Gervais et saint Protais, en 370. —
(5) Sur l'accord des Évangiles, l.I. c. x. —

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:42 pm


Iconoclaste anciens. Lorsque les iconoclastes, soutenus par Léon l'Isaurien, s'élevèrent contre le culte des images, et firent abattre les statues et les peintures dans tous les sanctuaires, sous prétexte d'idolâtrie, les hommes les plus instruits, et notamment le patriarche Germain, justifièrent l’Église des accusations insensées portées contre elle. Cependant l'empereur son fils, et Constantin Copronyme, successeur de ce dernier, n'en persistèrent pas moins, et remplirent à ce sujet l'empire grec de massacres et de deuil pendant plus d'un demi-siècle.

Le conciliabule (1) de Constantinople, en 754, cédant aux violences de Constantin Copronyme, « déclara la peinture un art abominable et impie, un art défendu par le ciel, une invention d'un esprit diabolique, dont l’Église doit être purgée. »

Toutefois, après la répression des fureurs des briseurs d'images, l'impératrice Irène (2) fil tenir en 787, de concert avec le pape Adrien, le concile de Nicée. Cette auguste assemblée annula le décret de la réunion de Constantinople ; les évêques qui avaient assisté au conciliabule se rétractèrent solennellement,et déclarèrent que le décret en question leur avait été extorqué par les menaces de l'empereur. Les pères de Nicée posent en principe que l'effet propre des images est d'élever les esprits aux objets qu'elles représentent, et que l'honneur rendu à l'image passe à celui qui y est dépeint. Ils en appellent à la tradition (3), c'est sur elle qu'ils fondent leur décision. « Nous » déclarons unanimement, disent-ils, que nous voulons retenir les traditions consacrées par l’Écriture et la coutume... Marchant dans celle voie royale, et nous tenant fermement appuyés sur la doctrine des saints pères, sur la tradition de l’Église catholique, dans laquelle réside l'Esprit saint, nous définissons.... que les images doivent être placées dans nos temples... afin qu'à l'inspection de ces peintures sacrées, ceux qui les contemplent transportent aux prototypes leur esprit, leurs pensées et leurs désirs. »

Constantin Porphyrogénète s'étant soustrait à l'autorité de sa mère, en 797, défendit d'obéir aux ordres du concile. Le zèle impie de la faction iconoclaste se ralluma et dura sous les quatre règnes suivants; enfin, en 852, l'impératrice Théodora détruisit le parti, et un concile tenu à Constantinople remit en vigueur les décisions de celui de Nicée (4).

Tandis que, forte de l'appui des empereurs, l'hérésie désolait l'Orient, la vigilance et la fermeté des souverains pontifes avaient maintenu le calme dans l’Église latine. Mais lorsqu'en 90 le pape Adrien publia les décrets de Nicée, les églises de France et d'Allemagne, trompées par une version infidèle, crurent que les pères accordaient aux images l'adoration proprement dite, et condamnèrent unanimement une opinion, qui en effet eût été condamnable. Toutefois la méprise ayant été découverte, on reconnut partout l'orthodoxie de la doctrine du concile, et plusieurs siècles s'écoulèrent alors sans que cette question fût de nouveau agitée.

________

(1) Il a semblé bon aux réformés de déclarer 8e concile œcuménique ce conciliabule qui n'a laissé qu'une indignation universelle. —
(2) Mère de Constantin Porphyrogénète. —
(3) Certes ils devaient mieux la connaître que les novateurs du XVIe siècle. —
(4) Alexis Comnène troubla encore à ce propos la paix de l’Église d'Orient au XIIe siècle. —

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:43 pm


Iconoclaste modernes. Il était réservé aux prédécesseurs de la réforme, aux Pierre de Bruys, aux vaudois, aux albigeois, aux henriciens, aux Wicleff, etc., et enfin aux novateurs du XVIe siècle, de recommencer encore une fois toutes ces vieilles querelles, et de reproduire, pour soutenir leur mauvaise cause, des arguments surannés, et cent fois victorieusement réfutés. A la vérité, les modernes apôtres ne réussirent point à agir de concert. Les luthériens firent preuve encore d'une certaine modération, et le docteur Martin accourut lui-même à Wittemberg pour rétablir l'ordre troublé par le fougueux Carlostadt. Quant aux zwingliens, aux calvinistes et aux différentes sectes qui se rattachaient à eux, ils fracassèrent, brûlèrent et bouleversèrent tout ce qui se trouvait dans les églises ; images et reliques, rien ne fut respecté (1).

Semblables aux premiers iconoclastes, les prétendus réformateurs citaient encore la loi du Décalogue, et reprochaient aux catholiques d'honorer les images d'un culte absolument semblable à celui rendu par les payens à leurs idoles, c'est-à-dire de prêter du sentiment et de l'intelligence à l'image, d'adorer ce qui est par soi-même mensonge et néant, ce qui, suivant l'expression de saint Paul (2) « n'est  rien dans l'univers (3).

Les novateurs, élevés dans le sein du catholicisme, ne pouvaient être de bonne foi dans des assertions aussi directement opposées aux enseignements de l’Église. Évidemment ils avaient dû puiser leur folle supposition dans la haine acharnée qui les animait.

Le concile de Trente a parfaitement réfuté leurs accusations, par le. simple exposé du dogme catholique. « Il faut, dit-il, garder et retenir, surtout dans les temples, les images de Jésus-Christ, de la sainte Vierge et des autres saints, et leur rendre l'honneur et la vénération qui leur sont dus, non que l'on croie qu'il y a en elle quelque divinité ou quelque vertu pour laquelle on doit let honorer, ou qu'il faut leur demander quelque chose, et mettre sa confiance en elles, comme les payens la mettaient dans leurs idoles ; mais parce que l'honneur qu'on rend aux images se rapporte aux originaux qu'elles représentent, de manière qu'en les baisant, en nous découvrant, et nous prosternant devant elles, nous adorons Jésus-Christ, et nous honorons les saints dont elles sont la figure. » Le saint concile détaille ensuite avec soin les abus à éviter, et ordonne aux évêques d'exercer une surveillance sévère à cet égard.

Malgré celte décision si exacte et si bien motivée, les protestants n'en persistent pas moins à affirmer, que, quand même il n'y a pas idolâtrie, l'usage des images est mauvais en lui-même et dangereux pour les gens ignorants et grossiers, qui, incapables de s'élever au-dessus de leurs sens, et de distinguer le culte absolu du culte relatif, voient seulement l'image et bornent à cet objet matériel leurs vœux et leurs respects.

Ce danger pourrait avoir quelque réalité, tout au plus dans des pays idolâtres où des missionnaires iraient établir le christianisme; chez nous, au contraire, les fidèles apprennent dès qu'ils peuvent penser à ne demander aucune grâce à une image, à ne mettre aucune confiance en elle, l'inconvénient en question n'existe donc pas ; affirmer le contraire, c'est soutenir qu'il ne faut pas montrer à un enfant le portrait de son père, de peur qu'il ne le confonde avec l'original (4).
_______

(1) On en voulait surtout aux images,dites miraculeuses. Dieu peut prendre occasion d'une image tout comme d'une relique pour faire un miracle ; l'expérience l'a bien souvent prouvé. —
(2) I. Cor. YIH. 4. —
(3) Arnobe, 1.1. contre les gentils. —
(4) Il est bizarre que les protestants, si ardents a proscrire les images des saints et de la mère du Rédempteur, peuplent aujourd'hui leurs temples des bustes de Luther, de Mélanchton, et d'une foule de pasteurs, de professeurs et de prétendus grands hommes plus ou moins inconnus. Il suffit de signaler ce fait ; chacun sentira sans commentaire ce qu'il a de profondément ridicule. —

Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

CULTES DES IMAGES --  Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844. Empty Re: CULTES DES IMAGES -- Extrait du livre LA FOI DE NOS PÈRES, par le B. Marie-Théodore De Bussierre -- 1844.

Message  Roger Boivin Dim 09 Mar 2014, 10:44 pm



JUSTIFICATION DU CULTE ET DU SIGNE DE LA CROIX.

Ceux qui nous blâment d'invoquer les anges et les saints, d'honorer leurs reliques et leurs images, ont dû aussi nous reprocher de rendre un culte religieux à la croix... Cette croix, signe sacré de notre rédemption, n'a point été épargnée non plus. Lorsqu'éclata la réforme : elle a été violemment arrachée des églises, brisée, foulée aux pieds et brûlée. L'on a voulu défendre à des chrétiens de s'humilier devant ce sublime étendard, en présence duquel l'idolâtrie est tombée ; on leur a interdit de le tracer sur eux-mêmes dans les moments de tentation, et dans les instants solennels ou critiques de la vie.

Suivant saint Paul (Philip. II. 8.) : « Dieu veut que tout genou fléchisse au nom de Jésus-Christ, parce qu'il s'est rendu obéissant jusqu'à la mort, sur la croix. » Je ne saurais comprendre, en vérité, la différence qu'il peut y avoir entre fléchir le genou au nom sacré du Rédempteur, et le fléchir à la vue de l'instrument sur lequel il a opéré notre rédemption ; les deux démonstrations de respect, se rapportent l'une comme l'autre à la personne de Jésus-Christ. Quant au signe de la croix, c'est une profession de christianisme, dont nous trouvons l'usage établi parmi les fidèles de la primitive Église. Tertullien, qui vivait au IIe siècle, parle déjà de l'habitude de se signer comme d'une pieuse coutume consacrée par la tradition, ce qui la fait remonter aux temps des apôtres : « Nous formons la croix  sur notre front, dit-il, à toutes nos actions (1) lorsque nous entrons dans nos maisons ou que nous en sortons, lorsque nous  prenons nos habits ou nos souliers, que nous allons au bain, à table ou au lit, lorsque nous nous asseyons, ou que nous allumons
nos lumières. Ces sortes de pratiques ne sont point commandées par une loi formelle de l’Écriture ; mais la tradition les enseigne, la coutume les confirme, et la foi les observe. »

Le même père (2) écrivait à sa femme pour la détourner d'épouser un payen en secondes noces : « Lui cacherez-vous votre foi lorsque vous ferez le signe sur votre bouche et sur votre corps ? »

Saint Justin (3) dit : « A l'heure de la prière, nous tournons la face vers l'orient, et aussitôt de notre main droite nous nous marquons  au nom de Jésus-Christ du signe qui nous est si nécessaire. »

On lit dans les œuvres d'Origène (4) : « La puissance de la croix est telle, qu'en la plaçant devant les yeux, et en y fixant l'attention, de manière à considérer avec les yeux de l'esprit la mort de notre Sauveur, il n'y a ni concupiscence, ni luxure, ni envie qui puisse l'emporter ; et à la vue de ce signe, toute la troupe charnelle du péché prend la fuite. »

Saint Cyrille de Jérusalem (5) répète à peu près les paroles de Tertullien citées plus haut : « Point de honte de la croix ; si quelqu'un la cache, tracez-la manifestement sur votre front... Faites sur votre front le signe de la croix avec confiance, en mangeant, en buvant, en entrant, en sortant, avant de dormir et à votre lever.... Le Christ a triomphé des démons par la croix : montrez-en le signe avec hardiesse ; en le voyant, ils se souviendront du Crucifié ; ils le craignent, lui qui a brisé sous ses pieds la tête du dragon. »

Nous retrouvons les mêmes enseignements dans les écrits de saint Ephrem (6) : « Munissez-vous du signe de la croix comme d'un bouclier, non seulement de la main, mais encore de l'esprit. »

Saint Ambroise dit dans son quarante-cinquième sermon : « Le signe du Christ est sur notre front et dans notre cœur ; sur notre  front, afin de le confesser toujours, et dans notre cœur, afin de l'aimer. »

Saint Augustin écrivait (8 ) : « Le signe de la croix est un rempart pour les amis, et un obstacle pour les ennemis. Et afin de tout dire en un mot, il n'est point de sacrement dans l’Église qui ne soit conféré par la vertu mystérieuse de ce signe. »

« Tenez la porte de votre cœur fermé, disait saint Jérôme (8 ) et munissez souvent votre front du signe de la croix, afin que l'exterminateur de l’Égypte n'ait point de prise sur vous. »

Saint Chrysostôme, dans sa démonstration contre les gentils, fait l'éloge delà croix : « Cet objet de malédiction et d'abomination, dit-il, la croix, symbole du dernier supplice, est devenue plus illustre que les diadèmes et les couronnes. » Plus bas il ajoute : « Vous le  trouvez chez les princes et les sujets, chez les femmes et les hommes, chez les vierges et les épouses, chez les esclaves et les libres. Tous retracent ce signe sur la partie la plus auguste de la face humaine, car il est inscrit journellement sur notre front, comme sur une colonne Partout la croix éclate, et partout elle est honorée, dans les maisons, sur les places publiques, dans les déserts, sur les chemins et les montagnes, sur les collines et dans les vallons, sur les mers et les vaisseaux, sur nos vêtements, nos lits, nos armes, nos vases d'or et d'argent, et sur les murailles de nos maisons. »

Saint Basile, saint Athanase, saint Grégoire de Nysse, saint Grégoire de Nazianze, saint Epiphane, etc., tiennent tous le même langage ; je ne cite point leurs écrits, les passages qu'on vient de lire suffisent pour faire connaître le sentiment de la primitive Église au sujet du culte de la croix.

Il est digne de remarque que les payens des IIIe et IVe siècles aient adressé à ce propos aux chrétiens d'alors, précisément les mêmes reproches que les protestants ont dirigés contre les catholiques, dans les temps modernes.

Ainsi, dans Minutius Félix, qui paraît avoir écrit vers la fin du IIe siècle, le payen Cécilius dit en parlant des chrétiens (9): « Leur culte consiste dans l'adoration d'un homme puni du dernier supplice....  et du funeste bois de sa croix. » Ainsi encore, au IVe siècle, Julien écrivait en s'adressant aux chrétiens :  « Vous  adorez le bois de la croix, vous formez ce signe sur votre front,  vous le gravez sur la porte de vos maisons. »

Nous pouvons donc aussi répondre aux protestants, ce que saint Cyrille répondait à l'apostat, ou ce que disait saint Athanase avec toute l’Église.

« La croix nous fait souvenir que Jésus-Christ, en mourant sur elle a racheté, converti et sanctifié le monde ; nous honorons donc la croix, parce qu'elle nous avertit que nous devons vivre pour celui qui est mort pour nous (10). »

« Si les gentils (lisez aujourd'hui : si les protestants ) nous disent de porter notre adoration au bois, nous pouvons séparer devant eux les deux pièces qui forment la croix, et après en avoir détruit l'image Jeter les deux pièces à terre, les fouler aux pieds, preuve que notre vénération ne s'adresse pas au bois, mais à la figure qui nous rappelle le Crucifié (11). »

Celte doctrine est encore celle que nous professons ; et en dépit de nos dénégations, nos adversaires persistent de leur côté à soutenir que nous adorant le bois de lu croix, que nous faisons un acte d'idolâtrie en nous marquant de son signe. On pourrait s'écrier à ce propos avec Bossuet : « En vérité, cela fait pitié, et quand on songe que ces chicanes ont été poussées jusqu'à rompre l'unité, cela fait horreur ! »

Qu'importent au reste ces accusations insensées, ces reproches qui ne tendent à rien moins qu'a prononcer anathème contre une pratique aussi ancienne que l’Église, qu'à proscrire le signe de la rédemption du genre humain, le signe distinctif du christianisme, le signe par lequel le monde a été sauvé, et par lequel il sera jugé. Continuons à imiter les chrétiens des premiers siècles, et disons toujours avec l'apôtre (Galat. VI, 14. ) : « A Dieu ne plaise que je mette ma gloire en autre chose que dans la croix de notre Seigneur Jésus-Christ. »

_________

(1 ) De coronà. —
(2 ) Liv. IIe. à sa femme, c. v. —
(3 ) Quaest. 118. —
(4 ) Hom. VI. in epist. ad Rom. —
(5 ) Leçons aux catéchumènes. —
(6 ) Sur l'armure spirituelle. —
(7 ) Sermon sur les saints. —
(8 ) Epist. ad Demetr. —
(9 ) Cap. IX. —
(10) S. Cyrill, adv. Julian. l. VI. p. 194. —
(11) Athanas. quœst. ad Antioch. —


______
Roger Boivin
Roger Boivin

Nombre de messages : 13140
Date d'inscription : 15/02/2009

Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut


 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum