LES SAINTES IMAGES -- Cardinal-Archevêque D. D. James Gibbons -- 1886.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:09 pm



CHAPITRE XV


SAINTES IMAGES


Le culte rendu aux images du Christ et de ses saints est une des pratiques les plus chères à l’Église catholique ; dans les lignes qui suivent nous allons en venger la légitimité.

Sans doute, les Juifs faisaient des images un usage moins habituel, moins fréquent que nous, parce qu'ils étaient naturellement enclins à l'idolâtrie ; ils étaient aussi environnés de peuples qui auraient pu mal interpréter le but qu'on se proposait. Pour ce même motif de prudence, les premiers chrétiens étaient très réservés dans l'emploi des images ; ils ne les exposaient qu'avec réserve aux regards des païens parmi lesquels il leur fallait vivre, dans la crainte que les images chrétiennes ne fussent confondues avec les idoles païennes.

Les catacombes de Rome, où les fidèles seuls étaient admis, sont cependant remplies d'emblèmes sacrés et de pieuses représentations, conservés jusqu'à ce jour comme pour attester la pratique de l’Église primitive. Vous pourriez y voir, peints sur les murs, sur des vases en verre, la colombe, emblème du Saint-Esprit ; le Christ portant sa croix, et ramenant sur ses épaules la brebis égarée. Vous pourriez y rencontrer encore, avec l'agneau, une ancre, un vaisseau, figures de Notre-Seigneur, de l'espérance, et de l’Église. La première croisade contre les images commença au huitième siècle sous Léon l'Isaurien, empereur de Gonstantinople. Il ordonna d'arracher les images de Notre-Seigneur et de ses saints, et de les brûler. Il pénétra même dans le sanctuaire des maisons et enleva les emblèmes sacrés qui ornaient les habitations privées. Il fit fondre les statues de bronze, d'or et d'argent qu'il convertit en pièces de monnaie, sur lesquelles il fit graver son image. Tels se montrèrent plus tard Henri VIII, Cromwell, ces iconoclastes royaux, qui semblaient être mus par le zèle pour la pureté du culte chrétien, tandis que l'avarice était leur vrai et leur seul mobile.

L'empereur ordonna aux libraires instruits préposés à ses bibliothèques impériales, d'approuver publiquement ses décrets contre les images. Ceux qui étaient consciencieux ayant refusé de le suivre dans cette voie furent enfermés dans la Bibliothèque impériale, on mit le feu au bâtiment et trente-trois mille volumes, la magnifique basilique qui les renfermait, un grand nombre de peintures, les bibliothécaires eux-mêmes, tout fut enveloppé dans une commune destruction.

Constantin Copronyme continua le vandalisme de Léon son prédécesseur. Un moine courageux, Étienne, présenta à l'empereur une pièce portant l'effigie de ce tyran et lui dit : « Qui a-t-on voulu représenter ? » « Moi, dit l'empereur. Le moine la rejeta incontinent et la foula aux pieds. Mais il fut aussitôt saisi par les intendants impériaux et peu de temps après condamné à la peine capitale. « Hélas ! s'écria le saint homme en s'adressant à l'empereur, si je suis puni pour avoir déshonoré l'image d'un monarque mortel, quels tourments ne seront pas réservés à celui qui brûle l'image même de Jésus-Christ ? »

La destruction des images fut ravivée par les réformateurs du seizième siècle. Les tableaux et les statues furent déchirés sans pitié, surtout dans les îles de la Grande-Bretagne, en Allemagne, en Hollande, parce que, disait-on, c'était se montrer idolâtre que de les faire. Mais comme les iconoclastes du huitième siècle n'avaient nul scrupule pour tourner à leurs usages particuliers l'or et l'argent des statues qu'ils rencontraient, de même les iconoclastes du seizième n'hésitèrent pas à confisquer les églises, prétendues idolâtres, dont ils avaient brisé les statues et les tableaux, pour y exercer leur culte sacrilège.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:10 pm


L'étranger, qui visite quelques-unes des églises catholiques profanées de la Grande-Bretagne et du continent, ne peut manquer d'apercevoir les statues mutilées des saints, encore debout dans leurs niches. ( L'auteur de ces lignes a publié ce livre en 1886, donc voilà 128 ans en 2014. roger. )

Cette guerre barbare, contre les souvenirs religieux n'a pas seulement été un grand sacrilège, mais encore, un outrage contre les beaux-arts. Si les messagers de la destruction avaient répandu leurs ravages sur l'Europe, ces œuvres immortelles de Michel-Ange et de Raphaël seraient aujourd'hui perdues pour nous.

La doctrine de l’Église catholique sur les saintes images est clairement et complètement exposée par le concile de Trente dans les paroles qui suivent : « Les images de Jésus-Christ, de la Vierge sa Mère et des autres saints, doivent être spécialement gardées et conservées dans les églises. On doit leur rendre les hommages et le respect qui leur sont dus ; non qu'on admette en elles une divinité ou une vertu secrète qui soit l'objet d'un vrai culte ; non qu'on leur adresse des prières, ou qu'on mette sa confiance en elles, comme le firent jadis les païens, qui mettaient tout leur espoir dans les idoles, mais parce que l'honneur qu'on leur rend se rapporte à l'original qu'elles représentent. Ainsi par ces images que nous baisons, devant lesquelles nous découvrons notre tête ou nous nous inclinons, nous adorons Jésus-Christ, et nous vénérons les saints dont ils nous retracent les traits ( Session XXV. ). »

Tout enfant catholique comprend clairement la différence essentielle qui existe entre une idole païenne et une image chrétienne. Les païens regardaient leurs idoles comme des divinités douées d'intelligence, et possédant tous les autres attributs de la divinité. Ils étaient vraiment idolâtres, c'est-à-dire adorateurs d'images.

Les catholiques savent qu'une image n'a pas d'intelligence ni le pouvoir de les entendre ou de les secourir. Ils lui rendent un culte relatif, c'est-à-dire que leur respect pour la copie est proportionné à la vénération qu'ils témoignent à l'original céleste auquel elle se rapporte.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:12 pm


Par égard pour mes lecteurs protestants, je puis leur citer leur grand Leibnitz dans l'hommage qu'il rend aux saintes images. Il dit dans son Systema Theologicum, page 142 : « Quoique nous parlions de l'honneur rendu aux images, comprenons bien cette manière de s'exprimer, qui signifie réellement que nous honorons non la chose insensible qui est incapable de recevoir un tel honneur, mais le modèle, c'est-à-dire le prototype qui reçoit l'honneur à travers cette représentation, selon l'enseignement du concile de Trente. C'est uniquement dans ce sens, je l'affirme, que les écrivains scolastiques ont parlé de cette même vénération rendue aux images du Christ, comme au Christ notre Seigneur. L'acte en effet, qui est appelé adoration de l'image, est réellement l'adoration de Jésus-Christ lui-même par l'intermédiaire et à l'occasion de l'image qui nous est présente.

« Quand on incline le corps, on le fait comme si on était devant Jésus-Christ lui-même, parce qu'en effet, son image nous le rend plus manifeste et élève d'une manière plus active notre esprit jusqu'à lui. A n'en pas douter, personne ne croit en pareilles circonstances prier de cette manière : « Accordez-moi, image, ce que je vous demande ; je vous rends grâces à vous marbre, à vous bois, » mais bien : « Je vous adore, Seigneur, je vous rends grâces, c'est vers vous que je fais monter mes chants de louanges. »

« En accordant que, pour notre culte rendu à l'image, nous remontons jusqu'à celui qu'elle représente, on voit clairement qu'il n'y a plus de place pour l'idolâtrie ; l'idolâtrie se trouve-t-elle dans le respect que nous témoignons en prononçant les très saints noms de Dieu et de Jésus-Christ ? Après tout, ces noms ne sont que des signes ou des symboles, et, sous ce rapport, des symboles inférieurs aux images, parce qu'ils représentent moins vivement l'objet désigné. Quand on parle d'honorer les images il faut l'entendre dans le même sens qu'on dit qu'au nom de Jésus, tout genou doit fléchir, ou que le nom du Seigneur est béni, ou que nous devons glorifier son nom. Ainsi, s'incliner devant une image qui nous est extérieure n'est pas en soi plus répréhensible que nous prosterner devant l'image que nous avons formée dans notre esprit. Car l'image extérieure a pour but seulement de nous représenter d'une manière visible celle que nous nous sommes formée dans notre esprit. »

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:13 pm



Nous lisons au livre de l'Exode : « Vous ne ferez pas d'idoles, ni aucune représentation de ce qui est dans les cieux, sur la terre et dans les profondeurs des eaux ( Chapitre XX. ). » Les protestants soutiennent que ces paroles renferment une défense absolue de faire des images. L’Église catholique insiste pour prouver que ce commandement nous défend de les adorer comme des dieux.

Le texte ne peut signifier la défense absolue de faire des images. Dans ce cas Dieu se contredirait lui-même, en nous ordonnant dans un passage de l’Écriture ce qu'il condamne dans l'autre.

Dans l'Exode (XXV, 18) par exemple, il ordonne de faire deux chérubins d'or battu et de les placer de chaque côté du tabernacle. Dans le livre des Nombres ( XXI, 8 ) il ordonne à Moïse de faire un serpent d'airain et de l'élever comme un signe afin « que ceux qui auraient été frappés par les serpents de feu, le regardassent et pussent vivre. » Les chérubins et les serpents ne représentent-ils pas les créatures des cieux, de la terre et des eaux ? car les chérubins habitent les cieux, et on trouve les serpents sur la terre et dans les eaux. Tous, sans exception, nous transgresserions ce commandement si nous l'expliquions dans le sens protestant. N'avons-nous pas dans nos maisons les portraits de parents vivants et morts? Ne vous représentent-ils pas des personnes qui sont dans les cieux et sur la terre ?

L'abbaye de Westminster, quoique jadis catholique, est maintenant à la dévotion des protestants : elle est remplie des statues des hommes illustres, personne assurément n'accusera l’Église anglicane d'idolâtrie pour avoir permis qu'on les y gardât. Mais, me direz-vous, les chrétiens de Westminster n'ont pas l'intention d'adorer ces statues. Nous n'avons pas non plus l'intention d'adorer les statues des saints. Un curé anglais faisait remarquer à un ami catholique : « Thomas, n'adorez-vous pas les images ? » « Nous prions devant elles, mais nous n'avons pas l'intention de les adorer. » « Personne ne voit votre intention, » répartit le clergyman. « Ne priez-vous pas la nuit ? » lui fit remarquer Thomas : « Je prie au pied de mon lit, » reprit le curé. « Eh bien ! ajouta le digue gentleman, vous priez le bois de votre lit. » « Oh ! non, reprit le révérend, ce n'est pas mon intention. » « Qui s'inquiète de votre intention ? » dit Thomas.

On ne peut apprécier la bonté ou la malice de nos actes sans tenir compte de l'intention.

On fait croire légèrement à beaucoup de personnes que les catholiques adorent les images. Si elles visitent l'Europe et qu'elles voient un vieillard prier devant l'image de Notre-Seigneur ou de la sainte Vierge placée le long des chemins, ces personnes sont confirmées dans ces préjugés. Leur zèle contre les idoles s'enflamme et elles écrivent dans leur pays qu'elles ont entre leurs mains une preuve de plus de l'ignorance des Romains. Si ces voyageurs superficiels avaient seulement la patience d'interroger ce vieillard, il leur répondrait dans la simplicité de sa foi, que la statue n'a point de vie pour l'entendre et l'exaucer, mais qu'elle lui inspire un plus grand respect pour l'original qu'elle représente.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:15 pm



Comme j'écris pour des protestants je cite volontiers le passage suivant écrit par un de leurs théologiens, dans l'Encyclomédie. ( Édition d'Yverdun, tome 1er, article adorer.)

« Lorsque Loth se prosterne devant les deux anges, c'est un acte de courtoisie envers ses honorables hôtes ; lorsque Jacob s'incline devant Esaü, c'est une marque de déférence de la part d'un jeune frère envers son aîné ; lorsque Salomon s'incline profondément devant Bethsabée, c'est un honneur qu'un enfant rend à sa mère ; lorsque Natham va à la rencontre de David, et l'adore en s'inclinant jusqu'à terre, c'est l'hommage d'un sujet envers son prince. Mais quand un homme se prosterne pour prier Dieu, c'est la créature qui adore son Créateur. Si ces différents actes sont rendus tantôt par le mot adoration, tantôt par le mot vénération, tantôt par le mot prostration, ce n'est pas la seule signification du mot qui a dirigé les interprètes pour le rendre, mais la nature même de l'action. Quand un Israélite se prosternait devant le Roi, personne ne songeait à l'accuser d^idolâtrie. S'il avait accompli le même acte en présence d'une idole, on l'eût avec raison taxé d'idolâtrie. Et pourquoi ? Parce que tous les hommes auraient pensé que par cette action il regardait l'idole comme une vraie divinité, et qu'il lui exprimait les sentiments manifestés par l'adoration dans le sens restreint que nous attachons à ce mot. Que dirons-nous de ce que les catholiques font pour honorer les saints, les reliques, et le bois de la croix? Ils ne diront pas que ces actes de respect soient de même nature que ceux qui constituent extérieurement le culte de Dieu ? Je ne pense pas qu'on puisse de bonne foi les en accuser. » Un gentleman, qui était présent dans le moment où l'on découvrit la statue de Clay à Richemond, me disait qu'aussitôt que le rideau fut levé et que la noble figure de l'homme d’État du Kentucky apparut au grand jour, cette immense foule de spectateurs se découvrit instinctivement la tête. « Pourquoi quittez-vous votre chapeau ? » dit, comme en se jouant, un de mes amis à une de ses connaissances qui était là. « Sachez-le, c'est pour honorer Henri Clay. » « Mais Henri Clay n'est pas là avec sa chair ? Vous ne voyez que de la glaise, » « Mon intention, monsieur, reprit-il, est d'honorer l'original. »

Assurément sa réponse était correcte ; combien cependant n'en était-il pas, dans cette foule, qui se seraient scandalisés en voyant un catholique se découvrir devant la statue de saint Pierre. Ce n'est donc pas de faire des images, mais de les adorer qui a été défendu par le Décalogue.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:16 pm



Après avoir vu combien légitime est le culte des saintes images, voyons aussi les avantages qu'on peut en retirer.

1. Les peintures religieuses ornent la maison de Dieu. Qu'y a-t-il de plus convenable que d'orner l'église qui est la figure de la céleste Jérusalem si magnifiquement décrite par saint Jean ( Apoc, XXI. ) ? Salomon orna le temple de Dieu avec les images des chérubins ou d'autres représentations. Il couvrit les chérubins d'or. Il sculpta sur toute la longueur des murs, et tout autour de l'édifice, diverses figures ( 111 Rois, VI. ). Mais s'il était bon, s'il était convenable d'orner le temple de Salomon qui contenait seulement l'Arche du Seigneur, combien n'est-il pas plus convenable de décorer nos églises qui contiennent le Seigneur de l'Arche ? Quand je vois une église ornée avec goût, c'est pour moi un signe certain que notre Seigneur et Maître s'y trouve, et que ses sujets dévoués lui rendent leurs hommages, dans ce sanctuaire où il lui plaît de résider.

Quelle beauté, quelle variété, quel charme dans ces peintures présentées à nos yeux dans ce temple de la nature que nous habitons ! Regardez la voûte du firmament ; considérez les délicieuses peintures tracées sur la terre par la main du divin architecte ; « considérez les lys des champs... Je vous le dis, Salomon dans toute sa gloire ne fut jamais aussi bien paré que l'un d'eux. » Si les temples de la nature sont si richement ornés, pour- quoi les temples, œuvres de nos mains, ne leur ressembleraient-ils pas ?

Combien de chrétiens pratiquants auraient à se reprocher, comme David « d'habiter des maisons de cèdre, tandis que l'Arche de Dieu se trouve sous l'écorce des arbres ( II Rois, VII, 2. ). »

Combien n'en est-il pas dont les appartements sont ornés de tableaux recherchés, et qui affectent de se scandaliser à la vue d'un simple emblème de piété dans la maison de Dieu ? A l'occasion de la célébration des noces d'argent d'Henri-W. Beecher, plusieurs riches paroissiens ornèrent les murs de l'église de Plymouth avec leurs tableaux privés. Leur but assurément, en agissant de la sorte, n'était pas d'honorer Dieu mais leur pasteur.

Si les portraits des hommes n'ont pas profané cette église, comment les portraits des saints produiraient-ils cet effet dans les nôtres 1 ? Qu'y a-t-il de plus convenable que d'orner le sanctuaire de Jésus-Christ avec les portraits des saints, surtout de Marie et des apôtres qui, pendant leur vie, ont servi sa personne sacrée ? N'est-ce pas naturel pour des enfants d'orner leurs maisons avec les images ou plutôt avec les portraits de leurs pères dans la foi ?

________

1. A Washington, dans le Sanctuaire de la Chapelle, le portrait d'un riche bienfaiteur occupe l'une des premières places.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:17 pm


2. Les images de piété sont le catéchisme des ignorants. Malgré tous les efforts de l’Église et de l’État, en ce qui concerne l'éducation, une grande partie du genre humain restera toujours dans l'ignorance. Les peintures qui parlent aux yeux, apprendront ce que les savants trouvent dans les livres.

Que d'hommes auraient ignoré la foi chrétienne s'ils n'avaient été instruits par des tableaux ! Quand Augustin, l'apôtre de l'Angleterre, parut pour la première fois devant le roi Ethelbert, pour lui annoncer l’Évangile, il faisait porter devant lui un crucifix d'argent et un tableau représentant Notre-Seigneur. Ces images parlaient d'une manière plus éloquente aux yeux, que ses paroles aux oreilles des auditeurs.

Par le moyen d'emblèmes religieux, saint François Xavier fit de nombreuses conversions dans l'Inde. C'est encore par le même moyen que le Père de Smet fit connaître l’Évangile aux sauvages des Montagnes Rocheuses.

3. En étalant des tableaux religieux dans nos chambres, nous faisons une silencieuse mais éloquente profession de foi. A l'époque de la dernière guerre, j'allai visiter un jour un gentleman dans une ville éloignée. En entrant dans sa bibliothèque, je remarquai deux portraits, l'un représentant un général célèbre, l'autre un archevêque. Ces portraits me proclamaient bien haut les sentiments religieux et patriotiques du propriétaire de la maison. « Vous voyez, me dit-il, en me montrant ces tableaux mou Credo religieux et politique. » Si je vois un crucifix dans la chambre d'un homme, je suis persuadé qu'il n'est pas infidèle.

4. A l'aide des saintes images, notre dévotion et notre amour pour celui qu'elles représentent devient plus fort, parce que nous pouvons mieux concentrer toutes les forces de notre âme sur l'objet de nos affections. Considérez comment s'anime peu à peu le regard d'un tendre enfant qui a sous les yeux le portrait d'une mère bien-aimée. Quel chrétien peut rester insensible quand il contemple le tableau de la Mère des Douleurs ? Combien la dévotion n'a-t-elle pas été fortifiée encore parla vue des chemins de croix ? Quelle profonde et douloureuse compassion vient s'exprimer sur le visage de l'humble chrétienne pendant qu'elle passe d'une station à une autre. Elle suit le Sauveur pas à pas depuis le jardin des Oliviers jusqu'au sommet du Calvaire. Toute la scène comme dans un panorama, vient se refléter dans son esprit, dans sa mémoire, dans ses affections. Les plus pathétiques discours sur la Passion n'ont jamais enflammé un si profond amour, ni fait naître d'aussi salutaires résolutions que le silencieux spectacle de notre Sauveur attaché à la croix.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:18 pm


5. Les images des saints nous excitent à imiter leurs vertus : voilà le but principal que l’Église s'est proposé en encourageant l'emploi de ces saintes images. Sans doute elle a aussi en vue de nous porter à honorer et à invoquer les saints, mais la fin première est de nous exciter à imiter leur vie sainte ou de nous exhorter « à considérer et à agir conformément au modèle qui nous a été montré sur la montagne ( Exode, XXV, 40. ). » Et Je ne connais pas de moyen plus efficace pour enflammer la piété que l'exemple.

Si vous gardez chez vous les portraits de Georges Washington et d'Henri Patrick, de Taney, ministre de la justice, ou d'autres hommes distingués, la représentation de ces hommes si éminents ne peut manquer d'exercer une salutaire quoique silencieuse impression sur l'esprit et le cœur de vos enfants. Votre fils vous dira : « Qui sont ces hommes ? » Et quand vous lui répondrez : « C'est Washington, le père de sa patrie ; c'est Henri Patrick, l'ardent amateur de la liberté civile ; c'est Taney, le juge incorruptible, » votre enfant concevra une vénération de plus en plus profonde pour ces hommes; il se sentira attiré à pratiquer les vertus civiques qui les ont rendus célèbres. De même, quand nos enfants ont constamment sous les yeux les plus purs comme les plus beaux modèles de sainteté, ils ne sauraient manquer de retirer d'une telle contemplation un goût pour les vertus qui marquèrent la vie de ceux qu'ils représentent. Notre pays n'est-il pas inondé de peintures obscènes et de représentations immodestes qui corrompent notre jeunesse ? Si les agents de Satan recourent à de si vils moyens dans un but détestable, s'ils sont assez adroits pour insinuer à travers les sens, dans le cœur des simples, l'insidieux poison du péché, en mettant devant leurs yeux des portraits lascifs, au nom de Dieu, pourquoi ne sanctifierions-nous pas l'âme de nos enfants par le moyen d'emblèmes pieux ? Pourquoi ne ferions-nous pas de l’œil un instrument d'édification comme nos ennemis en font un organe, un moyen de destruction ? La plume de l'artiste, le pinceau du peintre et le ciseau du sculpteur seront-ils prostitués pour les plus vils dessins ? Dieu nous en préserve ! Les arts ont eu pour destination première d'être les serviteurs de la religion.

Presque à tous les moments du jour l’œil reçoit l'impression des objets extérieurs et les transmet jusqu'à l'âme. L'âme reçoit ainsi tous les jours des milliers d'impressions bonnes ou mauvaises, selon la nature des objets présentés à sa vue. Nous ne pouvons donc trop estimer la salutaire influence produite sur nous dans une église ou dans un appartement orné de saintes images. Tant que nous sommes en leur présence, il nous semble que nous nous trouvons dans la société des justes. La contemplation de ces pieuses images purifie nos affections, élève nos pensées, fixe notre légèreté, répand autour de nous une atmosphère de santé et de vie.

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Message  Roger Boivin Jeu 06 Mar 2014, 5:19 pm


Je suis heureux d'apprendre que les déclamations lancées autrefois contre les images sont aujourd'hui presque complètement tombées. L'épithète d'idolâtres nous est maintenant très rarement appliquée. Plusieurs même de nos frères séparés commencent déjà à reconnaître l'utilité des symboles religieux, et à regretter qu'on nous ait obligés, par suite du zèle immodéré des réformateurs, à en garder pendant si longtemps le monopole. Les croix surmontent déjà quelques-unes de nos églises protestantes et remplacent les coqs qui tournent à tous les vents.

Un homme de condition, de Richemond, me disait naguère que pendant la dernière Semaine-Sainte il avait orné de douze croix une église épiscopale, où, onze ans auparavant, la vue d'une simple croix eût excité la haine contre le ministre. Vienne le jour où tous les chrétiens se réuniront à nous, non seulement pour vénérer les symboles sacrés du salut, mais pour offrir le même sacrifice sur les mêmes autels !

LA FOI DE NOS PÈRES, ou, EXPOSITION COMPLÈTE DE LA DOCTRINE CHRÉTIENNE -- par le Très Révérend D. D.  James Gibbons, Cardinal-Archevêuque de Baltimore -- Ouvrage traduit de l'anglais sur la vingt-huitième édition, avec l'autorisation spéciale de l'auteur, par l'abbé Adolphe Saurel -- publié en 2886 :

https://archive.org/stream/lafoidenospres00gibb#page/210/mode/2up


L'auteur de ces lignes était sûrement très loin de s'imaginer ce qui se passerait de profanation universelle de notre patrimoine religieux quatre vingt ans plus tard. Soit ! on a quand même en ce chapitre la  doctrine catholique à propos des saintes images.
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