Les erreurs modernes
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Les erreurs modernes
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Introduction : Nécessité morale de la Révélation, 428-430.
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
1. Erreurs concernant la raison et la Révélation, 431-434.
2. Compromis sur le plan doctrinal, 435-439.
3. Relativisme théologique et dogmatique, 440-442.
4. Erreurs sur le rôle du magistère de l'Eglise, 443-446.
5. Erreurs sur l'interprétation de l'Ecriture Sainte, 447-449.
6. Quelques erreurs théologiques récentes, 450-451.
II. Rappel de la doctrine catholique, 452.
1. Sur le plan philosophique.
a) Valeur de la raison humaine, 453.
b) La philosophie traditionnelle, 454.
c) Le vrai progrès en philosophie, 455.
d) La doctrine de saint Thomas d'Aquin, 456-460.
e) Rôle de la théodicée et de l'éthique, 461-462.
2. Questions relatives aux sciences positives, 463.
a) La biologie et l'anthropologie, 464-465.
b) Le genre historique de la Genèse, 466.
Conclusion : Mission des Supérieurs et des Maîtres, 467-470.
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1 PIE XII, Lettre encyclique sur certaines opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique. AAS XXXXII (1950) 561-578.
( Tiré de AUX SOURCES DE LA VIE SPIRITUELLE, p. 235-253, par P. CATTIN — H. TH. CONUS, des Frères Prêcheurs, Éd. St-Paul, 1951.)
Les erreurs modernes
Lettre encyclique de Sa Sainteté Pie XII
du 12 août 1950 1
HUMANI GENERIS
du 12 août 1950 1
HUMANI GENERIS
Introduction : Nécessité morale de la Révélation, 428-430.
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
1. Erreurs concernant la raison et la Révélation, 431-434.
2. Compromis sur le plan doctrinal, 435-439.
3. Relativisme théologique et dogmatique, 440-442.
4. Erreurs sur le rôle du magistère de l'Eglise, 443-446.
5. Erreurs sur l'interprétation de l'Ecriture Sainte, 447-449.
6. Quelques erreurs théologiques récentes, 450-451.
II. Rappel de la doctrine catholique, 452.
1. Sur le plan philosophique.
a) Valeur de la raison humaine, 453.
b) La philosophie traditionnelle, 454.
c) Le vrai progrès en philosophie, 455.
d) La doctrine de saint Thomas d'Aquin, 456-460.
e) Rôle de la théodicée et de l'éthique, 461-462.
2. Questions relatives aux sciences positives, 463.
a) La biologie et l'anthropologie, 464-465.
b) Le genre historique de la Genèse, 466.
Conclusion : Mission des Supérieurs et des Maîtres, 467-470.
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1 PIE XII, Lettre encyclique sur certaines opinions fausses qui menacent de ruiner les fondements de la doctrine catholique. AAS XXXXII (1950) 561-578.
( Tiré de AUX SOURCES DE LA VIE SPIRITUELLE, p. 235-253, par P. CATTIN — H. TH. CONUS, des Frères Prêcheurs, Éd. St-Paul, 1951.)
Dernière édition par Louis le Ven 14 Mar 2014, 11:26 am, édité 20 fois
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les erreurs modernes
Introcuction : Nécessité morale de la Révélation
428
Les dissentiments et les erreurs des hommes en matière religieuse et morale, qui ont toujours été pour tous les honnêtes gens et avant tout pour les vrais fils de l'Eglise la cause d'une très vive douleur, le sont particulièrement aujourd'hui, où nous voyons de toutes parts attaqués les principes mêmes de la culture chrétienne.
A la vérité, il n'est pas étonnant que ces dissentiments et ces erreurs se soient toujours rencontrés en dehors du bercail du Christ. Bien que la raison humaine, en effet, à parler simplement, puisse vraiment par ses forces et sa lumière naturelles arriver à une connaissance vraie et certaine d'un Dieu personnel, protégeant et gouvernant le monde par sa providence, ainsi que d'une loi naturelle mise par le Créateur dans nos âmes, il y a cependant bien des obstacles empêchant cette même raison d'user efficacement et avec fruit de son pouvoir naturel, car les vérités qui concernent Dieu et les relations qui existent entre Dieu et les hommes dépassent absolument l'ordre des choses sensibles, et lorsqu'elles doivent se traduire en action et informer la vie, elles demandent qu'on se donne et qu'on se renonce. L'esprit humain pour acquérir de semblables vérités souffre difficulté de la part des sens et de l'imagination, ainsi que des mauvais désirs nés du péché originel. De là vient qu'en de telles matières, les hommes se persuadent facilement de la fausseté ou du moins de l'incertitude des choses qu'ils voudraient ne pas être vraies.
429
C'est pourquoi il faut dire que la révélation divine est moralement nécessaire pour que les vérités religieuses et morales qui, de soi, ne sont pas inaccessibles à la raison, puissent être, dans l'état actuel du genre humain, connues de tous sans difficulté, avec une ferme certitude et sans mélange d'erreur (1).
430
Bien plus, l'esprit humain peut parfois éprouver des difficultés simplement à formuler un jugement ferme de crédibilité au sujet de la foi chrétienne, bien qu'il existe un grand nombre de signes extérieurs éclatants permettant, même avec la seule lumière naturelle de la raison humaine, de prouver l'origine divine de la religion chrétienne. L'homme, en effet, qu'il soit entraîné par les préjugés ou poussé par ses passions et sa volonté mauvaise, peut se refuser et résister non seulement à l'évidence des signes extérieurs, si claire soit-elle, mais aussi aux inspirations d'en haut que Dieu fait sentir en nos âmes.
Quiconque considère…
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Concile du Vatican, Const. De Fide cath.t cap. 2, De Revelatione. Denzingcr n. 1876.
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
1. Erreurs concernant la raison et la Révélation
431
Quiconque considère ceux qui se trouvent hors du bercail du Christ constatera facilement sur quelles voies se sont engagés un bon nombre de savants. Il y en a en effet qui, bien que le système de l'évolution dans le champ même des disciplines naturelles ne soit pas encore indiscutablement prouvé, l'admettent sans prudence ni discernement et prétendent qu'il concerne l'origine de toutes choses, ne craignant pas de se montrer favorables à l'hypothèse moniste et panthéiste d'un univers soumis à une évolution perpétuelle. Cette hypothèse précisément sert aux dirigeants communistes pour propager plus efficacement et mettre en avant leur matérialisme dialectique et faire disparaître des esprits toute notion de Dieu.
432
Les fausses affirmations d'un semblable évolutionnisme, selon lesquelles se trouve rejeté tout ce qui est absolu, certain, immuable, ont ouvert la voie à une nouvelle philosophie aberrante qui, rivalisant avec l'idéalisme, l'immanentisme et le pragmatisme, a reçu le nom d'existentialisme, étant donné que, négligeant les essences immuables des êtres, elle s'intéresse seulement à l'existence de chaque chose.
433
A cela s'ajoute un faux historicisme qui, s'attachant aux seuls événements de la vie humaine, renverse les fondements de toute vérité et de toute loi absolue en ce qui concerne tant la philosophie que les dogmes chrétiens eux-mêmes.
434
Au milieu de cette confusion d'opinions, Nous éprouvons quelque soulagement à voir ceux qui, jadis, avaient été imbus des principes du rationalisme, désirer revenir maintenant aux sources d'une vérité divinement révélée, reconnaître et proclamer que la parole de Dieu conservée dans la Sainte Ecriture est le fondement des sciences sacrées. Mais il faut en même temps déplorer qu'un bon nombre de ceux-ci, dans la mesure où ils adhèrent plus fermement à la parole de Dieu, suppriment la raison humaine, et, plus volontiers ils exaltent l'autorité de la révélation divine, plus vivement ils méprisent le magistère de l'Eglise institué par le Christ, Notre-Seigneur, pour conserver les vérités divinement révélées et les interpréter. Ce qui non seulement contredit ouvertement la Sainte Ecriture, mais est également démontré faux par l'expérience. Souvent, en effet, ceux-là mêmes qui sont séparés de l'Eglise se plaignent ouvertement de leurs dissentiments en matière dogmatique et avouent malgré eux la nécessité d'un magistère vivant.
Les théologiens et les philosophes catholiques…
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
2. Compromis sur le plan doctrinal
435
Les théologiens et les philosophes catholiques, qui ont la lourde charge de défendre la vérité humaine et divine et de la faire pénétrer dans les esprits humains, ne peuvent ni ignorer ni négliger ces systèmes qui s'écartent plus ou moins de la voie droite. Bien plus, ils doivent les bien connaître d'abord parce que les maux ne se soignent bien que s'ils sont préalablement bien connus, ensuite parce qu'il se cache parfois dans les affirmations fausses elles-mêmes un élément de vérité, enfin parce que les mêmes affirmations invitent l'esprit à scruter et à considérer plus soigneusement certaines vérités philosophiques ou théologiques.
436
Si nos philosophes et nos théologiens, de l'examen prudent de ces doctrines s'efforçaient seulement de tirer un tel fruit, il n'y aurait aucune raison pour que le magistère de l'Eglise intervînt. Toutefois, quoique Nous sachions bien que les docteurs catholiques se gardent généralement de ces erreurs, il est certain cependant qu'il y a aujourd'hui, comme aux temps apostoliques, des hommes qui, s'attachant plus qu'il ne faut aux nouveautés, ou même qui, craignant de passer pour ignorer les découvertes faites par la science en cette époque de progrès, s'efforcent de se soustraire à la direction du magistère et se trouvent, à cause de cela, en danger de s'éloigner insensiblement des vérités révélées et d'entraîner dans l'erreur les autres aussi.
Il se présente encore…
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
2. Compromis sur le plan doctrinal (suite)
437
Il se présente encore un autre danger, d'autant plus grave qu'il se cache davantage sous l'apparence de la vertu. Beaucoup, déplorant la discorde et la confusion qui règnent dans les esprits, mus par un zèle des âmes imprudent, éprouvent dans leur ardeur un vif désir de rompre les barrières qui divisent d'honnêtes gens ; ils adoptent en conséquence un tel «irénisme » que, laissant de côté les questions qui divisent les hommes, ils envisagent non seulement de combattre d'un commun accord l'athéisme envahissant, mais même de réconcilier les dogmes, fussent-ils opposés. Et de même qu'il y eut autrefois des gens pour demander si l'apologétique traditionnelle de l'Eglise ne constituait pas plutôt un obstacle qu'une aide pour gagner les âmes au Christ, il n'en manque pas non plus aujourd'hui pour aller jusqu'à demander sérieusement si la théologie et la méthode qu'elle emploie, telles qu'elles se pratiquent dans les classes avec l'approbation de l'autorité ecclésiastique, ne doivent pas être non seulement perfectionnées, mais encore complètement réformées pour que le règne du Christ soit plus efficacement propagé dans le monde entier parmi les hommes de quelque culture ou de quelque opinion religieuse que ce soit.
438
S'ils n'avaient d'autre prétention que d'adapter davantage, par l'introduction d'une nouvelle méthode, l'enseignement ecclésiastique et sa méthode aux conditions et aux besoins actuels, il n'y aurait presque aucune raison d'inquiétude, mais enflammés d'un « irénisme » imprudent, certains semblent considérer comme des obstacles à la restauration de l'unité fraternelle ce qui, en fait, est fondé sur les lois mêmes et les principes posés par le Christ et sur les institutions établies par Lui, ou bien constitue la défense et le soutien de l'intégrité de la foi et ne saurait en, disparaissant qu'assurer l'union dans la ruine.
Ces opinions nouvelles…
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
2. Compromis sur le plan doctrinal (suite)
439
Ces opinions nouvelles, qu'elles procèdent d'un désir blâmable de nouveauté ou d'un motif louable, ne sont pas toujours proposées au même degré, avec la même clarté et dans les mêmes termes, ni ne rencontrent toujours l'accord unanime de leurs divers auteurs ; ce que certains enseignent aujourd'hui de façon couverte avec des précautions et des distinctions, sera proposé demain par d'autres plus audacieux de manière claire et sans restriction, non sans faire tort à beaucoup, spécialement au jeune clergé, et non sans dommage pour l'autorité ecclésiastique. Si on parle prudemment dans les livres imprimés, on s'exprime plus librement dans les écrits communiqués privément, dans les cours et les réunions. Et ces opinions ne sont pas divulguées seulement parmi le clergé séculier et régulier, dans les Séminaires et les Instituts religieux, mais aussi parmi les laïques, parmi ceux spécialement qui sont consacrés à l'enseignement.
En ce qui regarde la théologie…
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
3. Relativisme théologique et dogmatique
440
En ce qui regarde la théologie, certains entendent réduire le plus possible la signification des dogmes, libérer le dogme lui-même de la manière de s'exprimer en usage dans l'Eglise depuis longtemps et des concepts philosophiques en vigueur chez les docteurs catholiques, pour retourner dans l'exposition de la doctrine catholique aux expressions employées par la Sainte Ecriture et par les Pères. Ils espèrent ainsi que le dogme, dépouillé des éléments qu'ils appellent extrinsèques à la révélation, pourra être avec fruit comparé aux opinions dogmatiques de ceux qui sont séparés de l'unité de l'Eglise, ce qui permettrait d'arriver petit à petit à l'assimilation du dogme catholique et des idées des dissidents.
En outre, la doctrine catholique une fois ainsi réduite, ils pensent de cette manière donner le moyen de satisfaire aux besoins actuels en exprimant le dogme dans les notions de la philosophie actuelle, immanentisme, idéalisme, existentialisme ou autre.
C'est pourquoi certains, plus audacieux, affirment que cela peut et même que cela doit se faire, car, prétendent-ils, jamais les mystères de la foi ne peuvent être exprimés en termes vrais, mais seulement en termes approximatifs, et toujours changeables, qui indiquent la vérité dans une certaine mesure, mais qui la déforment aussi nécessairement.
C'est pourquoi ils ne jugent pas absurde, mais au contraire absolument nécessaire que la théologie, selon les diverses philosophies dont au cours des temps elle se sert comme d'instruments, substitue de nouvelles notions aux anciennes, de telle sorte que sous des modes divers, ou même dans une certaine mesure opposés, mais équivalents selon eux, elle exprime de manière humaine les mêmes vérités divines. Ils ajoutent que l'histoire des dogmes consiste à exprimer les différentes formes que la vérité révélée a revêtu successivement selon les diverses doctrines et systèmes qui virent le jour au cours des siècles.
Il est clair, d'après…
Note: J'ai aéré le texte ci-haut, qui ne formait qu'un paragraphe, pour plus de clarté. Bien à vous.
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
3. Relativisme théologique et dogmatique (suite)
441
Il est clair, d'après ce que nous avons dit, que ces tentatives non seulement conduisent au relativisme dogmatique, mais qu'elles le contiennent déjà en fait ; le mépris de la doctrine communément enseignée et des termes dans lesquels elle est exprimée n'y prête déjà que trop. Il n'est personne qui ne voie que les expressions employées soit dans les classes, soit par le magistère de l'Eglise, pour exprimer ces notions, peuvent être améliorées et perfectionnées ; on sait d'ailleurs que l'Eglise n'a pas constamment employé les mêmes termes. Il est clair également que l'Eglise ne peut se lier à n'importe quel système philosophique, dont le règne dure peu de temps ; mais les expressions qui, durant plusieurs siècles, furent établies du consentement commun des docteurs catholiques pour arriver à quelque intelligence du dogme, ne reposent assurément pas sur un fondement si fragile. Elles reposent en effet sur des principes et des notions déduites de la véritable connaissance des choses créées ; dans la déduction de ces connaissances, la vérité révélée a éclairé comme une étoile l'esprit humain, par le moyen de l'Eglise. C'est pourquoi il n'y a pas à s'étonner si certaines de ces notions non seulement ont été employées dans les Conciles œcuméniques, mais en ont reçu une telle sanction qu'il n'est pas permis de s'en éloigner.
442
Aussi est-il de la plus grande imprudence de négliger ou de rejeter ou de priver de leur valeur tant de notions importantes que des hommes d'un génie et d'une sainteté non communs, sous la vigilance du magistère et non sans l'illumination et la conduite du Saint-Esprit, ont conçues, exprimées et précisées dans un travail plusieurs fois séculaire pour formuler toujours plus exactement les vérités de la foi, et de leur substituer des notions et des expressions flottantes et vagues d'une philosophie nouvelle, qui existent aujourd'hui et disparaîtront demain comme la fleur des champs ; c'est faire du dogme lui-même comme un roseau agité par le vent. Le mépris des vocables et des notions dont se servent habituellement les théologiens scolastiques les conduit spontanément à énerver la théologie qu'ils appellent spéculative, laquelle s'appuyant sur la raison théologique manque, estiment-ils, de véritable certitude.
De fait, malheureusement…
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
4. Erreurs sur le rôle du magistère de l'Eglise
443
De fait, malheureusement, les amateurs de nouveauté passent facilement du mépris de la théologie scolastique au manque d'égards et même au mépris à l'égard du magistère de l'Eglise qui a si fortement appuyé de son autorité cette théologie. Le magistère est présenté par eux comme un empêchement au progrès et un obstacle pour la science ; des non-catholiques le considèrent comme un frein injuste qui empêche certains théologiens plus cultivés de renouveler leur science. Et bien que ce magistère doive être pour tout théologien, en matière de foi et de mœurs, la règle prochaine et universelle de vérité — car le Christ Notre-Seigneur lui a confié tout le dépôt de la foi, Ecriture Sainte et Tradition, à garder, à défendre et à interpréter —, toutefois le devoir qu'ont les fidèles d'éviter aussi les erreurs qui voisinent plus ou moins avec l'hérésie, et par conséquent d' « observer même les constitutions et décrets par lesquels le Saint-Siège proscrit et prohibe de telles opinions mauvaises (1) , » est parfois aussi ignoré d'eux que s'il n'existait pas. Ce qui est exposé dans les Encycliques des Souverains Pontifes sur le caractère et la constitution de l'Eglise est par certains délibérément et habituellement négligé, dans le but de faire prévaloir un concept vague qu'ils disent pris aux anciens Pères, spécialement aux Grecs. Les Papes en effet, disent-ils, n'entendent pas se prononcer sur les questions qui sont matière à discussion entre les théologiens ; c'est pourquoi il faut retourner aux sources et expliquer par les écrits des anciens, les constitutions et décrets récents du magistère.
C'est peut-être séduisant…
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(1) Code de Droit Canon, can. 1324 ; cf. Concile du Vatican, Const. De Fide cath., cap. 4, De Fide et ratione , post canones. Denzînger n. 1820.
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
4. Erreurs sur le rôle du magistère de l'Eglise (suite)
444
C'est peut-être séduisant, mais ce n'est pas exempt d'erreur. De fait, il est vrai que les Papes laissent généralement aux théologiens la liberté sur les questions disputées entre les docteurs les plus renommés, mais l'histoire enseigne que bien des choses qui furent d'abord laissées à la libre discussion ne peuvent plus désormais supporter aucune discussion.
445
Il ne faut pas estimer non plus que ce qui est proposé dans les Encycliques ne demande pas de soi l'assentiment puisque les Papes n'y exercent pas le pouvoir suprême de leur magistère. A ce qui est enseigné par le ministère ordinaire, s'applique aussi la parole Qui vous écoute m'écoute (1) ; et la plupart du temps ce qui est exposé dans les Encycliques appartient déjà d'autre part à la doctrine catholique. Si les Papes portent expressément dans leurs actes un jugement sur une matière qui était jusque là controversée, tout le monde comprend que cette matière, dans la pensée et la volonté des Souverains Pontifes, n'est plus désormais à considérer comme question libre entre les théologiens.
446
Il est vrai, sans doute, que les théologiens doivent sans cesse revenir aux sources de la révélation divine ; c'est leur rôle d'indiquer de quelle manière les vérités enseignées par le magistère vivant se trouvent « explicitement ou implicitement dans les Ecritures et la Tradition (2) ». En outre, l'une et l'autre sources de la doctrine divinement révélée contiennent des trésors de vérité si nombreux et si grands qu'on ne les épuisera jamais. C'est pourquoi, par l'étude des sources, les sciences sacrées rajeunissent sans cesse ; tandis que la spéculation qui néglige d'approfondir l'étude du dépôt révélé, l'expérience nous l'a appris, devient stérile. Mais, pour ce motif, la théologie positive elle-même ne peut être ramenée au rang d'une science simplement historique. Dieu, en effet, a donné à son Eglise, avec ces sources que nous avons dites, un magistère vivant pour éclairer et dégager ce qui n'était contenu dans le dépôt de la foi que d'une manière obscure et pour ainsi dire implicite. Ce dépôt, ce n'est pas à chacun des fidèles, ni même aux théologiens eux-mêmes, que notre divin Rédempteur en a confié l'interprétation authentique, mais au seul magistère de l'Eglise. Or, si l'Eglise exerce ce rôle, comme il lui est souvent arrivé au cours des siècles, par la voie ordinaire ou extraordinaire, il est trop évident que c'est une méthode fausse d'expliquer le clair par l'obscur ; bien plus, c'est l'ordre contraire qui s'impose à tous.
Aussi Pie X, Notre Prédécesseur d'immortelle mémoire, lorsqu'il enseigna que le rôle très noble de la théologie est de montrer comment la doctrine définie par l'Eglise est contenue en ses sources, ajouta, non sans grave raison, ces paroles : « dans le sens même où l'Eglise l'a définie ».
Pour en revenir donc aux opinions nouvelles…
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(1) S. Luc x, 16.— (2) PIE IX : Inter gravissimas, 28 oct. 1870, Acta, vol. I, p. 260.
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
5. Erreurs sur l'interprétation de l'Ecriture Sainte,
447.
Pour en revenir donc aux opinions nouvelles que nous avons mentionnées plus haut, certains proposent encore ou suggèrent diverses opinions qui entament l'autorité divine de la Sainte Ecriture. Certains, en effet, osent fausser le sens de la définition du Concile du Vatican qui proclame Dieu auteur des Ecritures, reprenant ainsi une opinion bien des fois condamnée, selon laquelle l'inerrance de l'Ecriture ne s'étendrait qu'à ce qui concerne Dieu, les choses morales et religieuses. Bien plus, ils parlent à tort du sens humain des Livres Sacrés, sous lequel se cacherait le sens divin, seul infaillible, disent-ils. Dans l'interprétation de l'Ecriture, ils ne veulent aucunement qu'on tienne compte de l'analogie de la foi et de la tradition de l'Eglise ; en sorte qu'il faudrait ramener l'enseignement des Saints Pères et du magistère au sens de l'Ecriture interprétée d'une manière purement humaine par les exégètes, plutôt que d'expliquer la Sainte Ecriture selon l'esprit de l'Eglise, que le Christ Notre-Seigneur a établie gardienne et interprète de l'entier dépôt de la vérité divinement révélée.
448
En outre, le sens littéral de l'Ecriture et l'exposé qu'en ont élaboré, sous la vigilance de l'Eglise, tant et de si grands exégètes, doivent céder, selon les décrets fallacieux de ces maîtres, devant l'exégèse nouvelle, qu'ils appellent symbolique et spirituelle. C'est par elle que les Livres de l'Ancien Testament, qui demeureraient aujourd'hui dans l'Eglise comme dans une fontaine scellée, seraient enfin de nouveau intelligibles à tous. Par cette voie, assurent-ils, s'évanouissent toutes les difficultés qui n'entravent que ceux qui restent attachés au sens littéral des Ecritures.
449
Tout le monde voit combien toutes ces doctrines s'écartent des principes et des normes d'herméneutique qui furent justement fixés par Nos Prédécesseurs d'heureuse mémoire, Léon XIII, en l'Encyclique Providentissimus et Benoît XV, en l'Encyclique Spiritus Paraclitus, ainsi que par Nous-même en Notre Encyclique Divino Afflante Spiritu.
Il n'est pas étonnant que…
Dernière édition par Louis le Lun 07 Avr 2014, 1:41 pm, édité 3 fois (Raison : Déposer le lien de Spiritus Paraclitus, Divino Afflante Spiritu et Providentissimus.)
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Re: Les erreurs modernes
I. Périls doctrinaux de l'heure présente
6. Quelques erreurs théologiques récentes
450
Il n'est pas étonnant que ces nouveautés aient déjà produit des fruits empoisonnés dans toutes les parties de la théologie. On met en doute la puissance de la raison à démontrer, par des arguments tirés des créatures, sans l'aide de la révélation, l'existence d'un Dieu personnel ; on nie que le monde ait commencé, et on prétend que la création du monde était nécessaire puisqu'elle procéderait de la nécessaire libéralité de l'amour divin ; on refuse à Dieu la prescience éternelle et infaillible des actions libres des hommes ; toutes doctrines qui s'opposent aux déclarations du Concile du Vatican (1).
Quelques-uns même se demandent si les anges sont des créatures personnelles, si la matière diffère essentiellement de l'esprit. D'autres déforment la vraie notion de la gratuité de l'ordre surnaturel, quand ils prétendent que Dieu ne peut créer des êtres doués d'intelligence, sans les ordonner et les appeler à la vision béatifique. Ce n'est pas assez ; écartant les définitions du Concile de Trente, on fausse la notion du péché originel et en même temps celle du péché en général, en tant qu'il est offense à Dieu, celle aussi de la satisfaction que le Christ a présentée pour nous. Il s'en trouve pour soutenir que la doctrine de la transsubstantiation, fondée, disent-ils, sur une notion philosophique vieillie de la substance, doit être corrigée, de telle sorte que la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie se réduise à une sorte de symbolisme ; en ce sens que les espèces consacrées ne seraient que les signes efficaces de la présence spirituelle du Christ et de son intime union en son Corps mystique avec les membres fidèles.
451
Certains sont d'avis qu'ils ne sont point liés par la doctrine que Nous exposions, il y a peu d'années, en Notre Encyclique et qui s'appuie sur les sources de la révélation, à savoir que le Corps mystique du Christ et l'Eglise catholique romaine sont une seule et même chose (1) , quelques-uns réduisent à une vaine formule la nécessité d'appartenir à l'Eglise pour arriver au salut éternel. D'autres, enfin, n'admettent pas le caractère rationnel des signes de crédibilité de la foi catholique.
Ces doctrines et d'autres du même genre…
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(1). Cf. Concile du Vatican Const. De Fide cath., cap. 1. De Deo rerum omnium creatore. — (1) PIE XII, Lettre Encyclique Mystici Corporis du 29 juin 1943. AAS xxxv (1943) 193-248. Cf. SVS nn. 752- 846.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
452
Ces doctrines et d'autres du même genre, il est manifesté qu'elles se glissent déjà chez plusieurs de Nos fils, entraînés dans l'erreur par un zèle des âmes inconsidéré ou une science fausse. Il Nous faut donc avec tristesse leur répéter des vérités très connues et leur indiquer, non sans douleur, des erreurs manifestes et les dangers d'erreur auxquels ils sont exposés.
On sait l'importance…
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique
a) Valeur de la raison humaine
453
On sait l'importance que l'Eglise attache au pouvoir qu'a la raison humaine de démontrer avec certitude l'existence d'un Dieu personnel, de prouver victorieusement, à partir de signes divins, les fondements de la foi chrétienne, d'exprimer justement la loi inscrite par le Créateur dans le cœur des hommes, enfin, d'atteindre à une certaine connaissance des mystères, véritable et très fructueuse (2) .
La raison, toutefois…
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(2) Cf. Concile du Vatican. Denzinger n. 1796.
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique.
b) La philosophie traditionnelle
454
La raison, toutefois, n'arrivera à s'exercer ainsi, avec justesse et sûreté, que si elle a été formée comme il convient ; c'est-à-dire si elle a été pénétrée de cette philosophie saine que nous avons reçue des siècles chrétiens qui nous ont précédés, comme un patrimoine depuis longtemps constitué, arrivé précisément à ce degré supérieur d'autorité, parce que le magistère même de l'Eglise a soumis aux normes de la révélation divine elle-même, ses principes et ses principales assertions, que de grands esprits avaient peu à peu découverts et définis. Cette philosophie reçue et communément admise dans l'Eglise, défend l'authentique et exacte valeur de la connaissance humaine, les principes inébranlables de la métaphysique — principes de raison suffisante, de causalité et de finalité —, enfin, la capacité d'arriver à une vérité certaine et immuable.
Cette philosophie présente…
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique.
c) Le vrai progrès en philosophie
455
Cette philosophie présente de nombreux points qui ne touchent ni directement ni indirectement aux questions de foi et de morale et que l'Eglise, pour ce motif, abandonne à la libre discussion des esprits compétents. En d'autres domaines, au contraire, ceux surtout qui concernent les principes et les énoncés essentiels que Nous avons rappelés, la même liberté n'existe pas. Même en ces questions essentielles, il est permis de donner à la philosophie un vêtement plus juste et plus riche, de la défendre par des exposés plus efficaces, de la dégager de certaines présentations scolaires moins adaptées, de l'enrichir prudemment de certains apports de la pensée humaine ; mais il n'est jamais permis de la renverser, de la contaminer par de faux principes ou de l'estimer un monument imposant, certes, mais d'un autre âge. C'est que la vérité et toute la présentation philosophique qu'on en fait ne peuvent changer d'un jour à l'autre, surtout quand il s'agit des principes qui sont connus par eux-mêmes à l'esprit humain ou de ces assertions qui s'appuient sur la sagesse des siècles et leur accord avec la révélation. Tout ce que la raison humaine, en ses recherches sincères, pourra découvrir de vérité, ne peut sûrement pas s'opposer aux vérités acquises. Car Dieu, Souveraine Vérité, a établi l'intelligence et il la dirige non pas en lui faisant opposer chaque jour des nouveautés aux vérités justement acquises, mais en lui donnant d'écarter les erreurs qui, par hasard, se seraient glissées, pour ajouter le vrai au vrai, dans le même ordre et selon l'harmonie qui se révèle dans la constitution même des choses d'où nous tirons le vrai.
Que le chrétien, philosophe ou théologien, n'embrasse donc pas avec précipitation et légèreté toutes les nouveautés du jour, mais qu'avec grand soin il pèse ces pensées, les mette en une juste balance, par crainte de perdre la vérité qu'il possède ou de la contaminer, avec de grands dommages et de grands risques pour la foi elle-même.
Si on a bien saisi ces points de vue…
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique.
d) La doctrine de saint Thomas d'Aquin
456
Si on a bien saisi ces points de vue, on apercevra sans peine pourquoi l'Eglise exige que ses futurs prêtres soient formés aux disciplines philosophiques « selon la méthode, la doctrine et les principes du Docteur angélique (1) ». C'est que l'expérience de plusieurs siècles lui a parfaitement appris que la méthode de l'Aquinate, qu'il s'agisse de former de jeunes esprits ou d'approfondir les vérités les plus secrètes, s'impose entre toutes par ses mérites singuliers ; sa doctrine s'harmonise avec la révélation divine comme par un juste accord ; elle est singulièrement efficace pour établir, avec sûreté, les fondements de la foi, comme aussi pour recueillir, de façon sûre et utile, les fruits du vrai progrès (2).
457
Pour ce motif, il faut extrêmement déplorer que cette philosophie, reçue et reconnue dans l'Eglise, soit aujourd’hui méprisée de certains qui osent impudemment la déclarer vieillie en sa forme, rationaliste en son procédé de pensée. Ils répètent, en effet, que notre philosophie soutient à tort la possibilité d'une métaphysique absolument vraie ; d'autre part, ils affirment catégoriquement que les réalités, surtout les réalités transcendantes, ne se peuvent mieux exprimer que par des doctrines disparates qui se complètent mutuellement malgré qu'elles s'opposent d'une certaine façon les unes aux autres.
458
Aussi accordent-ils que la philosophie que nous donnons en nos écoles avec sa présentation claire des questions et leur solution, ses notions soigneusement établies et ses distinctions nettes, peut être utile pour initier à la théologie scolastique et fut merveilleusement adaptée aux esprits du moyen âge ; mais elle ne présente plus, disent-ils, la méthode de philosopher qui répond à notre culture et à nos besoins.
Ils font ensuite l'objection…
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(1) (1) Code de Droit Canon, can. 1366, 2. — (2) Cf. Allocution du Pape aux Pères délégués au Chapitre général de l'Ordre des Frères Prêcheurs, 22 sept. 1946. AAS XXXVIII (1946) 387.
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique.
d) La doctrine de saint Thomas d'Aquin (suite)
459
Ils font ensuite l'objection que la philosophie perennis n'est qu'une philosophie des essences immuables, tandis que l'esprit d'aujourd'hui doit considérer l'existence des êtres singuliers et la vie toujours fluante. Pendant qu'ils méprisent cette philosophie, ils font l'éloge des philosophies, anciennes ou modernes, d'Orient ou d'Occident, en sorte qu'ils semblent insinuer dans les esprits que n'importe quelle philosophie, n'importe quelle façon de penser peut, moyennant, s'il le faut, des corrections et des compléments, s'accorder avec le dogme catholique. Ce qui est absolument faux, surtout lorsqu'il s'agit de systèmes comme l'immanentisme, l'idéalisme ou le matérialisme, soit historique, soit dialectique, ou encore de l'existentialisme, s'il professe l'athéisme ou du moins s'il rejette la valeur du raisonnement métaphysique. Il n'est pas un catholique pour contester ce désaccord.
460
Enfin, ils reprochent à la philosophie de nos écoles de ne considérer dans le processus de la connaissance que l'intelligence et de négliger le rôle de la volonté et des affections. Ce n'est point le cas. Jamais, en effet, la philosophie chrétienne n'a nié l'utilité et l'efficacité des bonnes dispositions de toute l'âme, pour pleinement reconnaître et embrasser les vérités religieuses et morales ; bien plus, elle a toujours enseigné que l'absence de ces dispositions peut être la cause pour laquelle l'intelligence, liée par ses désirs et une volonté mauvaise, est obscurcie, au point de ne pas voir comme il faut.
Bien plus, c'est le jugement du Docteur commun que l'intelligence peut s'élever à la perception de biens plus élevés de l'ordre moral, naturel ou surnaturel, seulement dans la mesure où elle éprouve une certaine connaturalité de l'âme avec ces biens, qu'elle soit naturelle ou un don de la grâce (1).
On voit sans peine à quel point ces clartés confuses peuvent aider la raison dans ses recherches. Cependant, autre chose est de reconnaître aux affections de la volonté la puissance d'aider la raison à parvenir à une connaissance plus certaine et plus ferme des choses morales, autre chose, et c'est la prétention de ces novateurs, d'attribuer aux facultés du vouloir et du sentiment une certaine puissance intuitive et de prétendre que l'homme, impuissant à découvrir avec certitude par sa raison le vrai qu'il doit embrasser, doit se tourner vers la volonté pour choisir et décider entre des opinions qui s'opposent, mêlant mal à propos connaissance et acte de la volonté.
Il n'est pas étonnant, par suite…
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(1) Cf. S. THOMAS, Somme théol. II-II, q. 1, a. 4 ad 3 ; et q. 45, a. 2.
Note de Louis : J’ai aéré le paragraphe 460 pour une meilleure compréhension. Bien à vous.
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
1. Sur le plan philosophique.
e) Rôle de la théodicée et de l'éthique
461
Il n'est pas étonnant, par suite, que ces doctrines compromettent deux disciplines philosophiques qui sont par leur nature étroitement liées à l'enseignement de la foi : la théodicée et l'éthique. Leur rôle ne serait plus, pense-t-on, d'établir des certitudes sur Dieu ou sur d'autres réalités transcendantes, mais de montrer plutôt que les enseignements de la foi, sur un Dieu personnel et ses préceptes, s'accordent parfaitement avec les nécessités de la vie ; par suite, qu'il faut les embrasser pour écarter le désespoir et parvenir au salut éternel.
462
Tous ces énoncés s'opposent manifestement aux documents de Nos Prédécesseurs Léon XIII et Pie X, et ne peuvent s'accorder avec les décrets du Concile du Vatican. Il n'y aurait point lieu de déplorer ces écarts en dehors de la vérité, si tous écoutaient le magistère de l'Eglise avec le respect qui lui est dû, même en matière de philosophie. Car il lui revient, de par l'institution divine, non seulement de garder et d'interpréter le dépôt des vérités divinement révélées, mais de veiller encore sur les sciences philosophiques, afin que les dogmes catholiques ne souffrent aucune atteinte des fausses doctrines.
Il Nous reste à dire quelques mots…
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
2. Questions relatives aux sciences positives
463
Il Nous reste à dire quelques mots de questions qui se rapportent aux sciences positives, mais sont en rapport plus ou moins étroit avec les vérités de la foi. Plusieurs, en effet, réclament avec insistance que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces disciplines. Ce qui, sans aucun doute, est chose louable lorsqu'il s'agit de faits véritablement établis ; mais lorsqu'il s'agit plutôt d'hypothèses qui touchent à l'enseignement de l'Ecriture ou de la Tradition, même si elles ont quelque fondement scientifique, il faut les accueillir avec prudence. Si de telles hypothèses s'opposent directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, elles seraient un postulat tout à fait inacceptable.
En conséquence, l'Eglise…
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique
2. Questions relatives aux sciences positives
a) La biologie et l'anthropologie
464
En conséquence, l'Eglise n'interdit pas que la doctrine de l'évolution, pour autant qu'elle recherche si le corps humain fut tiré d'une matière déjà existante et vivante — car la foi catholique nous oblige à maintenir l'immédiate création des âmes par Dieu —, dans l'état actuel des sciences et de la théologie, soit l'objet de recherches et de discussions de la part des savants de l'un et l'autre partis, de telle sorte que les raisons qui favorisent ou combattent l'une ou l'autre opinion soient examinées et jugées avec le sérieux nécessaire, modération et mesure ; à la condition toutefois que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l'Eglise, à qui le Christ a confié le mandat d'interpréter avec autorité les Ecritures et de protéger la foi (1). Certains outrepassent cette liberté de discussion en faisant comme si on avait déjà établi, de façon absolument certaine, avec les indices que l'on a trouvés et ce que le raisonnement en a déduit, l'origine du corps humain à partir d'une matière déjà existante et vivante ; et cela, comme s'il n'y avait rien dans les sources de la révélation divine qui, en ce domaine, impose la plus grande modération et la plus grande prudence.
465
Quand il s'agit de l'autre hypothèse qu'on appelle le polygénisme, les fils de l'Eglise n'ont plus du tout pareille liberté. En effet, les fidèles ne peuvent embrasser une doctrine dont les tenants soutiennent, ou bien qu'il y a eu sur terre, après Adam, de vrais hommes qui ne descendent pas de lui par génération naturelle comme du premier père de tous, ou bien qu'Adam désigne l'ensemble de ces multiples premiers pères. On ne voit, en effet, aucune façon d'accorder pareille doctrine avec ce qu'enseignent les sources de la vérité révélée et ce que proposent les actes du magistère ecclésiastique sur le péché originel, péché qui tire son origine d'un péché vraiment personnel commis par Adam et qui, répandu en tous par la génération, se trouve en chacun et lui appartient (2).
Tout comme dans les disciplines de la biologie et de l'anthropologie…
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(1) Cf. Allocution du Pape aux membres de l'Académie des Sciences, 30 nov. 1941. AAS XXXIII (1941) 506. — (2) Cf. Rom. v, 12-19 ; Concile de Trente, sess. v, can. 1-4. Denzinger nn. 788-791.
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Re: Les erreurs modernes
II. Rappel de la doctrine catholique,
2. Questions relatives aux sciences positives
b) Le genre historique de la Genèse
466
Tout comme dans les disciplines de la biologie et de l'anthropologie, ainsi, dans les sciences historiques, certains s'écartent de façon audacieuse des règles de prudence établies par l'Eglise. D'une façon particulière, il faut déplorer certaine manière beaucoup trop libre d'interpréter les Livres historiques de l'Ancien Testament. Les tenants de ce système invoquent à tort pour se justifier la Lettre donnée, il y a peu de temps, par la Commission pontificale pour les Etudes bibliques, à l'Archevêque de Paris (1).
Cette Lettre, en effet, avertit clairement que les onze premiers chapitres de la Genèse, quoiqu'ils ne répondent pas de façon rigoureuse au concept de l'histoire qui fut celui des grands historiens grecs et latins, ou qui est celui des maîtres de notre temps, toutefois, appartiennent, en un sens véritable, que les exégètes devront encore explorer et établir, au genre historique. Ces mêmes chapitres, d'un style simple et figuré, tel qu'il convenait à la mentalité d'un peuple peu cultivé, rapportent les vérités essentielles sur lesquelles repose la poursuite de notre salut éternel ; ils décrivent de façon populaire l'origine du genre humain et celle du peuple élu. Si les hagiographes anciens ont pris quelque chose aux narrations populaires (ce que l'on peut accorder), il ne faut jamais oublier qu'ils l'ont fait aidés de l'inspiration divine, qui les gardait de toute erreur dans le choix et l'appréciation de ces documents. On ne peut donc, d'aucune façon, mettre les récits populaires accueillis par les Livres Saints sur le même rang que les mythologies ou autres récits semblables, qui sont plus le fruit du jeu de l'imagination que du goût de la vérité et de la simplicité qui marque si visiblement les Livres Sacrés, même de l'Ancien Testament, et qu'il faut placer nos hagiographes bien au-dessus des écrivains profanes de l'antiquité.
Nous savons, à la vérité…
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(1) Cf. Lettre de la Commission pontificale pour les Etudes bibliques à l'Archevêque de Paris, 16 janv. 1948. AAS XL (1948) 45-48.
Note de Louis : J’ai aéré le paragraphe 466 pour une meilleure compréhension. Bien à vous.
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Re: Les erreurs modernes
Conclusion : Mission des Supérieurs et des Maîtres
467
Nous savons, à la vérité, que la majorité des maîtres catholiques, dont les travaux profitent aux athénées, aux séminaires et aux collèges d'Instituts religieux, sont loin de ces erreurs qui se répandent aujourd'hui ouvertement ou en secret, par manie de nouveauté ou par un propos mal réglé d'apostolat. Mais Nous savons aussi que ces opinions nouvelles peuvent avoir prise sur les personnes peu averties ; aussi Nous préférons Nous y opposer dès le principe plutôt que de devoir porter remède à une maladie déjà invétérée.
468
En conséquence, après avoir mûrement, devant Dieu, pesé et considéré la chose, pour ne point faillir aux devoirs sacrés de Notre charge, Nous enjoignons aux Evêques et aux Supérieurs Généraux d'Ordres et d'Instituts religieux, leur en faisant une grave obligation de conscience, de veiller avec le plus grand soin à ce qu'on ne soutienne point les doctrines de ce genre dans les classes, dans les réunions ou par quelques écrits que ce soit, ni qu'on les enseigne de quelque façon que ce soit aux clercs ou aux fidèles.
Les professeurs d'Instituts ecclésiastiques…
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Re: Les erreurs modernes
Conclusion : Mission des Supérieurs et des Maîtres (suite)
469
Les professeurs d'Instituts ecclésiastiques se rappelleront qu'ils ne peuvent, avec tranquillité de conscience, exercer l'office de professeur qui leur est confié que s'ils acceptent religieusement et gardent exactement dans leur enseignement les normes de pensée que Nous avons statuées. Et comme ils doivent respect et soumission au magistère de l'Eglise, en leur travail de chaque jour, ils doivent aussi en imprégner l'esprit et le coeur de leurs disciples.
470
Qu'ils cherchent, certes, de toutes leurs forces à concourir au progrès des sciences qu'ils enseignent, mais qu'ils se gardent aussi d'outrepasser les limites que Nous avons établies pour défendre la vérité de la foi et de la doctrine catholique. Dans les questions nouvelles que la culture moderne et le progrès rendent actuelles, qu'ils apportent leurs recherches les plus diligentes, mais avec la prudence et la circonspection qui conviennent ; enfin, qu'ils se gardent de croire, par un faux « irénisme », qu'on peut obtenir un heureux retour des dissidents et des égarés à l'Eglise si on n'enseigne pas à tous, sincèrement, toute la vérité qu'enseigne l'Eglise, sans aucune corruption et sans aucune diminution.
Fondé sur cette espérance, que votre zèle pastoral fortifie, comme gage des dons du ciel et comme signe de Notre paternelle bienveillance, Nous accordons de grand cœur à tous, à Vous-mêmes, Vénérables Frères, ainsi qu'à votre clergé et à votre peuple, la Bénédiction Apostolique.
Donné à Rome, près St-Pierre, le 12 août 1950, douzième année de Notre Pontificat.PIE XII, PAPE.
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