Le Divin Restaurateur de l'oeuvre déchue.

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Message  Roger Boivin Mer 26 Fév 2014, 10:44 am


L'Eucharistie est non-seulement une extension réelle de l'incarnation quant au foyer de vie où nous puisons nos forces, notre transformation, nos jouissances mystiques, mais encore quant au mode de vie qui nous est communiqué.

L'incarnation manifeste la puissance et la miséricorde de Dieu. Dieu crée l'homme, et des mains barbares mutilent, après cette merveilleuse création, l’œuvre divine. Qui peut refaire une œuvre, si ce n'est l'artiste ? Qui peut communiquer la vie, si ce n'est celui qui a la vie pleine et sans rivages ? Qui peut répandre la vérité, si ce n'est celui qui possède la plénitude de l'être et de la vérité ? « Nemo nisi artifex, operis sui potens est, et figulo tantum in argillam suam jus est. Ita dominus omnium, qui omnes fecerat, dignatus est ad nostra descendere, nosque suscipere in corpore suo, ut reficeret eadem arte vel potestate qua fecerat. 1 »

Trois choses sont nécessaires au restaurateur d'une œuvre déchue : le droit, l'art et la puissance. Le droit qui constitue la souveraineté d'un être sur un autre, l'art qui communique la forme et la beauté, la puissance qui rend l'artiste capable d'achever son œuvre. L'homme appelait, du sein de ses ruines l'être bienfaisant qui devait le restaurer, le rendre à la vie, et depuis des siècles il gémissait, il suppliait, il espérait. Mais qui, sur la terre, a des droits absolus sur l'homme ? Qui possède l'art et la puissance de lui rendre son ancienne et surnaturelle splendeur ? ni les rois, ni les génies, ni les sages de ce monde, car l'homme n'est point l'artiste et le souverain de l'homme, et des efforts humains, si nobles, si inspirés qu'ils soient, ne produiront jamais des vertus surnaturelles ; ce qui est divin ne jaillit point des flancs d'un être humain. Dieu, l'artiste et le souverain des hommes et des choses, se trouve seul investi de ce droit, de cette puissance, de cet art, et maître de son cœur, il n'a point voulu confier une œuvre de cette importance à des mains étrangères, d'ailleurs impuissantes. Alors le verbe de Dieu naît d'une femme et prend la place de l'humanité, et lui, l'être sans commencement et sans fin, il subit la loi vulgaire d'une génération humaine ; lui, l'invisible dans le sein de son père, il souffre comme le plus vil des êtres ; lui, l'immortel et l'incorruptible, il meurt sur un gibet, et mort, il renaît à la vie, et le monde est sauvé. Puis le verbe de Dieu fait homme subjugue les Césars et les peuples avec la croix, il déroute la philosophie par l'extravagance, il jette dans les cœurs le germe de vertus nouvelles, il enrichit le pauvre et le lépreux, il combat avec l'infirmité et il vainc, et la puissance de Dieu se joue à son aise de toutes ces impossibilités que la raison ne saisit pas. « Désormais, s'écrie Jean Chrysostôme, nous n'avons plus besoin de syllogisme, mais de  la foi catholique. Sola fide opus est, non syllogismi. 2 »

La puissance de Dieu, au service de sa miséricorde, accomplit ce que l'amour sollicite. La miséricorde est la compassion que nous inspirent les misères d'autrui, et qui nous pousse à les soulager dans la mesure de nos moyens. « Miscricordia est alienae miseriae nostro in corde compassio, qua utique, si possumus subvenire, compellimur. 3 » Les misères de l'humanité étaient multiples, car le péché avait corrompu l'esprit et le cœur de l'homme et coupé le chemin de sa destinée, et, mutilé, désorienté, il criait du fond de ses abîmes vers son rédempteur. « De profundis clamavi ad te, Domine. 4 » Alors le verbe de Dieu se fait chair, et apporte à l'esprit, au cœur et à la nature de l'homme une vérité de vie, de doctrine et de justice.
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1.  Saint Paulin. Cité par Thomassin. De incarnat. Verbi, lib I, cap. I.
2.  Epist. ad Rom., hom. 2, num. 5. Migne, Pat. graec, tom. LX, col. 407,
3.  Saint Augustin. De la cité de Dieu, liv. IX.
4.  Ps. 129.


L'EUCHARISTIE - Traité Dogmatique, Philosophique et Moral -- par le R. P. Albert Fermé, des Frères Prêcheurs -- 1876  -- pages 271 à 273 :

https://archive.org/stream/leucharistietrai00ferm#page/270/mode/2up

Roger Boivin
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