L’Église, son institution, son unité.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi,
a) Nécessité d’une règle extérieure
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D'ailleurs, ceux qui font profession de christianisme reconnaissent d'ordinaire que la foi doit être une. Le point le plus important et absolument indispensable, celui où beaucoup tombent dans l'erreur, c'est de discerner de quelle nature, de quelle espèce est cette unité. Or, ici, comme nous l'avons fait plus haut dans une question semblable, il ne faut point juger par opinion ou par conjecture, mais d'après la science des faits : il faut rechercher et constater quelle est l'unité de foi que Jésus-Christ a imposée à son Eglise.
La doctrine céleste de Jésus-Christ, quoiqu'elle soit en grande partie consignée dans les livres inspirés de Dieu, si elle eût été livrée aux pensées des hommes, ne pouvait par elle-même unir les esprits. En effet, il devait aisément arriver qu'elle tombât sous le coup d'interprétations variées et différentes entre elles, et cela non seulement à cause de sa profondeur et de ses mystères, mais aussi à cause de la diversité des esprits des hommes et du trouble qui devait naître du jeu et de la lutte des passions contraires. Des différences d'interprétation naît nécessairement là diversité des sentiments : de là des controverses, des dissensions, des querelles, telles qu'on en a vu éclater dans l'Eglise dès l'époque la plus rapprochée de son origine. Voici ce qu'écrit saint Irénée en parlant des hérétiques : « Ils confessent les Ecritures, mais ils en pervertissent l'interprétation 1 . » Et saint Augustin : « L'origine des hérésies et de ces dogmes pervers qui prennent les âmes au piège et les précipitent dans l'abîme, vient uniquement de ce que les Écritures, qui sont bonnes, sont comprises d'une façon qui n'est pas bonne 2 . »
Pour unir les esprits…
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1. S. IRENEE, Adversus hæereses, lib. III, cap. 12, n. 12. PG 7, 906. — 2. S. AUGUSTIN, In Evang. Joan., tract. XVIII, cap. 5, n. 1, PL 35, 1536.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi,
a) Nécessité d’une règle extérieure (suite)
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Pour unir les esprits, pour créer et conserver l'accord des sentiments, il fallait donc nécessairement, malgré l'existence des Ecritures divines, un autre principe. La sagesse divine l'exige ; car Dieu n'a pu vouloir l'unité de la foi sans pourvoir d'une façon convenable à la conservation de cette unité, et les saintes Lettres elles-mêmes indiquent clairement qu'il l'a fait, comme nous le dirons tout à l'heure. Certes, l'infinie puissance de Dieu n'est ni liée ni astreinte par aucun moyen, et toute créature lui obéit comme un instrument docile. Il faut donc rechercher, entre tous les moyens qui étaient au pouvoir de Jésus-Christ, quel est ce principe extérieur d'unité dans la foi qu'il a voulu établir. Pour cela, il faut remonter par la pensée aux premières origines du christianisme. Les faits que nous allons rappeler sont attestés par les saintes Lettres et connus de tous. Jésus-Christ prouve, par la vertu de ses miracles, sa divinité et sa mission divine ; il s'emploie à parler au peuple pour l'instruire des choses du ciel et il exige absolument qu'on ajoute une foi entière à son enseignement ; il l'exige sous la sanction de récompenses ou de peines éternelles : Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas 3. Si je n’eusse point fait parmi eux des œuvres qu'aucun autre n'a faîtes, ils n'auraient point de péché 4. Mais si je fais de telles œuvres et si vous ne voulez pas me croire moi-même, croyez à mes œuvres 5. Tout ce qu'il ordonne, il l'ordonne avec la même autorité ; dans l'assentiment d'esprit qu'il exige, il n'excepte rien, il ne distingue rien. Ceux donc qui écoutaient Jésus, s'ils voulaient arriver au salut, avaient le devoir, non seulement d'accepter en général toute sa doctrine, mais de donner un plein assentiment de l'âme à chacune des choses qu'il enseignait. Refuser, en effet, de croire, ne fût-ce qu'en un seul point, à Dieu qui parle, est contraire à la raison.
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Sur le point de retourner au ciel, il envoie ses Apôtres, en les revêtant de la même puissance avec laquelle son Père l'a envoyé lui-même, et il leur ordonne de répandre et de semer partout sa doctrine. Toute puissance m'a été donnée dans le ciel et sur la terre. Allez donc, et enseignez toutes les nations... leur enseignant à observer tout ce que je vous ai ordonné 1. Seront sauvés tous ceux qui obéiront aux Apôtres ; ceux qui n'obéiront pas périront. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui ne croira point sera condamné 2 . Et comme il convient souverainement à la Providence divine de ne point charger quelqu'un d'une mission, surtout si elle est importante et d'une haute valeur, sans lui donner en même temps de quoi s'en acquitter comme il faut, Jésus-Christ promet d'envoyer à ses disciples l'Esprit de vérité, qui demeurera en eux éternellement. Si je m'en vais, je vous l'enverrai (le Paraclet)... et quand cet Esprit de vérité sera venu, il vous enseignera toute vérité 3. Et je prierai mon Père, et il vous donnera un autre paraclet, pour qu'il demeure toujours avec vous : ce sera l'Esprit de vérité...4 C'est lui qui rendra témoignage de moi ; et vous aussi vous rendrez témoignage 5.
Par suite…
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3. S. JEAN X, 37. — 4. S. JEAN XV, 24. — 5. S. JEAN X, 38. — 1. S. MATTH. XXVIII, 18-19-20. — 2. S. MARC XVI, 16. — 3. S. JEAN XVI, 7-13. — 4. S. JEAN XIV, 16-17. — 5. S. JEAN XV? 26-27.
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2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi,
a) Nécessité d’une règle extérieure (suite)
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Par suite, il ordonne d'accepter religieusement et d'observer saintement la doctrine des Apôtres comme la sienne propre. Qui vous écoute, m'écoute ; qui vous méprise, me méprise 6. Les Apôtres sont donc envoyés par Jésus-Christ de la même façon que lui-même est envoyé par son Père : Comme mon Père m'a envoyé, ainsi moi je vous envoie 7. Par conséquent, de même que les Apôtres et les disciples étaient obligés de se soumettre à la parole du Christ, la même foi devait être pareillement accordée à la parole des Apôtres par tous ceux que les Apôtres instruisaient en vertu de leur mandat divin. Il n'était donc pas plus permis de répudier un seul précepte de la doctrine des Apôtres que de rejeter quoi que ce fût de la doctrine de Jésus-Christ lui-même.
Assurément, la parole des Apôtres, après la descente du Saint-Esprit en eux, a retenti jusqu'aux lieux les plus éloignés. Partout où ils posent le pied, ils se présentent comme les envoyés de Jésus lui-même. C'est par lui (Jésus-Christ) que nous avons reçu la grâce et l'apostolat pour faire obéir à la foi toutes les nations en son nom 1. Et partout, sur leurs pas, Dieu fait éclater la divinité de leur mission par des prodiges. Et eux, étant partis, prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux et confirmant leur parole par les miracles qui l'accompagnaient 2. De quelle parole s'agit-il ? De celle, évidemment, qui embrasse tout ce qu'ils avaient eux-mêmes appris de leur maître : car ils attestent publiquement et au grand jour qu'il leur est impossible de taire quoi que ce soit de tout ce qu'ils ont vu et entendu.
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Mais nous l'avons dit ailleurs, la mission des Apôtres n'était point de nature à pouvoir périr avec la personne même des Apôtres, ou disparaître avec le temps, car c'était une mission publique et instituée pour le salut du genre humain. Jésus-Christ, en effet, a ordonné aux Apôtres de prêcher l'Evangile à toute créature 3 et de porter son nom devant les peuples et les rois 4 et de lui servir de témoins jusqu'aux extrémités de la terre 5. Et, dans l'accomplissement de cette grande mission, il a promis d'être avec eux, et cela non pas pour quelques années ou quelques périodes d'années, mais pour tous les temps, jusqu'à la consommation du siècle 6. Sur quoi saint Jérôme écrit : « Celui qui promet d'être avec ses disciples jusqu'à la consommation du siècle montre par là, et que ses disciples vivront toujours, et que lui-même ne cessera jamais d'être avec les croyants 1. » Comment tout cela eût-il pu se réaliser dans les seuls Apôtres, que leur condition d'hommes assujettissait à la loi suprême de la mort ? La Providence divine avait donc réglé que le magistère institué par Jésus-Christ ne serait point restreint aux limites de la vie même des Apôtres, mais qu'il durerait toujours. De fait, nous voyons qu'il s'est transmis et qu'il a passé comme de main en main dans la suite des temps.
« Les Apôtres, en effet…
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6. S. Luc x, 16. — 7. S. JEAN XX, 21. — 1. Rom. I, 5. — 2. S. MARC XVI, 20. — 3.S. MARC XVI, 15. — 4. Actes IX, 15. — 5. Actes I, 8. — 6. S. MATTH, XXVIII, 20. — 1. S. JEROME, In Matth. IV, 28. PL 26, 218.
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II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi,
a) Nécessité d’une règle extérieure (suite)
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Les Apôtres, en effet, consacrèrent des évêques et désignèrent nominativement ceux qui devaient être leurs successeurs immédiats dans le ministère de la parole 2. Mais ce n'est pas tout : ils ordonnèrent encore à leurs successeurs de choisir eux-mêmes des hommes propres à cette fonction, de les revêtir de la même autorité et de leur confier à leur tour la charge et la mission d'enseigner. Toi donc, ô mon fils, fortifie-toi dans la grâce qui est en Jésus-Christ : et ce que tu as entendu de moi devant un grand nombre de témoins, confie-le à des hommes fidèles, qui soient eux-mêmes capables d'en instruire les autres 3. Il est donc vrai que comme Jésus-Christ a été envoyé par Dieu, et les Apôtres par Jésus-Christ, ainsi les évêques et tous ceux qui ont succédé aux Apôtres, ont été envoyés par les Apôtres. « Les Apôtres nous ont prêché l'Evangile, envoyés par Notre-Seigneur Jésus-Christ, et Jésus-Christ a été envoyé par Dieu. La mission du Christ est donc de Dieu, celle des Apôtres est du Christ, et toutes les deux ont été instituées selon l'ordre par la volonté de Dieu... Les Apôtres prêchaient donc l'Evangile à travers les nations et les villes ; et après avoir éprouvé, selon l'esprit de Dieu, ceux qui étaient les prémices de ces chrétientés, ils établirent des évêques et des diacres pour gouverner ceux qui croiraient dans la suite... Ils instituèrent ceux que nous venons de dire et plus tard ils prirent des dispositions pour que, ceux-là venant à mourir, d'autres hommes éprouvés leur succédassent dans leur ministère 4. »
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Il est donc nécessaire que d'une façon permanente subsiste, d'une part, la mission constante et immuable d'enseigner tout ce que Jésus-Christ a enseigné lui-même ; d'autre part, l'obligation constante et immuable d'accepter et de professer toute la doctrine ainsi enseignée. C'est ce que saint Cyprien exprime excellemment en ces termes : « Lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans son Evangile, déclare que ceux qui ne sont pas avec lui sont ses ennemis : Celui qui n'est pas avec moi est contre moi, et celui qui ne recueille pas avec moi disperse 1, il ne désigne pas une hérésie en particulier, mais il dénonce comme ses adversaires tous ceux qui ne sont pas entièrement avec lui et qui, ne recueillant pas avec lui, mettent la dispersion dans son troupeau 2. »
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2. Actes xx, 24. — 3. Tim. II, 1-2. — 4. S. CLÉMENT de Rome Epist. I, ad Cor., cap. 42-44. PG 1, 291-298. —1. S. Luc XI, 23.— 2. S. CYPRIEN, Epistola ad Magnum, 1. CV (ep. 69) 3, PL 3, 1158. 2, 749-750.
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II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
b) Mission de l’Eglise: maintenir la foi
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Pénétrée à fond de ses principes et soucieuse de son devoir, l'Eglise n'a jamais rien eu de plus à cœur, rien poursuivi avec plus d'effort que de conserver de la façon la plus parfaite l'intégrité de la foi. C'est pourquoi elle a regardé comme des rebelles déclarés, et chassé loin d'elle tous ceux qui ne pensaient pas comme elle, sur n'importe quel point de sa doctrine. Les Ariens, les Montanistes, les Novatiens, les Quartodécimans, les Eutychiens n'avaient assurément pas abandonné la doctrine catholique tout entière, mais seulement telle ou telle partie : et pourtant qui ne sait qu'ils ont été déclarés hérétiques et rejetés du sein de l'Eglise ? Et un jugement semblable a condamné tous les fauteurs de doctrines erronées qui ont apparu dans la suite aux différentes époques de l'histoire. « Rien ne saurait être plus dangereux que ces hérétiques qui, conservant en tout le reste l'intégrité de la doctrine, par un seul mot comme par une seule goutte de venin, corrompent la pureté et la simplicité de la foi que nous avons reçue de la tradition dominicale, puis apostolique 3. »
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Telle a été toujours la coutume de l'Eglise, appuyée par le jugement unanime des saints Pères, lesquels ont toujours regardé comme exclu de la communion catholique et hors de l'Eglise quiconque se sépare le moins du monde de la doctrine enseignée par le magistère authentique. Epiphane, Augustin, Théodoret ont mentionné chacun un grand nombre des hérésies de leur temps. Saint Augustin remarque que d'autres espèces d'hérésies peuvent se développer et que, si quelqu'un adhère à une seule d'entre elles, par le fait même il se sépare de l'unité catholique. « De ce que quelqu'un, dit-il, ne croit point ces erreurs (à savoir les hérésies qu'il vient d'énumérer), il ne s'ensuit pas qu'il doive se croire et se dire chrétien catholique. Car il peut y avoir, il peut surgir d'autres hérésies qui ne soient pas mentionnées dans cet ouvrage, et quiconque embrasserait l'une d'entre elles, cesserait d'être chrétien catholique 1. »
Ce moyen, institué par Dieu…
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3. L'auteur du Tractatus de Fide Orthodoxa contra Artanos, c. 1. PL 17, 552. — 1. S. AUGUSTIN, De Haeresibus, n. 88. PL 42, 50.
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II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
b) Mission de l’Eglise: maintenir la foi (suite)
627
Ce moyen, institué par Dieu pour conserver l'unité de foi dont nous parlons, est exposé avec insistance par saint Paul dans son épître aux Ephésiens ; il les exhorte d'abord à conserver avec grand soin l'harmonie des cœurs : Appliquez-vous à conserver l'unité d'esprit par le lien de la paix 2 , et comme les cœurs ne peuvent être pleinement unis par la charité si les esprits ne sont point d'accord dans la foi, il veut qu'il n'y ait chez tous qu'une même foi. Un seul Seigneur, une seule foi 3 . Et il veut une unité si parfaite, qu'elle exclue tout danger d'erreur : afin que nous ne soyons plus comme de petits enfants qui flottent, ni emportés ça et là à tout vent de doctrine, par la méchanceté des hommes, par l'astuce qui entraîne dans le piège de l’erreur 4. Et il enseigne que cette règle doit être observée, non point pour un temps, mais jusqu’à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi, à la mesure de l'âge de la plénitude du Christ 5 . Mais où Jésus-Christ a-t-il mis le principe qui doit établir cette unité et le secours qui doit la conserver ? Le voici : Il a établi les uns apôtres... d'autres pasteurs et docteurs, pour la perfection des saints, pour l'œuvre du ministère, pour l'édification du corps du Christ 6 .
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Aussi c'est cette même règle que, depuis l'antiquité la plus reculée, les Pères et les Docteurs ont toujours suivie et unanimement défendue. Ecoutez Origène : « Toutes les fois que les hérétiques nous montrent les Ecritures canoniques, auxquelles tout chrétien donne son assentiment et sa foi, ils semblent dire : C'est chez nous qu'est la parole de vérité. Mais nous ne devons point les croire, ni nous écarter de la primitive tradition ecclésiastique, ni croire autre chose que ce que les Eglises de Dieu nous ont enseigné par la tradition successive 1. »
Ecoutez saint Irénée : « La véritable sagesse est la doctrine des Apôtres... qui est arrivée jusqu'à nous par la succession des évêques... en nous transmettant la connaissance très complète des Ecritures, conservées sans altération 2. »
Voici ce que dit Tertullien…
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2.Eph.. IV, 3. — 3.Eph. IV, 5. — 4. Eph. IV, 14. — 5.Eph. IV, 13. — 6.Eph. IV, 11-12. — 1. ORIGÈNE, Series veteris interpretationis commentariorum in Matth., n. 46. PG 13, 1667. — 2. S. IRÉNÉE, Adversus Hæreses, lib. IV, cap. 33, n. 8. PG 7, 1077.
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2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
b) Mission de l’Eglise: maintenir la foi (suite)
629
Voici ce que dit Tertullien : « Il est constant que toute doctrine conforme à celle des Eglises apostoliques, mères et sources primitives de la foi, doit être déclarée vraie, puisqu'elle garde sans aucun doute ce que les Eglises ont reçu des Apôtres, les Apôtres du Christ, le Christ de Dieu. . . Nous sommes en communion avec les Eglises apostoliques ; nul n'a une doctrine différente : c'est là le témoignage de la vérité 3. »
Et saint Hilaire : « Le Christ, se tenant dans la barque pour enseigner, nous fait entendre que ceux qui sont hors de l'Eglise ne peuvent avoir aucune intelligence de la parole divine. Car la barque représente l'Eglise, dans laquelle seule le Verbe de vie réside et se fait entendre, et ceux qui sont en dehors et qui restent là, stériles et inutiles comme le sable du rivage, ne peuvent point le comprendre 4. »
Rufin loue saint Grégoire de Nazianze et saint Basile de ce « qu'ils s'adonnaient uniquement à l'étude des livres de l'Ecriture Sainte et de ce qu'ils n'avaient point la présomption d'en demander l'intelligence à leurs propres pensées, mais de ce qu'ils la cherchaient dans les écrits et l'autorité des anciens qui, eux-mêmes, ainsi qu'il était constant, avaient reçu de la succession apostolique la règle de leur interprétation 1 ».
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3. TERTULLIEN, De Præscrip., cap. XXI. PL 2, 33. — 4. S. HILAIRE, Comment, in Matth., XIII, n. 1. PL 9, 993. — 1. RUFIN, Hist. Eccl., lib, II, cap. 9. CB Eusebius, 2 (1. XI, c. 9) 1014. PL 21, 518.
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II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
c) Devoir de croire en l’Eglise
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II est donc évident, d'après tout ce qui vient d'être dit, que Jésus-Christ a institué dans l'Eglise « un magistère vivant, authentique et, de plus, perpétuel 2 », qu'il a investi de sa propre autorité, revêtu de l'esprit de vérité, confirmé par des miracles, et il a voulu et très sévèrement ordonné que les enseignements doctrinaux de ce magistère fussent reçus comme les siens propres.
Toutes les fois donc que la parole de ce magistère déclare que telle ou telle vérité fait partie de l'ensemble de la doctrine divinement révélée, chacun doit croire avec certitude que cela est vrai ; car si cela pouvait en quelque manière être faux, il s'ensuivrait, ce qui est évidemment absurde, que Dieu lui-même serait l'auteur de l'erreur des hommes. « Seigneur, si nous sommes dans l'erreur, c'est vous-même qui nous avez trompés 3. » Tout motif de doute étant ainsi écarté, peut-il être permis à qui que ce soit de repousser quelqu'une de ces vérités, sans se précipiter ouvertement dans l'hérésie, sans se séparer de l'Eglise et sans répudier en bloc toute la doctrine chrétienne ?
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2. RICHARD DE ST-VICTOR, De Trin.., lib. I, cap. 2. PL 196, 891. — 3. Concile du Vatican, sess, III, ch. 3. Denzinger n. 1789.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
d) Infrangibilité de la foi,
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Car telle est la nature de la foi que rien n'est plus impossible que de croire ceci et de rejeter cela. L'Eglise professe, en effet, que la foi est « une vertu surnaturelle par laquelle, sous l'inspiration et avec le secours de la grâce de Dieu, nous croyons que ce qui nous a été révélé par lui est véritable : nous le croyons, non point à cause de la vérité intrinsèque des choses vue dans la lumière naturelle de notre raison, mais à cause de l'autorité de Dieu lui-même qui nous révèle ces vérités et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper ». Si donc il y a un point qui ait été évidemment révélé par Dieu et que nous refusions de le croire, nous ne croyons absolument rien de la foi divine. Car le jugement que porte saint Jacques au sujet des fautes dans l'ordre moral, il faut l'appliquer aux erreurs de pensée dans l'ordre de la foi. Quiconque se rend coupable en un seul point devient transgresseur de tous 1 . Cela est même beaucoup plus vrai des erreurs de la pensée. Ce n'est pas, en effet, au sens le plus propre qu'on peut appeler transgresseur de toute la loi celui qui a commis une faute morale ; car s'il peut sembler avoir méprisé la majesté de Dieu, auteur de toute loi, ce mépris n'apparaît que par une sorte d'interprétation de la volonté du pécheur. Au contraire, celui qui, même sur un seul point, refuse son assentiment aux vérités divinement révélées, très réellement abdique tout à fait la foi, puisqu'il refuse de se soumettre à Dieu en tant qu'il est la souveraine vérité et le motif propre de foi. « En beaucoup de points ils sont avec moi, en quelques-uns seulement ils ne sont pas avec moi ; mais à cause de ces quelques points dans lesquels ils se séparent de moi, il ne leur sert de rien d'être avec moi en tout le reste 2. »
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Rien n'est plus juste : car ceux qui ne prennent de la doctrine chrétienne que ce qu'ils veulent s'appuient sur leur propre jugement et non sur la foi ; et, refusant de réduire en servitude toute intelligence sous l'obéissance du Christ 3, ils obéissent en réalité à eux-mêmes plutôt qu'à Dieu. « Vous qui, dans l'Evangile, croyez ce qui vous plaît et refusez de croire ce qui vous déplaît, vous croyez à vous-mêmes beaucoup plus qu'à l'Evangile 4 . » Les Pères du Concile du Vatican n'ont donc rien édicté de nouveau, mais ils n'ont fait que se conformer à l'institution divine, à l'antique et constante doctrine de l'Eglise et à la nature même de la foi, quand ils ont formulé ce décret : « On doit croire, de foi divine et catholique, toutes les vérités qui sont contenues dans la parole de Dieu écrite ou transmise par la tradition et que l'Eglise, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, propose comme divinement révélée 5. »
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1. S. JACQUES II, 10. — 2. S. AUGUSTIN, In Psal. LIV, n. 19. PL 36, 641. — 3. II Cor. x, 5. — 4. S. AUGUSTIN, Contra Faustum Manichaeum, lib. XVII, cap. 3. CV 25, 1, 486 ; PL 42, 342. — 5. Concile du Vatican, sess, III, ch. 3. Denzinger n. 1792.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
A. Dans la foi
e) Appel à ceux qui errent
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Pour conclure, puisqu'il est évident que Dieu veut absolument dans son Eglise l'unité de foi, puisqu'il a été démontré de quelle nature il a voulu que fût cette unité et par quel principe il a décrété d'en assurer la conservation, qu'il Nous soit permis de Nous adresser à tous ceux qui n'ont point résolu de fermer l'oreille à la vérité et de leur dire avec saint Augustin : « Puisque nous voyons là un si grand secours de Dieu, tant de profit et d'utilité, hésiterons-nous à nous jeter dans le sein de cette Eglise, qui, de l'aveu du genre humain tout entier, tient du siège apostolique, et a gardé, par la succession de ses évêques, l'autorité suprême, en dépit des clameurs des hérétiques qui l'assiègent et qui ont été condamnés soit par le jugement du peuple, soit par les solennelles décisions des Conciles, soit par la majesté des miracles ? Ne pas vouloir lui donner la première place c'est assurément le fait ou d'une souveraine impiété ou d'une arrogance désespérée. Et si toute science, même la plus humble et la plus facile, exige, pour être acquise, le secours d'un docteur ou d'un maître, peut-on imaginer un plus téméraire orgueil, lorsqu’il s'agit des livres des divins mystères, que de refuser d'en recevoir la connaissance de la bouche de leurs interprètes et, sans les connaître, de vouloir les condamner 1 ?
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1. S. AUGUSTIN, De utilitate credendi, cap. XVII, n. 35. CV 25, 1, 45-46 ; PL 42, 91.
Dernière édition par Louis le Dim 16 Fév - 7:23, édité 1 fois
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Re: L’Église, son institution, son unité.
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B. Dans la hiérarchie apostolique
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C'est donc, sans aucun doute, le devoir de l'Eglise de conserver et de propager la doctrine chrétienne dans toute son intégrité et sa pureté. Mais son rôle ne se borne point là, et la fin même pour laquelle l'Eglise est instituée n'est pas épuisée par cette première obligation. En effet, c'est pour le salut du genre humain que Jésus-Christ s'est sacrifié, c'est à cette fin qu'il a rapporté tous ses enseignements et tous ses préceptes ; et ce qu'il ordonne à l'Eglise de rechercher dans la vérité de la doctrine, c'est de sanctifier et de sauver les hommes. Mais ce dessein si grand, si excellent, la foi à elle seule ne peut aucunement le réaliser ; il faut y ajouter le culte rendu à Dieu, en esprit de justice et de piété et qui comprend surtout le sacrifice divin et la participation aux sacrements ; puis encore la sainteté des lois morales et de la discipline. Tout cela doit donc se rencontrer dans l'Eglise, puisqu'elle est chargée de continuer jusqu'à la fin des temps les fonctions du Sauveur : la religion qui, par la volonté de Dieu, a en quelque sorte pris corps en elle, c'est l'Eglise seule qui l'offre au genre humain dans toute sa plénitude et sa perfection; et de même tous les moyens de salut qui, dans le plan ordinaire de la Providence, sont nécessaires aux hommes, c'est elle seule qui les leur procure.
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Mais, de même que la doctrine céleste n'a jamais été abandonnée au caprice ou au jugement individuel des hommes, mais qu'elle a été d'abord enseignée par Jésus, puis conférée exclusivement au magistère dont il a été question, de même ce n'est point au premier venu parmi le peuple chrétien, mais à certains hommes choisis, qu'a été donnée par Dieu la faculté d'accomplir et d'administrer les divins mystères et aussi le pouvoir de commander et de gouverner.
Ce n'est, en effet, qu'aux Apôtres et à leurs légitimes successeurs que s'adressent ces paroles de Jésus-Christ : Allez dans le monde tout entier, prêchez-y l'Evangile 1... baptisez les hommes 2... faites cela en mémoire de moi 3... Les péchés seront remis à ceux à qui vous les aurez remis 4 . De la même façon, ce n'est qu'aux Apôtres et à leurs légitimes successeurs qu'il a ordonné de paître le troupeau, c'est-à-dire de gouverner avec autorité tout le peuple chrétien, lequel est en conséquence obligé, par le fait même, à leur être soumis et obéissant. Tout l'ensemble de ces fonctions du ministère apostolique est compris dans ces paroles de saint Paul : Que les hommes nous regardent comme ministres du Christ et dispensateurs des mystères de Dieu 5.
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1. S. MARC XVI, 15. — 2. S. MATTH. XXVIII, 19. — 3. S. Luc XXII, 19 ; I Cor. XI, 24. — 4. S. JEAN XX, 23. — 5. I Cor. IV, 1.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique,
a) L’Eglise est une société parfaite,
636
Ainsi Jésus-Christ a appelé tous les hommes sans exception, ceux qui existaient de son temps et ceux qui devaient exister dans l'avenir, à le suivre comme chef et comme Sauveur, non seulement chacun séparément, mais tous ensemble, unis par une telle association des personnes et des cœurs, que de cette multitude résultât un seul peuple légitimement constitué en société : un peuple vraiment uni par la communauté de foi, de but, de moyens appropriés au but, un peuple soumis à un seul et même pouvoir. Par le fait même, tous les principes naturels qui, parmi les hommes, créent spontanément la société destinée à faire atteindre la perfection dont la nature humaine est capable, ont été établis par Jésus-Christ dans l'Eglise, de façon que, dans son sein, tous ceux qui veulent être les enfants adoptifs de Dieu pussent atteindre et conserver la perfection convenable à leur dignité et ainsi faire leur salut. L'Eglise doit donc, comme nous l'avons indiqué ailleurs, servir aux hommes de guide vers le ciel, et Dieu lui a donné la mission de juger et de décider par elle-même tout ce qui touche la religion, et d'administrer à son gré, librement et sans entraves, les intérêts chrétiens.
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C'est donc ne pas la bien connaître ou la calomnier injustement que de l'accuser de vouloir envahir le domaine propre de la société civile ou d'empiéter sur les droits des souverains. Bien plus, Dieu a fait l'Eglise, à beaucoup près, la plus excellente de toutes les sociétés ; car la fin qu'elle poursuit l'emporte en noblesse sur la fin que poursuivent les autres sociétés, autant que la grâce divine l'emporte sur la nature, et que les biens immortels sont supérieurs aux choses périssables. Par son origine, l'Eglise est donc une société divine ; par sa fin et par les moyens immédiats qui y conduisent, elle est surnaturelle ; par les membres dont elle se compose et qui sont des hommes, elle est une société humaine. C'est pourquoi nous la voyons désignée dans les saintes Lettres par des noms qui conviennent à une société parfaite. Elle est appelée non seulement la Maison de Dieu, la Cité placée sur la montagne et où toutes les nations doivent se réunir, mais encore le Bercail, que doit gouverner un seul pasteur, et où doivent se réfugier toutes les brebis du Christ ; elle est appelée le Royaume suscité par Dieu et qui durera éternellement ; enfin le Corps du Christ, corps mystique, sans doute, mais vivant toutefois, parfaitement conformé et composé d'un grand nombre de membres, et ces membres n'ont pas tous la même fonction, mais ils sont liés entre eux et unis sous l'empire de la tête qui dirige tout.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
638
Or, il est impossible d'imaginer une société humaine véritable et parfaite, qui ne soit gouvernée par une puissance souveraine quelconque. Jésus-Christ doit donc avoir mis à la tête de l'Eglise un chef suprême à qui toute la multitude des chrétiens fût soumise et obéissante. C'est pourquoi, de même que l'Eglise, pour être une en tant qu'elle est la réunion des fidèles, requiert nécessairement l'unité de foi, ainsi pour être une en tant qu'elle est une société divinement constituée, elle requiert de droit divin l'unité de gouvernement, laquelle produit et comprend l'unité de communion. « L'unité de l'Eglise doit être considérée sous deux aspects : d'abord dans la connexion mutuelle des membres de l'Eglise ou la communication qu'ils ont entre eux ; et, en second lieu, dans l'ordre qui relie tous les membres de l'Eglise à un seul chef 1. »
Par où l'on peut comprendre que les hommes ne se séparent pas moins de l'unité de l'Eglise par le schisme que par l'hérésie. « On met cette différence entre l'hérésie et le schisme, que l'hérésie professe un dogme corrompu ; le schisme, par suite d'une dissension dans l'épiscopat, se sépare de l'Eglise 2. » Ces paroles concordent avec celles de saint Jean Chrysostome sur le même sujet : « Je dis et je proteste que diviser l'Eglise n'est pas un moindre mal que de tomber dans l'hérésie 3. » C'est pourquoi, si nulle hérésie ne peut être légitime, de la même façon il n'y a pas de schisme qu'on puisse regarder comme fait à bon droit « II n'est rien de plus grave que le sacrilège du schisme : il n'y a point de nécessité légitime de rompre l'unité. 4 »
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1. S. THOMAS, Somme théol. II-II, q. 39, art. 1. — 2. S. JÉRÔME,Commentar. in Epist. ad Titum, c. III, 10-11. PL 26, 598. — 3. S. J. CHRYSOSTOME, Hom. XI, in Epist. ad Eph., n. 5. PG 62, 87. — 4. S. AUGUSTIN, Contra epistolam Parmeniani, lib. II, cap. 11, n. 25. CV 51, 76. PL 43, 69.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
α) Propre : Le Christ
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Quelle est cette souveraine puissance à laquelle tous les chrétiens doivent obéir; de quelle nature est-elle ? On ne peut le déterminer qu'en constatant et en connaissant bien quelle a été sur ce point la volonté du Christ. Assurément, le Christ est le roi éternel, et éternellement, du haut du ciel, il continue à diriger et à protéger invisiblement son royaume ; mais puisqu'il a voulu que ce royaume fût visible, il a dû désigner quelqu'un pour tenir sa place sur la terre, après son ascension au ciel.
« Si quelqu'un dit que l'unique chef et l'unique pasteur est Jésus-Christ, qui est l'unique époux de l'Eglise unique, cette réponse n'est pas suffisante. Il est évident, en effet, que c'est Jésus-Christ lui-même qui opère les sacrements dans l'Eglise ; c'est lui qui baptise, c'est lui qui remet les péchés ; il est le véritable prêtre qui s'est offert sur l'autel de la croix et par la vertu duquel son corps est consacré tous les jours sur l'autel ; et cependant, comme il ne devait pas rester avec tous les fidèles par sa présence corporelle, il a choisi des ministres par le moyen desquels il pût dispenser aux fidèles les sacrements dont nous venons de parler, ainsi que nous l'avons dit plus haut (ch. 74). De la même façon, parce qu'il devait soustraire à l'Eglise sa présence corporelle, il a donc fallu qu'il désignât quelqu’un pour prendre à sa place le soin de l'Eglise universelle. C'est pour cela qu'il a dit à Pierre avant son ascension : Pais mes brebis 1. »
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1. S. THOMAS, Contra gentiles, lib. IV, cap. 76.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Saint Pierre
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Jésus-Christ a donc donné Pierre à l'Eglise pour souverain chef, et il a établi que cette puissance, instituée jusqu'à la fin des temps pour le salut de tous, passerait par héritage aux successeurs de Pierre, dans lesquels Pierre lui-même se survivrait perpétuellement par son autorité. Assurément, c'est au bienheureux Pierre, et en dehors de lui à aucun autre, qu'il a fait cette promesse insigne : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise 2. « C'est à Pierre que le Seigneur a parlé : à un seul, afin de fonder l'unité par un seul 3 . » — « En effet, sans aucun autre préambule, il désigne par son nom et le père de l'Apôtre et l'Apôtre lui-même (Tu es bienheureux, Simon, fils de Jonas 4 ), et il ne permet plus qu'on l'appelle Simon, le revendiquant désormais comme sien en vertu de sa puissance ; puis, par une image très appropriée, il veut qu'on l'appelle Pierre, parce qu'il est la pierre sur laquelle il devait fonder son Eglise 1 . »
D'après cet oracle, il est évident que, de par la volonté et l'ordre de Dieu, l'Eglise est établie sur le bienheureux Pierre, comme l'édifice sur son fondement. Or, la nature et la vertu propre du fondement, c'est de donner la cohésion à l'édifice par la connexion intime de ses différentes parties ; c'est encore d'être le lien nécessaire de la sécurité et de la solidité de l'œuvre tout entière : si le fondement disparaît, tout l'édifice s'écroule. Le rôle de Pierre est donc de supporter l'Eglise et de maintenir en elle la connexion, la solidité d'une cohésion indissoluble. Or, comment pourrait-il remplir un pareil rôle s'il n'avait la puissance de commander, de défendre, de juger en un mot, un pouvoir de juridiction propre et véritable ? Il est évident que les Etats et les sociétés ne peuvent subsister que grâce à un pouvoir de juridiction. Une primauté d'honneur, ou encore le pouvoir si modeste de conseiller et d'avertir, qu'on appelle pouvoir de direction, sont incapables de prêter à aucune société humaine un élément bien efficace d'unité et de solidité.
Au contraire, ce véritable…
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2. S. MATTH. XVI, 18. — 3. S. Pacien, Epist. III, ad Sempronium, n. 11. PL 13, 1071. — 4. S. MATTH. XVI, 17. — 1. S. CYRILLE d'Alexandrie, In Evang. Joan., lib. II, cap. 1, v. 42. PG 73, 219.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Saint Pierre (suite)
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Au contraire, ce véritable pouvoir dont nous parlons est déclaré et affirmé dans ces paroles : Et les portes de l'enfer ne prévaudront point contre elle 1 . — « Qu'est-ce à dire, contre elle ? Est-ce contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l'Eglise ? Est-ce contre l'Eglise ? La phrase reste ambiguë ; serait-ce pour signifier que la pierre et l'Eglise ne sont qu'une seule et même chose ? Oui, c'est là, je crois, la vérité : car les portes de l'enfer ne prévaudront ni contre la pierre sur laquelle le Christ bâtit l'Eglise, ni contre l'Eglise elle-même 3 . » Voici la portée de cette divine parole : L'Eglise, appuyée sur Pierre, quelle que soit la violence, quelle que soit l'habileté que déploient ses ennemis visibles et invisibles, ne pourra jamais succomber ni défaillir en quoi que ce soit. « L'Eglise étant l'édifice du Christ, lequel a sagement bâti sa maison sur la pierre 1, ne peut être soumise aux portes de l'enfer ; celles-ci peuvent prévaloir contre quiconque se trouvera en dehors de la pierre, en dehors de l'Eglise, mais elles sont impuissantes contre elle 2 . ». Si donc Dieu a confié son Eglise à Pierre, c'est pour que cet invisible soutien la conservât toujours dans toute son intégrité. Il l'a donc investi de l'autorité nécessaire ; car, pour soutenir réellement et efficacement une société humaine, le droit de commander est indispensable à celui qui la soutient.
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Jésus a ajouté encore : Et je te donnerai les clés du royaume des cieux. Il est clair qu'il continue à parler de l'Eglise, de cette Eglise qu'il vient d'appeler sienne et qu'il a déclaré vouloir bâtir sur Pierre, comme sur son fondement. L'Eglise offre, en effet, l'image non seulement d'un édifice, mais d'un royaume ; au reste, nul n'ignore que les clés sont l'insigne ordinaire de l'autorité. Ainsi, quand Jésus promet de donner à Pierre les clefs du royaume des cieux, il promet de lui donner le pouvoir et l'autorité sur l'Eglise. « Le Fils lui a donné (à Pierre) la mission de répandre dans le monde tout entier la connaissance du Père et du Fils lui-même, et il a donné à un homme mortel toute la puissance céleste, quand il a confié les clés à Pierre, qui a étendu l'Eglise jusqu'aux extrémités du monde et qui l'a montrée plus inébranlable que le ciel 3 . »
Ce qui suit encore a le même sens : Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié aussi dans le ciel 4 . Cette expression figurée : lier et délier, désigne le pouvoir d'établir des lois, et aussi celui de juger et de punir. Et Jésus-Christ affirme que ce pouvoir aura une telle étendue, une telle efficacité, que tous les décrets rendus par Pierre seront ratifiés par Dieu. Ce pouvoir est donc souverain et tout à fait indépendant, puisqu'il n'a sur la terre aucun pouvoir au-dessus de lui, et qu'il embrasse l'Eglise tout entière et tout ce qui est confié à l'Eglise.
La promesse faite à Pierre…
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2. S. MATTH. XVI, 18. — 3. ORIGÈNE, Comment. in Matth., t. XII, n. 11. PG 13, 1003. — 1. S. MATTH. VII, 24. — 2. ORIGÈNE, Comment, in Matth., t. XII, n. 11. PG 13, 1003-1006. — 3. S. JEAN CHRYSOSTOME, Hom. LIV, in Matth., n. 2. PG 58, 534-535. — 4. S. MATTH. XVI, 19.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
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b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Saint Pierre (suite)
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La promesse faite à Pierre a été accomplie, au temps où Jésus-Christ Notre-Seigneur, après sa résurrection, ayant demandé par trois fois à Pierre s'il l'aimait plus que les autres, lui dit sous une forme impérative : Pais mes agneaux... pais mes brebis 1. C'est-à-dire que tous ceux qui doivent être un jour dans sa bergerie, il les remet à Pierre comme à leur vrai pasteur. « Si le Seigneur interroge, ce n'est pas qu'il doute : il ne veut pas s'instruire, mais instruire au contraire, sur le point de remonter au ciel, celui qu'il nous laissait comme le vicaire de son amour... Et parce que, seul entre tous, Pierre professe cet amour, il est mis à la tête de tous les autres... à la tête des plus parfaits, pour les gouverner, étant plus parfait lui-même 2. » Or, le devoir et le rôle du pasteur, c'est de guider le troupeau, de veiller à son salut en lui procurant des pâturages salutaires, en écartant les dangers, en démasquant les pièges, en repoussant les attaques violentes : bref, en exerçant l'autorité du gouvernement. Donc, puisque Pierre a été préposé comme pasteur au troupeau des fidèles, il a reçu le pouvoir de gouverner tous les hommes pour le salut desquels Jésus-Christ a répandu son sang. « Pourquoi a-t-il versé son sang ? Pour racheter ces brebis qu'il a confiées à Pierre et à ses successeurs 3, »
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Et parce qu'il est nécessaire que tous les chrétiens soient liés entre eux par la communauté d'une foi immuable, Jésus-Christ Notre-Seigneur a obtenu à Pierre, par la vertu de ses prières, que, dans l'exercice de son pouvoir, sa foi ne défaillît jamais. J'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point 4 . Et il lui a ordonné, en outre, de communiquer lui-même à ses frères, toutes les fois que les circonstances le demanderaient, la lumière et l'énergie de son âme : Confirme tes frères 5. Celui donc qu'il avait désigné comme le fondement de l'Eglise, il veut qu'il soit la colonne de la foi. « Puisque de sa propre autorité il lui donnait le royaume, ne pouvait-il pas affermir sa foi, d'autant que, en l'appelant Pierre, il le désignait comme le fondement qui devait affermir l'Eglise 1 ? »
De là vient que certains noms…
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1. S. JEAN XXI, 16-17. — 2. S. AMBROISE, Exposit. in Evang. secundum Lucam, lib. X, n. 175-176. CV 32, 4, 523-24 ; PL 15. 1848. — 3. S. JEAN CHRYSOSTOME, De sacerdotio, lib. II. PG 48, 632. — 4.S. Luc XXII, 32. — 5. S. Luc XXII, 32. — 1. S. AMBROISE, De Fide, lib. IV, n. 56. PL 16, 628.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Saint Pierre (suite)
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De là vient que certains noms, qui désignent de très grandes choses et « qui appartiennent en propre à Jésus-Christ en raison de sa puissance, avaient été donnés par Jésus lui-même à Pierre par participation 2 , » afin que la communauté des titres manifestât la communauté du pouvoir. Ainsi, lui qui est la pierre principale de l'angle, sur laquelle tout l'édifice construit s'élève comme un temple sacré dans le Seigneur 3 , il a établi Pierre comme la pierre sur laquelle devait être appuyée son Eglise. « Quand Jésus lui dit : Tu es la pierre, cette parole lui conféra un beau titre de noblesse. Et pourtant il est la pierre, non pas comme le Christ est la pierre, mais comme Pierre peut être la pierre. Car le Christ est essentiellement la pierre inébranlable, et c'est par elle que Pierre est la pierre. Car Jésus, communique ses dignités sans s'appauvrir... Il est le prêtre, il fait les prêtres. . . Il est la pierre, il fait de son apôtre la pierre 4 . »
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Il est encore le roi de l'Eglise, qui possède la clé de David ; il ferme et personne ne peut ouvrir ; il ouvre et personne ne peut fermer 5 ; or, en donnant les clefs à Pierre, il le déclare le chef de la société chrétienne. Il est encore le pasteur suprême qui s'appelle lui-même le bon pasteur 6 ; or, il a établi Pierre comme pasteur de ses agneaux et de ses brebis 7 . C'est pourquoi saint Chrysostome a dit : « Il était le principal entre les Apôtres, il était comme la bouche des autres disciples et la tête du corps apostolique... Jésus lui montrant qu'il doit désormais avoir confiance, parce que toute trace de son reniement est effacée, lui confie le gouvernement de ses frères... Il lui dit : Si tu m'aimes, sois le chef de tes frères 1 . » Enfin, celui qui confirme en toute bonne œuvre et toute bonne parole 2 , c'est lui qui commande à Pierre de confirmer ses frères.
Saint Léon le Grand a donc bien raison de dire : « Du sein du monde tout entier, Pierre seul est élu pour être mis à la tête de toutes les nations appelées, de tous les Apôtres, de tous les Pères de l'Eglise ; de telle sorte que, bien qu'il y ait dans le peuple de Dieu beaucoup de pasteurs, cependant Pierre régit proprement tous ceux qui sont aussi principalement régis par le Christ 3 . » De même, saint Grégoire le Grand écrit à l'empereur Mauriste Auguste : « Pour tous ceux qui connaissent l'Evangile, il est évident que par la parole du Seigneur, le soin de toute l'Eglise a été confié au saint apôtre Pierre, chef de tous les Apôtres. . . Il a reçu les clefs du royaume du ciel, la puissance de lier et de délier lui est attribuée, et le soin et le gouvernement de toute l'Eglise lui sont confiés 4 . »
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2. S. LÉON LE GRAND, Sermo IV, cap. 2. PL 54, 150. — 3. Eph. II, 20-21. — 4. Hom. de Pœnitentia, n. 4 in appendice opp. S. Basilii. PG 31, 1483. — 5. Apoc. III, 7. — 6. S. JEAN X, 11. — 7. CF. S. JEAN XXI, 16-17. — 1. S. JEAN CHRYSOSTOME, Hom. LXXXVIII, in Joan., n. 1 PG 59, 478-479. — 2. II Thess. II, 16. — 3. S. LÉON LE GRAND, Sermo IV, ch. 2. PL 54, 149-150. — 4. S. GRÉGOIRE LE GRAND, Epistolarum, lib. V, cpist. xx. PL 77, 745-746.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Successeurs
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Or, cette autorité faisant partie de la constitution et de l'organisation de l'Eglise comme son élément principal, puisqu'elle est le principe de l'unité, le fondement de la sécurité et de la durée perpétuelle, il s'ensuit qu'elle ne pouvait en aucune façon disparaître avec le bienheureux Pierre, mais qu'elle devait nécessairement passer à ses successeurs et être transmise de l'un à l'autre. « La disposition de la vérité demeure donc, et le bienheureux Pierre persévérant dans la fermeté de la pierre dont il a reçu la vertu, n'a point quitté le gouvernail de l'Eglise, mis dans sa main 5 . »
C'est pourquoi les Pontifes qui succèdent à Pierre dans l'épiscopat romain possèdent de droit divin le suprême pouvoir dans l'Eglise. « Nous définissons que le Saint-Siège apostolique et le Pontife romain possèdent la primauté sur le monde entier, et que le Pontife romain est le successeur du bienheureux Pierre, prince des Apôtres, et qu'il est le véritable vicaire de Jésus-Christ, le chef de toute l'Eglise, le Père et le docteur de tous les chrétiens, et qu'à lui, dans la personne du bienheureux Pierre, a été donné par Notre-Seigneur Jésus-Christ le plein pouvoir de paître, de régir et de gouverner l'Eglise universelle ; ainsi que cela est contenu aussi dans les actes des Conciles œcuméniques et dans les sacrés canons 1 . » Le quatrième Concile de Latran dit de même : « L'Eglise romaine... par la disposition du Seigneur, possède le principat de la puissance ordinaire sur toutes les autres Eglises, en sa qualité de mère et de maîtresse de tous les fidèles du Christ 2 . »
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Tel était déjà auparavant le sentiment unanime de l'antiquité qui, sans la moindre hésitation, a toujours regardé et vénéré les évêques de Rome comme les successeurs légitimes du bienheureux Pierre. Qui pourrait ignorer combien nombreux, combien clairs sont sur ce point les témoignages des saints Pères ? Bien éclatant est celui de saint Irénée, qui parle ainsi de l'Eglise romaine : « C'est à cette Eglise que, en raison de sa prééminence supérieure, toute l'Eglise doit nécessairement se réunir 3 . » Saint Cyprien affirme, lui aussi, de l'Eglise romaine, qu'elle est la « racine et la mère de l'Eglise catholique, la chaire de Pierre et l'Eglise principale, d'où est née l'unité sacerdotale 4. » Il l'appelle la « chaire de Pierre », parce qu'elle est occupée par le successeur de Pierre ; « l'Eglise principale », à cause du principat conféré à Pierre et à ses légitimes successeurs, « celle d'où est née l'unité 5 », parce que, dans la société chrétienne, la cause efficiente de l'unité est l'Eglise romaine.
C'est pourquoi saint Jérôme écrit à Damase…
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5. S. LÉON LE GRAND, Sermo III, ch. 3. PL 54, 146. — 1. Concile de Florence, Denzinger n. 694. — 2. IV Concile du Latran, cap. 2. Denzinger n. 433. — 3. S. IRÉNÉE, Adversus Hæreses, lib. III, cap. 3, n. 2. PG 7, 849. — 4. S. CYPRIEN, Epist. XLVIII, ad Cornelium, n. 3. CV 3, 2, 607 ; PL 3, 710. — 5. S. CYPRIEN, Epist. LIX, ad Cornelium, n. 14. PL 3, 732.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Successeurs (suite)
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C'est pourquoi saint Jérôme écrit à Damase en ces termes : « Je parle au successeur du pêcheur et au disciple de la Croix... Je suis lié par la communion à Votre Béatitude, c'est-à-dire à la chaire de Pierre. Je sais que sur cette pierre est bâtie l'Eglise 1 . » La méthode habituelle de saint Jérôme pour reconnaître si un homme est catholique, c'est de savoir s'il est uni à la chaire romaine de Pierre. « Si quelqu'un est uni à la chaire de Pierre, c'est mon homme 2 . »
Par une méthode analogue, saint Augustin déclare ouvertement que « dans l'Eglise romaine s'est toujours maintenu le principat de la chaire apostolique 3 », et affirme que quiconque se sépare de la foi romaine n'est point catholique. « On ne peut croire que vous gardiez la véritable foi catholique, vous qui n'enseignez pas qu'on doit garder la foi romaine 4 » De même saint Cyprien : « Etre en communion avec Corneille, c'est être en communion avec l'Eglise catholique 5. »
650
L'abbé Maxime enseigne également que la marque de la vraie foi et de la vraie communion c'est d'être soumis au Pontife romain. « Si quelqu'un veut n'être point hérétique et ne point passer pour tel, qu'il ne cherche pas à satisfaire celui-ci ou celui-là... Qu'il se hâte de satisfaire en tout le siège de Rome. Le siège de Rome satisfait, tous partout et d'une seule voix le proclameront pieux et orthodoxe. Car si l'on veut persuader ceux qui me ressemblent, c'est en vain qu'on se contenterait de parler, si l'on ne satisfait et si l'on n'implore le bienheureux Pape de la très sainte Eglise des Romains, c'est-à-dire le Siège apostolique. » Et voici, d'après lui, la cause et l'explication de ce fait. C'est que l'Eglise romaine « a reçu du Verbe de Dieu Incarné lui-même et possède, selon les saints canons et les définitions des saints Conciles, sur l'universalité des saintes Eglises de Dieu existant sur toute la surface de la terre, l'empire et l'autorité en tout et pour tout, et le pouvoir de lier et de délier. Car lorsqu'elle lie et délie, le Verbe qui commande aux vertus célestes lie ou délie aussi dans le ciel 1 ».
C'était donc un article de foi chrétienne…
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1. S. JÉRÔME, Epist. XV, ad Damasum, n. 2.CV 54, 63;PL 22, 355. — 2. S. JÉRÔME, Epist. XVI, ad Damasum, n. 2.CV 54, 69; PL 22, 359. — 3. S. AUGUSTIN, Epist. XLIII, 7. CV 34, 90 ; PL 33, 163. — 4. S. AUGUSTIN, Sermo CXX, n. 13. — 5. S. CYPRIEN, Epist. LV, n. 1. CV 3, 2, 624 ; PL 3, 765. — 1. Abbé MAXIME, Defloratio ex Epist. ad Petrum illustrem. PL 129, 576.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Successeurs (suite)
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C'était donc un article de foi chrétienne, c'était un point reconnu et observé constamment, non par une nation ou par un siècle, mais par tous les siècles et par l'Orient non moins que par l'Occident, que rappelait au synode d'Ephèse, sans soulever aucune contradiction, le prêtre Philippe, légat du Pontife romain : « Il n'est douteux pour personne, et c'est une chose connue de tous les temps, que le saint et bienheureux Pierre, prince et chef des Apôtres, colonne de la foi et fondement de l'Eglise catholique, a reçu de Notre-Seigneur Jésus-Christ, Sauveur et Rédempteur du genre humain, les clefs du royaume, et que le pouvoir de lier et de délier les péchés a été donné à ce même apôtre qui, jusqu'au moment présent et toujours, vit dans ses successeurs et exerce en eux son autorité 2. » Tout le monde connaît la sentence du Concile de Chalcédoine sur le même sujet : « Pierre a parlé... par la bouche de Léon 3 », sentence à laquelle la voix du troisième Concile de Constantinople répond comme un écho : « Le souverain prince des Apôtres combattait avec nous, car nous avons eu en notre faveur son imitateur et son successeur dans son siège... On ne voyait au dehors (pendant qu'on lisait la lettre du Pontife romain) que du papier et de l'encre, et c'était Pierre qui parlait par la bouche d'Agathon 4. » Dans la formule de profession de foi catholique, proposée en termes exprès par Hormisdas au commencement du VIe siècle, et souscrite par l'empereur Justinien et aussi par les patriarches Epiphane, Jean et Mennas, la même pensée est exprimée avec une grande vigueur : « Comme la sentence de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui a dit : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, ne peut être négligée... ce qui a été dit est confirmé par la réalité des faits, puisque, dans le Siège apostolique, la religion catholique a toujours été conservée sans aucune tache 1. »
652
Nous ne voulons point énumérer tous les témoignages : il Nous plaît néanmoins de rappeler la formule selon laquelle Michel Paléologue a professé la foi au deuxième Concile de Lyon : « La sainte Eglise romaine possède aussi la souveraine et pleine primauté et principauté sur l'Eglise catholique universelle, et elle reconnaît, avec vérité et humilité, avoir reçu cette primauté et principauté, avec la plénitude de la puissance du Seigneur lui-même, dans la personne du bienheureux Pierre, prince ou chef des Apôtres, dont le Pontife romain est le successeur. Et, de même qu'elle est tenue de défendre, avant tous les autres, la vérité de la foi, de même, si des difficultés s'élèvent au sujet de la foi, c'est par son jugement qu'elles doivent être tranchées 2. »
Si la puissance de Pierre et de ses successeurs…
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2. Concile d'Ephèse, Actio III. MANSI IV, 1295. — 3. Concile de Chalcédoine, Actio II. MANSI VI, 971. — 4. III Concile de Constantinople, Actio XVIII. MANSI XI, 666. — 1. Post Epistolam XXVI, ad omnes Episc. Hispan, n. 4. MANSI VIII, 467. PL 63, 460. Denzinger n. 171. — 2. Concile de Lyon, Actio IV. Denzinger n. 466.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Rôle des évêques
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Si la puissance de Pierre et de ses successeurs est pleine et souveraine, il ne faudrait cependant pas croire qu'il n'y en a point d'autre dans l'Eglise. Celui qui a établi Pierre comme fondement de l'Eglise a aussi choisi douze de ses disciples, auxquels il a donné le nom d’Apôtres 3. De même que l'autorité de Pierre est nécessairement permanente et perpétuelle dans le Pontife romain, ainsi les évêques, en leur qualité de successeurs des Apôtres, sont les héritiers du pouvoir ordinaire des Apôtres, de telle sorte que l'ordre épiscopal fait nécessairement partie de la constitution intime de l'Eglise. Et quoique l'autorité des évêques ne soit ni pleine, ni universelle, ni souveraine, on ne doit pas cependant les regarder comme de simples vicaires des Pontifes romains, car ils possèdent une autorité qui leur est propre, et ils portent en toute vérité le nom de prélats ordinaires des peuples qu'ils gouvernent.
654
Mais comme le successeur de Pierre est unique, tandis que ceux des Apôtres sont très nombreux, il convient d'étudier quels liens, d'après la constitution divine, unissent ces derniers au Pontife romain. Et d'abord l'union des évêques avec le successeur de Pierre est d'une nécessité évidente, qui ne peut faire le moindre doute ; car si ce lien se dénoue, le peuple chrétien lui-même n'est plus qu'une multitude qui se dissout et se désagrège, et ne peut plus, en aucune façon, former un seul corps et un seul troupeau. « Le salut de l'Eglise dépend de la dignité du souverain prêtre : si on n'attribue point à celui-ci une puissance à part et élevée au-dessus de tout autre, il y aura dans l'Eglise autant de schismes que de prêtres 1 . »
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C'est pourquoi il faut faire ici une remarque importante. Rien n'a été conféré aux Apôtres indépendamment de Pierre ; plusieurs choses ont été conférées à Pierre isolément et indépendamment des Apôtres. Saint Jean Chrysostome, expliquant les paroles de Jésus-Christ (S. Jean, XXI, 15), se demande « pourquoi, laissant de côté les autres, le Christ s'adresse à Pierre », et il répond formellement : « C'est qu'il était le principal entre les Apôtres, comme la bouche des autres disciples et le chef du corps apostolique 2. » Lui seul, en effet, a été désigné par le Christ comme fondement de l'Eglise. C'est à lui qu'a été donné tout pouvoir de lier et de délier ; à lui seul également a été confié le pouvoir de paître le troupeau. Au contraire, tout ce que les Apôtres ont reçu, en fait de fonctions et d'autorité, ils l'ont reçu conjointement avec Pierre. « Si la divine bonté a voulu que les autres princes de l'Eglise eussent quelque chose de commun avec Pierre, ce qu'elle n'avait pas refusé aux autres, elle ne leur a jamais donné que par lui... Il a reçu seul beaucoup de choses, mais rien n'a été accordé à qui que ce soit sans sa participation 3. »
Par où l'on voit clairement que…
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3. S. Luc VI, 13. — 1. S. JÉRÔME, Dialog, Contra Luciferianos, n. 9. PL 23, 165. — 2. S. JEAN CHRYSOSTOME, Hom, LXXXVIII, in Joan., n. 1. PG 59, 478. — 3. S. LÉON LE GRAND, Sermo IV, cap. 2. PL 54, 150.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Rôle des évêques (suite)
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Par où l'on voit clairement que les évêques perdraient le droit et le pouvoir de gouverner s'ils se séparaient sciemment de Pierre ou de ses successeurs. Car, par cette séparation, ils s'arrachent eux-mêmes du fondement sur lequel doit reposer tout l'édifice, et ils sont ainsi mis en dehors de l'édifice lui-même; pour la même raison, ils se trouvent exclus du bercail que gouverne le Pasteur suprême et bannis du royaume dont les clefs ont été données par Dieu à Pierre seul.
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Ces considérations nous font comprendre le plan et le dessein de Dieu dans la constitution de la société chrétienne. Ce plan, le voici : L'auteur divin de l'Eglise, ayant décrété de lui donner l'unité de foi, de gouvernement, de communion, a choisi Pierre et ses successeurs pour établir en eux le principe et comme le centre de l'unité. C'est pourquoi saint Cyprien écrit : « Il y a, pour arriver à la foi, une démonstration facile, qui résume la vérité. Le Seigneur s'adresse à Pierre en ces termes : Je te dis que tu es Pierre... C'est sur un seul qu'il bâtit l'Eglise. Et quoique après sa résurrection il confère à tous les Apôtres une puissance égale et leur dise : Comme mon Père m'a envoyé... ; cependant, pour mettre l'unité en pleine lumière, c'est en un seul qu'il établit, par son autorité, l'origine et le point de départ de cette même unité 1. »
Et saint Optât de Milève : « Tu sais fort bien, écrit-il, tu ne peux le nier, que c'est à Pierre le premier qu'a été conférée la chaire épiscopale dans la ville de Rome : c'est là que s'est assis le chef des Apôtres : Pierre qui, par suite, a été appelé Céphas. C'est dans cette chaire unique que tous devaient garder l'unité, afin que les autres Apôtres ne pussent se retrancher chacun isolément dans son siège, et que celui-là fût désormais schismatique et prévaricateur, qui élèverait une autre chaire contre cette chaire unique 2, »
De là vient cette sentence du même saint Cyprien, que l'hérésie et le schisme se produisent et naissent l'une et l'autre du fait qu'on refuse à la puissance suprême l'obéissance qui lui est due. « L'unique source d'où ont surgi les hérésies et d'où sont nés les schismes, c'est que l'on n'obéit point au Pontife de Dieu et que l'on ne veut pas reconnaître dans l'Eglise et en même temps un seul pontife et un seul juge qui tient la place du Christ 3. »
Nul ne peut donc avoir part à …
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1. S. CYPRIEN, De Unit. Eccl., n. 4. CV 3, 1, 212. PL 4, 498. — 2. S. OPTAT de Milève, De schism. Donat., lib. II, 2. CV 26, 36. PL 11, 947. — 3. S. CYPRIEN, Epist. XII, ad Cornelium, n. 5. PL 3, 802.
Note de Louis : J'ai aéré le Nº 657 . Bien à vous.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Rôle des évêques (suite)
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Nul ne peut donc avoir part à l'autorité s'il n'est uni à Pierre, car il serait absurde de prétendre qu'un homme exclu de l'Eglise ait l'autorité dans l'Eglise. C'est à ce titre qu'Optat de Milève reprenait les donatistes : « C'est contre les portes de l'enfer que Pierre, comme nous le lisons dans l'Evangile, a reçu les clefs du salut ; Pierre, c'est-à-dire notre chef, à qui Jésus-Christ a dit : Je te donnerai les clefs du royaume des cieux, et les portes de l'enfer ne triompheront jamais d'elles. Comment donc osez-vous essayer de vous attribuer les clefs du royaume des cieux, vous qui combattez contre la chaire de Pierre 1 ? »
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Mais l'ordre des évêques ne peut être regardé comme vraiment uni à Pierre, de la façon voulue par le Christ, que s'il est soumis et s'il obéit à Pierre ; sans quoi il se disperse nécessairement en une multitude où règnent la confusion et le désordre. Pour conserver l'unité de foi et de communion telle qu'il la faut, ni une primauté d'honneur ni un pouvoir de direction ne suffisent ; il faut absolument une autorité véritable et en même temps souveraine, à laquelle obéisse toute la communauté.
Qu'a voulu, en effet, le Fils de Dieu, quand il a promis les clefs du royaume des cieux au seul Pierre ? Que les clefs désignent ici la puissance suprême, l'usage biblique et le consentement unanime des Pères ne permettent point d'en douter. Et on ne peut interpréter autrement les pouvoirs qui ont été conférés, soit à Pierre séparément, soit aux Apôtres conjointement avec Pierre. Si la faculté de lier, de délier, de paître le troupeau donne aux évêques, successeurs des Apôtres, le droit de gouverner avec une autorité véritable le peuple confié à chacun d'eux, assurément cette même faculté doit produire le même effet dans celui à qui a été assigné par Dieu lui-même le rôle de paître les agneaux et les brebis.
« Pierre n'a pas seulement été établi pasteur par le Christ, mais pasteurs des pasteurs. Pierre donc paît les agneaux et il paît les brebis ; il paît les petits et il paît les mères ; il gouverne les sujets, il gouverne aussi les prélats, car dans l'Eglise, en dehors des agneaux et des brebis, il n'y a rien 1. »
De là viennent chez les anciens Pères ces expressions tout à fait à part qui désignent le bienheureux Pierre et qui le montrent évidemment comme placé au degré suprême de la dignité et du pouvoir. Ils l'appellent fréquemment « le chef de l'assemblée des disciples ; le prince des saints Apôtres ; le coryphée du chœur apostolique ; la bouche de tous les Apôtres : le chef de cette famille ; celui qui commande au monde entier ; le premier parmi les Apôtres ; la colonne de l'Eglise. »
La conclusion de tout ce qui précède…
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1. S. OPTAT de Milève, De schism. Donatist., lib. II, n. 4-5. CV 26, 39. PL 11, 955-956. — 1. S. BRUNON de Segni, Comment, in Joan., part. III, cap. 21, n. 55.
Note de Louis : J'ai aéré le 1er paragraphe du Nº 659 . Bien à vous.
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Re: L’Église, son institution, son unité.
II. Intention du Christ, fondateur de l’Eglise
2. Son Eglise sera unie
B. Dans la hiérarchie apostolique
b) L’Eglise possède une autorité
β) Participée :
Rôle des évêques (suite)
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La conclusion de tout ce qui précède semble se trouver dans ces paroles de saint Bernard au Pape Eugène : « Qui êtes-vous ? Vous êtes le grand prêtre, le pontife souverain. Vous êtes le prince des évêques, vous êtes l'héritier des Apôtres... Vous êtes celui à qui les clés ont été données, à qui les brebis ont été confiées. D'autres que vous sont aussi portiers du ciel et pasteurs de troupeaux ; mais ce double titre est en vous d'autant plus glorieux que vous l'avez reçu en héritage dans un sens plus particulier que tous les autres. Ils ont, eux, leurs troupeaux qui leur ont été assignés ; chacun a le sien ; à vous, tous les troupeaux ensemble ont été confiés ; à vous seul, un seul troupeau, formé non pas seulement des brebis, mais aussi des pasteurs : vous êtes l'unique pasteur de tous. Vous me demandez comment je le prouve. Par la parole du Seigneur. A qui, en effet, je ne dis pas entre les évêques, mais même entre les Apôtres, ont été confiées ainsi absolument et indistinctement toutes les brebis ? Si tu m'aimes, Pierre, pais mes brebis. — Lesquelles ? les peuples de telle ou de telle cité, de telle contrée, de tel royaume ? Mes brebis, dit-il. Qui ne voit qu'il n'en désigne point quelques-unes, mais qu'il les assigne toutes à Pierre ? Nulle distinction, donc nulle exception 2. »
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Mais ce serait s'éloigner de la vérité et contredire ouvertement la constitution divine de l'Eglise que de prétendre que les évêques pris isolément doivent être soumis à la juridiction des Pontifes romains, tandis que tous ensemble ne le doivent point. Quelle est, en effet, toute la raison d'être et la nature du fondement ? C'est de sauvegarder l'unité et la solidité, bien plus encore de l'édifice tout entier que de chacune de ses parties. Et cela est beaucoup plus vrai dans le sujet dont Nous parlons, car Jésus-Christ Notre-Seigneur a voulu, par la solidité du fondement de son Eglise, obtenir que les portes de l'enfer ne puissent prévaloir contre elle. Or, tout le monde convient que cette promesse divine doit s'entendre de l'Eglise universelle et non de ses parties prises isolément, car celles-ci peuvent en réalité être vaincues par l'effort des enfers, et il est arrivé à plusieurs d'entre elles, prises séparément, d'être en effet vaincues.
De plus, celui…
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2. S. BERNARD, De consideratione, lib. II, cap. 8. PL 182, 751.
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