« Le Seigneur couvrit sa fille Sion du voile ténébreux de sa colère »

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« Le Seigneur couvrit sa fille Sion du voile ténébreux de sa colère » Empty « Le Seigneur couvrit sa fille Sion du voile ténébreux de sa colère »

Message  Roger Boivin Sam 25 Jan 2014, 11:13 pm


Cette phrase ne fait-elle pas penser à l'éclipse que subit l'Église actuellement :

« Le Seigneur couvrit sa fille Sion du voile ténébreux de sa colère »

(1) Maldonat écrit fort à propos en expliquant ces paroles du Christ, Jean, XIII, 35 : « Iis vous connaîtront pour mes disciples, si vous vous aimez mutuellement ; » fort à propos, dis-je : « Que le lecteur prenne bien garde de penser que ceux qui ont la foi, mais qui n'ont pas la charité, ne sont point disciples du Christ, car ils ne sont pas seulement ses disciples de nom, ils le sont en réalité, puisqu'ils apprennent de lui et qu'ils le croient comme leur maître ; au reste, ils ne sont point ses disciples dans sa manière de vivre, parce que ce que le Christ aime, ils ne l'aiment point. Et comme le Christ veut aussi que tous les hommes soient ainsi ses disciples, ceux qui le font sont non-seulement ses vrais disciples, mais encore ses parfaits disciples ; il montre aussi que les autres qui ont la foi, mais qui n'ont pas la charité, ne sont point ses disciples, absolument comme si un père niait que ceux-là soient ses enfants, qui ne l'imitent pas dans sa conduite, mais non pas qu'ils soient véritablement ses enfants, mais qu'ils ne le sont pas comme ils devraient l'être. « C'est en vain qu'on nous appelle chrétiens, écrit saint Léon, serm. 6, sur la Nativ., si nous ne sommes pas les imitateurs du Christ, qui, en conséquence, s'est appelé la voie pour que la conversation du maître fût la forme du disciple, et que le serviteur embrassât l'humilité, que le maître a suivie. »

Cette observation ruine la conséquence que Newman tire de son faux principe, ouv. cit., p. 241 : « Il s'ensuit que la seule ancienne Église primitive peut nous fournir l'exemple de sa foi, tant qu'elle montra qu'elle était une. Or, de quelle église parle-t-il ? S'il parle de son origine même, quand « la multitude des fidèles n'avait qu'un cœur et qu'une âme, » il s'ensuivrait que l’Église ne peut que pendant fort peu de temps nous donner l'exemple de la foi, ce que je ne pense pas qu'il admette; que s'il parle de l’Église des siècles qui suivirent, il lui suffira de jeter les yeux sur les documents historiques, pour y voir à tous les siècles des exemples de la faiblesse humaine. Sans parler du reste, il suffira de citer les paroles d'Eusèbe, Hist. ecclés., liv. VIII, ch. 1, par lesquelles il met sous nos yeux l'état de l’Église pendant la persécution de Dioclétien, sur la fin du IIIe et au commencement du IVe siècle :

« Comme la trop grande liberté avait engendré parmi nous la négligence et la nonchalance ; comme l'un commençait à porter envie à l'autre et à le détruire ; comme nous nous faisions des guerres intestines, que nous nous servions de la parole au lieu d'armes pour nous blesser ; comme les évêques suscitaient des querelles aux évêques, et les peuples aux peuples ; enfin, comme, pour comble de malice, la fraude et la dissimulation étaient en pied.... Mais comme nous avions perdu le sens, nous ne pensions pas  même à apaiser le Très-Haut ; bien plutôt, comme certains impies nous étions persuadés que la Providence ne prend point soin des choses humaines, nous nous plongions chaque jour dans de nouveaux crimes ; comme nos pasteurs, sans tenir compte des règles de la religion, se querellaient mutuellement, nous ne nous occupions que de grossir chaque jour nos querelles, nos menaces, nos rivalités, nos haines et nos mutuelles inimitiés, chacun revendiquant avec acharnement la primauté comme une  espèce de tyrannie ; alors, enfin, suivant l'expression de Jérémie, le Seigneur couvrit sa fille Sion du voile ténébreux de sa colère, etc. »

Que si Newman, enfin, parle de l'âge de l’Église, où il n'y avait encore ni hérésies ni schismes, comme il commença à y en avoir dès les temps apostoliques, il est évident qu'il nous sera impossible de trouver les bienheureux jours où l’Église antique et primitive nous donna, d'après notre adversaire, l'exemple de sa foi. Il semble faire allusion au schisme des Grecs ; mais il n'y a pas de raison pour que nous nous arrêtions à ce schisme plutôt qu'au schisme des novatiens, et des donatistes ou des anglicans.

https://archive.org/stream/thologiedogma05perr#page/464/mode/2up

( J'ai aéré un peu le texte. roger. )

Roger Boivin
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