Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
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Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
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Introduction, 220-221.
Bienfaits de la définition de 1854, 222-224.
Marie, fondement de notre foi, 225-228.
Mère des membres du Christ, 229-232.
Médiatrice des grâces de la Rédemption, 233-235.
La vraie dévotion : dans la conversion du cœur, 236-237.
La sainteté divine exigeait l’Immaculée Conception, 238-239.
La dévotion mène à l’imitation, 240-241.
L’Immaculée Conception, rempart de la foi, 242-245.
Sauvegarde de la charité fraternelle, 246-250.
L’ « arc-en-ciel », 251.
(1) Tiré de Les Enseignements Pontificaux, Notre-Dame, p. 153-172, Desclée & Cie, Éditeurs Pontificaux, Belgique, 1957.
Lettre Encyclique Ad diem illum,
de Sa Sainteté Saint Pie X,
du 2 février 1904 1.
de Sa Sainteté Saint Pie X,
du 2 février 1904 1.
Introduction, 220-221.
Bienfaits de la définition de 1854, 222-224.
Marie, fondement de notre foi, 225-228.
Mère des membres du Christ, 229-232.
Médiatrice des grâces de la Rédemption, 233-235.
La vraie dévotion : dans la conversion du cœur, 236-237.
La sainteté divine exigeait l’Immaculée Conception, 238-239.
La dévotion mène à l’imitation, 240-241.
L’Immaculée Conception, rempart de la foi, 242-245.
Sauvegarde de la charité fraternelle, 246-250.
L’ « arc-en-ciel », 251.
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(1) Tiré de Les Enseignements Pontificaux, Notre-Dame, p. 153-172, Desclée & Cie, Éditeurs Pontificaux, Belgique, 1957.
Dernière édition par Louis le Jeu 24 Oct 2013, 2:47 pm, édité 19 fois (Raison : Présentation, déposer un lien)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
220
Le cours du temps nous ramènera dans peu de mois à ce jour d'incomparable allégresse où, entouré d'une magnifique couronne de cardinaux et d'évêques — il y a de cela cinquante ans, — notre prédécesseur de sainte mémoire, Pie IX, déclara et proclama de révélation divine, par l'autorité du magistère infaillible, que Marie a été, dès le premier instant de sa conception, totalement exempte de la tache originelle (a). Proclamation dont nul n'ignore quelle fut accueillie par tous les fidèles de l'univers d'un tel cœur, avec de tels transports de joie et d'enthousiasme, qu'il n'y eut jamais, de mémoire d'homme, manifestation de piété, soit à l'égard de l'auguste Mère de Dieu, soit envers le Vicaire de Jésus-Christ, ni si grandiose, ni si unanime.
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(a) Voir la Bulle Ineffabilis Deus.
221
Aujourd'hui, vénérables frères, bien qu'à la distance d'un demi-siècle, ne pouvons-nous espérer que le souvenir ravivé de la Vierge Immaculée provoque en nos âmes comme un écho de ces saintes allégresses et renouvelle les spectacles magnifiques de foi et d'amour envers l'auguste Mère de Dieu, qui se contemplèrent en ce passé déjà lointain? Ce qui Nous le fait désirer ardemment, c'est le sentiment, que Nous avons toujours nourri en notre cœur, de piété envers la bienheureuse Vierge aussi bien que de gratitude profonde pour ses bienfaits. Ce qui, d'ailleurs, Nous en donne l'assurance, c'est le zèle des catholiques, perpétuellement en éveil, et qui va au-devant de tout nouvel honneur, de tout nouveau témoignage d'amour à rendre à la grande Mère de Dieu. Cependant, Nous ne voulons pas dissimuler qu'une chose avive grandement en Nous ce désir : c'est qu'il Nous semble, à en croire un secret pressentiment de notre âme, que Nous pouvons Nous promettre pour un avenir peu éloigné l'accomplissement des hautes espérances, assurément non téméraires, que fit concevoir à notre prédécesseur Pie IX et à tout l'épiscopat catholique la définition solennelle du dogme de l'Immaculée Conception de Marie.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
Louis- Admin
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
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Bienfaits de la définition de 1854
222
Ces espérances, à la vérité, il en est peu qui ne se lamentent de ne les avoir point vues jusqu'ici se réaliser, et qui n'empruntent à Jérémie cette parole : « Nous avons attendu la paix, et ce bien n'est pas venu : le temps de la guérison, et voici la terreur (a) ". Mais ne faut-il pas taxer de peu de foi des hommes qui négligent ainsi de pénétrer ou de considérer sous leur vrai jour les œuvres de Dieu? Qui pourrait compter, en effet, qui pourrait supputer les trésors secrets de grâces que, durant tout ce temps, Dieu a versés dans son Eglise à la prière de la Vierge?
Et, laissant même cela, que dire de ce concile du Vatican, si admirable d'opportunité? et de la définition de l'infaillibilité pontificale, formulée si bien à point à l'encontre des erreurs qui allaient sitôt surgir? et de cet élan de piété, enfin, chose nouvelle et véritablement inouïe, qui fait affluer, depuis longtemps déjà, aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, pour le vénérer face à face, les fidèles de toute langue et de tout climat?
Et n'est-ce pas un admirable effet de la divine Providence que nos deux prédécesseurs, Pie IX et Léon XIII, aient pu, en des temps si troublés, gouverner saintement l'Eglise, dans des conditions de durée qui n'avaient été accordées à aucun autre pontificat?
A quoi il faut ajouter que Pie IX n'avait pas plus tôt défini de foi catholique que Marie dès l'origine fut exempte de péché, que la Vierge elle-même commençait à opérer à Lourdes des merveilles, et ce fut, on le sait, l'origine de ces sanctuaires élevés en l'honneur de l'Immaculée Mère de Dieu, ouvrages de haute magnificence et d'immense travail, où des prodiges quotidiens, dus à son intercession, fournissent de splendides arguments pour confondre l'incrédulité moderne.
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(a) Jer. VIII, 15.
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Tant et de si insignes bienfaits accordés par Dieu sur les pieuses sollicitations de Marie, durant les cinquante années qui vont finir, ne doivent-ils pas nous faire espérer « le salut pour un temps plus prochain que nous ne l'avions cru » (a)? Aussi bien est-ce comme une loi de la providence divine, l'expérience nous l'apprend, que des dernières extrémités du mal à la délivrance il n'y a jamais bien loin. « Son temps est près de venir, et ses jours ne sont pas loin. Car le Seigneur prendra Jacob en pitié, et en Israël encore il aura son élu. » C'est donc avec une entière confiance que nous espérons pouvoir nous-mêmes nous écrier sous peu : « Le Seigneur a brisé la verge des impies. La terre est dans la paix et le silence; elle s'est réjouie et elle a exulté » (b).
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(a) Is., XIV, I.— (b) Is., XIV, 5 et 7.
224
Mais, si le cinquantième anniversaire de l'acte pontifical par lequel fut déclarée sans souillure la conception de Marie, doit provoquer au sein du peuple chrétien d'enthousiastes élans, la raison en est surtout dans une nécessité qu'ont exposé nos précédentes lettres encycliques, Nous voulons dire «de tout restaurer en Jésus-Christ ». Car, qui ne tient pour établi qu'il n'est route ni plus sûre ni plus facile que Marie par où les hommes puissent arriver jusqu'à Jésus-Christ, et obtenir, moyennant Jésus-Christ, cette parfaite adoption des fils, qui nous rend saints et sans tache sous le regard de Dieu?
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Marie, fondement de notre foi
225
Certes, s'il a été dit avec vérité à la Vierge : « Bienheureuse qui avez cru, car les choses s'accompliront qui vous ont été dites par le Seigneur (a) », savoir qu'elle concevrait et enfanterait le Fils de Dieu ; si, conséquemment, elle a accueilli dans son sein celui qui par nature est Vérité, de façon que « engendré dans un nouvel ordre et par une nouvelle naissance..., invisible en lui-même, il se rendit visible dans notre chair » (b); du moment que le Fils de Dieu est « l'auteur et le consommateur de notre foi » (c), il est de toute nécessité que Marie soit dite participante des divins mystères et en quelque sorte leur gardienne, et que sur elle aussi, comme sur le plus noble fondement après Jésus-Christ, repose la foi de tous les siècles (d).
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(a) Luc, I, 45. — (b) —St Léon, Serm. 2, de Nativ. Domini, c. II. — (c) Hébr., xii, 2 —. (d) Opus est omnino sanctissimam ejus matrem mysteriorum divinorum participent ac veluti custodem agnoscere, in qua, tamquam in fundamento post Christum nobilissimo, fidei sœculorum
omnium extruitur ædificatio.
226
Mais quoi? Dieu n'eût-il pu, par une autre voie que Marie, nous octroyer le réparateur de l'humanité et le fondateur de la foi? Puisqu'il a plu à l'éternelle Providence que l'Homme-Dieu nous fût donné par Marie, et puisque celle-ci, l'ayant eu de la féconde vertu du divin Esprit, l'a porté en réalité dans son sein, que reste-t-il si ce n'est que nous recevions Jésus des mains de Marie?
Aussi, voyons-nous que dans les Saintes Ecritures, partout où « est prophétisée la grâce qui doit nous advenir » (a), partout aussi, ou peu s'en faut, le Sauveur des hommes y apparaît en compagnie de sa sainte Mère. Il sortira, l'Agneau dominateur de la terre, mais de la pierre du désert; elle montera, la fleur, mais de la tige de Jessé. A voir, dans l'avenir, Marie écraser la tête du serpent, Adam contient les larmes que la malédiction arrachait à son cœur. Marie occupe la pensée de Noé dans les flancs de l'arche libératrice; d'Abraham, retenu d'immoler son fils; de Jacob, contemplant l'échelle où montent et d'où descendent les anges; de Moïse, en admiration devant le buisson qui brûle sans se consumer; de David, chantant et dansant en conduisant l'arche divine; d'Elie, apercevant la petite nuée qui monte de la mer. Et, sans nous étendre davantage, nous trouvons en Marie, après Jésus, la fin de la loi, la vérité des images et des oracles.
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(a) I Pierre., I, 10.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Marie, fondement de notre foi
(suite)
227
Qu'il appartienne à la Vierge, surtout à elle, de conduire à la connaissance de Jésus, c'est de quoi l'on ne peut douter, si l'on considère, entre autres choses, que, seule au monde, elle a eu avec lui, dans une communauté de toit et dans une familiarité intime de trente années, ces relations étroites qui sont de mise entre une mère et son fils. Les admirables mystères de la naissance et de l'enfance de Jésus, ceux notamment qui se rapportent à son Incarnation, principe et fondement de notre foi, à qui ont-ils été plus amplement dévoilés qu'à sa Mère? « Elle conservait et repassait dans son cœur » (a) ce qu'elle avait vu se dérouler à Bethléem et à Jérusalem dans le temple du Seigneur; mais initiée encore à ses conseils et aux desseins secrets de sa volonté, elle a vécu, doit-on dire, la vie même de son Fils. Non, personne au monde comme elle n'a connu à fond Jésus; personne n'est meilleur maître et meilleur guide pour faire connaître Jésus.
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(a) Luc, II, 19, 51.
228
Il suit de là, et Nous l'avons déjà insinué, que personne ne l'égale, non plus, pour unir les hommes à Jésus. Si, en effet, selon la doctrine du divin Maître, « la vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul vrai Dieu, et celui que vous avez envoyé, Jésus-Christ » (a) : comme nous parvenons par Marie à la connaissance vitale de Jésus-Christ, par elle aussi, il nous est plus facile d'acquérir la vie dont il est le principe et la source.
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(a) Jean, XVII, 3.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Mère des membres du Christ
229
Et maintenant, pour peu que nous considérions combien de motifs et combien pressants invitent cette Mère très sainte à nous donner largement de l'abondance de ces trésors, quels surcroîts n'y puisera pas notre espérance !
Marie n'est-elle pas la Mère du Christ?
Elle est donc aussi notre Mère.
Car un principe à poser, c'est que Jésus, Verbe fait chair, est en même temps le Sauveur du genre humain. Or, en tant que Dieu-homme, il a un corps comme les autres hommes; en tant que Rédempteur de notre race, un corps spirituel, ou, comme on dit, mystique, qui n'est autre que la société des chrétiens liés à lui par la foi. « Nombreux comme nous sommes, nous faisons un seul corps en Jésus-Christ » (a). Or, la Vierge n'a pas seulement conçu le Fils de Dieu afin que, prenant d'elle la nature humaine, il devînt homme; mais afin qu'il devînt encore, moyennant cette nature prise d'elle, le Sauveur des hommes. Ce qui explique la parole des anges aux bergers : « Un Sauveur vous est né, qui est le Christ, le Seigneur » (b).
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(a) Rom., XII, 5. — (b) Luc, II, 11.
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Aussi, dans le chaste sein de la Vierge, où Jésus a pris une chair mortelle, là même il s'est adjoint un corps spirituel formé de tous ceux « qui devaient croire en lui » , et l'on peut dire que, tenant Jésus dans son sein, Marie y portait encore tous ceux dont la vie du Sauveur renfermait la vie.
Nous tous donc, qui, unis au Christ, sommes comme parle l'Apôtre « les membres de son corps issus de sa chair et de ses os » (a), nous devons nous dire originaires du sein de la Vierge, d'où nous sortîmes un jour à l'instar d'un corps attaché à sa tête.
C'est pour cela que nous sommes appelés, en un sens spirituel, à la vérité, et tout mystique, les fils de Marie, et qu'elle est, de son côté, notre Mère à tous (b). « Mère selon l'esprit, Mère véritable néanmoins des membres de Jésus-Christ, que nous sommes nous-mêmes » (c). Si donc la bienheureuse Vierge est tout à la fois Mère de Dieu et des hommes, qui peut douter qu'elle ne s'emploie de toutes ses forces, auprès de son Fils, « tête du corps de l'Eglise » (d), afin qu'il répande sur nous qui sommes ses membres les dons de sa grâce, celui notamment de le connaître et de vivre par lui (e)?
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(a) Ephés., v, 30.— (b) Atqui æternum Dei Filium non ideo tantum concepit Virgo ut fieret homo, humanam ex ea assumens naturam; verum etiam ut per naturam ex ea assumptam, mortalium fieret sospitator... In uno igitur eodemque alvo castissimæ matris et carnem Christus sibi assumpsit et spiritale corpus adjunxit, ex iis nempe coagmentatum qui credituri erant in eum. Ita ut Salvatorem habens Maria in utero, illos etiam dici queat gessisse omnes, quorum vita continebat vita Salvatoris... Unde, spiritali quidem ratione ac mystica, et Mariæ filii nos dicimur, et ipsa nostrum omnium mater est. —(c) St. Augustin, Lib. de S. Virginitate, c. 6. —(d) Coloss., I, 18. — (e)Jean, IV, 9.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Mère des membres du Christ
(suite)
231
Mais il n'est pas seulement à la louange de la Vierge qu'elle a fourni « la matière de sa chair au Fils unique de Dieu, devant naître avec des membres humains » (a), et qu'elle a ainsi préparé une victime pour le salut des hommes; sa mission fut encore de la garder, cette victime, de la nourrir et de la présenter au jour voulu, à l'autel.
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(a) St. Bède le Vén., 1. IV, in Luc., XI.
232
Aussi, entre Marie et Jésus, perpétuelle société de vie et de souffrance, qui fait qu'on peut leur appliquer à égal titre cette parole du Prophète : « Ma vie s'est consumée dans la douleur et mes années dans les gémissements » (a).
Et quand vint pour Jésus l'heure suprême, on vit la Vierge « debout auprès de la croix », saisie sans doute par l'horreur du spectacle, « heureuse pourtant de ce que son Fils s'immolait pour le salut du genre humain, et, d'ailleurs, participant tellement à ses douleurs que de prendre sur elle les tourments qu'il endurait lui eût paru, si la chose eût été possible, infiniment préférable " (b).
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(a) Ps, xxx, 11. — (b) St. Bonaventure, I Sent., d. 48, ad Litt., dub. 4.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Médiatrice des grâces de la Rédemption
233
La conséquence de cette communauté de sentiments et de souffrances entre Marie et Jésus, c'est que Marie « mérita très légitimement de devenir la réparatrice de l'humanité déchue » (a), et, partant, la dispensatrice de tous les trésors que Jésus nous a acquis par sa mort et par son sang.
Certes, l'on ne peut dire que la dispensation de ces trésors ne soit un droit propre et particulier de Jésus-Christ, car ils sont le fruit exclusif de sa mort, et lui-même est, de par sa nature, le médiateur de Dieu et des hommes.
Toutefois, en raison de cette société de douleurs et d'angoisses, déjà mentionnée, entre la Mère et le Fils, il a été donné à cette auguste Vierge d'être auprès du Fils unique la très puissante médiatrice et avocate du monde entier " (b).
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(a) Eadmer. Mon., De Excellentia Virg. Mariæ, c. IX. — (b) Cf. supra, n° 64.
234
La source, est donc Jésus-Christ : « de la plénitude de qui nous avons tous reçu" (a); « par qui tout le corps, lié et uni par les liens des membres qui se prêtent un mutuel concours, prend les accroissements propres au corps et s'édifie dans la charité » (b). Mais Marie, comme le remarque justement saint Bernard, est l' « aqueduc »; ou, si l'on veut, le cou dont la fonction propre est de rattacher le corps à la tête et de transmettre au corps les influences et efficacités de la tête. « Oui, elle est le cou de notre chef, moyennant lequel celui-ci communique à son corps mystique tous les dons spirituels » (c).
Il s'en faut donc grandement, on le voit, que Nous attribuions à la Mère de Dieu une vertu productrice de la grâce, vertu qui est de Dieu seul.Néanmoins, parce que Marie l'emporte sur tous en sainteté et en union avec Jésus-Christ et qu'elle a été associée par Jésus-Christ à l'œuvre de la rédemption, elle nous mérite de congruo, comme disent les théologiens, ce que Jésus-Christ nous a mérité de condigno, et elle est le ministre suprême de la dispensation des grâces (d). « Lui, Jésus, siège à la droite de la majesté divine dans la sublimité des cieux " (e). Marie, Elle, est la reine qui se tient à sa droite; « refuge si assuré et secours si fidèle contre tous les dangers, que l'on n'a rien à craindre, à désespérer de rien sous sa conduite, sous ses auspices, sous son patronage, sous sa protection » (f).
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(a) St. Jean, I, 16. — (b) Ephes., IV, 16. — (c) St. Bernardin de Sienne, Quadrag. de Evangelio æterno, Serm. X, a, III, c. 3. — (d) Ea tamen, quoniam universis sanctitate prœstat conjunctioneque cum Christo, atque a Christo ascita in humanæ salutis opus, de congruo, ut aiunt, promeret nobis quo Christus de condigno promeruit, estque princeps largiendarum gratiarum ministra. — (e) Hébr., I, 3 — (f) Cf. supra, n° 65.
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Ces principes posés, et pour revenir à notre dessein, qui ne reconnaîtra que c'est à juste titre que Nous avons affirmé de Marie que, compagne assidue de Jésus, de la maison de Nazareth au Calvaire, initiée plus que tout autre aux secrets de son cœur, dispensatrice, comme de droit maternel, des trésors de ses mérites, elle est, pour toutes ces causes, d'un secours très certain et très efficace pour arriver à la connaissance et à l'amour de Jésus-Christ? Ces hommes, hélas! nous en fournissent dans leur conduite une preuve trop péremptoire qui, séduits par les artifices du démon ou trompés par de fausses doctrines, croient pouvoir se passer du secours de la Vierge. Infortunés. qui négligent Marie sous prétexte d'honneur à rendre à Jésus-Christ ! Comme si l'on pouvait « trouver l'Enfant autrement qu'avec la Mère! » (a).
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(a) Cf. Math., II, 11. — Luc, II, 16.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
La vraie dévotion : dans la conversion du cœur
236
S'il en est ainsi, Vénérables Frères, c'est à ce but que doivent surtout viser toutes les solennités qui se préparent partout en l'honneur de la Sainte et Immaculée Conception de Marie. Nul hommage, en effet, ne lui est plus agréable, nul ne lui est plus doux que la connaissance et l'amour véritables de Jésus-Christ. Que les foules emplissent donc les temples, qu'il se célèbre des fêtes magnifiques, qu'il y ait des réjouissances publiques : ce sont choses éminemment propres à raviver la foi. Mais nous n'aurons là que pure forme, que simples apparences de piété, s'il ne s'y ajoute les sentiments du cœur. A ce spectacle, la Vierge, empruntant les paroles de Jésus-Christ, nous adressera ce juste reproche : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi » (a).
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(a) Matth., xv, 8.
237
Car enfin, pour être de bon aloi, le culte de la Mère de Dieu doit jaillir du cœur; les actes du corps n'ont ici ni utilité ni valeur s'ils sont isolés des actes de l'âme Or, ceux-ci ne peuvent se rapporter qu'à un seul objet, qui est que nous observions pleinement ce que le divin Fils de Marie commande. Car, si l'amour véritable est celui-là seul qui a la vertu d'unir les volontés, il est de toute nécessité que nous ayons cette même volonté avec Marie de servir Jésus Notre-Seigneur. La recommandation que fit cette Vierge très prudente aux serviteurs des noces de Cana, elle nous l'adresse à nous-mêmes : « Faites tout ce qu'il vous dira » (a). Or, voici la parole de Jésus-Christ : « Si vous voulez entrer dans la vie, observez les commandements » (b).
Que chacun se persuade donc bien de cette vérité que, si sa piété à l'égard de la bienheureuse Vierge ne le retient pas de pécher ou ne lui inspire pas la volonté d'amender une vie coupable, c'est là une piété fallacieuse et mensongère, dépourvue, qu'elle est de son effet propre et de son fruit naturel.
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(a) Jean, II, 5. — (b) Matth., xix, 17.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
La sainteté divine exigeait
l’Immaculée Conception
238
Que si quelqu'un désire à ces choses une confirmation, il est facile de la trouver dans le dogme même de la Conception Immaculée de Marie. Car, pour omettre la Tradition, source de vérité aussi bien que la Sainte Ecriture, comment cette persuasion de l'Immaculée Conception de la Vierge a-t-elle paru de tout temps si conforme au sens catholique, qu'on a pu la tenir comme incorporée et comme innée à l'âme des fidèles? « Nous avons en horreur de dire de cette femme — c'est la belle réponse de Denys le Chartreux — que, devant écraser un jour la tête du serpent, elle ait jamais été écrasée par lui, et que, mère de Dieu, elle ait jamais été fille du démon » (a). Non, l'intelligence chrétienne ne pouvait se faire à cette idée que la chair du Christ, sainte, sans tache et innocente, eût pris origine au sein de Marie, d'une chair ayant jamais, ne fût-ce que pour un rapide instant, contracté quelque souillure. Et pourquoi cela, si ce n'est qu'une opposition infinie sépare Dieu du péché? C'est là, sans contredit, l'origine de cette conviction commune à tous les chrétiens, que Jésus-Christ avant même que, revêtu de la nature humaine, « il nous lavât de nos péchés dans son sang » (b), dut accorder à Marie cette grâce et ce privilège spécial d'être préservée et exemptée, dès le premier instant de sa conception, de toute contagion de la tache originelle.
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(a ) III Sent., d. II, q. I. Amen – (b) Cf. Apoc. VII, 14.
239
Si donc Dieu a en telle horreur le péché qu'il a voulu affranchir la future Mère de son Fils non seulement de ces taches qui se contractent volontairement, mais, par une faveur spéciale et en prévision des mérites de Jésus-Christ, de cette autre encore dont une sorte de funeste héritage nous transmet à nous tous, les enfants d'Adam, la triste marque, qui peut douter que ce ne soit un devoir, pour quiconque prétend à gagner par ses hommages le cœur de Marie, de corriger ce qu'il peut y avoir en lui d'habitudes vicieuses et dépravées, et de dompter les passions qui l'incitent au mal?
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
La dévotion mène à l’imitation
240
Quiconque veut, en outre, — et qui ne doit le vouloir? — que sa dévotion envers la Vierge soit digne d'elle et parfaite, doit aller plus loin, et tendre, par tous les efforts, à l'imitation de ses exemples. C'est une loi divine, en effet, que ceux qui désirent jouir de l'éternelle béatitude doivent reproduire en eux, par une fidèle imitation, la forme de la patience et de la sainteté de Jésus-Christ : « car ceux qu'il a connus dans sa prescience; il les a prédestinés pour être conformes à l'image de son Fils, afin que celui-ci soit l'aîné entre plusieurs frères » (a). Mais telle est généralement notre infirmité, que la sublimité de cet exemplaire aisément nous décourage. Aussi a-ce été, de la part de Dieu, une attention toute providentielle, que de nous en proposer un autre aussi rapproché de Jésus-Christ qu'il est permis à l'humaine nature, et néanmoins merveilleusement accommodé à notre faiblesse. C'est la Mère de Dieu, et nul autre. « Telle fut Marie, dit à ce sujet saint Ambroise, que sa vie, à elle seule, est pour tous un enseignement ». D'où il conclut avec beaucoup de justesse : « Ayez donc sous vos yeux, dépeintes comme dans une image, la virginité et la vie de la bienheureuse Vierge, laquelle réfléchit, ainsi qu'un miroir, l'éclat de la pureté et la forme même de la vertu » (b).
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(a) Rom., VIII, 29. (b) — De Virginia., 1. II, c. II.
241
Or, s'il convient à des fils de ne laisser aucune des vertus de cette Mère très sainte sans l'imiter, toutefois désirons-Nous que les fidèles s'appliquent de préférence aux principales et qui sont comme les nerfs et les jointures de la vie chrétienne, Nous voulons dire la foi, l'espérance et la charité à l'égard de Dieu et du prochain. Vertus dont la vie de Marie porte, dans toutes ses phases, la rayonnante empreinte, mais qui atteignirent à leur plus haut degré de splendeur dans le temps qu'elle assista son Fils mourant. — Jésus est cloué à la croix, et on lui reproche, en le maudissant, « de s'être fait le Fils de Dieu » (a). Marie, elle, avec une indéfectible constance, reconnaît et adore en lui la divinité. Elle l'ensevelit après sa mort, mais sans douter un seul instant de sa résurrection. Quant à la charité dont elle brûle pour Dieu, cette vertu va jusqu'à la rendre participante des tourments de Jésus-Christ et l'associée de sa Passion; avec lui, d'ailleurs, et comme arrachée au sentiment de sa propre douleur, elle implore pardon pour les bourreaux, malgré ce cri de leur haine : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (b).
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(a) Jean, XIX, 7. — (b) Matth., XXVII, 25.
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
L’Immaculée Conception, rempart de la foi
242-243
Mais, afin que l'on ne croie pas que Nous ayons perdu de vue Notre sujet, qui est le mystère de l'Immaculée Conception, que de secours efficaces n'y trouve-t-on pas, et dans leur propre source, pour conserver ces mêmes vertus et les pratiquer comme il convient !
D'où partent, en réalité, les ennemis de la religion pour semer tant et de si graves erreurs, dont la foi d'un si grand nombre se trouve ébranlée?
Ils commencent par nier la chute primitive de l'homme et sa déchéance. Pures fables, donc, que la tache originelle et tous les maux qui en ont été la suite : les sources de l'humanité viciées, viciant à leur tour toute la race humaine; conséquemment, le mal introduit parmi les hommes, et entraînant la nécessité d'un rédempteur. Tout cela rejeté, il est aisé de comprendre qu'il ne reste plus de place ni au Christ, ni à l'Eglise, ni à la grâce, ni à quelque ordre qui dépasse celui de la nature. C'est l'édifice de la foi renversé de fond en comble. — Or, que les peuples croient et qu'ils professent que la Vierge Marie a été, dès le premier instant de sa conception, préservée de toute souillure : dès lors, il est nécessaire qu'ils admettent, et la faute originelle, et la réhabilitation de l'humanité par Jésus-Christ, et l'Evangile et l'Eglise, et enfin la loi de la souffrance : en vertu de quoi tout ce qu'il y a de rationalisme et de matérialisme au monde est arraché par la racine et détruit, et il reste cette gloire à la sagesse chrétienne d'avoir conservé et défendu la vérité.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
L’Immaculée Conception, rempart de la foi
(suite)
244
De plus, c'est une perversité commune aux ennemis de la foi, surtout à notre époque, de répudier, et de proclamer qu'il les faut répudier, tout respect et toute obéissance à l'égard de l'autorité de l’Église, voire même de tout pouvoir humain, dans la pensée qu'il leur sera plus facile ensuite de venir à bout de la foi.
C'est ici l'origine de l'anarchisme, doctrine la plus nuisible et la plus pernicieuse qui soit à toute espèce d'ordre, naturel et surnaturel.
Or, une telle peste, également fatale à la société et au nom chrétien, trouve sa ruine dans le dogme de l'Immaculée Conception de Marie, par l'obligation qu'il impose de reconnaître à l’Église un pouvoir, devant lequel doive s'incliner non la seule volonté, mais encore l'esprit. Car c'est par l'effet d'une soumission de ce genre que le peuple chrétien adresse cette louange à la Vierge : « Vous êtes toute belle, ô Marie, et la tache originelle n'est point en vous » (a).
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(a) Graduel de la Messe de l'Imm. Concept.
245
Et par là se trouve justifié une fois de plus ce que l’Église affirme d'elle, que, « seule, elle a exterminé les hérésies dans le monde entier » (a). Que si la foi, comme dit l'Apôtre, n'est pas autre chose que « le fondement des choses à espérer » (b), on conviendra aisément que par le fait que l'Immaculée Conception de Marie confirme notre foi, par là aussi elle ravive en nous l'espérance. D'autant plus que si la Vierge a été affranchie de la tache originelle, c'est parce qu'elle devait être la Mère du Christ : or, elle fut Mère du Christ afin que nos âmes pussent revivre à l'espérance des biens éternels.
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(a) Ant. de l'Office de N.-D., à Matines. — (b) Hébr., XI, I.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Sauvegarde de la charité fraternelle
246
Et maintenant, pour omettre ici la charité à l'égard de Dieu, qui ne trouverait dans la contemplation de la Vierge immaculée un stimulant à regarder religieusement le précepte de Jésus-Christ, celui qu'il a déclaré sien par excellence, savoir que nous nous aimions les uns les autres, comme il nous a aimés?
247
« Un grand signe — c'est en ces termes que l'apôtre saint Jean décrit une vision divine — un grand signe est apparu dans le ciel : une femme, revêtue du soleil, ayant sous ses pieds la lune, et, autour de sa tête, une couronne de douze étoiles » (a). Or, nul n'ignore que cette femme signifie la Vierge Marie, qui, sans atteinte pour son intégrité, engendra notre Chef.
Et l'Apôtre de poursuivre : « Ayant un fruit en son sein, l'enfantement lui arrachait de grands cris et lui causait de cruelles douleurs » (b). Saint Jean vit donc la très sainte Mère de Dieu au sein de l'éternelle béatitude et toutefois en travail d'un mystérieux enfantement. Quel enfantement? Le nôtre assurément, à nous qui, retenus encore dans cet exil, avons besoin d'être engendrés au parfait amour de Dieu et à l'éternelle félicité. Quant aux douleurs de l'enfantement, elles marquent l'ardeur et l'amour avec lesquels Marie veille sur nous du haut du ciel, et travaille, par d'infatigables prières, à porter à sa plénitude le nombre des élus.
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(a) Apoc. XII, I. — (b) Ibid., XII, 2.
248
C'est notre ardent désir que tous les fidèles s'appliquent à acquérir cette vertu de charité, et profitent surtout pour cela des fêtes extraordinaires qui vont se célébrer en l'honneur de la Conception immaculée de Marie.
Avec quelle rage, avec quelle frénésie, n'attaque-t-on pas aujourd'hui Jésus-Christ et la religion qu'il a fondée! Quel danger donc pour un grand nombre, danger actuel et pressant, de se laisser entraîner aux envahissements de l'erreur et de perdre la foi! C'est pourquoi « que celui qui pense être debout prenne garde de tomber » (a). Mais que tous aussi adressent à Dieu, avec l'appui de la Vierge, d'humbles et instantes prières, afin qu'il ramène au chemin de la vérité ceux qui ont eu le malheur de s'en écarter. Car Nous savons d'expérience que la prière qui jaillit de la charité et qui s'appuie sur l'intercession de Marie n'a jamais été vaine.
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(a) I Cor., x, 12.
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
Sauvegarde de la charité fraternelle
(suite)
249
Assurément, il n'y a pas à attendre que les attaques contre l'Eglise cessent jamais : « car il est nécessaire que des hérésies se produisent, afin que les âmes de foi éprouvée soient manifestées parmi vous » (a). Mais la Vierge ne laissera pas, de son côté, de nous soutenir dans nos épreuves, si dures soient-elles, et de poursuivre la lutte qu'elle a engagée dès sa conception, en sorte que quotidiennement nous pourrons répéter cette parole : « Aujourd'hui a été brisée par elle la tête de l'antique serpent » (b).
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(a) I Cor., XI, 19. — (b) Off. Imm. Conc. aux II Vêp., à Magnif.
250
Et afin que les trésors des grâces célestes, plus largement ouverts que d'ordinaire, nous aident à joindre l'imitation de la bienheureuse Vierge aux hommages que nous lui rendrons, plus solennels, durant toute cette année; et afin que nous arrivions plus facilement ainsi à notre but de tout restaurer en Jésus-Christ, conformément à l'exemple de Nos prédécesseurs au début de leur pontificat, nous avons résolu d'accorder à tout l'univers une indulgence extraordinaire, sous forme de jubilé.
[ Indiction du Jubilé ]
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Re: Tout restaurer par Marie (S.Pie X)
L’ « arc-en-ciel »
251
Nous mettons fin à ces lettres, vénérables frères, en exprimant à nouveau la grande espérance que Nous avons au cœur, qui est que, moyennant les grâces extraordinaires de ce jubilé, accordé par Nous sous les auspices de la Vierge Immaculée, beaucoup qui se sont misérablement séparés de Jésus-Christ reviendront à lui, et que refleurira, dans le peuple chrétien, l'amour des vertus et l'ardeur de la piété. Il y a cinquante ans, quand Pie IX, notre prédécesseur, déclara que la Conception Immaculée de la bienheureuse Mère de Jésus-Christ devait être tenue de foi catholique, on vit, Nous l'avons rappelé, une abondance incroyable de grâces se répandre sur la terre, et un accroissement d'espérance en la Vierge amener partout un progrès considérable dans l'antique religion des peuples. Qu'est-ce donc qui Nous empêche d'attendre quelque chose de mieux encore pour l'avenir?
Certes, Nous traversons une époque funeste, et Nous avons le droit de pousser cette plainte du Prophète : « Il n'est plus de vérité, il n'est plus de miséricorde, il n'est plus de science sur la terre. La malédiction et le mensonge et l'homicide et le vol et l'adultère débordent partout » (a).
Cependant, du milieu de ce qu'on peut appeler un déluge de maux, l'œil contemple, semblable à un arc-en-ciel, la Vierge très clémente, arbitre de paix entre Dieu et les hommes : « Je placerai un arc dans la nue et il sera un signe d'alliance entre moi et la terre » (b). Que la tempête se déchaîne donc, et qu'une nuit épaisse enveloppe le ciel : nul ne doit trembler. La vue de Marie apaisera Dieu et il pardonnera. « L'arc-en-ciel sera dans la nue, et à le voir je me souviendrai du pacte éternel (c). Et il n'y aura plus de déluge pour engloutir toute chair » (d).
Nul doute que si nous nous confions, comme il convient, en Marie, surtout dans le temps que nous célébrerons avec une plus ardente piété son Immaculée Conception, nul doute, disons-Nous, que nous ne sentions qu'elle est toujours cette Vierge très puissante « qui, de son pied virginal, a brisé la tête du serpent » (e).
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(a) Osée, IV, 1-2. — (b) Gen. IX, 13. — (c) Gen. IX, 16. — (d) Ibid., 15. — (e) Cf. Gen. III, 15.
* Note de Louis: J’ai aéré le texte pour une meilleure compréhension. Bien à vous.
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