L'ART RELIGIEUX AU SERVICE DU SAINT-ESPRIT - le R. P. M. MESGHLER - 1922.
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L'ART RELIGIEUX AU SERVICE DU SAINT-ESPRIT - le R. P. M. MESGHLER - 1922.
CHAPITRE XLVII
L'art religieux au service du Saint- EspritParmi les hommages que l'Église rend à l'Esprit Saint, nous ne saurions oublier le rôle de l'art religieux dans les diverses manifestations de cette dévotion. Rien de plus intéressant ni de plus instructif que de voir les beaux-arts mis au service de l'Esprit Saint. Examinons : 1o comment, en général, l'Église a fait servir les arts à la glorification de Dieu ; 2o comment, en particulier, elle les emploie a glorifier l'Esprit Saint.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13216
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'ART RELIGIEUX AU SERVICE DU SAINT-ESPRIT - le R. P. M. MESGHLER - 1922.
le meilleur exemple est le saint curé d´Ars qui voulait le meilleur et le plus beau pour son eglise!!!!!!
Et lui même a dit " Rien n´est trop beau pour la gloire de Dieu"
Et lui même a dit " Rien n´est trop beau pour la gloire de Dieu"
leservantdemesse- Nombre de messages : 17
Localisation : DIEMERINGEN
Date d'inscription : 20/05/2013
Re: L'ART RELIGIEUX AU SERVICE DU SAINT-ESPRIT - le R. P. M. MESGHLER - 1922.
I. - L’Église a toujours aimé et protégé les beaux-arts. Pourquoi ? Premièrement, parce que l'art est un don précieux, en parfaite harmonie avec la nature de l'homme. C'est un moyen de traduire le beau sous une forme sensible pour le plaisir et la joie du cœur. Le beau spirituel est en même temps le Vrai et le Bien. Les purs esprits le contemplent à découvert ; mais nous autres hommes, composés d'esprit et de matière, nous avons besoin d'une représentation sensible, qui nous permette de connaître le Vrai et le Bien, de le goûter et d'en jouir. Nous faire connaitre le Vrai et le Bien au moyen d'une représentation sensible, en donnant notre cœur joie et plaisir, telle est donc l'essence, tel est le but des beaux-arts. Nous comprenons, dès lors, pourquoi et comment l'art est un don précieux, pourquoi et comment il est en harmonie avec la nature de l'homme et répond à toutes ses facultés : intelligence, volonté, sensibilité. Voila pourquoi, tout d'abord, l'Église a toujours aimé et protégé les beaux-arts, conformément aux paroles de l'Apôtre : Que tout ce qui est vrai, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est saint, tout ce qui est aimable, tout ce qui peut donner bonne réputation, tout ce qui est vertueux, tout ce qui est louable dans le règlement des mœurs, occupe vos pensées 1 . L’Écriture loue ces hommes glorieux, nos pères... qui ont recherché dans leur génie les modes de la musique, qui ont compost les cantiques des Écritures, qui ont aime la beauté 2 . Par la, l'Église montre bien qu'elle est l'Église de l'humanité, puisqu'elle sait comprendre, honorer et protéger tout ce que Dieu a mis de bon et de beau dans la nature humaine.
Deuxièmement, les beaux-arts peuvent contribuer grandement a la gloire de Dieu et au salut des âmes. Les beaux-arts font connaitre le vrai, le bon, le beau dans leur plus ravissante expression. Or, toute vérité, toute bonté et toute beauté viennent de Dieu ; c'est une participation, un reflet de la Vérité, de la Bonté, de la Beauté éternelles et infinies ; c'est un moyen de remonter jusqu'à Dieu. Plus l'expression en est pure, harmonieuse, en rapport avec les facultés morales et sensibles de l'homme, plus aussi elle nous représente l'idéal suprême de toute beauté et nous permet de nous élever à Dieu, directement ou indirectement, par la connaissance et la joie. Le sentiment du beau véritable n est qu un élan, une aspiration de l'homme tout entier vers Dieu, comme le dit le Psalmiste : Mon cœur, et ma chair ont tressailli pour le Dieu vivant 3 .
Cette aspiration se retrouve surtout dans l'art religieux qui cherche son idéal en Dieu et dans le domaine surnaturel de la foi, et qui a pour effet de nous faire goûter surnaturellement et Dieu et les choses divines. A son tour, ce goût, cette joie surnaturelle produit un progrès moral qui est l'édification. Sans doute, l'édification n'est pas le but propre et immédiat des beaux-arts : leur but immédiat est de nous procurer plaisir et joie ; mais l’édification naît du plaisir éprouvé, et, bien souvent, elle en est comme une partie intégrante. Tel tableau religieux par exemple les peintures de Fra Angelico exprime si bien la pureté angélique, la douleur transfigurée, une tendre dévotion, qu on ne peut les contempler sans éprouver une douce consolation et sans en conserver longtemps l'aimable souvenir. Jamais l'art n'a rien produit de plus pur ni de plus excellent, que lorsqu'il s'est mis au service de la religion. Quels trésors d'édification, de foi et de piété, dus à la poésie, à la musique, à la peinture ; et comme les œuvres vraiment religieuses contribuent puissamment a inspirer a tous, riches ou pauvres, le courage nécessaire a la tache de chaque jour pour la sanctifier, les sentiments qui élèvent l'âme et la consolent ! Conduire l'homme a Dieu et au ciel par la joie, c est le but de l'art religieux : véritable culte rendu a Dieu, dans l'Église et par l'Église. En vérité l'art est, lui aussi, un mystère dans Jésus-Christ et dans l'Église ; l'art est le serviteur et le dispensateur des mystères de Dieu 4 .
Tels sont quelques-uns des motifs pour lesquels l'Église a toujours revendiqué un droit sur les beaux-arts, et ne les a jamais sacrifiés. Héritière de toutes choses, elle a emprunté au Testament Ancien tout ce qui pouvait être utile à l'économie nouvelle, les psaumes surtout, qui sont comme l'éternelle prière du monde et de l'humanité. Qu'il est touchant de voir comment, persécutée dès son apparition et bannie de toutes parts, contrainte de se réfugier sous terre auprès des tombeaux de ses enfants afin d'y veiller, d'y célébrer les saints mystères et d'y attendre la résurrection, elle emploie la couleur ou le ciseau pour dire, sur les murailles des catacombes, sa foi, son espérance et sa charité ! L'Église n'a pas cessé d'être une artiste travaillant pour la gloire de Dieu. Bien plus, elle a élargi le domaine des beaux-arts ; par les vérités surnaturelles, elle leur a offert un idéal incomparablement plus élevé ; devenue la religion universelle, elle les a encouragés et récompensés, elle a répandu partout leurs créations les plus belles a la gloire du Dieu Un en trois Personnes, à la gloire de ses saints. Pour le culte des images, elle a souffert une sanglante persécution ; elle a fait de ce culte un dogme de foi 5 . Ce zèle, ce goût des beaux-arts, elle les fait servir a l'ornementation de ses temples, aux cérémonies du culte public, a la célébration du Saint-Sacrifice. Lorsque dans la Semaine Sainte, par exemple, - - elle veut, par le spectacle des plus belles cérémonies, nous représenter et nous mettre en quelque sorte sous les yeux les sublimes mystères de la Rédemption, elle emprunte le secours de tous les beaux-arts qui s'unissent alors pour servir Dieu et le louer, en formant à l'Église une splendide couronne.
Dans ces manifestations de l'art religieux, l'Esprit Saint a sa part réservée. Rien de plus juste. II est Dieu, il a droit a tous les honneurs rendus au Père et au Fils ; les arts lui doivent et le don du génie et celui de l'inspiration qui, avec la joie et l'édification, sont plus spécialement au nombre des opérations du Saint-Esprit.
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1. Philipp., iv, 8.
2. Eccli. XLIV, 5, 6.
3. Ps. LXXXIII, 3.
4. I Cor., iv, 1.
5. Condi. Trid., Sess. 25, deer, de invocat. et ven. Reliqq. SS.
Roger Boivin- Nombre de messages : 13216
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: L'ART RELIGIEUX AU SERVICE DU SAINT-ESPRIT - le R. P. M. MESGHLER - 1922.
II. - Voyons maintenant comment L'Esprit Saint, en particulier, est glorifié par L'art religieux. C'est d'abord L'architecture. De tout temps, on a élevé en l'honneur du Saint-Esprit des cloîtres, des églises, des hospices et surtout des fonts baptismaux. Nombre de ces édifices sont célèbres, grâce aux artistes qui les out ornés de leurs chefs-d’œuvre : Cimabue, par exemple, Marchione d'Arezzo et Taddeo Gaddi, à Florence, à Arezzo, à Rome. En France, les Cisterciens aimaient à placer leurs monastères sous l'invocation du Saint-Esprit.
Pour l'imagerie et la peinture, - peinture sur bois ou sur verre, miniature, mosaïque, - l'Esprit Saint est un sujet de prédilection. Du Xe ou du XIe siècle jusqu'au XVIe, nous le voyons très souvent représenté sous une forme humaine, comme le Fils, à des âges différents. Tantôt c'est un enfant qui, semblable à Moïse sur le Nil, flotte sur les eaux de l'abime, tandis que le Fils, debout sur la rive, sépare la lumière des ténèbres. Tantôt il s'unit au Père dans une douce étreinte, et le Fils, un peu plus âgé, le contemple avec amour. Ailleurs, du même âge que le Père et le Fils, il est assis avec eux sur un trône (Couronnement de la Sainte Vierge) et partage leur gloire. Ses attributs sont un livre ou une colombe : l'attribut du Père est le globe du monde ; celui du Fils est la croix. Mais, le plus souvent, le Saint-Esprit est représenté sous la forme d'une colombe : il l'est presque toujours ainsi jusqu'au Xe siècle et depuis le XVIe siècle jusqu'à nos jours 1 . On le voit fréquemment sous cette forme auprès de certains saints : saint Grégoire, saint Étienne, saint Jérôme, sainte Thérèse, dans les tableaux de l'Annonciation, du baptême de Jésus Christ, de la Pentecôte, de la Sainte Trinité ; et, dans ce dernier cas, par une allusion fort touchante, il repose sur la croix du Fils, ou bien il plane entre le Père et le Fils, procédant indifféremment de l'un ou de l'autre ; et, pour signifier que les trois Personnes divines sont égales, un seul et même manteau de gloire les enveloppe et les unit. - Les dons de l'Esprit Saint sont figures par sept colombes, plus petites. D'ordinaire, elles forment un cercle autour du Sauveur pour rappeler le prophétie d'Isaie 2 . Un vitrail de la cathédrale de Fribourg en Brisgau représente, par exception, les sept colombes formant le nimbe de la très sainte Vierge qui tient entre ses bras Jésus enfant. Dans la même église est un tableau charmant : sainte Anne apprenant à lire à Marie qui, de la main droite, ouvre le livre, et, de la main gauche, presse sur son cœur l'Esprit Saint sous la forme d'une colombe. C'est bien l'Esprit Saint, puisque la colombe porte le nimbe d'or, croisé de noir ; les ailes s'agitent doucement ; il est venu, dans son amour, pour instruire le cœur de la Vierge et lui apprendre toute sagesse. - S'agit-il de la distribution des grâces, le Saint-Esprit se retrouve encore. À Ravenne, un des autels de l'église du Saint-Esprit représente un concile : au milieu est une croix sur laquelle plane une colombe. - Très souvent, autour des images du Saint-Esprit, on voit des rouleaux de parchemin et les livres de l'Ancien Testament et du Nouveau, pour rappeler que le Saint-Esprit est le principe de l'inspiration. - Les lampes et les peintures des tombeaux des premiers siècles Chrétiens représentent fréquemment une colombe avec ou sans la branche d'olivier : c'est un symbole de l'Esprit Saint, de l'Église, de l'âme chrétienne ou de la paix éternelle. - La croix et les autres insignes caractéristiques du Sauveur sont parfois accompagnés de l'Esprit Saint, afin de nous enseigner qu'il est le dispensateur des grâces, et que ces grâces, il les puise dans le trésor des mérites de la Rédemption par Jésus-Christ. Quant aux couleurs que l'on donne à la colombe symbolique, c'est le blanc éclatant ; le bec et les pattes sont de couleur rouge ; le nîmbe est d'or avec un croise rouge ou noir 3.
Nous avons parle ailleurs de l'antique usage de donner la forme d une colombe planant au-dessus de l'autel au vaisseau destiné à conserver la Sainte Eucharistie usage singulièrement touchant à cause des rapports intimes qui existent entre l'Esprit Saint et le sacrement de l'autel. Cette colombe était en émail précieux, enrichi de couleurs : souvent les yeux de la colombe étaient formés d'une perle ou d'un diamant 4 .
On donnait encore la même forme à d'autres vases destinés au culte, pour rappeler que le Saint-Esprit est le dispensateur invisible des grâces surnaturelles.
Parmi les œuvres que la poésie a produites en l'honneur de l'Esprit Saint, signalons tout d abord l'office de la Pentecôte, si noble, si majestueux, si profondément mystique. II commence par une solennelle invitation à adorer la puissance divine de l'Esprit Saint qui remplit l'univers tout entier : Spiritus Domini replevit orbem terrarum, venite adoremus. - Les psaumes sont admirablement choisis. Le premier (Ps. 67) est un chant de triomphe de l'antique synagogue après une victoire ; il décrit à grands traits les gloires de l'Église de l'Ancien Testament, le choix que Dieu a fait de cette Église, sa nature, la providence dont elle est l'objet, sa force contre ses ennemis, son triomphe éternel, ses chants d’allégresse, sa propagation chez tous les peuples. - Autant de figures de l’Église nouvelle en qui l'Esprit Saint, envoyé par le Sauveur monté aux cieux dans son Ascension, habite constamment, poursuit ses triomphes et répand dans le monde entier la bonne nouvelle de l'Évangile. - Le second psaume (Ps. 47) annonce ,sous l'image de Sion, l'excellence et la beaufce de l'Église qui, pareille à une ville forte bâtie sur le rivage de la mer, confond, par le seul spectacle de son calme et de sa sécurité, les flottes puissantes des ennemis et invite tous les peuples à s'établir dans sa paix et à louer le Seigneur. - Le troisième psaume (Ps. 103) nous montre en traits magnifiques la puissance créatrice de l'Esprit Saint dans l'ordre, la beauté et le mouvement de la création visible ; il nous décrit ensuite le roi de cette création,l'homme, dans les entreprises et les conquêtes qui étendent de toutes parts son domaine ici-bas. L'homme, noble suzerain de la création visible, est l’œuvre du souffle de l'Esprit Saint : que ce souffle lui soit retiré, et tant de grandeur retombe dans le néant ; un souffle nouveau lui rend une jeunesse et une beauté éternelles.
Entre les hymnes, donnons la première place au Veni Sancte Spiritus et au Veni Creator, qui feront le sujet des chapitres suivants.
Voila quelques-unes des fleurs que l'art religieux à données à la gloire de l'Esprit Saint. On le voit, l'Église ne néglige rien pour traduire et manifester son amour et son culte. Elle ne se contente pas d’attester, par la prédication et par les définitions de ses conciles, sa foi en l'Esprit Saint et les vérités qu'elle enseigne sur ce point : cet foi, ces vérités, elle les revêt de tous les charmes de la peinture, de la musique et de la poésie pour nous en donner une traduction sensible, pour nous attirer davantage à cet Esprit, objet de sa foi et de son amour, pour nous le faire aimer et servir avec zèle. Le Saint-Esprit est le principe de toute vie, de tout esprit : il faut donc que toute vie et tout esprit l'honorent et lui rendent hommage. Il n'est pas seulement Vérité et Bonté : il est aussi la Beauté. II est le Seigneur et Mîitre de la lumière, de la couleur, de l'harmonie, du mouvement, des doux sentiments, des pensées grandes et puissantes ; de lui viennent tous les charmes de la musique, tous les ravissements que donne la contemplation de la beauté ; de lui vient la sublime inspiration : c'est lui qui fait les prophètes et les poètes ; de lui vient tout idéal ; de lui, enfin, vient le génie qui saisit cet idéal, qui le traduit par la parole, la couleur ou le son, qui l'incarne dans le bois, la pierre ou le métal. Il est donc juste que tous les arts louent leur Seigneur et s'emploient à le glorifier.
C'est aussi l'Esprit Saint qui donne à l'Église le goût des arts et l'intelligence du beau. L’Église est comme cette Vierge du tableau de la cathédrale de Fribourg en Brisgau : devant elle, Dieu ouvre le livre du Vrai et du Beau ; et l'Esprit Saint, qu'elle porte dans son cœur, lui en explique le sens.
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1. Depuis le Bref de Benoit XIV (1er octobre 1745), dans la cause de Maria Crescentia Hôss, de Kaufbeuren, il ne semble plus permis de représenter l'Espril Saint sous une forme humaine (Voir la Vie de Maria Crescentia, par le P, J. Jeiler, O. S. F., Liv. II, chap, VI.)
2. Is., xi, 2.
3. Didron, Iconographie chrétienne ; le Saint-Esprit.
4. ibid.LE DON DE LA PENTECÔTE - MÉDITATIONS SUR LE SAINT-ESPRIT - Tome I et tome II en un seul volume - 1922 :
http://www.archive.org/stream/lapentecote00mescuoft#page/220/mode/2up
Roger Boivin- Nombre de messages : 13216
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