NOTICE SUR LE BIENHEUREUX FRÈRE ANGÉLIQUE DE FIESOLE

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Message  Roger Boivin Mar 23 Avr 2013, 8:32 pm


NOTICE SUR LE BIENHEUREUX FRÈRE ANGÉLIQUE DE FIESOLE 1


Le nom du moine Jean de Fiesole (Fra Giovanni Angelico da Fiesole), peintre de l'école catholique de Florence, surnommé l'Angélique, et communément appelé en Italie il Beato, ne se trouve presque dans aucun des ouvrages qui ont traité de l'art pendant les trois derniers siècles. On ne saurait ni s'en étonner, ni s'en plaindre. La gloire de celui qui a atteint l'idéal de l'art chrétien méritait de n'être pas confondue avec celle qu'on a décernée à des artistes comme Jules Romain, le Dominiquin, les Carraches et autres de ce genre : mieux valait pour lui être totalement oublié que d'être placé sur la même ligne qu'eux. Peu de temps après sa mort, le paganisme fit irruption dans toutes les branches de la société chrétienne : en politique, par rétablissement des monarchies absolues ; en littérature, par l'élude exclusive des auteurs classiques ; dans l'art, par le culte effréné de la mythologie et du naturalisme qui signala l'époque de la renaissance. Devenu rapidement vainqueur et maître, il eut soin de discréditer et les hommes et les choses qui portaient l'empreinte ineffable du génie chrétien : Fra Angelico eut l'honneur d'être confondu dans la proscription qui enveloppa à la fois et les garanties politiques du moyen âge, et cette poésie pieuse et chevaleresque dont l'Europe avait été si longtemps charmée, et enfin cet art si glorieusement et si heureusement inspiré par les mystères et les traditions de la foi catholique. Tout cela fut déclaré barbare, digne d'oubli et de mépris, et, pendant trois siècles, on l'a oublié et méprisé, conformément au décret des maîtres. Aujourd'hui que l'esprit humain, arrivé peut-être au terme de ses longs égarements, s'arrête incertain, et semble jeter un regard d'envie et d'admiration vers les âges catholiques, on recommence à étudier l'art qui était la parure de cette époque si complète ; et le peintre béatifié a repris peu à peu la place que lui avait assignée le jugement de ses contemporains. Encore étrangement méconnu en Italie, il est admiré avec enthousiasme en Allemagne, et la France, qui possède un de ses chefs-d'œuvre, s'habitue, à son tour, à le voir compter parmi les grands maîtres. Comme il occupe, par sa vie, aussi bien que par ses œuvres, le premier rang entre les peintres vraiment dignes du nom de catholiques, des lecteurs catholiques nous pardonneront à coup sûr quelques courts détails sur cette vie.


1 - Cette notice est extraite de la seconde livraison des Monuments de l'Histoire de sainte Élisabeth de Hongrie, publiés par A. Boblet, Paris, 1838-1839.



MÉLANGE D'ART ET DE LITTÉRATURE
par le COMTE DE MONTALEMBERT
l'un des quarante de l'Académie Française.
1861 - chapitre XV, page 328.


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Message  Roger Boivin Mer 24 Avr 2013, 12:20 am


Né en 1387 dans les environs de Florence, à vingt et un ans il prit à Fiesole l'habit de l'ordre des Frères prêcheurs, fondé par saint Dominique ; il porta désormais le nom de l'endroit où il s'était consacré à Dieu. On dit qu'auparavant dans le monde il s'appelait Guido ou Santi Tosini. Il vint peu après à Florence, où il entra au couvent de Saint-Marc, dans cette illustre maison qui allait produire le grand Savonarole et Fra Bartolonmmeo, mais dont notre bienheureux peintre devait être la première et la plus pure illustration. Ce fut là qu'il commença à se livrer à la pratique de la peinture. On ne connaît pas son maître ; quel que soit celui dont il ait reçu les premières leçons, il faut bien admettre que Dieu seul a pu inspirer un génie comme le sien et animer cette vitalité puissante, fruit du silence et de la paix du cloître. La peinture n'a été évidemment pour lui qu'un moyen de réunion avec Dieu : c'était sa manière de gagner le ciel, son humble et fervente offrande à celui qu'il aimait par-dessus tout ; c'était la forme du culte spécial et intime qu'il rendait à son Rédempteur. Jamais il ne prenait ses pinceaux sans s'être livré à l'oraison en guise de préparation1. Il restait à genoux pendant tout le temps qu'il employait à peindre les figures de Jésus et de Marie2 ; et chaque fois qu'il lui fallait retracer la crucifixion, ses joues étaient baignées de larmes3. Son art était si bien à ses yeux une chose sacrée, qu'il en respectait les produits comme les fruits d'une inspiration plus haute que son intention ; il ne retouchait ni ne perfectionnait jamais ses travaux , et se bornait au premier jet, croyant, à ce qu'il disait sans détour, que c'était ainsi que Dieu les voulait4. Il ne faut rien moins que le témoignage précis de son biographe sur ce fait pour y croire, quand on examine l'incroyable perfection, le fini, la délicatesse de toutes ses œuvres. Mais on comprend qu'avec ses dispositions, son dévouement à l'art ne pouvait nuire en rien à l'exercice de toutes les vertus monastiques. Aussi toute sa vie fut-elle marquée par une fidélité touchante aux trois vœux sacrés qui le liaient à Dieu par la règle du grand saint Dominique. Quant à sa pureté il suffit de contempler au hasard une figure quelconque sortie de son pinceau, et l'on restera convaincu que jamais une pensée indigne de Jésus et de Marie n'a pu s'arrêter dans une âme capable de se reproduire par des reflets semblables. Sa pauvreté monastique lui était si chère qu'il refusait toujours de stipuler un prix pour ses œuvres, et distribuait aux malheureux la totalité des sommes qu'elles lui rapportaient ; il aimait les pauvres pendant sa vie, dit Vasari, « aussi tendrement que son âme peut aimer aujourd'hui le ciel où il jouit de la gloire des bienheureux5. » Enfin l'habitude de l'obéissance lui était si naturelle qu'il ne voulait même recevoir de commandes pour son art que par l'intermédiaire de son supérieur spirituel, le prieur de Saint-Marc ; et lorsqu'on venait lui demander un travail, il répondait simplement qu'il fallait en convenir avec le père prieur, et qu'il ferait tout ce qui lui serait ordonné6. Un jour qu'il était à dîner chez le pape Nicolas V, il ne voulut pas manger de la viande , parce que son prieur n'était pas là pour le lui permettre, oubliant, dans sa douce simplicité, qu'il y était convié par le Pontife, dont l'autorité était plus que suffisante pour le dispenser. Mais toutes ces choses extérieures lui étaient étrangères et indifférentes ; il disait sans cesse : « Celui qui veut peindre a besoin de tranquillité et de vivre sans pensées ; celui qui s'occupe des choses du Christ doit être toujours avec le Christ7. »



1- Non havrebbe messo mano ai penelli se prima non havesse fatto orazione. Vasari.

2- Voy. le Couronnement de la Vierge de Fia Angelico , par A. W. de SCHLEGEL.

3- Non fece mai crocifisso, che non si bagnasse le gote di lagrime. Vasari.

4- Haveva per costume non ritoccare, ne racconciar mai alcuna sua dipintura, ma lasciarle sempre in quel modo, che erano venuti a prima volta, per creder, secundo ch'egli diceva, che cosi fosse la volontà di Dio. Id.

5- Vivendo fù de' poveri tanto amico, quanto penso, che sia oia l'anima sua del cielo. Vasari.

6- A chiunque ricercava opere da lui diceva, che ne facesse esser contento il priore, e che poi mancherebbe. Id.

7- Usando spesse fiate di dire, che chi faceva questa arte, haveva bisogno di quiete, e di vivere senza pensieri ; e che chi fa cose di Christo con Christo deve stare sempre. Id.



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Message  Roger Boivin Mer 24 Avr 2013, 12:38 am


C'était là sa théorie de l'art, et Dieu lui permit de la mettre en pratique avec un bonheur et un éclat dignes de ces hautes pensées. Il débuta par des chefs-d'œuvre dès sa première jeunesse : ancor giovinetto, dit Vasari, benissimo fare sapeva. Ses premiers travaux furent consacrés à orner de miniatures admirables les livres de chœur de son monastère, en société avec son frère aîné, moine et peintre comme lui. Bientôt il se livra à la peinture sur fresque, dans des proportions considérables , sans renoncer toutefois à ces charmantes miniatures dont les reliquaires donnés par lui à Santa-Maria-Novella peuvent nous donner une idée. Encore aujourd'hui, ce célèbre monastère de Saint- Marc, illustre par tant de titres, offre au voyageur catholique la plus complète collection des œuvres du saint artiste dans les grandes et sublimes fresques de la salle du chapitre, le crucifix et les lunettes du cloître, et enfin la série d'histoires de la vie de Marie, qu'il voulut peindre dans la cellule de ses frères. Maison n'y retrouve plus sur le grand autel cette Madone, qui, selon Vasari, par son exquise simplicité, excitait à la dévotion tous ceux qui la regardaient 1. Dans un siècle où les inspirations d'un art encore tout imprégné du christianisme constituaient une partie essentielle de la vie religieuse et publique, un génie comme celui du frère Jean ne pommait rester longtemps caché dans son cloître. Aussi fut-il recherché avec avidité, et célébré avec enthousiasme ; ses œuvres, en se multipliant, acquirent une immense popularité dans toute l'Italie. Vasari, dont le goût classique et matérialiste ne pouvait certes sympathiser avec celui du mystique de Fiesole, nous a conservé, dans l'article qu'il lui a consacré, l'écho de cette exaltation pieuse et tendre qu'inspiraient les œuvres de notre moine, et (pie venait ratifier le jugement des plus fins connaisseurs. « Ce tableau, dit-il en parlant d'une predella 2 qui représentait la légende de saint Côme et saint Damien, est si parfait, qu'il est impossible de s'imaginer un travail plus diligent, ni des figures plus délicates, mieux entendues que celles qu'on y voit. » — « Cette annunziata, dit-il encore à propos d'une Madone recevant le message divin, a un profil si pieux, si délicat et si parfait, qu'on la dirait vraiment peinte non par des mains d'homme, mais dans le paradis 3. Les saints qu'il a peints ressemblent plus à des saints que ceux d'aucun autre peintre. » Enfin, parlant du magnifique Couronnement de la Vierge que l'on peut voir au Louvre, le biographe ajoute : « On y voit une quantité de saints et de saintes, si nombreux, si parfaits, dans des attitudes si variées , et avec des airs de tête si gracieux , que l'on éprouve une douceur incroyable à les regarder ; on sent que les esprits bienheureux, s'ils avaient des corps, ne pourraient être autrement dans le ciel qu'il ne les a représentés ; ils ne paraissent pas seulement vivants , mais la douceur et la délicatesse de leur expression est telle qu'on les dirait peints de la main d'un ange et d'un saint, comme ils le sont en effet ; car c'était un bon ange que ce bon religieux, et on l'a toujours surnommé frère Jean l'Angélique... Pour moi, j'avoue que je ne puis jamais contempler cette œuvre sans qu'elle me paraisse nouvelle, et je n'en suis jamais rassasié quand je m'en sépare 4. »



1- Muove a divozione chi la guarda per la simplicità sua.

2- On appelle predella ou gradino le petit cadre longitudinal qui se trouve au-dessus de la plupart des grands tableaux d'après des anciens maîtres, et où ils représentaient divers traits de la vie des saints qu'ils avaient peints en pied dans la partie supérieure du tableau. C'est ainsi que dans le chef-d'œuvre de Fra Angelico au Louvre, le gradino représente la vie de saint Dominique que l'on voit en pied dans le Couronnement de Notre-Dame qui fait le sujet du tableau lui-même.

3- Con on profilo di viso tanto devoto, delicato e ben fatto che par veramente non da un uomo, ma fatto in paradiso.

4- Una moltitudine inflnita di santi e sante, tanti in numero, tanto ben fatti, e con si varie attitudine, e diverse arie di teste, che incredibile piacere, e dolcezza si sente in guardarle, anzi pare che quei spiriti beati, non possino essere in cielo altrimente, o per meglio dire, se havessero corpo, non potrebbero ; perciocche.... non solo sono vivi e con arie délicate, e dolci, ma tutto il colorito di quell' opéra par che sia di mano d'un santo, o d'un angelo, como sono, onde a gran ragione fù sempre chiamato questo da ben religioso, frate Giovanni Angelico... Io per me posso con verità affermare che non veggio mai questo opéra che non mi para cosa nuova, ne me ne parto mai sazio.




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Message  Roger Boivin Mer 24 Avr 2013, 8:30 am


Si la vue de ce tableau arrachait au matérialiste Vasari d'aussi précieux aveux, quels transports ne doit-il pas exciter dans une âme prédisposée par l'étude et l'amour de la véritable poésie chrétienne ! Nous avons le bonheur de le posséder à Paris 1. Mais c'est encore à Florence, dans les fresques de Saint-Marc et à l'Académie des beaux arts, qu'il faut aller, pour apprécier toute l'étendue et toute la profondeur du génie de ce peintre angélique. Nous avons cherché à décrire ailleurs le tableau que nous regardons comme son chef-d'œuvre, son Jugement dernier 2. Ne pouvant donner ici une idée, même superficielle , de ses divers travaux, nous citerons l'excellent résumé qu'en a donné l'écrivain qui jusqu'ici a le mieux parlé de la peinture chrétienne. « La componction du cœur, » dit M. Rio , « ses élans vers Dieu , le ravissement extatique , l'avant-goût de la béatitude céleste, tout cet ordre d'émotions profondes et exaltées que nul artiste ne peut rendre sans les avoir préalablement éprouvées, furent comme le cycle mystérieux que le génie de frère Angélique se plaisait à parcourir, et qu'il recommençait avec le même amour quand il l'avait achevé. Dans ce genre, il semble avoir épuisé toutes les combinaisons et toutes les nuances, au moins relativement à la qualité et à la quantité de l'expression ; et pour peu qu'on examine de près certains tableaux où semble régner une fatigante monotonie, on y découvrira une variété prodigieuse qui embrasse tous les degrés de poésie que peut exprimer la physionomie humaine. C'est surtout dans le Couronnement de la Vierge au milieu des anges et de la hiérarchie céleste, dans la représentation du Jugement dernier, au moins en ce qui concerne les élus, et dans celle du Paradis, limite suprême de tous les arts d'imitation ; c'est dans ces sujets mystiques, si parfaitement en harmonie avec les pressentiments vagues, mais infaillibles de son âme, qu'il a déployé avec profusion les inépuisables richesses de son imagination. On peut dire de lui que la peinture n'était autre chose que sa formule favorite pour les actes de foi, d'espérance et d'amour 3. »

Ce n'est pas seulement Florence qu'il enrichit de cette parure chrétienne. Sa gloire, en se répandant au loin, le fit appeler dans diverses villes de la Toscane et de l'Ombrie. On voit encore quelques débris de ses travaux à Cortone, à Pérouse et surtout à Orvieto. Enfin le Pape Nicolas V, si ami des arts, le fit venir à Rome, où il peignit à fresque la chapelle du Saint-Sacrement, que Paul III fit détruire pour élargir un escalier, et la chapelle dite de Saint-Laurent, si complètement oubliée par la barbarie des dix-septième et dix-huitième siècles, que le savant Bottari ne put y entrer qu'en escaladant la fenêtre, les clefs de la porte ayant été perdues. « Cette œuvre si simple, dit M. Rio, si pure, si dégagée de tout alliage profane, n'était pas cependant ce qui avait fait la plus forte impression sur l'esprit du Pape. Il s'était aperçu que l'âme de l'artiste valait encore mieux que son pinceau. » L'archevêché de Florence ayant vaqué sur ces entrefaites, il le jugea digne d'en être revêtu. Mais Fia Angelico, en apprenant l'intention du Pontife, le supplia instamment de lui faire grâce de ce fardeau, parce qu'il ne se sentait nullement propre à gouverner les peuples 4. Mais il ajouta qu'il y avait dans son ordre un moine, nommé Antonin, très-amoureux des pauvres, très-habile dans la conduite des âmes, craignant Dieu 5, et beaucoup mieux fait que lui pour être revêtu de cette dignité. Le Pape, plein de confiance dans sa recommandation, lui accorda la nomination qu'il sollicitait 6, et l'humble peintre eut ainsi la gloire d'appeler au siège de Florence celui qui devait y briller d'un éclat si pur, et que l'Église vénère aujourd'hui sous le nom de saint Antonin 7.


1- Après avoir subi toutes sortes d'épreuves et avoir été longtemps dérobé aux regards du public, ce trésor, enlevé à l'église Saint-Dominique de Fiesole pendant les guerres d'Italie, vient d'être exposé dans la nouvelle galerie des dessins que le roi a fait disposer dans l'aile occidentale de la cour du Louvre. Nous conseillons à tous ceux qui aiment ou veulent connaître l'art chrétien d'aller contempler et étudier ce tableau, qui en est un des plus merveilleux produits. Le coloris en a été très-malheureusement affaibli , parce qu'il a fallu enlever un vernis dont des mains grossières et ignorantes l'avaient affublé il y a quelques années. Il est en outre placé à une hauteur qui ne permet point d'en saisir tous les détails. Espérons enfin qu'on fera disparaître le cadre affreux qui le déshonore, et où deux grotesques renommées semblent placées à dessein pour figurer la dégénération de l'art moderne. Il a été gravé et publie avec un texte explicatif par le célèbre A.-W de Schlegel, Paris, 1816, in-folio : cette publication est excessivement rare. (1839.)

2- Voir plus haut, page 107.

3- De la poésie chrétienne par M. Rio, Forme de l'art ; p. 193.

4- Perocche non si sentiva atto a governar popoli. (Vasari.)

5- Havendo la sua religione un fiate amorevole de' poveri , dottissimo di governo e timorato di Dio. (Vasari.)

6- Gli fece la grazia liberamente. (Vasari.)

7- Il a été canonisé par Adrien VI.



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Message  Roger Boivin Mer 24 Avr 2013, 8:50 am

Fra Angelico mourut à Rome en 1453, à l'âge de soixante-huit ans. Il fut enterré dans l'église de son ordre, la seule gothique qui soit restée à Rome, et dont le nom est comme le symbole de la victoire éternelle du christianisme sur le paganisme au sein de la capitale du monde, Santa-Maria-so-pra-Mlnerva. On y voit encore sa tombe, avec sa figure en pied et les mains jointes, gravée au trait, et on y lit cette épitaphe :

Non mihi sit laudi quod eram velut alter Apelles,
Sed quod lucra tuis omnia, Christe, dabam :
Altera nam terris opéra exstant, altéra cœlo ;
Urbs me Joannem flos tulit AEtrurae.

« Qu'on ne me loue pas de ce que j'ai peint comme un autre Apelle, mais de ce que j'ai donné tout ce que je gagnais à tes pauvres, ô Christ ! J'ai travaillé pour le ciel en même temps que pour la terre ; je m'appelais Jean ; la ville qui est la fleur de l'Etrurie a été ma patrie. »

Après sa mort, au surnom d'Angélique vint se joindre celui de Bienheureux, il Beato. C'est ainsi qu'il est principalement désigné encore aujourd'hui à Florence et dans toute l'Italie. Toutefois cette expression de la pieuse admiration des Chrétiens n'implique nullement un culte public et autorisé par l'Église.

Au premier rang de ses élèves on voit figurer Benozzo Gozzoli, qui continua fidèlement la ligne tracée par son maître, et dont la gloire est inscrite sur les murs du plus bel édifice de l'Italie, le Campo-Santo de Pise ; puis encore Gentile da Fabriano, le père de cette dynastie sublime des peintres de l'école d'Ombrie qui devait finir avec la défection de Raphaël, en laissant à l'art chrétien, comme pour le consoler, Francia de Bologne. On peut ainsi regarder Fra Angelico comme la souche des trois grandes branches de l'école mystique, celle de Florence, d'Ombrie et de Bologne 1.



1- Depuis la publication de cette notice, la Vie de Fia Angelico a été l'objet de plusieurs travaux importants et approfondis, parmi lesquels nous signalerons en première ligne l'ouvrage intitulé : San Marco illustrato nei dipinti del B. Angelico, con la vita dello stesso pittore, par le R. P. Marchese, dominicain, Florence, 1854, in-folio ; puis la Vie de Fra Angelico de Fiesole par M. E. Cartier, Paris, 1857, in-8o.



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 NOTICE SUR LE BIENHEUREUX FRÈRE ANGÉLIQUE DE FIESOLE  Empty LES CHEFS-D'OEUVRE DE FRA ANGELICO (1387-1455) -

Message  Roger Boivin Mer 24 Avr 2013, 8:55 am


LES CHEFS-D'OEUVRE DE FRA ANGELICO (1387-1455) :

http://www.archive.org/stream/leschefsdoeuvred00ange#page/n7/mode/2up


The work of Fra Angelico da Fiesole reproduced in three hundred and twenty-seven illustrations; with a biographical introduction - 1913 :

http://www.archive.org/stream/workoffraangelic00angeuoft#page/n7/mode/2up



Fra Angelicoby James Mason ; illustrated with eight reproductions in colour - 1908 :

http://www.archive.org/stream/fraangelico00masouoft#page/n9/mode/2up

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