EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. (Par Saint Augustin)
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EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS
DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
Par Saint Augustin.
Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXI. — "J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à celui à qui j'aurai fait miséricorde" (2). Ces paroles montrent qu'il n'y a en Dieu aucune injustice, comme quelques-uns pourraient le conclure de ces autres expressions: "Avant qu'ils fussent nés, j'ai aimé Jacob, et haï Ésaü." En effet, Dieu dit ici par la bouche de l'Apôtre: "J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié." Il a eu pitié de nous, d'abord en nous appelant lorsque nous étions pécheurs. C'est pour cela qu'il dit: "Celui dont j'aurai eu pitié en l'appelant, j'en aurai pitié encore lorsqu'il croira." Mais comment cette seconde fois, si ce n'est en donnant l'Esprit-Saint à celui qui croira et demandera ? Après ce nouveau don, il fera miséricorde à celui à qui il aura fait miséricorde, c'est-à-dire qu'il le rendra miséricordieux en lui donnant le pouvoir de pratiquer le bien par la charité.
Conséquemment, que personne n'ose s'attribuer les œuvres de miséricorde qu'il fait, puisque c'est Dieu qui lui a donné, par l'Esprit-Saint, la charité sans laquelle ces œuvres nous sont absolument impossibles. Ce ne sont pas les bonnes œuvres, mais plutôt la foi que Dieu a choisie en nous pour nous faire lui-même pratiquer le bien. La foi et la volonté nous appartiennent; mais c'est lui qui donne à notre foi et à notre volonté, le pouvoir de faire le bien, par le Saint-Esprit, qui répand dans nos cœurs la charité de Dieu pour nous rendre miséricordieux (3).
2. Romains IX, 11-15.
3. I Rétractations XXIII, n.3.
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Gras ajoutés.
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EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS
DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
Par Saint Augustin.
Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXII. — "Cela ne dépend donc ni de celui qui veut, ni de celui qui court, mais de Dieu, qui fait miséricorde" (1). L'Apôtre ne détruit point ici le libre arbitre de la volonté, mais il dit que notre volonté ne suffit pas, si Dieu ne vient à notre secours, pour nous rendre miséricordieux et par là-même capables de faire le bien; ce qui est un don du Saint-Esprit, comme il a été dit précédemment dans ces paroles: "J'aurai pitié de celui dont j'aurai eu pitié, et je ferai miséricorde à celui à qui j'aurai fait miséricorde." Avant notre vocation, la volonté nous est impossible; et lors même que nous avons l'une et l'autre, celle-ci est encore insuffisante, aussi bien que notre activité, si, lorsque nous courons, le bras de Dieu ne nous soutient et ne nous conduit là où il nous appelle. Il est donc évident que si nous pratiquons le bien, ce n'est point par notre volonté ni par nos efforts, mais par la miséricorde de Dieu; quoique notre volonté, qui seule ne pourrait rien, y ait aussi sa part. Saint Paul en donne une preuve tirée du châtiment de Pharaon, lorsque ces paroles de l'Ecriture lui sont adressées: "Je t'ai suscité pour faire éclater en toi ma puissance, et pour que mon nom soit annoncé dans toute la terre." Nous lisons en effet dans l'Exode, que le cœur de Pharaon fut endurci (2), jusqu'à demeurer insensible en présence de prodiges aussi éclatants. Si donc ce prince n'obéissait pas alors aux ordres de Dieu, c'était déjà un effet de la vengeance divine; et personne ne peut dire qu'il subit, sans l'avoir mérité, cet endurcissement du cœur; car son incrédulité reçut ainsi de la justice de Dieu le châtiment qu'elle méritait. On ne lui reproche donc pas sa désobéissance d'alors, puisque l'endurcissement de son cœur lui rendait la soumission impossible; mais on lui reproche d'avoir, par son infidélité précédente, mérité cet endurcissement.
Dans ceux que Dieu a choisis, ce ne sont point les œuvres, c'est la foi qui commence à leur faire mériter la grâce de Dieu pour pratiquer le bien: ainsi en est il de ceux qu'il réprouve; l'impiété et l'infidélité commencent à leur faire mériter ce châtiment qui est lui-même le principe de leurs œuvres mauvaises, comme l'Apôtre l'a dit plus haut: "Et parce qu'ils n'ont pas montré qu'ils avaient la connaissance de Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, jusqu'à leur laisser faire les choses qui ne conviennent pas" (1). C'est pour cela qu'il conclut maintenant: "Donc il a pitié de qui il veut, et il endurcit qui il veut." A celui dont il a pitié il fait faire le bien; et celui qu'il endurcit, il l'abandonne pour lui laisser faire le mal. Mais cette miséricorde comme cet endurcissement sont le prix accordé subséquemment au mérite de leur foi ou à leur impiété: et ainsi nous faisons des œuvres bonnes ou mauvaises par un bienfait ou par un châtiment de Dieu; ce qui n'ôte pas cependant à l'homme le libre arbitre de sa volonté, soit pour croire en Dieu et obtenir la miséricorde, soit pour être impie et mériter le châtiment.
Cette conclusion une fois déduite, saint Paul fait parler un contradicteur. Voici ses expressions: "Tu m'objecteras sans doute: De quoi se plaint-il encore ? Car qui résiste à sa volonté ?" Et il répond à cette demande, en nous faisant comprendre que les hommes spirituels, qui déjà ne vivent plus selon l'homme terrestre, peuvent seuls avoir l'intelligence de cette première récompense que Dieu accorde à la foi ou à l'impiété, lorsque dans sa prescience il choisit ceux qui doivent croire et condamne ceux qui seront incrédules; choisissant les uns et damnant les autres indépendamment de leurs œuvres; donnant à la foi des premiers la grâce de faire le bien, et endurcissant l'impiété des seconds en les laissant faire le mal. Mais parce que cette intelligence donnée, comme je l'ai dit, aux hommes spirituels, est très éloignée de la prudence de la chair, saint Paul réfute celui qui l'interroge, en lui faisant comprendre qu'il doit avant tout se dépouiller de l'homme de boue, pour mériter de sonder ce mystère avec l'esprit. "O homme, dit-il en effet, qui es-tu, pour contester avec Dieu ? Le vase dit-il au potier: Pourquoi m'as-tu fait ainsi ? Le potier n'a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse d'argile un vase d'honneur et un autre d'ignominie ?" Tant que tu es un de ces vases, dit-il donc, une portion de cet argile façonné; tant que tu n'es pas élevé aux choses spirituelles et devenu toi-même spirituel, capable de juger de tout, sans être jugé par personne, tu dois t'interdire ces sortes de recherches et ne point contester avec Dieu.
Car si l'on désire entrer dans la connaissance de ses desseins, il faut auparavant être reçu dans son amitié; ce qui n'est possible qu'aux hommes spirituels qui portent déjà l'image de l'homme céleste: "Désormais, dit-il en effet, je ne vous appellerai plus serviteurs, mais bien amis; car tout ce que j'ai appris de mon Père, je vous l'ai fait connaître (1)." Ainsi tant que tu es un vase d'argile, il faut avant tout que ce vase même soit en toi brisé par cette verge de fer dont il est dit: "Tu les gouverneras avec une verge de fer et tu les briseras comme un vase d'argile (2):" afin que l'homme extérieur étant détruit et l'homme intérieur renouvelé, et toi-même inébranlablement affermi dans la charité, tu puisses comprendre la largeur, la hauteur et la profondeur, connaître même la science suréminente de la charité de Dieu (3). Maintenant donc que Dieu fait de la même masse d'argile des vases d'honneur et des vases d'ignominie, il ne t'appartient pas de discuter là-dessus, à toi qui vis encore selon cette masse, c'est-à-dire qui n'a que des goûts et des sympathies terrestres et charnelles.
1. Romains IX, 15-21.
2. Exode X, 1.
1. Romains I, 28.
1. Jean XV, 15.
2. Psaume II, 9.
3. Ephésiens III, 16-19.
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sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXIII. — "Il a supporté avec une patience extrême des vases de colère, propres seulement à être détruits (4)." Ces paroles montrent assez que l'endurcissement opéré dans le cœur de Pharaon fut le juste prix de son impiété secrète d'autrefois: impiété que Dieu supporta avec patience jusqu'au moment opportun où la vengeance devait frapper ce prince d'une manière utile pour l'instruction de ceux que le Seigneur avait résolu de délivrer de l'erreur, d'appeler miséricordieusement et d'amener à son culte, en accordant son secours à leurs prières et à leurs larmes.
LXIV. — "Nous qu'il a de plus appelés, non seulement d'entre les Juifs, mais aussi d'entre les Gentils: comme il dit encore en Osée: J'appellerai mon peuple celui qui n'est pas mon peuple," etc (5). Cette discussion tout entière tend à établir cette conclusion: Si le bien que nous pratiquons appartient à la miséricorde de Dieu, comme l'Apôtre l'a enseigné, ils ne doivent donc pas se glorifier de leurs œuvres les Juifs qui, ayant reçu l'Evangile, croyaient devoir attribuer cette faveur à leurs mérites personnels et ne voulaient pas qu'elle fût accordée aux Gentils. Ils doivent désormais se défaire d'un tel orgueil et comprendre que si ce n'est point par nos œuvres, mais par la miséricorde de Dieu que nous sommes d'abord appelés à la foi, et qu'ensuite nous recevons la grâce de faire le bien, il ne faut point trouver mauvais que les Gentils aient reçu cette miséricorde, comme s'ils avaient moins de mérite que les Juifs qui n'en ont pas (1).
LXV. — Isaïe s'écrie à l'égard d'Israël: "Le nombre des enfants d'Israël fût-il comme le sable de la mer, le reste sera sauvé (2)." Saint Paul montre ici comment Dieu est la pierre angulaire qui unit en elle les deux murs (3). Car si Osée avait en vue les Gentils en disant: "J'appellerai mon peuple celui qui n'est pas mon peuple et bien-aimé celui qui n'est pas bien-aimé" (4), Isaïe a en vue Israël dans l'oracle suivant: "Le reste sera sauvé" (5), et ceux-là seuls seront regardés comme enfants d'Abraham qui croiront au Christ: c'est ainsi que Dieu réunit les deux peuples, selon cette parole de Notre-Seigneur lui-même, dans l'Evangile, au sujet des Gentils: "J'ai d'autres brebis qui ne sont point de cette bergerie; il faut que je les amène; et il n'y aura qu'un seul troupeau et qu'un seul pasteur (6)."
4. Romains IX, 22.
5. Romains IX, 24-26.
1. Rétractations XXIII, 4.
2. Romains IX, 27.
3. Ephésiens II, 20.
4. Osée II, 34.
5. Isaïe X, 22.
6. Jean X, 16.
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Dernière édition par ROBERT. le Lun 25 Fév - 9:41, édité 1 fois (Raison : mise en forme)
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sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXVI. — "Mes frères, les vœux, les désirs de mon coeur et mes supplications à Dieu ont pour objet leur salut (7)." Ici déjà l'Apôtre commence à parler de l'espérance des Juifs, afin que les Gentils n'aient pas non plus la témérité de s'enorgueillir contre eux: s'il a fallu confondre l'orgueil des Juifs qui se glorifiaient de leurs œuvres, il faut aussi prendre garde que les Gentils ne s'enorgueillissent en se croyant préférés à eux.
LXVII. — "Près de toi est la parole, dans ta bouche et dans ton cœur; c'est la parole de la foi que nous annonçons : car si tu confesses de bouche que Jésus est le Seigneur, et si tu crois en ton cœur que Dieu l'a ressuscité d'entre les morts, tu seras sauvé. Car on croit de cœur pour être justifié, et on confesse de bouche pour être sauvé (8)." Ce passage tout entier se rapporte à ce que l'Apôtre a dit plus haut: "Le Seigneur simplifiera et abrégera sur la terre (9)." En effet une fois écartées les observances cérémonielles multipliées jusqu'à l'infini dont le peuple Juif était accablé, la miséricorde divine nous a donné de parvenir au salut par la voie si courte de la confession de la foi.
LXVIII. — Saint Paul dit en citant le témoignage de Moïse: "J'exciterai votre jalousie contre un peuple qui n'en est pas un; et votre colère contre une nation insensée (10)." Cette expression: "nation insensée," explique ces mots qui précèdent: "un peuple qui n'en est pas un:" un peuple insensé ne devrait pas même être appelé du nom de peuple. Et cependant la foi de ce peuple excitera la colère de la nation Juive, parce qu'il prendra possession de ce qu'elle aura rejeté. Pour expliquer ces mots: "contre un peuple qui n'en est pas un, contre un peuple insensé," on pourrait assurément dire encore: Quoique toute la gentilité qui adorait les idoles fût un peuple insensé, elle a comme cessé d'être Gentille lorsqu'elle s'est soumise à la foi. De là encore cette autre parole: "Si donc l'incirconcis garde les préceptes de la Loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas pour lui comme la circoncision (1) ?" La pensée de l'Apôtre serait donc celle-ci: J'exciterai votre jalousie contre la Gentilité qui ne sera plus la Gentilité, qui aura abjuré ce caractère par la foi en Jésus-Christ, après avoir été une nation insensée, prosternée aux pieds des idoles.
7. Romains X, 1.
8. Romains X, 8-10.
9. Romains IX, 28.
10. Romains X, 19.
1. Romains II, 26.
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LXIX. — "Est-ce que Dieu a rejeté son peuple ? Non, sans doute; car moi-même je suis Israélite, de la race d'Abraham, de la tribu de Benjamin (2)." Ces paroles se rapportent à ces autres qui précèdent: "La parole de Dieu ne peut rester sans effet; mais tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israëlites; parce qu'ils appartiennent à la race d'Abraham, tous ne sont pas pour cela ses enfants; mais c'est en Isaac que sera ta postérité:" c'est-à-dire que parmi le peuple Juif lui-même, ceux-là doivent être regardés comme enfants d'Abraham, qui ont cru à Notre-Seigneur. L'Apôtre a dit aussi plus haut à ce sujet: "Il n'y aura qu'un reste de sauvé (3)."
LXX. — "Je dis donc: Leurs péchés ont-ils eu pour effet de les faire tomber ? Point du tout. Mais, par leurs péchés, le salut est venu aux Gentils (4)." Saint Paul ne veut pas dire ici que les Juifs ne sont pas tombés, mais bien que leur chute n'a pas été inutile, puisqu'elle a servi au salut des Gentils. Ainsi l'effet de leurs péchés n'a pas été leur chute, leur chute seule, leur seule punition; car cette chute même a été utile au salut des Gentils. Puis, afin de prévenir l'orgueil de ceux-ci, l'Apôtre commence aussitôt à faire l'éloge du peuple Juif même après sa chute dans l'infidélité: cette chute a été si précieuse pour le salut de la Gentilité ! Mais aussi la Gentilité doit d'autant plus prendre garde de tomber pareillement, si elle se laisse aller à l'orgueil.
LXXI. — "Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire: car en agissant ainsi, tu amasseras des charbons de feu sur sa tête (1)." Plusieurs peuvent voir ici une contradiction avec l'obligation qui nous est imposée par le Seigneur d'aimer nos ennemis, et de prier pour ceux qui nous persécutent (2) ; ou bien encore avec ces autres paroles du même Apôtre: "Bénissez ceux qui vous persécutent; bénissez-les et ne les maudissez point;" et avec celles-ci: "Ne rendant à personne le mal pour le mal." Est-ce aimer quelqu'un, que de lui donner à manger et à boire précisément afin d'amasser sur sa tête des charbons de feu, si ces dernières expressions désignent, dans la pensée de l'Apôtre, quelque peine grave ?
Or, il faut entendre ces mots en ce sens, que nous devons travailler par nos bienfaits à amener à résipiscence celui qui nous a fait tort. Ces charbons de feu ont pour effet de brûler dans les flammes des tribulations, l'esprit qui est comme la tête de cette âme dont toute la malice est consumée, lorsque la pénitence opère en elle ses heureuses transformations: charbons semblables à ceux dont il est ainsi parlé dans un Psaume: "Quelle sera ta récompense, quel fruit recueilleras-tu, langue mensongère ? Combien sont acérées les flèches du Tout-Puissant avec leurs charbons dévorants (3)."
2. Romains. XI, 11.
3. Romains IX, 6-7; 27,
4. Romains XI, 11.
1. Romains XII, 20.
2. Matthieu V, 44.
3. Psaume CXIX, 3-4
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Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXXII. — "Que toute âme soit soumise aux puissances supérieures: car il n'y a point de puissance qui ne vienne de Dieu (4)." Avertissement très sage. Le Seigneur nous a appelés à la liberté et élevés à la dignité de chrétiens; mais nous ne devons pas pour cela nous enfler d'orgueil ni penser que, durant notre passage sur la terre, nous ne sommes pas tenus de remplir les devoirs de notre condition; nous ne devons pas nous croire indépendants des puissances suprêmes qui ont reçu pour la vie présente le gouvernement des choses temporelles. Car nous sommes composés d'une âme et d'un corps, et, tant que nous sommes dans cette vie passagère, nous usons des choses temporelles pour conserver notre existence; conséquemment nous devons, pour ce qui a rapport à cette vie, nous soumettre aux -puissances, c'est-à-dire aux hommes qui gouvernent les choses humaines, entourés de quelques honneurs.
Mais en tant que nous croyons en Dieu et que nous sommes appelés à son royaume, nous ne devons être soumis à aucun homme ayant la prétention de détruire en nous ce que Dieu a daigné nous donner pour la vie éternelle. Si donc on se croit, parce qu'on est chrétien, dispensé de payer l'impôt ou le tribut, ou bien encore de rendre aux puissances chargées de ces intérêts temporels l'honneur qui leur est dû, on est dans une grande erreur. Mais aussi si on regarde cette soumission comme si étendue que la foi elle-même dépende de ceux qui sont élevés à une dignité quelconque dans le gouvernement temporel, on tombe dans une erreur encore plus grande. Il faut donc garder la mesure que le Seigneur lui-même nous prescrit, rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (1).
Car, quoique nous soyons appelés à ce royaume où il n'y aura plus aucune puissance semblable, néanmoins, tant que nous sommes voyageurs ici-bas, et jusqu'à ce que nous soyons entrés dans cette vie où toute principauté et toute puissance disparaît, supportons notre condition par respect pour l'ordre des choses humaines; n'agissons jamais avec dissimulation; et jusque dans cette soumission regardons moins encore les hommes que Dieu qui nous le commande.
LXXIII. — "Veux-tu donc ne pas craindre la puissance ? Fais le bien, et par elle tu recevras des louanges (2)." Quelques-uns seront peut-être étonnés de ces paroles, en se rappelant que les chrétiens ont été souvent persécutés par ces puissances. Est-ce donc pour n'avoir pas fait le bien, que non seulement, ils n'ont pas été loués, mais qu'ils ont été torturés et mis à mort par elles ? Il faut bien considérer les expressions de l'Apôtre. Il ne dit pas: Fais le bien, et cette puissance te louera; mais: "Fais le bien, et par elle tu recevras des louanges."
En effet, soit qu'elle approuve ta bonne action, soit qu'elle la punisse, "tu recevras par elle des louanges;" soit que tu l'amènes au service de Dieu, soit que persécuté par elle tu mérites la couronne. Tel est aussi le sens des paroles qui suivent: "Car cette puissance est le ministre de Dieu pour ton propre bien," lors même qu'elle le serait pour son malheur à elle.
LXXIV. — "Soyez donc soumis par nécessité (1)." Ces paroles nous font comprendre que la vie présente nous impose la nécessité de nous soumettre et de ne point résister à ceux qui exigent de nous, autant qu'ils en ont reçu le pouvoir, une partie de nos biens temporels. Ces biens sont passagers; ainsi notre soumissionne s'exercera point dans le domaine des choses qui doivent durer toujours, mais uniquement dans celui des biens nécessaires à la vie présente. Cependant après avoir dit: "Soyez soumis par nécessité," l'Apôtre craint qu'on n'obéisse pas de bon cœur et avec un amour sincère à ces sortes de puissances; aussi ajoute-t-il: "Non seulement par crainte de la colère, mais encore par conscience." Ce n'est pas assez, suivant lui, d'éviter le châtiment: la dissimulation y suffirait peut-être: il faut que dans ta conscience tu sois assuré d'agir avec affection pour celui à qui tu te soumets par l'ordre du Seigneur, lequel "veut que tous les hommes soient sauvés, et viennent à la connaissance de la vérité (2)." C'est en parlant de ces mêmes puissances que saint Paul enseigne cette dernière maxime. Ailleurs il exhorte pareillement les serviteurs à obéir, non sous l’œil du maître, "comme pour plaire aux hommes (3):" il ne veut pas que la soumission à leurs maîtres soit pour les serviteurs un motif de les haïr, ou de chercher à gagner leurs bonnes grâces par la fourberie.
4. Romains XIII, 1.
1. Matthieu XXII, 21.
2. Romains XIII, 3-4.
1. Romains III, 5.
2. I Timothée II, 4.
3. Ephésiens VI, 6.
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LXXV. — "Celui qui aime les autres, a accompli la Loi (4)." Saint Paul montre ici que la perfection de la Loi, c'est l'amour, c'est-à-dire la charité. Le Seigneur dit aussi que toute la Loi et tous les prophètes se résument dans deux préceptes, l'amour de Dieu et du prochain (5). Aussi après être venu en personne pour accomplir la Loi, il a donné l'amour par l'Esprit-Saint, afin que la charité accomplît à l'avenir ce que la crainte n'avait pu accomplir jusqu'alors. Le même Apôtre a dit enfin: "La charité est donc la plénitude de la Loi:" et ailleurs: "La fin des préceptes est la charité qui vient d'un cœur pur, d'une bonne conscience, et d'une foi non feinte (6)."
LXXVI. — "Et sachant que ce temps est opportun, qu'il est l'heure enfin de sortir de notre sommeil (7)." Ces paroles se rapportent à celles-ci: "Voici maintenant un temps favorable; voici maintenant un jour de salut (8)." Car l'Apôtre désigne ainsi le temps de l'Evangile, ce temps si opportun pour le salut de ceux qui croient en Dieu.
LXXVII. — "Ne vous étudiez pas à contenter la chair dans ses convoitises (1)." C'est que les soins donnés à la chair ne sont point blâmables, lorsqu'ils ont pour objet les choses nécessaires à la santé du corps. Mais s'ils s'étendent à des plaisirs superflus et excessifs, si on met son bonheur dans la satisfaction des désirs de la chair, on devient justement répréhensible, parce qu'on s'étudie à contenter la chair dans ses convoitises. "Or, celui qui sème dans sa chair," c'est-à-dire celui qui se complaît dans les plaisirs charnels, "recueillera de cette chair la corruption (2)."
4. Romains XIII, 8-10.
5. Matthieu XXII, 37-40.
6. I Timothée I, 5.
7. Romains XIII, 11.
8. II Corinthiens VI, 2.
1. Romains XIII, 14.
2. Galates VI, 3.
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LXXVIII. — "Recevez celui qui est faible dans la foi, sans juger les opinions (3)." C'est-à-dire: recevez celui qui est faible dans la foi, soutenez sa faiblesse par votre force et ne jugez point ses opinions, n'ayez point la hardiesse de porter un jugement sur le cœur d'autrui, que vous ne voyez pas. Aussi il continue en disant: "L'un croit qu'il peut manger de tout; mais pour celui qui est faible, qu'il ne mange que des légumes." Alors en effet, plusieurs, déjà affermis dans la foi et sachant que, suivant la maxime du Seigneur, ce n'est point ce qui entre dans la bouche, mais ce qui en sort, qui souille l'homme (4), prenaient indifféremment et en sûreté de conscience toute sorte d'aliments: d'autres plus faibles s'abstenaient de viandes et de vin, de peur de participer même sans le savoir à des choses offertes aux idoles.
Car on vendait alors au marché toute sorte de viandes immolées et les prémices du vin étaient offertes par les Gentils en libations aux idoles; certains sacrifices avaient lieu jusque dans les pressoirs. Saint Paul commande donc à ceux qui usaient en sûreté de conscience de ces sortes d'aliments, de ne point mépriser la faiblesse de ceux qui s'en abstenaient; et il défend à ceux-ci de condamner comme souillés ceux qui mangeaient de la chair et buvaient du vin. C'est dans ce sens qu'il ajoute: "Que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange point; et que celui qui ne mange point ne juge pas celui qui mange." Ceux en effet qui étaient forts, méprisaient avec hauteur ceux qui étaient plus faibles, et ceux-ci jugeaient les autres avec témérité.
LXXIX. — "Qui es-tu, pour juger le serviteur d'autrui (1)? " S'agit-il de choses que l'on peut faire avec une bonne ou avec une mauvaise intention ? L'Apôtre veut que nous en laissions le jugement de Dieu; il ne souffre pas que nous ayons la hardiesse de juger le cœur d'un autre, que nous ne voyons pas. S'agit-il au contraire, de choses qui évidemment et sans qu'on puisse les interpréter autrement, sont incompatibles avec une intention droite et chaste ? Saint Paul ne nous condamne pas, si nous les jugeons. Ainsi en parlant des aliments, il veut que nous laissions à Dieu seul le jugement des autres sur ce point, parce nous ne connaissons pas l'intention d'autrui; mais par rapport au crime abominable que commit un fils avec la femme de son père, il ordonne que ce crime soit jugé (2). Le coupable ne pouvait pas dire qu'il avait commis avec bonne intention une infamie si monstrueuse. Conséquemment toute action dont il est manifestement impossible de dire: je l'ai faite dans une bonne intention, est soumise à notre jugement; mais nous devons réserver au jugement de Dieu, sans les juger nous-mêmes, celles qui sont faites avec des intentions que nous ne connaissons pas; comme il est écrit: "À Dieu ce qui vous est caché, et à vos enfants ce qui ne l'est pas (3)."
3. Romains XIV, 1-3.
4. Matthieu XV, 11-20.
1. Romains XIV, 4.
2. Corinthiens V, 1.
3. Deutéronome XXIX, 29.
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Gras et italiques ajoutés.
à suivre…
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Re: EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. (Par Saint Augustin)
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EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS
DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
Par Saint Augustin.
Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXXX. — "L'un juge suivant la succession des jours; l'autre suivant tous les jours (4)." A part toute interprétation meilleure, il me semble pour le moment que l'Apôtre ne parle pas ici de deux hommes, mais de l'homme et de Dieu. Celui qui juge suivant la succession des jours, c'est l'homme: car notre jugement peut demain être tout différent de ce qu'il est aujourd'hui; c'est-à-dire qu'après avoir aujourd'hui condamné quelqu'un, avec preuve ou sur son propre aveu, demain, lorsqu'il se sera corrigé, nous pourrons le trouver homme de bien; et, après avoir loué aujourd'hui la justice d'un autre, demain nous le trouverons peut-être pervers. Mais celui qui juge suivant tous les jours, c'est Dieu: car il connaît non seulement les dispositions présentes de chacun, mais aussi ses dispositions futures pour chacun des jours de sa vie. Donc, ajoute saint Paul, "que chacun abonde dans son intelligence:" c'est-à-dire que chacun, dans ses jugements, respecte les limites assignées à l'intelligence humaine, à la sienne en particulier. "Celui, dit-il, qui apprécie sagement le jour, plait au Seigneur:" c'est-à-dire par cela même qu'il juge bien le jour présent, il plaît au Seigneur. Mais bien juger suivant le jour, c'est savoir qu'il ne faut point désespérer pour l'avenir, de la conversion de celui dont tu condamnes présentement la faute évidente.
LXXXI —"Heureux celui qui ne se condamne pas lui-même en ce qu'il approuve (1)." Cette pensée se rapporte principalement à cette autre énoncée plus haut: "Qu'on ne blasphème donc pas le bien que nous possédons;" et elle est précédée immédiatement de celle-ci, dont le but est le même: "La foi que tu as en toi, conserve-la devant Dieu." Ainsi croyons-nous que tout est pur pour ceux qui sont purs (2) ? Cette croyance est légitime, nous nous louons de la posséder; elle est pour nous un bien précieux; mais il faut en faire bon usage. Autrement, nous nous rendrions peut-être coupables vis-à-vis de nos frères en offensant leur faiblesse; et en scandalisant ainsi les faibles, nous trouverions notre condamnation dans le bien même que nous nous félicitons de posséder, dans cette foi qui nous plait.
4. Romains XIV, 5-6.
1. Romains XIV, 22.
2. Tite I, 15.
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Gras et italiques ajoutés.
à suivre…
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Re: EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. (Par Saint Augustin)
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EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS
DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
Par Saint Augustin.
Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXXXII. — "Car je dis que le Christ-Jésus a été le ministre de la circoncision, pour justifier la véracité de Dieu, et confirmer les promesses faites à nos pères, et pour porter les Gentils à glorifier Dieu de sa miséricorde (3)." L'Apôtre veut par là faire comprendre aux nations, afin de les empêcher de s'enorgueillir, que c'est au peuple Juif que Notre-Seigneur Jésus-Christ a été envoyé. C'est parce que les Juifs ont rejeté ce Dieu qui leur était envoyé, que l'Evangile a été annoncé aux Gentils. La preuve manifeste en est écrite dans les Actes des Apôtres. Lorsque les Apôtres disent aux Juifs: "Il fallait d'abord vous prêcher la parole; mais puisque vous vous en jugez indignes, voilà que nous nous tournons vers les Gentils (4)."
Nous avons d'ailleurs le témoignage du Seigneur lui-même: "Je n'ai été envoyé, dit-il, qu'aux brebis perdues de la maison d'Israël;" et encore: "Il n'est pas bien de jeter aux chiens le pain des enfants (5)." Que les Gentils y réfléchissent sérieusement et ils comprendront que, s'ils croient en sûreté de conscience que tout est pur pour les cœurs purs, ils ne doivent pas pour cela insulter aux âmes faibles qui, venues de la circoncision, n'osent peut-être toucher à aucune sorte de viandes, dans la crainte de communiquer avec les idoles.
3. Romains XV, 8-9.
4. Actes XIII, 46.
5. Matthieu XV, 24-26.
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italiques ajoutés.
à suivre…
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Re: EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS. (Par Saint Augustin)
italiques ajoutés.
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EXPLICATION DE QUELQUES PROPOSITIONS
DE L'ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ROMAINS.
Par Saint Augustin.
Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT. Œuvres Complètes de Saint Augustin, Traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Tome V, Commentaires sur l'Écriture, Bar-Le-Duc, L. Guérins & Cie éditeurs, 1867. pp. 360-378.
LXXXIII. — "Pour que je sois le ministre du Christ-Jésus parmi les Nations, consacrant la prédication de l'Evangile de Dieu, à rendre agréable et à sanctifier dans l'Esprit-Saint l'oblation des Gentils (1);" c'est-à-dire à offrir à Dieu les Nations comme un sacrifice agréable, lorsque croyant en Jésus-Christ elles sont sanctifiées par l'Evangile. L'Apôtre a dit plus haut dans le même sens: "Je vous conjure donc, mes frères, par la miséricorde de Dieu, d'offrir vos corps en hostie vivante, sainte, agréable à Dieu (2)."
LXXXIV. — "Je vous conjure, mes frères, d'observer attentivement ceux qui sèment des discussions et des scandales contre la doctrine que vous avez apprise (3)." Ces paroles doivent s'entendre de ceux dont l'Apôtre disait encore, en écrivant à Timothée: "Comme je t'en ai prié en partant pour la Macédoine, demeure à Éphèse, afin d'avertir certaines personnes de ne point enseigner une autre doctrine; et de ne point se préoccuper de fables et de généalogies sans fin, qui élèvent des disputes plutôt que l'édifice de Dieu qui est fondé sur la foi (1);" et en écrivant à Tite: "Car il y a beaucoup de semeurs de paroles vaines et de séducteurs des esprits, surtout parmi les circoncis; il faut leur fermer la bouche, parce qu'ils causent la subversion de toutes les familles, enseignant ce qu'il ne faut pas, pour un gain honteux. Un d'entre eux, leur propre prophète, a dit: Les Crétois sont toujours menteurs, méchantes bêtes, ventres paresseux (2)." Il dit également ici: "Ces hommes ne servent pas le Christ Notre-Seigneur, mais leur ventre," et ailleurs: "Leur Dieu, c'est leur ventre (3)."
1. Romains XV, 16.
2. Romains. XII, 1.
3. Romains XVI, 17-18.
1. I Timothée I, 3-4.
2. Tite I, 10-12.
3. Philippiens III, 19.Opuscule traduit par M. l'abbé BARDOT..
FIN
à suivre…
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