SUR L’AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR. (PAR SAINT AUGUSTIN)

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Message  ROBERT. Mar 18 Déc 2012, 4:06 pm


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DIX-NEUVIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR. I

PAR SAINT AUGUSTIN.



ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.



1. Mes frères, nous sommes chrétiens, et, tous, nous voulons fournir notre carrière; lors même que nous ne le voudrions pas, nous marchons. Impossible, pour n'importe qui, de s'arrêter ici-bas et d'y rester. Quiconque vient en ce monde doit nécessairement passer, emporté par la rapidité du temps. Par conséquent, point de paresse. Marelle, si tu ne veux pas qu'on te traîne. Deux chemins s'ouvrent devant nous: à leur point d'intersection se présente un homme; je me trompe, ce n'est pas un homme, mais c'est un Dieu qui s'est fait homme pour sauver les hommes; et il nous dit: N'allez pas à gauche. La voie y semble facile, unie, plaisante à parcourir, frayée par une foule de voyageurs, extrêmement large, mais elle aboutit à des abîmes où l'on trouve la mort. Le chemin de droite impose des efforts et de la fatigue: on y rencontre des obstacles, des pièges, un terrain rocailleux; non seulement, on n'y goûte aucun plaisir, mais c'est à peine si la pauvre humanité suffit à en supporter les dégoûts, tant la marche y est difficile: néanmoins, l'épreuve est de courte durée, et quand vous en serez sortis, vous trouverez, au point culminant de votre course, des joies ineffables, et vous n'aurez plus à craindre ces pièges dangereux qu'il est presque impossible d'éviter.




SIXIÈME SÉRIE. SERMONS INÉDITS. Suite du Tome XIème Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Éditeurs, 1868, p. 242 à 748. Traduction de MM. les abbés BARDOT et AUBERT.

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Message  ROBERT. Mar 18 Déc 2012, 4:19 pm

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ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.




2. Rappelons-nous les événements du passé, souvenons-nous aussi de ce qu'ont annoncé les Écritures. Cet homme est-il le Verbe de Dieu ? "Le Verbe » de Dieu s'est-il fait chair" dans le temps, "et a-t-il habité parmi nous ?" Avant qu'il se fît chair et qu'il habitât parmi nous, ce Verbe a-t-il parlé par l'organe des Prophètes ? Évidemment, Dieu a parlé à Abraham par son Verbe; il lui a prédit que ses descendants voyageraient sur une terre étrangère, et, pourtant, à ce moment-là, Abraham était avancé en âge, et Sara était vieille et stérile. Les deux vieillards crurent à cette prédiction, et elle s'accomplit. Leur race, c'est-à-dire le peuple issu d'eux selon la chair, devait rester comme esclave en Égypte pendant quatre cents ans: elle y est restée. Elle devait être délivrée de cette captivité: elle en a été délivrée. Elle devait entrer en jouissance de la terre promise: elle y est entrée. Des événements ont été prédits pour des temps singulièrement reculés et pour des époques peu lointaines; ces événements se sont réalisés: nous voyons même, aujourd'hui, s'en opérer l'accomplissement.



La parole du Seigneur s'est fait entendre par des prophètes. Elle a annoncé que la nation juive offenserait Dieu et qu'elle tomberait au pouvoir de ses ennemis en punition de ses crimes; c'est ce qui est arrivé; qu'elle serait emmenée captive à Babylone: cela s'est vérifié; que le Christ-Roi sortirait de son sein; or, le Christ est venu, et il est né; rien d'étonnant en cela, puisque c'était la Parole elle-même qui avait annoncé d'avance son propre avènement. Il a été prédit que les Juifs crucifieraient le Christ: ils l'ont crucifié; qu'il ressusciterait et serait glorifié: c'est fait, il est sorti vivant du tombeau, et monté au ciel; que toute la terre croirait en son nom, et que les rois persécuteraient son Eglise: rien de plus réel; que les princes croiraient aussi en lui: notre foi se trouve être déjà celle des rois, et nous élevons encore des doutes sur la foi chrétienne ?



Il a été prédit que des hérétiques seraient retranchés de l'Eglise; ne voyons-nous pas, de nos jours, des hérésies ? Ne gémissons-nous pas à les entendre hurler tout autour de nous ? Les Prophètes ont dit que les idoles disparaîtraient sous les efforts de l'Eglise et l'influence exercée par le nom du Christ ; qu'il y aurait, dans la société des fidèles, des scandales, de la zizanie, de la paille: n'est-ce pas là ce que nous voyons de nos yeux ? n'est-ce pas là ce que nous endurons avec le plus de courage possible, avec la force d'âme que nous communique le Seigneur ? En quoi as-tu été trompé par celui qui t'a prédit tous ces événements ? Fie-toi donc à sa parole, si tu es fidèle; marche à droite.



Avec les preuves convaincantes que me donne celui qui te parle, d'après la réalisation de ses paroles, j'apprends à le connaître, puisque c'est ainsi qu'il a daigné se faire connaître à moi. Si tout ce qu'il me dit est absolument vrai, il ne m'induit pas en erreur or, tous les événements qu'il me prédit, je les reconnais comme incontestables: il ne m'a imposé en rien: je le reconnais pour la Parole de Dieu. Quand il m'a parlé par la bouche de ses serviteurs, il ne m'a pas trompé, et lorsqu'il me parle par sa propre bouche, il me tromperait ? Pour celui qui ne connaît pas encore le Christ, et qui doute de lui, il doit se dire aussi: J'irai à droite, car, enfin, le monde tout entier croit déjà en lui, et il dit peut être la vérité.




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Message  ROBERT. Mer 19 Déc 2012, 2:19 pm


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ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.




3. Mes frères, il y en a beaucoup pour ne pas croire et ne pas écouter les oracles des saints Pères : il en sera d'eux comme de la multitude qui vivait au temps de Noé. Il n'y eut alors de sauvés que ceux qui se trouvèrent dans l'arche. Si les malheureux pécheurs avaient pris la peine de réfléchir, s'ils avaient abandonné leurs voies impies et s'étaient convertis à notre Dieu, s'ils avaient cherché à réparer leurs fautes et imploré sa miséricorde, il est sûr qu'ils n'auraient point péri. Dieu, en effet, ne s'est pas montré dur à l'égard des Ninivites; il leur a suffi de trois jours pour obtenir leur pardon. Trois jours ne sont-ils pas bientôt écoulés ?



Néanmoins, avec un laps de temps si court, ils n'ont pas désespéré de la bonté divine; ils se sont hâtés de fléchir sa clémence. S'il a suffi d'un espace de trois jours à cette ville immense pour obtenir le pardon du Très-Haut, les hommes du temps du déluge n'auraient-ils pas eu assez de cent, deux cents et trois cents ans employés à la construction de l'arche ? Si, depuis que le Christ a commencé à couper, dans la forêt des nations, les bois incorruptibles qui devaient entrer dans l'édification de son Eglise, les hommes incrédules avaient changé de voie et de mœurs, s'ils avaient offert à Dieu le sacrifice propitiatoire d'un cœur contrit et humilié, ils auraient eu la certitude d'échapper, sains et saufs, aux coups de la colère divine. Que les hommes craignent donc qu'il en soit d'eux au dernier jour, comme il en a été des contemporains de Noé. Pour nous, mes frères, agissons de telle sorte, que nous quittions le chemin de l'iniquité et que nous amendions nos mœurs: profitons du temps qui nous est accordé; c'est ainsi que le dernier jour nous trouvera prêts. Celui qui nous annonce son avènement futur n'a jamais proféré le mensonge; ne reste pas dans le doute à cet égard: son avènement aura lieu. Aux jours de Noé, voici ce qui se passait: "Ils mangeaient et ils buvaient: les hommes épousaient des femmes, et les femmes des maris; ils achetaient et ils vendaient, jusqu'au jour où Noé entra dans l'arche; et le déluge vint et perdit tous (1)" ceux dont les espérances se bornaient à ce bas-monde, et qui désiraient y vivre tranquilles. Mais ce n'était pas dans le monde que se trouvait la sécurité; aussi ceux-là seuls furent-ils sauvés, qui se trouvèrent dans l'arche.



1. Luc, XVII, 27




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Message  ROBERT. Mer 19 Déc 2012, 2:22 pm


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ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.




4. Mais beaucoup se disent: On nous ordonne de nous préparer au dernier jour, de ne pas nous laisser surprendre par lui, comme ont été surpris hors de l'arche ceux que le déluge a jadis engloutis. La trompette de l'Evangile nous glace d'épouvante, le Verbe divin nous fait trembler. Que faire ? Je ne pourrai donc point prendre femme, dit un jeune homme ? Il ne m'est donc pas permis de boire et de manger, ajoute un adolescent ? Faudra-t-il toujours jeûner ? Ainsi raisonnent beaucoup de gens. D'autres, qui voulaient peut-être faire des acquisitions, se diront: Il ne faut rien acheter, pour ne pas être du nombre de ceux qui ont péri dans les eaux du déluge. Que faire donc, mes frères ? Gémir comme les Apôtres ont gémi sur le sort fait au genre humain, quand le Sauveur a dit en leur présence: "Si tu veux être parfait, vends tout ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres, et tu auras un trésor dans le ciel; puis, viens et suis-moi (2) ?"



Celui à qui s'adressaient ces paroles, en devint chagrin et s'éloigna: quand il demandait au Christ comment il pourrait acquérir la vie éternelle, il ne donnait le nom de bon Maître; mais Jésus ne fut à ses yeux un bon Maître que jusqu'au moment où, répondant à sa question, il lui dit ce que dessus. "Le Seigneur parla, et le riche devint triste (1)". Et comme il s'en allait, le chagrin dans le cœur, le Christ lui dit: "Qu'il est difficile à un riche d'entrer dans le royaume des cieux (2)" Comme si le royaume des cieux était fermé pour les riches. Que faire ? Il est fermé. Mais Jésus a dit: Frappez, et l'on vous ouvrira. Ah ! Plaise à Dieu que ceux qui iront au feu éternel soient en aussi petit nombre que les riches ! Mais il est sûr que beaucoup d'entre les riches entreront dans le royaume des cieux, et que beaucoup d'entre les pauvres seront précipités en enfer, non pour avoir été réellement riches, mais pour avoir brûlé du désir de l'être.




2. Matthieu XIX, 21.
1. Matthieu XIX, 22.
2. Matthieu XIX, 23.





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Message  ROBERT. Jeu 20 Déc 2012, 2:37 pm


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5. Les Apôtres étaient donc contristés; le Sauveur leur dit: "Ce qui est difficile pour des hommes est facile pour Dieu (3)". La difficulté d'aller au ciel vous paraît insurmontable, parce que le Seigneur a parlé d'un chameau (4). Si elle le veut, cette énorme bête qu'on appelle chameau entre ici dans le trou d'une aiguille. Il a daigné nous parler ainsi, et un riche peut entrer dans le royaume des cieux, parce qu'à cause de lui un chameau a passé par le trou d'une aiguille. Qu'est-ce à dire ! Voyons si nous pourrons le comprendre. Ce n'est évidemment pas sans motif que Jean Baptiste, précurseur du Christ, portait une tunique faite de poils de chameau; il semblait tenir son vêtement de ce Juge à venir auquel il rendait témoignage.



Puisque le nom du chameau a été prononcé, voyons-y l'emblème de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Regardons cet animal si grand et si docile tout à la fois, que personne ne pourrait charger, s'il ne s'abaissait lui-même jusqu'à terre: c'est ainsi qu'a fait le Christ: "Il s'est humilié lui-même jusqu'à la mort (5)", "afin de détruire celui qui avait l'empire de la mort, c'est-à-dire le démon (6)". Examinons encore le trou de l'aiguille, où ce Maître du monde a passé. L'aiguille qui perce l'étoffe symbolise les souffrances qu'il a endurées, et le trou de l'aiguille représente ses tourments. Par conséquent, un chameau a passé par le trou d'une aiguille; d'où il suit que les riches ne doivent nullement désespérer de leur avenir, et qu'ils peuvent, sûrement, entrer dans le royaume des cieux.



3. Matthieu XIX, 26.
4. Matthieu XIX, 24.
5. Philippiens II, 8.
6. Hébreux II, 14.





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Message  ROBERT. Jeu 20 Déc 2012, 2:42 pm


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ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.





6. Mais de quels riches parlons-nous ? C'est ce qu'il s'agit de savoir. Quelqu'un (je ne sais qui) se trouve n'avoir, pour vêtement, que des haillons; quand il a entendu dire qu'un riche ne peut entrer dans le royaume des cieux, il a tressailli de joie, s'est mis à rire, et a dit: Moi, j'y entrerai; mes haillons m'y donnent droit. Ils n'y entreront pas ces hommes qui nous font tort et nous pressurent. Oh ! Sois-en sûr, de telles gens n'y seront pas admises. Mais, toi, qui es pauvre, vois si tu y auras toi-même une place. A quoi te servira ta pauvreté, si tu es cupide ? A quoi te servira d'être éprouvé par l'indigence, si tu brûles du feu de l'avarice ? Qui que tu sois, ô pauvre, si tu es indigent, c'est malgré toi; et si tu n'es pas riche, c'est que tu n'as pu le devenir. Dieu ne regarde pas tant à tes facultés qu'à tes désirs. Si ta conduite est mauvaise, si tes mœurs sont dépravées, si tu es un blasphémateur, un adultère, un ivrogne, retire-toi, car tu n'es pas un pauvre de Dieu. Jamais on ne te verra parmi ceux dont il a été dit: "Bienheureux les pauvres d'esprit, parce que le royaume des cieux est à eux (1)".




Mais voilà que je rencontre un riche; en te comparant à lui, tu as cru que tu lui étais préférable, et tu n'as pas craint d'aspirer à son exclusion du royaume des cieux ! En lui je vois un pauvre d'esprit, c'est-à-dire un homme humble, pieux, de mœurs pures, ennemi du blasphème, soumis à la volonté de Dieu; s'il vient à souffrir du dommage en quelqu'un des biens qu'il possède ici-bas, aussitôt il s'écrie: "Dieu a donné, Dieu a ôté; comme il a plu au Seigneur, ainsi il a été fait; que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles (2)". Voilà donc un riche doux, humble, qui ne résiste point, qui ne murmure pas, qui observe les lois divines, et dont l'espérance d'entrer dans la terre des vivants fait tout le bonheur ; car, "bienheureux les doux, parce qu'ils posséderont la terre (3)". Pour toi, qui es pauvre, tu es peut-être non moins orgueilleux. Le riche qui est humble, je le loue; est-ce que je ne loue point le pauvre qui possède l'humilité ? Le pauvre n'a rien qui puisse lui inspirer de l'orgueil: le riche, au contraire, a mille sujets de lutter contre le mal; celui-ci, oui, le riche entrera, plutôt que toi, dans le ciel, et le royaume céleste sera fermé pour toi, parce qu'il sera fermé pour les impies, pour les orgueilleux, pour les blasphémateurs, pour les adultères, pour les ivrognes, pour les avares.




Quiconque croit aux promesses du Christ, possède les titres d'une solide créance. Le riche humble, humain, fidèle, a répondu ceci: Dieu sait que je ne suis pas orgueilleux; s'il m'arrive de crier, de parler durement, Dieu connaît mes intentions; je ne profère de tels discours que par nécessité et pour me faire obéir; mais jamais je ne me croirai, pour cela, au-dessus des autres. Dieu voit ce que je pense et, aussi, ce que je fais. Car les riches amis des bonnes œuvres donnent facilement et partagent avec ceux qui n'ont pas. L'humilité se montre à être riche et humble en même temps. Tu te montres bon et charitable; et, par là même, tu te prépares une fondation solide pour l'avenir, tu te ménages d'incontestables droits pour la vraie et heureuse vie; si tels sont les riches, qu'ils soient tranquilles pour le temps où viendra le dernier jour. Qu'on les trouve dans l'arche, et ils entreront dans l'édifice de la Jérusalem céleste. Le déluge ne sera point pour eux; que leur qualité de riches ne leur inspire aucune crainte. Si, maintenant, il est question d'un jeune homme qui ne se sente pas de force à garder la continence, il peut se marier; mais parce que "le temps est court, il faut que ceux mêmes, qui ont des femmes, soient comme s'ils n'en avaient point; ceux qui achètent, comme s'ils n'achetaient point; ceux qui pleurent, comme s'ils ne pleuraient point; ceux qui se réjouissent, comme s'ils ne se réjouissaient point; ceux qui usent des choses de ce monde, comme s'ils n'en usaient point; car la figure de ce monde passe (1)" .



1. Matthieu V, 2.
2. Job I, 21.
3. Matthieu V, 4.
1. I Corinthiens VII, 29-31.




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7. Mes frères, j'entends quelqu'un murmurer contre Dieu: Les mauvais moments, dit-il ! Que les temps sont durs ! Quelle époque difficile à traverser ! Hé quoi ! On donne des spectacles et l'on ose dire que les temps sont durs ! O homme qui ne te corriges point, n'es-tu pas mille fois plus dur que le temps où nous vivons ? Quelle aveugle folie entraîne encore au luxe ! Comme on soupire après la vanité ! Comme la cupidité reste toujours insatiable ! Aussi, que de maladies de l'âme sortent de tout cela ! Quel redoublement de luxure occasionné par les théâtres, la musique, les jeux de flûte, les danses des acteurs !



Tu veux faire un mauvais usage de ce que tu désires ? Alors, tu n'obtiendras rien. Écoute l'Apôtre, voici ce qu'il dit: "Vous désirez sans fin, et vous n'obtenez rien; vous tuez et vous portez envie; vous disputez, vous faites la guerre, vous demandez et vous ne recevez pas, parce que vous demandez mal, ne cherchant qu'à satisfaire vos passions (1)". Guérissons-nous, mes frères, corrigeons-nous. Le juge viendra, et parce qu'il ne vient pas encore, on se moque de lui: il viendra, et alors il ne sera plus temps de s'en moquer. Mes frères bien-aimés, corrigeons-nous, car des temps meilleurs surviendront, mais ce ne sera point pour ceux qui vivent mal. Déjà le monde décline et tourne à la décrépitude. Reviendrons-nous à la jeunesse ? Qu'avons-nous à espérer maintenant ? Ne cherchons plus rien désormais. N'espérez plus d'autres temps que ceux dont nous parle l'Evangile. Ils ne sont point mauvais en raison de la venue du Christ; mais parce qu'ils étaient durs et difficiles, le Christ est venu pour nous consoler.



1. Jacques IV, 2-3.





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ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.



8. Écoutez, mes frères: les temps devaient être nécessairement durs et mauvais: que ferions-nous donc, si le grand Consolateur n'était venu nous visiter ? Depuis Adam, le genre humain était gravement malade: il doit l'être jusqu'à la consommation des siècles. Du moment que nous sommes venus en ce monde et que nous avons été chassés du paradis, il y a évidemment maladie ici-bas; mais à la fin, cette maladie devait empirer à tel point qu'elle pouvait amener une crise favorable pour les uns, et, pour plusieurs, se terminer par la mort. Le genre humain était donc malade, aussi le médecin par excellence s'est-il approché de lui et l'a-t-il trouvé couché dans un lit immense, c'est-à-dire dans le monde entier. Un homme de l'art, qui s'y entend, connait les diverses phases de la maladie; il fait ses remarques, il prévoit ce qui arrivera, et, quand le mal n'en n’est encore qu'à son début, il se contente d'envoyer, auprès de l'infirme, ses serviteurs; ainsi notre médecin a-t-il agi à notre égard: il a d'abord confié à ses Prophètes la mission de nous visiter. Ces hommes ont parlé, prêché, et, par leur intermédiaire, Dieu a porté remède à une partie de nos maux, et les a guéris.



Les Prophètes ont prédit une recrudescence du mal, qui devait le porter à son comble, et une grande agitation du malade; en conséquence, ils ont déclaré que la visite dit médecin lui-même était devenue indispensable, qu'il fallait le faire venir. C'est ce qui a eu lieu, car le Seigneur a dit: "Celui qui croit en moi, je le rétablirai, je le sauverai, je le blesserai et le guérirai (1)". Il est venu, il s'est fait homme, il est entré en partage de notre condition mortelle, afin que nous puissions devenir participants de son immortalité. Le malade est encore agité; lorsque, dans les ardeurs de la fièvre, sa respiration devient courte, et qu'il brûle intérieurement, il s'écrie: C'est depuis que ce médecin est venu, que les accès de fièvre sont devenus plus violents; je me sens plus cruellement tourmenté: c'est un feu intolérable. D'où m'est-il venu ? Il n'est pas entré pour mon bien dans ma maison. Ainsi parlent tous ceux qui sont attaqués de vanité. Pourquoi la vanité les rend-elle malades ? C'est qu'ils ne consentent pas à recevoir de la main du Christ la potion de la sobriété. Dieu a vu les hommes s'agiter misérablement sous l'étreinte de leurs désirs et dans les divers soins de ce monde qui tuent leur âme; alors il s'est approché d'eux comme un médecin, pour apporter un remède à leurs maux; et ils ne craignent pas de dire: C'est du moment où le Christ est venu, que nous avons eu de pareils maux à supporter; c'est depuis qu'il y a des chrétiens, que le monde décline en toutes choses.



Malade insensé ! Non, ce n'est pas à cause de la visite du médecin que ton mal a empiré ! Ce médecin est bon, charitable, juste, miséricordieux; il a prévu ta maladie, mais il n'en est pas l'auteur. Il s'est approché de toi pour te consoler, pour te rendre vraiment sain. Que t'enlève-t-il ? Rien que le superflu. Tu soupirais après des choses nuisibles: c'était là le seul objet de tes désirs. Tout ce que tu demandais ne pouvait qu'augmenter ta fièvre. Un médecin est-il cruel, pour arracher des mains d'un malade des fruits capables de lui faire du mal ! Qu'est-ce que le Christ t'a arraché ? La fausse sécurité que tu voulais prendre, rien de plus: corrige tes goûts dépravés. Ce qui te fait gémir et murmurer, voilà ce qu'il te destine comme remède à tes maux. Prends-y garde; si tu ne veux pas qu'il te guérisse, tu souffriras malgré toi. Il faut que les temps soient durs: pourquoi ? Pour qu'on ne recherche pas le bonheur de ce monde. Il faut, et c'est là notre véritable remède, il faut que cette vie-ci soit agitée, pour qu'on s'attache à l'autre vie. Comment ? On se complaît encore si nonchalamment dans la possession des biens de la terre et dans la fréquentation de l'amphithéâtre ! Que serait-ce donc, si Dieu ne flagellait de pareils écarts ? Hé quoi ! Tant d'amertumes empoisonnent notre existence, et le monde plaît encore si vivement !



1. Deutéronome XXXII, 39.



SIXIÈME SÉRIE. SERMONS INÉDITS. Suite du Tome XIème Oeuvres complètes de Saint Augustin, traduites pour la première fois en français,
sous la direction de M. Raulx, Bar-Le-Duc, L. Guérin et Cie Éditeurs, 1868, p. 242 à 748. Traduction de MM. les abbés BARDOT et AUBERT.


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Message  ROBERT. Sam 22 Déc 2012, 3:57 pm


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DIX-NEUVIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR. I

PAR SAINT AUGUSTIN.




ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.



9. Où se verront, au dernier jour, les sages de ce monde ? Où se verra l'avare? L’adultère ? L’impie ? L’ivrogne ? Le blasphémateur? Que pourront alléguer, pour leur défense, tous ces malheureux ? Nous ne savions pas que vous étiez Dieu; nous ne vous avons ni vu ni entendu ? Des prophètes ne sont point venus en votre nom; vous n'avez pas donné de lois au monde; nous n'avons rencontré aucun patriarche; nul livre ne nous a fait connaître les exemples des saints; votre Christ n'a point paru sur la terre ? Est-ce que Pierre a gardé le silence ? Paul a-t-il refusé de prêcher? Il ne s'est présenté ni évangéliste pour nous instruire, ni martyrs pour nous servir de modèles; personne ne nous a prédit le jugement à venir; personne ne nous a commandé de vêtir celui qui est nu, de résister à nos passions, de lutter contre l'avarice ? Nous avons péché sans le savoir: pour tout ce que nous avons fait dans l'ignorance, nous obtiendrons indulgence et pardon ?




Le juste Noé se lèvera alors contre eux du milieu de l'assemblée des saints; il sera le premier à réclamer, et que dira-t-il ? Seigneur, je leur ai parlé de vous, pour les empêcher de périr dans les eaux du déluge à cause de leurs crimes, et afin qu'ils sussent bien que l'innocence les sauverait, mais que le péché serait la cause de leur perte. Après lui viendra Abraham: Je suis, dira-t-il, le père des nations; tous les autres devaient prendre exemple sur moi; eh bien ! Seigneur, je n'ai pas hésité un instant à vous offrir, comme victime, Isaac mon fils bien-aimé; ils ont donc pu savoir qu'ils devaient vous offrir dévotement et volontiers leurs vœux. Sur votre ordre, Seigneur, j'ai quitté mon pays et ma famille pour leur servir de modèle et les porter ainsi à devenir étrangers aux méchancetés de ce monde, aux iniquités du siècle.



Puis le bienheureux Moïse se présentera et dira: Moi, j'ai dit: "Tu ne forniqueras point (1) ", afin de faire disparaître le libertinage des fornicateurs. Moi, j'ai dit: "Tu ne convoiteras pas (2)", afin de mettre un frein à l'avarice. Moi, j'ai dit : "Tu aimeras ton prochain (3)", pour établir parmi eux le règne de la charité. Moi, j'ai dit: "Tu ne serviras que le Seigneur ton Dieu (4)", pour empêcher ces hommes d'offrir des sacrifices aux idoles. Moi, j'ai dit: "Que personne ne prononce un faux témoignage (5)", afin que leur bouche fût toujours fermée au mensonge.



Ensuite, on, entendra David: Seigneur, je vous ai annonce par tous moyens: j'ai crié de tous côtés qu'il faut vous servir et ne servir que vous. J'ai dit: "Bienheureux l'homme qui craint le Seigneur (6). Les saints se réjouiront dans le séjour de la gloire (7). Les désirs des pécheurs s'évanouiront (8)". N'auraient-ils pu s'instruire et cesser de commettre l'iniquité ? Bien que je fusse revêtu de la puissance royale, j'ai prié dans un lit, étendu sur la cendre et couvert d'un cilice: à mon exemple, ces pécheurs ne devaient-ils point pratiquer la mansuétude et l'humilité ? J'ai épargné les ennemis qui me persécutaient; c'était leur enseigner à se montrer indulgents.




A la suite de David paraîtra Isaïe, qui dira: Seigneur, vous leur avez parlé par ma bouche: "Malheur à vous, qui joignez toujours à votre maison une maison nouvelle, et qui étendez à vos champs sans mesure (9)". Vous vouliez arrêter leur cupidité. Je leur ai affirmé que leurs péchés attireraient sur eux votre colère: par là, j'espérais les détourner du mal, sinon par l'espoir des récompenses, du moins par la crainte des supplices. Enfin, ils entendront le Christ en personne: Je vous ai promis le royaume des cieux, leur dira-t-il; je vous ai donné pour modèle l'un d'entre vous, car j'ai placé au paradis un larron qui m'a publiquement reconnu, une heure seulement avant de mourir: je vous l'ai donné comme exemple, afin que vous imitiez du moins cet homme, qui a mérité, par sa foi, la rémission de ses iniquités. J'ai enduré pour vous toutes les tortures de ma passion: après cela, auriez-vous dû hésiter de souffrir ce que votre Dieu avait souffert pour vous? Votre foi devait se montrer inébranlable, puisque, après ma résurrection, je me suis fait voir à plusieurs. J'ai instruit les Juifs dans la personne de Pierre, et les Gentils dans celle de Paul. A quoi bon m'honorer des lèvres, si vous me reniez par votre conduite et vos œuvres ? Après avoir subi tous ces reproches, ces malheureux s'entendront dire: "Allez au feu éternel (1) et dans les ténèbres extérieures, où il y aura pleur et grincement de dents (2)". Oh ! Qu’ils sont à plaindre, ceux que n'épouvantent pas de pareilles choses, ceux qui se montrent d'autant plus orgueilleux ici-bas, qu'ils souffriront davantage en l'autre monde !





1. Exode XX, 11.
2. Exode XX, 17.
3. Lévitique XIX, 18.
4. Deutéronome VI, 13.
5. Exode XX, 16.
6. Psaume CXI, 1.
7. Psaume CXLIX, 5.
8. Psaume CXI, 10.
9. Isaïe, V, 8.
1. Matthieu XXV, 41.
2. Matthieu XXII, 13.






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Message  ROBERT. Sam 22 Déc 2012, 4:04 pm


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DIX-NEUVIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DE NOTRE-SEIGNEUR. I

PAR SAINT AUGUSTIN.



ANALYSE. — 1. Le Christ est notre guide. — 2. Parfait accomplissement des prophéties. — 3. Prenons garde d'être surpris faute de précautions, comme les hommes du temps de Noé. — 4. Ne nous attachons ni aux biens ni aux choses de la terre. — 5. Pourtant, les riches peuvent se sauver. — 6. Le pauvre méchant et le bon riche. — 7. Personne ne doit murmurer des maux du temps. — 8. Ils sont destinés à nous rendre meilleurs. — 9. Dès lors que Dieu nous aura souvent avertis, nous ne serons plus admis à nous disculper. — 10. Épilogue moral.


10. C'est pourquoi, mes frères, nous devons nous réjouir, bien que de telles gens se moquent de nous et disent honteusement que nous sommes des sots et des malheureux.


Pour nous, ne rions pas même de leur propre folie: gémissons-en plutôt. Qu'ils se conduisent comme ils voudront; nous, ayons soin de nous conserver purs. Aujourd'hui, ils se réjouissent de nos maux; plus tard, nous nous réjouirons de leurs souffrances et de leurs peines. Je vous en conjure, bien-aimés frères, et je vous en avertis de plus en plus expressément; ce qu'entendent les oreilles de votre corps, gardez-le soigneusement dans le sanctuaire de votre cœur, et mettez-le en pratique: soyons unis par les liens de la charité, célébrons avec dévotion l'anniversaire de l'avènement de notre Rédempteur; ainsi mériterons-nous de pouvoir tranquillement solenniser le jour de sa naissance. Daigne nous accorder cette grâce celui qui vit et règne avec Dieu le Père, pendant les siècles des siècles ! Ainsi soit-il !



FIN. (à suivre...)


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Message  ROBERT. Dim 23 Déc 2012, 3:29 pm


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VINGTIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DU SAUVEUR. II.

Par Saint Augustin.




ANALYSE. — 1. Double avènement du Christ. — 2. Réparation de l'homme par le Christ.
— 3. Préparons-nous à recevoir le Christ quand il viendra.




1. "Nous attendons le Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ (1)". Bien-aimés frères, pour vous entretenir de la solennité qui est proche, je ne me servirai pas d'un exorde qui vienne de moi; je n'emploierai point de paroles dictées par la sagesse humaine, mais je m'arrêterai aux paroles d'un célèbre prédicateur, m'efforçant de les faire bien comprendre à mes fidèles auditeurs et de leur montrer ce que le Docteur des nations prêche dans la foi et la vérité, ce qu'annonce cette trompette de Dieu, cette cymbale de Jésus-Christ. "Nous attendons le Sauveur, Notre-Seigneur Jésus-Christ".



Or, comme l'ont entendu les oreilles catholiques sur le giron de l'Eglise, le Sauveur, que nous croyons être déjà venu pour restaurer le monde, reviendra encore, un jour, pour nous juger tous, et nous l'attendons: la foi en ce qui est arrivé doit, par la charité, nous affermir dans la pratique du bien, comme l'attente de ce qui arrivera au moment de notre mort doit nous rendre vigilants et nous éloigner du mal. Nous devons croire, en effet, sans ombre de doute, que le Christ est venu, puisque "nous avons reçu sa miséricorde au milieu de son temple (1)". D'ailleurs, "le Verbe s'est fait chair, et il a habité parmi nous (2); il a abaissé les cieux, et il est descendu (3); car Celui qui est descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux (1)", et qui, à la fin des temps, redescendra du ciel. Il en est descendu pour nous arracher à la malédiction de la loi, et faire de nous les enfants adoptifs de Dieu (2). Oui, le Fils de Dieu est descendu, il a pris notre nature, et il est devenu le Fils de l'homme, afin de communiquer sa gloire aux enfants des hommes et d'en faire les enfants de Dieu. Parce qu'il s'est abaissé jusqu'à notre niveau, nous avons tous été élevés jusqu'à lui.



Il est aussi monté, afin d'envoyer du haut des cieux, à ses fidèles, le don du Saint-Esprit, et d'inspirer aux cœurs de ses disciples l'amour des choses célestes. Il est monté afin que le troupeau, qui se trouvait placé si bas, pût monter avec courage jusqu'au point culminant où l'a précédé le pasteur. Enfin, il descendra de nouveau, lorsqu'au dernier jour il viendra rendre à chacun selon ses œuvres: c'est ce que l'ange a dit aux disciples du Sauveur, lorsque, stupéfaits et étonnés, ils le voyaient monter au ciel. "Hommes de Galilée, pourquoi demeurez-vous là regardant les cieux (3) ?" Vous l'avez entendu. Celui que la foi catholique croit et confesse avoir déjà opéré un premier avènement, reviendra indubitablement à la fin des siècles. Il est venu, d'abord, dans un état d'humiliation, et pour être jugé: il reviendra, en second lieu, dans un appareil terrible, et il jugera les vivants et les morts. A son premier avènement, "il est venu chez lui, et les siens ne l'ont point connu (4)". A son second avènement, "tout genou fléchira devant lui dans le ciel, sur la terre et dans les enfers (5)", pour lui rendre hommage. Voilà le redoutable et terrible Juge que nous attendons avec crainte et tremblement; "il changera notre misérable corps (6)".




1. Philippiens III, 20.
1. Psaume XLVI, 10.
2. Jean I, 14.
3. Psaume XVII, 10.
1. Éphésiens IV, 10.
2. Éphésiens I, 5.
3. Actes I, 11.
4. Jean, I, 11.
5. Philippiens II, 11.
6. Philippiens III, 21.





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Message  ROBERT. Dim 23 Déc 2012, 3:33 pm


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VINGTIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DU SAUVEUR. II.

Par Saint Augustin.



ANALYSE. — 1. Double avènement du Christ. — 2. Réparation de l'homme par le Christ.
— 3. Préparons-nous à recevoir le Christ quand il viendra.




2. Par un bienfait tout gratuit de son divin Auteur, le premier homme a été formé et créé à la ressemblance du Très-Haut. Le Fils de Dieu est l'image du Père, la splendeur et la figure (7) de sa substance. Mais, préférablement à toutes les autres créatures, l'homme a été fait à l'image de Dieu, quant à son âme, pour qu'il fût capable de raisonner, charitable, juste, saint et innocent, pour qu'en lui, comme dans un miroir, se reflétassent les traits brillants de son Créateur. Il a conservé sa ressemblance avec Dieu tant que sa raison est restée dominante et que son cœur ne s'est laissé ni obscurcir ni aveugler par les ténèbres de l'iniquité; mais, en cédant aux suggestions de son épouse, en mangeant du fruit défendu, il a affaibli et complètement effacé en lui les traits de l'image divine qui s'y trouvait empreinte; alors la masse du genre humain a été viciée et corrompue en sa personne. En effet, le vice, dont la racine de l'arbre se trouvait infectée, s'est à tel point communiqué à la tige et aux branches, que tous les hommes, issus d'Adam par l'effet de la concupiscence charnelle, sont sujets à la loi du péché et à la mort. Paul l'affirme, car il dit: "En lui tous ont péché (1)", et: "par la désobéissance d'un seul, plusieurs sont devenus pécheurs. (2)".



Dans ces derniers temps est venu en ce monde le Fils du Dieu qui l'a tiré du néant; descendant du trône de son Père, sans se dépouiller de sa splendeur, prenant notre nature sans perdre la sienne, il a uni notre humanité à sa divinité dans le sein d'une Vierge, sans que l'intégrité de cette Vierge ait souffert la moindre atteinte; il est né de la chair, mais non par l'effet de la concupiscence; il s'est fait homme, mais non par le concours de l'homme. Il était "saint, innocent, sans tache (3)", et étranger à toute convoitise charnelle. C'est ainsi que le Médiateur de Dieu et des hommes est devenu participant de notre nature, c'est ainsi qu'il nous a conféré sa grâce et merveilleusement reformé en nous les traits de ressemblance avec Dieu, qu'y avait effacés la gourmandise de notre premier père; c'est ainsi, enfin, qu'il nous a ramenés à une condition singulièrement meilleure, puisqu' à la suite de la prévarication primitive, les hommes étaient forcément condamnés à mourir, et que par la résurrection finale ils deviendront immortels.




7. Hébreux I, 3.
1. Rom. V, 12.
2. Romains V, 19.
3. Hébreux VII, 26.





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Message  ROBERT. Lun 24 Déc 2012, 3:38 pm


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VINGTIÈME SERMON. SUR L'AVÈNEMENT DU SAUVEUR. II.


Par Saint Augustin.



ANALYSE. — 1. Double avènement du Christ. — 2. Réparation de l'homme par le Christ.
— 3. Préparons-nous à recevoir le Christ quand il viendra.





3. Mes très-chers frères, ce Juge si bon et si miséricordieux, qui "changera la misérable condition de notre corps (4)", nous devons donc l'attendre dans les sentiments d'une inquiétude et d'une crainte extrêmes. Changeons de vie, déplorons amèrement les péchés que nous avons commis, et puisque nous imprimons sans cesse à notre âme la tache et l'iniquité, purifions notre conscience par un nouveau baptême, celui de nos larmes. Comme nous le dit l'Apôtre: "Vivons avec sobriété, justice et piété en ce monde, en attendant le bonheur que nous espérons et l'avènement du grand Dieu (1)". Que l'apparence trompeuse des biens passagers d'ici-bas ne nous induise point en une fausse sécurité; que les charmes de la terre ne nous arrêtent pas dans l'accomplissement de l'œuvre de Dieu; soupirons plutôt après les choses du ciel; débarrassons-nous, par les gémissements de la pénitence, du fardeau de nos fautes; puissent nos bonnes œuvres nous donner l'espérance des joies de l'éternité ! Alors nous attendrons avec crainte et tremblement le Sauveur, Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui appartiennent la gloire et l'honneur, pour les siècles des siècles. Ainsi soit-il.


4. Philippiens III, 21.
1. Tite II, 13.

FIN



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