Lauréat Vallière, sculpteur, 1888-1973

Lauréat Vallière, sculpteur

LE scupteur Lauréat Vallière travaillant dans son atelier de la rue du Collège à Saint-Romuald (Fonds Léopold Désy)
Détail du Moïse de la chaire (Fonds Léopold Désy)

De 1954 à 1962, le sculpteur Lauréat Vallière réalisa toutes les sculptures et les décorations en bois de chêne naturel de l’église Saint-Thomas d’Aquin. Ce travail monumental et minutieux révèle tout le talent et l’habileté du sculpteur de l’école de sculpture de Saint-Romuald à insuffler la vie à la matière.

Lauréat Vallière consacra entièrement sa vie à la sculpture ornementale. Artiste complet aux multiples talents, il est un des meilleurs représentants des ateliers de sculptures de Saint-Romuald, qui furent d’ailleurs parmi les plus florissants et les plus prolifiques du temps. En effet, on retrouvait dans cette petite ville, le Fondateur de l’école de sculpture Ferdinand Villeneuve, avec lequel prit naissance tout le mouvement en 1852; celui-ci enseigna à Joseph Saint-Hilaire, à J-George Trudelle, à Joseph Villeneuve, son fils, et à Lauréat Vallière. Cette vague devait se terminer avec le décès de Lauréat Vallière, le 13 mai 1973. Le groupe contribua à l’ornementation de plusieurs églises du Québec tout en véhiculant une série d’influences artistiques qui devaient se diffuser à travers toute la province pendant des décennies.

À l’église Saint-Thomas d’Aquin, Lauréat Vallière réalisa l’ensemble du décor et du mobilier dans une simplicité relevée de symboles tels que le désirait le curé-fondateur, l’abbé Charles-Henri Paradis. Les écrits laissés par ce dernier dans les prônes, datant du 15 avril 1956 de la paroisse, l’attestent : « L’Église aime les symboles [...] elle les emploie dans ses décorations et ornements [...] Voilà pourquoi [...] vous voyez ce matin cette magnifique sculpture au maître-autel : deux cerfs qui viennent boire à une source qui semble venir du tabernacle ».*

Sculpteur sur bois et sur pierre, sculpteur de statuaire et de mobilier et de surcroît inventeur, Lauréat Vallière préconisait une seule méthode qu’il conserva jusqu’à la fin de sa vie : il s’exprimait par la taille directe, tout en respectant le sens des proportions dans sa recherche de l’idéalisme. Vallière ne fut pas qu’un sculpteur local, puisqu’il diffusa son œuvre un peu partout dans la Province, en Ontario et aux États-Unis.

À l’église Saint-Thomas d’Aquin, malgré les paramètres bien établis de l’architecte Philippe Côté, Vallière est demeuré libre de choisir sa technique. Il exploitait une méthode personnelle de concevoir sa sculpture, sa démarche s’articulant autour de ses dessins à la seule constante : la ligne pure du classicisme. Ce postulat admis, tout le génie de Vallière se transpose alors dans son intérêt pour le bois, dans son désir de mettre en évidence la matière et ce qu’elle représente. Sa démarche était donc celle-ci : le dessin de l’artiste donnait une idée d’ensemble de l’œuvre à réaliser. Il cherchait ensuite à comprendre la pièce de bois et, à travers celle-ci, essayait d’en visualiser l’image qu’il devait sculpter par la suite. Le meilleur angle assigné, Vallière commençait son travail à la hache afin d’en faire ressortir une première forme, puis, à l’aide des gouges, il en définissait la composition.

Les personnages que Vallière a sculpté à l’église Saint-Thomas d’Aquin sont plutôt sérieux et empreints de solennité parce qu’ils représentent l’histoire biblique et liturgique. Puisque le but de l’artiste était la représentation pieuse, il dut s’ajuster dans l’attitude de ses personnages. Nous remarquons que ceux-ci esquissent un certain sourire qui apparaît dans des yeux aimants, mais jamais dans l’extase lumineuse d’un visage à l’agonie. Il a aussi exploité le traitement du drapé avec emphase mais jamais dans l’exhubérance. C’est aussi ce qu’il a fait en appliquant la symbolique aux protagonistes, en leur accordant les symboles qui leur sont propres. Aucun débordement, tout résidant dans la simplicité et l’ordre. Vallière aurait très certainement voulu que nous abordions ses panneaux sculptés en relief de la même façon que nous tournons les pages d’un livre.

Les influences de l’artiste pour son travail à l’église Saint-Thomas d’Aquin semblent provenir de lectures sur l’art religieux moderne* et sur l’art chrétien*. Dans certains cas, comme pour le Moïse et le Corpus, Vallière semble avoir fait une application directe de ses lectures. De plus, d’autres sources, comme La Nouvelle anatomie artistique*, pouvaient très certainement guider Vallière dans l’élaboration de ses compositions. Quelles que soient ses sources et malgré bien souvent des circonstances assez difficiles, Vallière n’a jamais cessé de rechercher la perfection, il était satisfait seulement lorsque l’œuvre rendait l’image qu’il avait préalablement imaginée. Il est donc indéniable que ses œuvres sont le résultat d’une démarche intellectuelle constante combinée à un travail d’exécution minutieuse.

Comme Lauréat Vallière était un homme qui aimait les défis, il devait non seulement s’exprimer en sculptant des bois très durs, mais il devait nous donner des pièces remarquables en pierre et en granit. Il fut aussi un excellent peintre et un inventeur exceptionnel. On lui a même demandé des moulures et, dans certains cas, des raccords de sculptures dont on faisait des moules en plâtre pour couler le plomb*.

Lauréat Vallière fut un boisier, c’est-à-dire qu’il a su transformer à l’aide de matériaux rudimentaires une pièce ou un morceau de bois en œuvre, l’œuvre pure, celle qui reflète l’âme de l’artiste, peu importe le modèle ou l’influence, la commande, le matériau ou les moyens mis à sa disposition. Son art et son style, fruits d’une recherche personnelle, ont en quelque sorte donné un sens à toutes ses œuvres et à sa vie. Ce qui fait dire que l’on reconnaît une pièce de Vallière au premier coup d’œil.

À l’église Saint-Thomas d’Aquin, l’artiste Lauréat Vallière a su exprimer la beauté et la noblesse des formes dans la simplicité et la perfection, conjuguées à un réalisme des visages. Vallière a signé cet ensemble monumental et représentatif de ses ambitions en tant que sculpteur de très grands talents.

http://saintthomasdaquin.qc.ca/patrimoine/la-grande-tradition-biblique/xxi-laureat-valliere-sculpteur/

Une paroisse qui se construit- SAINT-THOMAS D'AQUIN :

http://saintthomasdaquin.qc.ca/patrimoine/la-grande-tradition-biblique/i-une-paroisse-qui-se-construit/

Quelques œuvres du sculpteur Lauréat Vallière ( couvent Saint-Dominique, Québec) :







Vous pouvez voir les autres à ce lien :

http://www.spiritualite2000.com/Art/Quebec/statues/photos/photo1.html

roger a écrit:

Vous pouvez voir les autres à ce lien :

http://www.spiritualite2000.com/Art/Quebec/statues/photos/photo1.html

Dans la Cathédrale de Chicoutimi au Saguenay, voici deux œuvres de Lauréat Vallière :




Le trône de l'évêque (cathèdre).





La chaire.