Remarques sur certaines théories anglicanes d'unité ; par le révérend Edward Healy Thompson - 1847

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 2:21 pm


Motifs de conversion de dix ministres anglicans

exposés par eux-même et rétractation du Révérend J.H. Nowman
recueillis, traduits et publiée par Jules Gordon - 1847.


________


TABLE

Spoiler:


VI

REMARQUES

SUR

CERTAINES THÉORIES ANGLICANES D'UNITÉ,


PAR LE REVEREND

EDWARD HEALY THOMPSON,
ancien vicaire à Londres et à Ramsgate.

-----------


Le révérend Edward Healy Thompson était, en 1841 , occupé à préparer un sermon sur l'Église de Jésus-Christ, lorsque, pour la première fois , se présenta à son esprit cette question : Les anglicans sont-ils dans la véritable Eglise ? Ce doute naquit du sujet même qu'il étudiait. Il composait un sermon dont l'objet était de démontrer que l'Église chrétienne est la continuation et le perfectionnement du judaïsme. Il avait à établir son unité actuelle, en prouvant sa transition non interrompue d'une seule et même origine , et son identité avec ce qui fut son type et son principe ; en un mot, que c'est la même église transformée et développée. Mais il se trouva arrêté dans l'accomplissement de sa tâche. Il lui fut impossible de concilier le fait d'une église divisée, telle que les anglicans la comprennent et l'expliquent , avec l'idée d'unité représentée par le judaïsme, unité annoncée par les prophètes, et qui , d'après les promesses et les enseignements de Jésus-Christ lui-même, doit être le caractère de son Église.

M. Thompson, après avoir cherché en vain à résoudre cette difficulté, la laissa quelque temps de coté. Mais ce doute n'a plus cessé de le poursuivre. Il a trouvé quelques instants de repos dans la théorie développée par M. Newman dans les Sermons sur les sujets du jour. Plus tard, après des études sérieuses sur la doctrine catholique, et un examen attentif des principes et des arguments des plus célèbres théologiens anglicans, il fut replongé dans son premier doute; et il finit par voir clairement que l'église anglicane est dans le schisme, et que l'hypothèse, à l'aide de laquelle les controversistes modernes cherchent à défendre sa position , est tout à fait irréconciliable avec la croyance en l'unité de l'Église.

Ainsi que l'indique le titre de ce travail, M. Thompson expose les diverses théories d'unité sorties de l'imagination féconde des théologiens anglicans, et il s'attache ensuite à les combattre une à une. En attaquant sur un seul point l'église anglicane, il a pu donner, touchant les théories qu'il combat, des développements que ne nous ont offert ni la lettre de M. Oakeley, ni l'examen de M. Faber.

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 2:43 pm



Disons d'abord avec M. Thompson que l'Église catholique n'est pas seulement un fait historique, mais une vérité théologique. L'unité de l'Église est donc une doctrine essentielle ; c'est un article de foi, une vérité fondamentale. Ce n'est pas un sujet sur lequel des divergences d'opinion puissent être tolérées, ce n'est pas une théorie spéculative. Ceux qui voient d'une manière erronée l'unité catholique , errent non-seulement en fait , mais ils sont hétérodoxes en matière de foi.

Les recherches de l'auteur lui démontrèrent que les théories d'unité auxquelles les anglicans ont recours pour défendre leur position, ne s'appuient non-seulement pas sur l'histoire ecclésiastique, mais qu'elles sont contradictoires en elles-mêmes, et qu'elles ne sauraient être défendues logiquement.

Les anglicans, en effet, acceptent le Symbole de Nicée, et ils professent, en le récitant, leur croyance en une Église catholique et apostolique. Ils ne prétendent pas constituer eux-mêmes cette Église , mais ils croient en être membres, et ils pensent que leur établissement fait partie de cette Église. Ils reconnaissent, du moins en théorie, une église d'Occident et une église d'Orient, qui ne sont pas en communion avec eux. A l'exception de quelques théologiens anglicans , l'Orbis terrarum voit, dans ce que les anglicans prétendent être l'Église, non pas une église, mais diverses parties d'un tout qui sont dans un état de séparation , de contradiction et d'hostilité vis-à-vis les unes des autres. Que devient donc l'unité de l'Église enseignée par le Symbole de Nicée? Certains anglicans se tirent ainsi de cette difficulté : L'Église, disent-ils, a été une, mais son unité est détruite, et conséquemment l'article du Symbole de Nicée n'est pas vrai pour ce qui regarde notre époque ; il doit être seulement appliqué au passé. Ainsi, en professant leur croyance en l'Église une, les anglicans entendent l'Église qui a été une, mais qui aujourd'hui se trouve divisée. Il leur faut convenir qu'ils ne peuvent, avec cette théorie, accepter cet article de foi dans son sens primitif. Que devient, dans cet état de division, la catholicité de l'Église ? Un autre système tire les anglicans de cette difficulté. Il consiste à soutenir que l'Église, quoique divisée, ne cesse pas d'être une. Le schisme résultant de ces divisions ne fait pas sortir de l'unité catholique les portions de l'Église qui sont séparées. L'essence de l'unité resterait inviolable. Les églises anglaise, romaine et orientale sont les parties, les membres d'un même corps catholique. Selon cette théorie, l'Église romaine est l'Église catholique en France, en Italie, en Belgique ; l'église d'Orient est l'église catholique en Grèce et en Russie ; l'église anglicane est l'église catholique en Angleterre; toutes ces églises, qui ne sont pas en communion entre elles, forment une portion intégrante de l'Église une, parce qu'elles s'entendent sur les principes fondamentaux de la foi ; qu'elles ont conservé les sacrements nécessaires, et descendent directement des apôtres par succession apostolique. Elles forment dans leur ensemble l'Église catholique du Christ, et sont chacune dans son pays l'Église catholique.

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 3:19 pm



D'après ce système , le schisme ne consiste pas dans la séparation, mais dans les aggressions d'une église contre une autre église qui se trouve sur le même territoire. Ainsi , l'église anglicane ne serait pas en état de schisme, bien que séparée de l'église d'Occident, et quoiqu'elle ne soit en communion avec aucun autre corps ecclésiastique. L'Église romaine, catholique en Italie, devient schismatique en Angleterre, parce que là, comme ailleurs, elle traite les membres de l'église anglicane en schismatiques et cherche à faire des prosélytes. L'église anglicane au contraire n'est schismatique ni en Italie, ni en France, ni en Belgique, parce que, dans ces divers pays, elle ne travaille pas à faire des prosélytes, mais qu'elle se borne à pourvoir aux besoins spirituels des membres de sa communion. Ainsi, l'Église catholique ne serait pas un corps visible et organisé, mais une agrégation de corps indépendants et séparés, n'ayant pas entre eux de communion visible, et n'y étant pas tenus par la nécessité de leur constitution.

Cette théorie nie l'unité visible de l'Église, en prétendant que l'essence d'unité entre les parties constituant l'Église catholique consiste, non dans leur union visible, mais en ce qu'elles descendent d'une origine commune. Ses partisans ont à s'entendre entre eux sur la question de savoir si, de même que les églises particulières peuvent se séparer sans se rendre coupables de schisme, en s'appuyant sur ce prétexte que les conditions de communion ont été violées, si, disons-nous, les diverses portions d'une même église ne sont pas en droit d'invoquer le même motif d'indépendance ? Pourquoi le siège d'York ou celui de Londres ne se séparerait-il pas de celui de Cantorbéry ? pourquoi chaque évêché ne se constituerait-il pas en une église indépendante ? Il est impossible de répondre à cette objection.

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 3:37 pm



Certains anglicans ont encore une autre théorie d'unité. L'Église catholique, d'après ceux-ci, est, dans chaque pays, le culte reconnu par l'État, celui qui se trouve en contact immédiat avec lui. C'est la théorie des nationalités, d'après laquelle l'église subit toutes les vicissitudes de la nation à laquelle elle est incorporée. Pour être catholique, il faut, conformément à ces principes, entrer dans la communion de la majorité des habitants du pays où l'on habite. Le catholique romain qui passe en Angleterre y sera schismatique jusqu'à ce qu'il se soit fait anglican, et le membre de l'église d'Angleterre qui se trouve en France ne sera absous du péché de schisme qu'après être devenu catholique romain. D'autres soutiennent une théorie plus hardie, en prétendant que chaque diocèse forme une église parfaitement indépendante. Ils ne voient dans l'union des sièges épiscopaux qu'un arrangement ecclésiastique accidentel, soumis aux lois d'unité de l'Église universelle, qui peut être partagée à l'infini en restant une en essence. Ce système, poussé à ses dernières conséquences, conduit à dire que l'unité de l'Église ne serait pas troublée quand il n'y aurait pas dans l'univers deux évêchés en communion entre eux. Cette troisième théorie peut être appelée la théorie épiscopale ; avec son secours, tout évêque suffragant peut, sans se rendre coupable de schisme, se séparer de son métropolitain, vu qu'il est évêque de droit divin et suffragant par suite seulement d'un arrangement ecclésiastique.....

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 3:59 pm



Dans ces diverses théories, toute idée d'unité est perdue ; l'Église cesse d'être une et devient un assemblage d'unités pouvant être multipliées indéfiniment sans former jamais corps, quoiqu'elles puissent être associées par accident. Les catholiques entendent par l'Église, un corps visible et organisé, complet en lui-même et compacte dans toutes ses parties. Les anglicans, au contraire, entendent par là les disjecta membra d'un arbre sans tronc, les branches isolées d'un arbre dont les parties sont visibles, mais dont le tronc est invisible ; des branches visibles, communiquant invisiblement avec un corps invisible ; la communion est invisible comme le corps ; c'est une église qui est toute branche, toute membre, sans tronc et sans tête.

La doctrine des anglicans modernes leur est particulière, et elle n'a pas pour elle ainsi que M. Thompson le démontre, l'autorité de leurs principaux théologiens, de ceux qui sont les plus accrédités ; c'est une doctrine moderne, inventée pour répondre à une difficulté actuelle, et que ses partisans nient tous les jours dans la pratique ; elle n'est pour eux-mêmes qu'une pure fiction.

La distinction que les anglicans établissent entre l'Église romaine et la communion romaine en Angleterre, n'a aucune réalité. La séparation locale et les distinctions nationales sont de purs accidents ; la communion romaine en Angleterre est réellement l'Église dans ce pays comme ailleurs.

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 4:39 pm



Le schisme serait, selon la théorie anglicane, quelque chose qui varierait avec les climats, et une société catholique pourrait devenir secte en restant en communion avec l'Église-Mère. Ces anglicans croient venger leur église du reproche de schisme en soutenant que si elle n'est pas en communion avec d'autres églises, c'est parce qu'on voudrait lui imposer des articles de foi, des pratiques et des cérémonies anticatholiques. Mais cette manière de se défendre renferme, contre les autres églises, l'accusation de schisme ; de sorte que l'Église catholique et ses diverses parties seraient des corps schismatiques et hérétiques, et l'église anglicane deviendrait, même dans les pays soumis à Rome, la seule et orthodoxe Église du Christ ! Si l'Église de Rome a ajouté à la foi, elle a changé la foi, et si elle a cherché à répandre une idée erronée de ce qu'on doit entendre par l'Église, en soutenant la nécessité de communion et de la suprématie papale, comme conditions essentielles de l'unité catholique ; si les conditions d'unité imposées par Rome ne peuvent être acceptées par de vrais catholiques, des chrétiens orthodoxes ; si son culte est idolâtre, comment se fait-il que vous la reconnaissiez comme une partie de l'Église catholique ? Le révérend M. W. Sewell déclare que l'Église de Rome est, en Angleterre, l'antagoniste de la vérité et de l'Église catholique, tandis qu'elle forme partout ailleurs une branche de l'Église du Christ.

Ou l'Église de Rome est pure dans sa foi, ou elle ne l'est pas ? ou elle a conservé la foi, ou elle l'a perdue ? Si elle Ta gardée intacte, pourquoi les anglicans refusent-ils de se soumettre à elle dans les pays où ils reconnaissent qu'on lui doit soumission ? Si, au contraire, elle a perdu la foi, quels titres a-t-elle pour se faire écouter, même de ses propres membres ? Dans ce dernier cas, il serait certainement du devoir d'une église qui aurait conservé la foi, toute la foi intacte et pure, de lui déclarer la guerre partout où elle a usurpé du terrain, et de faire contre elle du prosélytisme dans tous les pays de la terre. Si l'église d'Angleterre est l'église pure et orthodoxe de Jésus-Christ, elle trahit la cause de la vérité de Dieu et celle du salut des âmes en laissant un seul individu dans la communion romaine ignorer la vérité du Christ que l'anglicanisme possède pure, le vrai caractère de l'église qui impose des termes anticatholiques de communion, et oblige en outre à se conformer à des pratiques qui sont dangereuses pour le salut. On ne saurait ici prétexter la tolérance, car quelle tolérance est due à une église enseignant de fausses doctrines et excommuniant les membres d'un corps orthodoxe et catholique ?

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 5:12 pm



Il y a encore une sorte de juste milieu, adopté par un grand nombre d'anglicans. D'après eux, une église, tout en maintenant l'ancien Symbole dans son intégrité et les formulaires intacts dans les termes, a cependant pu introduire de nouvelles définitions de foi comme nécessaires au salut et ajouter à ses pratiques de dévotion des doctrines dangereuses qui n'ont pour elles aucune garantie. Une église qui se trouverait dans cette position peut exiger de ses membres, disent-ils, une certaine obéissance, sans cependant que ceux qui, en conscience, se croient obligés de se séparer d'elle, encourent la culpabilité du schisme, ni qu'ils aient spirituellement à souffrir des conséquences d'une excommunication, dans le cas où ils seraient formellement exclus de son sein. Cette manière de voir mène nécessairement à deux conclusions. Les anglicans qui admettent la communion romaine, comme portion visible de l'Église catholique, sont forcés de soutenir cette doctrine immorale que la vérité et l'erreur ont également des droits à s'imposer aux catholiques ; ce qui revient à dire, en d'autres termes, une église qui non seulement enseigne, mais qui impose l'erreur, a des titres à l'obéissance, tout comme une église orthodoxe dans la foi. — Ou bien, quand les anglicans prétendent que l'église romaine est l'Église catholique en certains pays, ils entendent en réalité que quoiqu'elle ait maintenu la constitution essentielle d'une église, elle a néanmoins perdu la vérité, et avec elle tous ses titres à l'obéissance de ses membres en matière de foi, et qu'elle a cessé, au même degré, de faire partie de l'Église du Christ. Si l'on adopte la dernière de ces deux hypothèses, la prétention que la sainte Église catholique est formée des églises de Rome, d'Angleterre et des églises d'Orient, quoiqu'elles ne soient pas en communion entre elles, devient une pure fiction de mots ; car c'est dans un sens seulement que les églises en communion avec Rome sont reconnues comme de vraies églises ; de sorte que l'Église catholique se composerait d'églises vraies et d'autres ne l'étant que dans un certain sens, avec lesquelles, non-seulement il n'est pas obligatoire d'être en communion, mais même, dans certaines circonstances, cette communion deviendrait impossible, et l'on pourrait d'ailleurs s'en séparer sans devenir schismatique. Les théologiens anglicans du dix-septième siècle n'ont jamais établi la distinction faite par les anglicans de nos jouis entre la communion romaine d'Angleterre et les catholiques romains des autres pays. Ils ne regardaient pas le schisme et l'hérésie comme chose variant avec la nation ou le pays. Ils ont maintenu, sans aucune distinction, que l'Église de Rome n'a nulle part des titres à l'obéissance des catholiques , parce qu'elle a changé la foi par des additions et des interprétations. Il est facile de consulter Bramhall, Laud et autres. On ne saurait trop appeler l'attention des anglicans modernes sur ce point capital, que les grands défenseurs de leur église se prononcent unanimement contre eux. Ils ont tous regardé Rome comme une église schismatique et anti-catholique, et soutenu que les causes qui justifient, pour les Anglais, la séparation de l'Église romaine, autorisent aussi, non-seulement des églises nationales en particulier, mais chaque membre de l'Église romaine, à se séparer d'elle individuellement. Les anglicans qui adoptent cette manière de voir sont seuls conséquents avec eux-mêmes.
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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 5:27 pm

Les opinions de Laud et de Bramhall s'expliquent, parce que, de leur temps, le protestantisme en général et l'anglicanisme en particulier n'avaient pas fait leurs preuves. Pour s'appuyer de leur autorité, ainsi que l'a très-bien montré M. Faber, il serait nécessaire que ces champions de l'anglicanisme eussent assis leur jugement sur l'expérience du temps ; mais quoi qu'il en soit de leurs opinions sur les églises de Rome et d'Angleterre, on ne saurait invoquer leur témoignage à l'appui des théories modernes ; c'est là le point important.

Quelques anglicans pensent que leurs grands théologiens se sont trompés sur ce point, et ils ne sont pas loin d'admettre la vérité des doctrines que leurs maîtres ont regardées comme anti-catholiques et dangereuses. Ils déplorent la division et soupirent après une réunion ; ils sont même assez disposés à reconnaître que la faute de la séparation pèse plutôt sur leur église que sur celle de Rome ; ils prétendent qu'il ne s'agit pas entre eux et Rome d'un schisme positif, mais d'une suspension de rapports. Les deux églises, disent-ils, ont eu originairement des torts ; d'ailleurs le schisme admet des degrés, et l'on peut s'en rendre coupable d'une manière partielle longtemps avant que le schisme ne soit formellement et fatalement consommé. D'après eux, l'on peut rester en toute sûreté où l'on a été placé par la providence de Dieu ; le devoir commande même d'y rester avec confiance, et ce serait faire acte de jugement privé que de changer de communion.

M. Faber a répondu à la dernière partie de cet argument; quant à la première, M. Thompson demande, l'histoire à la main, comment on peut soutenir qu'il n'y ait entre Rome et l'Angleterre qu'une simple suspension de rapport ? Peut-il en être ainsi quand cet isolement existe non-seulement vis-à-vis de Rome, mais de toute la chrétienté catholique ; quand, de part et d'autre, on reçoit des convertis, après leur avoir fait faire une rétractation de leurs erreurs ? Il ne suffit pas de dire que ce peut n'être qu'une suspension de rapports ; mais il faut se poser cette question : N'est-ce pas un schisme ? S'il y a schisme, alors est-ce que les membres de l'église coupable ne se trouvent pas dans l'obligation de la quitter afin de ne pas participer plus longtemps à son péché ?
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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 5:56 pm



Les Remarques de M. Thompson sur les théories anglicanes d'unité font ressortir toutes leurs inconséquences et leurs contradictions, dès que l'on quitte la sphère spéculative pour passer dans le domaine des réalités et de la pratique.

M. Thompson expose, en regard des monstrueuses absurdités anglicanes, la doctrine catholique de l'unité de l'Église, basée sur la foi, et non sur des distinctions subtiles qui datent d'hier seulement et qui n'ont pas même pour elles l'autorité de l'église à laquelle appartiennent les champions de ces théories.

En considérant la situation actuelle et les divisions de la chrétienté , on ne peut s'empêcher de se demander comment, avec les principes anglicans, on pourrait jamais arriver à rétablir l'unité catholique ? Est-ce que ce besoin même n'est pas la plus forte présomption possible en faveur de l'existence d'un remède ? Conçoit-on que Dieu commande à tous les hommes d'écouter son Église, et cependant qu'il la laisse durant trois cents ans sans puissance de se faire entendre autrement que par des sons vagues et incohérents ? Est-ce que l'espace de temps qui s'est écoulé depuis le schisme du seizième siècle n'est pas une preuve que Dieu a parlé, par son Église, d'une voix claire et distincte, et qu'il est du devoir de tout homme d'écouter et d'obéir ? Est-ce que l'Église aurait abandonné la terre, ou bien son autorité y est-elle paralysée ? Si l'Église de Dieu est l'organe de son Esprit, comment les hommes sont-ils abandonnés à leur jugement individuel ou aux décisions sans autorité et variables de communions locales séparées les unes des autres ? Ceux qui conçoivent l'Église du Christ, d'après les systèmes anglicans, ont des indignes de la majesté de Dieu, des privilèges et des obligations qui découlent de la révélation de Jésus-Christ.

La doctrine romaine est claire et précise. Toute église qui n'est pas en communion avec le corps catholique tel qu'il subsiste sous son chef visible, est au moins en état matériel de schisme, et encourt la culpabilité de cet état, en refusant de rentrer en communion aussitôt que le rapprochement est possible. Ainsi, l'idée primitive de l'unité de l'Église est conservée entière et pure, tandis que la conception anglicane d'une église renferme l'idée de Confédération et pas du tout celle d'Unité.

Au temps de la primitive Église, quand les rapports entre les diverses parties du monde étaient facilement interrompus l'isolement des églises par la force des circonstances, telles que l'invasion étrangère, l'oppression du pouvoir temporel, l'éloignement des lieux, ne constituaient pas un schisme et n'entrainaient pas les désavantages spirituels de cet isolement.

Des hommes pouvaient mourir, en étant, selon l'apparence extérieure, hors de la communion romaine, et cependant être innocents du péché de schisme et même mériter le titre de saints. Ainsi, tout au commencement de ce qui devient plus tard un schisme formel, on peut, en toute sûreté, rester en communion avec le corps séparé, et participer néanmoins à toutes les grâces des sacrements, jusqu'à ce que le schisme devienne suffisamment clair, qu'il ait été consommé, et que l'autorité compétente ait prononcé sur la question.

Les apôtres et les hommes apostoliques qui, au berceau du christianisme, se répandirent dans tous les pays, et qui devinrent les fondateurs d'églises particulières, n'agissaient pas seulement comme individus, mais comme membres et organes d'un corps. Ils n'avaient aucune puissance pour former des églises séparées et indépendantes, mais seulement pour propager et organiser le corps dont les divers membres, en se formant, étaient virtuellement en union les uns avec les autres et dans la nécessité, en vertu même de leur existence, de reconnaître le chef que Jésus-Christ avait établi, dès l'origine, comme le représentant de l'unité de son Église.

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Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 6:02 pm



En somme donc, la doctrine romaine ou catholique est conséquente avec elle-même et inattaquable, tandis que celle des anglicans est inconséquente, contradictoire et destructive de l'existence d'une église visible. Une théorie d'unité si absurde et si immorale dans ses résultats est, nonobstant son travestissement catholique, essentiellement protestante, et en la donnant comme la légitime interprétation d'un article du symbole, on imprime un cachet d'hérésie à l'église qui sanctionne cette interprétation. La vérité est que l'église d'Angleterre a perdu l'unité catholique et avec elle la foi de la chrétienté.

Quels ont été pour l'église anglicane les résultats de ses théories d'unité ? Comme église, elle a une existence purement nationale ; elle n'a ni autorité, ni unité ; elle est l'agrégation fortuite de volontés individuelles et de jugements indépendants. Les évêques et le clergé ont des sphères d'action particulières, isolées ; ils sont vis-à-vis les uns des autres dans un état de défiance, et ils vont même jusqu'à se dénoncer ouvertement ; chaque diocèse forme une sorte de petite église, qui est elle-même déchirée par les rivalités de communions indépendantes. Une chapelle s'élève contre une chapelle, une école contre une école ; chacun veut avoir sa doctrine, son système, sa manière de louer Dieu, et au milieu de cette confusion, chaque individu est obligé de devenir sa propre église, de comparer, de juger, de choisir pour lui-même. A un état de désorganisation si profonde il n'y a qu'un remède, c'est l'union avec le corps indissoluble et incorruptible de Celui qui est vie et puissance.

M. Thompson avait longtemps cherché le repos dans une doctrine qui seule peut satisfaire d'une manière temporaire le membre de l'église anglicane qui désire accepter toute la vérité catholique. Cette théorie présuppose que l'église anglicane n'a formellement nié aucune doctrine catholique, quoiqu'elle se taise sur certains points, et qu'elle soit fort ambiguë sur d'autres. Son langage est susceptible d'une interprétation catholique malgré ses imperfections et ses lacunes ; elle est implicitement catholique dans la soumission qu'elle professe envers l'Église universelle chaque fois qu'elle connaît clairement ce que cette Église a décidé.

Tandis que M. Thompson partageait cette manière de voir, il s'efforçait d'interpréter les formulaires anglicans selon l'enseignement doctrinal du reste de l'église, au lieu de vérifier l'enseignement de l'Église universelle par le système doctrinal de sa propre communion. Convaincu comme il l'est maintenant de la trompeuse illusion de cette tentative, la question de l'unité de l'Église est celle qui l'a surtout frappé.

La doctrine anglicane lui parut sur ce point tellement éloignée de celle de Rome, qu'il devenait impossible de la mettre jamais en harmonie avec elle ; elle se montra même à lui comme lui étant positivement opposée et contradictoire. Si donc l'unité de l'Église est un article de foi, si cet article a un sens déterminé, et s'il est essentiel à l'orthodoxie de conserver ce sens, aussi bien que d'en garder l'expression, l'église anglicane n'a-t-elle pas erré sur un article essentiel de la foi catholique, en lui donnant une interprétation fausse et nouvelle ? mais alors elle ne possède aucun droit à l'obéissance de ses membres, et ceux qui désavouent son autorité et abandonnent sa communion le font parce qu'en restant dans son sein, ils se rendaient coupables d'hérésie et de schisme.

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Remarques sur certaines théories anglicanes d'unité ; par le révérend Edward Healy Thompson - 1847 Empty Re: Remarques sur certaines théories anglicanes d'unité ; par le révérend Edward Healy Thompson - 1847

Message  Roger Boivin Sam 03 Nov 2012, 10:46 pm

Si l'on me demande donc, dit M. Thompson en terminant, d'exposer en peu de mots pour quels motifs je quitte l'établissement anglican afin de me soumettre à l'Église catholique, je répondrai : Je le fais avec la très-profonde conviction morale et intellectuelle que nulle part, si ce n'est dans cette communion, on ne peut professer les articles du symbole chrétien dans leur sens primitif et orthodoxe. Car aussi longtemps que je reste anglican, je crois non-seulement mon symbole défectueux, mais la foi que je professe est positivement corrompue. Je dis que je crois en la sainte Église catholique et apostolique, et je suis, par ma position, obligé de définir cette Église de telle sorte qu'elle cesse d'être une et qu'elle se trouve divisée à l'infini. Je dis elle est sainte, et je la définis comme étant partiellement corrompue dans la doctrine, sinon hérétique dans sa foi ; je la dis catholique, en soutenant qu'elle n'est pas répandue partout, mais que c'est une église locale, particulière, fractionnée et nationale 1; je la dis apostolique, tout en maintenant qu'elle peut abandonner le solide fondement que Jésus-Christ a posé sur saint Pierre le chef des apôtres ; je l'appelle l'Église tout en niant son identité et son individualité. C'est pourquoi je vais là où je pourrai croire de cœur et confesser de bouche la sainte Église catholique et apostolique. Je vais où je trouve un symbole à croire et une autorité à respecter, où l'on peut entendre Jésus-Christ dans son Église, le recevoir dans la personne de ses ministres, lui obéir dans celle de ses prélats. Je vais m'unir à ce corps qui est l'Église de mon baptême, la seule où le salut est certain, où Ton trouve les eaux qui purifient, la véritable consécration, le pain vivant et l'adorable sacrifice ; où il y a non seulement la prière pratique, mais un culte divin dont la très-sainte Trinité est l'objet ; dans lequel les saints et les anges des cieux intercèdent pour l'Église encore militante sur la terre et les âmes de ceux qui quittent ce inonde ; où par conséquent la communion des saints est non-seulement confessée en paroles, mais où elle est réalisée dans les actes ; où l'intercession de Jésus-Christ n'est pas une vague doctrine abstraite, mais une sainte réalité, une œuvre aussi actuelle que celle qu'il consomma sur la croix ; où le pénitent humilié et contrit peut sans aucun doute obtenir la rémission de ses péchés, la résurrection de la mort et la vie éternelle.

Si l'on me demande encore après cet exposé, ainsi que n'y manqueront certainement pas ces hommes que les préjugés empêchent d'accepter les plus simples déductions du sens moral et rationnel, ce qui a amené mes convictions et déterminé un acte qui est pour eux un sujet d'étonnement et de blâme, quelles ont été les influences mises en œuvre, et comment le changement s'est opéré, je ne pourrai que répondre avec l'aveugle né quand ses yeux furent ouverts : « Je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et maintenant j'y vois. »

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1. La fausse église intruse, - dite par elle-même conciliaire et qui s'est glissée par le biais du pseudo-concile Vatican II, dans le cadre même de la vraie Église catholique, - n'est pas de tous les temps, mais seulement de quelques décennies ; donc d'une certaine façon locale ; c'est une secte.(roger)




Source :

Motifs de conversion de dix ministres anglicans

exposés par eux-même et rétractation du Révérend J.H. Nowman

recueillis, traduits et publiée par Jules Gordon - 1847 -


Chapitre VI, pages 203 à 232 :

http://www.archive.org/stream/motifsdeconversi00newm#page/n5/mode/2up




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Message  ROBERT. Dim 04 Nov 2012, 11:47 am

roger a écrit: 1. La fausse église intruse, - dite par elle-même conciliaire et qui s'est glissée par le biais du pseudo-concile Vatican II, dans le cadre même de la vraie Église catholique, - n'est pas de tous les temps, mais seulement de quelques décennies ; donc d'une certaine façon locale ; c'est une secte.(roger)

Très belle recherche Roger sur ce révérend anglican qui a abandonné la fausse perspective protestante et se convertît à la religion catholique en paraphrasant l’aveugle-né: (Jean IX, 25) Je sais une chose, c'est que j'étais aveugle et maintenant j'y vois.

Votre conclusion cher ami, par la note 1, résume toute la maudite église de V2 !
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Message  Roger Boivin Ven 29 Jan 2016, 8:32 am

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