Pour être pénitent, il faut vivre dans le gémissement et le regret

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Message  Monique Mer 15 Aoû 2012, 5:31 pm

Pour être pénitent, il faut vivre dans le gémissement et le regret


I. Il sert peu d'affliger le corps, si l'esprit et le cœur ne sont pas affliges. La tristesse du Sauveur à la vue des péchés du monde, sa douleur profonde au jardin des Olives, est une puissante leçon. Un Dieu qui pleure mes péchés, qui s'afflige sur l'état de mon âme, me fait comprendre que je ne puis trop affliger mon cœur, ni répandre trop de larmes.

Les gémissemens ont fait la principale occupation des saints sur la terre. David, quoique assuré du pardon, gémissait sans cesse ; le souvenir d'avoir perdu son Dieu, lui faisait répandre nuit et jour des torrents de larmes. S. Pierre ne pécha qu'une fois, et il en pleura toujours; et nous, au contraire, nous péchons souvent, et nous ne pleurons jamais. dit-S. Augustin.

En quelque lieu que je sois , disait un solitaire, je ne vois que mes péchés ; je me regarde comme une victime de l'enfer, où je vois une infinité d'âmes moins coupables que moi. Alors je me jette la face contre terre ; je soupire , je pleure devant mon juge.


II. Voulez-vous obtenir la miséricorde de Dieu? que vos péchés soient toujours présents à votre esprit. Dites sans cesse avec un prophète : Ah ! Seigneur, qu'ai-je fait? Dites avec S. Augustin: Ah! mon Dieu , beauté toujours ancienne et toujours nouvelle, c'est bien tard que je vous ai connu , c'est bien tard que je vous ai aimé. Dites avec l'enfant prodigue : Mon père, j'ai péché contre le Ciel et contre vous , je ne mérite plus d'être appelé votre enfant.

Sainte Thaïs, fameuse pécheresse, dit à S. Paphnuce, que, pendant trois ans, elle n'avait osé proférer le nom de Dieu, tant elle se sentait criminelle, et qu'elle s'était contentée de dire sans cesse en gémissant : O vous qui m'avez formée , ayez pitié de moi! Allez, lui dit le saint homme, vos gémissements, plus que vos autres pénitences ont engagé Dieu à vous faire miséricorde. Ne croyez jamais avoir assez pleuré vos péchés, dit S. Augustin ; que la douleur et la confusion ne finissent qu'avec votre vie.

Lorsqu'une âme a sans cesse ses fautes devant les yeux, et qu'elle en gémit, elle peut s'assurer que Dieu lui fera miséricorde. Rien ne touche plus Dieu, que le repentir et le sacrifice d'un cœur affligé. Ps. 50.



Extraits: PENSÉES
sur
LES PLUS IMPORTANTES VÉRITÉS
DE LA RELIGION
et sur
LES PRINCIPAUX DEVOIRS
DU CHRISTIANISME
Par M. HUMBERT, prêtre-missionnaire
Supérieur de la Mission du diocèse de Besançon.

NOUVELLE ÉDITION,
DOLE,
CHEZ PRUDONT, IMPRIMEUR - LIBRAIRE.
1825. ESR.



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Message  Monique Lun 20 Aoû 2012, 8:55 pm

Pour être pénitent, il faut vivre dans l'humilité


Le Sage nous apprend que la superbe est le principe de tout péché, parce que tout pécheur s'élève contre Dieu, et s'éloigne de lui ; il faut donc que l'humilité le rapproche de Dieu. De quelque côté que le pécheur se considère, soit du côté de Dieu, soit du côté de soi-même, soit du côté des autres, tout doit l'humilier.

I. .Du côté de Dieu, il doit se regarder comme un esclave révolté, comme un criminel de lèse-majesté, comme un perfide et un ingrat qui a trahi son maître; comme un enfant rebelle et un orgueilleux, coupable, qui a déshonoré son père et son Dieu.

Oui, vous avez déshonoré Dieu et vous l'avez plus déshonoré par un seul péché mortel, que jamais vous ne pourriez l'honorer, quand vous feriez autant de bonnes œuvres que tous les justes. Quel sujet de confusion ! et comment oseriez-vous vous prévaloir de vos bonnes œuvres ?


II. Du côté de vous-même. O homme ! qu'êtes-vous devenu par le péché ? Vous avez donné le coup de la mort à votre âme; vous l'avez défigurée; vous lui avez imprimé, selon la parole de l'Ecriture, le caractère de la bête, parce que vous n'avez suivi que vos sens et vos penchants comme les bêtes. O mon Dieu! disait David, comment oserai-je paraître devant vous, après m'être dégradé jusqu'à devenir à vos yeux comme une bête de charge?

Ce fut un état bien humiliant pour le Sauveur, de vivre dans le désert parmi les bêtes farouches. Mais reconnaissez avec humilité que vous ne méritez pas même d'être en présence de J.-C. dans le rang des bêtes sauvages. Elles n'ont jamais péché; elles ne sont capables ni de connaître ni d'aimer Dieu. Au lieu que vous qui n'êtes fait que pour l'aimer, vous ne vous servez de votre raison et de ses bienfaits que pour l'offenser.

Vous devriez donc vous placer au-dessous des animaux, au-dessous même des démons. Il y en a un parmi vous qui est un démon, disait le Sauveur, en parlant de Judas. Voilà ce que vous devriez penser de vous-même, avec cette différence, que le démon n'a péché qu'une fois; et vous, de combien de crimes multipliés n'êtes-vous pas coupable! Pouvez-vous, après cela, vous estimer? On n'estime point ce qui est défiguré et horrible ; or, pouvez-vous voir quelque chose de plus horrible que votre conscience? Y a-t-il donc un objet que vous deviez plus mépriser que vous-même?


III. Du côté des autres. Vous oubliez que vous êtes pécheur, lorsque vous les méprisez. Eussiez-vous la vertu d'un saint, votre conscience doit Vous faire dire avec plus de raison que S. Paul : Je suis le plus grand des pécheurs, le plus misérable de tous les hommes; parce que vous devez avoir plus de confusion et d'horreur d'un seul de vos péchés, que des péchés de tous les autres.

D'ailleurs, de quoi n'êtes-vous pas capable ? Un scélérat eût-il commis des crimes que vous ne commîtes jamais, croyez qu'il est encore meilleur que vous; parce qu'il n'a reçu ni tant de lumières, ni tant de grâces, et que vous auriez vous-même commis des crimes plus énormes, si Dieu vous avait abandonné à vous-même. Le fond de notre cœur est si mauvais, que nous devons, en quelque sorte, regarder comme nôtres les péchés même que nous n'avons pas faits; ce qui a fait dire à S. Augustin : Seigneur, vous m'avez fait autant de grâce, eu me préservant des péchés que je n'ai pas commis, qu'en me pardonnant ceux que j'ai faits.La vue de votre misère doit vous accompagner partout, vous reconnaissant indigne de la société des créatures, après avoir offensé leur créateur.

Si vous avez des richesses ou des emplois honorables, pensez que vous ne les avez pas mérités; que les autres en sont plus dignes que vous , et que votre élévation est peut-être un effet de la justice de Dieu sur vous. Reconnaissez qu'un pécheur comme vous, qui a mérité les anathèmes de toutes les créatures, ne mérite pas d'être élevé au-desssus des autres, ni de leur commander.

Si l'on vous méprise, si l'on vous persécute, que la vue des vos péchés vous fasse aussitôt souvenir que vous ne méritez ni l'estime ni l'attention de personne; qu'un pécheur qui mérite l'enfer ne peut être traité trop durement en cette vie, et qu'à bien prendre la chose selon Dieu, vous n'avez pas lieu de vous plaindre, dès qu'où vous traite comme vous le méritez.

Oh! si à l'exemple du Publicain , vous aviez ces sentiments d'humilité, quelque pécheur que vous ayez été, vous seriez un vrai pénitent et un grand saint, parce que Dieu ne rejette jamais un cœur contrit et humilié. Sans cet esprit d'humilité, on ne se sauve pas. Si vous ne devenez humble comme des enfants, dit Jésus-Christ, vous n'entrerez jamais dans le royaume des Cieux.





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Message  Monique Mer 22 Aoû 2012, 8:33 pm

Pour être pénitent, il faut vivre dans la mortification


Ceux qui appartiennent a J.-C., dit S. Paul, ont crucifié leur chair avec ses convoitises. Gal. 5. C'est-à-dire, qu'un chrétien pénitent mortifie son corps, veille sur ses sens, et sait même se mortifier dans les choses permises.

I. Le corps est un ennemi dont il faut se défier. On ne doit le ménager qu'autant qu'il est nécessaire. Il est juste qu'il souffre, puisqu'il a été l'instrument du péché. Si vous l'écoutez, vous lui accorderez trop, et il ne sera jamais content. On multiplie ses besoins, quand on l'accoutume à ne se passer de rien. En lui retranchant beaucoup, il aura toujours assez.

La nourriture lui est nécessaire; mais il faut que la modération et la pénitence y mettent des bornes, et ces bornes sont étroites. Quelle différence y aurait-il entre vous et un animal, si vous accordiez à votre corps tout ce qu'il demande ? Il vaut mieux sentir les murmures et la faim d'une chair soumise, que d'éprouver les révoltes d'un corps trop nourri et indocile.

Si vous n'avez qu'une nourriture grossière ou mal apprêtée, n'en désirez pas une meilleure. Un pécheur ne mérite pas d'être traité comme un homme juste. Mangez, dit J.-C, ce qu'on vous présente, bon ou mauvais. Si la pauvreté ne vous permet pas d'avoir le nécessaire, adorez Dieu qui veut purifier votre âme par les besoins de votre corps. Souffrez la faim, pour imiter le jeûne de votre Sauveur. Un disciple coupable n'est pas meilleur que son maître innocent.

Se plaindre des jeûnes de l'Eglise, c'est oublier que ce sont des jours de sainteté, consacrés à une pénitence générale, des jours de salut et de grâces, qu'on doit recevoir avec joie. Si vous avez du zèle, vous vous imposerez encore pendant l'année, d'autres jours d'abstinence. N'est-il pas juste, après avoir si souvent passé les bornes de la tempérance avec les pécheurs, de jeûner de temps en temps avec les saints ?

Donnez aux pauvres ce que vous vous retranchez par le jeûne; autrement, dit S. Grégoire, vous ne jeûneriez pas pour Dieu, mais pour vous, en réservant à votre corps, pour un autre jour, ce que vous lui refusez aujourd'hui. Prenez garde que l'indiscrétion et la propre volonté ne se trouvent dans vos jeûnes et dans vos mortifications. On doit mortifier le corps, mais il ne faut pas le ruiner et l'abattre. Si votre santé, ne vous permettent pas de jeûner, de porter le cilice, ne le faites point.


II. Un chrétien pénitent veille sur ses sens, sur ses regards. Il fait, comme Job, un traité avec ses yeux, pour ne pas même penser à l'autre sexe. Si un objet séduisant ou une peinture indécente, se présente, il dit aussitôt avec David : Ah Seigneur, détournez mes yeux, afin qu'ils ne voient pas la vanité.

Les comédies et les spectacles lui paraissent indignes de l'honnête homme et du chrétien; la pompe mondaine qui les accompagne dissipe l'esprit, séduit imperceptiblement le cœur, et fait souvent en un quart d'heure perdre plus de grâces et de vertus, que la pénitence de plusieurs années n'en a pu acquérir.

L'image du crucifix et les images des saints sont pour un pénitent, les objets les plus agréables. Il es conserve, non comme des ornements de sa maison, mais comme des monuments de religion, qui le font souvenir de la pénitence des saints, qu'il regarde, en voyant leurs images, comme des témoins et des juges qui lui reprochent ses infidélités et son peu de courage.

Tout ce qu'il voit lui inspire des sentiments de pénitence. S'il regarde le Ciel, il pense aussitôt, en gémissant, qu'il l'a perdu. S'il voit les arbres chargés de fruits, il se reproche à lui-même qu'il est un arbre stérile, qui ne produit que des fruits de mort. Si les animaux lui obéissent et le servent, il se reproche aussitôt sa désobéissance et son ingratitude envers Dieu. Les yeux baissés, il regarde souvent la terre : voilà, dit-il, d'où je suis sorti, et où la mort dans peu de jours me fera rentrer.

Il veille sur ses paroles, et parle bien plus à Dieu qu'aux créatures. Il sait que le silence préserve de bien des fautes; que la langue est comme l'instrument de tous les vices, et qu'elle tue souvent l'âme par le poison mortel dont elle est remplie. Jac. 3. Il voudrait ne se servir de la parole et de la voix que pour chanter les louanges de Dieu, pour accuser ses péchés, pour prendre la défense des intérêts de Dieu, et pour édifier le prochain. Il se prive même quelquefois, comme David, de parler de bonnes choses, aimant se taire par humilité. Ps. 58.

Il veille sur ses oreilles, et les environne d'épines. S'il entend des paroles déréglées, il en est affligé, parce qu'il voit son Dieu offensé; s'il entend des conversations ou des lectures agréables, il ne s'y applique qu'autant qu'elles lui sont profitables. Il a soin d'écouter Dieu au fond de son coeur, bien plus que les hommes. Les mondains, dit-il avec David, m'entretiennent de bagatelles; mais, Seigneur; elles ne sont pas comparables à votre loi. Il mortifie sa curiosité ; il sait que le plaisir d'entendre bien des choses n'est pas toujours innocent, et que, quand il le serait, le mérite est grand de s'en priver. Il regarde des concerts agréables comme peu convenables à une âme pécheresse, qui devrait passer sa vie dans les larmes.


III. Un chrétien qui aime la pénitence, sait la pratiquer dans les choses même les plus innocentes. S'il entend la symphonie et les instruments de musique dans le lieu saint, il se réjouit de ce que tout sert à honorer le Créateur; mais en même temps, il gémit de lui avoir si souvent refusé ses hommages. Il sait quelquefois se priver des plaisirs permis, pour se punir des plaisirs criminels qu'il a pris autrefois. S'il est obligé de prendre quelques récréations, loin d'y attacher son cœur, il les prend avec une secrète confusion, persuadé qu'un pécheur comme lui ne mérite que des châtiments. S'il prend du sommeil, c'est à regret; se souvenant que J.-C. passait les nuits en prière; et qu'à l'exemple du fils de Dieu, au lieu d'un lit, il ne devrait pas même avoir un chevet pour reposer sa tête. Il ne prend son repos que par nécessité et parce que Dieu le veut; l'obéissance à une heure réglée l'y conduit; la paresse ne l'y retient jamais. S'il dort, ce n'est qu'autant qu'il faut pour réparer ses forces et mieux servir Dieu. S'il ne dort pas, il ne s'en inquiète point, il profite de ce temps pour pleurer ses péchés. S'il s'éveille, c'est pour recourir à Dieu. S'il se lève, c'est pour obéir à Dieu, et pour travailler en esprit de pénitence.

Oh ! que de consolations ressentiriez-vous, en vivant de la sorte! vous éprouveriez qu'un jour passé dans la pénitence et dans les gémissements, est mille fois plus agréable que tous les délices de la terre, et qu'il est bien plus doux d'expier ses péchés que de les commettre.





Fin
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