Le procès de condamnation de la Pucelle et l'Eglise

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Message  Sandrine Sam 14 Avr 2012, 5:38 am

C'est malheureusement très vrai ! No
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Message  Catherine Sam 14 Avr 2012, 6:11 am

Gérard a écrit:

Oui en apparence puisque c'était bien l'autorité légitime qui jugeait Jeanne d'Arc et l'Evêque Cauchon habilité légitime pour juger cette cause mais le fait que dans la réalité, Cauchon ne remplissait pas la charge des intérêts de Justice de la Sainte Inquisition mais qu'il ne faisait que d'accomplir les desseins du roi d'Angleterre faisait de lui un traitre.

Alors que :

http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?t=3246&start=0&postdays=0&postorder=asc&highlight=&mforum=micael

Chanoine Philippe Dunand – Jeanne d'Arc et sa mission d'après les documents. Paris, 1909 a écrit:

L'évêque de Beauvais, juge intrus et sans pouvoirs dans la cause de Jeanne, ne daigne pas demander au pape la délégation indispensable, puisqu'il ne l'a pas reçue des évêques de Soissons et de Toul qui auraient pu la lui octroyer.

Le roi d'Angleterre, dont c'était le devoir, s'il eût tenu à ce que le procès fût valide, ne la demande pas davantage.
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Message  Catherine Sam 14 Avr 2012, 6:14 am

Gérard a écrit:
Mais si les jugements portés au nom de l’Eglise sont infaillibles, alors il est tout à fait normal que je puisse affirmer :

Martin V, Eugêne IV et Nicolas V ont tous les trois pensé que Jeanne d'Arc était une hérétique, schismatique, relapse et justement condamnée par le Tribunal de la Sainte 'Inquisition à la tête de laquelle ils étaient.


http://www.phpbbserver.com/micael/viewtopic.php?t=3246&start=0&postdays=0&postorder=asc&highlight=&mforum=micael

Chanoine Philippe Dunand – Jeanne d'Arc et sa mission d'après les documents. Paris, 1909 a écrit:

Il n'y a donc pas, dans l'instrument officiel du procès, — ni ailleurs, du reste — une seule pièce historique attestant que les pontifes régnants, Martin V et Eugène IV, aient été avisés, officiellement ou officieusement, par le gouvernement anglais ou ses agents, de ce qui se passait à Rouen et du procès qui s'y jugeait.

Personne n'est donc autorisé, ni directement ni indirectement, à rendre l’Église responsable à quelque degré du procès inique de Rouen; et l'on conviendra, si l'on veut être impartial, que ce n'est pas l’Église, mais le gouvernement anglais et ses juges à gages qui, en 1431, ont condamné et livré au bourreau la Pucelle.
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Message  gabrielle Sam 14 Avr 2012, 8:09 am

Ce que vous ne saissisez pas Gérard, c'est que l'auteur dont se sert la CRC en petite coupure... se base sur Quicherat, or, il a été démontré par le Chanoine Dunand que le travail historique de ce dernier est moins que valable.

Alors....


Apportez un document officiel de la Sainte Église qui dit clairement que le Saint-Siège fut impliqué dans la condamnation de Sainte Jeanne... si ce document existe il vous sera possible de le trouver dans vos bouquins.

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Message  Eric Sam 14 Avr 2012, 8:19 am

Gégé :
Boulanger n'a jamais mais jamais connu la CRC.
Par contre, la CRC cite Boulanger (comme elle cite et prône pas mal de bêtises et d’erreurs, d'ailleurs ....) et, dans la doc que vous nous avez envoyée, la CRC affirme que Charles Boulanger était, je cite : un lecteur des journaux de l'AF ....
AF condamnée par Notre Saint Père le Pape Pie XI, vous le savez, Gérard !?
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Message  gabrielle Sam 14 Avr 2012, 8:26 am

II

Le procès de Rouen et l' Angleterre

1° Le procès de Rouen, procès uniquement anglais

La première chose qu'une synthèse rigoureuse découvre dans le procès de Rouen, c'est qu'il fut un procès uniquement anglais, et un procès de vengeance d'Etat.

Un procès uniquement, essentiellement anglais, imposé, réglé, dirigé par l'Angleterre, et jugé dans le sens qu'elle avait indiqué, par des politiciens de non choix;

Un procès anglais de vengeance d'Etat ayant pour programme impératif de condamner au bûcher des relaps la jeune Française qui avait commis le crime de battre et de faire fuir les vainqueurs d'Azincourt: crime qu'une mort ignominieuse éternelle pouvait seule expier.

Cette première synthèse domine et explique tout le drame de Rouen : elle nous révèle ce qui en fait l'unité.

Qu'on y regarde de près et qu'on dise si, dans ce drame, tout n'est pas anglais.

Anglais sont les personnages qui le conçoivent, le préparent, l'ordonnent, le conduisent, en règlent les péripéties et en fixent le dénouement;

Anglais ceux qui en bénéficient;

Anglais de cœur, sinon de naissance, les politiciens qui en sont les instruments;

Anglais l'or qui paie les négociations nécessaires pour l'achat de Jeanne captive;

Anglais l'or qui paie cet achat même;

Anglais le faux procès ecclésiastique qui la jugera;

Anglais, de sentiment au moins, les ecclésiastiques dont sera formé le faux tribunal;

Anglais l'or qui doit les payer;

Anglais l'or qui couvrira tous les frais;

Anglaise, par le pouvoir qui y règne, la cité dans laquelle le procès est jugé;

Anglaises les haches et épées qui protègent les débats;

Anglais le gouvernement qui, de sa lourde main, aiguille le procès vers le but qu'il lui a fixé;

Anglais, enfin, ce but lui-même puisqu'il consiste à donner pleine satisfaction à l'Angleterre et à lui faire goûter ce morceau de roi qu'est une vengeance d'Etat.

Pénétrons maintenant dans ce que j'appellerai les entrailles de ce procès : partout on aperçoit, brisant tous les obstacles, la main de fer de l'Angle terre.

Avant même que la Pucelle fût faite prisonnière dans sa sortie de Compiègne, le gouvernement anglais avait prévu cette éventualité et avait arrêté ses plans en conséquence. Jules Quicherat et Henri Martin conviennent que ses plans avaient pour but de déshonorer son ennemie par un procès infamant, et de s'en débarrasser par une condamnation capitale. Dès qu'on apprit à Paris, le 25 mai, la capture de Jeanne, ces plans furent mis à exécution.

Le premier soin que prirent les deux régents fut de faire négocier l'achat de la captive. Ils en chargèrent l'évêque de Beauvais.
Le second fut de faire transporter Jeanne à Rouen, pour l'y garder et juger. On se défiait de Paris; on était en plus grande sûreté à Rouen.

Le troisième fut de donner à l'évêque de Beauvais l'ordre d'intenter à la captive un procès en cause de foi, et de le mener de telle sorte qu'il aboutit à une condamnation capitale.

Le quatrième fut de ne prêter que conditionnellement l'accusée aux juges ecclésiastiques : le roi se réservant de la reprendre, — ou plutôt de continuer à la garder, — si la condamnation espérée n'était pas obtenue.

Le cinquième fut de refuser à Jeanne la prison d'église à laquelle, en tant que traduite en procès de foi, la prévenue avait droit. Pendant toute la cause, même après le drame du cimetière de Saint-Ouen, la Pucelle fut gardée en prison d'Etat.
Pour tout résumer en quelques mots, c'est au nom du gouvernement anglais que s'ouvre le procès de Rouen, c'est conformément à ses ordres qu'il se juge, c'est sous la direction d'hommes à lui, le comte de Warwick, le cardinal d'Angleterre, l'évêque de Beauvais, qu'il se poursuit; c'est de la manière arrêtée d'avance qu'il se termine. Procès d'Etat, procès de vengeance d'Etat d'un bout à l'autre, procès anglais toujours.

op cit., pages 301;302;303
à suivre
Le procès de Rouen, faux procès ecclésiastique


Je replace l'excellente observation d'Éric, je ne veux pas qu'elle passe dans le beurre.

Eric a écrit:
Gégé :
Boulanger n'a jamais mais jamais connu la CRC.
Par contre, la CRC cite Boulanger (comme elle cite et prône pas mal de bêtises et d’erreurs, d'ailleurs ....) et, dans la doc que vous nous avez envoyée, la CRC affirme que Charles Boulanger était, je cite : un lecteur des journaux de l'AF ....
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Message  gabrielle Dim 15 Avr 2012, 7:27 am

2 Le procès de Rouen, faux procès ecclésiastique

Oui, procès anglais toujours, même en tant que procès à forme ecclésiastique, mais en ce cas procès anglais et de plus, canoniquement parlant, faux procès.

En effet, le procès de Jeanne, procès canonique, se distingue de ce même procès, considéré comme procès anglais d'Etat, en ce qu'il a pour signe essentiel la fausseté. Véritable procès anglais d'Etat, il se montre faux procès d'Eglise dès le commencement, et il l'est encore, parvenu à son terme.

Il n'y a qu'à parcourir les pages de ce procès sans précédent, pour constater que toutes les parties en sont marquées du sceau de la fausseté.

Faux, sans compétence et sans juridiction, est d'abord le juge de la cause, Pierre Cauchon, évêque de Beauvais;

Faux, et sans autorité sur ce terrain, est le pou-voir qui le choisit : pouvoir purement temporel, représenté par le roi d'Angleterre;

Fausse est la qualité que ce roi prête à Pierre Cauchon et que celui-ci revendique, de juge « ordinaire » de l'accusée:
Faux est le droit que ce prélat s'attribue de juger souverainement en matière de visions et de révélations ;

Faux est, par conséquent, et sans pouvoirs le tribunal qu'il préside;

Fausses et nulles les fonctions qu'il confère;

Faux ont été en grande partie les témoins qui ont fourni la matière du réquisitoire en soixante-dix articles;

Faux, dans l'intention qu'ils décèlent et dans leur mode de rédaction, les fameux douze articles qualifiés par l'Université de Paris;

Fausses, par suite, les délibérations des maîtres et docteurs concernant ces articles;

Fausse, l'abjuration canonique que l'évêque de Beauvais prétend avoir obtenue de la Pucelle ;

Faux, le formulaire inséré au procès ;

Faux, le cas du prétendu relaps ;

Faux en plusieurs passages le procès-verbal de l'interrogatoire du 28 mai ;

Faux, les motifs allégués dans la sentence de condamnation;

Fausses, les accusations consignées dans l'information posthume;

Fausses, les assertions et accusations des lettres adjointes au procès;

Fausse, en définitive, irrégulière et nulle, l'oeuvre juridique du procès canonique tout entier.

A quoi tient cette atmosphère fétide de fausseté qu'on respire d'un bout à l'autre du procès de Rouen?

Elle tient sans doute à l'homme qui a mis en œuvre les éléments aptes à produire cette fétidité morale;mais elle tient d'abord à la précaution qu'a prise le gouvernement anglais, pour en arriver à ses fins, de tenir le Saint-Siège en dehors du procès, et de n'avoir à ce sujet aucun rapport avec lui. Le duc de Bethford ne voulait pas qu'il en fût du procès de la Pucelle comme il en avait été du procès des Templiers. L'intervention du pape Clément V avait valu à celui-ci une durée de cinq ans : les régents anglais entendaient que le procès de Jeanne fût expédié en cinq mois. Et il le fut.

op cit., pages 303;304;305

à suivre

Le procès de Rouen et l'Eglise


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Message  gabrielle Lun 16 Avr 2012, 8:12 am

III
Le procès de Rouen et l'Eglise
Que l'Eglise et le Saint-Siège, par la volonté de l'Angleterre, ont été tenus dans l'ignorance du procès de Rouen.

Par surcroît de précautions, ébauchons une simple remarque.

On conçoit que des lettrés irréfléchis, des publicistes peu sérieux, en des questions comme celle du procès de Jeanne, prennent le Pirée pour un nom d'homme et qu'ils identifient l'Église avec les gens d'église. Dans un certain monde, il est reçu qu'on fait preuve d'esprit, quand on attribue à l'Eglise les actes répréhensibles de ses ministres—lesquels n'ont jamais prétendu être impeccables — et de lui en renvoyer à elle-même la responsabilité.

Chez des historiens de profession, une confusion de ce genre est inadmissible. Si on invoque, à leur décharge, l'ignorance et la bonne foi, nous ajouterons : même en ce cas, l'ignorance est coupable, la bonne foi impossible, et la mauvaise sans excuse.
Cette remarque sur l'usage que des historiens de la Pucelle ont pu faire de cette identification des juges et gens d'église avec l'Eglise et le Saint-Siège, est de celles que nous ne devions point passer sous silence, mais sur laquelle nous ne reviendrons pas. Présentement, rappelons les faits qui établissent et expliquent la non-intervention de l'Eglise et de son chef dans le procès de Rouen.



Des papes régnants au temps du procès

Deux papes ont occupé le siège de saint Pierre pendant le procès : Martin V et Eugène IV. Le procès s'ouvrît sous Martin V, il se termina sous Eugène IV. Ni l'un nî l'autre de ces deux papes ne fut avisé du procès par l'Angleterre ou ses représentants, ni mis à même d'intervenir.

Au contraire, le gouvernement anglais prit ses mesures pour que le silence le plus complet se fit autour de la cause, et il ne permit de le rompre que lorsque la Pucelle eut été brûlée. Ce sont les documents qui obligent à conclure de la sorte.
On n'en peut citer aucun attestant, insinuant même que les deux papes soient intervenus au procès de quelque manière, ou directement ou indirectement. Et les documents connus établissent clairement le contraire.

Ces documents sont le texte officiel du procès et une lettre du pape Eugène IV.

op cit., pages 305;306;307

à suivre

Du texte officiel du procès
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Message  gabrielle Mar 17 Avr 2012, 7:42 am

2° Du texte officiel dn procès

Qu'on parcoure d'un bout à l'autre le texte officiel du procès, on n'y trouvera pas une seule page établissant ou donnant à entendre qu'il y ait eu des explications échangées, à propos de Jeanne et de sa cause, entre l'Angleterre et le Saint-Siège. Parmi les pièces insérées au procès, il y a des lettres du roi Henri Vl de l'évêque de Beauvais, de l'Université de Paris. Aucune de ces lettres ne prend la route de Rome et n'est adressée chef de l'Eglise.

Le nom du pape Martin V ne se lit qu'une fois dans tout le procès ; celui du pape Eugène IV, jamais.

Et le nom de Martin V n'y figure que pour préciser la date d'une séance.

L'évêque de Beauvais, juge intrus et sans pouvoirs dans la cause de Jeanne, ne daigne pas demander au pape la délégation indispensable, puisqu'il ne l'a pas reçue des évêques de Soissons et de Toul qui auraient pu la lui octroyer.

Le roi d'Angleterre, dont c'était le devoir, s'il eût tenu à ce que le procès fût valide, ne la demande pas davantage.
Jusque la fin des débats, Pierre Cauchon reste l'instrument servile du gouvernement anglais; jamais il ne se montre le serviteur respectueux de Rome et de l'Eglise.

Au contraire : quand l'accusée en appellera au jugement du Saint-Siège, le juge intrus ne répondra que par le sarcasme; il dira que Rome est trop loin, qu'on ne peut pas aller y chercher le pape.

Le roi d'Angleterre, au nom de qui le procès a été décidé, instruit et jugé, ignore le Saint-Siège avant, pendant et après.
La Pucelle brûlée, le monarque écrit à l'empereur d'Allemagne, aux princes de la chrétienté, pour les en informer: il n'écrit pas, il ne donne pas signe de vie au chef de l'Eglise.

Si Rome est instruite du drame qui vient de se jouer, c'est par une lettre de l'Université de Paris, et seulement lorsque tout est fini. Car, durant le procès, tous rapports sont suspendus entre l'Alma mater et le Saint-Siège : on en trouvera la preuve dans le Chartularium du père Henri Denifle à l'année 1431.

Pourquoi cette suspension de rapports, sinon pour faire le silence enjoint par le gouvernement qui entendait faire mourir sans empêchement ni retard son ennemie la Pucelle?

op cit., page 307;308

à suivre

Une lettre d'Eugène IV
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Message  gabrielle Mar 17 Avr 2012, 7:02 pm


Une lettre d'Eugène IV

Il n'y a donc pas, dans l'instrument officiel du procès, — ni ailleurs, du reste— une seule pièce historique attestant que les pontifes régnants, Martin V et Eugène IV, aient été avisés, officielle-ment ou officieusement, parle gouvernement anglais ou ses agents, de ce qui se passait à Rouen et du procès qui s'y jugeait.

A cette preuve négative nous avons pu joindre une preuve positive tirée d'une lettre écrite un mois avant la fin du procès — avril 1431 — par le pape Eugène IV, à son légat près des rois de France et d'Angleterre, le cardinal de Sainte-Croix.

Ce document qu'on trouvera dans les « Annales ecclésiastiques » du continuateur de Baronius, l'oratorien Oderic Raynaldi, établit de façon péremp-toire qu'on ignorait à Rome, à cette date, l'œuvre ténébreuse qui se poursuivait silencieusement à Rouen : preuve que le gouvernement anglais tenait à couvrir du plus profond mystère l'œuvre d'iniquité qu'il avait hâte de consommer.

Voici la traduction des passages de la lettre d'Eugène IV qui nous intéressent tout particulièrement :

« A notre cher fils Nicolas, cardinal-prêtre de Sainte-Croix de Jérusalem, notre légat, pour la pacification du royaume de France, salut, etc.

C'est avec peine que nous voyons de nombreuses cités affligées grandement par suite des funestes et sanglantes divisions auxquclles depuis longtemps est livré le royaume de France. Nous redoutons des périls encore plus graves, conséquence inévitable de la guerre et de la discorde qui vont croissant en ces pays; l'Angleterre s'épuisant en ressources et en hommes, et le royaume de France touchant à la dernière extrémité. »


Qu'on en juge par ces dernières lignes, de l'ignorance où l'on était à Rome de la véritable situation des deux royaumes. On n'avait pas l'air de soupçonner le relèvement que l'intervention de Jeanne avait opéré.

« Ces deux Etats, poursuit le Pontife, sont les plus puissants et les plus fermes appuis de la république chrétienne. S'ils viennent à lui faire défaut, la foi catholique ne peut que se trouver en grand danger, soit du côté des hérétiques du nord, les Bohèmes, soit du côté des infidèles, vrais fléaux de ce monde déchainés contre les chrétiens. Aussi tous nos sentiments et toutes nos pensées se portent-ils vers la pacification du royaume de France, et désirons-nous que les sujets de guerre cessent entre nos très chers fils en Jésus-Christ, Charles et Henri, rois illustres de France et d'Angleterre. »

Suivent des instructions détaillées pour atteindre ce but.

Au besoin, on menacera des censures ecclésiastiques les personnes qui feraient obstacle au rétablissement de la paix.

« Donné à Rome, l'an mil quatre cent trente et un de l'Incarnation du Seigneur, le troisième jour des calendes de mai, la première année de notre Pontificat. »

Dans cette lettre, étant donné le dessein qui l'inspire, Eugène IV ne se serait-il pas emparé de la question de la Pucelle, s'il ne l'eût complètement ignorée, et n'aurait-il pas vu là le terrain propre à ménager entre les deux rois belligérants l'occasion du rapprochement désiré? Mais non, pas un mot qui s'y rapporte, pas une ombre d'allusion. Ce silence prouve manifestement que le Saint-Siège a été laissé dans l'ignorance de tout le procès de Jeanne et que, par la volonté très délibérée du gouvernement anglais, il y est resté tout à fait étranger.

op cit., pages 308 ; 309; 310




Le procès de Jeanne et le procès des Templiers

Il y a donc là deux faits incontestables : l'Eglise et le Saint-Siège ne sont intervenus d'aucune manière dans le procès, et cela fut ainsi par la volonté de l'Angleterre. A la lumière de ces deux faits se dissiperont les quelques ombres dont pourrait paraître couvert le procès de la Pucelle.

Ainsi, par exemple, pourquoi le duc de Bethford exigea-t-il que la cause fut instruite et menée, non par l'inquisiteur de Paris, mais par le faux évêque de Jeanne, le faux « ordinaire », pour user du terme canonique, Pierre Cauchon?

Le duc de Bethford l'exigea parce qu'il savait qu'avec un procès de « l'ordinaire », avec Pierre Cauchon pour juge, la Pucelle serait brûlée, tandis que, avec l'inquisiteur et un simple procès d'inquisition, elle n'eût peut-être pas été condamnée.

N'oublions pas que sur tout le procès, y compris sa préparation, plane la volonté du gouvernement anglais. « Le roi entend que cette fille ne meure pas de sa mort naturelle, mais par arrêt de justice et qu'elle soit brûlée. »

C'est pour qu'on ne suscitât du côté de Rome aucun obstacle à l'exécution de cette volonté, que le Saint-Siège fut tenu à l'écart. On n'était pas d'avis à Londres, disons-le encore une fois, que le pape Martin V intervint dans le procès de Jeanne comme le pape Clément V était intervenu dans l'affaire des Templiers.

Si Philippe le Bel eût été seul à mener le proces de l'ordre du Temple, dans une année ou deux tout eût été fini. L'intervention du pape Clément V produisit ce résultat, de faire durer la cause jusqu'en 1312.

Les régents anglais ne voulurent pas s'exposer au même désagrément. On vient de voir les mesures qu'ils prirent pour l'éviter.
C'est donc fausser l'histoire que d'avancer et persister à soutenir que le Saint-Siège et l'Eglise ont jugé Jeanne à Rouen en 1431 et l'on fait brûler.

Reste le préjugé profondément enraciné dans beaucoup d'esprits, qui attribue à la procédure inquisitoriale la condamnation de l'héroïne.

Cette procédure, dit-on, força la main aux juges : ils eussent voulu ne pas condamner, qu'ils ne l'auraient pas pu.

Est-on fondé à raisonner de la sorte ?

Nous sommes convaincu du contraire et voici pourquoi.-

op cit., pages 311;312

à suivre
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Message  gabrielle Jeu 19 Avr 2012, 7:46 am

La condamnation de la Pucelle et la procédure inquisitoriale

Si les juges se fussent exactement conformés aux règles de la procédure des causes de foi, ils n'eussent jamais condamné la Pucelle. S'ils l'ont condamnée, c'est parce qu'ils ont violé ces règles, au lieu de les observer.

L'évêque de Beauvais a prononcé sur la place du Vieux-Marché de Rouen une sentence capitale.

D'où lui est venue cette audace à lui, juge sans compétenee et sans pouvoirs?

Elle lui est venue du commandement que lui avait intimé le gouvernement anglais ;pour exécuter ce commandement, il a foulé aux pieds les principes du droit les plus formels, les plus imprescriptibles, ainsi qu'il a été prouvé au cours de cette étude. Le gouvernement anglais l'avait chargé de faire brûler son ennemie, en se couvrant des lois et en prétextant la procédure de l'Eglise.

Pierre Cauchon a saisi la signification de cet ordre : il l'autorisait à transgresser ces lois et à se moquer de cette procédure.
Que fût-il arrivé, si la Pucelle eût été jugée par un tribunal ecclésiastique indépendant, dont les membres se fussent préoccupés uniquement d'observer les prescriptions de la procédure canonique, de rechercher la vérité, de remplir un devoir sacré de conscience?

Il fût arrivé qu'aucun des nombreux cas de nullité relevés dans le procès de 1431 ne se serait produit, entre autres les suivants :

Ce procès régulier n'eût pas eu à sa tête un juge sans compétence et sans pouvoirs, un évêque vendu à l'Angleterre, entouré d'assesseurs ne visant qu'à donner satisfaction au gouvernement dont ils étaient les valets. On n'eût pas refusé à l'accusée un avocat-conseil, et son incarcération en prison d'église, deux abus odieux de pouvoir, deux dénis de justice dont on ne lavera jamais le triste évêque de Beauvais.

Les douze articles eussent été rédigés conformément aux réponses de Jeanne et n'eussent contribué qu'à faire briller la pureté de sa foi.

Il n'y eût eu ni extorsion d'abjuration, ni substitution d'une cédule fausse à la cédule authentique.

Sans abjuration, pas de relaps; sans relaps, pas de procès de rechute, sans procès de rechute, pas de bûcher. Selon toute vraisemblance, la sentence définitive eût mis Jeanne hors de cause et proclamé sa parfaite innocence.

Voilà le résultat auquel eut abouti un procès jugé par un tribunal indépendant, soucieux de la vérité, du droit, et respectueux observateur des règles de la procédure en usage.

Personne n'est donc autorisé, ni directement ni indirectement, à rendre l'Eglise responsable à quelque degré du procès inique de Rouen ; et l'on conviendra, si l'on veut être impartial, que ce n'est pas l'Eglise, mais le gouvernement anglais et ses juges à gages qui, en 1431, ont condamné et livré au bourreau la Pucelle.

Cette erreur démasquée, avec elle s'écroulent les deux accusations auxquelles elle sert de base, à savoir que l'Eglise se serait déjugée en 1436, par la sentence de réhabilitation, et présentement en 1909, par le décret de béatification.

Qui n'a pas jugé une première fois ne saurait se déjuger. Rome n'a pas jugé en 1431. Elle n'a pu se déjuger plus tard.
Plus tard, elle a jugé par deux fois, sans que ces jugements se contredisent; en 1456 et en 1909.


Loin de se contredire, ces jugements se complètent l'un l'autre; il suffit de quelques instants de réflexion pour se convaincre qu'ils donnent le véritable sens et le dernier mot de l'histoire de l'Envoyée de Dieu.

op cit., pages 312;313;314

à suivre

Des procès de réhabilitation et de béatification
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Message  ROBERT. Jeu 19 Avr 2012, 10:28 am

gabrielle a écrit:
La condamnation de la Pucelle et la procédure inquisitoriale

(...) Sans abjuration, pas de relaps; sans relaps, pas de procès de rechute, sans procès de rechute, pas de bûcher.

(...)Qui n'a pas jugé une première fois ne saurait se déjuger. Rome n'a pas jugé en 1431. Elle n'a pu se déjuger plus tard. Plus tard, elle a jugé par deux fois, sans que ces jugements se contredisent; en 1456 et en 1909.



op cit., pages 312;313;314
.

Logique et conclusion imparables.
.
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Message  gabrielle Ven 20 Avr 2012, 7:56 am

Des procès de réhabilitation et de béatification

Le procès de révision et le procès de béatification sont deux procès catholiques et français.

A la France revient l'honneur de les avoir sollicités, à l'Eglise celui de les avoir jugés.

Le procès de revision fut directement un procès de réparation et de justice envers la Pucelle.

Indirectement, il fut le procès de condamnation de ses juges.

Le procès de béatification est un procès de justice et de glorification de la servante de Dieu.

Après avoir rendu justice à son innocence en 1456, et reconnu que ses ennemis n'avaient aucun crime à lui reprocher, l'Eglise rend aujourd'hui justice à ses vertus héroïques, et proclame que la « Fille de Dieu » a fait beaucoup de bien, sans jamais avoir fait de mal.

Le jugement de béatification est la confirmation réitérée de la condamnation des juges de Rouen, une approbation et une confirmation de la sentence de réhabilitation des juges 1456.

Réhabilitée, Jeanne entrait au Panthéon de l'histoire. Béatifiée, elle entre dans la gloire de la « Cité de Dieu ».


op cit., page 315

à suivre

Du procès de réhabilitation
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Message  gabrielle Sam 21 Avr 2012, 8:11 am

Du procès de réhabilitation

Nous venons de le dire : si le procès qui a fait « juger, condamner, brûler Jeanne d'Arc » est l'œuvre de l'Angleterre, le procès qui l'a réhabilitée est l'œuvre de la France et de l'Eglise. En le sollicitant de la justice du pape Calixte III. Charles VII a réparé, autant qu'il le pouvait, l'inaction où il était demeuré durant la captivité de la jeune fille à qui il devait la couronne. En se prêtant au désir de ce prince et en accédant à sa demande, Calixte III a rempli noblement le devoir qui lui inconbe en qualité de Vicaire de Celui qui doit au dernier jour juger « les justices mêmes », « ego justitias judicabo ».

On a reproché à Charles VII d'avoir attendu vingt ans avant de venger la mémoire de la suppliciée.

On a reproché au Saint-Siège de n'avoir consulté que l'intérêt politique; se portant toujours du côté du plus fort; du côté de l'Angleterre, pour le procès de condamnation, du côté de la France quand il fut question de la réhabiliter.
(A. France, Vie de Jeanne d'Arc, préface citée.)

Que ce reproche ne trouble pas le lecteur : il n'est pas encore justifié. L'historien qui l'a émis s'inquiète assez peu d'être d'accord avec les documents et les faits.

Le reproche adressé à Charles VII n'est guère plus sérieux. Ce prince s'est occupé de la revision du procès de la Pucelle dès que cette revision a été possible. Elle est venue à son heure, par la raison très simple qu'elle ne pouvait avoir lieu plus tôt.

Pour que le procès de Rouen fût revisé, une condition était indispensable : il fallait que la Normandie et sa capitale ne fussent plus en la possession des Anglais.

Or la Normandie ne redevint française, Rouen n'ouvrit ses portes au roi de France qu'en octobre-novembre 1449. C'est le 10 novembre de cette année, vingt ans environ après le drame du Vieux-Marché, que Charles VII entrait solennellement dans la ville où Jeanne d'Arc avait été brûlée. Et l'archevêque qui le reçut était un des chanoines de Rouen qui en 1431, trésorier du Chapitre, avait porté sur l'héroïne, à l'occasion des douze articles, lê même jugement que les théologiens de l'Université de Paris.

Le 15 février suivant (1450 nouveau style). Charles VII donnait à son « ami et féal conseiller, maître Guillaume Bouillé, docteur en théologie», mission de rechercher la vérité sur le procès de Jeanne. II n'y avait pas eu de temps perdu.
Vingt jours après, les 4 et 5 mars, maître Bouillé procédait à la première enquête.

Ce jour-là, le procès national commençait, préparant les voies au procès canonique.

Celui-ci s'ouvrait le 17 novembre 1455, en vertu du rescrit du pape Calixte III qui, le 11 juin, avait chargé l'archevêque de Reims, l'évêque de Paris et celui de Coutances, de procéder à la revision du procès de 1431, et « de rendre, en écartant tout appel, une sentence selon la justice ».

Le 7 juillet 1456, cette sentence était rendue, l'innocence de la Pucelle reconnue et sa réhabilitation accomplie.

Cette fois-ci, l'Eglise avait jugé et bien jugé. Ni la France ni l'histoire n'ont appelé de ce jugement.

op cit., pages 316;317
à suivre

Du procès de béatification
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Message  gabrielle Dim 22 Avr 2012, 7:36 am

Du procès de béatification

Par le procès de réhabilitation, l'Eglise a rendu justice une première fois à Jeanne d'Arc.

Par le procès de béatification, elle lui rend justice une seconde fois. Après avoir proclamé son innocence, elle proclame sa sainteté.


Ce procès de béatification a étonné beaucoup d'esprits, sérieux d'ailleurs et impartiaux.

Cet étonnement a grandi lorsque, le 6 janvier 1904, le Chef de l'Eglise décrétait « l'héroïcité des vertus de la servante de Dieu ». Aujourd'hui, que Jeanne a pris place au rang des bienheureux, on se demande le pourquoi de cet intervalle de près de cinq siècles entre la réhabilitation et la béatification.

La sainteté de l'héroïne avait-elle donc passé inaperçue?

Non, elle n'avait point passé inaperçue, mais des difficultés de toute sorte avaient empêché le fruit de mûrir.

Historiquement parlant, la sainteté de Jeanne perçait à travers ses dits et faits aussi manifestement que sa vaillance et son patriotisme. Mais il fallait saisir le Saint-Siège d'une demande officielle à l'effet d'introduire la cause de la servante de Dieu.

Mais, le procès ouvert, il devenait nécessaire de fournir la preuve positive de l'héroïcité de ses vertus. Mais il devenait indispensable de résoudre certains problèmes de critique et d'histoire devant lesquels critiques et historiens étaient restés divisés.

Jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, l'heure favorable pour venir à bout de ces difficultés n'était pas sonnée : sans compter les raisons d'ordre politique et social, les guerres nombreuses et les sujets de division existant entre les deux pays intéressés directement à cette béatification, l'Angleterre et la France, veux-je dire.

Le fruit ne fut mûr que lorsque la Société de l'Histoire de France eût publié le texte si longtemps désire des manuscrits des deux Procès.

La publication de la Société mit ce texte à la portée de tous les esprits cultivés, et elle eut pour résultat immédiat de faire mieux connaître l'histoire de Jeanne d'Arc.

Par la même on put se rendre compte que l'éclat de sa sainteté ne le cédait pas à l'éclat de son patriotisme et de sa vaillance.
Dès ce moment, l'introduction de la cause de la canonisation de la servante de Dien apparut sous un jour nouveau. Elle devenait non seulement possible, mais. Dieu aidant, facilement réalisable, grâce aux documents qui permettraient de faire la preuve des vertus héroïques de la grande chrétienne qu'avait été Jeanne d'Arc.

L'évêque d'Orléans, Mgr Dupanloup, le comprit. Il ne douta pas que l'heure longtemps attendue ne fût sonnée. En 1869, il signifia la réponse de la Providence aux historiens qui, inféodés à la cause de Pierre Cauchon, prophétisaient que « Jeanne ne serait jamais une sainte de l'Eglise ».

En union avec les évêques de France, il pria le souverain pontife Pie IX de daigner introduire la cause de la canonisation de la servante de Dieu Jeanne d'Arc.

Pie IX accueillit cette supplique avec grand intérêt. Il donna l'ordre de procéder aux formalités traditionnelles. Le 27 février 1894, Léon XIII son successeur signait le décret proclamant Jeanne d'Arc « vénérable ».

Aussitôt s'ouvrait le procès de béatification.

Le 17 novembre 1901, le cardinal Parocchi, ponent de la cause, était saisi d'une dissertation critique sur la prétendue abjuration canonique de la Pucelle dans laquelle l'auteur, historien et prêtre français, établissait que l'abjuration canonique reprochée à l'héroïne n'était qu'un faux et n'avait jamais eu lieu : d'où l'écroulement sans retour de la seule objection qui pouvait arrêter la marche de la cause de béatification.

Fort des conclusions de cet important travail, le pape Pie X signait et publiait, le 6 janvier 1904, le décret sur l'héroïcité des vertus de la servante de Dieu.

A la fin de 1903, on n'attendait plus que la décision du chef de l'Église. Pie X l'a fait connaître en février 1909, et, le 18 avril, dans la basilique vaticane, en présence d'une foule immense de fidèles, le représentant de Dieu sur la terre proclamait Jeanne d'Arc bienheureuse.

La France, par l'organe de ses évêques, auxquels s'unissaient de cœur les catholiques de leurs diocèses, l'Eglise du Christ par la voix de son Vicaire, rendaient à la libératrice du pays, à la suppliciée de Rouen toute justice.

Par ce grand acte, l'Eglise et la France scellaient de leur sceau et arrêtaient définitivement l'histoire de l'héroïne. Désormais, pour le monde chrétien et civilisé, il n'y a qu'une Jeanne d'Arc.

Jeanne la Française, Jeanne l'héroïque, Jeanne la sainte.


op cit., pages 318;319;320

Fin

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Message  Sandrine Dim 22 Avr 2012, 8:32 am

Merci Gabrielle pour ce beau dossier qui a le mérite d'être très clair !
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Message  ROBERT. Dim 22 Avr 2012, 10:51 am

.

Grand merci à Gabrielle pour ce dossier qui est - permettez-moi une expression anglaise - crystal clear.
.
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Message  Eric Ven 27 Avr 2012, 7:33 am

Très bon .... merci, Gabrielle, pour ce dossier !

Qui n'a pas jugé une première fois ne saurait se déjuger. Rome n'a pas jugé en 1431. Elle n'a pu se déjuger plus tard.
Plus tard, elle a jugé par deux fois, sans que ces jugements se contredisent; en 1456 et en 1909.

Et ajoutons, depuis, l'infaillible jugement de 1920 !
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