LA SOTTISE (extraits du Traité de la Charité, par Saint Thomas d’Aquin)
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LA SOTTISE (extraits du Traité de la Charité, par Saint Thomas d’Aquin)
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La CHARITÉ.
QUESTION 46.
LA SOTTISE.
Passons maintenant à la sottise, qui s'oppose à la sagesse.
A son sujet, nous nous poserons trois questions: 1. La sottise s'oppose-t-elle à la sagesse? — 2. La sottise est-elle un péché? — 3. A quel péché capital se ramènerait-elle? [107]
note explicative:
[107] Qu. 46, Prologue. — Avec l'étude de la sottise, stultitia, — il faudrait peut-être gloser, pour que ce mot ne soit pas compris dans les limites un peu mesquines de sa signification actuelle, la sottise des choses spirituelles, — nous retombons dans l'analyse de la conscience pécheresse. Pour prendre toute leur valeur les trois articles très brefs de cette question demandent à être rapprochés des articles parallèles de la qu. 15, qui traitent de deux vices du même genre, opposés aux dons d'intelligence et de science, l'aveuglement de l'esprit et l'hébétude du sens spirituel. En juxtaposant ces deux études, nous possédons une vue assez complète de l'ensemble de ces dispositions intellectuelles vicieuses qui viennent faire pièce aux inspirations supérieures de l'Esprit de lumière.
D'un côté, celui des dons, nous touchons à ce qu'il y a de plus élevé dans notre vie spirituelle: l'intelligence pénétrante des choses de Dieu, la science vraie de ce monde, les perspectives supérieures de la Sagesse de Dieu; de l'autre, c'est l'aveuglement, l'obtusion du sens spirituel, l'hébétude, la dépravation du jugement. A la hauteur de la chute se mesure la gravité du mal dont nous avons à faire le diagnostic: ce sont un peu ces ténèbres que l'Évangéliste a opposées à la vraie lumière du monde, ténèbres qui enveloppent encore celui-ci pour une si grande part et dans lesquelles menacent toujours de glisser ceux qui résistent à l'Esprit.
(n.d.l.r: toute La question 15 et les notes à relire)
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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La CHARITÉ.
QUESTION 46.
LA SOTTISE.
ARTICLE 1.
La sottise s'oppose-t-elle à la sagesse ?
DIFFICULTES: 1. La sottise ne semble pas s'opposer à la sagesse. A la sagesse en effet semble s'opposer directement la déraison. Or la sottise n'est pas la même chose que la déraison, car la déraison, comme la sagesse, a trait seulement aux choses divines, tandis que la sottise a trait aux choses divines et aux choses humaines.
2. Quand deux choses sont opposées, l'une ne peut être la voie pour parvenir à l'autre. Or la sottise est la voie pour parvenir à la sagesse, comme le dit saint Paul: "Si quelqu'un parmi vous se croit un sage à la manière du monde, qu'il se fasse fou pour devenir sage". La sottise n'est donc pas opposée à la sagesse.
3. Quand deux choses sont opposées, l'une ne peut pas être cause de l'autre. Or la sagesse est cause de la sottise; en effet, selon Jérémie: "Tout homme devient sot par sa science." Et la sagesse est une certaine science. De même Isaïe: "Ta sagesse et ta science, ce sont elles qui t'ont trompé". Or, être trompé, c'est un effet de la sottise.
4. Dans les Etymologies, Isidore dit que "le sot est celui qui n'est pas attristé par l'ignominie, ni ébranlé par l'injure". Or cela appartient à la sagesse spirituelle, comme l'affirme saint Grégoire dans les Morales. La sottise ne s'oppose donc pas à la sagesse.
CEPENDANT: Si l'on en croit saint Grégoire, le don de sagesse est l'antidote de la sottise.
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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QUESTION 46.
LA SOTTISE.
ARTICLE 1.
La sottise s'oppose-t-elle à la sagesse ? (suite)
CONCLUSION: Le mot sottise semble venir de stupidité. C'est pourquoi Isidore dit que "le sot est celui qui par stupidité n'est point ébranlé". La sottise diffère de la "fatuitas", en ce qu'elle comporte un affaiblissement du cœur et un obscurcissement des sens, tandis que la "fatuitas" signale une totale privation du sens spirituel. Et c'est pourquoi il convient d'opposer la sottise à la sagesse. En effet, comme le dit Isidore, "sage vient de saveur, car de même que le goût est apte à distinguer la saveur des aliments, de même le sage sait discerner les choses et leurs causes". Il apparaît donc que la sottise s'oppose à la sagesse comme son contraire ; quant à la "fatuitas", elle en est comme la pure négation. Car le "fat" est dépourvu du sens du jugement; le sot, lui, a ce sens, mais obscurci; quant au sage, il l'a, subtil et perspicace [108].
note explicative :
[108] Qu. 46, art. 1, Concl. — Si nous rapprochons, comme nous venons de le suggérer, cet article de l'article 1 de la qu. 15, nous obtenons un tableau de quatre vices qui s'opposent à la lumière des dons intellectuels; ce sont:
— l'aveuglement spirituel, "cæscitas mentis", qui est la privation totale du principe de la vision spirituelle, ou de la perception des biens de l'ordre supérieur;
— l'hébétude du sens spirituel, "hebetudo sensus", qui est le simple affaiblissement de cette perception, ou le fait d'être dépourvu d'acuité intellectuelle;
— la privation totale du sens de discernement spirituel, "fatuitas" (qu'il faut se garder de traduire ici par fatuité, ce qui serait tout à fait équivoque);
— enfin, l'affaiblissement de ce sens, la sottise spirituelle, "stultitia".
(n.d.l.r: toute La question 15 et les notes à relire)
Les deux premiers de ces défauts sont présentés comme étant opposés au don de science et d'intelligence, — en réalité c'est à ce dernier don qu'ils sont particulièrement contraires, — les deux derniers faisant face, pour leur part, au don de sagesse. Ce dont il importe de prendre conscience ici, et qu'une lecture un peu superficielle pourrait ne pas faire voir, c'est la précision technique qui préside à ces discernements. Le premier couple, évidemment, répond au type d'activité intellectuelle qui a été précédemment caractérisé par le terme d' "assensus", auquel correspondent, pour l'intelligence essentiellement, les qualités de pénétration et d'acuité; c'est la faculté de saisir les principes, au sens précis, l' "intelligere". Avec le second couple, celui qui est opposé au don de sagesse, nous retrouvons toujours, et on ne le remarquera jamais trop, cette mention du "judicium", ou de cette sentence ultime qui est prononcée par l'esprit à la lumière des premières causes: celui qui est « "fatuus" est privé de ce sens du jugement; le sot "stultus" le possède, mais hébété; le sage, au contraire, l'a subtil et pénétrant (qu. 46, art. 1, conclusion.). "C'est principalement lorsqu'il est déficient dans la sentence du jugement qu'il porte en se référant à la cause la plus élevée que quelqu'un paraît être sot" (qu.46, art. 1, sol. 1).
En un autre passage du don d'intelligence (qu. 8, art. 6, sol. 1) saint Thomas élargit sa nomenclature des dispositions mauvaises opposées aux dons de lumière, en y ajoutant l'ignorance opposée à la science et la précipitation opposée au conseil. Voici ce texte qui vaut pour sa grande précision, en même temps que pour sa richesse: "Telle qu'on vient de la définir la différence des quatre dons s'accorde manifestement avec la distinction des choses que saint Grégoire déclare leur être opposées. — L'hébétude, opposée au don d'intelligence, est en effet le contraire de l'acuité: or, par similitude, on dit qu'une intelligence est aiguë quand elle peut pénétrer à l'intime de ce qui est proposé; de là l'esprit émoussé, hébété, lorsqu'il n'a pas de quoi pénétrer à fond.
— D'autre part, on est qualifié de sot dès lors que l'on a le jugement perverti en ce qui concerne la fin générale de la vie; et c'est là proprement l'opposé de la sagesse qui fait que l’on a un jugement droit vis-à-vis de la cause universelle.
— L'ignorance, quant à elle, implique un défaut de l'esprit qui a trait aux choses particulières elles-mêmes; et c'est là l'opposé de la science, laquelle permet à l'homme d'avoir un jugement droit dans le domaine des causes particulières, c'est-à-dire dans le domaine des créatures.
— Quant à la précipitation, visiblement elle est l'opposé du conseil, qui fait que l'on ne s'engage pas dans l'action avant la délibération de la raison". La sottise spirituelle est donc une fausseté de jugement, ou un défaut de discernement spirituel relativement aux choses de Dieu; l'- "insipiens" du psalmiste qui s'écrie qu'il n'y a pas de Dieu semble tout à fait correspondre à cet état d'esprit. Le résultat, chez celui qui en est possédé, personne ne pouvant éviter de se représenter un certain ordre et une certaine finalité des choses et de la vie, est cette "sapientia sæculi", cette sagesse du siècle ou du monde dont l'Apôtre a parlé dans sa 1ère aux Corinthiens (ch. 3, v. 18) et que saint Thomas, dans sa sol. 2, présente ainsi: sagesse mauvaise, "appelée sagesse du siècle, parce qu'elle prend pour la cause première et pour la fin dernière un simple bien terrestre".
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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QUESTION 46.
LA SOTTISE.
ARTICLE 1.
La sottise s'oppose-t-elle à la sagesse ? (suite)
SOLUTIONS: 1. Comme le dit Isidore, "l'insensé est le contraire du sage parce qu'il lui manque le discernement et le sens". C'est pourquoi la déraison semble être la même chose que la sottise. Cependant quelqu'un apparaît principalement sot lorsqu'il souffre d'un défaut de jugement relativement à la cause suprême; car, s'il manque de jugement en de petites choses, on ne dira pas pour autant qu'il est sot.
2. De même qu'il y a une mauvaise sagesse, celle qui est dite sagesse du monde, parce qu'elle tient les biens terrestres pour la cause suprême et pour la fin ultime, de même il y a une bonne sottise, qui s'oppose à la mauvaise sagesse, celle par laquelle on méprise les choses de la terre. C'est de cette sottise-là que parle l'Apôtre.
3. La sagesse du monde est celle qui trompe et qui rend sot aux yeux de Dieu. Cela ressort des paroles de l'Apôtre.
4. Ne pas être ébranlé par les injures provient parfois de ce qu'on ne goûte pas les choses de la terre, mais seulement les choses du ciel: ce qui est sottise pour le monde, mais sagesse selon Dieu, comme le dit saint Grégoire. Mais parfois aussi cela provient de ce qu'on est simplement stupide en face de tout. Ce qui est le cas des déments, qui ne saisissent pas les injures. Et alors on a affaire à la sottise.
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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LA SOTTISE.
ARTICLE 2. La sottise est-elle un péché ?
DIFFICULTES: 1. La sottise ne semble pas un péché. Il n'y a pas de péché en effet qui provienne en nous de la nature. Or il y a des gens qui sont sots par nature.
2. Tout péché est volontaire, comme saint Augustin le dit. Or la sottise n'est pas volontaire. Elle n'est donc pas un péché..
3. Tout péché s'oppose à un précepte divin. Or la sottise ne s'oppose à aucun précepte. Donc la sottise n'est pas un péché.
CEPENDANT: On lit dans les Proverbes: "La prospérité des sots les perdra". (Proverbes I, 32) Or personne ne se perd à moins de pécher. Donc la sottise est un péché. (référence ajoutée)
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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QUESTION 46.
LA SOTTISE.
ARTICLE 2. La sottise est-elle un péché ? (suite)
CONCLUSION : Comme nous l'avons dit, la sottise comporte une certaine stupidité dans le jugement, et principalement en ce qui concerne la cause suprême, qui est la fin ultime et le souverain bien. Mais on peut souffrir de stupidité dans le jugement de deux façons. Premièrement en vertu d'une mauvaise disposition naturelle, comme il apparaît chez les déments. Cette sottise là n'est pas un péché. Deuxièmement, parce que l'homme est tellement plongé par les sens dans les choses terrestres, qu'il en devient inapte à percevoir les choses divines, comme le dit saint Paul "L'homme animal ne perçoit plus les choses de l'Esprit Saint"; de même que pour celui qui a le goût infecté par une humeur mauvaise les choses douces n'ont plus de saveur [109].
note explicative:
[109] Qu. 46, art. 2, Conclusion. — Si elle résulte d'une indisposition naturelle, comme chez les fous, la sottise n'est pas un péché; si, au contraire, elle est le fait d'une immersion volontaire de l'esprit dans les choses de la terre, elle est un péché: cette conclusion laconique demande à être éclairée quelque peu par la détermination de l'art. 1 de la qu. 15.
(n.d.l.r: toute La question 15 et les notes à relire)
A propos de l'aveuglement de l'esprit, saint Thomas remarque en effet qu'il arrive que l'homme peut s'appliquer ou ne pas s'appliquer à son objet pour deux raisons: celle que nous venons de dire, c'est-à-dire l'accaparement de l'esprit par d'autres choses qu'il aime davantage (2e raison) et (1ière raison), parce que spontanément sa volonté se détourne de la considération d'un tel objet. On peut donc vouloir spontanément se détourner des choses spirituelles; mais à cela il faut normalement un motif; et ce motif ne peut être guère que l'intérêt porté aux biens terrestres, parmi lesquels les délectations inférieures vont s'affirmer à l'article suivant comme les plus contraires à la vie supérieure de l'esprit.
Saint Thomas s'objecte (qu. 46, art. 2, difficulté 2) que nul n'étant volontairement sot, la sottise ne peut être un péché. Et en effet, répond-il, nul ne peut s'attacher à une telle fin; mais on peut vouloir "ce qui entraîne à la sottise: s'abstraire des choses spirituelles et s'immerger dans les terrestres." Ainsi l'hébétude spirituelle ne peut-elle être une fin que l'on poursuit pour soi; elle apparaît plutôt dans la conscience pécheresse comme une conséquence. Nous pourrions dire peut-être, ce que saint Thomas a reconnu pour la haine, péché directement opposé à la charité, qu'elle est, elle aussi, dans la progression du mal, comme un terme. Celui qui est au comble de la malice se met à haïr Dieu; pareillement celui qui a atteint le fond de la corruption, surtout dans le plaisir inférieur, perd tout discernement des vraies valeurs. Nous sommes, en une certaine ligne tout au moins, au comble de la déchéance; en même temps que comme une faute, l'hébétude spirituelle apparaît ainsi comme une sorte de châtiment entraînant, sauf miracle de la grâce, l'incapacité même de se relever. La haine toutefois, qui est la perversion, en son fond, de l'intention volontaire, demeure le péché le plus grave.
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ARTICLE 2. La sottise est-elle un péché ? (suite)
SOLUTIONS: 1. La réponse à faire à la difficulté est claire.
2. Il n'est personne pour vouloir la sottise, sans doute, mais il en est pour vouloir ce qui conduit à la sottise: se détourner des choses spirituelles et se plonger dans les terrestres. C'est la même chose qui se produit pour les autres péchés. Celui qui pèche par luxure veut le plaisir et donc le péché, quoiqu'il ne veuille pas le péché en lui-même: il voudrait en effet obtenir la jouissance sans le péché.
3. La sottise s'oppose aux préceptes relatifs à la contemplation de la vérité. Préceptes dont on a parlé plus haut quand il s'est agi de science et d'intelligence.
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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ARTICLE 3. La sottise est-elle une fille de la luxure ?
DIFFICULTES: 1. Il semble que non, car saint Grégoire, dans les Morales, énumère les filles de la luxure, et parmi elles ne se trouve pas la sottise.
2. L'Apôtre dit que "la sagesse de ce monde est sottise devant Dieu". Mais selon saint Grégoire, "c'est une sagesse du monde que de cacher ses sentiments par des artifices", ce qui appartient à la duplicité. La sottise est donc davantage une fille de la duplicité que de la luxure.
3. C'est par la colère principalement que les gens tournent à la fureur et à la déraison. La sottise, naît donc davantage de la colère que de la luxure.
CEPENDANT: On lit dans les Proverbes VII, 22: " Aussitôt il la suit" (la courtisane), "comme un sot ignorant les liens vers lesquels elle l'attire".
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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ARTICLE 3. La sottise est-elle une fille de la luxure ? (suite)
CONCLUSION: Comme on l'a déjà dit, la sottise, celle qui est un péché, provient de ce que le sens spirituel s'est obscurci et n'est plus apte à juger des choses spirituelles. Or le sens de l'homme est surtout plongé dans le terrestre par la luxure, qui a trait aux plaisirs les plus puissants, qui absorbent, l'âme au maximum. C'est pourquoi la sottise qui est un péché naît surtout de la luxure [110].
note explicative:
[110] Qu. 46, art. 3, Conclusion. — En définitive, c'est aux péchés de la chair qu'il faut principalement rapporter, comme à leur cause, les dispositions opposées aux lumières de l'Esprit: c'est en effet par la luxure que le sens spirituel de l'homme est le plus immergé dans les choses de la terre. A la question 15, article 3, saint Thomas s'expliquait avec plus de détails qu'ici: "La perfection de l'opération intellectuelle dans l'homme, disait-il, consiste dans une certaine faculté d'abstraction à l'égard des images relatives aux choses sensibles; c'est pourquoi plus l'intelligence de l'homme aura gardé de liberté à l'égard de telles images, plus elle aura de capacité pour contempler l'intelligible...
Par ailleurs il est évident que la délectation applique nos facultés aux choses dans lesquelles on se délecte: c'est pourquoi le Philosophe remarque que chacun fait très bien les choses auxquelles il prend plaisir, mais ne fait pas du tout ou fait mollement les choses contraires. Or les vices charnels, c'est-à-dire la gourmandise ou la luxure, consistent dans les plaisirs du toucher, ceux du manger, s'entend, et ceux des actes vénériens lesquels sont les plus véhémentes de toutes les délectations corporelles. Voilà pourquoi, par de tels vices, l'intention de l'homme est appliquée au maximum aux choses corporelles et, en conséquence, son opération par rapport aux choses intelligibles débilitée: mais plus encore par la luxure que par la gourmandise, dans la mesure où les plaisirs vénériens sont plus véhéments que ceux du manger".
Saint Thomas tient manifestement à cette conclusion, que la luxure est ce qu'il y a de plus contraire à l'esprit de contemplation. A l'objection qu'il se faisait (qu. 15, art. 3, difficulté. 1), que ceux qui ne sont pas purs peuvent posséder un grand savoir, il répond que c'est possible pour ce qui est des connaissances particulières, mais que pour la contemplation proprement dite la délicatesse de tels esprits se trouve fort amoindrie par les plaisirs corporels. De même, à la solution. 3, il ne veut pas que ce défaut ait plutôt son origine dans des vices spirituels: "Plus les vices charnels sont éloignés de l'esprit, plus ils détournent son application vers des choses qui en sont plus éloignées, d'où il résulte qu'ils détournent davantage l'esprit de la contemplation." A l'inverse, "les vertus opposées, c'est-à-dire l'abstinence et la chasteté, sont ce qui dispose le plus l'homme à la perfection de son opération intellectuelle".
Conclusions que viennent certainement corroborer et l'expérience et les dires des saints, et dont l'importance pour la direction de la vie spirituelle vers les hauteurs ne saurait être sous-estimée. N'y a-t-il pas là un écho même de la parole du Seigneur: "Bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu".
voir toute la question 15 et les notes.
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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QUESTION 46.
LA SOTTISE.
ARTICLE 3. La sottise est-elle une fille de la luxure ? (suite)
SOLUTIONS : 1. Il appartient à la sottise de donner le dégoût de Dieu et de ses dons. Aussi saint Grégoire nomme-t-il parmi les filles de la luxure deux péchés qui se rapportent à la sottise, "la haine de Dieu et le désespoir du séjour futur". Il divise ainsi la sottise en deux parties.(gras ajoutés.)
2. Ce mot de l'Apôtre n'est pas à entendre à titre causal, mais à titre essentiel. Car c'est la sagesse du monde elle-même qui est sottise devant Dieu. Il n'est donc pas nécessaire que tout ce qui appartient à la sagesse du monde soit cause de cette sottise.
3. La colère, en raison de son acuité, est tout à fait capable de transformer la complexion du corps. C'est pourquoi elle est principalement cause de la sottise qui provient d'un empêchement corporel. Mais la sottise qui provient d'un empêchement spirituel, c'est-à-dire d'un ensevelissement de l'esprit dans le terrestre, naît surtout de la luxure, comme on l'a dit.
"IIa-IIæ, qu.46, par V. VERGRIETE O.P ; notes, par H.D. GARDEIL O.P. Éditions de la Revue des Jeunes, Paris, 1957."
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FIN
Prochain fil: L’ordre de la charité.
(extraits du Traité de la Charité, par S. Thomas d’Aquin)
Prochain fil: L’ordre de la charité.
(extraits du Traité de la Charité, par S. Thomas d’Aquin)
Dernière édition par ROBERT. le Jeu 29 Mar 2012, 11:12 am, édité 1 fois (Raison : mise en forme)
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