La Sainte Vierge, Vinci et Michel-Ange

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Message  Monique Mar 22 Nov 2011 - 2:50

La Sainte Vierge, Vinci et Michel-Ange Pieta10


La Sainte Vierge, Vinci et Michel-Ange

Léonard de Vinci fut un homme extraordinaire. « Dès la fin du XVe siècle (1), moitié par déduction, moitié par divination, il avait entrevu et pressenti les vrais principes de la philosophie naturelle et les applications merveilleuses qu'on pouvait en faire un jour, comme la pesanteur de l'air et la construction du baromètre, l'élasticité de la vapeur et son emploi dans les machines de guerre, l'usage du pendule pour mesurer le temps. » Il fut géologue, orfèvre, sculpteur... Pour nous, il fut mieux encore ; il fut, et de manière éminente, peintre de la Vierge.

La plus merveilleuse des madones de Léonard, c'est la Vierge aux rochers. Tout ce qui, dans le tableau d'un autre homme, apparaîtrait comme une idée tourmentée, un heurt et une gêne de lignes, une gaucherie d'attitudes, devient ici une nouveauté et un attrait, une éloquence. Puis dans le seul choix, dans la seule création des types, Léonard s'est révélé. Il a trouvé une pureté nouvelle, ce qui semblait impossible après les délicieux peintres que nous avons vus, après Fra Angelico ; et cette pureté, qui a l'attraction du mystère, on ne se lasse jamais de la contempler ; toujours elle participera de deux extrêmes qui paraissent peu faits pour s'allier, l'extrême douceur et l'extrême puissance. »

Le critique d'art vient de rapprocher à bon droit Vinci d'Angelico. Les deux peintres, c'est leur gloire, peuvent être mis en parallèle. Tous deux ont une grande piété dans leur composition, Vinci l'emporte par la perfection de la beauté humaine ; Angelico, par l'idée plus céleste.

Plus heureux que Raphaël, Vinci eut des disciples, moins grands que leur maître, mais grands encore. Comme lui, ils aimaient à payer à la Vierge le tribut de leur pinceau.

Ambrogio Borgognone peint pour l'église du Saint-Esprit, à Bergame, sa fameuse Assomption (1508). L'expression extatique des personnages la rend digne de figurer à côté des plus beaux tableaux, produits de l'école Ombrienne.

Bernardino Luini vivait à Milan, à une époque de calamités publiques. « C'est là ce qui explique (1), nous dit Rio, la douce et profonde mélancolie de ses têtes de Vierges... Ici, l'Enfant Jésus est pressé tristement contre le sein de sa Mère... Là, on voit la Vierge, fixant sur son Fils un regard plein de douloureux pressentiments. »

Architecte de la Vierge, Buonarotti fut aussi son peintre. L'Annonciation, la Vierge avec l'Enfant endormi sur ses genoux sont connus par les reproductions qui en ont été faites. L'artiste y fait preuve de science anatomique plus que de science religieuse. J'aimerais à voir dans les Vierges moins de muscles et plus de piété.

C'est le ciseau de Michel-Ange, et non son pinceau, qui paya à la Mère de Dieu le tribut de son génie. Je ne parle pas de ses premières statues de la Madone, si belles soient-elles. Je passe sous silence la Sainte Famille de Doni, et la Madone de Bruges, et les deux Vierges que conservent le Musée national de Florence et l'Académie de Londres. J'arrive du coup au chef-d'œuvre, à la Pietà (2) de Saint-Pierre de Rome.



1. Rio, L'Art chrétien, tome III, pages 33 et 34.
1. Rio, Art chrétien, tome III, pages 224 et 225.
2. Elle est de 1428.



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Message  Monique Mar 22 Nov 2011 - 22:54

C'est Michel-Ange (3), nous dit excellemment Venturi, qui donne le plus de grandeur et de gravité à la douleur de Marie. Une ombre diaphane et légère tombe sur l'auguste front et les yeux clos de la Mère abattue ; son sein est baigné de lumière ; sa main gauche, prête à s'ouvrir et à s'étendre tristement, suit seule le mouvement intérieur de cette âme si pleine de son deuil et de l'immense sacrifice de son Fils. Sa bouche se ferme pour, ne pas gémir; à peine la robe se soulève-t-elle sous les battements de ce cœur en détresse, qui voudrait rompre la prison de son corps. La noble et forte Femme sent bien qu'en perdant son Fils, elle a aussi perdu sa propre raison d'être; mais elle sent aussi le mystère de la Rédemption humaine et l'accomplissement des Prophéties par la volonté de Dieu. »

Sur les portes de la cathédrale de Pise, vous pourrez admirer un joli bas-relief, œuvre de Jean de Bologne. C'est une Annonciation gracieuse, avec cette devise en exergue : RORE COELESTI FAECUNDOR.

Sienne restait fidèle à ses vieilles traditions, dans ses sculptures comme dans ses peintures. Elle est moins anatomique et plus pieuse.

Admirez la Vierge à l'oiseau, joli bas-relief du XVIe siècle, découvert il y a quelques années. C'est d'une naïveté charmante.

L'Italie n'avait pas alors le monopole de ces sculptures. En France aussi, le marbre et la pierre prenaient vie en l'honneur de Notre-Dame. Et dans la France, Troyes est peut-être la ville qui renferme le plus de sculptures religieuses datant de la Renaissance; presque toutes ses églises en sont dotées: La Madeleine a son fameux jubé; Saint-Pantaléon a son groupe célèbre de saint Crépin et saint Crépinien; Saint-Nicolas a sa très gracieuse Présentation de la Vierge; Saint-Jean surtout a sa très somptueuse Visitation.

Ce groupe, presque grandeur naturelle, est, on a pu le dire sans exagération, « un chef-d'œuvre de goût et de distinction (1). » C'est une des plus gracieuses sculptures que la France du XVIe siècle ait offertes à Notre-Dame.

3. La Madone, page 362 et sqq.
1. Statistique monumentale du département de l'Aube.



FIN
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