La Sainte Vierge et le siècle d'Angelico

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Message  Monique Mar 08 Nov 2011, 3:24 pm

La Sainte Vierge et le siècle d'Angelico Bureau53

La Sainte Vierge et le siècle d'Angelico.


Trois sculpteurs du commencement du XVe siècle eurent la gloire de réagir contre les envahissements du naturalisme et de garder, dans leurs Madones, marbres ou terres cuites, les pieuses traditions de l'école mystique. « Ces trois hardis réactionnaires furent Luca délla Robbia, Desiderio da Settignano et Minoda Fiesole (1). »

Grâce au modelage de terre cuite émaillée, dont il est l'inventeur, Luca dellia Robbia peupla les églises d'Italie de ravissantes Madones.

Deux salles du Musée national de Florence, — telles les nefs d'une basilique, — sont presque entièrement décorées des Madones de Luca dellia Robbia, d'Andréa, son neveu, et de sa descendance.

Malgré un véritable talent, Desiderio da Settignano a transmis peu de ses œuvres à la postérité.
Plus heureux fut son élève et ami, Mino da Fiesole. « Il se voua comme son maître à la décoration des tabernacles ; il acquit, à ce titre, une réputation sans égale, à Florence et à Rome. »

Après les sculpteurs, étudions plus longuement, dans leurs rapports avec la Vierge, les peintres contemporains de l'Ange de Fiesole. Ces contemporains s'appellent Gentile de Fabriano, Benozzo Gozzoli, Sandro Botticelli, Filippino Lippi, Domenico Ghirlandajo, Perugino...

Les Madones d'Angelico nous ont apparu ravissantes, auréolées d'une piété toute céleste. A leur vue volontiers l'envie nous eût pris de tomber à genoux et de prier. Les Madones que nous allons étudier nous apparaîtront auréolées de grâce. Le sentiment de la piété ne sera pas totalement absent de ces jolies figures. Mais, tandis que chez Angelico, le charme humain est comme subordonné à la beauté céleste qui transpire à travers les lignes d'un visage transfiguré, ici le charme humain est tel qu'il fait oublier parfois l'idée supérieure. L'œil captivé contemple la belle jeune fille, entourée d'anges ; mais plus difficilement l'âme reconnaît en elle la Vierge d'Israël ou la Mère de Dieu.

1. Rio, Art chrétien, tome I, page 404.


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Message  Monique Mer 09 Nov 2011, 5:06 pm

Gentile da Fabriano naquit en 1370, quelques années avant Angelico. « Il eut le style aussi doux que le nom », disait de lui Michel-Ange. Il fut l'un des premiers à introduire la vie de son temps, la vie seigneuriale et mondaine, dans la peinture sacrée...

L'Adoration des Mages (2) « où, dans un petit espace, se presse devant la Sainte Famille un cortège brillant de seigneurs et de cavaliers, suffit à nous prouver la grâce et la force de cet esprit vif et aimable. Ces chevaux qui piaffent, nous dit Lafenestre, ce grand chien muselé qui veut aboyer, ce singe assis sur un chameau, ces couples de colombes envolées, ces longues files de voyageurs, tournoyant sur les pentes escarpées de la montagne, montrent, non moins que le caractère personnel des visages souriants... combien la génération à laquelle appartient Gentile devenait sensible à tous les spectacles de la vie (1) »

En effet, le décor joue un grand rôle dans cette peinture. La Vierge et l'Enfant, si gracieux soient-ils, sont bien effacés dans cette scène. Bien différents sont les tableaux d'Angelico. Angelico peint le ciel et ses splendeurs ; Gentile semble plus porté à peindre les beautés de la terre.

Filippo Lippi n'eut pas moins de grâce que Fabriano. Son sujet favori fut la Vierge agenouillée devant l'Enfant Jésus.
Il se plut encore à représenter l'adoration des Mages et, à plusieurs reprises, le couronnement de la Vierge.
« Filippo Lippi, nous dit le critique déjà cité, est aussi intéressant (2) dans ses tableaux que dans ses fresques. C'est lui qui, l'un des premiers, enferma les sujets saints dans des cadres de forme ronde, d'un usage plus commode, dans les habitations privées, que l'ancien triptyque à formes architecturales, dont les églises mêmes allaient bientôt réduire les dimensions, en supprimant ses deux volets.

Le succès de son innovation fut rapide. Les âmes pieuses et les esprits cultivés se disputèrent également ses Madones, qui apportaient au chevet domestique des sourires si gracieux, en même temps que de si doux exemples de tendresse maternelle.

2. Tableau conservé à l'Académie de Florence.
1. G. Lafenestre, La peinture italienne, pages 138-140.
2. Lafenestre, La peinture italienne, pages 178-180.





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Message  Monique Jeu 10 Nov 2011, 5:08 pm

Avant d'étudier l'œuvre de Benozzo Gozzoli qui appartient à la seconde génération des peintres du XVe siècle, faisons, ami lecteur, une courte visite à la Flandre et à l'Allemagne, où deux artistes, Memling et Maître Étienne Lochner, se montrent par leur amour de la Vierge, par le pieux mysticisme de leur pinceau, les dignes émules. d'Angelico.

Parlant de Lochner et de Fra Giovanni, un critique a pu dire : « Les deux maîtres ont entre eux une parenté spirituelle. Non sans raison on les a regardés tous deux comme les représentants du mysticisme, inspiré encore par les principes les plus purs de l'Art du Moyen Age (3). »

Sur le fameux retable de la cathédrale de Cologne ne sont trop souvent qu'un prétexte, pour permettre aux artistes de faire parade de leur virtuosité anatomique,
« Guidé par son sens chrétien, Benozzo a deviné d'instinct que de telles ambitions sont deux fois déplacées en pareille matière : c'est une faute contre le bon goût (1) et une inconvenance au point de vue religieux. »

Tout jeune, Sandro di Mariano Filipepi, surnommé Sandro Botticelli, fu confié à Fra Filippo Lippi. Il profita si bien de ses conseils, qu'à la mort de ce maître, il passait déjà, à vingt-deux ans, pour le meilleur peintre de Florence (1469).

Botticelli a peint un très grand nombre de Madones, auxquelles il a donné un charme extraordinaire. On en rencontre dans tous les grands musées de l'Europe. Bien fameuse est la Vierge de la galerie Borghèse, connue sous le nom de Vierge à la grenade. On connaît de cette Vierge cinq ou six répétitions de même dimension et formant médaillons ; mais celle-ci est de beaucoup la plus belle.

Botticelli est au suprême degré le peintre de la grâce : grâce dans les traits de la Vierge, grâce dans l'Enfant qu'Elle porte si délicieusement étendu sur ses genoux, grâce dans les Anges qui jouent avec l'Enfant, ou qui suspendent sur le front de la Mère de Dieu une couronne d'étoiles.

3. J. Helbig, Revue de l'Art chrétien, 1898, page 41.
1. Léonard de Vinci a formulé ce sage précepte :
« Peintre anatomiste, veille bien que ton excessive connaissance des os, des tendons et des muscles ne fasse de toi un pédant, à force de faire montre de ton savoir sur ce point. »





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Message  Monique Lun 21 Nov 2011, 6:38 pm

Ghirlandaio (1449-1494) est contemporain de Botticelli et de Benozzo Gozzoli.
Son sujet de prédilection, à lui aussi, fut l'Adoration des Mages. On peut voir une de ses reproductions dans la galerie des Uffizi.

Si nous avons de l'admiration pour ces œuvres de proportions grandioses, c'est un véritable amour que nous inspirent ses Vierges si pures, si belles. Quelle beauté dans l'ensemble ! Quelle perfection dans le détail !

Mainardi fut élève de Ghirlandaio. Il rappelle aussi Botticelli : la grâce apparaît encore dans ses Madones ; mais ce n'est plus la perfection du maître. Vous en jugerez d'après ce tondo où la Vierge caresse de la main ce gros joufflu qu'est Jean-Baptiste enfant.

Au même siècle les écoles de Murano et de Venise fournissent quelques peintres à la Vierge : les Vivarini, les Bellini... Voici un fragment de retable de l'église Saint-Zacharie de Venise, par Antonio Vivarini et Giovanni da Murano. On y voit représentée une Madone bien gracieuse. L'Enfant y offre une fleur à sa Mère.

Les Bellini sont célèbres, très gracieux dans leurs peintures, mais bien éloignés de la pensée haute et pieuse d'Angelico.

Tout autre est le Pérugin. Nous l'avons réservé pour clore cette série de peintres du XVe siècle qui ont consacré à la Madone le tribut de leur pinceau.

Pietro Vanucci, dit Perugino (1), est un mystique. Il semble avoir eu la vocation d'élever les âmes par ses peintures. Il fit ses plus chères délices de représenter la Vierge Marie.

La Madone miraculeuse du Dôme, connue à Pérouse sous le nom de Madonna delle Grazie, devint son type de prédilection.
Pérugin eut pour contemporains et pour amis plusieurs peintres de la Vierge : Pinturicchio, Lorenzo di Credi...

Pinturicchio ressemble à Pérugin par son élégance et sa délicatesse, mais il n'a pas sa piété. Vous en jugerez en regardant la Madone et le Bambino que conserve la Pinacothèque de Pérouse.

Lorenzo est le condisciple et l'ami de cœur de Pietro Perugino : leur pinceau, à tous deux, a la même dévotion. Le thème, cher entre tous, aux deux artistes est la Vierge en adoration devant l'Enfant Jésus. Pas de peintre qui ait traité ce sujet plus fréquemment et avec plus d'amour. « Aussi, dit Rio (2), ne peut-on se lasser d'admirer le fruit des études scrupuleuses par lesquelles ils préludaient l'un et l'autre, mais surtout Pérugin, à leur composition favorite. Pour se faire une idée du zèle vraiment religieux que ce dernier apportait à sa tâche, il faut voir dans la collection de la galerie de Florence, les dessins à la plume où il a représenté, avec une grâce qui suppose d'autres inspirations que celle du goût, le divin Enfant dans les diverses attitudes où il peut recevoir l'adoration maternelle. »

1. Du nom de Pérouse, où il fit son apprentissage de peintre.
2. Rio, Art chrétien, tome II, page 240.





FIN
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