Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
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Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
Bonjour,
Le 28 juin, j’ai vu dans mon vieux Missel :
Je me suis dit qu’aujourd’hui, plus que jamais, les ennemis de l’Église catholique, avec les conciliaires en tête, font justement cela « saper à sa base le christianisme en faussant toute la pensée chrétienne » ; c’est ce qui m’a incité à mettre sur Te Deum la biographie de Saint Irénée, tirée des petits Bollandistes.
Bonne et sainte lecture.
A venir.
Le 28 juin, j’ai vu dans mon vieux Missel :
Je me suis dit qu’aujourd’hui, plus que jamais, les ennemis de l’Église catholique, avec les conciliaires en tête, font justement cela « saper à sa base le christianisme en faussant toute la pensée chrétienne » ; c’est ce qui m’a incité à mettre sur Te Deum la biographie de Saint Irénée, tirée des petits Bollandistes.
Bonne et sainte lecture.
A venir.
Dernière édition par Louis le Dim 09 Oct 2011, 12:06 pm, édité 3 fois (Raison : ajout du mot « complet » dans le titre du fil.)
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Bienheureux l'homme qui souffre patiemment la tentation, parce qu'après avoir été éprouvé, il recevra la couronne de vie, que Dieu a promise à ceux qui l'aiment. S. Jacques I : 12.
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Re: Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
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Petits Bollandistes a écrit:SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON,
DOCTEUR DE L'ÉGLISE & MARTYR
120-202. — Papes : Saint Sixte Ier; saint Victor Ier. — Empereurs : Adrien; Septime Sévère.Beatissimus Iræneus, Photini successor martyris, qui
a beato Polycarpo Lugdunensem ad urbem
directus est, admirabili virtute enituit.
Irénée, successeur du martyr saint Pothin, donné pour évêque
à la ville de Lyon par le bienheureux Polycarpe,
m'apparaît avec une brillante auréole de vertus.
S. Greg. Turon., Histor., I, 27.
Saint Irénée naquit vers l'an 120 de Jésus-Christ ; il était grec et, selon toutes les apparences, de l'Asie-Mineure, où il passa ses premières années. Ses parents, qui étaient chrétiens, le mirent sous la conduite de saint Polycarpe, évoque de Smyrne, qui l'éleva avec une tendresse paternelle dans l'amour du Seigneur et la pratique de sa loi. Le jeune Irénée, cultivé par des mains si habiles, croissait dans l'innocence, au milieu des exemples de vertu que lui donnait aussi la florissante chrétienté de Smyrne.
Saint Irénée avait conçu pour saint Polycarpe une vénération si profonde, que, peu content de se pénétrer de sa doctrine et de son esprit, il étudiait toutes ses actions, observant avec soin jusqu'à son pas et sa démarche. Il partagea tout son jeune âge entre la pratique de la vertu, la méditation des saintes Ecritures et l'étude des traditions apostoliques. A l'école de saint Polycarpe, il croissait en grâce et en sagesse ; ses heureuses dispositions et sa piété excitaient une admiration générale au milieu d'une Eglise dont les vertus étaient pourtant si admirables. La loi du Seigneur avait pour lui de si puissants attraits, qu'il ne pouvait se lasser de l'entendre ou d'en parler. Lorsqu'il n'assistait pas aux leçons du saint évêque de Smyrne, ou qu'il ne pouvait pas s'entretenir avec, lui, il allait trouver les hommes les plus respectables de cette chrétienté, mais surtout les vieillards qui avaient eu le bonheur de voir et d'entendre les Apôtres ; il les priait de leur raconter ce qu'ils en avaient appris ; et ces récits ne se gravaient pas moins profondément dans son cœur que les instructions de saint Polycarpe.
Dans les ouvrages qu'il nous a laissés, il parle souvent, sans le nommer, d'un saint vieillard qui lui avait donné l'explication de quelques passages difficiles de l'Ecriture. Il cite Papias, évêque d'Hiéropolis, qu'il avait pu voir et entendre à Smyrne, lorsque celui-ci venait conférer avec saint Polycarpe des affaires de la religion. (C'est sans doute ce qui a fait dire à saint Jérôme que saint Irénée avait été disciple de Papias.) Il fait aussi mention de plusieurs autres disciples des Apôtres qui lui avaient parlé de Jésus-Christ et de la gloire de ses élus après la résurrection.
Irénée, dans les desseins de la Providence, était destiné…
Dernière édition par Louis le Sam 09 Juil 2011, 7:56 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout d'une image.)
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Re: Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON,
DOCTEUR DE L'ÉGLISE & MARTYR
Irénée, dans les desseins de la Providence, était destiné, en quelque sorte, à lier les temps des Apôtres au siècle qui devait les suivre ; et le Seigneur lui réservait la gloire de transmettre aux âges postérieurs les traditions apostoliques, et de marcher à la tête de cette suite imposante de défenseurs dont l'Eglise ne devait jamais manquer. Aussi Dieu, dont la sagesse proportionne toujours les moyens aux fins qu'il se propose, avait-il inspiré à notre Saint, pour la doctrine et la gloire de Jésus-Christ, un amour qui, dès son enfance, absorba son âme tout entière.
Polycarpe, interprète fidèle de la volonté divine, envisageait avec un extrême plaisir les progrès que faisait son jeune disciple dans les connaissances propres de sa vocation : il l'aimait tendrement; sa joie était de le voir digne des complaisances du Seigneur, et aimé de toute la chrétienté. Le saint évêque de Smyrne n'attendit pas qu'Irénée, en qui la sagesse et la piété prévenaient les années, eût atteint l'âge ordinaire pour l'admettre dans les rangs de la hiérarchie ecclésiastique. Il lui conféra successivement tous les ordres jusqu'au diaconat.
La dignité de diacre imposait alors des obligations nombreuses et difficiles. Irénée les comprit et les remplit toutes avec cet esprit de foi et de piété qui doit toujours présider au ministère évangélique. Il assistait, au saint sacrifice, les ministres des autels, veillait à l'ordre des cérémonies, exhortait le peuple à la prière, lui prêchait la parole du salut, lui distribuait le corps et le sang de Jésus-Christ, appelait sur lui la paix et les bénédictions du Seigneur et le renvoyait édifié et consolé ; il recueillait les aumônes des fidèles et allait ensuite les distribuer, au nom de Jésus-Christ, aux indigents, aux veuves, aux orphelins, aux infirmes et surtout aux saints confesseurs détenus dans les fers pour la cause de la foi ; avec les soulagements corporels, il leur donnait toujours les consolations de la religion, ranimait leur courage, relevait leurs espérances, leur prêchait et leur inspirait l'amour du divin Maître. Il s'informait des besoins de l'Eglise, en avertissait l'évêque, duquel il recevait avec joie la mission d'y subvenir.
Alors parcourant la chrétienté, il portait en tous lieux les avis ou les exhortations de Polycarpe, mettait tous les enfants en rapport avec le père ; entretenait parmi tous l'esprit de paix, d'union et de charité ; il relevait les uns de leur chute, empêchait les autres de tomber, et ranimait ou maintenait partout la ferveur. Son zèle répondait à la sollicitude de Polycarpe ; ce respectable prélat se reposait sur le jeune et saint lévite de ses soins paternels, l'admettait aux affaires les plus épineuses de son Eglise, et lui en confiait de très-importantes.
Dans toutes ces circonstances, Irénée…
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Re: Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON,
DOCTEUR DE L'ÉGLISE & MARTYR
Dans toutes ces circonstances, Irénée déploya des vertus et des talents qui promirent un apôtre à la religion. Obligé d'instruire les fidèles et de les prémunir contre les pièges de l'erreur, il dut faire briller alors la profonde connaissance qu'il avait acquise des saintes Ecritures et des sciences profanes. Il avait étudié les premières par goût et avec amour ; les autres, par nécessité.
Saint Ignace et saint Polycarpe exhortaient les chrétiens à fermer les oreilles aux perfides insinuations des hérétiques et des impies, qui cherchaient à leur ravir le trésor de la foi. Ces docteurs de mensonge se multipliaient alors d'une manière effrayante, se répandaient dans toute l'Asie et s'efforçaient de semer l'erreur dans les chrétientés les plus florissantes. Une colonie de ces hérétiques observant le cours des conquêtes de la religion, la poursuivit jusque dans, les Gaules, où celle-ci venait de s'introduire. Le commerce fréquent entre les villes maritimes de l'Occident et celles de l'Asie-Mineure, les lettres grecques enseignées dans les nombreuses écoles de la Gaule méridionale, des peuplades entières de négociants asiatiques établis dans ces mêmes contrées, étaient autant de circonstances qui favorisaient les pernicieux projets de ces séducteurs; ils ne le comprirent que trop ; ils partirent donc en grand nombre de l'Asie, débarquèrent dans les ports Phocéens de la Méditerranée, et remontant le Rhône jusqu'à Lyon, la Garonne jusqu'à son embouchure, la Saône jusqu'aux Vosges, répandaient la peste de leurs erreurs dans les pays qu'arrosent ces fleuves et dans les villes voisines.
En attendant qu'il fût donné à Irénée de venir combattre l'hérésie dans l'Occident, il la repoussait dans l'Orient et en préservait l'Eglise de Smyrne.
La méditation de l'Ecriture sainte, la lecture assidue des épîtres des Apôtres, de saint Ignace et des autres hommes apostoliques du même temps, les leçons et l'exemple de saint Polycarpe, lui avaient inspiré un amour ardent pour la foi et la gloire de Jésus-Christ, et une horreur souveraine pour l'hérésie, qui voulait corrompre et altérer la doctrine de l'Evangile. Dans le désir et l'intention de défendre celle-ci et de combattre celle-là, saint Irénée avait fait une étude particulière des systèmes nombreux du gnosticisme : il avait pénétré avec dégoût, mais avec dévouement, dans le chaos des fables du paganisme et dans le dédale des erreurs de l'hérésie. L'étude du paganisme et des hérésies lui parut nécessaire ; dès lors, il ne balança pas de faire à l'Evangile le sacrifice de ses répugnances et de ses dégoûts pour lui faire plus sûrement celui de l'erreur.
Semblable à un général qui examine le fort et le faible d'une place dont il médite le siège, il explora attentivement les camps ennemis qu'il devait attaquer ; il acquit une connaissance si étendue et si exacte des systèmes des hérétiques, des théogonies des païens, des ouvrages de leurs poëtes, de leurs orateurs, de leurs philosophes et de leurs livres prétendus sacrés, qu'il pouvait indiquer aux sectaires les sources honteuses d'où ils avaient tiré leurs mensonges et leurs rêveries ;
il prouvait, en effet, aux Valentiniens qu'ils avaient emprunté leurs maximes et leurs principes d'Àntiphane, de Thalès, d'Anaximandre, d'Anaxagore, de Démocrite, d'Empédocle, d'Epicure, d'Hésiode, des Stoïciens, des Cyniques, des Péripatéticiens, des Pythagoriciens ;
il leur montrait les passages de ces auteurs qu'ils avaient tronqués ou forcés pour les accommoder à leurs imaginations, que telle partie de leur système était calquée sur tel endroit d'un auteur ancien qu'il leur citait.
Aussi les vastes connaissances qu' Irénée s'était acquises pour la gloire de Jésus-Christ, n'ont-elles pas moins excité l'admiration des saints Pères, que ses vertus, ses talents et son génie :
Tertullien, qui a puisé dans les ouvrages de notre Saint, le fond de son livre contre les Valentiniens, l'appelle un homme versé dans toutes les sciences.
Saint Epiphane nous le représente s'avançant noblement au combat, environné des lumières de la foi et de tous les secours de la science.
Saint Ephrem trouve de la magnificence dans sa doctrine ; elle apparaît comme un flambeau lumineux à Théodoret, qui s'appuie souvent de l'autorité de ce docteur admirable ; en un mot, toute l'antiquité sacrée a parlé d'Irénée comme d'un saint également versé dans les sciences divines et humaines, et a loué le noble usage qu'il fit de ses talents, dans toutes les circonstances de sa vie.
Il était à peine admis dans la hiérarchie de l'Eglise, que déjà il promettait à la religion un glorieux défenseur, et à l'hérésie un indomptable adversaire. En attendant que le temps fût arrivé de l'opposer aux ennemis de l'Eglise, la Providence l'avait mis à l'école du zèle et de la vertu, et Irénée, toujours fidèle à la volonté de son Dieu, travaillait à la gloire de Jésus-Christ dans le cercle de ses attributions.
Le zèle d'Irénée s'enflammait d'une nouvelle ardeur lorsqu'il voyait partir de Smyrne les missionnaires que Polycarpe envoyait dans les Gaules ; mais le moment marqué par la Providence n'étant pas encore arrivé, Irénée continua à faire l'édification de la chrétienté de Smyrne, à remplir les fonctions que lui confia saint Polycarpe, à se préparer aux desseins du Seigneur et à désirer dans la pratique de toutes les vertus le jour où il voudrait bien disposer de lui.
L'Eglise de Lyon, qui avait à sa tête saint Pothin…
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L'Eglise de Lyon, qui avait à sa tête saint Pothin, dont les forces, affaiblies par l'âge, les travaux et les infirmités, servaient mal l'ardeur de son zèle, réclama bientôt de nouveaux secours. Saint Pothin fit connaître à saint Polycarpe l'état de son peuple et le pria de s'intéresser à la conservation d'une Eglise qui lui devait de si heureux commencements.
Saint Irénée, que la Providence avait destiné à cette mission, avait reçu du ciel des signes de vocation auxquels son saint maître ne resta point étranger. Il était alors dans la force de l'âge, nourri des divines Ecritures, habile dans les lettres humaines, parfait dans la pratique de toutes les vertus, et réunissait en lui toutes les qualités qu'exigeaient les besoins de la chrétienté lyonnaise.
Les Gnostiques, partis d'Asie presque en même temps que Pothin, suscitaient au saint missionnaire les plus sérieux obstacles; déjà ils infectaient de leurs erreurs les contrées qu'arrose le Rhône ; leurs prestiges et la corruption de leur morale leur faisaient un grand nombre d'adeptes, surtout parmi les personnes du sexe. Les païens, incapables de distinguer la véritable Eglise d'une secte qui se donnait aussi le titre de chrétienne, pouvaient confondre, comme ils confondirent en effet, l'une avec l'autre, et accuser les catholiques des turpitudes et des erreurs des Gnostiques. Les avantages de l'hérésie étaient autant de pertes pour la vérité, et si celle-là parvenait à établir son règne à Lyon, celle-ci en allait être exclue peut-être pour toujours. Il importait donc aux prédicateurs de l'Evangile de triompher, dès les premiers temps, d'un ennemi qui travaillait à les supplanter dans leur nouvelle conquête.
Saint Polycarpe mesura la grandeur du besoin de sa mission chérie et fut effrayé du danger qu'elle courait. Il comprit qu'il lui fallait un homme capable d'arrêter l'erreur et de propager la vérité; un homme qui, par sa science, pût réduire les sectaires au silence, gagner de nouveaux disciples à Jésus-Christ et édifier les fidèles par ses vertus. La mission était grande et difficile, mais elle n'était point au-dessus d'Irénée ; ce fut sur lui que se fixa le choix de saint Polycarpe. Ce vénérable vieillard aima mieux se séparer d'un disciple si cher et priver son Eglise d'un si ferme appui, que de laisser le flambeau de la foi s'éteindre dans les Gaules, au souffle de l'erreur. Il aurait craint, d'ailleurs, de s'opposer à une vocation que Dieu lui avait manifestée par tant de signes éclatants. Il l'envoya donc où l'appelait l'esprit de Dieu, et lui adjoignit des collaborateurs capables de seconder son zèle et de partager ses travaux. L'amour de saint Irénée pour Jésus-Christ et pour la religion nous donnera la mesure de la joie et du bonheur qu'il dut éprouver lorsque saint Polycarpe lui imposa cette importante mission. Il la reçut avec autant de respect que si le Seigneur en personne la lui eût donnée, et il ne pensa plus qu'à la remplir.
L'arrivée de saint Irénée et de ses compagnons…
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L'arrivée de saint Irénée et de ses compagnons à Lyon fut, pour la chrétienté de cette ville, l'aurore d'un heureux avenir. Saint Pothin accueillit avec des transports de joie, et bénit au nom du Seigneur les apôtres que le ciel envoyait à son aide. Son bonheur passa ses espérances, lorsqu'il eut connu tout le mérite d'Irénée ; car, à peine arrivé dans le champ où l'avait envoyé le père de famille, ce nouvel ouvrier se mit à le cultiver avec une ardeur qui lui donna une nouvelle fécondité ; son zèle, sa science, son amour pour la paix et le don qu'il avait de la maintenir partout, faisaient l'édification de ses frères et le bonheur de cette Eglise naissante. Ce fut alors que saint Pothin éleva le jeune apôtre au sacerdoce.
Irénée honora son auguste caractère par une piété plus ardente, un zèle plus actif; d'autant plus confondu de cette dignité, qu'il en connaissait mieux la grandeur et les obligations, il redoubla d'efforts pour remplir les vues et correspondre aux bontés du Seigneur. Ses vertus alors brillèrent d'un si vif éclat qu'elles attirèrent sur lui la vénération publique, et qu'on lui donnait communément le titre de zélateur du nouveau Testament : et lorsque la chrétienté de Lyon le députa à Rome pour les affaires de l'Eglise, elle n'allégua d'autre titre pour lui à la protection du souverain Pontife, que son zèle et sa sainteté, sans faire valoir le droit que lui donnait la dignité sacerdotale.
Les instructions et les exemples d'Irénée produisaient des fruits heureux et abondants ; par ses soins, un peuple de Saints croissait sous les regards satisfaits de Pothin ; ce vénérable vieillard, déjà courbé sous vingt années d'apostolat, ne pouvait plus suffire aux ardeurs de son zèle ; il était cependant encore l'âme de son Eglise : il dirigeait tout par sa sagesse ; son peuple était sa famille, tous les chrétiens étaient ses enfants ; tous le chérissaient et le vénéraient comme leur père. On eût dit la chrétienté de Smyrne transportée dans les Gaules.
Notre Saint, dont la modestie égalait les mérites, regardait en outre son évêque comme son oracle, il ne parlait et n'agissait que par ses ordres et d'après ses conseils ; le ciel souriait à cette paix angélique et bénissait une société si digne de lui. Saint Irénée nous a laissé un tableau touchant des vertus dont l'Eglise de son temps offrait au monde le spectacle ravissant, et des miracles que Dieu opérait alors dans son sein. Il ne nomme aucune Eglise en particulier, mais parce qu'il en parle comme de choses qu'il avait vues de ses propres yeux, nous ne doutons pas que tout ce qu'il dit ne puisse s'appliquer à la chrétienté qu'il édifiait et dont son humilité lui aura fait taire le nom.
« Aux uns », dit ce grand Saint, « le Seigneur dévoile l'avenir et les charge d'annoncer des événements que la perspicacité humaine ne peut prévoir ; il donne aux autres le pouvoir de chasser les démons, de guérir les maladies les plus invétérées, et de rappeler à la vie des corps inanimés ; des morts ressuscites ont vécu longtemps au milieu de nous. A ceux-ci, il accorde le don des langues; il découvre à ceux-là les secrets des cœurs ; rien ne paraît impossible à la vivacité de leur foi, à l'ardeur de leurs prières; Jésus-Christ ne refuse jamais rien à des vœux qui sont formés pour sa gloire ».
Dans le même temps, l'Eglise d'Asie, que celle de Lyon reconnaissait pour sa mère, fut attaquée par les erreurs des Montanistes. Les fidèles, dans cette double affliction, crurent qu'ils devaient informer le Pape de ce qui se passait chez eux, tant pour en recevoir quelque consolation, que pour le consulter sur les nouvelles hérésies de Montan, de crainte qu'elles ne se glissassent dans leur Eglise comme elles commençaient à faire en celle d'Asie. Ils jugèrent aussi qu'il était de leur devoir d'écrire à leurs frères d'Asie, pour les exhorter à persévérer généreusement dans la foi catholique contre les détestables inventions des hérétiques, qui tâchaient de les corrompre.
Le prêtre Irénée fut choisi…
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Le prêtre Irénée fut choisi pour être le porteur de ces deux importantes épîtres : Pothin, auquel s'étaient joints quelques autres prélats des Gaules, et les saints confesseurs prisonniers étant persuadés que personne n'était plus capable que lui de cette légation. Il se rendit donc à Rome, vers le souverain pontife Eleuthère, qui venait de prendre le gouvernement de l'Eglise, après la mort de saint Soter, enlevé dans la persécution de Marc-Aurèle; il lui proposa ses doutes sur la nouvelle doctrine des Montanistes, et, après en avoir eu une réponse qui confirmait le jugement que les évêques des Gaules avaient porté sur ces erreurs, il prit le chemin d'Asie.
Il est aisé de juger avec quelle joie il fut reçu des fidèles de cette Eglise, où il s'était déjà rendu si illustre par son érudition. Il rassura leurs esprits contre les faux dogmes de Montan, leur montra le sentiment des Occidentaux, confirmé par l'autorité du Saint-Siège, touchant ses erreurs, et les exhorta à demeurer fermes et inébranlables dans la foi de Jésus-Christ. Nauclère, Vincent de Beauvais et Hugues, moine de Fleury, disent qu'il se trouva à un concile assemblé dans la ville de Césarée, en Palestine, où la discipline ecclésiastique fut fortement établie contre les maximes de cet hérétique ; néanmoins, le cardinal Baronius croit qu'il ne fit pas ce grand voyage et qu'il ne passa point à Rome.
Quoi qu'il en soit, il est constant qu'étant en cette dernière ville, il vit l'hérésiarque Valentin cassé de vieillesse, et deux de ses disciples, Florinus et Blastus, déposés du sacerdoce par Eleuthère; il les confondit dans les discussions qu'il eut avec eux et retira un grand nombre de personnes de leurs impiétés.
Le démon, jaloux…
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Le démon, jaloux de la prospérité toujours croissante de la chrétienté de Lyon, suscita contre elle une violente persécution. Tous ceux qui étaient intéressés à maintenir le règne de la superstition, réveillèrent l'attention des magistrats, commencèrent à souffler dans tous les cœurs la haine dont ils étaient animés, et ameutèrent la populace païenne contre les chrétiens ; leur religion fut plus que jamais tournée en ridicule ; leurs mœurs accusées d'infamie, leur conduite traitée d'insubordination ou de désobéissance aux lois de l'empire, et de mépris pour les dieux et pour la religion nationale.
Afin de rendre leurs personnes odieuses, on inventait et l'on débitait chaque jour contre eux de nouvelles calomnies. Les chefs et les principaux de la chrétienté étaient ceux que cherchaient les traits les plus envenimés de la haine. Mais saint Pothin attirait surtout les regards et l'attention des ministres des faux dieux.
Les chrétiens se virent partout insultés : on les repoussait des assemblées; on les expulsait ignominieusement des places publiques ; on les huait dans les rues ; souvent même, des hommes de la lie du peuple, préludant à la férocité des bourreaux et des bêtes, les frappaient, les poursuivaient à coups de pierres ; des murmures menaçants s'élevaient de toutes parts ; des anathèmes terribles éclataient dans la ville ; des cris de mort venaient retentir aux oreilles des chrétiens, dès qu'ils se hasardaient à sortir de leurs demeures.
Ces signes présagèrent à saint Pothin et à saint Irénée de sinistres événements ; ils comprirent que le temps des épreuves était arrivé. Pothin vit avec bonheur s'approcher le moment désiré où, à l'exemple des Apôtres et de son maître saint Polycarpe, il devait donner sa vie à Jésus-Christ, et cimenter par son sang les fondements de son Eglise. Il se reprochait en quelque sorte les infirmités et la faiblesse de son âge, qui l'empêchaient d'aller se montrer à son peuple et soutenir sa constance au milieu des maux qui le menaçaient. Mais il connaissait le zèle et le courage d'Irénée ; il se reposa sur lui de sa sollicitude pastorale. Irénée, dont l'âme semblait grandir à mesure que les dangers augmentaient, exposa cent fois sa vie pour ranimer la constance des fidèles et les préparer au dernier sacrifice que le Seigneur imposait à leur foi et à leur amour.
En effet, la populace païenne, poussée, dirigée par des chefs altérés du sang des innocents, arracha de leurs retraites les principaux d'entre les chrétiens, massacra les uns, traîna les autres dans les prisons, d'où ils ne sortirent que pour périr avec plus d'éclat, et amuser, par leurs souffrances, les barbares loisirs du peuple idolâtre.
Les magistrats païens n'ayant plus besoin de victimes humaines pour amuser le peuple, mirent un terme au massacre des chrétiens de Lyon. Ils croyaient avoir anéanti le christianisme, ou du moins avoir répandu parmi le reste des fidèles une telle épouvante, que désormais ils n'oseraient plus pratiquer extérieurement leur religion.
En effet, les colonnes de la chrétienté de Lyon étaient brisées : les pasteurs avaient été frappés et leurs ouailles dispersées ou égorgées avec eux. Les fidèles qui leur survivaient, errant çà et là, se dérobaient comme ils pouvaient aux regards des loups ravisseurs. Le Seigneur les protégeait ; de même qu'il avait permis que la religion fût cimentée dans le monde par le sang des martyrs, de même aussi il avait voulu que des martyrs fussent à Lyon les fondements d'une Eglise qui devait dans la suite des siècles donner tant de gloire à son nom.
Les païens avaient crû noyer cette Eglise naissante…
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Re: Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
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Les païens avaient crû noyer cette Eglise naissante dans le sang de ses enfants; mais Irénée lui restait encore: c'était lui que le Seigneur avait chargé de cultiver un sol fécondé par le sang des martyrs. Ce grand homme comprit toute l'importance et les difficultés de sa mission ; mais rien n'effrayait son cœur magnanime. Son courage, toujours supérieur aux obstacles, croissait avec eux ; toutefois, avant de mettre la main à l'œuvre, il crut devoir religieusement obtempérer aux dernières volontés des martyrs qui l'avaient chargé d'aller à Rome, pour déposer aux pieds du souverain Pontife les peines qu'avaient causées à ses plus fidèles enfants les ravages des nouvelles hérésies, et les vœux qu'ils avaient formés pour la paix de l'Eglise et l'union de tous ses membres.
Lorsque les Martyrs confièrent cette mission à Irénée, les circonstances semblaient devoir les forcer de le retenir auprès d'eux; « mais la charité de Jésus-Christ les pressait ». D'ailleurs, la persécution venait d'immoler leur père, et l'Eglise de Lyon était sans pasteur ; il était urgent de lui en donner un, et personne ne pouvait occuper plus dignement qu'Irénée la chaire de saint Pothin. Ils l'avaient donc député à Rome avec une lettre particulière de recommandation, dans laquelle ils faisaient au saint pape Eleuthère le plus bel éloge des vertus et des qualités de celui qu'ils avaient choisi pour premier pasteur.
« Nous avons chargé », disaient-ils, « Irénée, notre frère et notre collègue, de vous porter ces lettres. C'est un zélateur ardent du Testament de Jésus-Christ que nous recommandons à votre paternité. Il est aussi élevé à la dignité sacerdotale, et nous ferions encore valoir ce titre, si le rang donnait le mérite ». Il ne nous reste plus de cette lettre qu'un fragment conservé par Eusèbe; le reste contenait sans doute la prière que les saints Martyrs faisaient au vicaire de Jésus-Christ d'honorer tant de vertus de son approbation, et de confirmer leur choix en conférant à saint Irénée l'onction et la dignité épiscopale.
Une prière que des martyrs faisaient à un saint Pape, en faveur d'un saint prêtre, ne pouvait pas être rejetée. Eleuthère fut heureux d'avoir à préposer à la garde d'une partie du troupeau confié à ses soins, un pasteur si zélé, si vigilant et si habile. Irénée, dont la modestie égalait le mérite, dut seul se plaindre d'un rang qui allait le donner en spectacle à toute l'Eglise ; mais c'était un honneur qui lui imposait d'effrayants sacrifices, et, pour les subir, il se résigna à la dignité épiscopale.
L'occupation de notre Saint, dès qu'il se vit sur la chaire épiscopale, fut de recueillir, pour ainsi dire, les tristes débris de ce naufrage, de ramasser ses ouailles dispersées et de fortifier ceux que le courage des tyrans avait épouvantés, afin de faire refleurir la foi et la piété avec encore plus d'éclat qu'auparavant. Il n'épargna rien pour venir à bout d'une si sainte entreprise : ses paroles, ses exemples, ses conseils, sa science, furent les moyens dont il se servit pour la faire réussir.
En effet, il fit tant par ses prières, par ses prédications, par ses exhortations, par ses remontrances et par ses réprimandes, employant d'abord la douceur et la persuasion, comme parle l'Apôtre, qu'il encouragea les timides, ramena les dévoyés, fortifia les faibles, et enfin, rendit les fidèles de l'Eglise de Lyon des modèles de vertu ; de sorte que nous pouvons dire que leur candeur, leur retenue dans leurs paroles, leur douceur, la sévérité et l'innocence de leur vie, leur charité pour leurs ennemis et leurs plus grands persécuteurs, leur patience dans les injures, leur fidélité dans le commerce, leur éloignement de toute ambition, leur pauvreté, leur chasteté, leur tempérance, et, en un mot, la sainteté visible, constante et uniforme de leur vie, ne contribuèrent pas peu à confondre les adversaires de la religion chrétienne et à établir la doctrine de Jésus-Christ.
Les mêmes signes avant-coureurs…
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SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON,
DOCTEUR DE L'ÉGLISE & MARTYR
Les mêmes signes avant-coureurs qui avaient précédé la première tempête, en présagèrent bientôt une seconde. Les chrétiens de Lyon furent de nouveau soumis à une surveillance tracassière, exposés aux calomnies, aux délations de leurs ennemis, et enfin traqués dans leurs paisibles retraites. Le feu de la dernière persécution, qui n'avait jamais été entièrement éteint, se ralluma de nouveau, et les violences recommencèrent. Irénée l'avait prévu ; il savait que son ouvrage n'était pas celui de l'homme, et que Dieu voulait encore des victimes qui fussent comme le gage de la grandeur future de son Eglise.
Le sang des Martyrs coula de nouveau à flots ; mais Dieu, qui se rit des projets ci des efforts des princes et des peuples conjurés contre lui et contre son Christ, fit cesser la tempête, qu'il n'avait permise que pour sa gloire et celle de son Eglise. D'ailleurs, il destinait Irénée à des travaux qui exigeaient le calme et la paix : il devait l'opposer à des troupes d'adversaires dont on ne triomphait pas en mourant. La persécution finit donc avec le règne et la vie de Marc-Aurèle. Ce prince, coupable de tous les excès que ses officiers exercèrent contre les chrétiens, quoiqu'il ne les eût pas tous commandés, s'était vu de nouveau forcé de prendre les armes contre les indomptables Marcomans : il était déjà parvenu dans leur pays, lorsque, se sentant attaqué d'une maladie grave, il se refusa toute nourriture et se fit mourir de faim. Marc-Aurèle a laissé après lui la réputation d'un stoïcien vaniteux jusqu'au ridicule et à la bassesse, égoïste jusqu'à la cruauté, austère et fataliste dans ses maximes, inconséquent dans sa conduite. Mauvais époux, père négligent, monarque bizarre, il ne régnait que pour lui, et toute son ambition était d'obtenir l'estime ou les flatteries du philosophisme.
Commode, ayant succédé à Marc-Aurèle, décédé le 17 mars de l'an 181, l'Eglise commença à jouir des douceurs de la paix. Ce prince, que Rome regarda comme un second Néron, n'avait, il est vrai, ni piété pour ses dieux, ni respect pour les lois de la nature les plus inviolables, ni fidélité pour ses amis, ni égard à l'innocence et au mérite des hommes ; il épargna cependant le sang des chrétiens, Dieu voulant se servir de sa tyrannie pour châtier ceux qui, sous le règne de son père, les avaient si cruellement traités.
Irénée comprit les devoirs et les avantages que ce calme donnait à son zèle ; pour le mettre à profit, il n'épargna ni veilles ni sacrifices : sa vie fut un dévouement de tous les jours : nul repos lui paraissait légitime. Plein d'admiration pour l'illustre Polycarpe, son maître, il avait le souvenir ou plutôt le cœur rempli de ses vertus, et il en reproduisait dans sa conduite les admirables exemples.
Lorsque le caractère épiscopal lui eut donné avec son maître vénéré une ressemblance de plus, il s'efforça aussi d'imiter, dans l'administration de son Eglise, un modèle formé lui-même à l'école du disciple qui avait reposé sur le cœur de Jésus-Christ.
Aussi remarque-t-on…
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Aussi remarque-t-on dans le caractère et la conduite de saint Irénée, les grandes qualités qu'avaient déployées l'apôtre saint Jean et saint Polycarpe son disciple ; toutes celles de ses actions dont l'histoire nous a conserve le souvenir, révèlent une douceur inaltérable, une charité ardente pour Dieu et pour le prochain, le même amour de la paix, une fermeté inébranlable, un courage héroïque. Il savait que sa nouvelle dignité le mettait en quelque sorte à la disposition de tous, et donnait à chacun des droits à son zèle ; il s'enchaînait donc au bien et aux besoins de tous. Le ciel répandit des bénédictions abondantes sur des travaux entrepris pour sa gloire et poursuivis avec tant de dévouement. Irénée voyait chaque jour venir se ranger autour de lui, à l'ombre de la croix, un grand nombre d'infidèles qui, ne pouvant résister à l'ascendant de ses vertus ni à la force de ses instructions, désertaient les autels des faux dieux et grossissaient les rangs des chrétiens. Les conversions furent si nombreuses, que lorsque, un peu plus tard, l'empereur Sévère voulut détruire dans Lyon la religion chrétienne, il fut obligé de faire périr presque toute la population de cette grande cité.
Le zèle d'Irénée ne se bornait point à son Eglise. Le paganisme régnait encore dans l'empire, et le gnosticisme tentait partout d'arracher à l'Evangile ses nouvelles conquêtes. Cependant la Providence et l'amour de son peuple tenaient notre Saint fixé à ce poste, et il ne pouvait l'abandonner pour voler partout où il y avait des ennemis à combattre. Il s'efforça donc de se multiplier dans ses disciples, et suscita au paganisme et à l'hérésie des adversaires redoutables, qui allaient en son nom les attaquer et les combattre sur tous les points.
C'est pourquoi, sans cesser de se dévouer à son peuple, Irénée donna une attention particulière au clergé de son Eglise, à l'imitation du grand évêque de Smyrne, dont le clergé avait toujours été un séminaire d'apôtres. L'exemple de ses vertus, l'éclat de ses lumières, les leçons de son expérience, formèrent au sanctuaire des ministres dignes de leurs hautes fonctions et conformes à l'idée qu'il s'était faite de la sainteté de leur état.
Sous l'inspiration de l'illustre docteur, Lyon devint en Occident ce qu'avait été Smyrne en Orient, le foyer de la tradition, le gymnase où l'orthodoxie se fortifia par la discussion des doctrines, par la lutte contre l'hérésie. On y vint de tous les points du monde chrétien, et il s'y forma des docteurs célèbres à leur tour, qui, s'appuyant sur les enseignements d'Irénée, entourèrent ce nom du vif et pieux souvenir dont Irénée lui-même avait entouré le nom de ses maîtres.
La ville de Valence, située sur les bords du Rhône, au-dessous de Lyon, fixa la première l'attention d'Irénée ; le commerce y avait attiré plusieurs familles de négociants asiatiques. La voix des premiers prédicateurs de l'Evangile n'y avait que faiblement retenti jusqu'alors, ainsi que dans les autres parties des Gaules. Le paganisme y régnait sans rival, et le gnosticisme accouru de l'Orient, loin de lui donner de l'inquiétude, lui aidait au contraire à détruire dans ce pays les traces qu'aurait pu laisser le passage de la religion. Mais leur empire ne pouvait ni s'établir, ni subsister à côté, pour ainsi dire, d'Irénée. Ce saint évêque leur suscita trois adversaires qui devaient détruire leur ouvrage. Envoyés à Valence par Irénée, les saints Félix, prêtre, Fortunat et Achillée, diacres, vinrent donc élever dans cette ville l'autel de Jésus-Christ contre les autels des faux dieux.
La prédication de ces trois disciples d'Irénée, jointe à la sainteté de leur vie, et soutenue de l'autorité des miracles, gagnèrent en peu de temps un grand nombre d'âmes à Jésus-Christ.
Les saints Ferréol et Ferjeux…
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Les saints Ferréol et Ferjeux, amis intimes des trois premiers apôtres de Valence, et, comme eux, formés à l'école du grand Irénée, obtenaient les mômes succès par les mêmes moyens, dans le pays des Séquanais que leur saint maître avait assigné à leur zèle 1. Les uns et les autres reçurent, quelques années après, sous Caracalla, une récompense digne de leurs travaux, la palme du martyre.
C'était peu pour Irénée d'établir dans les Gaules la religion de Jésus-Christ. Il forma encore d'autres disciples qui, avec le titre d’évêques des nations, allassent prêcher et défendre l'Evangile dans toutes les parties de l'univers. Ces hommes admirables, dit Eusèbe de Césarée, imitant le zèle de leurs maîtres, élevaient l'édifice de la religion là où les Apôtres en avaient jeté les fondements : ils travaillaient avec une application infatigable à la prédication de la foi, répandaient par toute la terre la semence de la divine parole, faisaient connaître Jésus-Christ à ceux qui ignoraient encore son nom, et leur expliquaient sa loi sainte. Lorsque ces hommes apostoliques avaient établi solidement la religion dans un pays infidèle, ils confiaient à des pasteurs stables le soin des âmes qu'ils avaient acquises à Jésus-Christ ; puis ils poursuivaient dans d'autres pays le cours de leurs conquêtes spirituelles. Dieu les accompagnait partout, sa grâce les fortifiait, et le Saint-Esprit opérait, par ses serviteurs, et en faveur de leur ministère, des prodiges aussi éclatants que nombreux ; aussi n'était-il pas rare de voir des peuples entiers s'ébranler à leur voix, et entrer en foule dans l'Eglise de Jésus-Christ.
Tandis que saint Irénée formait à la religion des Apôtres et des Docteurs, il s'efforçait de ramener à l'Eglise les ministres infidèles qui l'avaient désertée pour le schisme et l'hérésie. Comme il n'avait point eu assez de temps à Rome pour combattre les erreurs de Valentin et des autres hérétiques, dont le parti augmentait de jour en jour, il prit la plume pour les réfuter : ce qu'il fit avec autant de solidité que d'érudition et de bonne foi. Il les convainquit principalement par les traditions apostoliques gardées inviolablement par l'Eglise romaine, depuis saint Pierre jusqu'au Pape sous lequel il écrivait.
Notre Saint ne fit pas moins paraître de zèle pour l'établissement de la paix et la concorde de l'Eglise…
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1. Bollandistes, 16 juin, p. 5. — Dunod, Histoire de l'Eglise de Besançon, tome I, p. 24. Cet auteur pense que saint Ferréol fut envoyé par saint Irénée à Besançon, avec la qualité d'évêque; son opinion n'est pas dépourvue de fondement.
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Notre Saint ne fit pas moins paraître de zèle pour l'établissement de la paix et la concorde de l'Eglise, qu'il en avait fait paraître dans ses écrits et dans ses discussions pour la pureté de la foi. Le différend touchant la célébration de la Pâque s'étant réveillé dans presque toutes les Eglises, le pape saint Victor Ier fit assembler un synode à Rome, où il fut ordonné que cette fête serait le dimanche après le quatorzième de la lune de mars, conformément à la tradition apostolique. Polycarpe, évêque d'Ephèse, fit résoudre, au contraire, dans une assemblée des évêques d'Asie, que, suivant leur ancienne coutume, ils la célébreraient le quatorzième de la lune, ainsi qu'elle avait été célébrée par Jésus-Christ même, et qu'elle l'était dans l'ancienne loi, sur quoi il écrivit une Epître synodale au Pape. Ce décret des Asiatiques fut fort mal reçu par saint Victor ; il le déclara contraire à la tradition apostolique et à la coutume générale de l'Eglise, leur fit une réponse fort rude et les menaça de les excommunier. Notre Saint prévoyait que cette rigueur aurait de fâcheuses suites ; ayant fait assembler un Synode d'évêques où le décret de saint Victor fut reçu, il lui écrivit une lettre au nom de tous, dans laquelle il lui remontra qu'il devait modérer son zèle et user de douceur plutôt que de rigueur ; qu'il n'était pas juste de retrancher un si grand nombre d'Eglises de l'Eglise universelle, pour une observation que leurs pères avaient gardée ; qu'il était bien plus à propos de conserver l'union avec ses frères, à l'exemple de ses prédécesseurs, Anicet, Pie, Hygin, Télesphore et Sixte, qui ne laissaient pas d'envoyer l'Eucharistie (marque en ce temps-là de l'union ecclésiastique) à ceux qui ne célébraient pas la Pâque au même jour que l'Eglise romaine. Il ajouta d'autres choses assez pressantes et un peu fortes pour l'obliger d'avoir plus d'indulgence pour les évêques d'Asie. Il écrivit aussi plusieurs autres lettres à des Eglises et à des évêques, pour les exhorter à demeurer soumis au Saint-Siège et à se conformer au décret de saint Victor. C'est ainsi qu'il procura une grande tranquillité à l'Eglise, lors même qu'elle était menacée d'une furieuse tempête, qui aurait été capable de lui faire perdre une infinité de fidèles.
Tous les évêques applaudirent à une issue si heureuse et bénirent Irénée qui, grand selon le nom, avait paru parmi ses frères comme un ange de paix, et rétabli entre eux ces rapports de charité si recommandés par le divin Maître.
De son côté, ce vénérable vieillard rendit grâces à Dieu d'un succès si ardemment désiré; il avait assez vécu, puisqu'il voyait de ses yeux la paix régner de nouveau parmi les enfants de Dieu ; il pouvait terminer dans la joie une vie qu'il avait consacrée tout entière à la gloire de Jésus-Christ et au salut de ses frères ; il avait combattu les combats du Seigneur ; il était arrivé triomphant au bout de sa carrière, il ne lui restait donc plus qu'à recevoir la couronne que lui préparait le Dieu de toute justice.
Mais le martyre seul pouvait dignement couronner tant de travaux et de vertus; et le Seigneur, qui avait destiné son serviteur à venger la vérité, à glorifier son nom parmi les hommes, exigeait encore de lui ce dernier témoignage d'amour, le plus beau qu'un chrétien puisse donner à son Dieu, afin que sa providence réunit sur lui les récompenses qu'elle prépare aux confesseurs, aux vierges, aux pontifes, aux docteurs et aux martyrs.
Tandis que saint Irénée édifiait son Eglise par l'éclat de ses vertus et par la pureté de sa doctrine, Septime Sévère, après avoir laissé quelque temps les fidèles en repos, et les avoir même défendus en plusieurs occasions contre la fureur populaire, en reconnaissance de ce qu'il avait reçu la santé d'un chrétien nommé Procule, qu'il retint auprès de sa personne jusqu'à sa mort, cessa bientôt de leur témoigner la même bienveillance. Alors il y eut partout une effroyable explosion de menaces : des cris de mort s'élevèrent de nouveau de toutes les parties de l'empire et vouèrent les chrétiens aux lions.
Mais nulle part l'idolâtrie…
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Mais nulle part l'idolâtrie ne se déchaîna contre les chrétiens avec plus de fureur que dans la ville de Lyon. La vengeance que Sévère avait fait peser sur elle quelque temps auparavant, avait révélé leur innocence : les païens ne l'avaient point oublié. A peine furent-ils sortis de la stupeur où les avait jetés le courroux du vainqueur, que mesurant toute la grandeur des désastres dont la vue semblait les accuser encore, ils puisèrent même dans leurs malheurs une rage nouvelle contre des chrétiens innocents qui pleuraient, sur des ruines, le crime de leurs concitoyens, et les calamités communes.
Saint Irénée observait ces dispositions des esprits ; il prévit que l'enfer préparait à son Eglise une guerre effroyable ; aussi n'attendit-il pas qu'elle éclatât pour y disposer son peuple. Quant à lui, il vit avec joie s'approcher le jour heureux qui devait éclairer son martyre. Son amour ardent pour Jésus-Christ ne voulait pas un moindre sacrifice, et il conjurait son Dieu de lui accorder cette dernière faveur.
Disciple de martyr, successeur de martyr, compagnon de martyrs, il avait entretenu dans son cœur le désir et l'espoir de sacrifier sa vie à la gloire de Jésus-Christ, et son âme dut s'enflammer d'une nouvelle ardeur à l'approche du jour où Dieu allait enfin mettre le comble à ses vœux. Il lui fut facile d'inspirer les mêmes sentiments à des chrétiens qu'il avait formés. Sans doute, le martyre était alors le sujet ordinaire de ses entretiens et de ses leçons : il en expliquait l'excellence à ses disciples et leur montrait que c'était un des plus beaux privilèges de l'Eglise dont ils étaient membres ; il leur promettait le secours et la force de l'Esprit-Saint, ranimait leur courage en relevant leurs espérances, et faisait briller à leurs yeux la couronne de gloire que Jésus-Christ prépare à ceux qui l'auront aimé jusqu'à mourir pour lui.
« L'Eglise seule », disait le grand Irénée, « a le privilège de former les martyrs et d'en peupler les cieux : c'est une faveur que Dieu accorde à l'amour qu'elle lui porte. Loin de participer à sa gloire, les sectes froides et stériles ne comprennent point la noblesse du martyre, méprisent ceux qui le souffrent pour le Verbe de Dieu, et blasphèment l'Esprit-Saint qui leur en donne le courage. Car les martyrs, forts de la force même de l'Esprit-Saint, sont au-dessus de la faiblesse humaine, et les souffrances leur paraissent légères ; ils bravent la mort et des tourments qui effrayeraient la nature, si l'Esprit de Dieu n'était avec eux 1.
« Jésus-Christ le premier a donné sa vie pour nous ; il a donc droit que, par amour pour lui, nous participions à son sacrifice. C'est pourquoi il avait déjà dit à ses disciples : Vous comparaîtrez, à cause de mon nom, devant les princes et les magistrats : on vous poursuivra de ville en ville ; on vous livrera aux tourments et à la mort. Mais ne craignez point ceux qui, pouvant déchirer le corps, n'ont aucun pouvoir sur l'âme ; craignez plutôt celui qui peut condamner aux flammes éternelles et l'âme et le corps. Oui », ajoute saint Irénée, « craignez celui qui couronne les martyrs et châtie les infidèles. Des hérétiques osent cependant mépriser les martyrs, livrer au ridicule ceux qui donnent leur vie pour le nom de Jésus-Christ. Mais un jour le souverain Juge vengera l'honneur des saints et confondra leurs contempteurs. Pour nous, imitons ici-bas celui qui sur la Croix a demandé grâce pour ses bourreaux, qui nous a recommandé d'aimer nos ennemis ; abandonnons-nous à sa justice et à sa bonté 2 ».
C'est ainsi que…
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1. Iren., adv. hæres. liv. iv, c. 33, n° 9 et liv. v, c. 9, nº 2, 3. — 2. Ibid., lir. iii, c. 18, n° 4, 5.
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C'est ainsi que, déroulant aux regards de ses disciples le tableau des persécutions supportées par l'Eglise dans tous les temps, comme dans tous les pays, saint Irénée, pour exciter leur foi et leur courage, leur rappelait la lutte sublime que des chrétiens de tout rang, de tout sexe et de tout âge, les yeux fixés sur le Calvaire, le cœur fortifié par l'Esprit-Saint, avaient soutenue contre les puissances de l'enfer. D'ailleurs les chrétiens de Lyon étaient les enfants des martyrs : chaque jour ils foulaient le théâtre glorieux où leurs pères avaient combattu pour Jésus-Christ et triomphé des supplices : les lieux témoins du courage et de la victoire de ces généreux athlètes, semblaient les exhorter à ne pas dégénérer de leurs aïeux. Les noms vénérés des Pothin, des Sanctus, des Blandine, des Epipode, des Alexandre, et de tant d'autres martyrs, vivaient encore dans leur mémoire. De si beaux exemples, semés, pour ainsi dire, dans leurs cœurs, y portaient ces fruits de salut qu'allait bientôt cueillir le père de famille; et l'espoir du bonheur, dont le martyre avait assuré la possession à leurs pères, enflammait encore leur courage et leurs désirs. C'était vers ce terme glorieux qu'Irénée élevait leurs pensées. Les désastres et les exécutions sanglantes qui, peu de temps auparavant, avaient désolé la ville de Lyon, attestaient encore la vanité des choses de ce monde, confirmaient ses leçons et portaient les chrétiens à souffrir pour Jésus-Christ des maux que tant de malheureux subissaient forcément pour un homme.
Mais rien ne secondait mieux les leçons d'Irénée que l'exemple de ses vertus : aussi eut-il la consolation de voir croître autour de sa vieillesse un peuple de héros chrétiens, dont toute l'ambition était de vivre et de mourir avec lui.
Ce fut dans ces dispositions que la persécution trouva la chrétienté lyonnaise. Une émeute populaire avait donné à Rome le premier signal de cette persécution, qui, pendant plusieurs années, inonda l'empire du sang des chrétiens. De Rome elle passa à Alexandrie qui se changea en un vaste théâtre de carnage, où brilla le courage magnanime des chrétiens; puis en Occident, où Irénée, comme un soleil qui avait majestueusement fourni sa carrière, allait s'éteindre dans des flots de sang.
Ce grand Saint avait passé quatre-vingts ans au service du Seigneur. Depuis un quart de siècle il occupait le siège de saint Pothin ; il avait confondu l'hérésie, pacifié l'Eglise entière, éloigné de son sein les maux et les scandales d'un schisme ; ses lumières avaient éclairé toute la chrétienté, ses vertus l'avaient édifiée ; toutes ses grandes qualités avaient honoré la religion et glorifié le nom de Jésus-Christ parmi les Gentils : il ne restait plus à Irénée qu'à donner au Sauveur le plus éclatant de tous les témoignages, celui de son sang, et il ne manquait plus à ses mérites que la palme du martyre.
Les décrets impériaux parvinrent à Lyon à la fin de l'an 202…
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Les décrets impériaux parvinrent à Lyon à la fin de l'an 202, et coïncidèrent précisément avec les fêtes décennales qui devaient se célébrer à l'occasion de la dixième année du règne de Sévère. C'était pour les païens de cette ville une occasion favorable de faire oublier leur révolte passée et d'exercer leur vengeance contre les chrétiens : sous prétexte de témoigner leur amour pour leur souverain, ils s'empressèrent à l'envi d'exécuter ses ordres, célébrèrent des fêtes en son honneur, avec un appareil extraordinaire, et multiplièrent les sacrifices pour la prospérité de son règne. Les chrétiens ne prenant jamais part à des fêtes sacrilèges qui se célébraient dans la débauche, leurs ennemis se prévalurent de cette circonstance pour les accuser de rébellion contre le prince, ou de mépris pour sa personne et pour les dieux, et pour attirer ainsi sur leurs têtes le courroux de Sévère. Les chrétiens savaient bien à quels dangers les exposait le refus de participer à ces abominations ; mais ils ne craignaient que Dieu : ils persévérèrent donc dans la pratique de leurs devoirs, et s'abandonnant à la volonté du Seigneur, ils conservèrent le calme et la patience qu'ils avaient montrés en des temps moins menaçants, ou plutôt ils demandèrent à Jésus-Christ la faveur d'unir le sacrifice de leur vie au sacrifice de la croix. Leurs vœux furent bientôt satisfaits. Entouré de la vénération des fidèles, Irénée, comme nous l'avons dit, les préparait au martyre, ranimait leur foi, élevait leurs pensées vers le ciel qui allait s'ouvrir devant eux, et leur apprenait à mépriser une terre où les disciples de l'Evangile sont obligés de vivre confondus avec les partisans de l'enfer. Il leur distribuait souvent le pain des forts, conférait le baptême aux enfants et aux catéchumènes, afin qu'ils ne sortissent pas de cette vie avant d'avoir été régénérés par ce sacrement.
Il inspirait à tous la force et le courage que demandaient les prochaines épreuves.
Cependant les païens, libres de faire aux chrétiens tout le mal qu'ils voulaient, exercèrent leur pouvoir avec une fureur dont l'homme paraît à peine capable. Sans doute, les prêtres des faux dieux la firent d'abord tomber sur Irénée, dont le zèle dépeuplait leurs temples et soutenait la constance des chrétiens; ce vénérable vieillard rendit grâces à son Dieu de ce qu'il mettait le comble à ses faveurs par celle du martyre.
Les yeux levés vers le ciel, le front calme et majestueux, il reçut en le bénissant le coup de la mort, et son âme triomphante alla recevoir enfin dans les cieux la couronne que lui avaient méritée tant de combats sur la terre. Ses enfants généreux, instruits par ses leçons, animés par son exemple, partagèrent son bonheur et sa gloire. De vils assassins, ivres de leur sang, en inondèrent la cité ; armés de poignards, de pierres ou d'armes tranchantes, ils les immolaient partout où les rencontrait leur aveugle fureur. Elle ne fut assouvie que lorsqu'elle ne trouva plus de victimes et que des milliers de chrétiens furent tombés sous ses coups.
Le martyre de saint Irénée arriva l'an 202, selon l'opinion la plus commune ; quelques auteurs le mettent en 208. Les Grecs honorent saint Irénée le 23 août, et les Latins le 28 juin.
Il est fait mention de ce saint Docteur dans Tertullien, Eusèbe, saint Epiphane, saint Jérôme, saint Grégoire de Tours, Ecuménius, Adon de Vienne et dans tous les martyrologes.
On trouve saint Irénée représenté avec un flambeau à la main, soit comme docteur, soit en sa qualité d'apôtre de Lyon : l'Evangile est en effet une lumière qui dissipe la nuit de l'erreur.
A suivre : CULTE ET RELIQUES. — ÉCRITS DE SAINT IRÉNÉE.
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CULTE ET RELIQUES. — ÉCRITS DE SAINT IRÉNÉE.
Le corps de saint Irénée fut enlevé à la faveur des ténèbres par le saint prêtre Zacharie et déposé dans les catacombes de Lyon, avec ceux des autres martyrs de la persécution. On éleva plus tard, à l'extrémité de la ville, une basilique sur la crypte où saint Irénée avait tant de fois réuni ses enfants, et où ses dépouilles mortelles avaient été ensuite religieusement déposées.
Les fidèles ont conservé ce riche trésor avec beaucoup de vénération jusqu'en l'année 1362 : les Huguenots, qui exercèrent alors mille impiétés contre les saintes reliques, ayant pillé la châsse de notre Saint, jetèrent une grande partie de ses ossements dans le Rhône et une autre partie dans la boue; quant au crâne de son chef sacré, ils le roulèrent çà et là par les rues, et le laissèrent enfin dans un égout ; mais il en fut tiré presque en même temps par la piété d'un chirurgien, qui le garda dans sa maison jusqu'à ce que, les troubles des guerres civiles étant apaisés, l'archevêque avec son clergé, accompagné des magistrats de la ville, le transportèrent solennellement dans une procession générale, comme une précieuse relique, du lieu où il était en une église dédiée sous le nom de Saint-Irénée.
Quant à la basilique, elle fut renversée en partie par les sectaires, puis relevée et de nouveau détruite, lors du mémorable et cruel siège de Lyon. La basilique actuelle de Saint-Irénée est à peu près entièrement neuve : elle n'a d'antique que les substructions de l'abside et son église souterraine ; elle touche au magnifique palais formant le refuge Saint-Michel, qui possède une charmante église. Près d'elle aussi se trouve une fontaine dont l'ornementation et le caractère font honneur au goût de l'architecte.
L'ouvrage principal de saint Irénée...
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Re: Saint Irénée, Évêque de Lyon. (complet)
SAINT IRÉNÉE, ÉVÊQUE DE LYON,
DOCTEUR DE L'ÉGLISE & MARTYR
FINCULTE ET RELIQUES. — ÉCRITS DE SAINT IRÉNÉE. (suite)
L'ouvrage principal de saint Irénée, en cinq livres, est connu sous ce titre : Adversus hæreses, contre les hérésies.
Dans son premier livre, saint Irénée expose les rêveries de Valentin sur la généalogie de trente Eons. Ces êtres imaginaires étaient des espèces de divinités inférieures qu'on faisait produire par le Dieu éternel, invisible, incompréhensible, nommé Bathos ou Profondeur, auquel on donnait pour femme Ennoia ou la Pensée, autrement appelée Sigé ou le Silence. Ce système absurde fut formé sur la théogonie d'Hésiode et sur quelques idées de Platon, dans lesquelles Valentin mêla certaines vérités qu'il avait empruntées de l'évangile selon saint Jean. Saint Irénée le refute par l'autorité de l'Ecriture, par celle du symbole dont il rapporte presque tous les articles, et par l'unanimité des différentes églises dans la même foi, unanimité à laquelle il oppose la difficulté qu'ont les hérétiques de s'accorder entre eux. Après avoir parlé de plusieurs de leurs variations, il décrit avec étendue les superstitions et les impostures de Marc, chef des Marcosiens ; puis il expose les erreurs des autres hérétiques qui parurent à la naissance du christianisme.
Il montre, dans son second livre, que Dieu a créé l'univers, et réfute te système des Eons. Il assure, 1. n, c. LVII, éd. Ben. Olim. 32, que les chrétiens opéraient des miracles an nom du Fils de Dieu, et il met ce don au nombre des marques caractéristiques de la .véritable Eglise.
Dans son troisième livre, saint Irénée se plaint de ce que les hérétiques, étant pressés par l'Ecriture, en éludaient l'autorité, prétendant que la tradition était pour eux, et de ce que, quand on les attaquait par la tradition, ils l'abandonnaient et en appelaient à l'Ecriture seule, tandis que l'Ecriture et la tradition fournissaient des armes invincibles contre leurs erreurs. Il fait observer que les Apôtres ont transmis la vérité et tous les mystères de la foi aux pasteurs qui leur ont succédé, et que c'est à eux conséquemment que nous devons nous adresser pour en avoir la connaissance.
Le saint docteur, dans son quatrième livre, prouve l'unité de Dieu, et montre, c. XVII, XVIII, que Jésus-Christ, en abolissant les anciens sacrifices, y a substitué celui de son Corps et de son Sang, qui doit être offert dans tout le monde, suivant la prédiction de Malachie. Il donne la multitude des martyrs comme une marque de la véritable Eglise, et soutient que les hérétiques ne peuvent se vanter du même avantage, quoique quelques-uns d'entre eux aient été mêlés dans la foule de nos martyrs, c. XXXIII.
Il parle, dans son cinquième livre, de notre rédemption par Jésus-Christ, et y rapporte les preuves de la résurrection des corps ; il revient, c. VI, aux dons prophétiques et aux miracles qui, de son temps, subsistaient dans l'Eglise. Suit une récapitulation des hérésies réfutées dans l'ouvrage. « Leur nouveauté », dit saint Irénée, « suffirait seule pour les confondre ». Il ajoute quelques remarques sur la venue de l'Antéchrist. Il conclut, d'un passage de l'Apocalypse, qu'il interprétait mal d'après Papias, son maître, que, avant le jugement dernier, Jésus-Christ régnerait mille ans sur la terre avec ses élus dans la jouissance des plaisirs spirituels. (Cérinthe et d'autres hérétiques prétendaient que ces plaisirs seraient charnels.) En consultant la tradition, comme le saint docteur l'ordonne lui-même, on condamna bientôt l'opinion des Millénaires. Elle a été renouvelée en Allemagne par plusieurs Luthériens, et par quelques protestants d'Angleterre, nommément par le docteur Wells, dans ses notes sur l'Apocalypse.
Outre les cinq livres contre les hérésies, saint Irénée en composa plusieurs autres dont il ne nous reste que les titres on de très-petits fragments. Ce sont : 1° Un traité de la Monarchie, contre Florin; 2° un traité de l'Ogdoade, ou nombre de huit, contre le même ; 3° un traité du Schisme, contre Blastus; 4° une Lettre au pape Victor concernant la Pâque ; 5° un livre la Science; 6° un Recueil de diverses disputes; 7º des Discours sur la foi; 8° la Lettre des Eglises de Lyon et de Vienne.
Les œuvres de saint Irénée ont été publiées par Erasme et par Feu-Ardent. Grabe les fit réimprimer à Oxford en 1702 ; mais il y a souvent altéré le texte de son auteur ; il y a joint aussi des notes qui les défigurent par leur hétérodoxie, et qui, pour la plupart, ont pour objet d'établir les idées particulières de l'éditeur, par rapport à la nouvelle religion qu'il avait embrassée. La meilleure de toutes les éditions que nous ayons des œuvres du saint, docteur est celle que Dom Massuet, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, donna à Paris en 1710, in-folio. Pfaff, luthérien, publia, en 1715, quatre nouveaux fragments de saint Irénée, d'après un manuscrit de la bibliothèque de Turin. Le second de ces fragments présente en abrégé la doctrine de l'Eglise sur la présence réelle de Jésus-Christ dans l'Eucharistie. En 1734, l'édition de Dom Massuet fut réim primée à Vienne avec les fragments de Pfaff. Cet ouvrage a été traduit par M. de Genoude.
Le R. P.. Feu-Ardent, de l'Ordre des Mineurs, docteur de la Faculté de Paris, nous a donne sa vie au commencement des doctes Remarques qu'il a faites sur ses œuvres ; c'est de là et des Annales du cardinal Baronius, ainsi que de l'Histoire de saint Irénée, par M. l'abbé Frat, que nous avons tiré la meilleure partie de ce récit.
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