QUESTIONS SUR L'ÉVANGILE DE SAINT LUC (Saint Augustin)

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Message  ROBERT. Dim 27 Mar 2011, 7:10 pm

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Par Saint Augustin.

QUESTIONS SUR LES ÉVANGILES.



TITRES DES QUESTIONS DU SECOND LIVRE : EVANGILE SELON SAINT LUC.



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XXXIII. — L'enfant prodigue (suite)

"Mais étant rentré en lui-même," c'est-à-dire s'arrachant aux trompeuses illusions et aux entraînements; des vanités du monde extérieur et recueillant ses pensées dans l'intérieur de sa conscience, "combien de mercenaires, s'écrie-t-il, ont du pain en abondance dans la maison de mon père." Comment ceci pourrait-il être connu de l'homme plongé, comme les idolâtres l'étaient, dans un si grand oubli de Dieu ? Ces paroles ne désigneraient-elles point le réveil de l'âme à la prédication de l'Évangile. On vit alors en effet de nombreux prédicateurs de la vérité, parmi lesquels plusieurs étaient guidés, non par l'amour de la vérité elle-même, mais par le désir des avantages terrestres. C'est d'eux que l'Apôtre disait : Que plusieurs qui annoncent l'Évangile, ne le font pas avec pureté (1), faisant de la piété un trafic (2). Ils ne prêchaient pas un autre Évangile comme les hérétiques, ils prêchaient l'Évangile de Paul, mais dans un autre esprit que celui de cet Apôtre. C'est pourquoi ils sont très justement appelés des mercenaires. Ils dispensent le même pain de la parole et dans la même maison, toutefois ils ne dont point appelés au céleste héritage, mais ils travaillent pour une récompense temporelle. C'est d'eux qu'il est dit : "En vérité, je vous le dis, ils ont reçu leur récompense (3)."


Il s'écrie donc: "Je me lèverai," car il était étendu dans un état de prostration; "et j'irai," II était en effet bien éloigné; "vers mon père," il était devenu le serviteur de celui à qui appartenaient les pourceaux. Les autres paroles indiquent la disposition d’une âme qui se prépare à la pénitence par l'aveu de ses péchés, mais qui ne la fait pas encore. Il ne s'ouvre pas encore à son père, mais il promet de s'ouvrir à lui, quand il le reverra. ( dans l’apostasie générale d’aujourd’hui, toujours garder le désir des sacrements, si on trouve un prêtre.) "Comprenez donc maintenant ce que signifie venir vers son père:" c'est être établi dans l'Église par la foi, et pouvoir y trouver, dans la confession de ses invités, l'accomplissement du devoir et la récompense qui en est le fruit. Qu'est-ce donc qu'il se propose de dire à son père ? Mon père, j'ai péché contre le ciel et contre vous, et je ne suis plus digne d'être appelé votre fils : traitez-moi comme l'un de vos mercenaires.

— "J'ai péché contre le ciel," ce mot a-t-il la même signification que j'ai péché contre vous ?" Alors il faudrait entendre par le "ciel" la souveraine majesté du Père : c'est en ce sens que le Psalmiste a dit : "Il s'élance des hauteurs du ciel (1)," c'est-à-dire du sein du Père lui-même. Ou plutôt "j'ai péché contre le ciel" ne veut-il pas dire : en présence des âmes saintes, qui sont le trône de Dieu; "et contre vous :" jusque dans le sanctuaire intime de la conscience ? à suivre…



1 Philip.1, 17.
2 I Tim. VI, 5.
3 Matt. VI, 2.
1 Ps. XVIII, 7.



Gras, couleur, note et italique ajoutés
À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 27 Mar 2011, 7:12 pm

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XXXIII. — L'enfant prodigue (suite)


"Et se levant, il vint vers son père. Et lorsqu'il était encore bien loin :" avant qu'il eût de Dieu une véritable idée, mais néanmoins dans le moment où il le cherchait déjà de bonne foi, "son père le vit." L'expression est donc juste, quand on dit de Dieu qu'il ne voit pas les impies et les superbes, qu'il ne les a pas en quelque sorte devant les yeux : car être devant les yeux, ne s'entend d'ordinaire que des personnes aimées. "Et il fut touché de compassion : et courant à lui, il se jeta à son cou." Le père n'a pas quitté son Fils unique, par qui il a fait cette course lointaine et s'est abaissé jusqu'à nous ; car "Dieu était dans le Christ se réconciliant le monde (2); " et le Seigneur l'a déclaré lui-même : "Mon Père, qui demeure en moi, fait lui-même les œuvres que je fais (3)." Or, que signifie "se jeter à son cou," si ce n'est incliner et abaisser son bras pour l'étreindre ? "Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé (4) ?" Ce bras n'est autre assurément que Notre-Seigneur Jésus-Christ. "Et il le baisa." Être consolé par la parole de la grâce divine, qui fait naître l'espérance du pardon des péchés, c'est obtenir du père, au retour de longs égarements, le baiser de charité. Alors commence pour celui qui est établi dans l'Église la confession de ses péchés. Le prodigue ne dit pas tout ce qu'il s'était promis de dire; il va seulement jusqu'à ces paroles : "Je ne suis pas digne d'être appelé votre fils." Car Dieu veut opérer par la grâce ce dont il se reconnaît indigne à cause de ses fautes. Il n'ajoute pas ce qu'il s'était proposé d'abord dans sa première résolution : "Traitez-moi comme l'un de vos mercenaires." Quand il était privé de pain, il allait jusqu'à souhaiter la condition de mercenaire; mais après que son père l'a embrassé, il n'a plus pour elle qu'un noble et généreux dédain.


La première robe symbolise la dignité perdue par Adam; les serviteurs qui l'apportent sont les prédicateurs du pardon. L'anneau placé au doigt de la main, gage du Saint-Esprit, figure bien la participation à la grâce. Les chaussures aux pieds marquent la préparation à la prédication de l’Évangile par le détachement des biens de la terre. Le veau gras, c'est le Seigneur lui-même, mais rassasié d'opprobres selon la chair. L'ordre est donné d'amener le veau gras: qu'est-ce à dire, sinon qu'il faut annoncer le Seigneur, et en l'annonçant, le faire entrer dans les entrailles du fils exténué par la faim ? L’ordre est donné aussi d'immoler la victime ; de répandre le souvenir de la mort du Sauveur : or, il est immolé réellement pour chacun de nous, lorsque nous croyons que pour nous il est mort. "ET RÉJOUISSONS-NOUS," ajoute le texte sacré; ceci a trait aux motifs d'allégresse qui vont être allégués : "PARCE QUE MON FILS QUE VOICI ÉTAIT MORT, ET IL EST RESSUSCITÉ; IL ÉTAIT PERDU, ET IL EST RETROUVÉ." Et maintenant ce festin et cette fête se célèbrent dans tout l'univers, où l'Eglise est répandue et disséminée. Car ce veau gras figure le corps et le sang du Seigneur qui s'offre au Père céleste et nourrit toute sa famille. À suivre…



2 II Cor. V, 19.
3 Jean, XIV 10.
4 Is. LIII, 1.




Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 27 Mar 2011, 7:21 pm

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XXXIII. — L'enfant prodigue (suite)


La réponse de ce dernier, fait naître deux questions : Comment peut- on dire du peuple Juif qu'il n'a jamais transgressé les ordres de Dieu ? et qu'est-ce à dire qu'il n'a jamais reçu de chevreau, pour se réjouir avec ses amis ? En ce qui concerne le premier point, on devine facilement qu'il n'est pas question de tous les commandements, mais seulement de celui qui est le plus nécessaire, je veux parler, de celui qui défend d'adorer aucun autre Dieu que le souverain Créateur de toutes choses (1) : on comprend d'ailleurs que ce fils ne personnifie pas tous les Israëlites indistinctement, mais ceux d'entre eux qui n'ont jamais quitté le culte du vrai Dieu pour celui des idoles. En effet, quoique ce fils, en quelque sorte placé aux champs, désirât les choses terrestres, cependant c'est du Dieu unique qu'il attendait ces biens, qui lui étaient communs avec les animaux. Aussi la synagogue est-elle bien personnifiée dans ce psaume d'Asaph : "Je suis devant vous comme une bête; mais néanmoins je suis toujours [avec] vous (2)." C'est ce que corrobore également le témoignage du père lui-même, formulé en ces termes : "Vous êtes toujours avec moi." Il ne reproche pas à son fils une sorte de mensonge, mais faisant l'éloge de sa persévérance à demeurer avec lui, il l'invite par là même à prendre une part plus grande et plus parfaite à la joie.

Quel est maintenant ce chevreau, qu'il n'a jamais eu pour faire un festin ? Il est certain d'abord que le chevreau est ordinairement le symbole du pécheur. Mais loin de moi de reconnaître ici l'Antéchrist. Car je ne vois pas comment on pourrait appliquer jusqu'au bout cette interprétation. Il serait trop absurde que le fils, à qui il est donné d'entendre ces paroles : "Vous êtes toujours avec moi," eût exprimé à son père le désir de croire à l'Antéchrist. Il n'est pas non plus permis de voir dans ce fils la personnification de ceux d'entre les Juifs qui croiront à l'Antéchrist. Dans l'hypothèse où ce chevreau serait la figure de l'Antéchrist, comment ce fils pourrait-il en manger puis qu'il ne mettrait pas en lui sa foi ? Ou bien, si manger du chevreau ne signifie rien autre chose que la joie causée par la perte de l'Antéchrist, comment le fils, que le père accueille si bien, dit-il que cette joie ne lui a pas été accordée, tandis que tous les enfants de Dieu applaudiront à la condamnation de son adversaire ? A mon sens (et ce que je vais dire, dans une matière aussi obscure, ne doit pas empêcher un examen plus attentif,) il se plaint donc de ce que le Seigneur lui-même lui a été refusé pour son festin, attendu que le Seigneur est un pécheur à ses yeux. Ce peuple considérant le Sauveur comme un chevreau, en d'autres termes, voyant en lui un violateur du sabbat et un profanateur de la Loi, n'a pas mérité de prendre part à ses joies : ainsi : "Vous ne m'avez jamais donné un chevreau pour en manger avec mes amis," reviendrait à dire celui qui était à ses yeux un chevreau, vous ne me l'avez jamais donné pour me réjouir, et vous ne me l'avez point accordé, précisément parce que je le considérais comme un chevreau. "Avec mes amis," s'entend des chefs en union avec le peuple, ou du peuple de Jérusalem assemblé avec les autres peuples de Juda. Quant aux femmes perdues, avec lesquelles le plus jeune fils est accusé d'avoir dissipé son patrimoine, elles désignent très bien les passions honteuses, qui ont fait abandonner l'alliance unique et légitime du vrai Dieu, pour rechercher dans les superstitions païennes l'union adultère avec la foule des démons.



1 Ex. XX, 3.
2 Ps. LXXII, 23.






Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 27 Mar 2011, 7:24 pm

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XXXIII. — L'enfant prodigue (suite)


D'où vient ensuite que le père, après avoir dit : "Vous êtes toujours avec moi," — paroles expliquées, — continue en ces termes : "Et tout ce qui est à moi est à vous ?" Gardez-vous d'abord de croire que ces mots: "Tout ce qui est à moi est à vous," signifient que le frère n'y a point de part, comme vous vous demanderiez avec anxiété, pour un héritage de ce monde, comment l’aîné pourrait avoir tout, dans le cas où le plus jeune aurait sa part. Les enfants parfaits, d'une pureté très grande et déjà dignes du ciel, possèdent tout, de façon que chaque chose est à tous, et que tout est à chacun. Car la charité ignore les angoisses inséparables de la cupidité. Mais comment ce fils possède-t-il tout ? Est-ce que Dieu, dira quelqu'un, met au-dessous de lui et les Anges, et les Vertus sublimes, et les puissances, et tous les esprits célestes, exécuteurs de ses volontés ? Si l'on entend possesseur, dans le sens de maître, il est évident que Dieu ne lui a pas donné tout.

Car ceux dont il est dit : "Ils seront comme les Anges de Dieu (1)," ne seront point les maîtres, mais plutôt les cohéritiers des Anges. Que si la possession s'entend dans le sens, d'ailleurs légitime, attaché à cette phrase : les âmes en possession de la vérité; je ne vois pas pour quel motif nous ne pourrions pas admettre ici le mot tout, dans son sens vrai, propre et absolu. En effet, quand nous disons des âmes qu'elles sont en possession de la vérité, notre intention n'est pas d'affirmer qu'elles en sont les maîtresses. Enfin, s'il nous est interdit d'entendre la possession en ce sens, mettons encore cela de côté. Car le père ne dit pas : Je vous donnerai tout en possession; ou Vous possédez, vous possèderez tous mes biens; mais: "Tout ce qui est à moi est à vous." Tout cela cependant n'est pas à lui comme à Dieu.

En effet ce qui est dans notre bourse peut servir pour la nourriture ou le vêtement de notre famille, ou pour tout autre usage analogue. Et certes, comme il était en droit de l'appeler son père, je ne vois pas ce qu'il n'aurait pu appeler sien, dans ce qui appartenait à ce père, puisque c'était à lui des à titres différents. Car quand nous aurons obtenu l'éternelle félicité, les choses élevées au-dessus de nous seront à nous pour les voir; nous vivrons avec ce qui sera près de nous, et ce qui sera au-dessous nous appartiendra aussi pour le dominer. Que le frère aîné prenne donc part à la joie dans une sécurité parfaite, parce que son frère était mort, "et qu'il est ressuscité ; il était perdu, et il est retrouvé."


1 Matt. XXII, 30.


FIN

Gras et italique ajoutés.
À suivre…


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Message  ROBERT. Lun 28 Mar 2011, 5:41 pm

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XXXIV. — Se faire des amis avec des richesses d'iniquité (1). — Dans l'économe que son Maître a mis hors d'emploi, et qu'il loue d'avoir pourvu à son avenir, nous ne devons pas prendre tout comme une règle de conduite à suivre . Car nous ne devons pas dérober à notre maître, pour employer en aumônes le fruit de nos larcins, et les amis par qui nous voulons être reçus dans les tabernacles éternels, ne doivent pas s'entendre de ceux qui sont redevables à l'égard du Seigneur notre Dieu : ce sont les justes et les saints qui sont figurés ici, et qui introduiront au céleste séjour ceux qui les auront secourus de leurs biens terrestres, dans le besoin; et c'est d'eux qu'il est dit, que si quelqu'un donne seulement à boire un verre d'eau froide à l'un d'entre eux, à cause de sa qualité de disciple, il ne perdra point sa récompense (2).

Ces sortes de similitudes tirent aussi toute leur force des contraires, et nous donnent à entendre que si l'économe infidèle a pu recevoir un tel éloge de son Maître, à combien plus forte raison les hommes qui accomplissent les mêmes œuvres, en se conformant au commandement divin, seront-ils plus agréables au Seigneur. C'est ainsi qu'en parlant du juge inique importuné par une veuve, notre Sauveur élève la pensée jusqu'au Souverain Juge, dont la justice ne peut cependant sous aucun rapport être assimilée à celle de ce juge d'iniquité (1). Quant aux cent barils d'huile, pour lesquels l'économe fait souscrire cinquante au débiteur, et aux cent mesures de froment réduites à quatre-vingt , je pense que cela n'a d'autre but que d'exprimer ce qui doit être fait en faveur de l'Eglise par chacun de nous à (exemple de ce que faisaient les Juifs à l'égard des Lévites, afin que notre justice surpasse celle des Scribes et des Pharisiens (2): c'est-à-dire que les Juifs donnant la dîme de leurs biens, nous devons donner la moitié des nôtres, comme fit Zachée, qui donna la moitié, non de ses revenus, mais de ses biens (3), ou que, du moins, nous devons doubler la dîme, afin de surpasser par cette double offrande celle des Juifs. Cet argent, dont la possession n'est que temporaire, Notre-Seigneur l'appelle Mammon d'iniquité, parce que Mammon signifie richesse, et que ces mêmes richesses, appartiennent à des hommes d'iniquité qui mettent en elles l'espérance et la plénitude de leur bonheur : pour les justes, quand il les possèdent, c'est, il est vrai, une ressource ; mais leur trésor, ils n'en ont point d'autre que les richesses célestes et spirituelles, à l'aide desquelles, ils pourvoient spirituellement à leurs besoins, écartent la misère et l'indigence et s'assurent une immense félicité.


1 Luc, XVI,1-9.
2 Matt. X, 42.
1 Luc, XVIII, 2-8.
2 Matt. V, 20.
3 Luc, XIX, 8.





Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 30 Mar 2011, 7:50 pm

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XXXV. — Le bien étranger (4). — Les biens de la terre, voilà ce que Notre-Seigneur appelle ici biens étrangers, car personne ne les emporte avec soi en mourant, suivant cette parole de David : "Ne crains pas, lorsqu'un homme sera devenu riche, et que sa maison sera élevée au comble de la gloire : car, lorsqu'il mourra, il n'en emportera rien, et sa gloire ne descendra pas avec lui dans le tombeau (5)."


4 Luc. XIX, 12.
5 Ps. XLVIII, 17, 18.




XXXVI. — "Nul ne peut servir deux maîtres (6)." — La distinction qui vient ensuite : "Ou il haïra l'un, et aimera l'autre; ou il s'attachera à l'un, et méprisera l'autre," mérite une attention particulière. Car Notre-Seigneur ne l'a pas faite au hasard et sans raison. Qu'on demande à quelqu'un s'il aime le démon, il répondra toujours qu'il ne l'aime pas, mais qu'il l'a plutôt en horreur; quant à Dieu, presque tout le monde s'écrie qu'il l'aime. Donc, ou il haïra l'un et il aimera l'autre, comme c'est son devoir, c'est-à-dire, il haïra le démon, et il aimera Dieu. Mais la contrepartie offre un autre sens : "Ou il s'attachera à l'un et il méprisera l'autre;" c'est-à-dire, il s'attachera au démon, en poursuivant la jouissance de ses récompenses passagères; et il méprisera Dieu.

Notez qu'il n'est pas dit : Il haïra, mais: Il méprisera: telle est la conduite ordinaire de CEUX QUI, faisant moins de cas de ses menaces que de la satisfaction de leurs passions, SE FLATTENT DE TROUVER DANS LA BONTÉ DIVINE UN MOTIF D'IMPUNITÉ. C'est à ces hommes que Salomon fait entendre cet avertissement : "MON ENFANT, N'AJOUTE PAS PÉCHÉ SUR PÉCHÉ, ET NE DIS PAS : LA MISÉRICORDE DE DIEU EST GRANDE (1)."


6 Luc, XVI,13.
1 Eccli. V, 5, 6




Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 31 Mar 2011, 3:33 pm

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XXXVII. — Le royaume des cieux souffre violente (2). — "Le royaume des cieux souffre violente, et les violents l'emportent (3)." Il faut que chacun de nous méprise non-seulement les richesses, mais encore les langues qui raillent ceux qui méprisent ces biens: car c'est alors seulement que, comme un vainqueur intrépide, on emporte comme d'assaut le royaume des cieux. L'Évangéliste mentionne en effet ces paroles, après avoir rapporté que les Pharisiens se moquèrent de Jésus, à cause de ce qu'il avait dit sur le mépris des richesses terrestres.


2 Luc, XVI, 16.
3 Matt. XI, 12



Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 31 Mar 2011, 8:01 pm

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XXXVIII. — Le mauvais riche (4). — "Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de lin, et se traitait magnifiquement tous les jours," etc. Sous le rapport allégorique, on peut voir dans ce riche, les esprits superbes du peuple Juif, ignorant la justice de Dieu et cherchant à établir la leur (5). La pourpre et le lin marquent la dignité royale: "Et le royaume de Dieu vous sera ôté, dit le Sauveur, et il sera donné à un peuple qui accomplira la justice (6)." Le festin splendide marque la confiance excessive des Juifs dans la Loi, dont ils se prévalaient avec l'ostentation de l'orgueil , plutôt que de la mettre en pratique pour arriver au salut. Le pauvre, nommé Lazare, c'est-à-dire, celui à qui l'on vient en aide , signifie celui qui est dans le besoin, le gentil ou le publicain par exemple, qui reçoit d'autant plus de secours qu'il présume moins de la puissance de ses ressources. Tels étaient les deux hommes qui priaient dans le temple, l'un publicain, et l'autre pharisien. Le riche, plein en quelque sorte de sa propre justice, loin de pouvoir être mis au nombre de ces heureux qui ont faim et soif de la justice (7), s'écrie donc :"Je vous rends grâces de ce que je ne suis pas comme ce publicain."

Le pauvre, de son côté, désirant être secouru, s'écrie : "Ayez pitié de moi, qui suis un pécheur (1)." Étendu à la porte du riche, il va cependant jusqu'à désirer de se rassasier des miettes qui tombaient de sa table. Car le riche ne l'admettait pas au festin, dont il faisait un abus condamnable, et ne lui en faisait point part: AINSI LE SCRIBE, QUI POSSÉDAIT LES CLEFS DU ROYAUME DES CIEUX, N'Y ENTRAIT PAS LUI-MÊME, ET NE PERMETTAIT PAS AUX AUTRES D'Y ENTRER (2). Les miettes qui tombent de la table du riche, sont certaines paroles de la Loi, que les Juifs superbes laissaient, pour ainsi dire, tomber à terre, lorsqu'ils parlaient au peuple avec orgueil.

Les ulcères figurent la confession des péchés, pareils à ces humeurs malignes qui, du fond des entrailles, s'échappent au-dehors. Les chiens qui les léchaient, sont les hommes profondément pervers attachés aux péchés, qui ne cessent même de louer ouvertement les œuvres coupables, qu'un autre déplore en son coeur et déteste en en faisant l'aveu. Le sein d'Abraham est le lieu du repos des bienheureux pauvres, à qui appartient le royaume du ciel, où ils sont reçus après cette vie. La sépulture en enfer marque la grandeur, des peines qui dévorent après cette vie les orgueilleux et les hommes au coeur impitoyable. Le Seigneur déclare néanmoins dans ce récit qu'ils voient de loin et qu'ils comprennent ce repos des bienheureux, où jamais ils ne pourront parvenir.


Le rafraîchissement que réclame le mauvais riche pour sa langue, au milieu des flammes qui l'embrasent et l'enveloppent de toutes parts, vérifie le sens de ces paroles : "La vie et la mort sont au pouvoir de la langue, (3). " et de celles-ci "que l'on confesse de bouche pour être sauvé (4) :" or, le mauvais riche s'y est refusé par orgueil. L'extrémité du doigt signifie les œuvres de miséricorde même les plus petites, inspirées par l'Esprit-Saint pour venir en aide à nos frères. Et quand Abraham lui dit : "Tu as reçu le bien dans ta vie," ce reproche lui rappelle qu'il s'est attaché à la félicité du siècle, et qu'il n'a pas aimé d'autre vie que celle où il s'enflait d'orgueil. Quant à Lazare, il est dit qu'il a reçu les maux, parce qu'il a compris que la mort, la douleur, les travaux et les peines de cette vie sont le châtiment du péché, suivant ce qui est écrit : "Et nous aussi, nous étions enfants de colère, ainsi que les autres (1)," et encore : que l'enfant, celui dont la vie n'a été que d'un jour sur la terre, n'est pas même exempt de péché (2), parce que nous mourons tous en Adam (3), qui, en se faisant transgresseur, a mérité la mort. À suivre…



4 Luc, XVI, 19-31.
5 Rom. X, 3.
6 Matt. XXI, 43.
7 Matt.. V, 6.

1 Luc, XVIII, 10-13.
2 Luc. XI, 62.
3 Prov. XVIII, 21.
4 Rom. X, 10.


1 Eph. II, 3.
2 Job, XIV, 4, selon les Septante .
3 I Cor. XV, 22.



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Message  ROBERT. Ven 01 Avr 2011, 8:15 pm

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XXXVIII. — Le mauvais riche (suite).

Il est dit que les justes ne pourraient, lors même qu'ils en auraient la volonté, passer aux lieux où sont tourmentés les impies. Qu'est-ce à dire, sinon qu'en vertu de la sentence immuable de Dieu, les justes ne peuvent, lors même qu'ils le voudraient, exercer en aucune manière la miséricorde à l'égard de ceux qui après cette vie sont jetés dans la prison, pour ne plus en sortir tant qu'ils n'auront pas payé jusqu'à la dernière obole (4) ? Leçon donnée aux hommes, pour qu'ils viennent en aide pendant leur vie à ceux qu'ils peuvent secourir, de peur que, dans la suite, les eussent-ils parfaitement reçus, ils ne puissent plus rien pour ceux qui sont l'objet de leur affection. Ce passage de l'Évangile : "Pour qu'ils vous reçoivent eux-mêmes dans les tabernacles éternels (5)," ne peut s'appliquer aux hommes superbes et sans entrailles, semblables à ce mauvais riche, et indignes d'être reçus par les saints dans le séjour bienheureux; mais il regarde ceux qui se sont faits dés amis par les œuvres admirables de leur charité . Ce n'est pas cependant que les justes les reçoivent, en quelque sorte de leur propre chef, et pour ainsi dire en leur faisant eux-mêmes grâce; mais c'est en vertu de la promesse et par la permission de Celui qui leur a inspiré de s'en faire des amis, et qui, dans sa bonté libératrice, a bien voulu être nourri, vêtu, reçu et visité dans chacun des plus petits parmi les siens.

Maintenant que cette réception s'opère aussitôt après cette vie, ou à la fin des siècles, à la résurrection des morts et au jugement dernier, ce n'est pas là une petite question. Mais à quelque moment qu'elle ait lieu, il est certain que nulle part l'Ecriture ne la promet à ceux qui sont les imitateurs du mauvais riche .


Les cinq frères qu'il dit avoir dans la maison de son père, représentent les Juifs, retenus sous la Loi donnée par Moïse, l'auteur du Pentateuque. Il demande que Lazare soit envoyé vers ses frères, car il se reconnaît indigne de rendre témoignage à la vérité; et comme il n avait obtenu aucun rafraîchissement, il croit d'autant moins à la possibilité d'être délivré de l'enfer, pour aller annoncer cette même vérité.

Ces paroles d'Abraham: "S'ils veulent croire, ils ont Moïse et les Prophètes," n'établissent pas la supériorité de ces derniers sur l'Évangile; mais comme l'Évangile, suivant la réflexion de l'Apôtre, est attesté par la Loi et les Prophètes (1), cela veut dire que la croyance à ceux-ci peut conduire à l'Évangile, selon ces mots de Notre-Seigneur lui-même en un autre endroit : "SI VOUS CROYIEZ MOÏSE, VOUS ME CROIRIEZ AUSSI : CAR C'EST DE MOI QU'IL A ÉCRIT (2)." Ce que dit ensuite Abraham, trouve ici naturellement sa place : "S'ils n'écoutent ni Moïse ni les Prophètes, ils ne croiront pas non plus, quand même un mort ressusciterait." Moïse et les Prophètes ayant annoncé Celui qui est ressuscité d'entre les morts, s'ils ne les croient pas sur ce point, ils ne veulent pas non plus certainement croire en Jésus-Christ. Beaucoup moins encore peuvent-ils croire à la résurrection d'un mort quelconque, puisqu'ils ne croient pas Celui dont Moïse et les Prophètes, à qu'ils refusent de croire, ont annoncé la résurrection.


Cette parabole peut encore recevoir une autre interprétation. Lazare étendu à la porte de ce riche représente Notre-Seigneur, qui, dans les abaissements de son incarnation, s'est incliné jusqu'à l'oreille des Juifs si profondément imbus d’orgueil. "Souhaitant se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche," c'est-à-dire cherchant en eux jusqu'aux moindres œuvres de justice dont leur orgueil n'eût pas corrompu le mérite à ses yeux, quand même ces œuvres de miséricorde et d'humilité eussent été de très-peu de valeur, sans esprit de suite et sans cette persévérance qui constitue la vie régulière, pourvu du moins qu'elles eussent été accomplies de temps à autre ou par hasard, semblables en cela aux miettes qui tombent de la table. Les ulcères signifient les douleurs que le Seigneur a daigné endurer pour nous dans l'infirmité de la chair. Les chiens qui léchaient ces ulcères, sont les Gentils, que les Juifs considéraient comme des pécheurs et des hommes impurs; et cependant, aujourd'hui par toute la terre, ils goûtent et savourent avec amour les souffrances du Sauveur dans les mystères de son corps et de son sang. Le sein d'Abraham figure le secret du Père, où il est monté après sa résurrection ; il est dit qu’il y a été porté par les Anges, ce qui a trait sans doute à l'annonce de l'Ascension du Sauveur faite aux disciples par les Anges.

En effet, qu'ont-ils voulu dire par ces mots : "Pourquoi vous arrêtez-vous à regarder au ciel (1) ?" si ce n'est que l'œil de l'homme ne peut nullement pénétrer jusqu'à ce secret où montait le Seigneur, quand il s'élevait au ciel en présence de ses disciples ? Le reste peut s'entendre dans le sens exposé précédemment : car le secret du Père s'entend très-bien aussi du lieu où les âmes des justes vivent avec Dieu, en attendant la résurrection. Il est d'autant plus vrai que Dieu est partout, qu'il n'est contenu en aucun lieu, suivant ces paroles adressées au larron : "Tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis (2)"; d'où le Fils de Dieu n'est jamais sorti, quoique dans cette chair qu'il a prise, il ait tant souffert de la part des hommes dans la ville de Jérusalem.



4 Matt. V, 26.
5 Luc, XVI, 9.

1 Rom. III, 21.
2 Jean, V, 46.

1 Act. I, 11.
2 Luc, XIII, 43




Gras et majuscules ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Sam 02 Avr 2011, 7:42 pm

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XXXIX. — "Augmentez-nous la foi (3)." — Ces paroles des disciples au Seigneur : "augmentez-nous la foi," peuvent signifier, il est vrai, qu'ils demandent l'accroissement de la foi aux choses qu'on ne voit point; mais il y a aussi la foi qui s'appuie, non sur les paroles mais sur les choses elles-mêmes ; c'est ce qui se réalisera, quand la sagesse de Dieu, par qui toutes choses ont été faites (4), se révélera elle-même aux yeux des saints dans tout l'éclat de sa gloire. C'est sans doute de cette foi et de la lumière qui l'accompagne que parle l'Apôtre Paul, quand il dit: "La justice de Dieu est révélée dans l'Évangile par la foi et pour la foi (5)." En effet, le même Apôtre dit encore ailleurs : "Pour nous, contemplant sans avoir le visage voilé, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, nous avançant de gloire en gloire, comme par l'Esprit du Seigneur (6)." Il dit ici: "de gloire en gloire," comme il a dit plus haut : "par la foi;" en d'autres termes, de même que les croyants sont illuminés maintenant par la lumière de l'Évangile, pour arriver à la gloire de la vérité elle-même désormais immuable et sans voile, dont ils jouiront quand ils seront transformés ; de même, de la foi aux paroles, qui nous fait croire ce que nous ne voyons pas encore, nous passerons à la foi aux réalités, qui nous obtiendra pour l'éternité ce qui est maintenant l'objet de notre foi. Ici trouvent leur application ces paroles de saint Jean dans son Épître aux Parthes : "Mes bien-aimés, nous sommes à présent enfants de Dieu, mais ce que nous serons un jour, n'apparaît pas encore. Nous savons que quand il se montrera dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est (1)." D'où vient en effet que "nous sommes maintenant enfants de Dieu," si ce n'est parce qu'il nous a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, en croyant en son nom (2), et pour que nous voyions comme en énigme (3) ? Et comment serons-nous alors "semblables à Dieu," si ce n'est parce que, suivant le texte sacré, "nous le verrons tel qu'il est ?" C'est ce que nous lisons aussi : "Mais alors ce sera face à face." (À suivre…)




3 Luc. XVII, 5-10.
4 Ps. CIII, 24.
5 Rom. I, 17.
6 IICor. III, 18.
1 I Jean, III, 2.
2 Jean, I, 12.
3 I Cor. XIII, 12.





Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Dim 03 Avr 2011, 8:58 pm

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XXXIX. — "Augmentez-nous la foi " (suite)


Comme la plupart ne comprennent pas cette foi à la vérité devenue très-sensible, il peut leur sembler que Notre-Seigneur n'a pas répondu à la prière formulée par ses disciples. Car ils avaient dit: "Augmentez-nous la foi," et il leur répond : "Si vous aviez de la foi comme un grain de sénevé, vous diriez à ce mûrier : Déracine-toi, et transplante-toi au milieu de la mer, et il vous obéirait." Puis il ajoute : "Or, qui de vous, ayant un serviteur occupé à labourer ou à paître les troupeaux, lui dit, aussitôt qu'il est revenu des champs : Va te mettre à table ? Ne lui dit-il pas plutôt : "Prépare-moi à souper, ceins-toi et me sers jusqu'à ce que j'aie mangé et bu, et après tu mangeras et tu boiras." Et aura-t-il de la reconnaissance à ce serviteur d'avoir fait ce qu'il lui avait commandé ? Je ne le pense pas. "Ainsi, vous, lorsque vous aurez fait tout ce qui vous a été commandé, dites : Nous sommes des serviteurs inutiles; nous avons fait ce que nous avons dû faire."

On ne voit pas facilement le rapport qui existe entre ces paroles et la prière adressée au Seigneur: "Augmentez-nous la foi," à moins de les entendre dans le sens de la foi pour la foi, c'est-à-dire, que de la foi qui anime au service de Dieu on sera transporté dans cette foi où Dieu lui-même se donne en récompense. La foi trouvera en effet son accroissement, quand, après avoir cru à la parole de l'Évangile, on croira aux réalités rendues sensibles. Or cette contemplation procure le suprême repos, qui s'obtient dans le royaume éternel de Dieu ; et ce repos suprême est la récompense des saints labeurs, accomplis au service de l'Église. Aussi, quoique le serviteur laboure ou paisse les troupeaux dans les champs, en d'autres termes, quoiqu'il s'occupe aux travaux de la vie régulière ou terrestre, ou qu'il serve des hommes stupides comme des animaux, il est nécessaire qu'à la suite de ces travaux, il entre dans la maison, c'est-à-dire, dans l'Église; il faut aussi qu'il y serve son Maître jusqu'à ce qu'il ait pris son repas et bu, car, lui aussi, pressé par la faim, chercha des fruits sur un arbre (1), et pressé par la soif il demanda de l'eau à la Samaritaine (2) ; le Seigneur doit donc faire sa nourriture et son breuvage de la confession et de la foi des nations, et cette nourriture lui est présentée par ses serviteurs, je veux dire, par les prédicateurs de la foi. A suivre…



1 Matt. XX1, 18-19.
2 Jean, IV, 7.




Gras et souligné ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 04 Avr 2011, 8:21 pm

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XXXIX. — "Augmentez-nous la foi "(suite)

Ce qu'il dit en premier lieu du grain de sénevé trouve aussi son application en cet endroit. Il faut avoir d'abord la foi nécessaire à la vie présente : elle parait très petite, tant qu'elle est renfermée comme un trésor dans des vases d'argile ; mais elle s'échauffe et germe avec une force extraordinaire. Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui veut être nourri par le ministère de ses serviteurs, c'est-à-dire, transformer les croyants en son corps, après les avoir pour ainsi dire, immolés et mangés, les nourrit aussi maintenant de la parole de foi et du mystère de sa passion. Car il n'est pas venu pour être servi mais afin de servir (3).

Animés d'une foi semblable au grain de sénevé, que ces serviteurs disent donc à ce mûrier, c'est-à-dire à cet Évangile de la Croix de Notre-Seigneur, à ce bois où ses blessures sont comme autant de fruits, empourprés de son sang, qui doivent nourrir les nations: qu'ils lui disent de se déraciner de la terre perfide des Juifs et d'aller se transplanter dans la mer des Gentils car, en servant ainsi le Seigneur dans sa maison, ils rassasieront sa faim et sa soif.

Qu'ils cherchent enfin à jouir éternellement des fruits incorruptibles de la divine Sagesse, après avoir dit : "Nous sommes des serviteurs inutiles ; nous avons fait ce que nous avons dû faire : il ne nous reste plus rien à accomplir; "nous avons achevé notre course, nous avons terminé notre combat, nous n'avons plus qu'à attendre la couronne (4)". Car on peut tout dire de cette ineffable jouissance de la vérité, et d'autant plus qu'on ne peut jamais en parler assez dignement. Elle est la lumière après les ténèbres, le repos après la fatigue, la patrie au retour de l'exil, la nourriture de ceux qui ont faim, la couronne des vainqueurs ; et quels que soient les biens temporels et passagers, que les infidèles demandent aux créatures, la piété des enfants les trouvera tous réunis, pour toujours et dans un sens plus vrai, au sein du souverain Créateur de toutes choses.



3 Matt. XX, 28.
4 II Tim. IV, 7, 8.



Gras ajoutés.

À suivre…

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Message  ROBERT. Mar 05 Avr 2011, 8:54 pm

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XL. — Les dix lépreux (1). — On peut, à propos des dix lépreux que le Seigneur guérit, en leur disant : "Allez vous montrer aux prêtres," poser un grand nombre de questions qui présentent un intérêt véritable. Je ne parle pas seulement de la signification attachée au nombre dix, et de cette circonstance particulière, qu'il n'y en eut qu'un seul pour rendre grâces : car ce sont là des questions libres, et qui même n'étant pas approfondies, ne retardent que peu ou point l'attention des lecteurs; mais ce qu'il est le plus important de savoir, c'est le motif pour lequel il les envoya aux prêtres, pour qu'ils fussent guéris en y allant . On ne voit pas en effet, parmi tous ceux qui lui durent la guérison corporelle, qu'il en ait envoyé aux prêtres d'autres que des lépreux. Déjà, c'était à un lépreux, guéri par sa bonté, qu'il avait dit : "Va te montrer au prêtre, et offre pour toi le sacrifice ordonné par Moïse, afin que cela leur serve de témoignage (2)." Ensuite quelle guérison spirituelle peut-on supposer dans ceux à qui il fait un reproche de leur ingratitude ? Car il est facile de voir qu'un homme peut n'être pas affligé de la lèpre corporelle, sans avoir pour cela un bon coeur ; mais quand on veut approfondir la signification de ce miracle, on se demande avec émotion : comment on peut dire d'un ingrat qu'il est guéri.

Voyons donc de quoi la lèpre elle-même est la figure. L'Évangile ne dit pas de ceux qui en ont été délivrés qu'ils sont guéris, mais purifiés. La lèpre est en effet un défaut de couleur, et non la privation de la santé ou de l'intégrité des serfs et des membres. Il est donc permis de voir dans les lépreux le symbole de ces hommes qui, n'ayant pas la science de la vraie foi, professent ouvertement les divers enseignements contradictoires de l'erreur. Car ils ne voilent pas même leur inhabileté, mais ils font tous leurs efforts pour produire l'erreur au grand jour et mettent à son service toute la pompe de leurs discours. Or, il n'est pas de fausse doctrine qui ne renferme quelque mélange de vérité. Les vérités qui apparaissent dans la discussion ou la conversation d'un homme, mélangées sans aucun ordre avec l’erreur, comme des taches sur un corps, représentent donc la lèpre, qui couvre et macule le corps de l'homme de couleurs vraies et de couleurs fausses.

Or, il faut que l'Église évite de tels hommes, afin, s'il est possible, qu'ils élèvent du plus loin qu'ils sont, un grand cri vers le Christ, comme les dix lépreux, qui s'arrêtèrent loin de lui, et élevèrent la voix, disant : "Jésus, notre précepteur, ayez pitié de nous." Ce nom qu'ils donnent au Sauveur, et qu'aucun malade, que je sache, n'a employé pour lui demander la guérison du corps, me donne assez lieu de croire que la lèpre est la figure de la fausse doctrine, que le bon Maître guérit. À suivre…


1 Luc, XVII, 12-19.
2 Luc, V , 13; 14.





Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Mer 06 Avr 2011, 4:58 pm

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XL. — Les dix lépreux (suite)


Quant au sacerdoce judaïque, il n'est presque pas de fidèles qui ne sache qu'il était le type du futur et royal sacerdoce qui est dans l'Église, et qui consacre tous ceux qui appartiennent au corps du Christ, le véritable chef et le premier de tous les prêtres. Aujourd'hui, en effet, ils ont tous en partage l'onction, qui était alors le privilège exclusif du sacerdoce et de la royauté; et quand saint Pierre, écrivant au peuple chrétien, lui donne le nom de sacerdoce royal (1), il proclame par là que ce double nom convenait au peuple, à qui était réservée cette onction. Ainsi, pour les défauts de santé de l'âme, et en quelque sorte de ses membres et de ses sens, le Seigneur les guérit et les corrige par lui-même intérieurement dans la conscience et dans l'esprit ; mais à l'Église il appartient proprement, soit de pénétrer les âmes de sa doctrine par les Sacrements, soit de les catéchiser par des discours publics ou des lectures, où l'on découvre en quelque sorte la couleur de la vérité et de la sincérité, parce qu'elle est à la portée de tous, et parfaitement mise en évidence, car cela se fait, non dans le secret des pensées, mais par des manifestations extérieures.


Aussi même après avoir entendu ces paroles du Seigneur : "Pourquoi me persécutes-tu ?" et : "Je suis ce Jésus, que tu persécutes," Paul fut-il envoyé vers Ananie, pour recevoir, du sacerdoce établi dans l'Église, le mystère de la doctrine de la foi, et être reconnu comme un véritable docteur (2). Ce n'est pas que le Seigneur ne puisse tout faire par lui-même : car, même dans l'Église, quel autre que lui fait toutes ces choses ? Mais il arrive ainsi que par cette approbation et communication réciproque de la vraie doctrine, observée dans la prédication de la parole et dans la confection des Sacrements, la société de fidèles conserve aux yeux de tous le cachet de l'unité dans la vérité. Ce que dit le même Apôtre, trouve bien encore ici sa place : " Quatorze ans après, je montai à Jérusalem avec Barnabé, ayant pris aussi Tite avec moi. Or, j'y allai suivant une révélation; et de peur de courir ou d'avoir couru en vain, j'exposai à ceux de cette Eglise, et en particulier à ceux qui étaient les plus considérables, l'Évangile que je prêche parmi les Gentils." Et un peu plus loin : "Ceux, dit-il, qui étaient reconnus comme les colonnes de l'Eglise, Jacques, Pierre et Jean, ayant reconnu la grâce qui m'avait été communiquée, nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi, en signe d'union (1)." Cette entente des Apôtres faisait voir l'unité de leur doctrine, dont toute divergence était exclue .

A ce propos, l'Apôtre donne encore aux Corinthiens cet avis salutaire : "Je vous conjure, mes frères, leur dit-il, par le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de faire en sorte que vous n'ayez tous qu'un même langage (2)." Quoique Corneille eût appris d'un Ange que ses aumônes avaient été reçues et ses prières agréées, cependant pour conserver l'unité de la doctrine et des sacrements, il reçoit lui aussi l'ordre d'envoyer vers Pierre ; c'est comme si on lui avait dit, à lui et aux siens : "Allez, et montrez-vous aux prêtres." Et ils furent, eux aussi, guéris en faisant cette démarche. Car déjà Pierre était venu vers eux ; mais comme ils n'avaient pas encore reçu le sacrement de Baptême, ils ne s'étaient pas encore présentés spirituellement aux prêtres ; et cependant leur guérison avait été rendue manifeste par la descente du Saint-Esprit et par le don des langues (3). ( À suivre…)



1 Pierre, II, 9.
2 Act. IX, 4-19.
1 Gal. II, 1, 2, 9.
2 I Cor. I, 10.
3 Act, X, 44.





Gras ajoutés.
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Message  ROBERT. Jeu 07 Avr 2011, 3:18 pm

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XL. — Les dix lépreux (suite)


Les choses étant ainsi, il est facile de voir qu'on peut suivre dans la société de l'Eglise la pure et véritable doctrine, expliquer tout suivant là règle de la foi catholique, distinguer la créature du Créateur, et montrer par là qu'on a échappé à cette sorte de lèpre qui est le mensonge avec ses variétés; et cependant qu'on peut aussi être ingrat envers le Seigneur Dieu, à qui l'on doit d'en être préservé ; parce qu'on ne veut pas abaisser son propre orgueil dans l'humilité de l'action de grâces, et qu'on devient alors semblable à ces hommes dont parle l'Apôtre : "Qui, ayant connu Dieu, ne l'ont pas glorifié comme Dieu et ne lui ont pas rendu grâces (4)."

En disant qu'ils ont connu Dieu, l'Apôtre montre, il est vrai, qu'ils ont été guéris de la lèpre, mais néanmoins il leur reproche aussitôt leur ingratitude. Aussi de tels hommes demeureront dans le nombre neuf, à raison de leur imperfection. Car ajoutez un à neuf, et l'image de l'unité est parfaite; il y a là quelque chose de si complet, que les nombres ne vont pas plus loin, à moins qu'on ne revienne à un; et cette règle doit être observée jusqu'à l'infini. Neuf veut donc un, pour former avec lui dix, symbole de l'unité ; et pour garder l'unité, un n'a pas besoin de neuf. Aussi de même que les neuf lépreux qui n'ont pas rendu grâces furent réprouvés pour leur conduite, et exclus du concert de l'unité ; ainsi celui qui fut le seul pour témoigner sa reconnaissance, a été loué et approuvé comme un type frappant de l'unité de l'Eglise. Et comme ceux-là étaient des Juifs, ils ont été déclarés déchus par leur orgueil du royaume des cieux, où l'unité se conserve dans les conditions les plus parfaites; quant à celui-ci, qui était samaritain, c'est-à-dire, gardien fidèle, attribuant à son bienfaiteur ce qu'il tenait de lui et chantant en quelque sorte ce verset du- psalmiste : "Je garderai ma force auprès de vous (1)," il s'est soumis au roi par sa reconnaissance, et par son humble dévouement il a conservé le privilège de l'unité.



4 Rom. I, 21.
1 Ps. XVIII, 10.






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Message  ROBERT. Ven 08 Avr 2011, 4:58 pm

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XLI. — Être sur le toit (2). — Que veut dire le Seigneur par ces paroles : "Que celui qui se trouvera sur le toit, et aura ses meubles dans la maison, ne descende point pour les emporter?" "Celui qui est sur le toit," c'est l'homme spirituel, qui, s'élevant au-dessus des idées charnelles, vit en quelque sorte dans un air libre. "Les vases qu'il a dans sa maison," représentent les sens, au sujet desquels plusieurs s'abusent profondément, en cherchant à leur aide la vérité, qui s'acquiert par l'intelligence. Ces meubles de l'homme spirituel restent donc dans la maison : car, en dominant le corps par l'esprit, grâce à la force de son intelligence et demeurant ainsi, en quelque sorte, sur le toit, il jouit comme d'un ciel très-serein dans sa prévoyante sagesse. Qu'il se garde donc, au jour de la tribulation, de retourner aux plaisirs de la vie charnelle qui s'alimente par les sens, et de descendre pour emporter des meubles de si peu de prix.


2 Luc, XVII, 32



XLII. — Être dans les champs (3). — Quel est le sens de ces paroles: "Et que celui qui sera dans le champ, ne retourne point non plus sur ses pas? " Que celui qui travaille dans l'Eglise, plante et arrose comme Paul et Apollon (1), ne doit plus tourner les yeux vers les espérances du monde, auxquelles il a dit adieu.

3 Luc, XVII. 31.
1 I Cor. III, 6.



XLIII. — La femme de Loth (2). De qui la femme de Loth est-elle l'image? De ceux qui regardent en arrière dans la tribulation, et se détournent de' l'espérance attachée aux divines promesses. Aussi fut-elle changée en statue de sel, afin qu'en invitant les hommes à ne pas tomber dans ce désordre, elle soit pour leur coeur comme un condiment qui les empêche de s'affadir.

2 Luc, XVII, 32.





Gras ajoutés.
À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 11 Avr 2011, 3:56 pm

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TITRES DES QUESTIONS DU SECOND LIVRE : EVANGILE SELON SAINT LUC.

XLIV. — Le lit, le moulin et le champ (3). — Pourquoi dire "qu’en cette nuit-là deux seront au lit, deux femmes occupées à moudre ensemble, et deux hommes au champ," et que de toutes ces personnes se trouvant réunies deux à deux, l'une sera prise et l'autre laissée ? Il me semble qu'il ya ici trois espèces d'hommes représentées; les uns ont fait choix de l'oisiveté et du repos, et ne s'occupent ni des affaires séculières ni des attires ecclésiastiques : le lit est l'image de leur repos; les autres, appartenant à la plèbe, sont dirigés par de plus savants qu'eux et s'emploient aux choses du siècle : ils sont figurés par des femmes, parce qu'ils ont besoin, comme je l'ai dit, d'être gouvernés par de plus habiles; ils sont représentés occupés à moudre, image du cercle interminable des affaires temporelles ; cependant ces femmes travaillent ensemble, ce qui veut dire qu'elles contribuent de leurs propres biens et de leurs travaux aux besoins de l'Eglise : la troisième espèce d'hommes se compose de ceux qui occupent les emplois du ministère ecclésiastique et travaillent en quelque sorte dans le champ de Dieu; c'est de cette agriculture que parle l'Apôtre (4).


Or, dans chacune de ces trois espèces d'hommes, il y en a encore de deux sortes, et on les distingue à la puissance de leur énergie. Quoique tous paraissent être du nombre des membres de l'Eglise, cependant quand arrivent l'épreuve et la tribulation, parmi ceux qui sont dans le repos, parmi ceux qui sont dans les embarras du siècle, et parmi ceux qui servent Dieu dans l'Eglise, il y en a quelques-uns qui demeurent debout et quelques-uns qui tombent : ceux qui restent debout, sont pris, et ceux qui tombent sont laissés. Quand il est dit que "l'un sera pris et l'autre laissé," cela ne doit donc pas s'entendre de deux hommes seulement, mais de deux genres de dispositions qui existent parmi les trois espèces de profession.


"En cette nuit-là" signifie par conséquent, en cette tribulation. A ces trois espèces d'hommes qui sont pris, je crois devoir aussi faire rapporter le trois noms des saints personnages, qui, suivant le prophète Ézéchiel, seront seuls délivrés : Noé, Daniel et Job (1). Noé semble avoir un point de ressemblance avec ceux qui gouvernent l'Eglise : l'arche, figure frappante de l'Eglise, ayant été dirigée par lui sur les eaux du déluge. Daniel, qui choisit le célibat, c'est-à-dire méprisa les noces terrestres, afin, comme dit l'Apôtre, de vivre sans sollicitude et de penser aux choses de Dieu (2), est la figure de ceux qui sont dans le repos, mais se montrent néanmoins très-forts dans l'épreuve, afin de pouvoir être pris. Job, qui eut une femme et des enfants et des biens terrestres en abondance (3), représente ceux à qui est départi le travail du moulin, mais afin d'être, à son exemple, très-courageux dans les épreuves; car ils ne pourront être pris autrement. Je ne pense pas qu'il y ait dans l'Eglise d'autres espèces d'hommes que les trois que nous venons de signaler, avec la double différence que constate l'élection ou l'abandon, quoiqu'on puisse trouver en, chacune d'elles une grande variété de volontés et de goûts concourant néanmoins à la concorde et à l'unité.




3 Luc, XVII,. 34, 35.
4 I Cor. III, 9
1 Ezéch., XIV,14.
2 I Cor. VII, 32, 34.
3 Job. I, 1-3.





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Message  ROBERT. Mar 12 Avr 2011, 5:43 pm

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QUESTIONS SUR LES ÉVANGILES.


TITRES DES QUESTIONS DU SECOND LIVRE : EVANGILE SELON SAINT LUC.

XLV. — Du juge inique importuné par une veuve (4).

— Comment se fait-il que, pour exhorter à prier toujours et à ne se lasser jamais, le Seigneur propose la parabole du juge inique, qui ne craignant point Dieu et ne se souciant point des hommes, céda cependant aux importunités d'une veuve pour lui rendre justice, de peur qu'elle ne lui causât de l'ennui ? car c'est le sens de ces mots: "De peur qu'elle ne vienne me faire quelque affront."


Parfois le Seigneur , propose ses paraboles sous forme de similitude; c'est ce qui a lieu, par exemple, dans la parabole du serviteur à qui son maître remet, après sa reddition de compte, ce dont il se trouve débiteur, et qui cependant ne consent pas lui-même à accorder au moins un délai à son compagnon (5) ; dans celle du créancier qui, ayant remis les dettes à deux de ses débiteurs, fut aimé davantage par celui auquel il avait plus remis (6) ; dans celle encore de cet homme qui avait deux fils, l'aîné qui demeura auprès de lui aux champs, et le plus jeune, qui s'éloigna de lui et vécut dans la débauche (7) ; on pourrait citer un grand nombre d'exemples de ce genre dans ces paraboles, en étudiant les traits de ressemblance l'intelligence va de l'objet qu'elles représentent à la recherche et à la découverte de la vérité. D'autres fois le Seigneur appuie ce qu'il avance sur les contraires ; c'est ce qui a lieu dans le passage suivant : "Si Dieu revêt de cette sorte une herbe des champs, qui parait aujourd'hui et qui sera demain jetée au four, à combien plus forte raison, vous revêtira-t-il, ô hommes de peu de foi (1)." C'est à ce genre de paraboles qu'appartient ce qu'il dit du serviteur à qui le maître annonce qu'il lui retire l'administration de ses biens : ce serviteur trompait son maître, en falsifiant les promesses écrites et en remettant aux débiteurs de ce dernier ce qu'il jugeait convenable à ses propres intérêts.


Cependant le Seigneur ne veut point à coup sûr que nous le trompions lui-même, mais s'il dit que l'économe infidèle fut loué par son maître pour avoir pourvu à son avenir, avec combien plus d'ardeur veut-il que nous fassions un bon usage des richesses d'iniquité, afin de pourvoir ainsi à nos intérêts éternels (2).


Nous avons traité cette question en son lieu (3). C'est encore au même genre de paraboles qu'appartient celle où il est question d'un homme qui se lève au milieu de son sommeil, pour donner trois pains à son ami, non par sentiment d'amitié, mais pour se soustraire à ses importunités. Or, si cet homme adonné pour un pareil motif, à combien plus forte raison Dieu, qui aime ses serviteurs et les exhorte à prier, leur accordera-t-il les biens qu'ils lui demandent (4). La première espèce de paraboles peut donc être résumée en ces termes : Ceci est semblable à celà ; et la seconde, sous la forme suivante : Si telle chose est, à combien plus forte raison telle autre. Ou bien : Si telle chose n'est pas, combien moins telle autre.


Mais tantôt ces paraboles sont obscures, tantôt elles présentent un sens facile à saisir. Ce juge inique nous est donc présenté, non pas sous la forme de similitude, mais au point de vue des contraires; le Seigneur a voulu montrer par cet exemple combien doit être grande la confiance de ceux qui prient avec persévérance le Dieu qui est à la fois la source de la justice et de la miséricorde et tout ce qu'on peut dire ou entendre de plus parfait, puisque la prière persévérante d'une femme a pu triompher du juge le plus inique, pour en obtenir ce qu'elle désirait. (à suivre…)




4 Luc, XVIII, 1-8.
5 Matt. XVIII, 23-35.
6 Luc, VII, 41-43.
7 Luc, XV, 11-38.
1Matt. VI, 30.
2 Luc, XVI, 1.
3 Ci-dessus, Q. XXXIV. lien
4 Matt. VII, 7-11.

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Gras ajoutés.
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Message  ROBERT. Mer 13 Avr 2011, 2:57 pm

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TITRES DES QUESTIONS DU SECOND LIVRE : ÉVANGILE SELON SAINT LUC.

XLV. — Du juge inique importuné par une veuve. (suite)


Cette même veuve peut très-bien être considérée comme l'image de l'Eglise : celle-ci est dans la désolation jusqu'à la venue du Seigneur, qui cependant la protège maintenant encore d'une manière mystérieuse. Si l'on demande pourquoi les élus veulent être vengés, comme les martyrs dans l'Apocalypse de saint Jean (1), tandis qu'il nous a été expressément ordonné de prier pour nos ennemis et nos persécuteurs ; PAR CETTE VENGEANCE DES JUSTES, IL FAUT ENTENDRE QU'ILS DEMANDENT LA DESTRUCTION DU RÈGNE DE TOUS LES MÉCHANTS ; OR, CEUX-CI FINISSENT LEUR RÈGNE DE DEUX MANIÈRES, OU PAR LEUR RETOUR À LA JUSTICE, OU PAR LE CHÂTIMENT QUI DÉTRUIT LEUR PUISSANCE, CETTE PUISSANCE QU'ILS EXERCENT MAINTENANT CONTRE LES JUSTES TANT QUE LE BIEN DE CEUX-CI Y EST INTÉRESSÉ OU DU MOINS PENDANT UN TEMPS DONNÉ. D'AILLEURS QUAND TOUS LES HOMMES SE CONVERTIRAIENT À DIEU, MÊME LES ENNEMIS POUR LESQUELS NOUS DEVONS PRIER, IL RESTERAIT ENCORE LE DÉMON, QUI AGIT PARMI LES FILS DE L'INCRÉDULITÉ (2), DESTINÉ QU'IL EST À ÊTRE CONDAMNÉ À LA FIN DES SIÈCLES; OR, LES JUSTES APPELLENT CETTE FIN DE LEURS VOEUX, TOUT EN PRIANT POUR LEURS ENNEMIS ; CE N'EST DONC PAS SANS RAISON QU'ILS RÉCLAMENT VENGEANCE.


1 Apoc. VI, 10.
2 Eph. II, 2





Majuscules ajoutés.
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Message  ROBERT. Jeu 14 Avr 2011, 7:44 pm

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XLVI. — Le prince qui va prendre possession de son royaume (3). —"Il y avait un homme de grande naissance, qui s'en alla dans un pays éloigné, pour y prendre possession d'un royaume, et revenir;" cet homme distingué, c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même. Ce pays éloigné c'est l'Eglise des nations répandue jusqu'aux extrémités de la terre. Il doit cependant revenir ; il s'est éloigné en effet, pour faire entrer la plénitude des nations ; et il reviendra, pour que tout Israël soit sauvé (4). Les dix mines signifient les dix commandements de la loi ; les dix serviteurs, ceux à qui la grâce a été annoncée quand ils étaient soumis à cette même loi. Car il faut bien l'entendre : les dix mines leur furent confiées, quand ils comprirent qu'il n'y avait plus de voile et que la Loi elle-même faisait partie de l'Évangile. Ceux de son pays qui lui envoyèrent des députés, pour protester qu'ils ne voulaient pas de lui pour roi, sont les Juifs, qui, même après la résurrection de Jésus-Christ, firent endurer des persécutions aux Apôtres et repoussèrent la prédication de l'Évangile.


Or, il revint, après avoir pris possession de son royaume : Celui qui est venu dans l'humanité, disant : "Mon royaume n'est pas de ce monde (1)", viendra un jour dans l'appareil et l'éclat le plus magnifique. Les serviteurs qui rendent compte de ce qu'ils ont reçu, et qui sont loués de l'avoir fait fructifier, représentent ceux qui, ayant fait bon usage de la foi, pour augmenter les richesses du Seigneur dans la personne de ceux qui croient, ont ainsi un compte favorable à rendre. Ceux qui se refusent à agir de la sorte, sont figurés par celui qui conserva sa mine enveloppée dans un mouchoir. Il y a en effet des hommes assez pervers pour se flatter de dire : Il suffit à chacun de rendre compte pour soi; qu'est-il besoin de prêcher aux autres ou de les servir, pour être ensuite forcé de rendre compte aussi pour eux, puisque ceux-là mêmes sont inexcusables devant Dieu, qui n'ont pas reçu la loi ni entendu l'Évangile, et se sont endormis : parce qu'ils pouvaient au moyen de la créature connaître le Créateur, ses perfections invisibles étant devenues intelligibles depuis la création du monde, par la connaissance que les créatures nous en donnent (2), ? C'est en effet comme recueillir où il n'a pas semé, c'est-à-dire, considérer comme des impies ceux qui n'ont pas reçu la parole de la loi ou de l’Évangile
(à suivre…)

3 Luc, XIX, 12-27.
4 Rom. XI, 35.
1 Jean, XVIII, 36.
2 Rom I, 20.






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Message  ROBERT. Ven 15 Avr 2011, 8:42 pm

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XLVI. — Le prince qui va prendre possession de son royaume. (suite)

— Pour se soustraire, en quelque sorte, aux sévérités du jugement, ils s'abstiennent, dans une honteuse paresse, du ministère de la parole ; or, c'est là tenir son talent enveloppé dans un mouchoir. Par cette banque où l'argent devait être déposé, nous entendons la profession même de la Religion, qui s'ouvre en quelque sorte publiquement pour procurer la facilité du salut. Parmi les serviteurs fidèles, celui qui a acquis dix mines et celui qui en a acquis cinq, représentent ceux qui, ayant eu l'intelligence de la loi par le moyen de la grâce, ont été acquis eux-mêmes au bercail du Seigneur, soit parce que la loi est contenue dans le décalogue, soit parce que le promulgateur de la Loi a composé les cinq livres du Pentateuque. Les dix villes et les cinq villes, sur lesquelles, ces serviteurs ont autorité, ont la même signification. La multiplication de l'intelligence dans la variété qui naît elle-même de chaque précepte ou de chaque livre, rapportée à un seul objet, forme pour ainsi dire la cité vivante des raisons éternelles.

Car cette cité ne se compose pas d'êtres quelconques, mais d'une multitude d'intelligences raisonnables, unies ensemble par les liens d'une même loi. On ôte ce qu'il avait reçu à celui qui ne l'a pas fait fructifier, et on le donne à celui qui avait dix mines ; cette circonstance signifie que celui qui possède un don de Dieu, mais l'a comme s'il ne l'avait pas, c'est-à-dire, ne le fait pas fructifier, peut même le perdre ; et que ce don peut s'accroître dans celui qui l'a dans un sens vrai, c'est-à-dire, en fait un bon usage. Quant à l'ordre donné par le roi de mettre à mort ses ennemis en sa présence, il marque l'impiété des Juifs qui n'ont pas voulu se convertir au Seigneur.


3 Luc, XIX, 12-27.
4 Rom. XI, 35.
1 Jean, XVIII, 36.
2 Rom I, 20.





Gras ajoutés.

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Message  ROBERT. Sam 16 Avr 2011, 8:32 pm

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XLVII. — Du chameau qui passe par le trou d'une aiguille (1). — Que veut dire le Sauveur par ces paroles : "Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille, qu'à un riche d'entrer dans le royaume de Dieu ?" En cette circonstance, il donne le nom de riche à l'homme avide des biens terrestres et fier de les posséder. Ces riches sont l'opposé des pauvres en esprit, à qui appartient le royaume des cieux (2). D'où il suit manifestement que tous les hommes avides de richesses sont compris sous l'anathème du Sauveur, quand bien même ils ne seraient pas les détenteurs de la fortune : c'est pourquoi ceux qui entendirent ces paroles, s'écrièrent : "Et qui donc pourra être sauvé ?" La foule des pauvres est de beaucoup la plus nombreuse; mais ils comprirent qu'au nombre des riches étaient comptés ceux-là même qui n'ont pas les biens de la terre, mais brûlent d'envie de les posséder.

Or, voici le sens : Il est plus facile au Christ de souffrir pour les amateurs du siècle, qu'aux amateurs du siècle de pouvoir se convertir au Christ. Il a voulu se désigner lui-même sous l'emblème de ce chameau, car il a humilié ses épaules sous le fardeau. En qui, en effet, mieux qu'en lui-même, s'est vérifiée cette parole de l'Ecriture : "Plus vous êtes grand, plus il faut vous humilier (3) ?" L'aiguille est le symbole des piqûres, c'est-à-dire des douleurs de la Passion; le trou de l'aiguille marque par conséquent les angoisses endurées dans ces douleurs. Quant à ces paroles : "Ce qui est impossible aux hommes, est possible à Dieu," elles ne veulent pas dire que les ambitieux et les superbes, figurés par le riche, entreront dans le royaume des cieux avec leur cupidité et leur orgueil; mais que Dieu peut, à l'aide de sa parole, comme nous l'avons déjà vu et comme nous le voyons encore tous les jours, entraîner de l'amour effréné des choses temporelles à l'amour des choses éternelles, d'un orgueil plein de dangers à une humilité très-salutaire.



1 Luc, XVIII, 25-27.
2 Matt. V, 3.
3 Eccli. III, 20.



Gras ajoutés.

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Message  ROBERT. Dim 17 Avr 2011, 8:39 pm

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XLVIII. — Aveugles de Jéricho (1). — L'Évangile dit que Jésus et ses disciples étaient proches de Jéricho : ceci pourrait s'entendre en ce sens qu'ils étaient déjà sortis de la ville, mais qu'ils en étaient encore très-rapprochés : il est vrai que, cette manière de parler n'est pas conforme à l'usage ; mais ce qui rendrait cette interprétation vraisemblable, c'est que, suivant saint Matthieu, la guérison des deux aveugles assis sur le bord du chemin eut lieu, quand Jésus sortait de Jéricho (2). Il n'y a pas à s'occuper du nombre, si un Évangéliste ne parle que d'un aveugle et ne s'est souvenu que d'un seul.

En effet, saint Marc ne mentionne qu'un aveugle guéri par Notre-Seigneur, au moment où il sortait de Jéricho ; il donne même son nom et celui de son père (3) : ce qui nous donne à entendre que l'un des aveugles était très-connu, et mérita par ce motif d'être signalé, tandis que l'autre était inconnu. Mais comme la suite du texte, dans l'Évangile selon saint Luc, démontre très-clairement que la guérison racontée par lui s'opéra lorsque Jésus et ses disciples allaient à Jéricho, il ne reste plus qu'à reconnaître qu'il y a eu deux guérisons miraculeuses, l'une en faveur d'un aveugle quand Jésus venait à Jéricho, et l'autre en faveur de deux aveugles, au moment où Jésus sortait de cette ville : l'une racontée par saint Luc, et l'autre par saint Matthieu.

Toutefois ces circonstances ne sont pas sans renfermer quelque mystère. Si l'on prend dans son sens figuré Jéricho, qui signifie lune, et par suite révèle l'idée de mortalité, le Seigneur, sur le point de mourir, ayant prescrit de porter aux Juifs exclusivement la lumière de l'Évangile, l'aveugle dont parle saint Luc est leur figure ; mais après sa résurrection et au moment de s'éloigner, il voulut que la lumière de l'Évangile fut portée et aux Juifs et aux Gentils; les deux aveugles dont parle saint Matthieu sont la figure de ces deux peuples.



1 Luc. XVIII, 35-43.
2 Matt. XX, 29-34.
3 Marc, X, 46-52.




gras ajoutés.

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Message  ROBERT. Lun 18 Avr 2011, 5:03 pm

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XLIX — Le temple (4). Par le temple dont il est fait mention dans l'Évangile, entendez l'humanité de Jésus-Christ, ou si volts le voulez encore, le corps même de Jésus-Christ, qui est l'Eglise. En tant qu'il est la tête de l'Eglise, il a dit : "Renversez ce temple, et en trois jours je le rétablirai."

Mais il semble qu'il a fait allusion à son Eglise, quand il a dit : "Ôtez tout cela d'ici, car il est écrit: Ma maison sera appelée une maison de prières ; et vous en avez fait une maison de trafic, ou une caverne de voleurs (1)." Image de ce qu'on devait voir un jour dans l'Eglise : des hommes y travaillant à leurs propres affaires, ou en faisant un asile pour cacher leur scélératesse, plutôt que d'imiter la charité du Christ, et après la réception du pardon qui suit l'aveu des péchés, de se corriger de leurs défauts.


4 Luc, XIX, 45, 46.
1 Jean, II, 16.






À suivre…
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Message  ROBERT. Lun 25 Avr 2011, 7:53 pm

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L — De la vie des justes ressuscités (2). — "Car alors," dit Notre-Seigneur, "ils ne pourront plus mourir," parce que le mariage a pour but la famille, que la famille se soutient par l'hérédité, et que les successions n'ont lieu que par la mort : donc, où la mort n'existe pas, le mariage n'a plus de raison d'être. De même en effet que nos discours se composent et s'achèvent à J'aide de syllabes qui meurent et se succèdent, ainsi les hommes eux-mêmes, dont le langage est ainsi formé, concourent, en mourant et en se succédant, à la perfection de l'ordre de ce siècle, qui consiste dans la beauté des choses temporelles.

Mais dans l'autre vie, comme le Verbe de Dieu dont nous jouirons n'a pas besoin, pour se compléter, de syllabes qui meurent et se succèdent, mais qu'il a en lui-même tout ce qui le rend parfait, en demeurant le même éternellement ; ceux qui le posséderont et dont il sera à lui seul la vie, ne se feront point place par la mort, et ne se succéderont point par la naissance.


2 Luc, XX, 36.



Gras ajoutés.

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