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Message  Monique Lun 28 Fév 2011, 9:38 pm

A quelque prix que ce soit


1. Pas de victoire sans combat


« A celui qui vaincra je donnerai à manger de l'arbre de vie, qui est dans le paradis de mon Dieu. (Apoc., II, 7.) A celui qui vaincra je donnerai de la manne cachée et je lui donnerai... un nom nouveau (1) que personne ne connaît, si ce n'est celui qui le reçoit, (V, 17.) A celui qui vaincra et qui gardera jusqu'à la fin mes œuvres, je donnerai pouvoir sur les nations, (V, 26.) Celui qui vaincra sera revêtu de vêtements blancs... je confesserai son nom devant mon Père et devant ses anges, (III, 5.) Celui qui vaincra, j'en ferai une colonne dans le temple de mon Dieu, (V, 12.) Celui qui vaincra, je le ferai asseoir avec moi sur mon trône, (V, 21.) A celui qui a soif, je donnerai gratuitement de la source d'eau vive. Celui qui vaincra possédera tous ces biens, et je serai son Dieu et il sera mon fils. » (XXI, 7.)

« L'œil de l'homme n'a point vu, son oreille n'a point entendu, son cœur ne peut comprendre les grands biens que Dieu a préparés à ceux qui l'aiment. » Mais ces biens — avec quelle insistance, nous venons de l'entendre, Jésus l'a déclaré à son apôtre bien-aimé — ne sont donnés qu'aux victorieux, à ceux qui ne se laissent pas « vaincre par le mal, mais qui triomphent du mal par le bien. » (Rom., XII, 21.) Ceux-là seulement ont prouvé au Seigneur leur amour, qui ont remporté la victoire. « Combats le bon combat, dit et répète saint Paul à son disciple, conquiers la vie éternelle, à laquelle tu as été appelé. » (I Tim., I, 18; VI, 12.)

La vie éternelle est donc une conquête; Jésus, le grand conquérant, veut avoir autour de Lui toute une cour composée de vaillants qui auront comme Lui conquis le paradis. Saint Jean n'a-t-il pas vu tous les élus portant à la main la palme de la victoire? (Apoc, VII, 9.) Oui, tous, au ciel, sont des conquérants, même les élus de la dernière heure qui, après une vie de péché, se sont convertis à la mort. Petite a été la victoire, et petit sera leur triomphe dans l'éternité; cependant il leur a fallu renoncer sincèrement au péché et s'arracher à l'étreinte de Satan; grandes, au contraire, et innombrables sont les victoires des âmes très aimantes; l'amour divin ne fait jamais de progrès dans une âme que par les victoires qu'elle remporte, mais chaque victoire purifie et agrandit l'amour.


(1) Il semble bien que dans le langage angélique, qui est celui des élus, un seul nom peut exprimer toutes les vertus et les œuvres de l'élu.


Auguste SAUDREAU
CHANOINE HONORAIRE D'ANGERS PREMIER AUMONIER DE LA MAISON-MERE DU BON-PASTEUR
Extrait: ''L'IDÉAL DE L'ÂME FERVENTE''
DEUXIEME EDITION
PARIS CHALES AMAT
éditeur II, rue Cassette (VIe)
ARRAS BRUNET
éditeur 32 rue Gambetta
ANGERS
Imp. G. GRASSIN, RICHOU Frères, Éditeurs
40, rue du Cornet
1923.


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Message  Monique Mar 01 Mar 2011, 11:11 pm

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2. La lutte contre les démons


Parce qu'Il veut que nous soyons des conquérants et que nos gloires et nos joies célestes soient le fruit de nos victoires, le Seigneur a permis à ses ennemis de devenir les nôtres et de nous faire une guerre ardente, incessante, impitoyable. [i]» Nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang », dit l'Apôtre, c'est-à-dire contre les hommes, ils seraient moins redoutables, « mais contre les princes, contre les puissances, contre les dominateurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits mauvais répandus dans l'air ». (Ephés., VI, 12.)

Les hommes, quand ils se font tentateurs, et alors ils sont eux-mêmes les dupes de Satan et ses auxiliaires, sont plus faciles à reconnaître. Il est vrai, certains personnages, complaisants ou flatteurs, par des paroles de fausse compassion ou par une affection de mauvais aloi, nous portent parfois à l'aigreur, au murmure, à l'aversion, et nous ne découvrons pas assez vite que ces faux amis sont des ennemis de nos âmes; mais en général les tentations qui nous viennent par les créatures humaines se font plus à découvert et sont par là même beaucoup moins perfides.

Le démon est plus habile : il se dissimule, il suggère des idées menteuses, de telle sorte que presque toujours la pauvre âme est persuadée que les pensées qu'elles viennent de son propre fond; tant qu'elle ne discerne pas les perfidies de l'ennemi, elle se laisse plus facilement séduire. Cet ennemi invisible et sournois est plus fort que l'homme ; Il sait beaucoup mieux que les créatures humaines échauffer l'imagination, soulever les passions, exciter les convoitises, faire bouillonner intérieurement les sentiments d'agacement, d'irritation, ou bien susciter dans l'esprit des nuages assombrissant, des angoisses torturantes, des idées qui tendent à déprimer, à enlever tout courage. Il est aussi très tenace ; repoussé une fois, vingt fois, cent fois, il revient à la charge et redouble ses coups.

Saint Paul, parlant des ennemis de nos âmes, nomme les princes, les puissances, les dominateurs de ce monde de ténèbres ; il semble vouloir signaler par là les démons des chœurs supérieurs. Il y a eu, en effet, des rebelles dans tous les degrés de la hiérarchie angélique, et comme ils gardent leur nature, il s'ensuit qu'il en est parmi eux dont la force est dix fois, cent fois, probablement mille fois plus grande que celle des autres. Quand les attaques viennent de ces princes du royaume infernal, la lutte peut être d'une violence inouïe. « Sauve-moi, ô mon Dieu, s'écrie le psalmiste, car les eaux montent jusqu'à mon âme; je suis enfoncé dans une fange profonde, il n'y a pas où poser le pied; je suis tombé dans un gouffre d'eau et les flots me submergent. » (Ps., 68, 1.)




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Message  Monique Mer 02 Mar 2011, 7:06 pm

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2. La lutte contre les démons


Et pourtant contre ces redoutables ennemis la victoire est toujours possible; quelque habiles que soient les démons, leur stratégie est souvent en défaut. Comment ne seraient-ils pas souvent aveugles, ces misérables toujours en proie à la rage, toujours inspirés par la haine, toujours égarés par l'orgueil? S'ils connaissent merveilleusement notre nature, nos défauts, nos passions, tous les maux qui sont la suite et de la faute originelle et de nos péchés personnels, par contre les éléments surnaturels, les grâces, les inspirations divines, les secours que Dieu donne leur échappent; et plus est grande en nous la mesure du surnaturel, moins ils y voient clair. « Un baptisé leur est plus caché qu'un infidèle, un juste plus qu'un pécheur, un saint plus qu'un juste ordinaire » (1)

En outre, plus leur mentalité diffère de celle des âmes qu'ils tentent, moins ils la comprennent. Ils attaquent souvent à contre-temps, souvent trop sûrs d'eux-mêmes, ils vont maladroitement au-devant d'échecs certains.

Leur perspicacité fût-elle impeccable, leur habileté fût-elle parfaite, et la pauvre créature fût-elle très ignorante et très faible, ils ne devraient jamais escompter le succès, car « Dieu, qui est fidèle, ne permet jamais que nous soyons tentés au-dessus de nos forces ». (I, Cor., X, 13.)

Si l'âme est trop faible, Dieu retient leur violence, Il les enchaîne, Il met un terme à leurs assauts, et la victoire reste toujours possible à celui qui est tenté. Dieu a établi cette loi — plus d'une fois les démons, pressés par les exorcistes, ont dû le reconnaître avec rage — que la tentation repoussée retombe pesamment sur le tentateur, elle lui cause un surcroît de souffrances (1), qui, à la longue, l'oblige pour un temps à se retirer, comme le déclare saint Jacques : Resistite diabolo et fugiet a vobis.

Les démons supérieurs ont plus de force et peuvent prolonger la lutte, qu'ils mènent aussi avec plus de vigueur, mais si l'âme ne cède pas, eux aussi sont enfin contraints de se retirer et de laisser l'âme vaillante prendre quelque repos. Ils reviendront plus tard, mais leur vainqueur aura repris de nouvelles forces. Ces puissants démons s'attaquent aux âmes plus fortes; ils inspirent aussi, ils dominent et conduisent les misérables qui, enfoncés dans le péché, au lieu de leur opposer de la résistance, se livrent à eux, cherchant les moyens de faire plus de mal. Les démons plus faibles attaquent les âmes plus faibles. Ainsi tous les démons, les princes de l'enfer comme les moindres esprits mauvais ne peuvent jamais vaincre que celui qui consent à être vaincu. Dieu qui soutient ses enfants, leur donne toujours le moyen de tirer avantage des tentations : faciet cum tentatione proventum.

Donc en voulant perdre les âmes, Satan leur offre l'occasion de se purifier, de se fortifier, de se sanctifier; il fait des saints en voulant faire des damnés. « Regardez donc comme une grande joie, dit saint Jacques (I, 2), d'être en butte à des épreuves, à des tentations de toutes sortes. » Omne gaudium existimate, fratres, cum in tentationes varias incideritis. Les soldats vaillants se réjouissent quand on leur annonce l'approche d'une bataille et pourtant, malgré leur courage, ils peuvent être vaincus, mais le soldat de Dieu, s'il veut vaincre, est sûr de la victoire.


(1) Mgr Gay. Vie et Vertus, t. II, p. 122.
(1) Cf. Cassien. Conférences, VII, 20.


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Message  Monique Ven 04 Mar 2011, 11:53 am

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3. La victoire est affaire de volonté


La victoire est affaire de volonté comme la faculté maîtresse qui doit diriger sa vie; elle ne peut, sans la grâce, faire un acte surnaturel, mais la grâce toujours lui est offerte, et toujours la volonté, ainsi aidée peut suivre les lois divines et accomplir des actes méritoires! D'une part les passions nous sollicitent, de l'autre la vertu nous attire ; les hommes par leurs exemples, par leurs paroles, nous portent les uns au bien, les autres au mal; les anges, par leurs inspirations, nous poussent vers Dieu, les démons, par leurs tentations, cherchent à nous en éloigner, mais, par notre volonté, nous restons maîtres de nos actes; l'imagination peut être remuée, touchée, enthousiasmée pour le bien; elle peut être aussi troublée, obsédée par le mal; à l'intelligence peuvent être présentées de bonnes comme de mauvaises raisons, mais la volonté reste toujours inviolée, aucune créature ne peut l'infléchir; seule elle peut, à son gré, se plier, se tourner vers les biens véritables ou vers les faux biens ; elle est libre toujours, et d'elle dépendent nos destinées éternelles.

Cette belle faculté, dont le rôle est si grand, a reçu de Dieu toute la puissance nécessaire pour bien remplir sa tâche, mais cette puissance est d'abord donnée en germe, selon la loi des choses d'ici-bas; elle n'atteint qu'à la longue son développement parfait; elle doit être cultivée pour devenir plus forte; elle doit aussi être dirigée, c'est-à-dire détournée du mal et appliquée au bien. C'est le rôle de l'éducation : les éducateurs prennent la volonté de l'enfant, si inconstante, si capricieuse, si attachée aux choses futiles, et si facilement séduite par des objets nuisibles; ils s'appliquent à la redresser, à l'affermir; mais, et c'est ce qui montre que la volonté est vraiment reine, ils n'y réussissent qu'autant que la volonté consent à se redresser elle-même, et qu'autant qu'elle travaille elle-même à s'affermir.

Une fois bien dirigée et bien affermie, elle peut accomplir de grandes oeuvres. Dans les affaires temporelles, les hommes qui ont une volonté ardente et tenace surmontent les obstacles, ils triomphent des oppositions et finissent par mener à bien leurs entreprises; ceux qui sont irrésolus, inconstants, timides, pusillanimes, ne font rien qui vaille. Les commerçants! les industriels ne réussissent dans leurs affaires que grâce à de pénibles labeurs, qui proviennent d'une volonté ferme et constante. Les grands écrivains, les grands généraux, les grands politiques furent des hommes qui voulurent, coûte que coûte, se perfectionner dans leur art, et qui y parvinrent, à force d'énergie et de persévérance. On a dit que le génie est une longue patience; certes, il exige autre chose que la patience, il suppose des dons éminents qui ne sont accordés qu'à un petit nombre, mais ces dons ne produisent tous leurs effets que grâce à un travail patient et opiniâtre.

L'œuvre toute surnaturelle de notre perfection réclame encore plus de labeurs, plus d'efforts, une volonté plus droite et encore plus énergique. Cette volonté doit, tout d'abord, prendre le gouvernement des facultés inférieures, dominer la sensibilité, réfréner l'imagination, maîtriser et l'appétit concupiscible et l'appétit irascible, imposer à l'esprit l'amour des vérités de la foi, le renoncement aux vaines pensées et aux spéculations inutiles, la recherche et l'étude des meilleurs moyens de bien faire.



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Message  Monique Ven 04 Mar 2011, 6:59 pm

A quelque prix que ce soit


4. Comment la volonté s'affermit


Pour fortifier la volonté et lui assurer cette pleine maîtrise sur elle-même et sur les autres puissances, pour la rendre peu à peu capable de grandes œuvres, Dieu la travaille longuement avec une merveilleuse sagesse et une paternelle bonté. D'abord il fait luire à nos yeux la beauté de la vertu et la laideur du mal : par là notre intelligence est éclairée, et des désirs, qui sont des impulsions données à notre volonté par la grâce divine, nous poussent à la pratique des vertus; ces désirs ne sont que des velléités, c'est-à-dire des vouloirs spontanés et encore inefficaces; s'ils deviennent consentis, si la volonté passe délibérément du désir à la résolution, ces vouloirs deviennent libres et méritoires.

Au début d'une vie de piété, quand l'âme a déjà fait preuve de bonnes dispositions, le consentement est rendu facile, car la grâce se fait suave et consolante ; les autres puissances aident la volonté à rechercher le bien; les sens, l'imagination sont saintement frappés, le cœur s'émeut, les cérémonies, les exercices de piété,la prière, la communion, (spirituelle) la pratique de certaines vertus procurent à l'âme de pures jouissances.

Mais en même temps qu'il rend très douces ces œuvres pieuses, le Seigneur réclame des actes de vertu qui coûtent et qui obligent la volonté à déployer une certaine vigueur.

A ce moment déjà, les âmes vaillantes se distinguent des âmes paresseuses et égoïstes, celles-là se montrant fort généreuses, celles-ci se complaisant dans les douceurs et évitant les sacrifices. Les âmes molles ne progressent pas jusqu'à ce qu'elles sortent de leur mollesse et que leur volonté fasse d'énergiques efforts. Quant aux âmes fidèles, le Seigneur continue de leur offrir des occasions de victoire; un effort passager serait chose facile, alors les luttes se prolongent : les démons redoublent leurs attaques; la nature, mille fois maîtrisée, mille fois contrariée, ne cesse ni de réclamer ce qui la flatte, ni de s'opposer à ce qui lui répugne; les hommes cherchent, par leurs critiques ou leurs conseils ou leurs exemples, à détourner du devoir. Il faut vaincre tous ces ennemis et apporter dans ces combats une énergie grandissante.


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Message  Monique Mar 08 Mar 2011, 8:28 pm

A quelque prix que ce soit


4. Comment la volonté s'affermit


Toute vertu, pour être parfaite, exige de grandes luttes, et l'on doit chercher à acquérir dans leur perfection les vertus fondamentales qui entraîneront les autres. La réforme du caractère est une œuvre difficile : chassez le naturel, il revient au galop ; pour devenir un homme de recueillement et de prière, il faut une grande force d'âme ; pour pratiquer le renoncement à tout ce qui séduit la volonté humaine, de longs et pénibles efforts sont indispensables, car il faut mortifier son cœur, son corps, ses goûts, son propre jugement, il faut surmonter ses répugnances; la pratique de l'humilité, de la charité, exige aussi une grande vigilance et un dur travail.

Dieu impose donc à sa créature de nombreux combats, mais Il ne cesse de la soutenir. Les grâces qu'il lui accorde ne sont pas toujours consolantes; un jour vient où, pour obliger la volonté à faire de plus grands efforts et à acquérir plus de fermeté, le Seigneur lui enlève ses appuis; Il fait passer l'âme par des sécheresses et des états d'apparente impuissance ; les autres facultés, au lieu dé l'aider comme jadis, deviennent des obstacles, l'imagination est livrée aux divagations, elle distrait l'intelligence et la détourne des vérités de la foi pour l'occuper de choses passagères, le cœur est non seulement froid, indifférent au bien, mais parfois encore il ressent du dégoût pour ce qui, jadis, le charmait : lectures, prières, pieux exercices, devoirs d'état.

La volonté doit alors tendre ses forces pour accomplir les devoirs les plus ordinaires. L'ennemi, dans ces moments critiques, cherche à engourdir les âmes en leur persuadant que tout effort est inutile ou impossible. « Je ne puis pas », fatale parole, persuasion extrêmement funeste, qui empêche l'âme de se faire violence au moment où des actes de très grande énergie sont plus nécessaires que jamais. « Je ne puis pas prier », dira-t-on. Mais la prière est un devoir; si parfois il devient fort difficile, cependant la grâce de l'accomplir ne fait jamais défaut, et l'Église a justement condamné les quiétistes, qui prétendaient que l'âme doit se tenir dans un complet silence, sans jamais formuler de demande. Saint Ignace (Exercices, XIIIe annotation) recommande de prolonger la prière quand elle devient plus pénible « afin que, par là, on s'accoutume, non seulement à résister à l'ennemi, mais à le terrasser ».



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Message  Monique Mer 09 Mar 2011, 9:04 pm

A quelque prix que ce soit


4. Comment la volonté s'affermit


La volonté doit encore tendre ses forces quand la nature se révolte, lorsque l'agacement surexcite les nerfs, lorsque les passions s'échauffent. Elle peut toujours rester maîtresse, mais à la condition de mettre en œuvre toute son énergie. « C'est plus fort que moi, je ne puis pas me vaincre, » telle est encore l'excuse des âmes peu aimantes, mais c'est une excuse menteuse.

Une personne en proie à de grandes tentations contre la foi avait déclaré à la bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy qu'il lui était impossible de faire aucun acte de cette vertu ; cette sainte carmélite, émue de pitié, ayant intercédé pour elle, le Seigneur lui répondit : « Dis-lui que c'est un mensonge ; le secours de ma grâce est plus fort que sa peine. » (Cf. Divines Paroles, XIX, 8.)

Celui qui veut rester, très fidèle à Dieu et l'aimer d'un amour parfait, doit prendre pour devise : A quelque prix que ce soit ; il doit être résolu à se faire de grandes, de continuelles violences, et le mot célèbre de l'Imitation (I, 25) sera toujours vrai : « Plus tu te feras de violence, plus tu feras de progrès (1). » Viriliter agite et confortamini : soyez virils, fortifiez-vous disait saint Paul (I, Cor., XVI 13) après le psalmiste. (XXX, 25.)

(1) De ce mot d'A-Kempis on peut rapprocher celui de saint Ignace : Il faut que chacun sache qu'il avancera dans la vie spirituelle à proportion qu'il se dépouillera de son amour-propre, de sa volonté propre, de son propre intérêt. » II Semaine, Election.

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Message  Monique Dim 13 Mar 2011, 3:41 pm

A quelque prix que ce soit


4. Comment la volonté s'affermit


Dieu a déposé dans le fond de nos âmes une mine de saintes énergies, que peut-être nous ne soupçonnons pas et qu'il veut nous amener à mettre en valeur. Qu'elles ne demeurent pas enfouies; sachons tirer de notre volonté toute la puissance qu'elle tient en germe et qui peut merveilleusement grandir. Hélas ! très nombreuses sont les personnes de petit courage qui ne font que de faibles efforts; elles en font assez pour rester vertueuses, elles en font trop peu pour devenir parfaites.

Après dix ans, trente ans d'une vie de piété, l'oraison leur coûte encore, leurs prières sont pleines de distractions; leur mortification est peu généreuse; leur caractère n'est pas encore réformé, elles n'ont su ni l'adoucir s'il était trop rude. ni l'affermir s'il était trop faible ; leur patience est vite épuisée, des peines que les âmes vaillantes regardent comme légères, leur paraissent très lourdes, elles croient faire beaucoup en les endurant sans s'irriter. Ces personnes ne sortent jamais de l'enfance spirituelle. Comme les enfants, incapables de se livrer aux mêmes travaux, de porter les mêmes charges que les hommes faits, ne peuvent rendre que de très légers services, ainsi elles ne pratiquent que de petites vertus et ne donnent à Dieu que très peu de gloire.

Ceux qui ont fait de plus grands efforts ont acquis plus de vertus, et leurs mérites sont beaucoup plus grands; mais combien sont devenus forts ceux qui se sont fait violence en tout, qui ne se sont pas lassés de lutter contre eux-mêmes. Les demi-victoires laissent l'âme encore bien faible, mais toute victoire complète, due à de très énergiques efforts, affaiblit l'ennemi, fortifie le vainqueur, et rend plus faciles de nouveaux succès.

Le jour vient où la volonté étant dégagé de ses attaches, libérée de ses défectuosités, peut devenir entre les mains divines un instrument docile.

Alors, l'Esprit-Saint s'en empare, l'affermit et la dirige.



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Message  Monique Mer 16 Mar 2011, 9:31 pm

A quelque prix que ce soit


4. Comment la volonté s'affermit (suite et fin)


Le don de force, jusque-là, ne s'exerçait que par intervalles, dans les circonstances difficiles, par exemple lorsque s'imposaient des sacrifices exceptionnel, comme au moment de répondre à une vocation vivement combattue, ou bien dans des jours de grande douleur, comme à la mort d'un père, d'une mère, d'une personne chérie; désormais ce même don produira des effets habituels, et combien précieux !

On jouit alors d'une constante égalité d'âme, car l'Esprit-Saint, qui rend l'âme si forte, est toujours immuable; on garde toujours la pleine possession de soi-même, qui ne se dément ni dans les cas de pénible surprise ou de contrariétés irritantes, ni dans les événements les plus déconcertants. C'est la force jointe à la suavité, l'action divine étant toujours forte et suave. (Sag., VIII, 1.)

Les âmes chez qui s'exerce le don de force n'ont donc pas la raideur et l'opiniâtreté de ceux qui n'ont qu'une fermeté de volonté toute naturelle et qui veulent que tout plie devant eux; ils sont forts contre les démons et contre leur nature, mais ils sont aussi doux envers leurs frères qu'ils sont durs à eux-mêmes. Ils accomplissent, sans hésitation et sans avoir besoin de se raisonner, des actes de vertu qui coûtent beaucoup aux chrétiens ordinaires, et la preuve que cette facilité n'est pas seulement l'effet des habitudes acquises et de l'affermissement de la volonté, mais aussi et surtout de l'action du Saint-Esprit, qui les pénètre et qui les meut, c'est la paix intime, profonde, toute surnaturelle qui, chez eux, accompagne la pratique de la vertu ; ils la goûtent, cette paix, au moment même où ils se renoncent ; ce n'est donc pas la satisfaction de la victoire remportée, satisfaction qui ne peut être sentie qu'après la lutte, c'est la joie surhumaine du sacrifice.

Les dispositions que nous venons de dépeindre sont celles des âmes arrivées à la voie unitive ; à plus forte raison les trouve-t-on, et beaucoup plus parfaites, chez les âmes héroïques. Tous les saints ont prononcé le « coûte que coûte ». Tous ils ont voulu, d'une volonté inflexible, aimer leur Dieu, travailler pour Lui, s'immoler pour Lui : pour Lui plaire rien ne leur a paru trop dur, ils n'ont épargné aucun effort, ils n'ont reculé devant aucun sacrifice, ils ont marché de victoire en victoire. Nous aussi, « coûte que coûte », luttons toujours avec toute l' énergie dont nous sommes capables; les soldats qui combattent sauvent leur prince et leur pays, et la patrie tout entière a sa part de leurs succès; soldats de Dieu, nous combattons pour son amour et pour sa gloire, et nos victoires sont ses victoires.



FIN
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