FONDATION DE PALENCIA (SAINTE THÉRÈSE D'AVILA)

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Message  ROBERT. Jeu 23 Déc 2010, 2:49 pm

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FONDATION DE PALENCIA

Par Sainte Thérèse d'Avila.

(CHAPITRE 28)



Introduction:

1. Dans la répugnance qu'avait la sainte de s'engager à cette fondation Dieu lui commande de l'entreprendre, et lui ordonne ensuite de s'établir auprès d'une église de la Vierge, quoiqu'elle eut déjà fait le marché d’une autre maison.


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Message  ROBERT. Jeu 23 Déc 2010, 2:51 pm

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Par Sainte Thérèse d'Avila.

(CHAPITRE 28)


2. A mon retour de la fondation de Villeneuve De La Gare, je reçus un ordre de mon Supérieur d'aller à Valladolid pour satisfaire au désir de l'Évêque de Palenque Dom Alvarez De Mendoçe. C'était ce prélat qui, étant Évêque d'Avila, nous avait permis d'y fonder notre monastère de Saint Joseph. Et comme il ne se peut rien ajouter à son affection pour notre Ordre, Dieu lui inspira depuis qu'il fut passé de cet évêché à celui de Palencia, ce désir d'y fonder une autre maison. Je ne fus pas plutôt arrivée à Valladolid que je tombai dans une si grande maladie que l'on ne croyait pas que j'en puisse relever. J'en revins toutefois; mais avec un tel dégoût, une telle faiblesse, et apparemment si incapable d'agir, que quelque désir qu'eût la Supérieure que cette fondation se fît, et quoiqu'elle me pressât de l'entreprendre, je ne pouvais me persuader d'avoir pour cela assez de force, ni quand même je m'y emploierais d'y réussir, parce que ce monastère devait être fondé sans revenu, et qu'on me disait que ce lieu était si pauvre que les religieuses n'y pourraient vivre.


Il y avait déjà près d'un an que je traitais de la fondation de ce monastère et de celui de Burgos, et il ne me paraissait pas y avoir de grandes difficultés. Mais alors il s'en présentait plusieurs à mon esprit, quoique je ne fusse venue à Valladolid que pour ce sujet. Je ne sais si la faiblesse qui me restait de ma maladie en était la cause : ou si c'était que le diable s'efforçait d'empêcher le bien qui en est arrivé. En vérité je ne puis voir qu'avec étonnement et un sensible déplaisir, ni même sans m'en plaindre souvent à Notre-Seigneur, de quelle sorte notre âme participe tellement aux infirmités de notre corps qu'il semble qu'elle ne puisse éviter d'entrer dans les sentiments qui le font souffrir. C'est à mon avis l'une des plus grandes misères de cette vie quand l'esprit n'est pas assez fort pour s’élever au-dessus des sens et s'en rendre maître.

Car quelque difficile à supporter que soit la peine de sentir de violentes douleurs, je la trouve peu considérable lorsque l'âme demeure si attentive à Dieu qu'elle Lui rend grâces de Ses maux qu'elle considère comme venant de Sa main. Mais souffrir beaucoup d'un côté, et ne rien faire de l'autre pour Lui témoigner notre amour, c'est une chose terrible, principalement à une âme qui s'est vue dans de grands désirs de ne chercher sur la terre aucun repos intérieur ni extérieur, afin de s'employer toute entière au service de ce Divin Maître. Ainsi quand cela arrive je n'y vois autre remède que la patience, la connaissance de notre misère, et la soumission à la volonté de Dieu, qui font que nous nous abandonnons à Lui pour se servir de nous en ce qu'Il Lui plaît et comme Il Lui plaît.


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Message  ROBERT. Ven 24 Déc 2010, 3:15 pm

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(CHAPITRE 28)


3. Il y avait dans cette ville un chanoine que je ne connaissais point ; mais qu'un de ses amis m'avait dit être un grand serviteur de Dieu. Et comme Notre-Seigneur qui voit le peu que je puis par moi-même, avait dans toutes les autres fondations suscité quelqu'un pour m'assister, je me persuadai que ce bon ecclésiastique m'aiderait en celle-là. Je lui écrivis pour le prier de travailler à faire sortir un homme qui était demeuré dans cette maison, afin que je la trouvasse libre, sans néanmoins lui en dire la raison, parce qu'encore que des personnes des plus qualifiées de la ville, et particulièrement l'Évêque témoignassent de nous beaucoup affectionner, il importait de tenir l'affaire secrète. Ce chanoine nommé Reynosa ne se contenta pas de nous rendre ce bon office : il nous fit préparer des lits et plusieurs autres commodités dont nous avions grand besoin, à cause qu'il faisait fort froid ; que nous avions marché durant tout le jour précédent par un brouillard si épais qu'à peine pouvions-nous nous voir, et que nous nous étions fort peu reposées à cause qu'il nous fallait tout accommoder pour mettre les choses en état d'y pouvoir dire la messe le lendemain avant que personne su notre arrivée. C'est une chose que j'ai reconnu dans ces fondations se devoir toujours faire, parce que si l'on attend que le bruit s'en répande, le démon y suscite des obstacles qui bien qu'on les surmonte ne laissent pas d'inquiéter. Ainsi la messe fut dite dès le lendemain au point du jour par un ecclésiastique fort vertueux nommé Pores qui était venu avec nous, et par un autre encore nommé Augustin De la Victoire, fort ami des Carmélites de Valladolid, qui nous avait beaucoup assistées par le chemin, et nous avait prêté de l’argent pour accommoder la maison.



J'avais alors cinq religieuses, dont l'une était une Converse qu'il y a déjà assez longtemps que je mène avec moi, à cause que c'est une personne d'une telle piété et si discrète que j'en tire plus d'assistance que je ne pourrais faire de quelqu'une du chœur. Nous reposâmes peu cette nuit, quoique les eaux qui étaient grandes nous eussent beaucoup fait souffrir par le chemin. Mais je désirais extrêmement que la fondation se fît ce jour-là, parce que l'on faisait l'Office de David ce grand Roi et ce grand Prophète pour qui j'ai une particulière dévotion. Aussitôt que la messe fut achevée, j'envoyai donner avis de notre arrivée à l’illustrissime Évêque qui ne nous attendait pas encore. Il vint à l'instant nous voir avec cette grande charité qu'il lui a toujours plût de nous témoigner. Il me promit de nous fournir de pain, et commanda à son maître d'hôtel d'y ajouter aussi plusieurs autres choses. Les obligations dont notre ordre est redevable à ce prélat sont telles, que celles qui liront ces fondations ne pourraient sans ingratitude ne le point recommander à Dieu durant sa vie et après sa mort ; et je les conjure de s'acquitter de ce devoir.


Le contentement que tout le peuple témoignait de notre établissement était si extraordinaire et si général qu'il n'y en avait un seul qui n'en fît paraître de la joie. Et ce qu'ils savaient que leur Évêque l'avait désiré y contribuait sans doute beaucoup, parce qu'ils ont pour lui une affection très-particulière : outre que ce peuple a par lui-même plus de bonté et de sincérité que je n'en ai remarqué en aucun autre. Ainsi il n'y a point de jour que je ne me réjouisse de l'établissement de ce monastère. Comme la maison où nous demeurions n'était que d'emprunt, et que bien qu'elle fut à vendre l'assiette en était fort incommode, nous pensâmes aussitôt à en acheter une autre dans l'espérance que les religieuses que nous recevrions nous pourraient assister, parce qu'encore que ce fut peu, ce peu serait beaucoup en ce lieu-là. Mais j'aurais pris de fausses mesures sans le secours des amis que Dieu nous donna en la personne de ce bon Chanoine Reynosa, et d'un autre chanoine nommé Salinas homme de grand esprit et de grande charité qu'Il nous acquit aussi pour amie. Ils embrassèrent tous deux nos affaires avec plus de chaleur qu'ils n’auraient fait les leurs propres, et ils ont toujours continué.


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Message  ROBERT. Ven 24 Déc 2010, 3:16 pm

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(CHAPITRE 28)


4. Il y a une église en forme d'ermitage nommée Notre-Dame du chemin pour laquelle toute la ville et les environs ont tant de dévotion que l'on y vient de toutes parts. Ces messieurs et nos autres amis jugèrent que nous ne pouvions mieux faire que de nous établir auprès de cette église, et d'acheter des maisons qui y touchaient, qui bien que petites nous pourraient suffire. Nous nous adressâmes pour ce sujet au chapitre et à une confrérie de qui cette église dépendait. Le chapitre nous accorda aussitôt ce que nous lui demandions. Et quoiqu'il y eut quelque peine à obtenir la même grâce des administrateurs de cette confrérie, ils nous la firent aussi, parce que, comme je l'ai dit, que je n'ai point vu de peuple si traitable, si honnête, et si porté à toutes sortes de bonnes œuvres. Lorsque ceux à qui ces maisons appartenaient surent que nous en avions envie, ils les surfirent de beaucoup, et il n'y a pas sujet de s'en étonner. Je voulus les aller voir : et elles me déplurent tellement et à tous ceux qui vinrent avec nous que je n'aurais voulu pour rien du monde les acheter. Mais on a reconnu depuis que le démon agissait beaucoup en cela par l’appréhension que nous ne nous y établissions. Les deux chanoines trouvaient aussi qu'encore qu'elles fussent dans le quartier le plus peuplé de la ville, elles étaient trop éloignées de la grande église : et ainsi nous résolûmes d'en chercher d'autres. Ces messieurs s'y employèrent avec tant de soin que je ne pouvais me lasser d'en louer Notre-Seigneur. Enfin ils en trouvèrent une qui appartenait à un nommé Tamayo qu'ils crurent nous être propre, parce qu'il y avait quelques logements que nous pouvions habiter à l'heure-même, et qu'elle était proche de la maison d'un gentilhomme fort qualifié nommé Suera De Vega qui nous affectionne beaucoup et qui désirait que nous nous y établissions, comme aussi plusieurs autres personnes de ce même quartier. Cette maison n'était pas assez grande pour nous. Et quoiqu'on nous en offrît encore une autre, les deux ensemble ne suffisaient pas pour nous bien loger.



Toutefois sur le rapport que l'on m'en fit, j'aurais désiré que le marché en eut déjà été arrêté : mais ces deux messieurs voulaient que je visse auparavant la maison ; et j'avais tant de confiance en eux et tant de répugnance d'aller par la ville, que j'avais peine à me résoudre de sortir. Je ne pus néanmoins m'en défendre, et j'allai aussi voir ces deux maisons proches de Notre-Dame du chemin sans dessein de les acheter, mais seulement pour faire connaître au propriétaire de celle que nous voulions avoir, qu'elle n'était pas la seule dont nous pouvions traiter. Je ne saurais maintenant assez m'étonner de ce que les deux qui étaient proches de Notre-Dame du chemin me déplurent autant qu'elles avaient fait aux autres. Nous fûmes de là à celle que nous avions envie d'avoir, et nous nous affermîmes dans ce dessein, quoiqu'outre plusieurs incommodités qui s'y rencontraient, et auxquelles il était difficile de remédier, il fallait pour y faire une église, même fort petite, abattre tout ce qui se trouvait dans le logis de plus propre à nous y établir. Il faut avouer que c'est une chose étrange que de se mettre fortement une pensée dans l'esprit : et rien ne me retira de ce mauvais pas que la défiance que j'ai de moi-même, bien que je ne fusse pas en cela la seule trompée. Nous résolûmes donc de traiter de cette maison, d'en donner ce qu'on en demandait, quoique le prix fut excessif, et d'en écrire au propriétaire qui était alors dans une autre proche de la ville. Vous vous étonnerez peut-être, mes sœurs, de voir que je me sois tant arrêté sur l'achat d'une maison. Mais vous connaîtrez par la suite les efforts que faisait le démon pour nous empêcher de nous établir auprès de l'église de la Sainte Vierge, et je n'y puis penser sans quelque frayeur.


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Message  ROBERT. Ven 24 Déc 2010, 3:18 pm

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(CHAPITRE 28)


5. Les choses étant en cet état j'entrai au commencement de la messe dans un grand doute si nous faisions bien ; et en fus inquiétée durant presque tout le temps qu'on la dit. Lorsque j'allai communier et que je reçus la Sainte Hostie, j'entendis une voix qui me fit résoudre absolument à ne point acheter cette maison ; mais de traiter de celle qui était proche de l'église de la Sainte-Vierge. Et voici quelles furent ces paroles : cette autre ne vous est pas propre . Comme il me paraissait bien difficile de rompre une affaire déjà conclue et si approuvée par ceux qui l'avaient négociée avec tant de soin, Notre-Seigneur répondit à ma pensée : ils ne savent pas combien elle me déplaît. Et l'autre maison Me sera agréable . Il me vint dans l'esprit si ce n'était point une illusion; et j'avais peine à le croire, parce que l'effet que ces paroles opéraient en mon âme me faisait connaître qu'elles venaient de l'Esprit de Dieu. Alors Notre-Seigneur me dit : c’est Moi . Ces deux derniers mots dissipèrent tous mes doutes et me mirent dans le calme. Mais je ne savais comment remédier à ce qui était déjà fait, et au dégoût que j'avais donné à mes sœur de la maison proche de l'église de la Sainte-Vierge, en leur disant que je n'aurais voulu pour rien du monde ne l'avoir pas été voir. Ce n'était pas néanmoins ce qui me donnait le plus de peine, à cause que j'étais assurée qu'elles approuveraient tout ce que je ferais.


C'était ces autres personnes de nos amis que j'appréhendais, sachant qu'ils se portaient entièrement à acheter l'autre maison, et qu'ils pourraient attribuer à légèreté ce changement si soudain et si contraire à mon humeur qu'ils verraient en moi. Ces diverses pensées n'ébranlaient point toutefois ma résolution de choisir la maison de la Sainte-Vierge ; et j'avais même perdu le souvenir des incommodités que j'y avais remarquées. Car je comptais pour rien tout le reste quand il ne se serait agi que d'empêcher nos sœurs de faire un péché véniel : et que j'étais persuadée qu'il n'y avait une seule d'elles qui n'eut été de mon sentiment si elle eût su ce que je savais.


Je me confessais alors au chanoine Reynosa qui était l'un des deux qui nous assistaient avec tant d'affection, et je ne lui avais encore rien dit de ces choses surnaturelles que Dieu le Père dans les âmes, à cause qu'il ne s'était point rencontré d'occasion qui m'eût obligée à lui en parler. Néanmoins, parce que pour marcher dans un chemin plus assuré j'ai toujours accoutumé de suivre les conseils de mon confesseur, je me résolus de lui dire sous le sceau du secret, que je ne pourrais sans une très-grande peine ne pas exécuter ce que j'avais entendu : que j'étais toutefois preste d'obéir à ce qu'il m'ordonnerait. Mais que j'espérais que Notre-Seigneur ferait comme Il avait fait en d'autres occasions, qu’encore que mon confesseur fut d'une opinion contraire, Il le porterait à suivre Sa Divine volonté. Avant que de lui parler ainsi je lui avais dit de quelle manière Dieu m'avait souvent fait savoir en la même sorte Ses intentions, et que l'on avait connu par les effets que cela procédait de Son Esprit. Je l'assurai toujours néanmoins que quelque peine que j'en eusse je ferais ce qu'il m'ordonnerait. Comme ce vertueux ecclésiastique, bien qu'il ne soit pas fort âgé, est très-prudent, quoiqu'il jugeât assez que ce changement donnerait sujet de parler, il ne me défendit point d'obéir à ce que j'avais entendu. Je lui proposai d'attendre le retour de celui que nous avions envoyé vers le propriétaire de la maison dont nous avions traité. Il l’approuvait ; et j'avais une grande confiance que Dieu remédierait à tout; ainsi qu'Il le fit.

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Message  ROBERT. Lun 27 Déc 2010, 6:42 pm

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(CHAPITRE 28)


6. Car bien que l'on eut donné au maître de cette maison tout ce qu'il avait voulu et au delà de ce qu'elle valait, il demanda encore trois cents ducats : ce qui était d'autant plus extravagant qu'il avait besoin de vendre. Nous connûmes par là que Dieu voulait nous tirer de cette affaire, et nous nous laissâmes entendre que nous n'y penserions jamais plus, quoique sans le déclarera si précisément, parce qu'il semblait qu'il n'aurait pas fallu pour trois cents ducats rompre le marché d'une maison qui paraissait nous être si propre pour en faire un monastère.

Je dis à mon confesseur que puisque c'était son sentiment on n'en donnerait pas davantage que ce dont on était convenu, et le priai de le faire savoir à ce chanoine son collègue, et que j'étais résolue d'acheter celle de la Sainte Vierge à quelque prix que ce fut. Il le lui dit. Et comme il a l'esprit extrêmement pénétrant, quoiqu'il ne s'en expliquât pas davantage, un changement si soudain lui fit assez comprendre que je ne m'y étais portée que par quelque grande raison. Ainsi il ne me pressa point de penser encore à la maison de ce gentilhomme.


Nous avons depuis tous vu clairement que nous aurions fait une grande faute de l'acheter, tant nous trouvons de commodité dans celle que nous avons maintenant, sans parler du principal qui est que Dieu et Sa glorieuse Mère y sont bien servis ; au lieu que durant que c'était un ermitage il pouvait s'y commettre de grands désordres dans des veilles qui s'y faisaient la nuit ; ce que le démon n'avait pas moins de peine de voir abolir que nous ressentions de joie de rendre ce service à Notre très-Sainte Patronne.

Ainsi nous avions mal fait sans doute de ne nous y être pas plutôt résolues, sans nous arrêter à tant de vaines considérations. Et il parait bien que le démon nous aveuglait puisque nous avons trouvé en cette maison plusieurs avantages qui ne se rencontrent point ailleurs, et que non seulement tout le peuple qui le désirait en témoigne une très-grande joie ; mais que ceux-là même qui avaient tant d'envie que nous prissions l'autre maison demeurent d'accord aujourd'hui que nous avons beaucoup mieux fait d'acquérir celle-ci.

Béni soit à jamais Celui qui m'a donné lumière dans cette affaire, et qui me la donne dans tout ce que je fais de bien, n'y ayant point de jour que je ne vole avec étonnement quelle est mon incapacité en toutes choses. Je ne le dis point par humilité. Il n'y a rien de plus véritable. Il semble que Dieu veuille que je connaisse et que chacun connaisse aussi de plus en plus que c'est Lui seul qui agit en tout ceci : et que comme Il rendit la vue à l'aveugle-né, Il éclaire de même mes ténèbres. Elles étaient si grandes dans cette rencontre que toutes les fois que je m'en souviens, je voudrais en rendre de nouvelles grâces à Notre-Seigneur, et je n'en ai pas seulement la force. Ainsi je ne sais comment Il peut me souffrir : et je ne saurais trop admirer Sa bonté et Sa miséricorde.

Ces deux chanoines si affectionnés à la Sainte Vierge ne perdirent point de temps pour faire le marché de ces maisons qui étaient proches de sa chapelle, et ils n'y eurent pas peu de peine ; Dieu permettant que ceux qui nous assistent dans ces fondations en aient toujours afin d'augmenter leur mérite. Je suis la seule qui ne fais rien comme je l'ai déjà dit et ne saurais trop le redire, parce que rien n'est plus vrai. Ils travaillèrent aussi extrêmement à accommoder la maison, nous prêtèrent même de l'argent dans le besoin que nous en avions, et répondirent pour nous.

En quoi ils me firent une faveur d'autant plus grande que j'avais eu mille peines dans les autres fondations à trouver une caution, pour des sommes beaucoup moindres, et il n'y a point de sujet de s'en étonner, puisque n'ayant pas un quart d'écu, il fallait que ceux qui répondaient pour nous ne cherchassent autre sureté que leur confiance en Dieu. Mais Il m’a fait la grâce dont je ne saurais trop Le remercier, qu'ils n'y ont jamais rien perdu. Les propriétaires des maisons ne se contentant pas de la caution de ces deux chanoines, ces Messieurs eurent recours à l'économe de l’évêché qui se nommait ce me semble prudent, et qui a tant de charité pour nous que nous ne saurions trop la reconnaître.

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Message  ROBERT. Jeu 30 Déc 2010, 7:31 pm

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(CHAPITRE 28)


7. Ces deux chanoines si affectionnés à la Sainte Vierge ne perdirent point de temps pour faire le marché de ces maisons qui étaient proches de sa chapelle, et ils n'y eurent pas peu de peine ; Dieu permettant que ceux qui nous assistent dans ces fondations en aient toujours afin d'augmenter leur mérite. Je suis la seule qui ne fais rien comme je l'ai déjà dit et ne saurais trop le redire, parce que rien n'est plus vrai. Ils travaillèrent aussi extrêmement à accommoder la maison, nous prêtèrent même de l'argent dans le besoin que nous en avions, et répondirent pour nous.

En quoi ils me firent une faveur d'autant plus grande que j'avais eu mille peines dans les autres fondations à trouver une caution, pour des sommes beaucoup moindres, et il n'y a point de sujet de s'en étonner, puisque n'ayant pas un quart d'écu, il fallait que ceux qui répondaient pour nous ne cherchassent autre sureté que leur confiance en Dieu. Mais Il m’a fait la grâce dont je ne saurais trop Le remercier, qu'ils n'y ont jamais rien perdu. Les propriétaires des maisons ne se contentant pas de la caution de ces deux chanoines, ces Messieurs eurent recours à l'économe de l’évêché qui se nommait ce me semble prudent, et qui a tant de charité pour nous que nous ne saurions trop la reconnaître.

Il leur demanda ce qu'ils désiraient : et lui ayant répondu qu'ils venaient le prier de vouloir être caution avec eux et de signer le contrat, il leur repartit en riant : quoi ? Vous voudriez me rendre caution d'une telle somme ? Et il signa à l'instant même : ce qui doit passer pour une très-grande obligation. Je voudrais pouvoir rapporter ici et donner toutes les louanges qui sont dues à l'extrême charité que j'ai trouvée à Palencia.


JE PENSAIS ÊTRE DANS LES PREMIERS SIÈCLES DE L'ÉGLISE LORSQUE JE VOYAIS QUE N’AYANT POINT DE REVENU, CES HABITANTS, PAR UNE MANIÈRE D'AGIR SI CONTRAIRE À CELLE DE CE TEMPS, NON SEULEMENT NE REFUSAIENT PAS DE NOUS NOURRIR; MAIS CONSIDÉRAIENT CETTE ACTION COMME UNE TRÈS-GRANDE GRÂCE QUE DIEU LEUR FAISAIT. IL EST CERTAIN QUE REGARDANT LES CHOSES AVEC LES YEUX DE LA FOI CELA ÉTAIT VÉRITABLE.

Car quand il n'y en aurait point eu d'autre raison que ce qu'ils avaient une église de plus où était le Très-Saint Sacrement, elle suffisait pour leur donner ce sentiment. Qu’Il soit béni à jamais.


Il n'y a personne qui ne vole à cette heure que notre établissement en ce lieu-là a été agréable à Dieu, puisqu'Il en a banni les désordres qui s'y commettaient ; tous ceux qui allaient en grand nombre veiller dans cet ermitage assis en un lieu écarté, n'y allant pas par dévotion ; et l'image de la Sainte Vierge n'y étant pas tenue avec le respect qu'Elle l'aurait dû être : au lieu qu'aujourd’hui l'Évêque Dom Alvarez De Mendoçe y a fait bâtir une chapelle où il l'a mise, et que l'on embellit toujours en l'honneur et pour la gloire de Son divin Fils. Lorsque la maison fut en état de nous recevoir, l'Évêque voulut que cela se fît avec grande solennité. Ainsi un jour de l'octave du Très-Saint-Sacrement, il vint exprès de Valladolid, et accompagné du Chapitre, de tous les Ordres, et de presque tous les habitants avec une bonne musique, il commença la cérémonie par une procession à laquelle nous assistâmes toutes depuis notre maison avec nos voiles baissés, nos manteaux blancs, et des cierges à la main. On alla premièrement à une paroisse où l'on avait apporté l'image de la Sainte Vierge. Et après y avoir pris le Très-Saint Sacrement, on le porta en cérémonie et avec grande dévotion dans notre église. Nous étions en assez bon nombre, parce qu'outre les religieuses que j'avais amenées, il en était venu d'autres pour faire la fondation de Sorie. Je crois que Notre-Seigneur fut beaucoup loué en ce jour, et je souhaite qu'Il le soit à jamais de toutes les créatures.
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Majuscules et gras ajoutés.
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Message  Eric Jeu 30 Déc 2010, 7:51 pm

JE PENSAIS ÊTRE DANS LES PREMIERS SIÈCLES DE L'ÉGLISE LORSQUE JE VOYAIS QUE N’AYANT POINT DE REVENU, CES HABITANTS, PAR UNE MANIÈRE D'AGIR SI CONTRAIRE À CELLE DE CE TEMPS, NON SEULEMENT NE REFUSAIENT PAS DE NOUS NOURRIR; MAIS CONSIDÉRAIENT CETTE ACTION COMME UNE TRÈS-GRANDE GRÂCE QUE DIEU LEUR FAISAIT. IL EST CERTAIN QUE REGARDANT LES CHOSES AVEC LES YEUX DE LA FOI CELA ÉTAIT VÉRITABLE.
Mon Dieu .... Que c'est beau !
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Message  ROBERT. Jeu 30 Déc 2010, 9:07 pm

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Par Sainte Thérèse d'Avila.

(CHAPITRE 28)


8. Durant que j'étais en ce lieu de Palencia, la séparation des Carmes Déchaussés et des Mitigés se fit, et ils eurent chacun un provincial, qui était tout ce que nous pouvions désirer pour vivre en paix. Ce fut à l’instance de notre roi catholique Dom Philippes que l'on obtint pour ce sujet un bref de Rome fort ample ; et sa Majesté continue toujours de nous favoriser. On assembla un chapitre dans Alcala par l'ordre du Révérend Père Jean De Las Cuevas, alors prieur de Talavera de l'ordre de Saint Dominique, député du Saint-Siège et nommé par sa Majesté, qui était un homme dont la sainteté et la prudence répondaient à un emploi de si grand poids. Le Roi paya la dépense faite pour le chapitre, et toute l'Université lui fut favorable par son ordre. Il se tint avec beaucoup de tranquillité dans le Collège des Carmes Déchaussés qui porte le nom de Saint Cyrille ; et le Père Jérôme Gratien de la Mère de Dieu fut élu Provincial. Comme ces Pères ont écrit ce qui se passa dans ce Chapitre, il serait inutile d'en parler ici davantage, et ce que j'en rapporte n'est qu'à cause que Notre-Seigneur permit que ce fut dans le temps de la fondation dont il s'agit que se fit une action si importante à Sa gloire et à l'honneur de Sa Très-Sainte Mère notre Patronne. La joie que j'en ressentis fut l'une des plus grandes que je pouvais recevoir en cette vie. Car les peines, les persécutions, et les travaux que j'avais soufferts durant plus de vingt-cinq ans et que Dieu seul connait, avaient été tels que je n'aurais jamais fait si j'entreprenais de les écrire : et qu’ainsi, il faudrait les avoir éprouvés pour comprendre quel fut alors mon contentement.

J'aurais souhaité que tout le monde m'eût aidé à en rendre grâces à Notre-Seigneur et à Lui offrir des prières pour notre saint Roi. Il parut visiblement qu'Il s'était servi de lui pour terminer cette grande affaire malgré les efforts et les artifices du démon, qui l'aurait entièrement renversée si elle n'eut été soutenue par la piété et l'autorité de ce grand prince. Maintenant, qu'ayant plu à Dieu d'exaucer nos prières, nous jouissons tous, tant Mitigés que Réformé, d'une paix qui lève tous les obstacles qui pouvaient nous empêcher de Le bien servir, je vous conjure, mes frères et mes sœurs, de ne manquer à rien de ce qui peut dépendre de vous pour vous acquitter de ce devoir. Ceux qui sont encore au monde sont témoins des peines et des travaux dont Il nous a délivrés, et des grâces qu'Il nous a faites. Et ceux qui viendront après nous et qui trouveront les voles aplanies et toutes les difficultés levées, ne doivent-ils pas s'efforcer de maintenir les choses dans cette perfection ? Je les prie au nom de Notre-Seigneur de ne donner pas sujet de dire d'eux ce que l’on dit de quelques ordres, que les commencements en étaient louables. Nous commençons : et ils ne doivent pas seulement s'efforcer d’entretenir ces commencements : il faut qu'ils tâchent de les pousser encore plus avant.

Qu'ils considèrent que le diable fait de grandes plaies dans les âmes par des choses qui ne paraissent que de petites égratignures, et qu'ainsi ils se gardent bien de dire : cela importe de peu, et ne mérite pas que l'on s’y arrête. Tout est important, mes filles, pour peu qu'il nous empêche de nous avancer dans le service de Dieu. N’oubliez jamais, je vous prie, avec quelle promptitude tout passe : combien grande est la grâce que Dieu nous a faite de nous appeler dans ce Saint ordre, et quelle sera la punition de ceux qui commenceront d'y introduire du relâchement. Ayons toujours devant les yeux ces saints Prophètes qui sont nos Pères; comme aussi ce grand nombre d'autres Saints qui, après avoir porté l’habit que nous portons, sont à présent dans le Ciel, et ne craignons point de nous assurer par une louable et sainte présomption que Dieu nous fera la grâce d'avoir un jour part à leur gloire. Ce combat, mes sœurs, que nous avons à soutenir durera peu : et il sera suivi d'une éternité. Méprisons tout ce qui ne subsiste point par soi-même, et ne pensons qu'à aimer et à servir Dieu afin d'arriver à ce bonheur qui ne finira jamais. Ainsi soit-il.


Fin.
gras ajoutés.


à suivre: Prochaine fondation: Villeneuve.
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ROBERT.
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Date d'inscription : 15/02/2009

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