Éducation « chrétienne » ?

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Message  gabrielle Mar 09 Nov 2010, 11:06 am

La spécialité du P. Maurice Raffalli n’est cependant pas celle d’un fondateur d’ordre religieux. Son action principale est de s’occuper d’enfants.

Il se trouve que j’ai bien connu autrefois l’atmosphère qui se dégage de ces enfants. Cette atmosphère, les adultes qui n’ont pas connus ce genre d’établissement sont absolument incapables de la percevoir. Ni les parents, ni les professeurs, ni les familiers de ce genre « d’école » ne peuvent concevoir ce que signifient ces regards fixes et sans expression, ces manières stéréotypés, cette raideur d’où sue l’angoisse et la contention psychologique. L’enfant qui les vie tenterait d’ailleurs vainement de les décrire : il n’a de toute façon ni le jugement suffisant ni les mots pour le faire.

Le système d’ ‘éducation’ tel qu’il se présente chez le Père Raffalli n’est d’ailleurs pas susceptible de critique sur un fait particulier et massif. Il ne s’agit pas de violences physiques. Si celles-ci existent, elles sont annexes. Non, il s’agit d’un processus de rééducation : processus, c’est-à-dire d’un travail de longue halène, par petites touches continues dans le temps, au moyen de brimades insignifiantes mais infiniment répétées. Il s’agit de rééducation, car l’enfant est une machine enregistreuse à laquelle il faut inculquer des réflexes pavloviens au moyen d’une atmosphère qui le réduit.

La première étape du processus est donc de réduire l’enfant. Plongé, à son arrivée à « l’Œuvre de l’Étoile », dans un milieu aux règles multiples, minutieuses et strictes, son premier manquement lui sera présenté comme une immense déception : on ne le croyait pas capable d’une chose pareille, il cachait bien son jeu, si ses parents savaient cela… Le gosse doit ensuite sentir, peu à peu, qu’on a perdu confiance en lui, qu’il est menteur et dissimulateur, et qu’il oblige donc ses maîtres à mettre en place des mesures proportionnées.

Commence alors le bourrage de crâne dont le fondement est le brouillage de toute espèce de référence à une quelconque objectivité en utilisant constamment la notion de bien ou de mal moral pour tout et à tout propos. Tout est mis sur le même plan. Ne pas faire tomber sa règle à l’étude prendra très rapidement sa place dans le décalogue mosaïque, une leçon mal sue, le non respect d’un règle de grammaire élémentaire, un objet oublié, une lumière non éteinte, l’absence de recueillement à la messe (il a laissé tomber son missel et il s’est bien gratté la tête deux fois au moins !), tout devient l’objet d’un sermon sur le déplaisir causé à Dieu en même temps qu’à ses maîtres. Tout devient un mal moral.

Puis, peu à peu, la pression psychologique prendra plus d’ampleur. De quelques réflexions ici et là, on passera à une pression constante. On fera comprendre à l’enfant que sa mauvaise conduite et son évidente mauvaise volonté nécessitent une surveillance spéciale que rien ne pourra détourner. Il est responsable de ce qu’il subit.

Chez l’enfant il y aura rapidement effondrement de toute personnalité. Le moindre geste extérieur pouvant être interprété comme un péché, il sera chassé, pourchassé, par le maître et ses sous-fifres d’abord, puis par l’enfant lui-même qui apprendra très vite qu’il ne faut rien laisser paraître. L’éducation à la dissimulation prend des proportions absolument insoupçonnées. Tout étant susceptible d’être interprété comme un mal moral, sera considéré par l’enfant comme moralement bien tout ce qui n’est pas susceptible d’un reproche qu’il s’agisse d’une règle de grammaire, du cirage des chaussures ou d’un gros mot sorti à la récréation. La règle tombe quand même ? La grammaire n’a pas été respectée ? Les marques extérieures de la contrition devront alors être proportionnées au crime : « j’ai conscience d’avoir transgressé sciemment une loi morale, j’ai péché par mauvaise volonté et révolte contre le bien », doit penser l’enfant. Cela ne se dit pas, d’ailleurs, cela se vit intensément : mine contrite, yeux baissés, acceptation du juste courroux, voire inscription sur le papier de confession : « j’ai été dissipé pendant l’étude », « j’ai été paresseux dans mon travail dans mon travail ».

Il n’y a aucune conscience de dissimulation de la part de l’enfant. Il est simplement pris au piège d’une pieuvre qui lui désagrège le jugement. Très rapidement, les critères du bien et du mal n’existeront plus qu’au travers du comportement extérieur.

Encore une fois, nul besoin de l’emploi de la force physique dans tout cela, même si elle est rarement absente. Ce qui fait l’efficacité du système c’est un fin dosage de culpabilisation permanente, de surveillance constante, d’insécurité toujours, partout, sans limite de temps. L’enfant pourra se voir reprocher une attitude, une simple moue, un regard, plusieurs mois, voire plusieurs années plus tard.

Avec cela, l’organisation d’un renseignement perpétuel. Nul mot, nulle attitude ‘non conforme’, ne peut échapper à l’œil du maître. En premier lieu par les professeurs, les surveillants et les autres adultes qui, le plus souvent n’ont aucune idée de ce qui se passe. Bien qu’étant sur place, ils ne retiendront que ce qu’ils perçoivent personnellement, c’est-à-dire rien, ils sont sélectionnés pour cela.

Les élèves, eux, auront à répondre de manière précise et circonstanciée sur leurs propres faits et gestes en même temps que sur ceux d’autrui lors de la convocation. La convocation, outil indispensable et redoutable du système ! Elle est régulière, mais imprévisible. Elle se fait toujours en tête à tête, et y seront utilisés de tout leur poids les avantages psychologiques de l’adulte, du maître, de l’informateur des parents, mais aussi et surtout du catholique, du docteur du bien et du mal moral. Il s’agit d’un savant mélange de mise en scène et de mise en condition : nul ne sachant s’il sera convoqué ce soir ou demain, chacun prépare en permanence d’éventuelles explications plausibles pour le tout et n’importe quoi qui pourrait lui être reproché. L’attente de savoir si, oui ou non, on devra comparaître est un moment particulier, revenant chaque jour, le plus souvent à heure fixe. Moment d’angoisse voulu pour lui-même : il n’y aura peut-être pas de convocation, il y aura eu le moment d’attente qui est suffisant en lui-même.

Lorsque le nom de l’enfant est prononcé, le fameux « je voudrais voir untel », ce nom dont il finira par haïr la prononciation par les autres (là, le réflexe pavlovien est acquis), c’est la mise sous pression qui commence. L’entretien n’aura pas lieu immédiatement, mais plus tard, après la prière du soir par exemple, ou le lendemain, et de toute façon après une longue attente dans le couloir. Le plus souvent, le prévenu ne sait ni ce qu’on lui veut, ni ce qu’il a fait. Passé la porte du bureau, il sera invité à s’examiner soigneusement ; il sera aiguillé avec paternalisme pour avouer de lui-même ce qu’il ne peut plus longtemps tenir caché. Le petit jeu durera le temps qu’il faut, mais il faut qu’il dure : questions sibyllines suivis de longs silences, bredouillages de réponses taxés de dissimulations, appels aux sentiments chrétiens, etc. Des coups ? Des punitions ? Oui sans doute, mais ce n’est nullement une obligation. Ce qui est capital c’est le passage à la moulinette de la désagrégation du caractère. Au bout d’un quart d’heure ou de plusieurs jours, selon l’humeur, l’enfant accepte tout, admet tout, s’accuse de tout, se ‘sait‘ réellement menteur et dissimulateur. Il se reconnaît à présent moralement coupable d’avoir non seulement péché, mais de l’avoir fait volontairement, parce qu’il refuse l’éducation chrétienne qu’on lui donne. Il est convaincu d’être habituellement déloyal et hypocrite… C’est vers le confessionnal qu’on le dirige donc naturellement, vers la demande de pardon à Dieu, qu’il se mette enfin à craindre l’enfer… pour avoir parlé dans un couloir ou avoir oublié son livre de classe dans le dortoir.

Avec la réduction psychologique individuelle est aussi utilisé de temps à autre le matraquage collection : S’est-on aperçu de quelque dégradation, si minime soit-elle, sur des locaux ou autre ? La mise en cause collective est déclenchée, le coupable étant sommé de se désigner pour faire cesser les brimades subies par tous. Les emplois du temps sont épluchés, des prévenus choisis au hasard sont convoqués et passés au crible : on sait que c’est vous d’autres vous ont dénoncé…


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Message  Catherine Mar 09 Nov 2010, 12:23 pm

gabrielle a écrit:

Je ne sais pas si ce tableau de l'école du Père Raffalli est vrai Shocked (j'espère que non!) mais ce que j'ai retenu de ce discours (pris en général):

La première étape du processus est donc de réduire l’enfant.

Complètement nul ce système d'éducation: "Tais-toi petit morveux t'as rien à dire!" Mad

Chez l’enfant il y aura rapidement effondrement de toute personnalité.

Et voilà le gros problème!!! On casse la personnalité, et ce grand dommage se ressentira souvent toute la vie.... Les éducateurs qui se servent de cette façon de faire sont responsables de beaucoup de maux....

Le moindre geste extérieur pouvant être interprété comme un péché, il sera chassé, pourchassé, par le maître et ses sous-fifres d’abord, puis par l’enfant lui-même qui apprendra très vite qu’il ne faut rien laisser paraître.

Catastrophe!!! Ne rien laisser paraître, les sentiments sont tabous, dire "je t'aime" à quelqu'un qu'on aime devient impensable.... c'est oublier que la religion chrétienne est, justement, une religion d'amour.... Celui qui sera habitué à faire mourir toute spontanéité de peur de recevoir une correction aura bien du mal à prier autrement que par routine...
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Message  gabrielle Mar 09 Nov 2010, 12:50 pm

Jamais en aucun cas, un parent ou un éducateur doit briser la personnalité d'un enfant.

Il faut l'orienter vers Dieu, et non la détruire.

Mais, ce type de "moulage" est propre aux "tradis" tout le monde pareil... et pas une tête qui dépasse.

Un véritable massacre des âmes... pauvres enfants.
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Message  Louis Mar 09 Nov 2010, 12:56 pm

gabrielle a écrit:Jamais en aucun cas, un parent ou un éducateur doit briser la personnalité d'un enfant.

Il faut l'orienter vers Dieu, et non la détruire.

Mais, ce type de "moulage" est propre aux "tradis" tout le monde pareil... et pas une tête qui dépasse.

Un véritable massacre des âmes... pauvres enfants.

Moulage : c'est le parfait exemple de ce qui se fait dans une secte.

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Message  Diane + R.I.P Mar 09 Nov 2010, 1:03 pm

Exact. Toutes les sectes procèdent de la même façon. Moulage par anéantissement de la personnalité.
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Message  Catherine Mar 09 Nov 2010, 1:08 pm

gabrielle a écrit:Jamais en aucun cas, un parent ou un éducateur doit briser la personnalité d'un enfant.

Absolument!

Il faut l'orienter vers Dieu, et non la détruire.

Voilà le grand secret...

Mais, ce type de "moulage" est propre aux "tradis" tout le monde pareil... et pas une tête qui dépasse.

Ben oui...imagine que la tête qui dépasse ose s'élever contre eux.... Laughing
Blague à part, ça n'arrive pas forcément que chez les tradis...Les éducateurs qui ont eux-mêmes une trés forte personnalité peuvent aussi, inconsciemment ou pas, briser celle de leurs élèves en ne leur laissant tout simplement pas de place pour s'exprimer.


Un véritable massacre des âmes... pauvres enfants.

Voilà le mot, massacre des âmes.... Sad
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Message  Sandrine Mar 09 Nov 2010, 1:19 pm

Quel triste exemple ... Sad

Et pourtant combien de cas comme celui-ci dans ce milieu ! No
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Message  ROBERT. Mar 09 Nov 2010, 9:13 pm

.

Terrible cette description de l' "école" du 'Père' Raffari.

Le mot-clé : rééducation. Shocked Ce mot résume parfaitement la mentalité qui y règne.

Comme dans les centres de rééducation des soviets et des chinois, entre autres.


Voir ou revoir : Le film CREDO, avec Jean-Louis Trintignant.


http://www.gloria.tv/?media=35227 (Partie 1)

http://www.gloria.tv/?media=35271 (Partie 2)

http://www.gloria.tv/?media=35270 (Partie 3)

ROBERT.
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Message  Johnny Mar 09 Nov 2010, 9:34 pm

Ayoye, je n'imaginais pas que ce genre d'école existait vraiment, je pensais que lorsque j'entendais des trucs comme ça c'était des anti-traditionalistes qui voulait prôner le libéralisme et le «vive la différence, c'est tant mieux s'il est comme ça au moins il est différent etc...». Quelle triste réalité pour ces jeunes enfants, mais au moins pour eux; où le malheur abonde, la grâce surabonde!

Et ensuite on se demande comment ces prêtres pédophiles pouvait s'en tirer pendant si longtemps après avoir abusé de plus d'un enfant dans ces milieux. En fait les cas de pédophilie possèdent tous ce même «pattern» (rabaisser l'enfant pour qu'il ne dise plus rien et penser qu'il est toujours dans l'erreur).

Merci pour ce texte.
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