Notre ligne de conduite

REPLIQUES DU BON SENS
aux attaques et objections modernes
CONTRE LA RELIGION
par l’ex-Capitaine MAGNIEZ.

Imprimatur : Cambrai, le 20 mai 1905.

Librairie St Charles 104 rue de la Barre à Lille.

PRELIMINAIRES ET CONSEILS

Voyons, avant de commencer. Ne vaut-il pas mieux laisser les objections dans le silence. Est-ce que leur répondre ne sera pas faire apprendre, seulement, les objections au lieu des réponses ? Et puis, comment répondre à ces attaques, puisque, le plus souvent, elles sont injurieuses et présentées avec mauvaise foi ou parti pris ?

Un Evêque me répondait, le 14 juillet 1904: « Non, il ne faut pas craindre de répandre les livres de réponses aux objections, car ces objections se répandent partout, sous une forme ou sous une autre, et, à un moment donné de la vie, chacun les entend. »

Non, il ne faut donc pas laisser les objections dans le silence ; ce serait faire croire qu'elles font peur aux Chrétiens. On n'invente guère rien de nouveau en fait d'objections ; d'ailleurs, en inventerait-on de neuves tous les jours que la Vérité ne changerait pas ; or la Vérité, nous l'avons dans la Foi catholique. — Non encore ; mettre en évidence l'objection, et, en regard, une réponse entre mille, ne fait pas seulement retenir l'objection. Les objections et les superstitions courent les rues, les haies, les ateliers, les cafés, les salons, les boutiques, etc.; le lecteur n'apprendra donc guère, croyez-moi, de nouvelles objections ; ce qu'il retiendra, c'est qu'on peut facilement répondre à toutes.

Qui sait, et cela s'est vu, ce petit livre sera peut-être pour lui le point de départ d'une énergie nouvelle qu'il consacrera à défendre sa Foi, cela parce qu'il saura comment on peut la défendre.

En tout cas, n'oserait-il jamais devenir assez vaillant pour le faire, il se souviendra, lorsqu'il entendra les mêmes objections, que ce petit livre y répond, qu'on peut donc y répondre, et, dès lors, il sera disposé à croire qu'on peut répondre à toutes les autres objections. Averti de la manière dont il sera attaqué, il sera fort au lieu d'être surpris et démonté par des attaques dont on ne lui avait, à tort, jamais donné idée.

Ainsi prévenu, préparé, il pourra répondre, au moins en son propre cœur, à toute objection et à toute superstition, en se disant que toutes les infamies et toutes les erreurs se sont élevées contre l'Église, chacune se croyant capable de la démolir, et que toujours l'Église est restée inébranlable, parce que seule elle possède toute la vérité.

Ce livre « l'imperméabilisera » donc contre l'action corrosive de l'objection, de cette objection partout rencontrée, et qui, souvenons-nous-en bien, est la seule instruction religieuse désormais reçue par la plupart des jeunes gens après leur Confirmation.

Et à ceux qui, plus aptes et plus ardents, veulent s'essayer à répondre aux superstitions et objections colportées partout, je dirai : « Ici, il n'y a que quelques principes ; ils peuvent guider, mais sont insuffisants pour la lutte contre toutes les attaques ; étudiez donc davantage la Foi. — Voici maintenant un conseil pour être toujours, dans une discussion, fort et clair ; ramenez toujours le débat sur l'origine du fait : Parle-t-on de protestantisme, même d'un détail, présentez Luther se séparant de lui-même de l'Église et créant une société commençant à lui, lui premier, donc fausse. — On parle de confession, sou¬venez-vous des paroles de Jésus-Christ : « Les péchés
seront remis à ceux à qui vous les remettrez, et ils seront retenus... etc. » De cette manière, la question, d'embrouillée à plaisir souvent, redevient simple et claire dans l'esprit de chacun. — Enfin, rappelez vous que les objections contre l'Église catholique viennent toutes de l'ignorance ou de la mauvaise foi.

L'ignorance, on peut et on doit l'éclairer. Beaucoup sont dans l'erreur ou sont appesantis de préjugés, uniquement parce qu'ils ne connaissent pas la Foi, ne l'ont jamais étudiée à fond, ou ne s'en souviennent plus, ou encore parce qu'à force d'entendre des objections contre la Foi, et jamais la réponse, ou à force de lire les mensonges de certains écrits, ils ont fini par y croire.— A ceux-là, il faut montrer à nouveau la vérité par quelques bonnes et cordiales démonstrations faites de vive voix, et, pour qu'il n'y ait point chez eux trop de confusion de s'être trompés, la remise d'un livre traitant les questions en litige montrera l'erreur dans laquelle ils sont.

Un livre c'est un ami, on l'accueille avec plaisir. S'il est bon, et donc dans le vrai, il rend tous les services d'un bon ami. S'il est mauvais, et donc dans l'erreur, il corrompt. Car on ne discute pas avec un livre, on n'a point de confusion devant lui ; on n'a point d'amour-propre à sauvegarder vis-à-vis de lui, et, si l'on n'a pas bien compris à première lecture, on y revient. — C'est l'effet du mauvais livre, c'est aussi l'effet d'un bon livre sur les hommes franchement de bonne foi.

La mauvaise foi. Quelques-uns sont de mauvaise foi. Avec eux, il ne faut pas non plus fredonner ce refrain du lâche : « Rien à faire ! » — Contre la mauvaise foi on peut lutter par la bonne foi, la science, la franchise et la simplicité.

Évidemment il ne faut pas s'attendre à ramener à la vérité les gens de parti pris, les sourds volontaires ; mais, au moins, le devoir est de s'appliquer à restreindre le mal qu'ils font. La plupart sont ignorants des questions qu'ils traitent ; ils s'en vont partout répétant les mêmes rengaines superstitieuses contre la Religion, les Prêtres, Dieu même ; quand ils ont fini sur un ton, ils recommencent sur un autre, très heureux, lorsqu'on les écoute, de produire leur petit effet.

Ceux-là, il faut les combattre de deux façons :

1°) En face, si on le peut, en détruisant ce qu'ils viennent de dire par quelques mots faisant voir clairement la vérité ;

2°) Avant et après, en semant partout des brochures répondant aux sottises habituellement débitées par eux. C'est la raison de ce livre.

Si on le répand avant le passage de l'homme ou du journal de mauvaise foi, il prévient sur certaines questions, fortifie le lecteur, le cuirasse contre les mordants de l'erreur. Si on le répand après, il fait réfléchir, démontre la fausseté des accusations et des attaques contre les Chrétiens, cautérise la plaie faite par l'ennemi, et fortifie pour plus tard.

Croyez-moi ; si un monsieur quelconque sait que, chez chacun de ses auditeurs, il y a un petit livre répondant à toutes les rengaines habituelles et aux hâbleries qu'il débite contre la Religion, il n'aura plus autant de belle hardiesse pour servir ses sottises, parce qu'il sentira que... ça ne prend pas.

Donc, si on ne peut ramener à la vérité un homme, un journal de mauvaise foi, c'est-à-dire un sourd qui ne veut pas entendre, on peut annihiler ses efforts en répondant par avance à ses attaques, et on peut en détruire, après, les effets chez les auditeurs. De plus, la hardiesse des « répéteurs » heureux des phrases les plus ronflantes retenues pour les resservir de tous côtés, sera bien calmée lorsqu'ils sauront, entre les mains de tous, la réponse franche aux inepties qu'ils colportent.

Devant l'objection, comment se comporter ? D'abord, être dune exquise politesse. Pour cela, attaquer l'institution, saisir l'objection, non les personnes ; par exemple, la franc-maçonnerie et non les francs-maçons, le socialisme et non les socialistes, etc. — Demeurer calme, et ne pas se troubler si la réponse ne vient pas de suite à l'esprit. En une minute, en effet, on peut faire plus d'objections et de questions qu'on n'en peut parfois résoudre en des heures ; comme preuve, vous n'avez qu'à vous souvenir qu'il est parfois bien difficile de répondre clairement à une petite question d'un petit enfant. Ne pas laisser dévier le point en litige, c'est une ruse de l'adversaire. Rester modeste ; parler avec cœur, mais s'efforcer d'être clair, méthodique et court.
Enfin, et surtout, être charitable. En effet, s'il faut en toute circonstance possible combattre l'erreur, toujours il faut ménager les personnes, et la charité dispose les cœurs à la Vérité.

A-t-on besoin d'être ce qu'on appelle « un saint» pour défendre la Vérité, donc la Religion et ceux qui la professent ? Nullement ; retenons-le bien. — Est-ce qu'un soldat, coupable de certaines fautes punissables de salle de police, voire même de prison, doit, de ce fait, se trouver indigne ou incapable de marcher au combat ? Que non ! — Et qui donc serait digne de combattre pour la Religion s'il fallait, pour cela, n'avoir jamais péché ? — L'Église accueille les bons offices de tous ses enfants (et même de tous ceux qui, sans être de ses enfants, défendent la vérité), seraient- ils coupables d'autre part, car, en la défendant, ils défendent la Vérité de Dieu. La récompense de cette défense sera, pour ceux-là, une grâce de conversion de plus.

Tous les soldats de Jeanne d'Arc n'étaient point des saints, tant s'en faut, mais ils la suivirent quand même pour « bouter dehors » les envahisseurs, et, en combattant avec la Pucelle, ils redevinrent énergiques en tout.

Bon courage, donc ; à tous !

C'est le bon combat honnête et loyal pour la Vérité, pour la Vérité contre l'ignorance et contre l'obscurantisme superstitieux de la mauvaise foi.