LA PRÉDESTINATION DES SAINTS (Saint Augustin) avec TABLES DES MATIÈRES.

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Message  ROBERT. Mer 04 Aoû 2010, 10:10 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS (1).

Traduction de M. l'abbé BURLERAUX.

Le parti des semi-pélagiens, dans les Gaules, avait pour chef le célèbre Jean Cassien, fondateur de l'abbaye de Saint-Victor, à Marseille. Saint Prosper d'Aquitaine, illustre disciple d'Augustin sur la Grâce, et retiré temporairement à Marseille, était chaque jour le témoin attristé des luttes soutenues par les plus hauts personnages de la Gaule contre la doctrine de l'évêque d'Hippone. Dans une lettre qu'il adressa à ce dernier, il le mit au courant de tout ce qui se passait autour de lui et le supplia de venir en aide à la vérité méconnue. Il cite même au nombre des adversaires le grand évêque d'Arles, Hilaire. Un autre laïque vint unir sa faible voix à celle de saint Prosper; ce fut Hilaire, moine de Syracuse, lequel marque avec plus de précision encore que saint Prosper les divers points sur lesquels les semi-pélagiens des Gaules s'éloignaient de la doctrine de saint Augustin. C'est donc à la prière de ces deux chers fils que saint Augustin composa deux nouveaux livres: celui de la Prédestination des Saints et celui du Don de la Persévérance.


Dans le premier de ces deux livres, le Docteur réunit les preuves les plus frappantes, tirées de l'Écriture, pour établir que la foi est un don de Dieu, et non pas l'œuvre de la volonté humaine; il raconte son erreur à ce sujet depuis l'année 394 jusqu'à l'année 397, époque de ses livres à Simplicien, et cite sa rectification sur ce point. Il parle d'une vocation qui se fait selon le décret de la volonté de Dieu, vocation, qui n'est pas commune à tous les appelés, mais qui est particulière aux prédestinés ; il caractérise la différence entre la prédestination et la grâce ; l'une est la préparation de la grâce dans les conseils de Dieu, l'autre est le don actuel qu'il nous en fait. On ne saurait lire ces deux livres sans un respect particulier et une sorte d'émotion religieuse, car ce sont les derniers ouvrages que saint Augustin ait achevés.




1. Voir la lettre de saint Prosper, tom. III, p. 55, et celle d'Hilaire, tom, III, p. 59



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À suivre…






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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 3:17 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS (1).

Par Saint Augustin.

CHAPITRE PREMIER. SAINT AUGUSTIN SE REND AU DÉSIR QUI LUI EST MANIFESTÉ.

1. Nous connaissons ces paroles de saint Paul aux Philippiens : "Il ne m'est pas pénible, et il vous est avantageux que je vous écrive les mêmes choses (2)". Toutefois, écrivant aux Galates, et remarquant qu'il avait assez fait pour eux, et qu'il ne leur avait pas épargné le ministère de la parole, le même Apôtre s'écriait : "Du reste, que personne n'exige de moi de nouveaux travaux ", ou selon plusieurs manuscrits : "Que personne ne me cause de nouvelles peines (3)". De mon côté, je ne puis taire la peine que j'éprouve, en voyant l'économie de la grâce toujours attaquée malgré le nombre et l'évidence des oracles divins qui en prouvent si bien la gratuité absolue, car la grâce n'est plus une grâce si elle est donnée à cause et en proportion de nos mérites.

Toutefois, frères bien-aimés, Prosper et Hilaire, le zèle et la charité avec lesquels vous protestez contre ces erreurs qui ont déjà fait tant de victimes; le désir si pressant que vous me témoignez de recevoir de moi un nouvel ouvrage après tant de livres et de lettres que j'ai composés sur cette matière ; tout cela m'inspire pour vous une affection que je ne puis dépeindre, et cependant je n'ose dire encore que je vous aime comme je le dois. Voilà pourquoi je ne puis me refuser à vous répondre, et à traiter, non point avec vous, mais par vous, un sujet qui me paraissait épuisé.





2. Philipp. III, 1.
3. Gal. VI, 17.


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gras ajouté

À suivre…

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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 3:21 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.

CHAPITRE PREMIER. SAINT AUGUSTIN SE REND AU DÉSIR QUI LUI EST MANIFESTÉ.


2. Dans mes lettres je crois voir ces frères pour lesquels vous déployez un zèle si louable, afin de les détromper sur cette sentence poétique : "Chacun est à soi-même sa propre espérance (1)", et de leur épargner cette condamnation non plus poétique, mais prophétique: "Maudit soit celui qui place dans l'homme son espérance (2)"; il me semble dès lors que je dois les traiter comme l'Apôtre traitait ceux à qui il disait: "Si vous avez quelque autre sentiment de vous-mêmes, Dieu vous révélera ce que vous devez en croire". En effet, la prédestination des saints est pour eux une matière entièrement ignorée; et cependant, s'ils ont sur ce point quelque autre sentiment, Dieu leur révélera ce qu'ils doivent en croire pourvu qu'ils profilent des lumières qui déjà leur ont été données. Voilà pourquoi ces paroles : "Si vous avez quelque autre sentiment de vous-mêmes, Dieu vous révélera ce que vous devez en croire", sont immédiatement suivies de celles-ci : "Cependant, pour ce qui regarde les connaissances auxquelles nous sommes déjà parvenus, appliquons-les fidèlement (1)".


Or, ces frères, que vous entourez d'une sainte et affectueuse sollicitude, en sont arrivés à croire avec l'Église de Jésus-Christ, la transmission du péché du premier homme au genre humain tout entier, et pour effacer cette souillure l'application nécessaire à chacun de la justice du second Adam. Ils avouent également que la volonté des hommes est prévenue par la grâce de Dieu, et que personne ne peut se suffire à lui-même, soit pour commencer, soit pour compléter une bonne œuvre.

Toutes ces vérités qu'ils proclament sont autant de points qui les séparent de l'erreur des Pélagiens. Si donc ils marchent à la lumière de ces vérités; s'ils prient celui qui donne l'intelligence, supposé qu'ils se trompent sur la prédestination, Dieu lui-même leur révélera ce qu'ils doivent en croire. De notre côté, prodiguons-leur le témoignage de notre affection, et le ministère de notre parole, dans le but, autant du moins que Dieu nous en fera la grâce, de leur offrir par ce livre les enseignements les plus convenables et les plus utiles. Savons-nous si Dieu n'a pas résolu de se servir de notre bassesse pour opérer eu eux ces précieux résultats ? Trop heureux serons-nous de les servir dans la libre charité de Jésus-Christ.




1. Énéide, liv. XI, v. 309.
2. Jérém. XVII, 5.
1. Philipp. III, 15, 16.




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gras ajouté

À suivre…



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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 3:25 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.

CHAPITRE II. LA FOI EST ELLE-MÊME UN DON DE DIEU.


3. Et d'abord, nous devons prouver que la foi qui nous rend chrétiens est elle-même un don de Dieu ; puissions-nous le faire d'une manière plus victorieuse encore que nous ne l'avons fait dans de si grands et si nombreux volumes. Avant tout je dois réfuter ceux qui prétendent que les oracles divins cités par nous à l'appui de notre thèse, ne prouvent qu'une chose, c'est que la foi à laquelle nous parvenons par nos propres forces, ne doit attendre son accroissement que de la grâce de Dieu. En d'autres termes, ils soutiennent que ce n'est pas Dieu qui nous donne la foi, mais que c'est lui qui l'augmente en nous, en vue du mérite que nous avons acquis en adhérant de nous-mêmes aux vérités de la foi.


Une telle doctrine ne se confond-elle pas avec celle que Pélage s'est vu contraint de condamner, comme les Actes en font foi, dans le jugement épiscopal de Palestine ? Il dit anathème à cette proposition : "La grâce de Dieu nous est donnée selon nos mérites"; or, c'est l'affirmer de nouveau que de soutenir que le commencement de la foi n'est point une grâce de Dieu, et que cette grâce n'intervient en nous que pour augmenter cette foi et l'élever à toute sa plénitude, et à toute sa perfection. D'où il suivrait que les premiers, et avant toute grâce surnaturelle, nous offrons à Dieu le commencement de notre foi, afin que Dieu lui donne son couronnement et nous accorde à nous-mêmes toutes les autres grâces que nous lui demandons avec foi.


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Gras et italique ajoutés
A suivre…


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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 4:48 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.


Par Saint Augustin.


CHAPITRE II. LA FOI EST ELLE-MÊME UN DON DE DIEU.


4. Une telle opinion ne doit-elle pas disparaître devant l'énergie de ces paroles : "Qui lui a donné quelque chose le premier pour en prétendre récompense ? car tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui (1)". Le commencement même de la foi de qui nous vient-il, si ce n'est de Dieu ? Ce commencement serait-il excepté de ces paroles : "Tout est de lui, tout est par lui, tout est en lui ?" Dira-t-on que celui qui déjà a commencé de croire, n'a acquis aucun mérite aux yeux de Celui en qui il a cru; que par conséquent, ce n'est plus qu'à titre de récompense que la libéralité divine nous accorde les autres biens; et que dès lors la grâce de Dieu ne nous est plus donnée que selon nos mérites, proposition que Pélage a dû condamner, pour s'épargner à lui-même la condamnation dont il était menacé ?


Le seul moyen, dès lors, d'échapper entièrement à cette proposition condamnable, c'est de prendre dans son sens véritable cette parole de l'Apôtre : "C'est une grâce qu'il vous a faite en vue de Jésus-Christ, non-seulement de ce que vous croyez en lui, mais encore de ce que vous souffrez pour lui (2)". Croire et souffrir ce sont donc deux choses qui ne sont en nous que par un don spécial de Dieu. L'Apôtre ne dit pas : De ce que vous croyez en lui d'une manière plus entière et plus parfaite; mais simplement : "De ce que vous croyez en lui".

Ailleurs saint Paul proclame qu'il a obtenu miséricorde, et non point pour devenir plus fidèle, mais pour être fidèle (3); car il savait que ce n'était pas lui qui le premier avait offert à Dieu le commencement de la foi, pour en recevoir l'augmentation ; mais que, s'il était devenu fidèle, c'était par le don gratuit de Celui qui l'avait appelé à l'apostolat.


Le commencement de sa foi nous est décrit dans un livre très-connu, et dont nous faisons solennellement la lecture dans nos temples. Adversaire déclaré, et persécuteur de cette foi qu'il voulait détruire, il l'embrasse tout à coup sous l'action d'une grâce plus puissante que sa volonté même. C'est ainsi qu'il se convertit à la foi de Celui à qui le Prophète adressait ces paroles : "En a nous convertissant vous nous vivifierez (1)". Non-seulement donc Paul veut croire après avoir refusé de croire, mais après avoir persécuté cette même foi, il souffrira lui-même persécution pour la propager et la défendre. C'est ainsi qu'il avait reçu de Jésus-Christ la grâce, non-seulement de croire en lui, mais encore de souffrir pour lui.




1. Rom. XI, 35, 36.
2. Philipp. I, 29.
3. I Cor. VII, 25.
1. Ps. LXXXIV, 7.


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Gras ajoutés
À suivre…
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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 4:51 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.


Par Saint Augustin.


CHAPITRE II. LA FOI EST ELLE-MÊME UN DON DE DIEU.

5. Célébrant donc la puissance de cette grâce qui, loin de nous être donnée selon nos mérites, devient le principe efficace de tous nos mérites, il s'écriait : "Nous ne sommes pas capables a de former nous-mêmes aucune bonne pensée comme venant de nous-mêmes, mais c'est Dieu qui nous en rend capables (2)". Qu'ils veulent bien peser et méditer ces paroles, ceux qui prétendent que le commencement de la foi vient de nous, et que nous n'avons besoin de Dieu que pour en obtenir l'accroissement. N'EST-IL PAS ÉVIDENT QU'IL FAUT PENSER AVANT DE CROIRE ? PEUT-ON CROIRE QUELQUE CHOSE, AVANT D’AVOIR PENSÉ QUE L'ON DOIT CROIRE ?

Sans doute, il arrive parfois que la pensée, dans son vol rapide, semble entraîner à sa suite la volonté de croire, de manière que cette pensée et cette volonté ne forment pour ainsi dire qu'un seul et même acte physiquement indivisible; cependant, il n'en est pas moins nécessaire que les vérités crues par la foi ont été préconçues par une pensée préliminaire. Du reste, croire, ce n'est pas autre chose qu'adhérer à sa pensée . De ce que l'on pense il ne s'ensuit pas que l'on croit, car il en est plusieurs qui ne pensent que pour ne pas croire; mais celui qui croit, pense par là même, il pense en croyant, et il croit en pensant .

Si donc, selon l'Apôtre, c'est un dogme religieux, que nous ne sommes pas capables de former de nous-mêmes aucune bonne pensée comme venant de nous-mêmes, et si c'est Dieu seul qui nous en rend capables; n'est-il pas certain par là même, que nous ne sommes pas capables de croire par nous-mêmes, puisque la pensée précède toujours la foi; n'est-il pas certain aussi que c'est Dieu seul qui nous rend capables de commencer à croire ?

Si donc il est de foi que personne ne peut par ses propres forces commencer ou achever une bonne œuvre, et vos lettres me prouvent que ces frères sont d'accord avec nous sur ce point (1), d'où il suit que pour toute bonne œuvre à commencer ou à achever, nous avons besoin du secours de Dieu ; j'en conclus rigoureusement que personne ne peut par ses propres forces avoir le commencement ou le couronnement de la foi, et qu'il nous faut pour cela le secours de Dieu.

En effet, si la foi n'est point pensée, elle est nulle; or, nous ne sommes pas capables de former de nous-mêmes aucune bonne pensée, et c'est Dieu qui nous en rend capables.



2. II Cor. III, 5.
1. Lettre d'Hilaire, n. 2.


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Majuscules et gras ajouté
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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 4:54 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.


CHAPITRE II. LA FOI EST ELLE-MÊME UN DON DE DIEU.


6. Frères bien-aimés de Dieu, prenons garde que ce ne soit de la part de l'homme un acte d'orgueilleuse révolte contre Dieu, de soutenir qu'il accomplit en lui-même ce que le Seigneur a promis. La foi des nations n'a-t-elle pas été promise à Abraham, et Abraham, rendant gloire à Dieu, a cru fermement que Dieu est tout-puissant pour accomplir ses promesses (2)? Celui qui opère la foi des nations, c'est donc celui qui est tout-puissant pour accomplir ses promesses.


Or, si Dieu opère notre foi, en nous amenant à croire par son action mystérieuse dans nos cœurs, devons-nous craindre qu'il ne puisse pas accomplir toute son œuvre, de telle sorte que l'homme s'en attribue le commencement, et se flatte de mériter par là que Dieu vienne y mettre la dernière main ? S'il en est ainsi, VOYEZ S'IL EST ENCORE POSSIBLE D'ADMETTRE QUE LA GRÂCE NOUS EST DONNÉE SELON NOS MÉRITES, D'OÙ IL SUIVRAIT QUE LA GRÂCE N'EST PLUS UNE GRÂCE.

En effet, ne devient-elle pas une véritable dette, au lieu de rester un don purement gratuit ? Celui qui croit n'a-t-il pas un droit réel d'exiger de Dieu l'accroissement de sa foi, de telle sorte que LA FOI ACCRUE NE SOIT QUE LA RÉCOMPENSE DE LA FOI COMMENCÉE ? d'où il suivrait que ce n'est plus en vertu d'une grâce, mais en vertu d'un droit que cette récompense est imputée à ceux qui croient.

Pourquoi ne pas attribuer à l'homme l'œuvre tout entière, DE TELLE SORTE QUE CELUI QUI A PU SE DONNER CE QU'IL N'AVAIT PAS, PÛT ÉGALEMENT AUGMENTER CE QU'IL AVAIT ACQUIS ? du moins, je ne vois pas pour quel motif on s'arrêterait en si beau chemin. Ce serait, sans doute, parce qu'on craindrait de se mettre en contradiction trop manifeste avec les passages de l'Ecriture les plus clairs, et attestant si hautement que la foi, principe de toute piété, est un don de Dieu.

Par exemple : "Dieu a départi à chacun la mesure de la foi (1) ; à nos frères, paix et charité avec la foi par Dieu le Père, et Notre-Seigneur Jésus-Christ (2)"; et autres témoignages du même genre. Voulant donc ne pas se mettre en contradiction avec des oracles aussi formels, et en même temps s'attribuer le mérite de la foi, LE SEMI-PÉLAGIEN FAIT ENTRER POUR AINSI DIRE L'HOMME ET DIEU EN COMPOSITION, DE MANIÈRE À LEUR ATTRIBUER À CHACUN UNE PARTIE DE LA FOI, SAUF POURTANT À SE FAIRE HONNEUR DE LA PREMIÈRE, EN LAISSANT LA DERNIÈRE À DIEU. IL EXIGE LE CONCOURS DES DEUX, MAIS D'ABORD CELUI DE L'HOMME ET ENSUITE CELUI DE DIEU.




2. Rom. IV, 20, 21.
1. Rom. XII, 3.
2. Eph. VI, 23


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Majuscules ajoutés.
À suivre…


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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 4:58 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.


CHAPITRE III. ERREUR DE SAINT AUGUSTIN SUR CETTE MATIÈRE, AVANT SON ÉPISCOPAT.


7. Il est un docteur, aussi humble que pieux, qui ne parlait pas ainsi. J'ai nommé le bienheureux Cyprien, qui s'écriait : "Nous ne devons nous glorifier de rien, puisque rien ne nous appartient (3)". Comme preuve il invoque ce témoignage de l'Apôtre : "Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu ? Si donc vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme si vous ne l'aviez pas reçu (4) ?"

Après avoir médité ce passage, j'ai compris moi-même que c'était une erreur de ma part de penser que la foi par laquelle nous croyons en Dieu, n'est pas un don de Dieu, mais notre œuvre exclusivement personnelle, et le principe à l'aide duquel nous obtenons de Dieu les secours dont nous avons, besoin pour vivre ici-bas dans la tempérance, la justice et la piété. Je ne croyais pas que la foi dût être prévenue en nous par la grâce de Dieu, avant de nous donner le droit d'obtenir ce que nous demandions en vue du salut.

J'avouais bien que nous ne pouvons croire qu'autant que la vérité nous est annoncée; mais le consentement que nous donnons à la prédication de l'Évangile, je le regardais comme notre œuvre propre, et dépendant exclusivement de notre propre volonté. Que j'aie partagé cette erreur, c'est ce que prouvent clairement quelques-uns de mes ouvrages composés avant mon épiscopat. De ce nombre se trouve celui que vous me signalez dans vos lettres (1), et dans lequel je commentais certaines propositions de l'épître aux Romains.


Plus tard enfin je composai une rétractation de mes ouvrages; déjà même deux de ces livres étaient écrits lorsque je reçus vos volumineux écrits; et arrivé dans le premier livre à l'Exposition de quelques propositions tirées de l'épître de saint Paul aux Romains, voici ce que j'écrivais :


"Examinant ce que Dieu a choisi dans l'enfant qui n'était pas encore né, et à qui il a dit que son allié serait son serviteur; examinant aussi ce que Dieu a repoussé dans cet autre enfant qui n'était pas encore né non plus, et qui devait être l'aîné, je remarque que c'est à eux que s'applique la parole prophétique, bien que formulée longtemps après : J'ai aimé Jacob et j'ai haï Ésaü (2), et je poursuis mon raisonnement . Dieu ne choisit donc pas les œuvres de chacun par sa préscience des œuvres qu'il donnera à chacun d'opérer; mais il choisit la foi par sa prescience, en choisissant pour lui donner l'Esprit-Saint, celui qu'il sait devoir croire en lui, afin qu'il obtienne la vie éternelle en faisant le bien. Je n'avais pas alors recherché, avec assez de soin, ni trouvé exactement ce qu'est l'élection de la grâce. L'Apôtre dit à ce sujet : Ceux qui étaient de reste ont été sauvés par l'élection de la grâce (3). Elle ne serait pas grâce, s'il y avait des mérites qui la précédassent; sans quoi ce qui serait donné, serait moins donné comme une grâce, que rendu aux mérites comme une dette. D'où il suit que ce que j'ai dit aussitôt après. L'Apôtre remarque, en effet, que c'est le même Dieu qui opère tout en tous (4), mais il ne dit nulle part : Dieu croit tout en tous; et ce que j'ai ajouté : Si nous croyons, c'est notre œuvre, mais ce que nous faisons de bien vient de Celui qui donne l'Esprit-Saint aux croyants , je ne l'eusse pas dit, si j'avais su que la foi même fût comptée au nombre des dons de Dieu, lesquels sont faits par le même Esprit. L'un et l'autre nous appartiennent à cause du libre arbitre de notre volonté ; et cependant l'un et l'autre nous sont donnés par l'Esprit de foi et de charité. La charité, en effet, n'est pas seule, mais, comme il est écrit : La charité avec la foi vient de Dieu le Père et de Notre-Seigneur Jésus-Christ.(1)"


"Quand j'ai dit peu après : Il nous appartient de croire et de vouloir ; il appartient à Dieu de donner à ceux qui croient et qui veulent la faculté de faire le bien par le Saint-Esprit, par lequel la charité est répandue dans nos cœurs, j'ai eu raison; mais, par la même règle, l'un et l'autre appartiennent à Celui qui lui-même prépare la volonté, comme l'un et l'autre nous appartiennent, puisque rien ne se fait sans notre volonté. Lorsque j'ai dit ensuite : Nous ne pouvons vouloir sans que nous soyons appelés; et quand nous avons voulu, par suite de cet appel notre volonté et notre course ne suffisent pas, à moins que Dieu ne fournisse des forces à ceux qui courent et les conduise là où il les appelle ; et aussi quand j'ai ajouté : Il est donc manifeste que le bien que nous faisons n'est pas l'œuvre de notre volonté et de notre mouvement, mais de la miséricorde de Dieu (2), j'ai été absolument dans le vrai. Mais je n'ai que très-peu parlé de la vocation elle-même qui a lieu selon le dessein de Dieu ; elle n'est pas telle chez tous les appelés, mais seulement chez les élus.


C'est pourquoi ces paroles ajoutées peu après : De même que les élus de Dieu commencent par la foi, non par les œuvres, à mériter le don de Dieu pour faire le bien, ainsi les damnés commencent par l'infidélité et l'impiété à mériter la peine, cette peine qui est elle-même le principe de leurs mauvaises actions ; ces paroles sont très justes; mais que le mérite de la foi est lui-même un don de Dieu, je ne l'ai pas a dit, je n'ai pas pensé non plus qu'il le fallait rechercher.


Ailleurs j'ai dit : Celui dont il a pitié, Dieu le fait bien agir; celui qu'il endurcit (3), a il le laisse mal agir. Mais cette miséricorde est accordée au mérite précédent de la foi, et cet endurcissement est dû à l'impiété précédente. Cela est vrai ; mais il fallait, de plus, rechercher si le mérite de la foi vient de la miséricorde de Dieu, c'est-à-dire si cette miséricorde se rencontre dans l'homme seulement parce qu'il est fidèle, ou si elle s'y est rencontrée afin qu'il le fût. Nous avons lu, en effet, ce que dit l'Apôtre : J'ai obtenu miséricorde pour être fidèle (1); il ne dit pas : Parce que j'étais fidèle.

Au fidèle est donc accordée la miséricorde, mais elle lui fut aussi accordée pour être fidèle; aussi ai-je eu parfaitement le droit d'écrire en un autre endroit du même livre : Si nous sommes appelés à la foi, non par nos œuvres, mais par la miséricorde de Dieu ; et si par cette même miséricorde il est accordé aux croyants de bien faire, cette miséricorde ne doit pas être refusée aux gentils; cependant je n'ai pas apporté tous les soins nécessaires pour traiter de cette vocation qui a lieu par le dessein de Dieu (2) ».




3. A Quirinius, liv. III, ch. IV.
4. I Cor. IV, 7.
1. Lettre d'Hilaire, n.3.
2. Rom. IX, 13, et Malach. I, 3.
3. Rom. XI, 5.
4. I Cor. XII, 6.
1. Eph.VI, 23.
2. Rom. IX, 16.
3. ibid. 18.
1. I Cor. VII, 25.
2. Rétract. liv. I, ch. XXIII, n. 3, 4.


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Message  ROBERT. Jeu 05 Aoû 2010, 5:01 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.

CHAPITRE IV. NOUS AVONS TOUT REÇU DE DIEU.

8. Vous voyez clairement ce que je pensais alors de la foi et des œuvres, quoique je fusse préoccupé de montrer toute l'importance de la grâce de Dieu. Cette opinion est partagée par ceux de nos frères dont vous me parlez; ce qui prouve qu'ils ont été plus désireux de lire mes livres que d'avancer avec moi dans l'étude d'un sujet aussi grave.

Avec un peu de bonne volonté ils auraient trouvé la solution de cette question, d'après la vérité des saintes Écritures, dans le premier de mes deux livres adressés à Simplicien, d'heureuse mémoire, évêque de Milan et successeur de saint Ambroise. J'avais composé ces livres dès le début de mon épiscopat. Il peut se faire, toutefois, qu'ils n'aient aucune connaissance de ces livres, et dans ce cas, je vous prierais de les leur adresser.

Parlant du premier de ces deux ouvrages, dans le second livre des Rétractations, je disais : « Des livres que j'ai composés étant évêque, les deux premiers sont adressés à Simplicien, évêque de Milan, successeur du bienheureux Ambroise. Ils traitent de diverses questions, dont deux, tirées de l'épître de saint Paul aux Romains, occupent le premier livre.

La première a été soulevée à propos de cette parole : Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? Nullement, jusqu'à celle-ci : Qui me délivrera du corps, de cette mort ? La grâce de Dieu par Notre-Seigneur Jésus-Christ (1). Dans a cette partie, les mots de l'Apôtre : La loi est spirituelle, et moi je suis charnel, etc. (2) ; mots par lesquels il expose le conflit de la chair et de l'esprit, je les ai expliqués comme ne s'appliquant qu'à l'homme encore placé sous la loi et non sous la grâce. Bien longtemps après j'ai compris que ces mots peuvent s'appliquer, et avec plus de probabilité encore, à l'homme spirituel.

La seconde question de ce même livre a comprend depuis cette parole : "Non-seulement elle, mais aussi Rébecca, qui conçut en même temps deux fils d'Isaac notre père, à jusqu'à celle-ci : Si le Seigneur des armées ne nous avait réservé un rejeton, nous fussions devenus comme Sodome et semblables à Gomorrhe (3).

Nous avons travaillé dans cette discussion pour le libre arbitre de la volonté humaine. Mais la grâce de Dieu a vaincu, et nous n'avons pu arriver à rien autre qu'à reconnaître que l'Apôtre avait dit avec la plus éclatante vérité. Car qui te discerne ? Qu'as-tu que tu ne l'aies reçu ? Or, si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu comme si tu ne l'avais pas reçu (4)? C'est ce que le martyr Cyprien voulait aussi démontrer, et ce qu'il a exprimé entièrement dans ce titre de chapitre. Il ne faut nous glorifier de rien, car nous n'avons rien (5)".

Voilà pourquoi je disais précédemment que ma conviction s'était surtout formée sur ce passage de l'épître de saint Paul. Jusque-là je suivais un autre sentiment, mais dans mon ouvrage à Simplicien, au moment où je cherchais la solution, Dieu m'a révélé ce que je devais en croire. Ainsi donc, ce passage de l'Apôtre, si bien fait pour réprimer l'orgueil de l'homme : "Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu? " ne permet à aucun fidèle de dire : J'ai la foi sans l'avoir reçue.

Cette parole orgueilleuse est formellement contredite par la réponse de l'Apôtre
. Il n'est même pas possible de dire : Quoique je n'aie pas la foi parfaite, j'en ai du moins le commencement, car c'est par là que j'ai d'abord cru en Jésus-Christ. Écoutons cette réponse : "Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu? Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme si vous ne l'aviez pas reçu (1)" ?



1. Rom. VII, 7-25.
2. ibid. 14.
3. Rom. IX, 10-29.
4. I Cor. IV, 7.
5. Rétract. liv. II, ch. I, n.1.
1. I Cor. IV, 7.


.

Gras ajouté.
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Message  ROBERT. Jeu 02 Sep 2010, 8:27 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.

CHAPITRE V. LA GRÂCE SEULE DISCERNE LES HOMMES ENTRE EUX.



9. Nos adversaires soutiennent qu'on ne peut pas dire de cette foi : "Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu?" Parce que, selon eux, la nature humaine, quoique corrompue, a gardé cette puissance de croire comme un reste de l'état parfait dans lequel elle a été créée (2).

Or, on voit que leur raisonnement pèche par sa base, dès que l'on cherche la pensée qui inspirait saint Paul. Son but était d'empêcher l'homme de se glorifier eu lui-même. En effet, des dissensions s'étaient élevées entre les chrétiens de Corinthe, et l'on entendait chacun d'eux s'écrier : "Pour moi je suis à Paul. et moi je suis à Apollo, et moi je suis à Céphas (3)". De là cette réponse de l'Apôtre : "DIEU A CHOISI LES MOINS SAGES SELON LE MONDE POUR CONFONDRE LES SAGES; IL A CHOISI LES FAIBLES SELON LE MONDE POUR CONFONDRE LES PUISSANTS; ET IL A CHOISI LES PLUS VILS ET LES PLUS MÉPRISABLES SELON LE MONDE, ET CE QUI N'ÉTAIT RIEN, POUR DÉTRUIRE CE QU'IL Y A DE PLUS GRAND, AFIN QU'AUCUN NE SE GLORIFIÂT DEVANT DIEU".


Ce langage prouve clairement de la part de l'Apôtre l'intention d'humilier l'orgueil de l'homme, qui voudrait se glorifier en lui même ou dans ses semblables. Paul avait dit : "Afin qu'aucun homme ne se glorifiât devant Dieu" ; voulant nous montrer ensuite Celui en qui seul nous pouvons nous glorifier, il ajoute aussi tôt : "C'est par cette voie que vous êtes établis en Jésus-Christ, qui nous a été donné de Dieu pour être notre sagesse, notre justice, notre sanctification et notre rédemption, afin que, selon la parole de l’Ecriture, celui qui se glorifie ne se glorifie que dans le Seigneur (4)".


Plus loin le même Apôtre formule toute sa pensée dans les paroles suivantes : "Vous êtes encore charnels, car puisqu'il y a parmi vous des jalousies, des disputes, n'est-il pas visible que vous êtes charnels et que vous vous conduisez selon l'homme ? En effet, puisque l'un dit : Je suis à Paul ; et l'autre : Je suis à Apollo , n'êtes-vous pas charnels encore ? Qu'est donc Paul, et qu'est Apollo ? Ils sont les ministres de Celui en qui vous avez cru, chacun selon le don qu'il a reçu du Seigneur. C'est moi qui ai planté, c'est Apollo qui a arrosé, mais c'est Dieu qui a donné l'accroissement. C'est pourquoi celui qui plante n'est rien, celui qui arrose n'est rien, mais tout vient de Dieu qui donne l'accroissement".

Ne comprenez-vous pas que le but de l'Apôtre c'est d'humilier l'homme et de tout rapporter à Dieu seul ? Il proclame que celui qui plante et celui qui arrose ne sont rien, et que tout vient de Dieu qui donne l'accroissement; il va même jusqu'à dire que c'est à Dieu seul que l'on doit rapporter l'œuvre de celui qui plante et de celui qui arrose, "chacun selon le don qu'il a reçu du Seigneur. C'est moi qui ai planté, c'est Apollo qui a arrosé". Poursuivant toujours son but, il en vient à s'écrier : "Que personne donc ne mette sa gloire dans l'homme (1)". Il avait dit déjà : "Que celui qui se glorifie, se glorifie dans le Seigneur".

Enfin, après ces développements et tous ceux qui en découlent, il manifeste clairement sa pensée dans ces paroles : "Du reste, j'ai proposé ces choses dans ma personne et dans celle d'Apollo, à cause de vous, afin que vous appreniez par notre exemple à n'avoir pas de vous-mêmes d'autres sentiments que ceux que je viens de signaler, prenant garde à ne pas vous enfler d'orgueil les uns contre les autres pour autrui. Car, qui donc met de la différence entre vous ? Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu ? Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifiez-vous comme si vous ne l'aviez point reçu (2) ?"




1. I Cor. IV, 7.
2. Lettre d'Hilaire, n. 4.
3. I Cor. I, 12,
4 ibid. 30-31.
1. I Cor. III, 2-7, 21.
2. ibid. IV, 6, 7.



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Message  ROBERT. Dim 05 Sep 2010, 6:11 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.


CHAPITRE V. LA GRÂCE SEULE DISCERNE LES HOMMES ENTRE EUX.


10. Devant cette intention des plus manifestes de s'élever contre l'orgueil humain, et de nous apprendre que ce n'est pas dans l'homme, mais en Dieu seul que nous devons nous glorifier, ne serait-ce pas une grossière absurdité de supposer que l'Apôtre parlait des dons naturels que nous recevons du Créateur, ou de la nature dans son état d'intégrité et de perfection originelle, ou enfin des restes quels qu'ils soient de cette nature viciée ? Du moment que ces dons sont communs à tous les hommes, peuvent-ils donc discerner les hommes les uns d'avec les autres ?

Or, l'Apôtre s'écrie tout d'abord : "Qui donc vous discerne? " puis il ajoute : "Qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu ?" Un orgueilleux s'élevant contre son frère pourrait lui dire : Ce qui me discerne de vous, c'est ma foi, ma justice ou tout autre chose. C'est contre de telles prétentions que le saint docteur proteste en ces termes : "Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ?" Si quelqu'un vous a discerné de votre frère, n'est-ce pas Celui qui vous a donné ce qu'il n'a pas donné à votre frère ? "Et si vous l'avez reçu, pourquoi vous en glorifier comme si vous ne l'aviez pas reçu ?" N'est-ce pas nous dire clairement que celui qui se glorifie ne doit se glorifier qu'en Dieu?

Or, ce devoir est directement violé par celui qui s'attribue à lui-même ses propres mérites, comme s'il ne les tenait que de lui-même et non pas de la grâce de Dieu. D'un autre côté, la grâce qui discerne les bons d'avec les méchants, ne saurait être commune aux bons, et aux méchants . Distinguons, si nous le voulons, la grâce attribuée à la nature, nous constituant des êtres raisonnables et nous séparant des animaux ; distinguons aussi la grâce attribuée à cette même nature, et qui parmi les hommes discernerait ceux qui sont beaux de ceux qui sont laids, ceux qui ont du talent et ceux qui n'en ont pas, et autres catégories semblables; mais il est évident que si tel fidèle de Corinthe s'attirait les reproches de l'Apôtre, ce n'est pas précisément parce qu'il se mettait au-dessus des animaux, ou qu'il se prévalait contre son frère de tel ou tel don naturel qui pourrait fort bien se rencontrer dans l'homme le plus scélérat.

Son orgueil avait pour objet tel ou tel bien de l'ordre surnaturel et qu'il s'attribuait à lui-même, et non pas à Dieu, quand il mérita ce reproche : "Qui donc vous a discerné? Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ?" QUE LA NATURE PUISSE AVOIR LA FOI, J'EN CONVIENS; MAIS L'A-T-ELLE PAR ELLE-MÊME ? "LA FOI N'EST POINT COMMUNE À TOUS", DIT L'APÔTRE (1), ET POURTANT TOUS PEUVENT AVOIR LA FOI.

Saint Paul ne dit pas : Que pouvez-vous avoir sans que ce pouvoir même vous ait été donné ? mais : "Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu ?" LE POUVOIR D'AVOIR LA FOI, COMME CELUI D'AVOIR LA CHARITÉ, APPARTIENT À LA NATURE DE TOUS LES HOMMES; MAIS AVOIR LA FOI, COMME AUSSI AVOIR LA CHARITÉ, C'EST LÀ UNE GRÂCE RÉSERVÉE AUX FIDÈLES.

Par conséquent, CE QUI DISTINGUE L'HOMME DE SON FRÈRE, CE N'EST POINT CETTE NATURE DANS LAQUELLE NOUS A ÉTÉ DONNÉE LA POSSIBILITÉ D'AVOIR LA FOI ; MAIS C'EST LA FOI ELLE-MÊME QUI DISCERNE LE FIDÈLE DE L'INFIDÈLE. En présence de ces paroles : "Qui vous a discerné ? Qu'avez-vous donc que vous ne l'ayez reçu?" tout homme qui ose dire : J'ai la foi par moi-même et sans l'avoir reçue, se met en opposition manifeste avec l'évidence de la vérité; non pas en ce sens que la volonté humaine ne soit pas libre de croire ou de ne pas croire, mais parce que c'est Dieu lui-même qui prépare la volonté dans les élus (1).

Ainsi donc, à cette foi elle-même qui est dans la volonté s'applique directement cette parole : "Qui vous a discerné ? Et qu'avez-vous que vous ne l'ayez reçu ?"





1. II Thess. III, 2.



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Message  ROBERT. Jeu 09 Sep 2010, 4:20 pm


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Par Saint Augustin.




CHAPITRE VI. LES VOIES DE DIEU SONT IMPÉNÉTRABLES.

11. "Beaucoup entendent la parole de la vérité; mais les uns croient et les autres résistent. C'est donc parce que les uns veulent croire et que les autres s'y refusent". Eh ! Qui l'ignore ? Qui pourrait le nier ? Mais il faut dire aussi que la volonté des uns est préparée par Dieu, tandis que celle des autres ne l'est pas; et puis, il faut distinguer ce qui vient de la MISÉRICORDE de Dieu et ce qui vient de sa JUSTICE. "Ce qu'Israël cherchait", dit l'Apôtre, "il ne l'a point trouvé; mais ceux-là seuls l'ont trouvé, qui ont été choisis de Dieu ; et les autres ont été aveuglés, selon qu'il est écrit : Dieu leur a donné jusqu'à ce jour un esprit d’assoupissement, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre. Et David dit encore de ces hommes : Que leur table soit pour eux un filet où ils se trouvent enveloppés; qu'elle leur devienne une pierre de scandale et qu'elle soit leur juste punition; que leurs yeux soient tellement obscurcis qu'ils ne voient point, et faites qu'ils soient toujours courbés contre terre".

Voilà tout ensemble la miséricorde et la justice : la miséricorde pour l'élection qui a obtenu la justice de Dieu, et le jugement contre ceux qui ont été aveuglés. Et cependant, ceux-là ont cru parce qu'ils l'ont voulu, et ceux-ci n'ont pas cru parce qu'ils ne l'ont pas voulu. C'est donc sur les volontés elles-mêmes que s'est faite l'action de la miséricorde et du jugement. Car cette élection est un pur effet de la grâce, et non point une conséquence de mérites antérieurs.

En effet, l'Apôtre avait dit un peu plus haut : "De même donc en ce temps Dieu a sauvé ceux qu'il s'est réservés selon l'élection de sa grâce. SI C'EST PAR GRÂCE, CE N'EST DONC POINT PAR LES ŒUVRES; AUTREMENT LA GRÂCE N'EST PLUS UNE GRÂCE (1)". Par conséquent, ceux qui ont obtenu l'élection l'ont obtenue gratuitement ; de leur part ils n'y avaient acquis aucun droit antérieur qui eût fait de l'élection une véritable dette ; Dieu les a sauvés gratuitement. Quant à ceux qui ont été frappés d'aveuglement, ce châtiment ils l'avaient mérité. "Toutes les voies de Dieu sont miséricorde et vérité (2). Les voies de Dieu sont impénétrables (3)". Regardons comme impénétrables et la miséricorde par laquelle il nous délivre gratuitement, et la vérité qui nous juge en toute justice.




1. Rom. XI, 5-10.
2. Ps. XXIV, 10.
3. Rom. II, 33.



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Message  ROBERT. Ven 10 Sep 2010, 8:25 pm


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Par Saint Augustin.


CHAPITRE VI. LES VOIES DE DIEU SONT IMPÉNÉTRABLES.

11. "Beaucoup entendent la parole de la vérité; mais les uns croient et les autres résistent. C'est donc parce que les uns veulent croire et que les autres s'y refusent". Eh ! Qui l'ignore ? Qui pourrait le nier ? Mais il faut dire aussi que la volonté des uns est préparée par Dieu, tandis que celle des autres ne l'est pas; et puis, il faut distinguer ce qui vient de la MISÉRICORDE de Dieu et ce qui vient de sa JUSTICE. "Ce qu'Israël cherchait", dit l'Apôtre, "il ne l'a point trouvé; mais ceux-là seuls l'ont trouvé, qui ont été choisis de Dieu ; et les autres ont été aveuglés, selon qu'il est écrit : Dieu leur a donné jusqu'à ce jour un esprit d’assoupissement, des yeux pour ne point voir et des oreilles pour ne point entendre. Et David dit encore de ces hommes : Que leur table soit pour eux un filet où ils se trouvent enveloppés; qu'elle leur devienne une pierre de scandale et qu'elle soit leur juste punition; que leurs yeux soient tellement obscurcis qu'ils ne voient point, et faites qu'ils soient toujours courbés contre terre".

Voilà tout ensemble la miséricorde et la justice : la miséricorde pour l'élection qui a obtenu la justice de Dieu, et le jugement contre ceux qui ont été aveuglés. Et cependant, ceux-là ont cru parce qu'ils l'ont voulu, et ceux-ci n'ont pas cru parce qu'ils ne l'ont pas voulu. C'est donc sur les volontés elles-mêmes que s'est faite l'action de la miséricorde et du jugement. Car cette élection est un pur effet de la grâce, et non point une conséquence de mérites antérieurs.

En effet, l'Apôtre avait dit un peu plus haut : "De même donc en ce temps Dieu a sauvé ceux qu'il s'est réservés selon l'élection de sa grâce. SI C'EST PAR GRÂCE, CE N'EST DONC POINT PAR LES ŒUVRES; AUTREMENT LA GRÂCE N'EST PLUS UNE GRÂCE (1)". Par conséquent, ceux qui ont obtenu l'élection l'ont obtenue gratuitement ; de leur part ils n'y avaient acquis aucun droit antérieur qui eût fait de l'élection une véritable dette ; Dieu les a sauvés gratuitement. Quant à ceux qui ont été frappés d'aveuglement, ce châtiment ils l'avaient mérité. "Toutes les voies de Dieu sont miséricorde et vérité (2). Les voies de Dieu sont impénétrables (3)". Regardons comme impénétrables et la miséricorde par laquelle il nous délivre gratuitement, et la vérité qui nous juge en toute justice.




1. Rom. XI, 5-10.
2. Ps. XXIV, 10.
3. Rom. II, 33.


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Message  ROBERT. Sam 11 Sep 2010, 3:06 pm


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CHAPITRE VII. LA FOI ET LES ŒUVRES.

12. Nos adversaires répliqueront peut-être : L'Apôtre établit une distinction entre la foi et les œuvres ; mais quant à la grâce, s'il affirme qu'elle ne vient pas des œuvres, il ne dit pas qu'elle ne vient point de la foi. C'EST VRAI ; mais le Sauveur déclare formellement que la foi est l'œuvre de Dieu, et il nous ordonne d'accomplir cette œuvre.

En effet, les Juifs lui dirent : "QUE FERONS-NOUS POUR ACCOMPLIR L'ŒUVRE DE DIEU ? Jésus leur répondit : L'ŒUVRE DE DIEU, C'EST QUE VOUS CROYIEZ EN CELUI QU'IL A ENVOYÉ (4)."

Quant à l'Apôtre, il distingue la foi des œuvres, comme dans les deux royaumes des Hébreux, Juda est distingué d'Israël, quoique Juda soit Israël.

D'un autre côté, il affirme que la justification ne vient pas des œuvres (5), parce que cette justification est le premier don qui vous soit fait, et que c'est par elle que nous obtenons ce que nous appelons proprement les œuvres, dont se compose la vie de l'homme juste.

Écoutons-le encore: "C'est par la grâce que vous êtes sauvés en vertu de la foi, et cela ne vient pas de vous, puisque c'est un don de Dieu" ; en vertu de la foi, et non pas par votre propre vertu, car la foi ne vient pas de vous, puisqu'elle est un don de Dieu. "Cela ne vient pas de vos œuvres, afin que nul ne se glorifie (1)".

On a coutume de dire : Tel homme a mérité de croire, parce que même avant de croire il était un homme de bien. On pourrait le dire du centurion Corneille, dont les aumônes avaient été accueillies, et les prières exaucées avant de croire en Jésus-Christ (2). Et pourtant ce n'était point sans une certaine foi qu'il versait ses aumônes et ses prières.

EN EFFET, COMMENT POUVAIT-IL INVOQUER CELUI EN QUI IL NE CROYAIT PAS (3)? S'il pouvait être sauvé sans la foi en Jésus-Christ, ce n'était donc pas pour l'édifier que l'apôtre saint Pierre lui fut envoyé comme architecte surnaturel, quoique, "SI LE SEIGNEUR NE BÂTIT PAS LUI-MÊME LA MAISON, C'EST EN VAIN QU'ONT TRAVAILLÉ CEUX QUI LA CONSTRUISAIENT (4)".

Et l'on ose nous dire : "La foi vient de nous; mais c'est de Dieu que découlent toutes les autres choses qui concernent les œuvres de la justice". N'est-ce pas dire que la foi n'appartient pas à l'édifice quand elle en est elle-même le fondement nécessaire ?

DONC DÈS QUE LA FOI EST LE POINT DE DÉPART OBLIGÉ, C'EST EN VAIN QUE L'OUVRIER TRAVAILLE EN ÉDIFIANT LA FOI, SI LE SEIGNEUR NE L'ÉDIFIE PAS LUI-MÊME INTÉRIEUREMENT DANS SA MISÉRICORDE.

Ainsi donc tout ce que Corneille a fait de bien, et avant de croire en Jésus-Christ, et pendant qu'il y croyait, et après y avoir cru, tout cela doit être rapporté à Dieu, sous peine de se perdre dans les illusions de l'orgueil.




4. Jean, VI, 28, 29.
5. Gal. II, 16.
1. Eph. II, 8, 9.
2. Act. X, 4.
3. Rom. X,14.
4. Ps. CXXVI, 1.


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Message  ROBERT. Dim 12 Sep 2010, 8:11 pm


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Par Saint Augustin.


CHAPITRE VIII. LA PAROLE ET L'ENSEIGNEMENT DU PÈRE.

13. Notre Sauveur et Maître avait dit : "Ce qui est l’œuvre de Dieu, c'est de croire en Celui qu'il a envoyé"; presque aussitôt, et dans le même discours, il ajoute : "Je vous ai tenu ce langage, parce que vous m'avez vu, et que vous n'avez pas cru. Tout ce que mon Père me donne viendra à moi". Qu'est-ce à dire, "viendra à moi ", sinon : croira en moi ?

Mais pour cela, il faut que mon Père le donne. Il continue : "Gardez-vous de murmurer entre vous; personne ne peut venir à moi, si mon Père, qui m'a envoyé, ne l'attire ; et je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophéties : ils seront tous les dociles enfants de Dieu. Quiconque a entendu et appris de mon Père vient à moi (1)". Qu'est-ce à dire : "Quiconque a entendu et appris de mon Père vient à moi ?" N'est-ce pas comme s'il disait : Il n'est personne qui entende et apprenne de mon Père, et ne vienne à moi ?

Car si quiconque a entendu et appris de mon Père, vient, n'est-il pas certain que si quelqu'un ne vient pas, c'est qu'il n'a ni entendu ni appris de mon Père ? car s'il eût entendu et appris, il fût venu. Personne n'a entendu et appris sans venir ; mais , dit la Vérité suprême : « Quiconque a entendu et appris de mon Père est venu ».

ELLE EST TRÈS ÉLOIGNÉE DES SENS DE LA CHAIR, CETTE ÉCOLE DANS LAQUELLE LE PÈRE EST ENTENDU ET ENSEIGNE, AFIN QUE L'ON VIENNE AU FILS. Là est le Fils lui-même, puisqu'il est son Verbe par lequel il enseigne; et ce n'est point à l'oreille de la chair qu'il s’adresse, mais à l'oreille du cœur.


Là est également l'Esprit du Père et du Fils; car il ne serait pas vrai de dire qu'il n'enseigne point ou qu'il enseigne séparément; ne savons-nous pas que les œuvres de la Trinité sont inséparables ? C'est de l'Esprit-Saint que l'Apôtre a dit : « Ayant donc ce même esprit de foi (2) ». Toutefois cet enseignement est plus spécialement attribué au Père, parce que c'est de lui qu'est engendré le Fils, et de lui aussi que procède le Saint-Esprit. Mais laissons là ce mystère de la Trinité, sur lequel j'ai composé quinze livres qui sans doute vous sont parvenus. Répétons-le donc: elle est très éloignée des sens de la chair cette école dans laquelle Dieu est entendu et enseigne.


Nous voyons un grand nombre d'hommes venir au Fils, parce que nous en voyons un grand nombre croire en Jésus-Christ. Où et comment ont-ils entendu et appris du Père, nous ne le voyons pas. Cette grâce est toute mystérieuse ; mais peut-on douter qu'elle en soit moins une grâce ?

Or, cette grâce que la libéralité divine verse secrètement dans le cœur des hommes, n'est rejetée par aucun cœur endurci; car elle est accordée tout d'abord afin de briser cet endurcissement du coeur. Quand donc le Père est entendu, et enseigne intérieurement afin que l'on vienne au Fils, il enlève le cœur de pierre et il donne un cöur de chair, selon la promesse du Prophète (1). C'est ainsi qu'il forme les enfants de la promesse, et les vases de miséricorde qu'il a préparés pour sa gloire.




1. Jean, VI, 29, 36, 37, 43-45.
2. II Cor. IV, 13.
1. Ezéch. XI, 19.


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Message  ROBERT. Lun 13 Sep 2010, 2:56 pm


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Par Saint Augustin.



CHAPITRE VIII. LA PAROLE ET L'ENSEIGNEMENT DU PÈRE.


14. POURQUOI donc le Seigneur n'enseigne-t-il pas tous les hommes, pour les amener à Jésus-Christ ? N'est-ce point parce que ceux qu'il enseigne, il les enseigne dans sa miséricorde ; et ceux qu'il n'enseigne pas, c'est dans sa justice qu'il leur refuse cet enseignement ? Car "il fait miséricorde à qui il lui plaît, et il a endurcit qui il lui plaît" ; or, il fait miséricorde en prodiguant ses bienfaits ; et il endurcit en traitant les coupables selon leurs œuvres. Selon certains auteurs, ces paroles : "Dieu fait miséricorde à qui il lui plaît et il endurcit qui il lui plaît", devraient être attribuées à l'interlocuteur de l'Apôtre, à celui que l'Apôtre apostrophe en ces termes : "Vous me direz peut-être : Après cela pourquoi Dieu se plaint il; car qui donc résiste à sa volonté ?" L'Apôtre va-t-il répondre : O homme, ce langage serait une erreur ? ÉCOUTONS CETTE RÉPONSE : « O HOMME, QUI ÊTES-VOUS POUR CONTESTER AVEC DIEU ? UN VASE D'ARGILE DIT-IL À CELUI QUI L'A FAIT : POURQUOI M'AVEZ-VOUS FAIT AINSI ? LE POTIER N'A-T-IL PAS LE POUVOIR DE FAIRE DE LA MÊME MASSE D'ARGILE ?" Vous connaissez le reste.


Toutefois, dans un certain sens, le Père enseigne tous les hommes pour les amener à son Fils. Car ce n'est pas en vain que nous lisons dans les prophéties : "Et tous seront dociles à la parole de Dieu"; et le texte sacré ajoute aussitôt : "Tous ceux qui ont entendu de mon Père et ont appris, sont venus à moi". SUPPOSONS QUE DANS UNE VILLE IL N'Y AIT QU'UN SEUL PROFESSEUR DE BELLES-LETTRES, NOUS AURIONS LE DROIT DE DIRE DE CE PROFESSEUR QUE C'EST LUI QUI ENSEIGNE À TOUS LES BELLES-LETTRES; NON PAS, SANS DOUTE, PARCE QUE TOUS LES APPRENNENT, MAIS PARCE QUE TOUS LES ÉTUDIANTS REÇOIVENT DE LUI LEURS LEÇONS.

Dans le même sens nous pouvons dire : C'EST DIEU QUI ENSEIGNE TOUS LES HOMMES À VENIR À JÉSUS-CHRIST, NON POINT PARCE QUE TOUS LES HOMMES Y VIENNENT, MAIS PARCE QUE PERSONNE N'Y VIENT QUE PAR CE MOYEN. Pourquoi donc ne donne-t-il pas réellement à tous ce précieux enseignement ? L'Apôtre nous en donne une raison qui doit nous suffire : "QUI PEUT SE PLAINDRE", dit-il, "SI DIEU VOULANT MONTRER SA COLÈRE, ET FAIRE CONNAÎTRE SA PUISSANCE, SOUFFRE AVEC UNE PATIENCE EXTRÊME LES VASES DE COLÈRE PRÉPARÉS POUR LA PERDITION, AFIN DE FAIRE PARAÎTRE LES RICHESSES DE SA GLOIRE SUR LES VASES DE MISÉRICORDE QU'IL A PRÉPARÉS POUR LA GLORIFICATION (1) ?"

Voilà ce qui nous explique pourquoi "la prédication de la croix est une folie pour ceux qui se perdent, tandis que pour ceux qui se sauvent elle est la vertu et la puissance de Dieu" (2). A tous ces derniers le Seigneur apprend à venir à Jésus-Christ; car il veut que tous soient sauvés, et qu'ils arrivent à la connaissance de la vérité (3).

Quant à ceux pour qui la prédication de la croix est une folie, n'est-il pas certain que si Dieu eût voulu leur apprendre à venir à Jésus-Christ, ils y seraient infailliblement venus ? Peut-il tromper ou être trompé, Celui qui a dit : "Tous ceux qui ont entendu et appris de mon Père sont venus à moi ?" Ce serait donc une erreur de supposer que, parmi ceux qui ont entendu et appris du Père, il en est qui ne viennent pas à Jésus-Christ.


1. Rom. IX, 18-23.
2. I Cor. I, 18.
3. I Tim. II, 4



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Message  ROBERT. Jeu 16 Sep 2010, 8:43 pm


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Par Saint Augustin.


CHAPITRE VIII. LA PAROLE ET L'ENSEIGNEMENT DU PÈRE.


15. "Pourquoi", disent-ils, "Dieu n'enseigne-t-il pas tous les hommes ?" Si nous en donnons pour raison que ceux qu'il n'enseigne pas ne veulent pas apprendre, ils nous répondent aussitôt : Que signifient donc ces paroles : "O Dieu, tournez sur nous vos regards, et vous nous vivifierez (4) ?" OU BIEN, SI L'ACTION DE DIEU NE VA PAS JUSQU'À RENDRE BONNE LA VOLONTÉ PRÉCÉDEMMENT MAUVAISE, POURQUOI DONC, SELON LE PRÉCEPTE DU SEIGNEUR, L'ÉGLISE PRIE-T-ELLE POUR SES PERSÉCUTEURS (5) ?


Telle est pourtant l'interprétation donnée par saint Cyprien à ces paroles de l'Oraison dominicale : "Que votre volonté soit faite sur la terre comme au ciel (6)"; comme votre volonté se fait dans ceux qui croient et qui sont en quelque sorte le ciel; qu'ainsi elle se fasse dans ceux qui ne croient pas et qui par là même sont encore terre. EN PRIANT POUR CEUX QUI REFUSENT DE CROIRE, NE DEMANDONS-NOUS PAS QUE DIEU OPÈRE EN EUX LE VOULOIR (7) ? C'est en parlant des Juifs que l'Apôtre disait : "Mes frères, je sens dans mon coeur une grande affection pour le salut d'Israël, et je le demande à Dieu par mes prières (1)".

Il prie pour ceux qui ne croient pas, et que demande-t-il, si ce n'est la foi ? Car ce n'est que par la foi qu'ils peuvent parvenir au salut. Si donc la foi de ceux qui prient prévient la grâce de Dieu, cette même foi prévient-elle aussi la grâce de Dieu en faveur de ceux pour qui l'on demande la foi ? Car ce que les croyants demandent pour les infidèles, c'est le don de la foi à ceux qui ne croient pas.


Ainsi donc, DEVANT LA MÊME PRÉDICATION DE L'ÉVANGILE, LES UNS CROIENT ET LES AUTRES NE CROIENT PAS; en croyant à la parole extérieure de l'Apôtre, les croyants n'écoutent en réalité que le Père et n'apprennent que de lui; quant à ceux qui ne croient pas, ils entendent la parole extérieure , mais intérieurement ils n'entendent et n'apprennent quoi que ce soit. En d'autres termes, aux uns il est donné de croire, tandis que ce même bienfait n'est pas accordé aux autres.


Car, dit le Sauveur, "personne ne vient à moi s'il n'y a été attiré par mon Père, qui m'a envoyé". Ce qui suit rend encore cette vérité plus manifeste. En effet, presque aussitôt Jésus-Christ proclame la nécessité de manger sa chair et de boire son sang; et plusieurs de ses disciples de s'écrier à l'instant : "CETTE PAROLE EST DURE, QUI DONC PEUT L'ENTENDRE" ? Jésus sachant en lui-même que sa doctrine soulevait les murmures de ses disciples, leur dit : Ceci vous scandalise ? Les paroles que j'ai prononcées sont esprit et vie, mais il en est parmi vous qui ne croient pas ». L'Évangéliste ajoute aussitôt : "Jésus connaissait depuis le commencement ceux qui croiraient et celui qui devait le trahir, et il disait : Voilà pourquoi j'ai affirmé que personne ne peut venir à moi, si mon Père ne lui en a fait la grâce (2)".


Par conséquent, être attiré à Jésus-Christ par le Père, entendre et apprendre du Père pour venir à Jésus-Christ, ce n'est rien autre chose que recevoir du Père le don de croire en Jésus-Christ. "Personne", disait-il, "ne vient à moi, s'il n'en a reçu le don de mon Père" ; telles sont les paroles sur lesquelles se fonde la distinction à établir, non pas entre ceux qui entendent et ceux qui n'entendent pas l'Évangile, mais entre ceux qui embrassent la foi et ceux qui la rejettent.



4. Ps. LXXXIV, 7.
5. Matt. V, 44.
6. id. VI, 10.
7. Philipp. II, 13.
1. Rom. X, I.
2. Jean, VI, 44-46.



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Message  ROBERT. Sam 18 Sep 2010, 6:24 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.


CHAPITRE VIII. LA PAROLE ET L'ENSEIGNEMENT DU PÈRE.

16. La foi, aussi bien celle qui n'est que commencée que celle qui est parfaite, est donc nécessairement un don de Dieu ; don accordé aux uns et refusé aux autres, comme il est impossible d'en douter, à moins de se mettre en contradiction manifeste avec les saintes Écritures.

D'un autre côté, si ce don n'est point fait à tous, le fidèle ne doit point s'en scandaliser, car il sait que le crime du premier homme a fait peser sur tous ses descendants une condamnation tellement méritée, qu'elle resterait parfaitement juste, lors même qu'aucun homme ne devrait y échapper. Si donc plusieurs sont sauvés (et, dans le sort de ceux qui ne le sont pas, ils peuvent comprendre ce qui leur était dû) qu'ils n'en proclament qu'avec plus de reconnaissance la grandeur du bienfait qui leur a été départi.


De cette manière, celui qui se glorifie se glorifiera dans le Seigneur et non pas dans ses propres mérites, qui ne sont pas différents de ceux des réprouvés. MAINTENANT, POURQUOI DIEU EXAUCE-T-IL PLUTÔT CELUI-CI QUE CELUI-LÀ?


N'oublions pas que les jugements de Dieu sont incompréhensibles et ses voies impénétrables (1). Le parti le plus sage pour nous, c'est d'entendre et de dire : "O homme, qui êtes-vous donc pour oser répondre à Dieu (2) ?" De quel droit oserions-nous affirmer, comme si nous le connaissions, ce que Dieu a voulu nous cacher ? Ne nous suffit-il pas de savoir que Dieu ne saurait vouloir l'injustice ?



1. Rom. XI, 33.
2. id.IX, 20.


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Message  ROBERT. Mar 21 Sep 2010, 2:26 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.



CHAPITRE IX. SAINT AUGUSTIN JUSTIFIE LE LANGAGE TENU PAR LUI A UNE AUTRE ÉPOQUE.

17. Vous me rappelez ensuite ce que j'ai écrit dans ma réponse à Porphyre sur l'Époque de l'avènement de la religion chrétienne. Dans cette lettre, je ne me proposais aucunement de me livrer sur la grâce à une discussion longue et approfondie, et pourtant ce que j'en ai dit était suffisant pour la circonstance et pouvait très facilement être développé par d'autres passages de nos écrits.

On me demandait : "Pourquoi Jésus-Christ a-t-il tardé si longtemps à venir sur la terre ?" Répondant à cette question, je disais entre autres choses : "On n'objecte point contre le Christ que sa doctrine ne soit point suivie de tout le monde; on sent bien que la même objection pourrait s'adresser aux philosophes et aux dieux; mais que répondront nos païens, si, sans préjudice des raisons cachées peut-être dans les profondeurs de la sagesse et de la science divine, et d'autres causes que les sages peuvent rechercher, nous disons, pour abréger cette discussion, que le Christ a voulu se montrer au milieu des hommes et leur prêcher sa doctrine dans le temps et dans les lieux où il savait que devaient être ceux qui croiraient en lui ?


Car il prévoyait que, dans les temps et les lieux où son Évangile n'a pas été prêché, les hommes auraient reçu cette prédication comme l'ont fait beaucoup de ceux qui, l'ayant vu lui-même pendant qu'il était sur la terre, n'ont pas voulu croire en sa mission, même après des morts ressuscités par lui : COMME LE FONT AUSSI DE NOTRE TEMPS BEAUCOUP D'HOMMES QUI, MALGRÉ L'ÉVIDENT ACCOMPLISSEMENT DES PROPHÉTIES, PERSISTENT DANS LEUR INCRÉDULITÉ, ET AIMENT MIEUX RÉSISTER PAR DES FINESSES HUMAINES QUE DE CÉDER À L'AUTORITÉ DIVINE APRÈS DES TÉMOIGNAGES SI CLAIRS, SI MANIFESTES, SI SUBLIMES.


Tant que l'esprit de l'homme est petit et faible, il doit s'incliner devant la divine vérité.
Si donc le Christ n'a vu qu'une grande infidélité dans les premiers temps a de l'univers, quoi d'étonnant qu'il n'ait voulu ni se montrer ni parler à des hommes qu'il savait devoir ne croire ni à ses discours ni à ses miracles ? Il est permis de penser que, à ces premières époques, tous les hommes eussent été tels, à en juger par le nombre étonnant d'incrédules que la vérité a rencontrés depuis l'avènement du Christ jusqu'à nos jours.


Cependant depuis le commencement du genre humain, il n'a jamais manqué d'être annoncé par les Prophètes, avec plus ou moins de lumière selon les temps, et avant son incarnation, il y a toujours eu des hommes qui ont cru en lui, depuis Adam jusqu'à Moïse, non-seulement parmi le peuple d'Israël qui, par un mystère particulier, a été une nation prophétique, mais encore parmi les autres nations.


En effet, dans les saints livres des Hébreux, on en cite quelques-uns à qui Dieu fit part de ce mystère; ce fut dès le temps d'Abraham ; et ces privilégiés n'appartenaient ni à sa race, ni au peuple d'Israël, et ne tenaient en rien au peuple élu. Pourquoi donc ne croirions nous pas qu'il y eut d'autres privilégiés chez d'autres peuples et en d'autres pays, quoique l'autorité de ces livres ne nous eu ait pas transmis le souvenir ?

C'est pourquoi le salut de cette religion, seule véritable et seule capable de promettre le vrai salut, n'a jamais manqué à quiconque en a été digne, et n'a manqué qu'à celui qui ne le méritait pas; et depuis le commencement de la race humaine jusqu'à la fin des temps, elle a été et sera prêchée aux uns pour leur récompense, aux autres pour leur condamnation. Il en est à qui Dieu n'en a rien révélé, mais il prévoyait que ceux-là ne croiraient pas; et ceux à qui la religion a été annoncée, quoiqu'ils ne dussent pas croire, ont servi d'exemple aux autres. Mais quant aux hommes à qui elle est annoncée et qui doivent croire; leur place est marquée dans le royaume des cieux et dans la société des saints anges. (1)


1. Epit. CII, n. 14, 15



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Message  ROBERT. Sam 25 Sep 2010, 3:54 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.



CHAPITRE IX. SAINT AUGUSTIN JUSTIFIE LE LANGAGE TENU PAR LUI A UNE AUTRE ÉPOQUE.

18. Comprenez-vous que c'était sans aucune intention de préjuger les décrets mystérieux de Dieu et les autres causes mises en jeu par sa Providence, que j'ai ainsi parlé de la prescience de Jésus-Christ; car cette simple réponse suffisait pour réfuter l'objection des païens et condamner leur infidélité ? N’est-il pas évident que Jésus-Christ savait à l'avance par qui, quand et en quels lieux la foi en si parole serait acceptée ?

Quant à préciser si, après avoir entendu la prédication de l'Évangile, les hommes auraient par eux-mêmes le pouvoir de croire, ou s'ils auraient besoin pour cela d'une grâce spéciale de Dieu; en d'autres termes, si Dieu s'était contenté à les connaître par avance, ou s'il les avait prédestinés à la foi, j'ai pensé que cette discussion n'était alors nullement nécessaire. Ces paroles : "Le Christ a voulu se montrer au milieu des hommes et leur prêcher sa doctrine dans le temps et dans les lieux où il savait que devaient être ceux qui croiraient en lui", pourraient se remplacer par celle-ci : Le Christ a voulu se montrer au milieu des hommes et leur prêcher sa doctrine dans le temps et dans les lieux où il savait qui devaient être ceux qui avaient été élus en lui avant la constitution du monde (2).

Mais un tel langage aurait provoqué le lecteur à soulever des questions dont l'étude et l'examen le plus attentif ont depuis été rendus nécessaires par l'hérésie pélagienne. Je crus donc plus sage et plus prudent de proportionner ma réponse aux besoins de la circonstance, sans préjudice, comme je l'ai dit, des raisons cachées peut-être dans les profondeurs de la sagesse et de la science divine, et d'autres causes dont j'ai cru devoir renvoyer la discussion à un moment plus opportun.


2. Eph. I, 4.


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Message  ROBERT. Lun 27 Sep 2010, 8:11 pm


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Par Saint Augustin.



CHAPITRE X. LA FOI EST UN DON DE DIEU


19. J'ai ajouté : "Le salut de cette religion n'a jamais manqué à quiconque en a été digne, et n'a manqué qu'à celui qui ne le méritait pas". Si l'on demande par quel moyen les uns se sont rendus dignes du salut, les Pélagiens 1répondent : Par leur volonté humaine; mais nous, nous disons : Par la grâce ou la prédestination divine. Entre la grâce et la prédestination il y a cette seule différence, à savoir que LA PRÉDESTINATION EST LA PRÉPARATION DE LA GRÂCE, TANDIS QUE LA GRÂCE EST LE DON MÊME QUI EN EST FAIT. De là cette parole de saint Paul : "Cela ne vient point de nos œuvres, afin que nul ne se glorifie ; car nous sommes son ouvrage, étant créés en Jésus-Christ dans les bonnes œuvres".

Telle est la grâce; l'Apôtre ajoute immédiatement : "Que Dieu a préparées afin que nous pussions y marcher (1)"; telle est la prédestination, absolument inséparable de la préscience, tandis que la préscience peut exister sans la prédestination. Par la prédestination, Dieu a connu par avance ce qu'il ferait lui-même; de là cette parole : "Il a fait ce qui devait arriver (2)".

Au contraire, sa prescience peut tomber sur des choses qu'il ne fait pas, par exemple sur les péchés; il est vrai que Dieu frappe les péchés du châtiment qu'ils méritent, selon cette parole de l'Apôtre : "Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, afin qu'ils fassent ce qui ne convient pas (3)"; mais ces péchés, qui sont le châtiment d'autres péchés, ne sont pas l'œuvre même de Dieu, mais la conséquence du châtiment dont il frappe les coupables dans sa rigoureuse justice.

Par conséquent, la prédestination de Dieu, et il ne prédestine jamais qu'au bien, n'est, comme je l'ai dit, rien autre chose que la préparation de la grâce; et, de son côté, la grâce n'est que l'effet de la prédestination. Nous savons que Dieu promit à Abraham dans sa race la foi des nations, en lui disant : "Je vous ai établi le Père d'un grand nombre de peuples"; ce qui a fait dire à l'Apôtre : "Ainsi, c'est par la foi, afin que nous le soyons par grâce, et que la promesse demeure ferme pour tous ses enfants (1)".

Or, cette promesse de Dieu était-elle fondée sur la puissance de notre volonté, et non pas sur la prédestination ? Dieu promit ce qu'il devait faire, et non pas ce que feraient les hommes. En effet, si les hommes font le bien pour rendre gloire à Dieu; de son côté, C'EST DIEU QUI FAIT EN SORTE QUE LES HOMMES ACCOMPLISSENT SES COMMANDEMENTS, ET CE NE SONT PAS LES HOMMES QUI FONT EN SORTE QUE DIEU RÉALISE SES PROMESSES. Autrement, la puissance de réaliser ces promesses divines appartiendrait, non pas à Dieu, mais aux hommes, qui seuls accorderaient à Abraham ce qui lui a été promis par le Seigneur. Ce n'est point là ce que crut Abraham; au contraire, "il crut, rendant gloire à Dieu, étant pleinement persuadé qu'il est tout-puissant pour faire ce qu'il a promis (2)." L'Apôtre ne dit pas de Dieu qu'il est tout-puissant pour prédire, pour savoir par avance, car Dieu peut prédire et prévoir des actions qu'il ne fera pas lui-même; mais "Dieu est tout-puissant pour faire", et non point par les autres, mais par lui-même.


1. Eph. II, 9, 10.
2. Isa. XLV, selon les Sept.
3. Rom. I, 28.
1. Gen. XVII, 4, 5.
2. Rom. IV, 16-21.



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Message  ROBERT. Mar 28 Sep 2010, 4:30 pm


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Par Saint Augustin.



CHAPITRE X. LA FOI EST UN DON DE DIEU


20. Dira-t-on que Dieu a promis à Abraham dans sa race les bonnes œuvres des nations, seul moyen pour lui de promettre ce qu'il fait lui-même, tandis qu'au contraire il n'aurait pas promis la foi des nations, parce que cette foi n'est pas son œuvre, mais l'œuvre même des hommes ? Ajoutera-t-on que, avant de promettre ce qu'il fait lui-même, il a prévu que ces hommes se détermineraient à croire ? Ce n'est point là le sens des paroles de l'Apôtre; car il énonce clairement la promesse faite par le Seigneur à Abraham de lui donner des enfants qui marcheraient sur ses traces et imiteraient sa foi.

D'ailleurs, si ce n'est pas la foi, mais les œuvres des nations qui sont l'objet de cette promesse, il restera hors de doute que dans l'accomplissement de ses promesses, Dieu se trouve à la merci des hommes, puisqu'il n'y a pas de bonnes œuvres sans la foi, d'après ces paroles : "Le juste vit de la foi (1)" ; "tout ce qui ne se fait point selon la foi est péché (2)"; "sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu (3)". Si donc l'homme ne fait pas ce qu'il lui appartient de faire, sans avoir besoin pour cela d'aucune grâce de Dieu, à son tour Dieu lui-même ne fera pas ce qui pourtant a besoin de son concours. En d'autres termes, si l'homme n'a pas la foi, que pourtant il ne tient que de lui-même, Dieu n'accomplit pas ce qu'il a promis, c'est-à-dire les œuvres de justice, qui ne peuvent venir que de Dieu.

PAR CONSÉQUENT, L'ACCOMPLISSEMENT DES PROMESSES DIVINES N'EST PLUS AU POUVOIR DE DIEU, MAIS AU POUVOIR DE L'HOMME. UNE TELLE CONCLUSION EST FORMELLEMENT CONDAMNÉE PAR LA VÉRITÉ ET PAR LA PIÉTÉ; ET DÈS LORS, CROYONS AVEC ABRAHAM QUE DIEU EST TOUT-PUISSANT POUR FAIRE CE QU'IL A PROMIS.

Or, il a promis des enfants d'Abraham; ils ne peuvent l'être qu'autant qu'ils ont la foi, donc la foi elle-même est un don de Dieu.


1. Habac. II, 4.
2. Rom. XIV, 23.
3. Hébr. XI, 6



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Message  ROBERT. Mer 29 Sep 2010, 6:16 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.



CHAPITRE XI. C'EST DIEU QUI NOUS FAIT FAIRE LE BIEN.


21. Devant ces paroles de l'Apôtre : "C'est par la foi, afin que selon la grâce la promesse demeure ferme" je m'étonne que des hommes préfèrent s'appuyer sur leur propre faiblesse plutôt que de s'appuyer sur la fermeté de la promesse de Dieu. "Mais", dit le Pélagien1, "j'ignore quelle peut être la volonté de Dieu à mon égard".

Quoi donc ? Êtes-vous bien assuré vous-même de votre propre volonté ? ET VOUS NE CROYEZ PAS L'EFFET DE CETTE MENACE : "QUE CELUI QUI, EST DEBOUT PRENNE GARDE DE TOMBER (4)?" Puisque l'homme n'est certain, ni de la volonté de Dieu, ni de sa propre volonté, qu'il sache donc confier, non pas à la plus faible, mais à la plus ferme de ces deux volontés, sa foi, son espérance et sa charité.


4. I Cor. X, 12


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Message  ROBERT. Ven 01 Oct 2010, 4:03 pm


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Par Saint Augustin.


CHAPITRE XI. C'EST DIEU QUI NOUS FAIT FAIRE LE BIEN.

22. "SI VOUS CROYEZ, VOUS SEREZ SAUVÉ (5); PAR CES PAROLES", DISENT LES PÉLAGIENS1, "une chose est exigée de nous et l'autre nous est offerte. Ce qui est exigé vient de l'homme, ce qui est offert dépend de Dieu (6)". POURQUOI DONC CES DEUX CHOSES NE VIENDRAIENT-ELLES PAS À LA FOIS DE DIEU, ET CE QU'IL ORDONNE ET CE QU'IL OFFRE ? NE LE PRIONS-NOUS PAS DE DONNER CE QU'IL ORDONNE ? ceux qui ont la foi ne lui demandent-ils pas d'augmenter cette foi ? ne prient-ils pas pour les incrédules, afin qu'il leur donne la foi ?

N'est-ce point la preuve évidente que la foi, dans ses développements et dans son origine, est un don de Dieu ? Il est dit : "Si vous croyez, vous serez sauvé"; comme il est dit aussi : "Si vous mortifiez par l'Esprit les œuvres de la chair, vous vivrez". Ici encore une chose nous est commandée et l'autre nous est offerte. "Si vous mortifiez par l'Esprit les œuvres de la chair, vous vivrez" ; ce qui nous est commandé, c'est de mortifier par l'Esprit les œuvres de la chair; et ce qui nous est offert, c'est de vivre. Dirons-nous que la mortification des œuvres de la chair n'est pas un don de Dieu, et celà parce que le commandement nous en est fait avec promesse de la vie, si nous l'accomplissons ?


Les partisans et les défenseurs de la grâce sont loin d'admettre une semblable conclusion, car elle constitue précisément l'erreur déplorable des Pélagiens1, que l'Apôtre réduit au plus honteux silence, quand il leur dit : "Ceux-là sont les enfants de Dieu, qui sont conduits par l'Esprit de Dieu (1)"; comment donc pourrions-nous croire que c'est par notre propre esprit, et non point par l'Esprit de Dieu que nous mortifions les œuvres de la chair ? C'est de ce même Esprit que l'Apôtre disait : "Or, c'est un seul et même Esprit qui opère en nous toutes choses, distribuant chacun ses dons selon qu'il lui plaît (2)".


Et parmi ces choses opérées en nous par l'Esprit de Dieu, vous savez que nous nommons la foi. Ainsi donc, la mortification des œuvres de la chair, quoiqu'elle soit un don de Dieu, nous est cependant commandée avec promesse de la vie éternelle ; de même la foi est certainement un don de Dieu, quoiqu'elle soit commandée avec promesse du salut par ces paroles : "Si vous croyez, vous serez sauvé". D'un autre côté, s'il nous est démontré avec la dernière évidence que ces deux choses, la mortification et la foi, sont pour nous tout ensemble et un précepte formel et un don de Dieu, N'EST-CE POINT POUR NOUS FAIRE COMPRENDRE QUE SI NOUS ACCOMPLISSONS CES PRÉCEPTES, C'EST PARCE QUE DIEU NOUS DONNE LA GRÂCE DE LES ACCOMPLIR, COMME LE PROUVENT CES EXPRESSIVES PAROLES DU PROPHÈTE EZÉCHIEL : "JE FERAI QUE VOUS FASSIEZ (1)".

Méditez ce passage de l'Écriture, et vous verrez clairement, que DIEU PROMET DE FAIRE QUE LES HOMMES FASSENT CE QU'IL LEUR ORDONNE DE FAIRE. Il ne passe même pas sous silence leurs mérites mais leurs mérites mauvais; car il s'annonce comme rendant le bien pour le mal, par cela seul qu'il leur permet d'avoir désormais des mérites bons, en faisant en sorte qu'ils accomplissent les préceptes divins.



5. Rom. X, 9.
6. Lettre d'Hilaire, n. 2.
1. Rom. VIII, 13, 14.
2. I Cor. XII, 11.
1. Ezéch. XXXVI, 27.



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Message  ROBERT. Sam 02 Oct 2010, 4:11 pm


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DE LA PRÉDESTINATION DES SAINTS.

Par Saint Augustin.



CHAPITRE XII. NOUS SERONS JUGÉS SUR NOS ŒUVRES RÉELLES.

23. Les raisons sur lesquelles nous nous appuyons pour affirmer la gratuité absolue de la grâce, par Jésus-Christ Notre-Seigneur, sont clairement énoncées dans de nombreux passages des divines Écritures. Toutefois cette solution, appliquée aux adultes qui jouissent de l'usage de leur libre arbitre, ne laisse pas de heurter certains esprits qui ne voient d'autre motif pour exciter leur zèle et leur piété que la nécessité de se montrer eux-mêmes les premiers généreux envers Dieu, sous peine de ne recevoir de lui aucun bienfait.

Mais dès qu'il s'agit des enfants et du Christ Jésus, à la fois Dieu et homme, et médiateur entre Dieu et les hommes (2), il ne saurait plus être question de soutenir que la grâce est obtenue par des mérites précédents. En effet, ces enfants ne présentent plus aucuns mérites antérieurs qui expliquent pourquoi les uns, à l'exclusion des autres, ont été séparés et donnés au souverain Libérateur du genre humain. D'un autre côté, ce n'est en vertu d'aucuns mérites antérieurs que le Verbe s'est fait homme et Libérateur des hommes.



2. I Tim. II, 5.


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