Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
3 participants
Page 1 sur 1
Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
Une petite fille de quatorze ans, Bernadette Soubirous, assure qu'elle a vu la Vierge au creux du rocher de Massabielle. Presque aussitôt ce sont des humbles qui accourent. Très vite, il en est qui prennent feu et flamme. Mais des contradictions s'élèvent aussi. Il y a des sourires, des rires, des quolibets, des sarcasmes. Que va-t-il se produire?
Nous sommes en pays civilisé, nous sommes en France, au milieu du XIXe siècle. Deux sortes d'autorités vont intervenir : les civiles et les ecclésiastiques. On ne laisse pas, au sein d'un peuple éclairé et policé, se propager des rumeurs capables d'attrouper les masses, de les déchaîner peut-être. On veut savoir, on veut juger, on veut trancher.
Mais quoi? Ce qui est en cause touche à la religion catholique, et la religion catholique a ses représentants, ses dignitaires, sa hiérarchie. Entre cette Eglise, et l'Etat français, il existe des accords ayant force de traités internationaux. Le pouvoir civil a sans doute voix au chapitre, dans la mesure où l'ordre public et la paix entre les citoyens sont intéressés, mais sur le fond des choses, ce n'est pas à lui qu'appartient le jugement final.
L'humble Bernadette Soubirous est fille de l'Eglise. Comme telle, l'Eglise doit veiller sur elle, sur sa réputation, sur la portée de ses dires, de ses gestes, de ses relations avec la « Dame inconnue » qui s'est montrée à elle et lui a demandé qu'il soit élevé au lieu même un sanctuaire, afin qu'on y vienne en procession. Si les agents de l'Etat dépassent les limites de leurs attributions, nous ne serons pas surpris de voir se dresser devant eux le curé de la paroisse : « On me passera sur le corps, dira-t-il, avant de toucher à cette enfant ! »
Mais le curé de Lourdes sait bien qu'il n'est pas, en l'espèce, le juge canonique des faits. Ce juge, c'est l'évêque. Le rôle de l'évêque est immense, dans la Constitution de l'Eglise. Nous allons le saisir sur le fait, dans l'affaire de Lourdes.
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
.
QUE SOY ERA IMMACULADA CONCEPCIOU !!
Quel excellent fil que vous venez de mettre en ligne !
Y verra-t-on Monsieur le Curé Peyramale, entre autres ?
QUE SOY ERA IMMACULADA CONCEPCIOU !!
Quel excellent fil que vous venez de mettre en ligne !
Y verra-t-on Monsieur le Curé Peyramale, entre autres ?
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
ROBERT. a écrit:.
QUE SOY ERA IMMACULADA CONCEPCIOU !!
Quel excellent fil que vous venez de mettre en ligne !
Y verra-t-on Monsieur le Curé Peyramale, entre autres ?
C'est à suivre... mon cher Robert !
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
L'évêque de Lourdes résidait à Tarbes et il se nommait Mgr Laurence. On vient d'écrire sa vie, avec toute la précision qu'exige l'histoire. Le titre même que l'auteur, Gaétan Bernoville, a donné à son livre indique bien le titre de gloire que la postérité donnera à ce prélat de belle allure : L'Évêgue de Bernadette. Il fut l'homme qui eut à prononcer une sentence canonique sur les faits de Lourdes. Qui était-il?
Né en 1790, à Oroix, petit village situé à une quinzaine de kilomètres de Tarbes, Bertrand-Sévère Laurence avait donc 68 ans, au moment des Apparitions. Il offrait, parmi les évêques français, cette particularité rare d'être né, d'avoir grandi, d'avoir travaillé, au sein même du diocèse, qu'il avait été appelé à régir, comme évêque, depuis l'année 1845. Il était dans toute la force du terme un fils du peuple, ce que les Romains eussent appelé « un homme nouveau ».
En son premier discours épiscopal, il pourra dire à ses diocésains :
« Le nouvel évêque qui vous est envoyé par le successeur de saint Pierre n'est ni un étranger, ni un inconnu ; c'est votre compatriote, c'est votre frère, c'est votre ami ; une dignité sainte vient de l'établir votre Père. Depuis longtemps, au milieu de vous, il s'occupe de vos intérêts spirituels ; aussi, le nouveau Pasteur connaît-il ses brebis et ses brebis le connaissent. »
Repassant ses années de jeunesse, il pouvait rappeler son temps d'enseignement à Aire-sur-l'Adour, la fondation et la direction du Petit Séminaire de Saint-Pé, ses dix années de Vicariat général et de direction du Grand Séminaire.
Mais de toutes ses activités, nous en retiendrons ici une seule, celle qu'il dépensa au service du culte marial.
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
.
M'est d'avis qu'il sera tout autant, sinon plus coloré que Monsieur le Curé !!!
M'est d'avis qu'il sera tout autant, sinon plus coloré que Monsieur le Curé !!!
Dernière édition par ROBERT. le Mer 05 Mai 2010, 7:39 pm, édité 1 fois (Raison : Changer Abbé pour Curé)
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
L'Évêque de Tarbes joua un grand rôle è Lourdes, il est peu connu. Bonne occasion pour en savoir plus long.
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
gabrielle a écrit:L'Évêque de Tarbes joua un grand rôle è Lourdes, il est peu connu. Bonne occasion pour en savoir plus long.
Oui, c'est la première fois que je lis à son sujet !!
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
LE RESTAURATEUR DES SANCTUAIRES DE LA VIERGE
Nous aimons à croire que Dieu a toujours des raisons secrètes dans le choix qu'il fait des personnes et des lieux. Mais il est rare que nos conjectures, sur tel point particulier, soient, même à nos yeux, solidement fondées.
Pourquoi ce choix de Lourdes pour les dix-huit apparitions à Bernadette? Pourquoi cet honneur préparé à un évêque d'avoir à statuer sur l'authenticité de ces Apparitions?
La biographie de Mgr Laurence permet peut-être de répondre à ces questions subtiles et obscures. Mgr Laurence avait été le restaurateur d'un antique sanctuaire de Marie, au diocèse de Tarbes : Notre-Dame de Garaison.
Il faut lire, dans le livre de Gaétan Bernoville, le récit de tout ce qu'il avait fait pour offrir de nouveau à la piété des fidèles ce lieu d'un antique pèlerinage, ruiné par le temps. Et il n'avait pas été moins zélé pour remettre en honneur les trois autres sanctuaires abandonnés de Poueylaün, de Héas et de Piétat.
Le jour où il prononcera sa sentence d'approbation des Apparitions de Lourdes, c'est lui-même qui établira un lien entre l'œuvre mariale qu'il poursuivait depuis vingt-cinq ans et cette faveur nouvelle de Marie.
Gaétan Bernoville est de ceux qui admettent le lien secret rattachant cette œuvre aux faits prodigieux de Lourdes :
« Tous les sanctuaires ranimés par Mgr Laurence, écrit-il, semblent des feux qui, de proche en proche, annonçaient la merveille imminente. »
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
LA PRUDENCE D'UN JUGE
Mais cela même ne doit-il pas nous mettre en quelque défiance? Quoi d'étonnant, dirat-on, que cet homme, cet évêque, si empressé à faire renaître la dévotion à Marie en son diocèse, ait saisi sans retard et sans doute avec précipitation l'occasion si belle qui se présentait à lui de reproduire les merveilles du passé?
A Garaison, il y avait eu une fontaine ; il y en aura une à Lourdes ! Il y avait eu une petite bergère, nommée Anglèze, elle aura pour pendant Bernadette Soubirous, la bergère de Bartrès.
C'est vrai. Mais, chose étrange, contrairement à tout ce que l'on aurait pu prévoir, bien loin de se hâter, de se précipiter, de saisir au vol, pour ainsi dire, le fait des Apparitions de Lourdes, Mgr Laurence se tiendra sur la réserve et fera attendre son verdict, au point de provoquer, chez ses propres diocésains, un sentiment d'impatience.
Et pourquoi cela? C'est que la première qualité d'un juge est la prudence, le souci rigoureux de la vérité, la modération, la considération attentive de toutes les données d'une question à résoudre.
Mgr Laurence n'était pas un homme distant. Il aimait à se mêler à ses prêtres, à ses fidèles. Mais c'était un administrateur rigoureux, un esprit clair, vigoureux, sage et pondéré. C'était aussi un psychologue et qui, de son expérience des hommes et des choses, qui n'était pas petite, avait tiré cette conclusion que « le temps » est le plus grand facteur de solution de tous les problèmes difficiles. Il aimait à dire du temps, qu'il était son « troisième vicaire général ». Il ne faisait rien avec hâte, voulait réfléchir, examiner à loisir, prier, avant de se prononcer.
Mgr Laurence veut savoir ce qui se passe, il est informé de tout par M. Peyramale, curé de Lourdes, mais il garde le silence. Il estime que c'est au curé d'abord d'adopter une attitude. Son tour à lui, évêque, viendra plus tard. Il laisse donc agir le curé, non sans lui conseiller une extrême prudence, il laisse les autorités civiles s'agiter et parfois s'empêtrer dans la complexité des faits de Lourdes. Même lorsque le curé, jusque-là méfiant, commence à pencher en faveur de l'authenticité des Apparitions, Mgr Laurence reste silencieux et quand on lui parle de Lourdes, son visage est grave et impénétrable. Il faut une intervention du préfet de Tarbes, pour le mettre en mouvement. Mais sa première lettre au préfet est, pour nous, déconcertante.
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
LA PRUDENCE D'UN JUGE
Comme tout le monde, il écarte l'hypothèse d'une supercherie. Dans le cas d'une Bernadette, la question ne se pose pas. Mais il envisage « l'hallucination, l'extase comme suite d'une lésion cérébrale », et il écrit ces mots étonnants : « C'est possible, très possible, c'est même très vraisemblable; pour moi, j'admets aussi ce système dans la pratique ; je fais seulement observer que je crois le surnaturel possible, mais que j'attends d'autres preuves pour le voir dans le cas présent. »
Bref, les Apparitions, commencées le 11 février, s'étarit achevées seulement le 16 juillet 1858, ce ne sera que le 28 juillet que Mgr Laurence prendra la chose résolument en mains. Et quelle sera sa première démarche ? Celle que lui dicte le droit canonique : il ordonnera une enquête canonique sur les faits de la grotte et son ordonnance nous livrera le secret de sa manière d'agir en l'occurrence :
« Nous avons d'abord cru que l'heure n'était pas venue de nous occuper utilement de cette affaire ; que, pour asseoir le jugement qu'on attend de nous, il fallait procéder avec une sage lenteur, se défier de l'entraînement des premiers jours, laisser calmer les esprits, donner le temps à la réflexion, et demander des lumières à une observation attentive et éclairée. »
Sur quoi, il constitue une commission formée « des neuf membres du Chapitre, des Supérieurs des Grand et Petit Séminaires, et des missionnaires diocésains, du curé de Lourdes, des professeurs de dogme, de morale et de physique du Séminaire. Le professeur de chimie de Saint-Pé devra être souvent entendu ».
C'est qu'il s'agit d'une affaire très grave, aux yeux du prélat : du culte marial. Mais précisément parce que ce culte lui tient infiniment au cœur, il ne veut pas l'exposer à la dérision publique !
Cette « sage lenteur » est même poussée si loin que la commission, nommée le 28 juillet, n'entre en action que le 17 novembre, et encore, sur une injonction nouvelle du prélat.
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
CONCLUSION DE L'ENQUÊTE
Du 17 novembre 1858 au 7 décembre 1860, il va s'écouler deux ans avant que la commission ait terminé ses travaux. L'évêque en personne a voulu présider la dernière séance. Elle a lieu à la sacristie de Lourdes. Sur son registre-journal, Mgr Laurence a simplement noté : « Bernadette Soubirous, de Lourdes (vision de la grotte) a comparu devant la commission chargée de l'enquête. Son récit a été conforme aux procès-verbaux déjà dressés, à cet effet,en 1858. »
C'est sec et froid. L'évêque ne prodigue pas les témoignages de ses impressions. Heureusement, un témoin digne de foi, le P. Duboë, qui assistait à cette séance, nous en a dit un peu plus long :
« Lorsque la jeune fille, écrit-il, — elle avait alors 16 ans, — racontant l'apparition du 25 mars imita l'attitude et le geste de la Dame, au moment où elle disait :
« Je suis l'Immaculée-Conception », on vit deux larmes descendre sur le visage du vieil évêque. Après la réunion, très vivement ému encore, il dit à un vicaire général : « Avez-vous donc vu cette enfant! » Et il lui fit part de l'impression profonde qu'il avait reçue. »
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
A suivre...
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
LA DÉCISION
Si Mgr Laurence était prudent et pondéré, s'il comptait sur le temps, s'il attendait avant de se prononcer, il n'était pas homme à cacher son sentiment, une fois qu'il était parvenu à une conviction raisonnée ! Cette fois, il avait « vu cette enfant ». Il avait tout pesé, tout examiné, tout considéré. Aucune puissance humaine n'était plus capable de l'arrêter dans l'accomplissement de son devoir d'évêque.
Mais ici encore, il prend son temps. On dit souvent que la Cour de Rome est lente ! Dans les « choses de l'éternité », y a-t-il lieu de se précipiter? Mgr Laurence croyait que non. Ce ne fut en fait que le 18 janvier 1862, près de quatre ans après la première des Apparitions de Lourdes, que l'évêque prononça sa sentence, à sa manière, qui était toute de clarté, de vigueur, de logique.
Toute la lettre épiscopale est à lire. C'est un monument de raison et de force. En voici les lignes essentielles, faisant suite aux considérants les plus convaincants :
« Nous jugeons que l'Immaculée Marie, Mère de Dieu, a réellement apparu à Bernadette Soubirous, le 11 février 1858, et les jours suivants, au nombre de dix-huit fois, dans la grotte de Massabielle, près de la ville de Lourdes — que cette apparition revêt tous les caractères de la vérité et que les fidèles sont portés à la croire certaine. Nous soumettons humblement notre jugement au jugement du Souverain Pontife, qui est chargé de gouverner l'Eglise universelle. »
Puis passant aux choses pratiques, il fait connaître sa décision « de bâtir un sanctuaire sur le terrain de la grotte, qui est devenu la propriété des Évêques de Tarbes » et il ouvre, à cet effet, une souscription.
Mgr Laurence restera « l'évêque de Bernadette », mais aussi l'évêque de la « Basilique de Lourdes », l'évêque du pèlerinage mondial de Lourdes (1).
(1) Sur tout cela, voir le livre de Gaétan Bernoville, L'Evêque de Bernadette, Bernard Grasset, éditeur, Paris, in-16 de 256 pages.
ECCLESIA
Lectures chrétiennes
No 84 - 1956.
FIN
Monique- Nombre de messages : 13764
Date d'inscription : 26/01/2009
Re: Celui qui fut L'ÉVÊQUE DE BERNADETTE
Monique a écrit:
LA DÉCISION
On dit souvent que la Cour de Rome est lente ! Dans les « choses de l'éternité », y a-t-il lieu de se précipiter? Mgr Laurence croyait que non.
Merci encore Monique...
Je dis comme Mgr. Laurence...
Mais pour la notre, se mettre en règle au plus tôt. si ce n'est déjà fait.
ROBERT.- Nombre de messages : 34713
Date d'inscription : 15/02/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum