S. JEAN L'ÉVANGÉLISTE

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Message  Roger Boivin Mar 06 Avr 2010, 1:28 pm



( LE MESSAGER CANADIEN DU SACRÉ-CŒUR, 1902. )


Jean buvait à cette Source divine, le Coeur de Jésus. (S. Augustin)

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AUCUN Saint ne doit, semble-t-il, être plus cher à notre piété que S. Jean l'Évangéliste. Qui fut plus cher au Coeur de JÉSUS et à celui de sa divine Mère ? Nous savons de plus, que du haut du ciel, il s'intéresse d'une façon toute particulière à la louange et à la glorification du Cœur adorable. D'ailleurs, honorer S. Jean est l'un des meilleurs moyens d'acquérir la dévotion au Sacré-Cœur : Nous en avons pour garant la parole de la bienheureuse Marguerite-Marie elle-même.

Voilà pourquoi, depuis une quinzaine d'années, le culte du saint Évangéliste s'est tant développé en France. Grâce surtout à l'impulsion des Directeurs de l'Apostolat, le mois d'avril est consacré par des pratiques en son honneur. Bel exemple à imiter. Nous y engageons tous nos lecteurs, et dans ce but nous leur rappelons ici quelques-unes des prérogatives admirables du saint apôtre.

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Jean se trouvait avec le saint Précurseur, en compagnie d'André, frère de Simon, quand il vit JÉSUS pour la première fois. C'était sur les rives du Jourdain, vers les quatre ou cinq heures du soir. Le Précurseur, voyant venir le Sauveur, dit à Jean : Voici l'Agneau de Dieu.

A ces mots, les deux disciples - comme il le raconte lui-même dans son Évangile - suivirent JÉSUS. Ils marchaient derrière lui, « le long du fleuve sacré, » embarrassés sans doute, ne sachant comment l'aborder. Alors JÉSUS se retournant leur dit avec bonté : Que cherchez-vous ?

- Maître, répondirent-ils, où demeurez-vous ?
- Venez et voyez, reprit JÉSUS.  

Ils allèrent le contempler et l'entendre à loisir. Ils passèrent avec lui le reste du jour ainsi que la nuit entière dans des entretiens intimes où le divin Maître commença à leur faire entrevoir le mystère du royaume des cieux (Joan.I,37.) « Heureuse journée, s'écrit Bossuet, heureuse nuit, que l'on passe avec JÉSUS-CHRIST dans sa maison ! » « C'était déjà, remarque Mgr Baunard, un premier mystère d'élection, de la part de Notre-Seigneur. Il nous a aimés le premier ! devait dire un jour saint Jean. »

Ce fils de pêcheur avait un coeur capable des prévenances divines les plus délicates et les plus aimables.

Il était de la ville de Bethsaïde (aujourd'hui Tell-Houm) située à quelques lieues de Nazareth, et dominée par les montagnes du Liban et les cimes de Gelboé. Sur la mer de Galilée, qui baignait la petite ville, il gagnait sa vie à faire la pêche avec son père Zebédée, et son frère aîné Jacques. Mais il s'était conservé chaste et pur, et son âme de vingt ans, ardente et religieuse, qui soupirait après le Messie, allait souvent chercher dans la parole austère du Précurseur un aliment à ses méditations, un apaisement à ses inquiétudes.

Jean vit une autre fois JÉSUS avec sa divine Mère aux noces de Cana et fut témoin de son premier miracle. Jusque-là, il avait admiré et aimé le Maître ; dès ce jour, il croit en lui, à sa divinité (Joan.II.11). Aussi, quelque temps après, quand JÉSUS, le trouvant à raccommoder ses filets, l'appelle à tout quitter pour le suivre, il n'hésite pas un instant à quitter son père et ses filets, et suit le divin Maître, pour toujours vivre en sa compagnie.


« LE DISCIPLE QUE JÉSUS AIMAIT »

C'est parce qu'il était vierge que JÉSUS aima Jean, entre tous ses apôtres, d'un amour de prédilection. Le disciple vierge rendit au bon Maître un amour souverain ; et JÉSUS éleva le génie du disciple bien-aimé jusqu'aux clartés inaccessibles du Verbe, lui découvrit les merveilleuses profondeurs de sa charité et fit battre son cœur à l'unisson du sien. O divine éducation que celle qu'il reçut d'un tel Maître !

Souvent après les prédications publiques où JÉSUS parlait en paraboles, les apôtres l'entouraient et lui disaient : « Seigneur, qu'est-ce que signifie (pour nous) cette parabole ? » Et JÉSUS ouvre les lèvres et laisse couler à flots la lumière de la divine Sagesse. Ainsi, dans de long entretiens intimes, la pure intelligence de Jean se délectait aux sources mêmes de la vérité. On imagine aisément sa soif de l,entendre, de repaître ses yeux de la vue de Celui qui est la lumière du monde. N'était-il pas plus ravi encore de voir Celui qui est « la charité » semant partout les bienfaits sur ses pas ? Il fut témoin des miracles sans nombre que le Seigneur opéra en présence des foules ; mais il participa avec Pierre et Jacques, au privilège d'être présent à quelques miracles fameux, comme celui de la résurrection de la fille de Jaïre. Il fut aussi, à la Transfiguration, l'un des trois témoins de la gloire du Sauveur, et il entendit la voix du Père qui disait : « Voici mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances. »

Mais le disciple vierge eut le privilège d'être plus intime encore que tous les autres avec le Sauveur. Voyez-le à la dernière Cène, lorsque JÉSUS consomme le plus étonnant des miracles de son amour, voyez-le à table, à la place de prédilection, celle que les Juifs appelaient « le sein du père de famille : » « A la Cène il reposa sur le Cœur de JÉSUS. » (Joan. XXI,20.) Puis quand l'heure de la Passion sonne et que le Sauveur se trouble, c'est dans le coeur de Jean qu'il verse sa plainte amère : « Vous êtes purs, mais vous ne l'êtes pas tous. » (Joan, XIII,10.) Il faisait allusion à Judas. Entendez le récit de sa confidence de la bouche de Jean lui-même : « Il y avait donc un des disciples de JÉSUS qui reposait près de son sein, et c'était le disciple que JÉSUS aimait. Simon Pierre fit signe à ce disciple d'interroger JÉSUS, lui demandant par ce signe : Quel est celui dont il parle ? Jean le comprit. Il se pencha, laissa tomber sa tête sur la poitrine de JÉSUS et lui dit : Qui est-ce, Seigneur ?

Et alors, JÉSUS : C'est celui à qui je présenterai le pain trempé. Et ayant trempé du pain, il le donna à Judas... Quand Judas eut prit ce pain, satan entra dans cet homme. - Ce que tu fais, fais-le vite. - Judas sortit aussitôt. Il était nuit alors. Personne de ceux qui étaient assis à table avec JÉSUS ne savait à quelle fin il avait parlé à Judas. » (Joan. XIII, et seq.).

Jean, lui, le pouvait-il ignorer ?

Après le départ du traître, quand JÉSUS éclate en un discours sublime, c'est Jean qui en boit avec amour toutes les paroles : Comme des eaux vives sortant du Cœur divin il les recueille et les conserve fidèlement en son coeur pour les communiquer un jour à toute l'Église, dans quatre beaux chapitres de son Évangile immortel. Ah ! ils se gravèrent profondément dans son tendre cœur les touchants adieux de son JÉSUS qui s'en allait à la mort. C'est chose digne de remarque : la fidélité du disciple bien-aimé ne se démentit pas durant toute la Passion du Sauveur ; il demeura avec lui jusqu'au tombeau. Il fut témoin de toutes ses humiliations et de toutes ses douleurs, il était au pied de la Croix avec Marie. Ce fut un très cruel martyre pour l'âme du généreux disciple. Mgr Baunard l'appelle « la Compassion de S. Jean, » comme on désigne le martyre de la Sainte Vierge sous le nom de « Compassion de Marie. » Il fut si douloureux que certains auteurs vont jusqu'à dire qu'après Marie, S. Jean l'Évangéliste occupe la première place parmi ceux qui ont été associés aux souffrances, surtout aux souffrances intérieures de Notre-Seigneur. (J.Lyonnard, S.J. - Apostolatde la souffrance, chap. 1.). Voici, par exemple, ce que nous lisons dans la Vie de la bienheureuse Angèle de Foligno :

« J'avais, dit-elle, prié la très sainte Vierge Marie, mère de Dieu, et saint Jean l'Évangéliste, par cette véhémente douleur qui transperça leur âme en la passion de JÉSUS-CHRIST, de m'obtenir la grâce que je puisse ressentir toutes les douleurs de la sainte Passion, tellement que saint Jean me donna une fois une amertume si grande, que jamais je n'en avais éprouvé de plus véhémente ; et je connus bien que le glaive de douleur qui avait traversé le cœur virginal de la Mère de Dieu et de saint Jean avait été plus aigu que celui des martyrs, et qu'ils avaient enduré au pied de la croix de plus excessives souffrances que les martyrs eux-mêmes. »



Dernière édition par roger le Mer 07 Avr 2010, 1:00 pm, édité 1 fois
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Message  Roger Boivin Dim 26 Jan 2014, 7:50 pm


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Mais la souveraine marque de prédilection de JÉSUS pour son disciple vierge fut de lui donner sa Mère. Il raconte ainsi lui-même en termes simples et concis cette scène émouvante, si pleine de tristesse et de sublimité :

« Debout au pied de la Croix de JÉSUS, étaient MARIE, sa mère, Marie, femme de Cléophas, avec Marie Madeleine. Or JÉSUS, ayant vu sa mère, et auprès d'elle le disciple qu'il aimait, dit à MARIE : Femme, voilà votre fils. Puis il dit au disciple : Voilà votre mère. Et depuis cette heure-là, le disciple la prit pour sienne. » (Joan. XIX, 25 et seq.)

Désormais Jean veillera sur les jours de la Mère de Dieu jusqu'au terme de son exil ici-bas. Chaque jour, il goûtera la douceur ineffable de ses entretiens, et contemplera avec ravissement les vertus de son très saint Coeur, tandis que MARIE achèvera de l'instruire des célestes mystères. Qui pourrait redire leurs conversations séraphiques au sujet de JÉSUS, les peindre priant ensemble pour l'Église naissante, ou bien refaisant ensemble le chemin de la Croix, ou mieux encore la Vierge agenouillée au pied de l'autel, alors que Jean consomme le divin Sacrifice et, tenant dans ses mains l'auguste Victime, se tourne vers MARIE et lui dit : Voilà votre Fils. Cette dernière scène d'une beauté incomparablement touchante, méritait bien de tenter la lyre du poète et le pinceau de l'artiste :


Le Christ, roi conquérant de sa gloire immortelle,
Remonta dans le jour qui ne doit plus finir ..
Marie, en son exil, vivait de souvenir ;
Et chaque soir, la Croix se dressait devant Elle ;
Mais Jean, mettant le comble à tous les dons reçus,
Chaque matin, vers l'aube, en leur Cénacle intime,
Disait, en lui montrant l'adorable Victime,
" Femme, voilà ton Fils " ... Et lui donnait JÉSUS.

(R.P. Delaporte, S.J. - A travers les Âges.)


S. JEAN L'ÉVANGÉLISTE Numari27


L'APÔTRE DU SACRÉ-CŒUR



Apôtre du Sacré-Cœur, S. Jean n'a cessé de l'être dans l'Église par ses écrits, et son intervention miraculeuse au cours des siècles pour faire connaître et aimer le divin Cœur.

Dans son Évangile, se qu'il se propose d'abord, c'est de faire ressortir la divinité de JÉSUS-CHRIST contre les hérétiques qui la niaient. Dès le début c'est l'aigle qui prend son essor jusque dans les profondeurs des cieux : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était en Dieu, etc... » La légende raconte, dit Mgr Baunard, que, lorsqu'il était à écrire cette première page de son Évangile, un coup de tonnerre retentit et un éclair brilla soudain dans le ciel pur.

Mais l'autre grand objet du saint Évangile fut de faire ressortir l'amour immense, infatigable, infini de Dieu, raison du grand mystère de l'Incarnation. C'est pour lui la grande, la seule explication de toutes les œuvres divines. « Il a tant aimé le monde », ce mot il ne cesse de le répéter. « Il a tant aimé le monde », c'est pour lui le dernier mot de tout, qu'il répète aux hérétiques, aux Juifs et aux gentils. « Dieu est charité. Deus caritas est. » « Et nous, nous croyons à la charité. Et nos credidimus charitati. » (I Joan. VI. 16.)

« L'Évangile de saint Jean, a dit le cardinal Newman, c'est le Sacré-Cœur. » Et Origène : « L'Évangile de saint Jean, dit-il, est comme la fleur des Évangiles. Celui-là seul pouvait pénétrer à cette profondeur, dont la tête reposa sur la poitrine de JÉSUS, et auquel JÉSUS donna MARIE pour mère. Cet ami si intime de JÉSUS et de MARIE, ce disciple traité par le Maître comme un autre lui-même, était seul capable, des pensées et des sentiments résumés dans ce livre. » « Son Évangile, a dit saint Jérôme, procède de l'union de son cœur avec le Cœur de Dieu. »

Il en fut ainsi de toutes ses œuvres. Mais il serait trop long de rappeler ses discours tout brûlants de la plus tendre charité pour le prochain, et les actes du Pontife, père de son peuple, et les luttes vigoureuses de l'apôtre contre les hérétiques, le martyr enfin de la Porte-Latine, sortant radieux et triomphant du sein des flammes changées par son divin Ami en une douce rosée.

Suivons-le plutôt intervenant du ciel pour amener les hommes au Sacré-Cœur. Depuis qu'il est assis au festin éternel de l'Agneau, il n'en continue pas moins son apostolat. N'est-ce pas lui qui au 14e siècle révéla le Cœur de JÉSUS à une sainte célèbre, justement contée parmi les précurseurs de la bienheureuse Marguerite-Marie, à sainte Gertrude ? Il lui apparut plusieurs fois. Un jour, elle le vit avec deux lys d'or sur les épaules. sur celui de droite étaient écrits ces mots : le disciple que JÉSUS aimait ; et sur celui de gauche : iste custos Virginis, le gardien de la Vierge. Sur sa poitrine, se voyait un rational (1) admirable pour marquer la prérogative dont il jouit de reposer sur le Cœur de JÉSUS.

Dans une autre apparition assez connue, le saint Apôtre la conduisit en esprit à JÉSUS-CHRIST en lui disant : « Venez, venez avec moi, car vous êtes l'élue de mon Dieu, reposez-vous comme moi sur son divin Cœur où sont renfermés tous les trésors de la béatitude. » comme la saint était dans des consolations et des joies ineffables, saint Jean lui dit : « Je vous ai mise à l'ouverture du divin Cœur où vous puissiez boire à longs traits toutes les douceurs des consolations divines. » La vierge bénédictine lui ayant demandé si le soir de la Cène il n,avait rien ressenti des battements du Cœur adorable, et pourquoi il ne les avait pas révélés explicitement dans son Évangile, saint jean répondit : « Certes oui, j'ai senti profondément leur douceur qui a pénétré mon âme comme ferait une liqueur d'une bouchée de pain qu'on y tremperait. Mais mon devoir m'obligeait d'écrire, pour l'Église naissante, le mystère du Verbe incréé. Aux temps modernes était réservée la révélation explicite des battements infiniment doux de son Cœur. »

Et quand vient l'heure des manifestations éclatantes, on trouve le glorieux apôtre en communication avec la vierge de Paray-le-Monial. La bienheureuse Marguerite-Marie avait une dévotion des plus tendres à saint Jean l'Évangéliste. Il était plus cher à sa piété qu'aucun autre saint. Elle avait coutume de l'appeler, non point par le nom de Jean, mais par celui de Bien-aimé disciple, ou Bien-aimé de notre Bien-aimé.

Ce fut le jour même de sa fête, le 27 décembre 1674 qu'elle reçut la première révélation insigne, après avoir reposé, elle aussi, sur le Coeur de JÉSUS. On se rappelle cette vision célèbre, où le Cœur divin lui fut représenté comme sur un trône de feu et de flammes, plus brillant que le soleil, avec la plaie au côté, surmonté de la croix et enserré d'épines. On se rappelle les plaintes et les demandes du Sauveurs.

Chaque année, elle célébrait avec la plus grande piété l'anniversaire de cette éminente faveur. Une de ses amies, visitandine comme elle, ayant sur ses conseils voué un culte de prédilection au saint Évangéliste, elle en reçut plusieurs faveurs insignes ; et un jour Notre-Seigneur et la sainte Vierge le lui donnèrent pour maître dans la vie spirituelle afin qu'il la conduisît dans le sein de la divinité par le Coeur de JÉSUS.

Au commencement du 17e siècle, Notre-Seigneur daigna manifester son divin Cœur à l'Espagne par le moyen du vénérable Père Bernardo de Hoyos, de la Compagnie de JÉSUS. Il favorisa ce saint religieux, comme la vierge de Paray, de nombreuses révélations. Or, l'apôtre du Sacré-Cœur en Espagne disait : « C'est le glorieux saint jean lui-même, c'est cet aimable saint qui m'amena jusque dans le Cœur de JÉSUS, palais auguste de la divinité. En même temps, à comprendre avec combien de raison on lui donne, dans la Vie de sainte Gertrude, le titre de Portier du Cœur de JÉSUS. L'amour du Cœur de JÉSUS est, en effet, presque inséparable d'une tendre dévotion envers le saint Évangéliste, dont je désire que vous inculquiez la dévotion, en la signalant comme moyen efficace d'acquérir celle du Sacré-Cœur. »

L. H., S. J.
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(1) Rational, n. m. Pectoral du grand prêtre des Juifs formé d'un carré d'étoffe orné de douze pierres précieuses. Larousse.

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