La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
3 participants
Page 1 sur 1
La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
Un texte à méditer, valable pour chacun de nous, moi le premier. Salutations.
" Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C'est d'avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée.
On a vu les jeux incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a pas vu mouiller ce qui était verni, on n a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu tremper ce qui était habitué... Les "honnêtes gens" ne mouillent pas à la grâce.
C'est que précisément les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu'on nomme tels, et qui aiment à se nommer tels, n'ont point de défauts eux-mêmes dans l'armure. Ils ne sont pas blessés. Leur peau de morale, constamment intacte, leur fait un cuir et une cuirasse sans faute.
Ils ne présentent point cette ouverture que fait une affreuse blessure, une inoubliable détresse, un regret invincible, un point de suture éternellement mal joint, une mortelle inquiétude, une invincible arrière-anxiété, une amertume secrète, un effondrement perpétuellement masqué une cicatrice éternellement mal fermée. Ils ne présentent pas cette entrée à la grâce qu'est essentiellement le péché.
Parce qu'ils ne sont pas blessés, ils ne sont pas vulnérables. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte rien. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte pas ce qui est tout. La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaies.
C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa.
C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé; et celui qui n'est pas sale ne sera pas essuyé."
Charles Péguy
" Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise pensée. C'est d'avoir une pensée toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une mauvaise âme et même de se faire une mauvaise âme. C'est d'avoir une âme toute faite. Il y a quelque chose de pire que d'avoir une âme même perverse. C'est d'avoir une âme habituée.
On a vu les jeux incroyables de la grâce pénétrer une mauvaise âme et même une âme perverse et on a vu sauver ce qui paraissait perdu. Mais on n'a pas vu mouiller ce qui était verni, on n a pas vu traverser ce qui était imperméable, on n'a pas vu tremper ce qui était habitué... Les "honnêtes gens" ne mouillent pas à la grâce.
C'est que précisément les plus honnêtes gens, ou simplement les honnêtes gens, ou enfin ceux qu'on nomme tels, et qui aiment à se nommer tels, n'ont point de défauts eux-mêmes dans l'armure. Ils ne sont pas blessés. Leur peau de morale, constamment intacte, leur fait un cuir et une cuirasse sans faute.
Ils ne présentent point cette ouverture que fait une affreuse blessure, une inoubliable détresse, un regret invincible, un point de suture éternellement mal joint, une mortelle inquiétude, une invincible arrière-anxiété, une amertume secrète, un effondrement perpétuellement masqué une cicatrice éternellement mal fermée. Ils ne présentent pas cette entrée à la grâce qu'est essentiellement le péché.
Parce qu'ils ne sont pas blessés, ils ne sont pas vulnérables. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte rien. Parce qu'ils ne manquent de rien, on ne leur apporte pas ce qui est tout. La charité même de Dieu ne panse point celui qui n'a pas de plaies.
C'est parce qu'un homme était par terre que le Samaritain le ramassa.
C'est parce que la face de Jésus était sale que Véronique l'essuya d'un mouchoir. Or celui qui n'est pas tombé ne sera jamais ramassé; et celui qui n'est pas sale ne sera pas essuyé."
Charles Péguy
Doumé- Nombre de messages : 42
Localisation : Fréjus
Date d'inscription : 22/11/2009
Re: La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
dans son extrême bonté, Dieu, dans l'ordre des choses divines, nous a manifesté par la lumière de la foi, non seulement ces vérités que l'intelligence humaine ne peut atteindre par elle-même, mais encore beaucoup d'autres qui ne sont pas absolument inaccessibles à la raison, afin que, confirmées par l'autorité divine, elles puissent, sans aucun mélange d'erreur, être connues de tous.
Ce n'est pas vainement que Dieu a fait luire dans l'esprit humain la lumière de la raison ; et tant s'en faut que la lumière surajoutée de la foi éteigne ou amortisse la vigueur de l'intelligence ; au contraire, elle la perfectionne, et, en augmentant ses forces, la rend propre à de plus hautes spéculations.
Léon XIII, Aeterni Patris.
Tant que la pensée toute faite est dans l'ordre de la foi, il ne faut pas hésiter à la vernir au contact des enseignements de l'Eglise pour être plus fort contre l'erreur.
Si l'Eglise dit : on la croit.
Si l'Eglise laisse dans le doute, on y reste et on peut choisir une opinion parmi celles proposées par les gens d'Eglise sans incrédulité excessive pour les autres.
Si l'Eglise ne dit rien : nous sommes libres de croire ce que l'on veut pourvu que nous restions dans les limites de la prudence.
Douter, mais jamais en matière de foi, ou douter en matière de foi, mais pour mieux la raffermir.
Lucie- Nombre de messages : 1241
Date d'inscription : 02/04/2009
Re: La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
Merci Doumé, je pense que l'auteur parle du domaine spirituel, que celui qui est sans péché lance la première pierre... et non comme le fait remarquer Lucie, avec une très belle citation de Léon XIII, de la foi.
Ce que Péguy décrit est le profil de l'auto-suffisant, de celui qui n'a pas besoin même de Dieu, le Pharisien qui se loue au lieu de prier et qui se réjouit de ne pas être comme le publicain.
Quiconque se regarde franchement , sera écrasé sous sa faiblesse et sa nature déchue et comprendra très vite que son seul secours est Dieu, et c'est de la, je pense, qu'il pourra saisir la phrase de Saint Paul, je me réjouis de ma faiblesse...
Ce que Péguy décrit est le profil de l'auto-suffisant, de celui qui n'a pas besoin même de Dieu, le Pharisien qui se loue au lieu de prier et qui se réjouit de ne pas être comme le publicain.
Quiconque se regarde franchement , sera écrasé sous sa faiblesse et sa nature déchue et comprendra très vite que son seul secours est Dieu, et c'est de la, je pense, qu'il pourra saisir la phrase de Saint Paul, je me réjouis de ma faiblesse...
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Re: La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
J'ai trouvé aussi le texte très beau, cher Doumé.
Lucie- Nombre de messages : 1241
Date d'inscription : 02/04/2009
Re: La morale et la grâce. Texte de Charles Péguy
gabrielle a écrit:Merci Doumé, je pense que l'auteur parle du domaine spirituel, que celui qui est sans péché lance la première pierre... et non comme le fait remarquer Lucie, avec une très belle citation de Léon XIII, de la foi.
Ce que Péguy décrit est le profil de l'auto-suffisant, de celui qui n'a pas besoin même de Dieu, le Pharisien qui se loue au lieu de prier et qui se réjouit de ne pas être comme le publicain.
Quiconque se regarde franchement , sera écrasé sous sa faiblesse et sa nature déchue et comprendra très vite que son seul secours est Dieu, et c'est de la, je pense, qu'il pourra saisir la phrase de Saint Paul, je me réjouis de ma faiblesse...
Oui, c'est cela. Péguy est un grand auteur.
Amicalement,
Doumé- Nombre de messages : 42
Localisation : Fréjus
Date d'inscription : 22/11/2009
gabrielle- Nombre de messages : 19801
Date d'inscription : 25/01/2009
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum