Mgr Gaume au sujet des apocryphes

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Message  gabrielle Jeu 25 Fév 2010, 9:19 am

Voci l'explication de Mgr Gaume au sujet des apocryphes et de leur usage dans la littérature chrétienne

(...)On peut même ajouter que les notions historiques, rappelées plus haut, le rendent vraisemblable. Sans doute, il n'est pas consigné dans l'Évangile ; mais le silence des écrivains sacrés n'en détruit pas l'authenticité. A beaucoup près, tout n'est pas écrit dans le Nouveau Testament. Saint Jean lui-même dit que le livre divin contient à peine la minime partie des faits relatifs à Notre-Seigneur (1). Il est même des points essentiels, dont on n'y trouve pas le moindre vestige. Tels sont, entre autres, la substitution du dimanche au sabbat et la validité du baptême par infusion.

Ici, comme ailleurs, la tradition supplée au silence de l'Évangile. De bonne heure, cette tradition se fixa dans des monuments écrits. Saint Luc nous apprend que, dès les premiers jours du christianisme, il parut un grand nombre d'ouvrages sur la vie de Notre-Seigneur (2). On le comprend sans peine. Au rapport d'Eusèbe, des foules innombrables, attirées par le bruit des miracles de l'Homme-Dieu, accouraient en Palestine, des extrémités les plus reculées de la terre, pour le voir et lui demander des faveurs (3).


Or, l'homme est ainsi fait que toujours et partout, même dans les siècles d'incrédulité et de matérialisme, il se montre avide du merveilleux. Ces pèlerins, Juifs ou étrangers, qui avaient eu le bonheur de voir Jésus de Nazareth, ou qui avaient conversé avec ceux qui l'avaient vu, publièrent à l'envi les moindres détails sur sa vie et sur ses miracles. Telle fut l'origine, moralement certaine, des nombreux écrits auxquels l'évangéliste fait allusion.

Quels étaient ces premiers ouvrages, dont il faut déplorer la perte? Nul ne le sait. Du moins, on peut affirmer qu'ils servirent de base à un grand nombre de recueils de traditions évangéliques, répandus plus tard en Orient et en Occident. Les uns furent rédigés avec plus de piété que de critique. D'autres, composés ou falsifiés par les hérétiques, renfermaient le venin de leurs erreurs. Aucun n'était certainement des auteurs dont il portait le nom. Dans son infaillible sagesse, l'Église les rejeta tous du canon des saintes Écritures.

Mais en les déclarant apocryphes, elle n'eut pas l'intention de les dénoncer comme faux et mensongers de tous point. A l'ivraie de l'erreur s'y trouve mêlé le bon grain de la vérité. La vérité se reconnaît sans peine, lorsque le récit des apocryphes est conforme à celui des auteurs Canoniques, ou à l'enseignement traditionnel de l'Église : le cas est assez fréquent.

Rapportent-ils seuls des particularités, relatives à Notre-Seigneur, à la sainte Vierge, aux apôtres? Si de telles par-ticularités n'ont rien de puéril ni d'invraisemblable, à plus forte raison, rien de contraire à la foi; si même elles semblent conformes aux mœurs et aux usages de l'antiquité, elles constituent comme une tradition de second ordre, qui n'est nullement condamnée ni condamnable ; tradition qui jouit même d'une autorité relative, sur laquelle reposent un certain nombre de faits, entrés, sans opposition de la part de l'Église, dans le domaine public.

L'Église elle-même s'est servie contre les iconoclastes de la lettre d'Abgar, bien que rangée parmi les apocryphes par le Pape saint Gélase(1). Au VIIIe siècle, le Pape saint Grégoire II, qui connaissait apparemment le décret de son prédécesseur, ne craint pas d'écrire à l'empereur iconoclaste, Léon l'Isaurien : « Pendant que Notre-Seigneur parcourait les environs de Jérusalem, Abgar, roi d'Edesse, ayant entendu parler de ses miracles, lui écrivit une lettre. Notre-Seigneur daigna lui répondre de sa propre main et lui envoyer son adorable portrait. Allez vous-même, et envoyez à cette sainte image qui n'a pas été faite demain d'homme. Là, s'assemblent en foule pour prier les peuples d'Orient (2). »

Quelques années plus tard un autre Souverain Pontife, Adrien Ier, rend compte à Charlemagne de ce qui s'est passé au concile de Rome, tenu sous Etienne IV, et lui dit: « Notre prédécesseur, de sainte mémoire, le seigneur Etienne, présidant ce concile, rapporte un grand nombre de témoignages dignes de foi qu'il confirme lui-même; puis il donne cet enseignement: « Mais il ne faut pas omettre ce que nous avons souvent appris par la relation des fidèles qui viennent d'Orient. Il est vrai, l'Évangile ne parle pas de ce qu'ils rapportent, mais cela n'est nullement incroyable, l'Évangeliste lui-même disant que Notre-Seigneur a fait beaucoup de choses qui ne sont pas écrites dans l'Évangile. Ils affirment donc que le Rédempteur du genre humain, vers le temps de sa Passion, répondit une lettre au roi d'Édesse qui désirait le voir, et qui lui offrait un asile contre les persécutions des Juifs. » Vient ensuite la lettre de Notre-Seigneur.

Remarquons que saint Grégoire et Adrien écrivaient des lettres officielles a des empereurs, dont l'un était l'ennemi juré des saintes images. Si les lettres de Notre-Seigneur et d'Abgar, bien que rejetées du canon des Ecritures, n'avaient pas en une autorité fort respectable, comment les souverains Pontifes auraient-ils osé les produire avec assurance, en faveur du culte traditionnel des saintes images?

Au reste, les protestants se montrent parfois moins dédaigneux que certains catholiques modernes, à l'endroit des apocryphes. A l'occasion des lettres d'Abgar, qui nous ont été conservées par Eusèbe, le docte Pearson manifeste une confiance à nos traditions primitives qui fait autant d'honneur à son impartialité qu'à son érudition (1). Le savant et sage annaliste de l'Église, Baronius, ne fait pas difficulté de s'appuyer sur les apocryphes, pour établir, contre saint Jérôme, que le Zacharie, mis à mort par les Juifs, entre le temple et l'autel, est Zacharie père de saint Jean-Baptiste (1 ). La règle à suivre, en citant l'autorité des apocryphes, est celle que nous indique le grand cardinal : l'admettre avec prudence, caute admittenta ; ne pas y tenir mordicus, mordicus defendi non debent (2). Inutile d'ajouter que notre intention a été de nous y conformer, dans tout le cours de cette histoire.

« Les circonstances particulières contenues dans les apocryphes, ajoute Brunet, loin d'être restées stériles, ont eu, pendant une longue suite de siècles, l'action la plus puissante et la plus féconde sur le développement de la poésie et des arts. L'épopée, le drame, la peinture, la sculpture du moyen âge, n'ont pas fait faute d'y puiser à pleines mains. Laisser de côté l'étude des évangiles apocryphes c'est renon-cer à découvrir les origines de l'art chrétien. Ils ont été la source où, dès l'extinction du paganisme, les artistes ont puisé toute une vaste symbolique. Diverses circonstances, rapportées par ces légendes, et consacrées par le pinceau des grands maîtres de l'école italienne, ont donné lieu à des attributs, à des types que reproduisent chaque jours les arts du dessin (3).»


(1) « Suut autem et alia multa quae fecit Jésus; quae si scribanter per singula, nec ipsum arbitror munduni capere posée eos qui scribondi sunt, libros. » XXI, 25.

(2) « Quoniani quidem multi conati surit ordinare narrationem, quæ in nobis completæ sunt rerum, etc. » I, 1.

(3) « Domini ac Salvatoris nostri Jesu Christi divinitas, cum propter admiranda ejus opera, ubique jam celebris esset, innumerabilis ab extremis et a Judæa remotissimis regionibus, morbis et cujusque doloribus afflictos spe recuperandæ salutis, attraxerat, etc. a Hist., lib, I, c. XIII.

(1) Voir Baron., an. 31, n. 60.

(2) « Cum Hierosolymis ageret Christus, Abgarus qui tunc temporis dominabatur, et rex erat urbis Edessenorum, cum Christi miracula au-disset, epistolam scripsit ad Christum, qui manu sua responsum, et sacram gloriosamque faciem suam ad eum misit. Itaque ad illam non manu-factam imaginem mitte et vide. Congregantur illic Orientis turbæ, et orant. » Epist. I ad Léon, Isaur.

(3) « Prsedecessor noster sanctæ recordationis Dominus Stephanus quondam sanctissimus Papa, in supradicto concilio præsidena, inter plurima veridica testimonia per semeptisum asserens, docuit ita : Sed nec illud est præteveundum, quod relacione fidelium, de partibus Orientis advenientium, sæpo cognovinus, in quibus licet Evangelium sileat tamen nequaquam in omnibus incredibile fidei meritum, et hoc affirmante de ipso Evangelista : Multa quid et alia signa fecit Jésus, quæ non sunt scripta in libro hoc; denique fertur ab assereutibus, quod Redemptor humani generis, approprinquante die passionis, cuidam regi Edessœ civitatis, desideranti illum corporaliter cernere, et ut persecutioncs Judæorum fugeret, ad illum convocare, ut auditas miraculorum opiniones et sanitatum curationes sibi et populo suo impertiret, respondisset, etc. » Apud Bar., an. 769, n. 8. Voir id., an 809, n. 17; an. 114, n. 17, etc.

(1) « Ego vero Eusebium tanta diligentia tantoque judicio in examinan-dis Christianorum primævæ antiquitatis scriptis, in quibus traditionem Apostolicam contineri arbitratus est, usum fuisse contondo, ut nemo unquam de ejus fide aut de scriptis quæ ille pro îndubitatis habuit, postea dubitaverit. » Not. ad Euseb. lib. I, c. XIII,

En parlant des lettres d'Abgar et de Notre-Seigneur, Baronius dit : « Papa recenset illas inter apocrypha, quasi non hiagiographa : non tamen ut eas ab Ecclesia omnino proscribat, sicut nec complures alios libros quos proxime recensuit... Hæc vero non sic a nobis sunt recitata, ut apocrypha in hagiographa transferri velimus; sed... ne ea quis omnino contemnenda existimet, quae majores complures venerati esse noscuntur. » An. 31, n. 60.

(3) Évang. apocryph., p. v et vi; voir aussi Uergier, Dict, art. Apocryphes et Évangiles.

Le Bon Larron
par Mgr Gaume
ESR
pages 10-14
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Message  Rosalmonte Jeu 25 Fév 2010, 9:40 am

Merci Gabrielle.
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Message  gabrielle Jeu 25 Fév 2010, 9:55 am

Je complèterai avec un extrait de l'abbé Guérin... sur les directives des Pontifes au sujet des apocryphes...

Il ne faut pas oublier une chose, le nom du père de la Vierge Marie , Joachim que nous fêtons avec toute la Sainte Église, son nom est tiré d'un apocryphe..

Le nom de Joachim n'est pas mentionné dans les évangiles, mais on le trouve dans un apocryphe, le Protévangile de S. Jacques, dont la composition est généralement regardé comme très ancienne. Joachim signifie "préparation du Seigneur" ( Missel Dom Gaspard Lefebvre, 1951)

Personnellement, je trouve étrange que Mgr Gaume aurait pu s'éloigner à ce point de l'esprit de la Sainte Église.
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Message  gabrielle Ven 26 Fév 2010, 9:16 am

CONCILES DU VIe SIÈCLE,
CONCILES DE ROME, ANNÉES 496, 495, 499, SOI, 502, 503 ET 504.
(ROMANA.)

CONCILE de l'an 494. — Touchant les livres apocryphes. — Ce premier Concile fut composé de soixante-dix évêques, avec lesquels le Pape Gélase dressa un décret touchant les livres apocryphes, et ceux que la sainte et catholique Eglise Romaine reçoit avec vénération. C'est ce qu'on lit dans les Collections dos Conciles, quoiqu'il y ait de la variété à cet égard, dans quelques anciens exemplaires qui attribuent ce décret, non à un Concile de Rome, mais a Gélase seul. Ce décret contient premièrement le catalogue des livres canoniques de l'Ancien et du Nouveau Testament, semblable à celui du Concile de Trente, si ce n'est que celui de Gélase ne compte qu'un livre des Machabées, au lieu que nous en comptons deux ; mais nos deux, dans la plupart des anciens exemplaires, n'en font qu'un.

Après les Ecritures de l'Ancien et du Nouveau Testament, Gélase reçoit aussi les quatre Conciles de Nicée, de Constantinople, d'Ephèse et de Chalcédoinc, et les autres Conciles autorisés des Pères. 11 reçoit encore les ouvrages des Pères dont l'Eglise Romaine admet l'autorité. De ce nombre sont les écrits de saint Cyprien, de saint Grégoire de Nazianze, de saint Basile de Cappadoce, de saint Athanase, de saint Cyrille, de saint Chirysostome, de Théophile d'Alexandrie, de saint Hilaire de Poitiers, de saint Ambroise, de saint Augustin, de saint Jérôme, de saint Prosper; la lettre de saint Léon à Flavien ; les ouvrages de tous les autres Pères qui sont morts dans la communion de l'Eglise Romaine ; les décrétales des Papes et les actes des martyrs. Le Pape déclare ensuite que l'Eglise catholique ne recoit point les livres composés par les hérétiques,ou par les schismatiques, ou même par les catholiques qui se sont écartes, en quelque point, des sentiments de l'Eglise catholique, savoir : Tertullien, Eusèbe de Césarée, Lactance, Africain, Posthumien, etc.

La lettre d'Abgare à Jésus-Christ, celles de Jésus-Christ à Abgare sont mises entre les Apocryphes, de même que l'itinéraire de saint Pierre, sous le nom de saint Clément; les actes de saint André, de saint Thomas, de saint Pierre, de saint Philippe; les évangiles de saint Thadée,de saint Matthias, de saint Pierre, de saint Jacques, de saint Barnabé, de saint Barthélémi, de saint André, etc. Enfin Gélase condamne tous les caractères, ou billets préservatifs, qui portent le nom des anges, et, en général, tous les écrits des hérétiques et des schismatiques, ou de leurs adhérants, dont il marque les noms, depuis Simon le magicien, jusqu'à Acace de Constantinople, et leur dit à tous anathème. Il est aisé devoir par la liste des ouvrages déclarés apocryphes, dans ce Concile, qu'ils ne sont pas tous condamnés également, et que quelques-uns ne le sont qu'à certains égards ; par exemple, l'histoire d'Eusèbe, à cause des louanges qu'il y donne à Origène ; les écrits de saint Clément d'Alexandrie, à cause des erreurs dont les hérétiques avaient rempli les livres des Hypotiposes; ceux du Cassien, parce qne, dans la treizième conférence, il favorise les semi-Pélagiens ; ceux de saint Cyprien, parce qu'il y prend la défense de la rebaptisation contre le Pape saint Etienne.

Les Conciles généraux et particulier
Abbé P. Guérin
T. I
Palmé, Éditeur
1868
pages 369-371



C'est par une compréhension profonde de la pensée de la Sainte Église, que l'illustre Mgr Gaume a pu écrire

L'Église elle-même s'est servie contre les iconoclastes de la lettre d'Abgar, bien que rangée parmi les apocryphes par le Pape saint Gélase(1). Au VIIIe siècle, le Pape saint Grégoire II, qui connaissait apparemment le décret de son prédécesseur, ne craint pas d'écrire à l'empereur iconoclaste, Léon l'Isaurien : « Pendant que Notre-Seigneur parcourait les environs de Jérusalem, Abgar, roi d'Edesse, ayant entendu parler de ses miracles, lui écrivit une lettre. Notre-Seigneur daigna lui répondre de sa propre main et lui envoyer son adorable portrait. Allez vous-même, et envoyez à cette sainte image qui n'a pas été faite demain d'homme. Là, s'assemblent en foule pour prier les peuples d'Orient (2). »

Quelques années plus tard un autre Souverain Pontife, Adrien Ier, rend compte à Charlemagne de ce qui s'est passé au concile de Rome, tenu sous Etienne IV, et lui dit: « Notre prédécesseur, de sainte mémoire, le seigneur Etienne, présidant ce concile, rapporte un grand nombre de témoignages dignes de foi qu'il confirme lui-même; puis il donne cet enseignement: « Mais il ne faut pas omettre ce que nous avons souvent appris par la relation des fidèles qui viennent d'Orient. Il est vrai, l'Évangile ne parle pas de ce qu'ils rapportent, mais cela n'est nullement incroyable, l'Évangeliste lui-même disant que Notre-Seigneur a fait beaucoup de choses qui ne sont pas écrites dans l'Évangile. Ils affirment donc que le Rédempteur du genre humain, vers le temps de sa Passion, répondit une lettre au roi d'Édesse qui désirait le voir, et qui lui offrait un asile contre les persécutions des Juifs. » Vient ensuite la lettre de Notre-Seigneur.

Remarquons que saint Grégoire et Adrien écrivaient des lettres officielles a des empereurs, dont l'un était l'ennemi juré des saintes images. Si les lettres de Notre-Seigneur et d'Abgar, bien que rejetées du canon des Ecritures, n'avaient pas en une autorité fort respectable, comment les souverains Pontifes auraient-ils osé les produire avec assurance, en faveur du culte traditionnel des saintes images?

Notons que le tort d'Eusèbe fut de louanger Origène
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 4:40 pm

Rosalmonte a écrit sur Micael :
Et c'est justement cela qui me tracasse le plus... D'un côté, on a Gaume, qui dit, en substance "ce portrait de Notre Seigneur n'est pas fait de main d'homme". De l'autre, on Vigouroux, qui dit "ce portrait est fait de main d'homme".

Nous nous retrouvons devant un désaccord entre ces deux illustres personnages. Cette contradiction n'est-elle qu'apparente? Car si oui est oui et non est non, l'un des deux doit forcément avoir tort... Que faire dans ce cas, lorsque deux autorités égales déclarent deux choses contraires?

LA LÉGENDE DORÉE

DE JACQUES DE VORAGINE NOUVELLEMENT TRADUITE EN FRANÇAIS

AVEC INTRODUCTION, NOTICES, NOTES ET RECHERCHES SUR LES SOURCES PAR L'ABBÉ J.-B. M. ROZE, Chanoine Honoraire de la cathédrale d'Amiens

ÉDOUARD ROUVEYRE, ÉDITEUR, 76, RUE DE SEINE, 76

PARIS MDCCCCII


Après quoi il [ saint Alexis ] prit de ses biens, alla à la mer et s'embarqua à la dérobée sur un vaisseau qui faisait voile pour Laodicée, d'où il partit pour Edesse, ville de Syrie, dans laquelle on conservait un portrait de Notre-Seigneur J-C peint sur un linge sans que l’homme y ait mis la main.

p 231


LA LÉGENDE DORÉE

DE JACQUES DE VORAGINE NOUVELLEMENT TRADUITE EN FRANÇAIS

AVEC INTRODUCTION, NOTICES, NOTES ET RECHERCHES SUR LES SOURCES PAR L'ABBÉ J.-B. M. ROZE, Chanoine Honoraire de la cathédrale d'Amiens

ÉDOUARD ROUVEYRE, ÉDITEUR, 76, RUE DE SEINE, 76

PARIS MDCCCCII



Alors Abgare comprenant qu'il ne pouvait pas voir J-C en personne, envoya (c'est ainsi qu'on le trouve dans une histoire antique, d'après le témoignage de Jean Damascène, l. IV) un peintre à Jésus pour faire son portrait afin devoir au moins dans son image celui qu'il ne pouvait voir en personne. Mais quand le peintre était auprès de Jésus, il ne pouvait voir distinctement sa face, ni tenir les yeux fixés sur lui, à cause de l’éclat extraordinaire qui partait de sa tête, de sorte qu'il ne put le peindre comme il en avait reçu l’ordre. Le Seigneur, voyant cela, prit un vêtement qui servait de linge au peintre, et le mettant sur sa figure, il y imprima ses traits et l’envoya au roi Abgare qui le désirait. Or, tel était le portrait du Seigneur d'après cette histoire antique, toujours selon le témoignage de Jean de Damas : Il avait de beaux yeux, des sourcils épais, la figure longue et légèrement penchée, ce qui est un signe de maturité.

Or, cette lettre de Notre-Seigneur J-C a, dit-on, une telle vertu, que dans cette ville d'Edesse aucun hérétique ni aucun païen n'y saurait vivre, et un tyran quelconque n'oserait y faire mal à personne *. En effet, s'il arrive qu'une nation vienne attaquer cette ville à main armée, un enfant, debout au haut de la porte, lit cette lettre et le même jour, les ennemis, soit qu'ils aient peur, prennent la fuite, soit qu'ils veulent la paix, entrent en composition avec les citoyens ; c'est ce qu'on rapporte être autrefois arrivé : mais dans la suite la ville fut prise et profanée par les Sarrasins ; elle avait perdu son privilège en raison des péchés innombrables qui s'étaient commis publiquement dans tout l’Orient. Quand Notre-Seigneur fut monté au ciel (ainsi le lit-on dans l’Histoire ecclésiastique, l. I, c. XIII), l’apôtre saint Thomas envoya Thaddée, autrement dit Jade, au roi Abgare, pour accomplir la promesse de Dieu. Arrivé auprès d'Abgare, après qu'il lui eut déclaré être le disciple à lui promis par Jésus, le roi vit dans le visage de Thaddée une splendeur admirable et divine. A cette vue, stupéfait et effrayé, il adora le Seigneur en disant : « Vraiment vous êtes le disciple de Jésus, fils de Dieu, qui m’a écrit: «Je vous enverrai quelqu'un de mes disciples pour vous guérir et vous donner la vie. » Thaddée lui dit : « Si vous croyez au Fils de Dieu, vous obtiendrez dit ce que votre cœur désire. » Abgare répondit : « Je crois de vrai, et les Juifs qui l’ont crucifié je les égorgerais volontiers, si j'en avais le pouvoir et si l’autorité des Romains n'était pour moi un obstacle insurmontable. » Or, comme Abgare était lépreux, lit-on en quelques livres, Thaddée prit la lettre du Sauveur en frotta la face du roi et aussitôt il recouvra la santé la plus parfaite. — Par la suite, Jude, prêcha dans, la Mésopotamie et dans le Pont, et Simon en Egypte.

* Ordéric Vital, l. II.

p 225 à 227

Jacques de Voragine (Varazze, vers 1228 - Gênes, 1298), était un chroniqueur italien du Moyen Âge, archevêque de Gênes et auteur de la Légende dorée, célèbre ouvrage racontant la vie d'un grand nombre de saints et saintes, martyrs chrétiens, ayant subi les persécutions des Romains. Il est aussi l'auteur d'une Chronique de la cité de Gênes, de plusieurs recueils de sermons, et de quelques autres opuscules.
Béatifié en 1816. Il est fêté le 13 juillet.





Concile de Nicée II - 787 -
septième concile oecuménique
Ve Session


Ce dernier soutient qu'on ne doit point faire d'images de la divinité, mais qu'on peut en faire de l'humanité de Jésus-Christ. Il fut ensuite prouvé que les hérétiques iconoclastes avaient brûlé plusieurs livres de la grande église de Constantinople où il était parlé des images; qu'en d'autres ils avaient coupé les feuilles qui traitaient de la même matière; et le moine Étienne montra un livre où ils avaient effacé de l'histoire ecclésiastique d'Evagre, l'endroit où il parle de l'image de Jésus-Christ envoyée à Abgare d'Édesse. Grégoire, prêtre et abbé, dit qu'il en avait un exemplaire, et offrit d'en faire la lecture: ce qui fut accordé. Le moine Étienne, garde des livres, offrit aussi de lire plusieurs passages; mais on se contenta de trois; et le concile jugeant que l'on avait démontré suffisamment la tradition de l'Église sur le culte des images, demanda que Jean, légat d'Orient, lût un mémoire qui contenait l'histoire du juif qui persuada au calife Yézide de faire ôter les images, comme on l'a dit plus haut. L'évêque de Messine dit qu'il était enfant en Syrie, lorsque le calife fit détruire les images. La conclusion de cette session fut que les saintes images seraient remises à leur place; qu'on les porterait en procession; que l'on en placerait une au milieu de l'assemblée; qu'elle y serait saluée, et que tous les écrits des iconoclastes seraient jetés au feu.
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 4:54 pm

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Le Mandylion d'Edesse

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Le roi Abgar reçoit le Mandylion
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 5:11 pm

LA CAUSE DES RESTES D'ISRAËL

INTRODUITE AU CONCILE OECUMÉNIQUE DU VATICAN

SOUS LA BÉNÉDICTION DE S. S. LE PAPE PIE IX

ENTREPRISE ET RÉGIT DES DEUX FRÈRES

Joseph et Augustin LÉMANN



ARCHEVECHE DE LYON
place de Fourvière Lyon, le 24 Mars 1912.

Cher Monseigneur,

Avec le frère bien-aimé trop tôt ravi à votre tendresse vous avez étudié les Saintes Écritures dans des dispositions de loyauté et de persévérance admirables. Les patriarches et les prophètes vous ont conduits à l'étable de Bethléem à l'atelier de Nazareth aux miracles de Notre-Seigneur Jésus-Christ à la Croix du Calvaire. Vos intelligences se sont docilement ouvertes aux lumières de la vérité divine vos cœurs se sont laissés dou- -cement pénétrer par la grâce de Dieu et contemplant ravis la personnalité surhumaine du Christ jésus vous vous êtes écriés avec l'Apôtre Pierre : Tu es Christus, Filius Dei Vivi !

Mais ce qui est également admirable dans l'histoire de votre conversion et de votre apostolat c'est que ni la vérité avec son éclat ni la grâce avec sa puissance ne vous ont fait oublier le peuple d'Israël. Appréciant les trésors spirituels qui venaient de vous être confiés vous vous êtes sentis pressés par la charité de Notre-Seigneur de les répandre autour de vous et votre amour pour vos frères vous a inspiré en vue de leur salut une tentative audacieuse en apparence mais infiniment touchante et noble : provoquer un témoignage solennel de sympathie de la Sainte Église de Jésus-Christ en faveur des restes d'Israël et réclamer partout des prières pour leur retour à cette vérité intégrale dont la possession a fait votre bonheur.

Le livre que vous nous présentez est le résumé du travail qui a été la grande préoccupation de toute votre vie. Il est difficile de le lire sans émotion : il manifeste si éloquemment votre amour filial pour la Sainte Église catholique à qui vous seriez si heureux de présenter de nouveaux enfants et l'affection que vous gardez au Peuple Choisi qui nous a donné le Rédempteur et sa Divine Mère ! Union admirable de sentiments et de réalités si bien exprimés par l'Apôtre saint Paul : Vos qui aliquando eratis longe, facti estis prope, in Sanguine Christi : ipse enim est pax nostra,qui fecit utraque unum (Ephes., II.l3,14).

Le référendum épiscopal publié dans votre livre est déjà ancien mais il est permis de penser et de dire que si, à l'heure actuelle,
une question semblable était posée de nouveau aux Évêques vous pourriez recueillir les mêmes témoignages de charité et d'espérance. Que l'archange Raphaël vous accompagne dans le voyage que vous allez entreprendre pour déposer votre œuvre aux pieds du Saint- Père ! Notre pensée notre cœur et nos bénédictions vous y suivront.

Recevez cher Monseigneur la nouvelle assurance de mon respectueux et bien paternel dévouement en Notre-Seigneur,

‡ Pierre, Card. COULLIÉ,

Archev. de Lyon et de Vienne.



Eminence,

Sur le désir qui m'en a été exprimé, j'ai lu le nouvel ouvrage si intéressant de Monseigneur Joseph Lémann, où il raconte en détail les démarches qu'il fit avec son très cher et bien regretté frère Augustin, auprès des Pères du Concile du Vatican, pour obtenir que le Concile adressât un appel miséricordieux à la nation israélite. Ne semble-t-il pas, en effet, que nous approchons du temps de la réconciliation prédite et si longtemps attendue? C'est donc à cette œuvre si belle et si grande de la conversion de leur nation que les frères Lémann ont consacré leur vie tout entière.

Ce livre en est le suprême témoignage.

Les deux frères y ont collaboré, bien qu'un seul ait pu tenir la plume. Les pages ainsi écrites en communion fraternelle respirent un amour filial pour l'Église et ses Pontifes, une suave piété, toute parfumée des souvenirs de l'Ancien Testament, le désir ardent de voir les frères de Jésus-Christ par le sang devenir ses frères par la grâce, en confessant qu'il est le Messie promis, le Sauveur incomparable, le Fils de Dieu et de la Vierge Marie. Enfants d'Israël, les frères Lémann font partie de cette élite de convertis qui n'ont jamais désespéré d'entraîner avec eux vers le Christ du suprême pardon leur nation tout entière : le Vénérable Père Libermann, dont la Congrégation de Missionnaires s'est unie à celle des Pères du Saint-Esprit et se trouve répandue aujourd'hui dans une grande partie du monde ; les deux frères Ratisbonne, dont l'un fut converti miraculeusement, à Rome, dans l'église de Saint-André delle Fratte, et qui se consacrèrent particulièrement aux œuvres de Terre-Sainte ; le Père Hermann, qui se sacrifia au service de nos soldats prisonniers en Allemagne, pendant la guerre franco-allemande; le Père Pie Mortara, l'enfant adoptif de Pie IX. La plupart d'entre eux ont pu connaître les frères Lémann ; ils ont entretenu avec eux les relations d'amitié les plus intimes ; et ces précieux souvenirs, qu'achève d'embellir le sourire si bienveillant et si paternel de Pie IX, le pape du Concile et de l'Immaculée Conception, brillent du commencement à la fin de ce volume comme une rivière de diamants.

Ce qui n'enchante pas moins et y règne d'un bout à l'autre, c'est la charité apostolique, infiniment variée dans ses formes, mais toujours identique au fond, avec laquelle les Pères du Concile signent le Postulatum pro Hebrœis. Cinq cent dix signatures épiscopales furent ainsi recueillies ; et tous les Pères du Concile auraient signé sans exception, si les deux frères, obéissant à un délicat sentiment de déférence, n'avaient voulu céder l'honneur du plus grand nombre de signatures au Postulatum pro infallibilitate. Rien ne pourra mieux toucher le cœur des Israélites que cette manifestation unanime de l'épiscopat catholique. Nulle part ils ne sont attendus avec plus d'estime et de charité, nulle part ils ne seront plus aimés que dans le sein de l'Eglise. Et quelle magnifique preuve leur en est donnée dans cette imposante et auguste « nuée de témoins » ! N'est- ce pas l'expression même de saint Paul, qui s'adressait lui aussi à ses frères les Hébreux?

Un autre sentiment très vif naît de la lecture de ces pages, qui, bien qu'écrites d'une manière très personnelle, gardent toute la valeur d'un témoignage sans apprêt et très fidèle. Ce sentiment, aussi profond qu'il est vif, est celui de l'unité de l'Église.

A l'époque où nous reporte l'histoire du Postulatum, Rome réunissait dans ses murs les évêques de toute la catholicité ; et nous les visitons, pour ainsi dire, successivement, en suivant les deux frères, qui sont accueillis par tous et consignent pieusement leurs paroles. Or, c'est bien le même esprit de foi et de charité, l'esprit de l'Evangile, qui vit sans défaillance, après dix-neuf siècles, chez tous ces pasteurs des peuples, venus de tous les points de l'univers et parlant toutes les langues. Ce sont bien là les successeurs authentiques des apôtres. Sans doute, cette unité s'affirme avec plus d'éclat au concile, où les frères Lémann nous font également pénétrer avec eux, le jour de la proclamation du dogme de l'infaillibilité ; mais j'ose dire qu'à certains égards cette unité apparaît mieux encore ici dans l'intimité de ces visites ; car elle n'y est pas plus ou moins voilée par aucun dissentiment, aucune controverse. Aussi, il n'y a pas d'exagération à dire que ce volume apporte quelque lumière nouvelle à l'histoire du Concile du Vatican. Il est semé de souvenirs charmants, parfois très significatifs et qui méritent de passer dans l'histoire. Par exemple ce trait d'humilité de Mgr Dupanloup, qui voulut expressément apposer sa signature au bas de celle de Mgr Pie, son contradicteur victorieux au Concile. Par exemple encore la soumission parfaite de Mgr Maret, qui, de retour à Paris, loin de prêter l'oreille aux récriminations d'un ancien et malheureux ami, Hyacinthe Loyson, l'engagea vivement à se soumettre comme lui de cœur et d'esprit aux enseignements de l'Église.

Dieu veuille que le vénérable auteur de cet ouvrage voit ses plus chers désirs se réaliser : le Concile du Vatican reprendre ses sessions, achever l'œuvre commencée et adresser à la nation israélite un appel miséricordieux et efficace ! Ce serait l'un des plus beaux triomphes de l'Église.

En lui présentant ce compte rendu, j'aime à me redire de Votre Éminence, le très humble et obéissant serviteur.

Elie Blanc,
Prélat de la Maison de S. S.
Professeur à la Faculté de théologie de Lyon.
Lyon, le 19 mars 1912.

Mgr Gaume au sujet des apocryphes Abgare10

(Répétition : Eusèbe et Nicéphore de Chorène racontent que le roi d'Edesse en Mésopotamie, Abgar, atteint de la lèpre et instruit des miracles que Jésus accomplissait en Judée, lui écrivit une lettre pour le prier de venir le guérir. Le messager du roi essaya, sans succès, de faire le portrait du Sauveur, Jésus prit un linge de lin, l'appliqua sur son visage, y imprima la splendeur de ses traits et l'envoya au prince. Le fait se passa le Mardi Saint. Saint Jérôme et Saint Jean Damascène confirment le récit des deux historiens. )

[...]

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Lemann/La_Cause/La%20cause.html
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Message  ROBERT. Mer 10 Mar 2010, 5:18 pm

gabrielle a écrit:Je complèterai avec un extrait de l'abbé Guérin... sur les directives des Pontifes au sujet des apocryphes...

Il ne faut pas oublier une chose, le nom du père de la Vierge Marie , Joachim que nous fêtons avec toute la Sainte Église, son nom est tiré d'un apocryphe..

Le nom de Joachim n'est pas mentionné dans les évangiles, mais on le trouve dans un apocryphe, le Protévangile de S. Jacques, dont la composition est généralement regardé comme très ancienne. Joachim signifie "préparation du Seigneur" ( Missel Dom Gaspard Lefebvre, 1951)

Personnellement, je trouve étrange que Mgr Gaume aurait pu s'éloigner à ce point de l'esprit de la Sainte Église.

Indeed... Je ne vois pas pourquoi on part en guerre sur Micael contre la lettre de Notre-Seigneur...
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 5:20 pm

Mgr Gaume au sujet des apocryphes Mandyl11
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 5:22 pm

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Message  ROBERT. Mer 10 Mar 2010, 5:22 pm

Sandrine a écrit:

Mgr Gaume au sujet des apocryphes Abgare10

(Répétition : Eusèbe et Nicéphore de Chorène racontent que le roi d'Edesse en Mésopotamie, Abgar, atteint de la lèpre et instruit des miracles que Jésus accomplissait en Judée, lui écrivit une lettre pour le prier de venir le guérir. Le messager du roi essaya, sans succès, de faire le portrait du Sauveur, Jésus prit un linge de lin, l'appliqua sur son visage, y imprima la splendeur de ses traits et l'envoya au prince. Le fait se passa le Mardi Saint. Saint Jérôme et Saint Jean Damascène confirment le récit des deux historiens. )

[...]

http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Lemann/La_Cause/La%20cause.html

En passant Sandrine, Merci d'avoir trouvé la Sainte Face de Jésus-Christ, d'après le Voile d'Abgar, roi d'Édesse...
ROBERT.
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 5:30 pm

ROBERT. a écrit:

En passant Sandrine, Merci d'avoir trouvé la Sainte Face de Jésus-Christ, d'après le Voile d'Abgar, roi d'Édesse...

Wink
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Message  Sandrine Mer 10 Mar 2010, 5:57 pm

VM Zins a écrit :
Si cela était aussi clair, comment se ferait-il que dans le Décret du Pape Saint Gélase (sur les livres à recevoir et à ne pas recevoir), la "correspondance entre Abgar et Jésus" soit placée parmi les apocryphes ?


Décret du Pape Saint Gélase, de libris recipiendis et non recipiendis a écrit:

(....)

V. Le reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Eglise catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière, parmi lesquels nous croyons devoir être placés ci-dessous quelques-uns, pour qu'ils soient retenus en mémoire, et évités par les catholiques.

De même : liste des livres apocryphes

(....)

La lettre de Jésus à Abgar : apocryphe

La lettre d'Abgar à Jésus : apocryphe

Il faut savoir que le DECRETUM GELASIANUM DE LIBRIS RECIPIENDIS ET NON RECIPIENDIS daterait du VI siècle donc bien après le Pape saint Gélase.

A vérifier ...

study

Edit : je précise, pour les esprits chagrins, que je ne mets pas en doute ce décret. Il s'agit simplement de l'attribuer à qui de droit et à la date exacte si cette info se révèle vraie.
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Message  Louis Jeu 11 Mar 2010, 9:36 am

Correspondance de Jésus-Christ et d'Abgare.


A l'époque de Jésus-Christ, la ville d'Édesse, capitale de la province syrienne d'Osroène ou Mésopotamie, était gouvernée par un roi, connu sous le nom d'Abgare ou Abagare, qui en syriaque signifie boiteux. Ce prince en effet était affligé de la goutte, d'après l'historien Procope. Souhaitant d'être délivré de son infirmité, il écrivit à Jésus-Christ dont la réputation s'était répandue par toute la Syrie, comme l'atteste saint Matthieu (iv, 24). Voici cette lettre telle qu'Eusèbe la rapporte (Hist. eccl., I, 13).

« Abgare, roi d'Édesse, à Jésus, Sauveur plein de bonté, qui paraît à Jérusalem; salut.

« On m'a raconté les cures admirables que vous opérez sans remèdes ni médecines. La renommée publie que vous faites voir les aveugles, marcher les estropiés, que vous purifiez les lépreux, que vous chassez les démons et les esprits immondes, que vous rendez la santé aux malades les plus désespérés et môme la vie aux morts. Entendant dire cela de vous, je suis persuadé que, pour produire de semblables merveilles, vous êtes un Dieu descendu du ciel ou bien le Fils même de Dieu. C'est pourquoi j'ose vous adresser cette lettre, en vous suppliant de m'honorer de votre visite et de me guérir d'une douleur qui me tourmente cruellement. Je sais que vous êtes en butte aux calomnies et aux machinations des Juifs qui trament votre perte. Mais venez dans la ville que j'occupe ; quoiqu'elle soit petite, elle est commode; vous y trouverez comme moi tout ce que vous pouvez désirer. »

Moïse de Chorène raconte que les députés d'Abgare arrivèrent à Jérusalem au temps où Jésus faisait son entrée triomphale, quelques jours avant sa Passion, En effet, parmi ceux qui étaient venus assister à la fête de Pâque, il y avait plusieurs Gentils, nous dit saint Jean (xii 20, 21, 22). S'adressant à Philippe, ils lui firent cette prière ; Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus. Philippe alla le dire à André, puis tous deux allèrent l'annoncer à Jésus. Moïse de Chorène ajoute que, pour consoler Abgare, le Sauveur imprima miraculeusement son portrait sur un linge qu'il remit aux députés, avec une lettre citée par Eusèbe en ces termes :

« Vous êtes heureux, Abgare, de croire en moi sans m'avoir vu; car il est écrit de moi que ceux qui m'auront vu ne croiront point, tandis que ceux qui ne m'auront point vu croiront et recevront la vie. Vous m'invitez à aller vous trouver ; mais il faut que j'accomplisse ici toute ma mission, et qu'ensuite je retourne à Celui qui m'a envoyé. Quand je serai retourné je vous enverrai un de mes disciples, afin qu'il vous guérisse et qu'il vous donne la vie ainsi qu'à ceux qui sont avec vous. »

Eusèbe assure que cette promesse reçut son parfait accomplissement après l'Ascension de Jésus-Christ; car, suivant une impulsion divine, l'apôtre saint Thomas chargea son frère saint Thaddée, un des soixante-douze disciples, de porter l'Évangile jusqu'à Édesse ; et ce fut alors qu'Agbare, délivré de son infirmité, embrassa la foi chrétienne avec ses sujets. D'après la tradition que rapporte Constantin Porphyrogénète, Abgare, non content d'avoir reçu avec le plus grand honneur l'image de Celui qu'il regardait comme un Dieu, la fit revêtir d'or et placer sur la porte de sa capitale, afin de l'exposer à la vue et à la vénération de tous ceux qui entraient ou sortaient. Il y avait fait graver sur une lame d'or une inscription ainsi conçue : O Christ Dieu! celui qui espère en votre secours ne sera point frustré dans son attente.

Nous voyons le divin portrait pour la première fois mentionné dans les Actes authentiques des saints Samona et Guria, martyrisés à Edesse, l'an 306, comme Surius le rapporte sous la date du 15 novembre. Le savant Eusèbe de Césarée, vers l'an 330, inséra dans son Histoire ecclésiastique (lib. I, 13) les deux lettres de Jésus-Christ et d'Abgare, en déclarant qu'il les avait traduites du syriaque en grec sur les documents gardés dans les archives d'Édesse. Vers l’an 375, l'illustre diacre de cette ville, saint Éphrem, qui avait pu consulter les registres et les monuments de sa nation, rappela dans son livre testamentaire la réponse du Sauveur à la supplique d'Abgare. Quelques années plus tard, le comte Darius, écrivant à saint Augustin, attesta aussi la correspondance épistolaire de Jésus-Christ et d'Abgare. Au cinquième siècle, l'historien d'Arménie, Moïse de Chorène, reproduisit cette môme correspondance en ajoutant plusieurs détails à la relation qu'Eusèbe avait publiée.

Cependant, pour qu'on ne comptât pas parmi les Écritures canoniques la lettre attribuée à Jésus-Christ, un Concile Romain présidé par saint Gélase, l’an 494, la rangea parmi les écritures apocryphes, c'est-à-dire parmi celles qui n'étaient pas reconnues par l'Église, quoiqu'elles pussent être admises par l'histoire. D'après l'usage ancien, le mot apocryphe n'indique pas toujours des pièces fausses ou supposées, mais souvent aussi des documents non canoniques ou douteux sous quelque rapport. Aussi, le fameux décret de saint Gélase n'empêcha point les personnages les plus illustres par leur science et leur sainteté de croire que Jésus-Christ avait envoyé à Abgare une lettre avec son portrait. Nous en avons pour témoins : au septième siècle, les historiens grecs Évagre et Procope; au commencement du huitième siècle, saint Jean Damascène et le pape saint Grégoire II; à la fin de ce même siècle, les Actes du septième Concile œcuménique et le pape saint Adrien ; au neuvième siècle, saint Théodore Studite et Haymon, évêque d'Halberstadt, sans compter une foule d'écrivains orientaux à la suite du célèbre Photius.

Jusqu'au dixième siècle, les habitants d'Édesse avaient toujours conservé l'épitre et l'image du Sauveur qu'ils regardaient comme le trésor et la sauvegarde de leur cité. Mais leurs vives réclamations n'empêchèrent point l'émir sarrasin qui les gouvernait, de céder ces précieuses reliques à l'empereur romain Lécapène, dont les troupes assiégeaient la ville d'Édesse, l'an 944. Ce prince, ayant fait lever le siège, reçut avec un appareil magnifique l'autographe et le portrait de Jésus-Christ, qui lui furent envoyés à Constantinople. Il les fit déposer dans la basilique du Phanar, comme une garantie de protection pour la capitale et pour l'empire. Constantin Porphyrogénète qui vivait encore, a décrit cette solennelle translation, dont l'Église grecque célèbre la fête anniversaire le 16 août

Pendant les croisades, les susdites reliques ont disparu de Constantinople, sans qu'on sache précisément à quelle époque et de quelle manière. On présume que le divin autographe a été dérobé sous Andronic Comnène, vers le milieu du douzième siècle ; et on croit communément que la miraculeuse image est conservée à Rome dans l'Église de saint Sylvestre, comme le dit Baronius. Néanmoins Augustin Justiniani, annaliste de Gênes, rapporte que l'empereur de Constantinople donna le vénérable portrait au duc de Gênes, Léonard de Montalte, qui le fit transporter en Italie l'an 1384.

Depuis le seizième siècle, les savants sont très-partagés sur l'authenticité des susdits monuments. Plusieurs érudits, fondés sur l'antique tradition, les admettent comme vrais ; tels sont entre les catholiques, Baronius,Tillemont, Honoré de Sainte-Marie, Sandini, Assemani, etc.; parmi les protestants, Montaigu, Parker, Cave et Grabe. Beaucoup d'autres critiques modernes les regardent comme faux ou du moins douteux, mais sans opposer à leur authenticité des raisons péremptoires. Selon la judicieuse remarque de l'abbé Bergier (Diction, theol.,art. Abgare) : « Il n'est pas fort nécessaire à un théologien de prendre parti dans cette dispute qui est au fond très-indifférente à la Religion chrétienne. On ne fonde sur cette correspondance aucun fait, aucun dogme, aucun point de morale; et c'est pour cela même qu'il ne parait pas probable que l’on ait fait une supercherie sans motif. La lettre d'Abgare pourrait fournir une preuve de plus de la réalité et de l'éclat des miracles de Jésus-Christ ; mais nous en avons assez d'autres pour pouvoir aisément nous passer de celle-là. »


Tiré de Ludolphe le Chartreux , tome II, pages 525-528.

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Message  ROBERT. Jeu 11 Mar 2010, 2:37 pm

Sandrine a écrit:
VM Zins a écrit :
Si cela était aussi clair, comment se ferait-il que dans le Décret du Pape Saint Gélase (sur les livres à recevoir et à ne pas recevoir), la "correspondance entre Abgar et Jésus" soit placée parmi les apocryphes ?


Décret du Pape Saint Gélase, de libris recipiendis et non recipiendis a écrit:

(....)

V. Le reste, qui a été composé ou proclamé par des hérétiques ou des schismatiques, l'Eglise catholique et apostolique ne le reçoit d'aucune manière, parmi lesquels nous croyons devoir être placés ci-dessous quelques-uns, pour qu'ils soient retenus en mémoire, et évités par les catholiques.

De même : liste des livres apocryphes

(....)

La lettre de Jésus à Abgar : apocryphe

La lettre d'Abgar à Jésus : apocryphe

Il faut savoir que le DECRETUM GELASIANUM DE LIBRIS RECIPIENDIS ET NON RECIPIENDIS daterait du VI siècle donc bien après le Pape saint Gélase.

A vérifier ...

study

Edit : je précise, pour les esprits chagrins, que je ne mets pas en doute ce décret. Il s'agit simplement de l'attribuer à qui de droit et à la date exacte si cette info se révèle vraie.

Ne me dites pas que vous connaissez des esprits chagrins... Mgr Gaume au sujet des apocryphes 240955
.
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Message  ROBERT. Jeu 11 Mar 2010, 2:43 pm

.

Merci à Louis pour le texte de Ludolphe Le Chartreux à propos de la Lettre de Notre-Seigneur... Wink
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Message  Sandrine Jeu 11 Mar 2010, 3:25 pm

ROBERT. a écrit:


Ne me dites pas que vous connaissez des esprits chagrins... Mgr Gaume au sujet des apocryphes 240955
.

Oh non pas sur TD cher Robert ! Very Happy Mais il en existe ailleurs sur le Net et comme nos propos sont quasi toujours déformés, j'ai anticipé ... par prudence Wink


Dernière édition par Sandrine le Jeu 11 Mar 2010, 3:26 pm, édité 1 fois
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Message  Rosalmonte Jeu 11 Mar 2010, 3:26 pm

Merci Sandrine, Robert et Louis!
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Message  Sandrine Jeu 11 Mar 2010, 3:27 pm

Rosalmonte a écrit:Merci Sandrine, Robert et Louis!

Pas de quoi ! Very Happy C'est toujours intéressant de chercher et surtout très instructif ! study
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Message  Louis Jeu 11 Mar 2010, 6:10 pm

Rosalmonte a écrit:Merci Sandrine, Robert et Louis!

Si on peut s'aider entre-nous, eh bien ! :

DEO GRATIAS !

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Message  ROBERT. Jeu 11 Mar 2010, 7:10 pm

Rosalmonte a écrit:Merci Sandrine, Robert et Louis!

Merci Rosalmonte Wink


Pour Sandrine: je n'en vois non plus aucun ici... ni sur DJ d'ailleurs, le aunt Jemima, le nec plus ultra, etc... ( vous connaisssez la chanson..) des forums... Votre prudente anticipation vous honore: si ces esprits ne déformaient pas nos propos, ils cesseraient, ipso facto, d'être chagrins...Very Happy
ROBERT.
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Message  Roger Boivin Ven 28 Aoû 2015, 7:01 pm

Louis a écrit:
Correspondance de Jésus-Christ et d'Abgare.


A l'époque de Jésus-Christ, la ville d'Édesse, capitale de la province syrienne d'Osroène ou Mésopotamie, était gouvernée par un roi, connu sous le nom d'Abgare ou Abagare, qui en syriaque signifie boiteux. Ce prince en effet était affligé de la goutte, d'après l'historien Procope. Souhaitant d'être délivré de son infirmité, il écrivit à Jésus-Christ dont la réputation s'était répandue par toute la Syrie, comme l'atteste saint Matthieu (iv, 24). Voici cette lettre telle qu'Eusèbe la rapporte (Hist. eccl., I, 13).

« Abgare, roi d'Édesse, à Jésus, Sauveur plein de bonté, qui paraît à Jérusalem; salut.

« On m'a raconté les cures admirables que vous opérez sans remèdes ni médecines. La renommée publie que vous faites voir les aveugles, marcher les estropiés, que vous purifiez les lépreux, que vous chassez les démons et les esprits immondes, que vous rendez la santé aux malades les plus désespérés et môme la vie aux morts. Entendant dire cela de vous, je suis persuadé que, pour produire de semblables merveilles, vous êtes un Dieu descendu du ciel ou bien le Fils même de Dieu. C'est pourquoi j'ose vous adresser cette lettre, en vous suppliant de m'honorer de votre visite et de me guérir d'une douleur qui me tourmente cruellement. Je sais que vous êtes en butte aux calomnies et aux machinations des Juifs qui trament votre perte. Mais venez dans la ville que j'occupe ; quoiqu'elle soit petite, elle est commode; vous y trouverez comme moi tout ce que vous pouvez désirer. »

Moïse de Chorène raconte que les députés d'Abgare arrivèrent à Jérusalem au  temps où Jésus faisait son entrée triomphale, quelques jours avant sa Passion, En effet, parmi ceux qui étaient venus assister à la fête de Pâque, il y avait plusieurs Gentils, nous dit saint Jean (xii 20, 21, 22). S'adressant à Philippe, ils lui firent cette prière ; Seigneur, nous voudrions bien voir Jésus. Philippe alla le dire à André, puis tous deux allèrent l'annoncer à Jésus. Moïse de Chorène ajoute que, pour consoler Abgare, le Sauveur imprima miraculeusement son portrait sur un linge qu'il remit aux députés, avec une lettre citée par Eusèbe en ces termes :

« Vous êtes heureux, Abgare, de croire en moi sans m'avoir vu; car il est écrit de moi que ceux qui m'auront vu ne croiront point, tandis que ceux qui ne m'auront point vu croiront et recevront la vie. Vous m'invitez à aller vous trouver ; mais il faut que j'accomplisse ici toute ma mission, et qu'ensuite je retourne à Celui qui m'a envoyé. Quand je serai retourné je vous enverrai un de mes disciples, afin qu'il vous guérisse et qu'il vous donne la vie ainsi qu'à ceux qui sont avec vous. »

Eusèbe assure que cette promesse reçut son parfait accomplissement après l'Ascension de Jésus-Christ; car, suivant une impulsion divine, l'apôtre saint Thomas chargea son frère saint Thaddée, un des soixante-douze disciples, de porter l'Évangile jusqu'à Édesse ; et ce fut alors qu'Agbare, délivré de son infirmité, embrassa la foi chrétienne avec ses sujets. D'après la tradition que rapporte Constantin Porphyrogénète, Abgare, non content d'avoir reçu avec le plus grand honneur l'image de Celui qu'il regardait comme un Dieu, la fit revêtir d'or et placer sur la porte de sa capitale, afin de l'exposer à la vue et à la vénération de tous ceux qui entraient ou sortaient. Il y avait fait graver sur une lame d'or une inscription ainsi conçue : O Christ Dieu! celui qui espère en votre secours ne sera point frustré dans son attente.

Nous voyons le divin portrait pour la première fois mentionné dans les Actes authentiques des saints Samona et Guria, martyrisés à Edesse, l'an 306, comme Surius le rapporte sous la date du 15 novembre. Le savant Eusèbe de Césarée, vers l'an 330, inséra dans son Histoire ecclésiastique (lib. I, 13) les deux lettres de Jésus-Christ et d'Abgare, en déclarant qu'il les avait traduites du syriaque en grec sur les documents gardés dans les archives d'Édesse. Vers l’an 375, l'illustre diacre de cette ville, saint Éphrem, qui avait pu consulter les registres et les monuments de sa nation, rappela dans son livre testamentaire la réponse du Sauveur à la supplique d'Abgare. Quelques années plus tard, le comte Darius, écrivant à saint Augustin, attesta aussi la correspondance épistolaire de Jésus-Christ et d'Abgare. Au cinquième siècle, l'historien d'Arménie, Moïse de Chorène, reproduisit cette môme correspondance en ajoutant plusieurs détails à la relation qu'Eusèbe avait publiée.

Cependant, pour qu'on ne comptât pas parmi les Écritures canoniques la lettre attribuée à Jésus-Christ, un Concile Romain présidé par saint Gélase, l’an 494, la rangea parmi les écritures apocryphes, c'est-à-dire parmi celles qui n'étaient pas reconnues par l'Église, quoiqu'elles pussent être admises par l'histoire. D'après l'usage ancien, le mot apocryphe n'indique pas toujours des pièces fausses ou supposées, mais souvent aussi des documents non canoniques ou douteux sous quelque rapport. Aussi, le fameux décret de saint Gélase n'empêcha point les personnages les plus illustres par leur science et leur sainteté de croire que Jésus-Christ avait envoyé à Abgare une lettre avec son portrait. Nous en avons pour témoins : au septième siècle, les historiens grecs Évagre et Procope; au commencement du huitième siècle, saint Jean Damascène et le pape saint Grégoire II; à la fin de ce même siècle, les Actes du septième Concile œcuménique et le pape saint Adrien ; au neuvième siècle, saint Théodore Studite et Haymon, évêque d'Halberstadt, sans compter une foule d'écrivains orientaux à la suite du célèbre Photius.

Jusqu'au dixième siècle, les habitants d'Édesse avaient toujours conservé l'épitre et l'image du Sauveur qu'ils regardaient comme le trésor et la sauvegarde de leur cité. Mais leurs vives réclamations n'empêchèrent point l'émir sarrasin qui les gouvernait, de céder ces précieuses reliques à l'empereur romain Lécapène, dont les troupes assiégeaient la ville d'Édesse, l'an 944. Ce prince, ayant fait lever le siège, reçut avec un appareil magnifique l'autographe et le portrait de Jésus-Christ, qui lui furent envoyés à Constantinople. Il les fit déposer dans la basilique du Phanar, comme une garantie de protection pour la capitale et pour l'empire. Constantin Porphyrogénète qui vivait encore, a décrit cette solennelle translation, dont l'Église grecque célèbre la fête anniversaire le 16 août

Pendant les croisades, les susdites reliques ont disparu de Constantinople, sans qu'on sache précisément à quelle époque et de quelle manière. On présume que le divin autographe a été dérobé sous Andronic Comnène, vers le milieu du douzième siècle ; et on croit communément que la miraculeuse image est conservée à Rome dans l'Église de saint Sylvestre, comme le dit Baronius. Néanmoins Augustin Justiniani, annaliste de Gênes, rapporte que l'empereur de Constantinople donna le vénérable portrait au duc de Gênes, Léonard de Montalte, qui le fit transporter en Italie l'an 1384.

Depuis le seizième siècle, les savants sont très-partagés sur l'authenticité des susdits monuments. Plusieurs érudits, fondés sur l'antique tradition, les admettent comme vrais ; tels sont entre les catholiques, Baronius,Tillemont, Honoré de Sainte-Marie, Sandini, Assemani, etc.; parmi les protestants, Montaigu, Parker, Cave et Grabe. Beaucoup d'autres critiques modernes les regardent comme faux ou du moins douteux, mais sans opposer à leur authenticité des raisons péremptoires. Selon la judicieuse remarque de l'abbé Bergier (Diction, theol.,art. Abgare) : « Il n'est pas fort nécessaire à un théologien de prendre parti dans cette dispute qui est au fond très-indifférente à la Religion chrétienne. On ne fonde sur cette correspondance aucun fait, aucun dogme, aucun point de morale; et c'est pour cela même qu'il ne parait pas probable que l’on ait fait une supercherie sans motif. La lettre d'Abgare pourrait fournir une preuve de plus de la réalité et de l'éclat des miracles de Jésus-Christ ; mais nous en avons assez d'autres pour pouvoir aisément nous passer de celle-là. »


Tiré de Ludolphe le Chartreux , tome II, pages 525-528.

LA GRANDE VIE DE JÉSUS-CHRIST - Par Rudolphe Le Chartreux - Nouvelle traduction intégrale avec préface et notes par le P. Dom Florent Broquin - Tome II - 1870 :

https://archive.org/stream/LaGrandeVieBroq2/La_grande_vie_Broq_2#page/n533/mode/2up


Roger Boivin
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