Jeudi après les cendres
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Jeudi après les cendres
Homélie de saint Augustin Évêque
Voyons si, au sujet du serviteur du centurion, Mathieu et Luc sont d'accord. Car Mathieu dit : Un centurion s'approcha de lui en disant : Mon serviteur est couché, paralysé, dans ma maison. À cela semble s'opposer ce que dit Luc : Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des anciens d'entre les Juifs pour le prier de venir et de guérir son serviteur. Et ceux-ci, arrivés près de Jésus, le priaient avec insistance, lui disant : " Il est digne que tu lui accordes cette faveur, car il aime notre nation et il nous a bâti lui-même une synagogue. " Jésus s'en allait donc avec eux, et comme il n'était plus loin de la maison, le centurion lui envoya des amis lui dire : " Seigneur, ne te donne pas tant de peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. "
Si en effet les choses se sont passées ainsi, comment sera-t-il vrai, le récit de Matthieu disant : Un centurion s'approcha de lui, alors qu'il ne s'est pas approché en personne, mais qu'il a envoyé ses amis ? Ce ne sera vrai que si, avec une attention diligente, nous comprenons que Matthieu ne s'est pas tellement écarté de nos façons habituelles de parler. Car non seulement nous avons coutume de dire que quelqu'un s'approche, avant même qu'il soit arrivé au lieu dont nous disons qu'il s'est approché, puisque nous disons qu'il s'est peu ou beaucoup approché du lieu où il désire arriver, mais nous disons même très souvent que c'est chose faite, quand on arrive par un ami, sans même voir celui qui est touché et dont la faveur nous est nécessaire. Cette manière de dire est d'usage si courant que le vulgaire donne le nom d'arrivistes à ceux qui, possédant l'art de l'intrigue, atteignent, par l'intermédiaire de personnes convenablement choisies, les esprits de certains puissants personnages qui paraissent inaccessibles d'autre façon.
Ce n'est donc pas chose inconcevable que, pour dire le fait du centurion abordant le Seigneur par l'intermédiaire de ses amis, Matthieu ait pu dire sous une forme abrégée que le vulgaire peut comprendre : Un centurion s'approcha de lui. Bien plus, il ne faut pas considérer négligemment la profondeur de cette expression figurée du saint Évangile, qui rappelle ce qui est écrit dans le Psaume : Approchez-vous de lui et soyez illuminés. La foi du centurion, qui l'a fait approcher de Jésus, a été si hautement louée par le Seigneur qu'il en a dit : Je n'ai pas encore trouvé si grande foi en Israël. De là vient que l'Évangéliste avisé a voulu nous dire que le centurion s'était approché plus près de Jésus que les amis par lesquels il avait envoyé son message.
Voyons si, au sujet du serviteur du centurion, Mathieu et Luc sont d'accord. Car Mathieu dit : Un centurion s'approcha de lui en disant : Mon serviteur est couché, paralysé, dans ma maison. À cela semble s'opposer ce que dit Luc : Et ayant entendu parler de Jésus, il lui envoya des anciens d'entre les Juifs pour le prier de venir et de guérir son serviteur. Et ceux-ci, arrivés près de Jésus, le priaient avec insistance, lui disant : " Il est digne que tu lui accordes cette faveur, car il aime notre nation et il nous a bâti lui-même une synagogue. " Jésus s'en allait donc avec eux, et comme il n'était plus loin de la maison, le centurion lui envoya des amis lui dire : " Seigneur, ne te donne pas tant de peine, car je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit. "
Si en effet les choses se sont passées ainsi, comment sera-t-il vrai, le récit de Matthieu disant : Un centurion s'approcha de lui, alors qu'il ne s'est pas approché en personne, mais qu'il a envoyé ses amis ? Ce ne sera vrai que si, avec une attention diligente, nous comprenons que Matthieu ne s'est pas tellement écarté de nos façons habituelles de parler. Car non seulement nous avons coutume de dire que quelqu'un s'approche, avant même qu'il soit arrivé au lieu dont nous disons qu'il s'est approché, puisque nous disons qu'il s'est peu ou beaucoup approché du lieu où il désire arriver, mais nous disons même très souvent que c'est chose faite, quand on arrive par un ami, sans même voir celui qui est touché et dont la faveur nous est nécessaire. Cette manière de dire est d'usage si courant que le vulgaire donne le nom d'arrivistes à ceux qui, possédant l'art de l'intrigue, atteignent, par l'intermédiaire de personnes convenablement choisies, les esprits de certains puissants personnages qui paraissent inaccessibles d'autre façon.
Ce n'est donc pas chose inconcevable que, pour dire le fait du centurion abordant le Seigneur par l'intermédiaire de ses amis, Matthieu ait pu dire sous une forme abrégée que le vulgaire peut comprendre : Un centurion s'approcha de lui. Bien plus, il ne faut pas considérer négligemment la profondeur de cette expression figurée du saint Évangile, qui rappelle ce qui est écrit dans le Psaume : Approchez-vous de lui et soyez illuminés. La foi du centurion, qui l'a fait approcher de Jésus, a été si hautement louée par le Seigneur qu'il en a dit : Je n'ai pas encore trouvé si grande foi en Israël. De là vient que l'Évangéliste avisé a voulu nous dire que le centurion s'était approché plus près de Jésus que les amis par lesquels il avait envoyé son message.
Arthur- Nombre de messages : 1614
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