Fête de la Maternité de la sainte Vierge

Arthur Dim 11 Oct 2009, 11:47 am

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Homélie de saint Bernard

Marie appelle le Dieu et le Seigneur des Anges, son Fils, en disant : Mon Fils, pourquoi as-tu agi ainsi avec nous ? Qui des Anges oserait dire cela ? Il leur suffit, et ils estiment que c'est beaucoup, qu'étant esprits par nature, ils soient par grâce devenus et appelés des Anges, comme l'atteste David : Il a fait des esprits, ses Anges (Psaume 103,5). Mais Marie, se sachant mère, donne le nom de Fils, avec confiance, à cette Majesté que les Anges servent avec révérence ; et Dieu ne dédaigne pas d'être appelé ce qu'il a bien voulu être. En effet, peu après, l'Évangéliste ajoute : Et il leur était soumis. Qui donc ? et à qui ? Dieu à des hommes. Dieu, dis-je, à qui les Anges sont soumis, à qui les Principautés et les Puissances obéissent, était soumis à Marie.

Admire l'un et l'autre, et choisis ce que tu dois admirer le plus, de la très bénigne condescendance du Fils ou de la dignité suréminente de la Mère. Des deux côtés c,Est la stupeur, des deux côtés c'est le prodige. Qu'un Dieu obéisse à une femme, c'est une humilité sans exemple ; et qu'une femme commande à un Dieu, c'est une splendeur sans égale. A la louange des Vierges on chante tout spécialement qu'elles suivent l'Agneau partout où il va (Apoc. 14,4). De quelles louanges juges-tu digne celle même qui le précède ? Apprends, ô homme, à obéir ; apprends ô terre, à te soumettre ; apprends, ô poussière, à écouter. Parlant de ton Créateur, l'Évangéliste dit : Et il leur était soumis. Rougis, ô cendre orgueilleuse ! Dieu s'humilie, et toi tu t'élèves ; Dieu se soumet aux hommes, et toi, impatiente de commander aux hommes, tu te préfères à ton Créateur ?

Heureuse Marie, à qui n'a manqué ni l'humilité, ni la virginité ! Et certes, une virginité unique, que la fécondité n'a point amoindrie, mais honorée ; et, malgré cela, une humilité spéciale, qu'une virginité féconde n'a point enlevée, mais fait grandir ; elle est assurément incomparable, cette fécondité qu'ont accompagnée en même temps la virginité et l'humilité. Qu'y a-t-il ici qui ne soit admirable ? qui ne soit incomparable ? qui ne soit unique ? Il serait étonnant que tu n'hésites pas dans l'estimation de ces prodiges, voulant juger lequel est le plus digne de ton admiration, si l'on doit plus s'étonner de la fécondité dans la Vierge, que de la virginité dans la Mère, de la sublimité dans l'enfantement que de l'humilité dans une telle élévation ? Ne faut-il pas, sans aucun doute, à chacun d'eux les préférer tous ensemble, et estimer sans conteste plus excellent et plus heureux de les posséder tous, plutôt que l'un d'eux seulement ? Et qu'y a-t-il d'étonnant que Dieu, dont nous voyons et lisons qu'il est admirable dans ses Saints, se soit encore montré plus admirable dans sa Mère ? Honorez donc, ô époux, la virginité de la chair, dans une chair corruptible ; et vous, vierges consacrées, la fécondité dans la Vierge. Vous toutes, créatures humaines. imitez l'humilité de la Mère de Dieu.