Qui est comme Elle!?

La conduite de l'Église

En tout, et même pour les choses les plus vulgaires en apparence, il semble y avoir une sorte d'inspiration, qui se connaît et s'ignore à moitié, dans la conduite de l'Église et dans ses rapports avec le monde.

Cela ne peut pas se définir, cela ne peut pas être réduit en formule; mais l'histoire de l'Église, dans les matières mêmes qui ne sont pas relatives à son infaillibilité, est pleine de ces marquas d'une illumination surnaturelle, semblable à celle qui brille dans les annales du peuple choisi de Dieu sous la loi de l'Ancien Testament.

L'Église ne peut paraître sujette à commettre des fautes comme les nations. Lorsque nous nous trouvons à une assez grande distance pour bien juger de l'ensemble des faits, nous ne pouvons nous empêcher d'admirer comment l'Église a toujours fait ce qu'il y avait à faire, et dans le temps convenable, avec quelle sûreté elle a suivi la ligne droite au milieu des ténèbres et de la confusion des événements, comme si elle était animée de quelque prophétique instinct.

Ce qui paraissait être de l'obstination aux contemporains peu croyants, parait maintenant avoir été la sagesse même de la droiture, qui finit toujours par obtenir la victoire.

Ce qui paraissait être de la faiblesse ou une concession faite à contre cœur, est ensuite reconnu pour avoir été la sagesse opportune d'une condescendance apostolique. Qu'est-ce que tout cela, si ce n'est une autre preuve de l'énergique et efficace présence du Saint- Esprit dans l'Église ?

En récitant le Credo, nous appelons l'Église sainte; nous lui donnons précisément l'épithète caractéristique de l'Esprit éternel lui-même, du Saint-Esprit

Dans la triple division du Credo, nous réunissons les articles qui ont rapport a l'Église et ceux qui témoignent de notre foi orthodoxe dans le Saint-Esprit. Combien diverses sont les saintetés, combien diverses les charités qui ont fleuri et fructifié dans l'Église combien merveilleuses les splendeurs des saints, combien surnaturels les instincts, les vocations, le génie et le pouvoir des nombreux ordres religieux!

Combien admirables les célestes parfums de ces dévotions sans nombre, de ces fêtes, des coutumes approuvées par l'Église ! Et que sont ces divers aspects de la sainteté, sinon la moisson des dons et des grâces du Saint-Esprit?

Oui, plus nous méditons, plus nous paraissent inséparables la dévotion à l'Église et la dévotion à l'Esprit-Saint. Cette conviction s'accroîtra dans nos esprits si nous réfléchissons suffisamment à l'amour que le Saint-Esprit a pour l'Église.

Il est le feu incréé de la Divinité, il est spécialement l'amour incréé. L'amour lui appartient par une mystérieuse appropriation personnelle, de même que la puissance appartient au Père et la sagesse au Fils. Le feu et l'amour forment le caractère propre de toutes ses opérations, et c'est de l'immensité de ces opérations enflammées qu'il enveloppe et environne perpétuellement l'Église. Il aime donc l'Église, il l'aime d'un amour infini, éternel, efficace, parce qu'il est Dieu ; et il l'aime d'une façon qui lui est propre, parce qu'il est la troisième Personne de l'indivisible Trinité. Il aime aussi l'Église, et avec une ineffable intensité d'amour, parce qu'elle est l'Église de Jésus…

C'est par son ineffable opération que fut formée d'abord la sainte humanité de Jésus; il demeure dans le Cœur sacré de Jésus d'une façon plus intime que dans toute autre chose; c'est dans l'âme de Jésus qu'il a déployé toute la magnificence de ses dons et de ses grâces, en telle sorte qu'il ne peut la déployer davantage ailleurs.

C'est une joie pour lui au-dessus de toutes les joies, d'être le successeur de Jésus, coéternel avec lui dans son œuvre à l'égard de l'Église. Combien Jésus l'aimait, nous l'apprenons par les expressions enflammées qu'il employait lorsqu'il en parlait, et par ces paroles effrayantes qui font en ce moment l'objet de nos méditations, paroles qui, considérées exactement, sont la plus sublime expression de son amour pour la personne du Saint-Esprit. Pour ceux qui aiment Notre-Seigneur, c'est là un des plus précieux titres du Saint-Esprit à notre amour, en même temps qu'une preuve bien douce de sa présence en nous; car, comme le dit saint Paul (I Cor., xii), « Personne ne peut confesser que Jésus est le Seigneur, sinon par le Saint-Esprit, »

L'Esprit-Saint aime aussi l'Église, parce qu'elle est l'Église du Père éternel, l'offrande qui lui est faite par son Fils unique, le fruit de l'adorable sacrifice et du sang précieux de ce Fils. Il est lui-même « le Paraclet que le Fils envoie de la part du Père, l'Esprit qui procède du Père ; » il est « l'Esprit d'adoption des enfants par lequel nous crions Abba, Père; » il était lui-même la promesse du Père, » que Notre-Seigneur disait à ses disciples d'attendre à Jérusalem. (S. Jean, xv, 26; Rom., viii, 15; Actes, 1, 4.) Qui pourrait pénétrer dans les abîmes de ce mutuel amour qui brûle dans la vie béatifique de la Très-Sainte et indivisible Trinité? ....

Allons plus loin. Le Saint-Esprit a un amour spécial et particulier pour l'Église, à cause de ses relations spéciales et officielle avec elle, comme ayant remplacé Notre-Seigneur vis-à-vis d'elle après l'Ascension. Par suite de ces relations spéciales et officielles, le Saint-Esprit, si nous osons parler ainsi, a des devoirs et des obligations envers elle, et elle a des droits à une particulière effusion de son amour. ..

Qu'importe-t-il donc que vous considériez maintenant? Ces deux choses, savoir : que la dévotion à l'Église est une partie nécessaire de la dévotion au Saint-Esprit, et que c'est dans le défaut de dévotion à l'Eglise qu'on doit trouver peut-être les commencements, les premiers principes, la ressemblance et plus que cela, sans doute, du péché contre le Saint-Esprit, que Notre-Seigneur, dans saint Marc, appelle le péché éternel...