La loi du secret sur l’existence de la société chrétienne, lors des persécutions du premier siècle

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Message  FRANC Mar 16 Avr 2024, 6:42 pm

La loi du secret sur l’existence de la société chrétienne, lors des persécutions du premier siècle
in Cours d'Histoire ecclesiastique, par l’Abbé Jean-Baptiste Aubry, tome VII, PP. 172, Paris, 1899
https://archive.org/details/cours-d-histoire-ecclesiastique-et-theologie-de-l-histoire-de-l-eglise-tome-1-000000089/page/172/mode/1up



« IV. Loi du secret sur l'existence de la société chrétienne et l'objet de sa foi, nécessitée, à partir de Néron, par la persécution sanglante. Conciliation de cette loi avec la visibilité de l'Église, construction des Catacombes.

Jésus-Christ avait ordonné aux apôtres de prêcher sur les toits, c’est-à-dire au grand jour ; il avait assigné comme caractère à son Eglise la plus éclatante visibilité ; mais en même temps, elle devait pourvoir à sa conservation. Or, c’est pourquoi elle est obligée de se cacher, afin de se soustraire à la persécution exterminatrice. C’est à partir de Néron que nous la voyons prendre des mesures dans ce but, et adopter cette tactique qu’on appelle la discipline du secret. La manière dont les Pères en ont parlé nous la montrent constamment comme d’institution apostolique ; ou plutôt elle venait de Jésus-Christ même qui avait défendu de donner les choses saintes aux chiens, et de jeter les perles devant les pourceaux, c’est-à-dire d’exposer les mystères aux regards profanes des étrangers ou des non initiés.
Le premier objet de ce secret, c’était l'existence même de la société chrétienne qui se dérobe, par prudence, à la connaissance des païens. « Les chrétiens persécutés furent contraints de cacher leur vie ; le christianisme se réfugia dans les Catacombes, et, s’effaçant aux yeux du monde, sembla se recueillir dans les ténèbres, pour y enfanter des vertus nouvelles. Il semble que le monde l’ait cru fini, et l’ait oublié ; Tacite et Suétone en parlent comme on parle d’un mort (1). » 1 Champagny, ib., p. 455.
La raison du secret sur ce premier objet était, comme je viens de le dire, la nécessité de mettre l’Église à l’abri de l’extermination décrétée par le pouvoir civil ; et de plus, la crainte d’exposer la foi des chrétiens à succomber dans les tortures, comme cela arriva au IIIe siècle, précisément parce que le nombre des chrétiens s’étant accru, la loi du secret se relâchait. — Ainsi l’Église est forte, mais elle est prudente et ne veut pas qu’on s’expose au danger.
Le second objet du secret, même l’existence de la société chrétienne étant connue, c’était les mystères dogmatiques et liturgiques ; car le secret enveloppait les plus profonds, tels que ceux de la Trinité et surtout de l’Eucharistie et tous les sacrements. Or, c’était dans les assemblées que l’on expliquait ces dogmes, que l’on conférait ces sacrements, et que l’on consacrait l’Eucharistie qui en était le plus auguste objet. Les étrangers, Juifs ou Gentils, même les catéchumènes, étaient donc exclus de ces assemblées, et les fidèles, initiati y assistaient seuls, avec obligation de n’en rien révéler. De là, toutes les calomnies des païens relatives à ce qui se passait dans ces assemblées, dont le secret avait transpiré en partie et était défiguré par la haine.
On a tiré de ce fait un argument contre la visibilité de l’Église et même contre son apostolicité : L’Église, en se cachant, trouvait le moyen de se transformer ; dans tous les cas, il suit de l’existence de la loi du secret, que toute autre secte qui apparaît, ne peut plus être rejetée sur cette seule raison qu’elle n’était pas visible jusque-là.
— Réponse :
— 1) Ce n’est pas l’Église qui veut se cacher, mais ses ennemis qui l’y forcent ; pour elle, au contraire, elle se montre le plus possible, tant qu’on la laisse se montrer.
— 2) Elle n’était cachée que pour ceux qui ne voulaient pas la connaître ; elle ne refusait sa lumière, l’exposition de ses dogmes et la plénitude de son initiation à personne, soit parmi ses enfants, soit même parmi les étrangers.
— 3) Même dans la période de la persécution où règne la loi du secret, elle fait souvent son apparition devant les bourreaux par la confession des martyrs ou l’exposition des apologistes.
— 4) D’ailleurs, le témoignage permanent, les monuments authentiques et innombrables des Catacombes, sont une large et providentielle garantie en faveur de la visibilité et de l’apostolicité de l’Église.
De leur côté, les Gnostiques d’abord, plus tard les Manichéens, enfin, dans les temps modernes, les Quiétistes, ont pris prétexte de la loi du secret pour enseigner qu’il y avait, dans le christianisme, une tradition secrète, inconnue au corps même de l’Église, ayant pour objet des vérités plus sublimes que celles que l’Église enseigne au vulgaire, et trop relevées pour être proposées à tous ; tradition qui, selon eux, se conservait parmi les contemplatifs ou chrétiens plus parfaits, et qu’il ne fallait pas exposer au grand jour de la publicité, parce qu’elle serait incomprise, profanée et dénaturée. Ils ont cru voir un indice de l’existence de cette tradition dans la discipline du secret, appliquée par l’Église au temps de la persécution. Fénelon, dans ses Maximes des saints, a enseigné quelque chose de cela, bien qu’assez vaguement. Or, une telle insinuation est une impiété subversive de la foi et de l’autorité de l’Église. La discipline du secret, aux premiers siècles, est une institution toute différente, d’un but et d’un objet bien étrangers à cette tradition. »
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Message  Roger Boivin Mar 16 Avr 2024, 9:40 pm


Où était en 1958 et est encore aujourd'hui la persécution sanglante générale ?
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Message  Eric Dim 21 Avr 2024, 10:48 am

FRANC a écrit:
La loi du secret sur l’existence de la société chrétienne, lors des persécutions du premier siècle
in Cours d'Histoire ecclesiastique, par l’Abbé Jean-Baptiste Aubry, tome VII, PP. 172, Paris, 1899
https://archive.org/details/cours-d-histoire-ecclesiastique-et-theologie-de-l-histoire-de-l-eglise-tome-1-000000089/page/172/mode/1up

Spoiler:
Roger Boivin a écrit:
Où était en 1958 et est encore aujourd'hui la persécution sanglante générale ?
Oui, Roger, la comparaison n'est valable que dans la tête d'un "Franc" maçonnant son hypothèse nouvelle sur un passé qui n'a rien de commun avec la situation connue et connaissable depuis V2....
Son "ouvrage" consiste à vouloir justifier/expliquer le silence (secret) et aussi la fuite (désertion) d'une Église qui, semblant vaincue par la crainte, aurait pour devise une formule du genre : pour vivre heureux vivons cachés ou, même, courage, fuyons !

Ce n'est pas vraiment dans la ligne d'un enseignement comme celui de saint Augustin :

Pourquoi croient-ils si volontiers devoir en toute occasion obéir au précepte de fuir de ville en ville (Matth., X, 23), et n'appréhendent-ils pas d’être le mercenaire (Jean, X, 12), qui, à la vue du loup, prend la fuite parce qu'il n'a aucun soin de son troupeau ?
Pourquoi ne cherchent-ils pas à concilier ces deux commandements du Seigneur, qui sont également vrais, dont l'un permet ou ordonne la fuite, et l'autre la blâme ou la condamne ?
Il est cependant facile de faire accorder entre eux ces deux passages de l’Évangile.
Les ministres du Christ peuvent fuir les lieux où règne la persécution, lorsqu'il ne s’y trouve plus personne qui ait besoin de leur ministère ou lorsqu'il y demeure encore des fidèles qui peuvent être secourus par d'autres ministres n’ayant pas la même raison de quitter leur église.
C'est ainsi qu’a fui l’Apôtre, lorsque, poursuivi par le gouvernement qui le cherchait, il fut descendu dans une corbeille par une fenêtre. Il y avait à Damas d'autres ministres qui n'étaient pas, comme saint Paul, obligés de prendre la fuite, et l'Église n'était pas abandonnée.
Il en est de même de saint Athanase, évêque d'Alexandrie. L'empereur Constance voulant s’emparer de lui, il prit la fuite ; mais il restait d'autres ministres qui n’abandonnèrent pas le peuple catholique d'Alexandrie.
Lorsque le peuple reste et que les ministres s'enfuient, privant ainsi les fidèles du secours de leur ministère, n'est-ce pas la fuite coupable de ces mercenaires qui ne prennent aucun soin de leurs brebis ?
Alors le loup viendra, et ce loup ne sera pas un homme qui persécutera, mais le démon qui poussera souvent à l’apostasie ces chrétiens auxquels manque le sacrement quotidien du Corps du Seigneur. Ainsi (1 Cor., VIII, 2) votre ignorance plutôt que votre science sera cause de la mort de votre frère encore faible, pour lequel le Christ est mort.
Pour ceux qui, dans cette circonstance, ne sont pas trompés par l'erreur, mais dominés par l’effroi, pourquoi, en implorant la miséricorde et le secours du Seigneur, ne combattent-ils pas leur crainte, afin de ne pas tomber dans des maux incomparablement plus redoutables ?
C’est ce qui arriverait si leur cœur brûlait du feu de la charité, au lieu d’être obscurci par la fumée des passions de ce monde. Car la charité dit : « Qui est faible sans que je m'affaiblisse avec lui ? (II Cor., XI, 29.) Qui est scandalisé sans que je brûle ? » (Jean, IV, 7.)
Prions donc pour qu’elle nous soit donnée par celui qui nous la recommande. Animés par cette charité, craignons que les brebis du Christ ne périssent dans leur âme par le glaive de l'iniquité spirituelle, plutôt que dans leur corps par le fer des Barbares, puisque d'une manière ou d'une autre elles devront mourir tôt ou tard. Craignons plutôt la perte de la chasteté de la foi par la corruption de notre sens intime, que la violence qui peut souiller les femmes dans leur chair ; car la violence ne porte aucune atteinte à la pudeur, tant que l'âme reste chaste, et l’âme ne perd rien de sa pureté devant la force brutale exercée contre le corps, si la volonté est réduite à la supporter, sans y consentir.
Craignons que notre désertion ne cause la ruine des pierres vivantes du temple du Seigneur, plutôt que de voir brûler sous nos yeux les bois et les pierres des édifices terrestres. Enfin craignons que les membres du corps de Jésus-Christ ne périssent faute de nourriture spirituelle, plutôt que de voir nos corps exposés aux tourments et à la cruauté des Barbares.

Louis Marie Émile Bertrand, Les plus belles pages de saint Augustin, Éd. Fayard, Paris, 1916, pages 174, 175 et 176
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