PREMIERS MONASTERES DE LA GAULE MÉRIDIONALE

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Message  Monique Dim 18 Fév 2024, 7:05 am

PREMIERS MONASTERES DE LA GAULE MÉRIDIONALE

***


Le monachisme eut son berceau dans le monde gallo-romain à Ligugé et à Marmoutiers. Saint Martin, moine de Ligugé d'abord, puis évêque de Tours en même temps que moine de Marmoutiers, sut lui donner une impulsion vigoureuse. Grâce à lui, les églises de la Gaule occidentale eurent des multitudes de moines. Martin ne fut pas seulement le propagateur infatigable de la vie monastique ; les succès prodigieux de son apostolat, l'éclat incomparable de ses miracles et son étonnante sainteté, communiquèrent à la profession et au costume des moines un prestige qui leur valut la sincère admiration du peuple chrétien. Mais, quelle qu'ait été l'influence du grand ancêtre des moines de la Gaule, on ne peut saluer en sa personne un législateur véritable. Martin fut un initiateur, un propagateur; il popularisa la vie religieuse. Il n'eut pas à l'organiser. Ce rôle appartient à saint Benoît.

Cependant, à l'époque où vécut le patriarche du Mont-Cassin et durant le Ve siècle, il y eut une action monastique que l'on peut déclarer parallèle à la sienne. Les monastères qui en furent le centre se trouvaient dans le sud-est de la Gaule. Postérieurs à saint Martin, ils semblent échapper à son influence posthume.

La vie leur est venue d'ailleurs.


Dom J.-M. BESSE.
Revue des Questions Historiques, vol. LXXI, 1er avril 1902
page 394


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Message  Monique Lun 19 Fév 2024, 7:43 am

La situation géographique de la Provence la prédestinait au rôle d'intermédiaire entre la Gaule el les grands foyers civilisateurs répandus autour de la Méditerranée : l'Italie, l'Afrique romaine et l'Orient. C'est sur ses côtes que les Grecs établirent leurs premières colonies; les Romains commencèrent par elle leurs conquêtes transalpines. Il n'y eut pas chez nous de province plus romaine. Le christianisme s'y implanta de bonne heure. Ses Églises, de bonne heure nombreuses et florissantes, reçurent le contre-coup des agitations doctrinales qui troublèrent le monde chrétien. Pouvaient-elles ignorer la naissance el le développement des institutions saintes qui grandissaient ailleurs ?

Le va-et-vient continuel qui régnait au IVe siècle entre les Églises d'Occident et celles d'Orient ne permettait guère aux chrétiens de Provence d'ignorer les merveilles de l'ascétisme monastique, qui s'épanouissait dans les solitudes de l'Egypte et de la Palestine.

Mais la contagion de l'exemple fut très lente. Et il n'y a rien là qui puisse nous étonner; car ce fut un peu le sort de tout l'Occident. Bien qu'elle eût appris de la bouche de saint Athanase la vie extraordinaire de saint Antoine, l'Italie ne se pressa point de fournir au monachisme un recrutement abondant.


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Message  Monique Mar 20 Fév 2024, 7:47 am

L'Afrique, pour s'ébranler, attendit saint Augustin, c'est-à-dire la fin du IVe siècle. Il y eut chez les Espagnols moins d'empressement encore. Les Églises de Poitiers et de Tours, et les contrées qui subirent l'action de saint Martin et de ses disciples s'ébranlèrent d'assez bonne heure. Le midi de la Gaule, et, en particulier, la Provence connurent pratiquement les moines à une époque beaucoup plus tardive. Ce ne fut guère qu'au déclin du IVe siècle. D'où venaient ces premiers moines? Se rattachaient-ils aux groupes martiniens ? Étaient-ce des imitateurs du monachisme oriental ou les continuateurs des ascètes primitifs? Nous ne saurions le dire.

Le Ve siècle vit arriver en Provence deux hommes qui furent bientôt les promoteurs ardents de la vie monastique : saint Honorat, à Lérins, et Cassien, à Marseille. Par ce dernier, toute la tradition ascétique de l'Orient aboutit dans la Gaule méridionale, pour être élaborée et adaptée aux exigences des tempéraments occidentaux. Après avoir subi dans ces contrées une évolution nécessaire, les institutions monastiques s'épanchèrent plus fécondes sur l'Occident tout entier. Ce ne fut point sans bénéficier, au préalable, de l'action de quelques moines éminents.


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Message  Monique Mer 21 Fév 2024, 7:53 am

La tradition orientale, telle que Cassien la présenta aux moines marseillais, parvint à saint Benoît, qui sut se l'approprier, en la marquant du sceau de sa sainteté personnelle et du génie romain. La tradition de Lérins fut transportée en Irlande par saint Patrice, qui l'unit à la tradition martinienne; on sait l'efflorescence de la vie monastique dans les îles bretonnes, d'où elle revint plus tard en France se fondre avec le courant bénédictin, et donner son étonnante vigueur au monachisme du VIIe siècle.

Saint Benoît et saint Colomban rencontrèrent chez nous un autre courant, sorti à la fois de Lérins et de Marseille; il s'était grossi, toujours en Provence, d'un heureux apport, qui lui était venu de l'Afrique romaine. Personne, plus que saint Césaire d'Arles, ne contribua à la diffusion des doctrines et de la règle monastique de saint Augustin. Au lieu de reproduire servilement l'œuvre augustinienne, il se l'assimila, et réussit même à la perfectionner en l'enrichissant de sa propre expérience.


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Message  Monique Jeu 22 Fév 2024, 8:04 am

Le travail qui s'est effectué dans les monastères provençaux pendant les Ve et VIe siècles présente donc le plus haut intérêt. La règle bénédictine, qui en absorba plus tard tous les fruits, ne doit pas le faire oublier. Il faut le reconnaître, l'histoire monastique offre peu de périodes qui méritent mieux de fixer l'attention.

Nous avons en outre la bonne fortune de posséder une série de documents de premier ordre, d'une indiscutable authenticité, qui projettent une vive lumière sur les moines, les monastères et leurs règles. Pour apprécier l'œuvre qui s'est alors accomplie dans le midi de la Gaule, il ne faut pas craindre de franchir les limites de la Provence.

Quelques-unes des Églises répandues sur les rives du Rhône et de ses principaux affluents, connurent, elles aussi, un épanouissement de la vie monastique, qui ne fut pas sans influence. Il nous intéresse d'autant plus qu'il n'a pas échappé à l'action de Lérins, de Marseille et d'Arles.


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Message  Monique Ven 23 Fév 2024, 7:26 am

I.

LES MONASTÈRES


Lérins est le premier monastère qui sollicite notre attention. On donnait ce nom à un groupe d'îles qui restèrent désertes jusqu'au jour où saint Honorat fixa dans l'une d'elles sa demeure, au commencement, du Ve siècle (vers 410.) Elle a, depuis, porté le nom de ce moine illustre. Une autre, l'île voisine de Léro, aujourd'hui Sainte-Marguerite, fut habitée plus tard par saint Eucher, le futur évêque de Lyon. Les disciples affluèrent bientôt autour de la cellule d'Honorat, et Lérins fut un asile de saints, une école où abondèrent les maîtres de la doctrine, et un séminaire qui fournit aux Églises des pontifes éminents.

Ce ne fut pas la seule île des côtes de la Méditerranée qui fournit une retraite aux solitaires. Saint Martin, le premier, avait cherché un refuge dans l'ile Gallinaria. Celle de Capraria, située entre la Corse et le littoral italien, fui habitée par plusieurs moines. Il y en eut un certain nombre dans l'île de Gorgone; la noble romaine Fabiola aimait à leur envoyer de quoi subvenir à leurs besoins. Les îles d'Ilyères eurent, elles aussi, une population monacale; Jovinien, Léonce, Minerve el Théodore, à qui Cassien adressa ses dernières conférences, en faisaient partie.


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Message  Monique Sam 24 Fév 2024, 7:53 am

La solitude profonde dont ils y jouissaient, et le spectacle grandiose de la nier, qui impressionne toujours les âmes élevées, rendaient ces retraites insulaires particulièrement agréables à des moines. Saint Ambroise justifie cette prédilection dans un passage de son commentaire sur l'Hexaméron.

« Que dire des îles que le créateur a enchâssées dans la mer comme des joyaux? Les hommes qui veulent se soustraire aux séductions du monde et fuir les écueils de la vie présente y cachent, loin du siècle, leur chasteté. La mer est donc pour eux l'asile secret de la tempérance un lieu favorable à la pratique de la virginité, un refuge sûr et tranquille. Les hommes fidèles et dévoués à Dieu y trouvent une flamme qui alimente leur dévotion. Le bruit des flots qui vont se briser doucement sur la plage, rivalise avec le chant des psaumes. Les îles applaudissent ainsi au chœur des saints, elles résonnent d'hymnes suaves .1 »

La mer, quels que fussent ses charmes, ne put retenir tous les chrétiens épris de la vie monastique. Ils furent beaucoup plus nombreux, cela va sans dire, dans les monastères construits sur le continent. Un moine, originaire de Provence qui avait demandé à l'Orient sa formation intellectuelle et religieuse, Jean Cassien, réunit dans Marseille un groupe de disciples (vers 418) ; ce fut le berceau de la célèbre abbaye de Saint-Victor. Il fonda, pour les femmes, un second monastère, qui prit dans la suite le nom de Saint-Sauveur ou encore de Saint-Cassien.


1 Saint Ambroise, Hexameron, I. III, c. v, 23. Patr. lai., XIV, 165


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Message  Monique Dim 25 Fév 2024, 8:04 am

La cité d'Arles, qui eut avec Lérins les plus intimes relations, fit à la vie monastique un accueil empressé. Il y eut un premier monastère dans un ilot du Rhône, voisin de la ville. Ce serait, croit-on, une fondation du saint évêque Honorat. Saint Césaire le gouverna durant trois années 1.

Devenu évêque, Césaire fonda dans l'intérieur de la ville, pour des moniales, le monastère de Saint-Jean ; sa sœur Césarie en fut la première abbesse. Ce n'était pas la seule communauté de femmes que renfermât le diocèse. La dernière des quatre exhortations qui complètent la règle du saint Pontife a été écrite pour une abbesse, nommée Oratoria, qui en gouvernait une seconde 2. Grâce à la munificence du roi Childebert, l'évêque saint Aurélien bâtit deux nouveaux monastères (548), l'un d'hommes et l'autre, celui de Sainte-Marie, de religieuses. Il rédigea une lettre pour les deux 3. L'église d'Arles possédait encore deux monastères, dont l'un portait le vocable de Saint-Sauveur; l'autre, connu sous le nom d'Arvnainum 4, reçut la visite de l'évêque d'Orléans, saint Aignan 5.

Castor, évêque d'Apt, établit dans son diocèse le monastère de Minerve (de 419 à 426), où vécurent les moines Léonce et Helladę, dont parle Cassien 6. Les auteurs de la Gallia christiana signalent en outre le monastère de Bovons (Bodunense monasterium), qui eut pour abbé un certain Marius, mentionné par Grégoire de Tours .7 Un disciple de ce saint Marius, saint Donat aurait lui-même fondé, à deux lieues de Sisteron, le monastère de Lure, sous le vocable de Sainte-Marie 8.


1 Vita S. Caesarii, 1. I, 12, éd. Krusch. M. G. H.. t. I, p. 461. Il ne reste aucun vestige de ce monastère. On a voulu, sans preuve suffisante, l'identifier avec Montmajour.
2 Holstenius, Codex regularum, t. III, 49. Cf. Malnory, Saint Césaire, évêque d'Arles, introd., x.
3 Pi ooemium regulae S. Aureliani. Holstenius, op. cit.. t. II, 100.
4 Aujourd'hui Saint-Gabriel.
5 Vita S-Antani, 6, éd. Krusch. SS. R. M., t. II, 111. Nazaire, successeur de Fauste a Lérins, fonda un monastère de femmes à Arles, sous le vocable de saint Elienne. Mabiilon, Annules, 1. I, 32, t. I, 15.
6. Cf. Gallia christiania, ed. Palmé, t. I, 376.
7 Gallia christiana, t .l, 501. Mabillon, Annales, 1. V, ,5, 35 t.I 131
8 idib., 509. Maljllon, 1. V, 36. t. 1, 132, qui cite encore les monastères d'Embrun et de Noviacum.



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Message  Monique Lun 26 Fév 2024, 8:07 am

Le même Grégoire de Tours signale, auprès de Nice, l'existence d'un monastère auquel appartenait le célèbre reclus Hospilius, dont la vie extraordinaire causa aux Lombards tant de surprise .. il y en avait d'autres dans les villes d'Agde 2 et de Nîmes 3. Saint Ferréol, évêque d'Uzès, fonda dans son diocèse celui de Ferréolac, pour lequel il écrivit une règle 4.

Ce ne sont évidemment pas les seules maisons religieuses de la Gaule méridionale, mais les autres n'ont laissé aucun souvenir. Force nous est donc de les traiter comme si jamais elles n'avaient existé. En remontant vers le nord, nous limitons les Églises de Vienne et de Lyon, dont la vitalité chrétienne fut intense a cette époque. Elles offraient au monachisme un terrain admirablement préparé. Il y eut un épanouissement heureux.


2 Vita S. Severi, 13. Mabillon, Acia Sanctorum 0. S. B., sec. I, p. 510.
3 Gallica christiana, t. VI, 469
4 Regula S. Ferreoli, praef. Holstenius, Codex regularum, t. II, 119.




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Message  Monique Mar 27 Fév 2024, 7:41 am

Lorsque saint Mamert, évêque de Vienne, voulut faire la translation solennelle des reliques du saint martyr Ferréol, un grand nombre de moines et d'abbés prirent part à la cérémonie 5.

Un document, postérieur, il est vrai, a l'époque dont nous nous occupons, la Vie de saint Clair, fournit de très utiles indications sur les monastères de cette contrée au début du VIIe siècle. Cet abbé Clair, moine d'un monastère dédié à saint Ferréol, en gouverna un autre, qui portait le titre de Saint-Marcel.

Son monastère de profession appartenait a un groupe monastique connu sous le nom de Grigny, et où vécurent près de quatre cents religieux. Il était assez éloigné de la ville épiscopale.


5 Advenit ad hoc opus abbatum atque monachorum magnus numerus, Grégoire de Tours, Liber de virtutibus S. Juliani, 2. M. G. H., p. 563. Saint Mamert était évêque de Vienne en 463.



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Message  Monique Mer 28 Fév 2024, 6:11 am

A Vienne, il y avait les monastères de Saint-Pierre et de Saint-André ; l'abbé Léonien les fonda au temps du roi Clotaire, le premier pour les hommes, et le second pour les femmes. Ce Léonien, qui trouva moyen de vivre en reclus et de gouverner des communautés nombreuses, fut dans ce diocèse, au Ve siècle, le grand propagateur de la vie monastique 6. Si l'on peut se fier au biographe de saint Clair, Saint-Pierre aurait compté cinq cents moines et Saint-André cent moniales. Un second monastère, sous le vocable du même saint André, nourrissait autant de religieuses. Ce n'était pas toute la population monastique de la civitas. Les quatre monastères des saints Gervais et Protais, de Saint-Jean-Baptiste, de Saint-Vincent et de Saint-Martin étaient habités chacun par cinquante moines, et celui de Saint-Marcel, par trente. Un nombre égal de religieuses vivait à Sainte-Colombe ; il y en avait quarante à Saint- (Nicétius) Nizier ; Sainle-Blandine renfermait vingt-cinq veuves. Ce qui fait, non compris Grigny, six monastères d'hommes et cinq de femmes 1


6 Vita S. Leoniani. Mabillon, Acta Sanct. 0. S. B., sec. I, 559-560. Vita Pa-trum Jurensium, 111, 5, ed. Krusch. SS. R, M., 156
1 Mabillon. Annales Ord. S. Benedicti, t. 1, 106, éd. 1703.




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Message  Monique Jeu 29 Fév 2024, 8:28 am

Plusieurs autres fondations viennoises sont dues à l'activité d'un disciple de Césaire d'Arles, le pieux abbé Theudaire, dont Adona écrit la vie: ce sont Saint-Chef, Saint-Maurice d'Ascisse, Saint-Pierre d'Alarma, et deux autres monastères situés, l'un, dans le voisinage de Vienne, et l'autre sur les rives du Gere affluent du Rhône 3.

Lyon, centre alors d'un très vaste diocèse, fut presque aussi bien partagé. S'il fallait donner crédit à certaines traditions locales, l'Île-Barbe remonterait au IIIe siècle et par conséquent serait le premier monastère gallo-romain. Mais ces prétentions doivent tomber devant la sincérité de l'histoire, qui ne veut pas reculer son berceau au delà du IVe siècle. L'abbaye d'Ainay, construite au lieu où furent mis à mort les Martyrs lyonnais, près du confluent du Rhône et de la Saône, était, durant le VIe siècle, en pleine prospérité 4.

Le monastère de Saint-Paul pour les hommes, et ceux de Sainte-Eulalie et de Saint-Pierre, pour les femmes, existaient avant la fin de la période que nous étudions. Peut-on dire la même chose de Saint-Nizier, de Saint-Irénée et de Saint-Rambert, mentionnés par les auteurs de la Gallia christiana? Les monastères les plus célèbres de cette époque se trouvaient loin de la ville épiscopale, dans les montagnes du Jura. Leurs saints fondateurs portent le nom de Patres jurenses. Grâce à la vertu et à la doctrine de ces hommes de Dieu, cette solitude fut en grand renom à la fin du Ve et au début du VIe siècle.


3 Vila S. Theudarii, éd. Krusch, 525-528. Mabillon, Ibid. Nous ne disons rien du monastère de Tarnat ; il en sera longuement question plus loin.
4 Mabillon, op. cit, 12, 13




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Message  Monique Ven 01 Mar 2024, 8:30 am

La science, la régularité et la piété de ses habitants lui donnaient assez de charme pour que saint Avit la pût comparer au ciel 1. Sidoine Apollinaire ne parle pas avec moins d'admiration de ces cellules qui ont quelque chose du paradis 2. Saint Romain, saint Lupicin et saint Oyand sont les créateurs de ce groupe célèbre. Les deux premiers s'établirent d'abord à Condat, appelé depuis Saint-Claude. L'affluence des vocations les contraignit à peupler d'autres solitudes 3. Lauconon, plus tard Saint-Lupicin, et Ro-main-Moutier sont les deux seuls noms de cette filiation monastique qui aient échappé à l'oubli. Les moniales eurent dans cette région le monastère de Balme 4.

Un peu plus tard, grâce à la générosité pieuse du roi des Burgondes converti au catholicisme, saint Sigismond, une abbaye florissante s'éleva au lieu sanctifié par le martyre de saint Maurice et de ses compagnons (22 septembre 515 5).


1 S. Avit, Epistolae. M. G. H., auct. ant., t. VI, p. 53.
2 Sidoine Apollinaire, Epistolae, 1. IV, 25 M G. H., auct. ant., c. viii, 76-77.
3 Territoria multa longe lateque spatiis districta terrarum, monasteriis ecclesiisque replerentur. Vita Patrum Jurensium, J36.
4 Mabillon, op. cit, 23-27.
5 Vita S. Avili. SS. R. M., 100. Opera S. Aviti, éd. Peiper. M. G. H., auct. ant., VI, p. 2, 145-147. Mabillon, t. I, 27. Grégoire de Tours, Historia Francorum, 1. III, 5, p. 111.




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Message  Monique Sam 02 Mar 2024, 8:04 am

Les monastères qui viennent d'être signalés sont, pour la plupart, dus à l'initiative privée. Que voit-on en effet, à leur berceau? Un moine, qui d'abord habite seul. Il attire bientôt autour de sa demeure des chrétiens désireux de servir le Seigneur à son exemple et sous sa conduite. C'est ainsi que Lérins fut établi par saint Honorat.

Cassien procéda de la même manière en fondant Saint-Victor de Marseille. Les biographes de sainl Léonien, de saint Theudaire et des saints Pères du Jura fournissent des détails circonstanciés sur la façon dont se constituèrent les groupements monastiques près de leurs cellules, il dut en être ainsi un peu partout.


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Message  Monique Dim 03 Mar 2024, 8:36 am

Mais l'initiative privée, quand elle se trouve abandonnée à elle-même, court risque de franchir les bornes de la sagesse ; ce qui devient une source de sérieux inconvénients et de graves désordres. Les églises orientales en firent de bonne heure l'expérience. Les Pères du concile de Chalcédoine (450), pour remédier à ces abus, soumirent toute nouvelle fondation monastique au consentement épiscopal 1. C'était une mesure fort prudente.

On dut l'oublier dans le midi des Gaules, car le concile d'Agde (506) eut à la renouveler : défense absolue fut faite d'entreprendre la fondation d'un nouveau monastère, sans avoir préalablement obtenu la permission de l'évèque du lieu 2. Le concile d'Épaone réédita, onze ans plus tard, la même prohibition. Elle finit par entrer dans les habitudes. Saint Theudaire, le fervent disciple de Césaire d'Arles, ne fut pas des moins empressés à la suivre.


1 Concilium Chalcedonense, can. 24. Labbe, t. IV, 1690-1691 ; cf. Dom Besse, Les moines d'Orient, 287. Longtemps avant cette décision, saint Honorat, avait sollicité l'autorisalion de l'évêque pour fonder son monastère de Lerins.
2 Monasterium novum, nisi episcopo aut permittente aut probante, nullus incipere aut fundare praesumat. Concilium Agathense, can. 27. Labbe, t. V, col. 526.




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Message  Monique Lun 04 Mar 2024, 7:53 am

Les évêques n'attendirent pas toujours les sollicitations de fervents solitaires. Quelques-uns entreprirent d'eux-mêmes des fondations monastiques, soit dans leur ville épiscopale, soit dans les limites de leur diocèse. Trois monastères artésiens sont dus à l'initiative des évêques Aurélien et Césaire. Saint Ferréol, évêque d'Uzès (+ 58I) 4, fonda personnellement celui de Ferréolac.

Les princes n'eurent point à intervenir au début de cette période. Les empereurs romains laissaient tous aux communautés monastiques la liberté de se constituer comme bon leur semblait. La loi n'avait pas à s'en occuper. Les barbares qui se partagèrent les Gaules conservèrent, dès le principe, une attitude semblable. Comment, du reste, les Burgondes et les Visigoths, qui envahirent le bassin du Rhône, auraient-ils pu prendre intérêt à ces fondations? Ils avaient tous embrassé l'arianisme. On ne voit pas cependant que la vie religieuse ait attiré de leur part sur ceux qui la professaient une colère spéciale. Ce ne fut pas non plus, durant les invasions et les guerres qui les suivirent, un motif de les protéger. On s'en aperçut bien pendant le siège d'Arles 1.


3 Ado, Vita S. Theudarii 12, p. 529. On vît bientôt dans l'Espagne visigothique les effets déplorables d'une initiative sans contrôle. Les monastères fondés à tort et à travers provoquaient les plaintes légitimes de saint Fructueux. Ce furent d'abord de bons chrétiens qui transformèrent en communautés religieuses leurs demeures, réunissant autour de leurs femmes et de leurs enfants des serviteurs, des esclaves et des voisins couverts de l'habit monastique. D'autres construisaient dans leurs villas un oratoire en l'honneur d'un martyr, prenant ensuite le titre et les privilèges des moines (S. Fructueux, Regula communis. Holstentus, t. II, 251-203). Ce ne fut pas tout. Des prêtres, obéissant a des sentiments moins nobles encore, fondaient d'eux-mêmes des monastères. Afin de les peupler, ils admettaient n'importe qui. Les moines, chassés par leur abbé en punition de fautes graves, y trouvaient un accueil empressé (ibid., 253-2255). On devine quels moines cela pouvait faire. Les conciles d'Agde et d'Epaone prémunirent contre ces abus les monastères de la Gaule méridionite.

4 Duchesne, Fastes épiscopaux de l'ancienne Gaule, t. I, 304.
1.Cf. Mabillon, Annales, t. I, 20.




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Message  Monique Mar 05 Mar 2024, 6:47 am

La situation devint tout autre quand ces contrées furent soumises à la domination des princes catholiques. Les moines eurent dans les Burgondes, convertis à la foi, des protecteurs généreux. L'apôtre de leur roi, saint Avit de Vienne, sut leur communiquer l'admiration que lui inspirait la vie religieuse.

Sigismond, après avoir solennellement abjuré l'hérésie en plein concile d'Épaone (517), résolut de faire lui-même les frais d'une fondation monastique. Il choisit pour emplacement la vallée d'Agaune, rendue célèbre par le martyre de saint Maurice et de ses compagnons. On ne pouvait, dans la contrée, avoir un lieu plus vénérable.

Le noble fondateur commença par en éloigner les femmes et les hommes qui l'habitaient. Puis il chercha dans son royaume un religieux capable de gouverner un monastère et de présider à sa fondation, pour lui confier la dignité abbatiale ; et il l'entoura de moines empruntés à diverses maisons et qui formèrent la communauté.


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Message  Monique Mar 02 Avr 2024, 9:06 am

Lorsque tout fut prêt, le roi réunit en concile les évêques de la région afin de donner plus d'éclat aux solennités de la consécration de l'église et de l'inauguration du monastère 2. La part importante que prit Sigismond à la formation et au développement de l'abbaye d'Agaune ne lui fournit point un prétexte de restreindre en aucune façon la liberté dont jouissaient les moines.

Il faut en dire autant de l'intervention du roi Childebert en faveur des deux fondations montre les des donations qui lui valurent d'être inscrit en tête de leurs bienfaiteurs (548) 3 sastiques entreprises par l'évêque d'Arles, saint Aurélien. Le prince fit aux moines et aux moniaize.

Nous sommes loin des droits que la couronne exerça dans la suite sur les monastères, qui durent partager en cela le sort de toutes les institutions ecclésiastiques.


2 Vita abbatum Agaunensium, SS. R. M.. II, 177-178. Mabiilon, Annales, t. I, 27-29.
3 Mabillon, t. I, 128. Cf. Holstenius, t. II, 96-100.





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Message  Monique Mer 03 Avr 2024, 7:42 am

L'autorité royale pouvait prendre sous son haut patronage les fondations dues à l'initiative des chrétiens ou des évêques et autorisées par les dépositaires du pouvoir ecclésiastique. Mais à une époque où les institutions politiques étaient si fragiles, cette protection était insuffisante. Celle qui venait de l'évêque ne pouvait pas davantage assurer au monastère paix et perpétuité. Son pouvoir, cependant, était fort étendu. C'est cette puissance qui causait aux fondateurs de très légitimes inquiétudes.

Comment empêcher le chef d'une Église de détruire ou tout au moins de compromettre, par une ingérence indiscrète ou par une indifférence coupable, l'œuvre de ses prédécesseurs? Saint Césaire ne se faisait aucune illusion sur ce danger. Son titre de fondateur, l'autorité personnelle que lui donnaient la sainteté et la doctrine, ses relations avec l'abbesse et les moniales rehaussaient singulièrement en lui le pouvoir épiscopal.


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Message  Monique Jeu 04 Avr 2024, 8:27 am

Ses successeurs auraient pu se prévaloir de cette situation exceptionnelle et susciter dans le monastère des troubles fâcheux. Le saint Pontife voulut, avant sa mort, mettre les choses au clair. Il commença par stipuler que le monastère de Saint-Jean resterait soumis à la juridiction de l'évêque d'Arles conformément aux prescriptions du droit.

La règle avait soin comme nous le verrons bientôt, de fixer de sages limites à l'exercice de cette autorité. Le pieux fondateur recommande seulement au Pontife de veiller avec une sollicitude paternelle sur les religieuses et sur leurs intérêts, et de ne rien laisser entreprendre par qui que soit, contre leur monastère.

Saint Césaire n'avait rien de plus à cœur que le maintien intégral de la règle. Il ne reconnaissait à personne, pas même à un évêque, le droit de l'altérer. La connaissance qu'il avait de la faiblesse humaine lui inspirait de vives inquiétudes ; c'est pour assurer sou œuvre contre le péril d'une décadence toujours facile, qu'il résolut de la mettre sous la sauvegarde de l'autorité ecclésiastique la plus haut.


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Message  Monique Sam 06 Avr 2024, 8:26 am

II.

Le fondateur d'un monastère se préoccupait avant tout de travailler à la sanctification des âmes. Il lui importait d'organiser tout en vue de cet idéal surnaturel. Il déterminait par la règle le genre de vie que mèneraient les moines; leur existence recevait ainsi une forme qui devait, dans sa pensée, se perpétuer d'âge en âge, aussi longtemps que durerait le monastère lui-même.

Ce sentiment, qui animait tous les fondateurs monastiques, se trouve très nettement formulé par saint Aurélien au début de sa règle. « Nous avons résolu par la grâce de Dieu, écrit-il, de construire un monastère pour l'avancement de vos âmes, et nous avons mis à exécution cette pensée.

Nous avons, dans ce but, établi à votre intention une règle et un genre de vie qui vous puissent diriger dans la voie de la perfection et conduire heureusement au royaume des cieux 1. » Le service rendu de la sorte l'emportait de beaucoup sur les plus généreuses donations. C'est vraiment là ce qui constituait le monastère, et engageait ses habitants sur le chemin de la sainteté.

Aussi le fondateur attendait-il, en échange, une reconnaissance profonde et un souvenir ineffaçable, qui se manifesteraient aux offices du jour et de la nuit par une ardente prière. Saint Césaire n'espérait pas de ses filles une meilleure récompense 2.


1 Saint Aurélien, Prooemium regulae. Holstenins, t II, 10.
2 Saint Césaire, Regula ad virgines. Recapitulatio, 18. Holstenius, t. III, 41.




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Message  Monique Dim 07 Avr 2024, 8:25 am

Les monastères de cette époque primitive ne connurent point de règle uniforme. Les fondateurs jouissaient en pareille matière d'une absolue liberté. Il semble que chacun d'eux ait tenu à établir une règle en même temps qu'un monastère. De là une variété et une richesse presque sans exemple de monuments de la législation monastique. La Gaule méridionale diffère beaucoup en cela des solitudes religieuses de l'Orient. Les moines de ces contrées ont laissé peu de règles écrites, et encore celles qui sont parvenues jusqu'à nous ont été, sauf deux, rédigées plus tard. Les monastères de la Provence et des contrées voisines eurent tous une physionomie propre. On dirait autant d'ordres distincts.

Le fondateur ne créait pas cependant la règle de toutes pièces. Les monastères de la région, la vie des moines d'Orient, la lecture de leurs écrits et, enfin , la tradition, lui fournissaient des éléments qu'il utilisait de son mieux. Toutes ces règles présentent un caractère commun : elles sont incomplètes et manquent de précision. Impossible avec leur seul secours d'organiser une communauté régulière. Mais il n'y a rien là qui puisse surprendre. La même observation peut-être faite au sujet de toutes les branches de la discipline ecclésiastique. On laissait alors beaucoup à l'initiative personnelle de l'évêque. Il en allait de même pour l'abbé dans les monastères. La précision n'est venue que plus tard.



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Message  Monique Lun 08 Avr 2024, 8:25 am

L'ordre chronologique assigne la première place à la règle suivie par les moines de Lérins. Elle eut pour auteur saint Honorat. La sainteté qu'elle fit s'épanouir dans cette ile monacale la rendit promptement célèbre et lui concilia l'admiration des contemporains 1. Les exemples du saint abbé et son enseignement oral lui servaient de commentaire vivant. Honorat légua ce pieux héritage à sa famille spirituelle. L'un de ses successeurs, Fauste, le futur évèque de Riez, invitait les moines à puiser à cette source sainte la notion et la pratique des vertus qui convenaient à leur état 2.

Saint Paulin de Nole faisait grand cas de ces observances; le pieux fondateur, qui entretint avec lui d'amicales relations, lui envoya Gélase, Oyand et Tigride, ses disciples; ils purent le renseigner sur la vie qu'on menait à Lérins 3.

Un autre saint, Épiphane de Pavie, qui visita l'ile en revenant de Toulouse, où le roi goth Euric l'avait mandé, sut y découvrir les plus beaux exemples de vie religieuse 4. Lorsque saint Jean, abbé de Réome, se rendit à Lérins, au commencement du VIe siècle, pour avoir sous les yeux un type parfait de vie monastique, la règle de saint Honorat était encore observée. Son biographe la désigne par les termes respectueux de forma religionis ou regularis disciplinae 5.


1 Cf. Saint Eucher, De laude eremi, 42. Patr, lat, t. L, 711.
2 Fauste, Sermo XXIII, éd. Vienne, p. 318.
3 Paulin de Nole, Epistoła xli Patr, lat, LXI, 417.
4 Ennodius, Vita B. Epiphanii, éd. Hartel, 354-355 A la demande de l'abbé Léonce, il rédigea la vie du bienheureux Antoine, moine de Lérins. Elle nous a été conservée. ibid , 383-393.
5 Jonas, Vita S. Joannis abbalis Reomensis, 4-5. M. G. H., 508.




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Message  Monique Mar 09 Avr 2024, 8:36 am

Mais où donc saint Honorat avait-il puisé les éléments qui entrèrent dans la rédaction de sa règle? La vie des moines orientaux était alors, autant qu'elle l'a jamais été depuis, le type sur lequel les moines de partout cherchaient à modeler leur existence.

Les récits qui circulaient de bouche en bouche pouvaient satisfaire leur pieuse curiosité Ceux qui ne savaient pas le grec avaient à leur disposition des versions latines de quelques œuvres monastiques importantes.

La présence de Cassien à Marseille fut pour les moines de la contrée une bonne fortune. Saint Honorat le mit a contribution. La deuxième série des Conférences, qui lui est dédiée, témoigne de l'intimité de leurs rapports.



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Message  Monique Mer 10 Avr 2024, 6:18 am

Le saint abbé de Réome, dont il a été précédemment question, fît observer, à son retour de Lérins, une règle qui portait le nom d'un saint Macaire. Son titre trahit une origine orientale 1.

Jean en avait-il eu connaissance par les disciples d'Honorat? On ne saurait le dire avec quelque certitude.

Nous ne possédons pas le texte de la règle de Lérins. Il est même permis de se demander si son auteur l'a jamais rédigée. Il a dû probablement se contenter d'un enseignement oral et de cet autre enseignement, plus efficace, qui réalise une doctrine dans l'organisation stable d'une communauté religieuse 2.


1 Jonas, loc. cit.
2 Mabillon, Annales, t. I, 11. Histoire littéraire de la France, t. II, 159-160. éd. Palmé. Malnory, Saint Césaire, 249.





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