La règle de la Foi

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Message  gabrielle Ven 15 Sep 2023, 11:43 am

R. P. AUGUSTE-ALEXIS GOUPIL, S.J.
LA RÈGLE DE LA FOI
LE MAGISTÈRE VIVANT - LA TRADITION - LE DÉVELOPPEMENT DU DOGME
Nihil obstat : G. Courtade, s. j. Lector theologiæ.
Lutetiæ Parisiorum, die 7a martii 1941

PRÉFACE

Le présent traité La Règle de la Foi, prend place logiquement après ceux de La Vraie Religion et de L’Église. Avec eux il constitue la théologie fondamentale. Le Christ, après avoir apporté au monde la révélation totale et la religion définitive, a établi Son Église pour continuer Son oeuvre et donner à tous les hommes jusqu’à la fin des temps les moyens de salut. «Allez dans le monde entier, dit-il à Ses Apôtres ; prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera condamné». (Marc XVI, 15-16).

Cette parole du Christ contient le germe du présent Traité. Quelle est, en effet, la règle constitutive de notre foi, l’objet de notre croyance, sinon l’Évangile, la parole de Dieu ? Et quelle est encore la règle directive de notre foi, le moyen grâce auquel nous arrivera sûrement cette parole de Dieu, qui nous l’expliquera authentiquement, sinon la prédication apostolique ? «Allez, prêchez l’Évangile».

Les Apôtres et leurs successeurs, c’est-à-dire les pasteurs légitimes de l’Église, ont donc reçu la mission et le pouvoir d’enseigner à tous les hommes la doctrine du Christ. Cette mission et ce pouvoir constituent le Magistère authentique. Ce Magistère est vivant et perpétuel ; jusqu’à la fin des siècles, l’Église enseignera l’Évangile à toute créature. Ce Magistère authentique, vivant, est infaillible aussi par l’assistance de Celui qui l’a fondé et qui lui a promis expressément cette assistance : «Et voici : Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la consommation des siècles» (Matth. XXVIII, 20).

Le Magistère vivant et infaillible enseigne la parole de Dieu ; cette parole il nous la livre de deux manières : oralement et par écrit. Oralement, par transmission, par Tradition vivante ; il redit sans interruption ce qu’il a entendu du Seigneur : «J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis». (I Cor. XI, 23). Le fidèle qui écoute cet enseignement oral du Magistère vivant, est assuré d’entendre le Seigneur Lui-même : «Qui vous écoute, M’écoute» (Luc X, 16). Par écrit, sous l’inspiration du Saint-Esprit, l’Église nous livre aussi la parole de Dieu : c’est l’Écriture. «Ces choses ont été écrites afin que vous croyiez» (Jo. XX, 31). Tradition et Écriture sont les deux sources de la foi, où le Magistère vivant puise l’enseignement qu’il nous donne.


Ce volume n’est que le premier du Traité complet. Il étudie le Magistère et la Tradition. Un second volume sera consacré à l’Écriture et achèvera l’étude de la Règle de la Foi. Je me suis efforcé d’exposer le plus clairement possible cette notion si importante du Magistère et de la Tradition. C’est, on le sait, le point où s’est faite la rupture protestante. En rejetant l’autorité du Magistère vivant, Luther devait être fatalement entraîné à toutes les erreurs, et ses disciples, logiquement, à la négation et à l’abandon de la doctrine révélée. Un appendice notable a été ajouté sur la question intéressante du Développement du dogme. Après avoir écarté les erreurs, et dit ce qu’il n’est pas, j’ai essayé de dire précisément ce qu’il est. Le lecteur jugera si j’y ai réussi.

En ce cas, je le devrai aux conseils éclairés et aux précieux concours que m’a donnés pour ce nouveau volume le savant professeur de théologie à l’Institut catholique de Paris, le R.P. Georges Courtade, S.J. Je tiens à lui en exprimer toute ma gratitude.

Paris, 15 septembre 1931
Auguste-Alexis Goupil, S.J.
Cette seconde édition ne diffère de la première que par l’addition de numéros pour faciliter les renvois et quelques
corrections de style. Le Sigle T, employé passim pour les références, désigne le Thesaurus Doctrinæ catholicæ, du P. Cavallera, S.J. PRÉLIMINAIRES


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Message  gabrielle Sam 16 Sep 2023, 11:02 am

PRÉLIMINAIRES

1. Objet des précédents Traités. – Créatures de Dieu, nous dépendons de Lui totalement. Il est notre premier principe : c’est Lui qui nous donne l’être, l’action, la vie ; Il est aussi notre fin dernière, car seul Il est l’objet qui fait notre béatitude. Connaître cette dépendance essentielle, l’accepter librement avec tous les devoirs qui en découlent, c’est ce qui constitue la religion, relation morale de l’homme à Dieu, culte rendu par la créature au Créateur. D’où il suit que la religion naturelle sera celle qui honore Dieu conformément à Sa nature et à la nôtre, telles que nous les connaissons par les lumières de la raison. Cette religion purement naturelle n’a jamais existé. En fait, historiquement, il a plu à Dieu d’élever gratuitement l’homme à un état surnaturel et de le destiner à la vision intuitive et béatifique. Pour préparer l’homme à cette vision béatifique dans le ciel, Dieu lui révèle dès maintenant les mystères de Son essence divine (Trinité) et des rapports merveilleux qu’Il veut entretenir avec la nature humaine (Incarnation, Rédemption, etc.). Sur cette révélation est fondée la religion surnaturelle, seule vraie, seule agréée par Dieu.

Ébauchée dès l’origine du monde et confiée aux patriarches puis aux prophètes, la révélation surnaturelle a reçu toute sa perfection dans l’enseignement de Jésus-Christ, Fils de Dieu : «Après avoir à plusieurs reprises et en diverses manières parlé autrefois à nos pères par les prophètes, Dieu dans ces derniers temps nous a parlé par Son Fils qu’Il a établi héritier de toutes choses et par lequel Il a aussi créé le monde» (Heb. I, 1-2). Jésus est l’envoyé du Père, et seul Il peut nous Le révéler parfaitement, parce que seul Il Le connaît : «Personne ne connaît le Père, dit-Il Lui-même, sinon le Fils et celui à qui le Fils a voulu le révéler» (Matth. XI, 27). «Personne, dit saint Jean (I, 18) n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique qui est dans le sein du Père, c’est Lui qui L’a fait connaître». La mission du Christ, en effet, a pour objet de faire connaître aux hommes Dieu et Son Christ et la vie éternelle : «Or la vie éternelle, c’est de Vous connaître, Vous, le seul vrai Dieu, et Jésus que Vous avez envoyé comme Christ» (Jo. XVII, 3).


Mais Jésus quitte la terre. Pour continuer Son œuvre ici-bas, Il choisit douze Apôtres, à qui Il confie avec toute Sa doctrine, toute Son autorité : «Tout ce que J’ai entendu de Mon Père, Je vous l’ai fait connaître» (Jo. XV, 15). «Celui qui vous écoute, M’écoute, et celui qui vous méprise, Me méprise ; or, celui qui Me méprise, méprise Celui qui M’a envoyé» (Luc X, 16) ; écouter les Apôtres, c’est écouter Jésus et c’est écouter Dieu. L’Église est établie, avec Pierre pour fondement (Matth. XVI, 18), pour appui (Luc XXII, 32), pour pasteur (Jo. XXI, 15-17), Et quand Jésus retourne à Son Père, Il envoie Ses Apôtres «prêcher l’Évangile à toute créature, dans le monde entier» (Marc XVI, 15), leur promettant Son indéfectible assistance : «Tout pouvoir M’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations… et voici : Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde» (Matth. XXVIII, 18-20). Révélation parfaite de la Vraie Religion par le Christ, établissement de Son Église pour continuer Son oeuvre et porter à tous la bonne nouvelle du salut, c’est ce que nous avons étudié dans les deux premiers Traités de la Théologie Fondamentale (voir les deux volumes : La Vraie Religion, L’Église).

2. Objet du présent Traité. – L’Église a donc reçu l’enseignement du Christ
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Message  gabrielle Dim 17 Sep 2023, 1:13 pm

2. Objet du présent Traité
. –


L’Église a donc reçu l’enseignement du Christ et la mission de le transmettre à tous les hommes jusqu’à la fin des temps. Par quels moyens ? Le Christ les lui marque : «Allez, dit-Il, dans le monde entier ; prêchez l’Évangile à toute créature» (Marc XVI, 9). Par où nous voyons premièrement que ce que nous devons croire, c’est l’Évangile, la parole du Christ : voilà la règle constitutive de notre foi (on dit parfois règle objective, parce que la parole du Christ est l’objet que nous devons croire) ; ensuite que la voie, le canal par où nous arrive fidèlement la parole du Christ, c’est la prédication apostolique : voilà la règle directive de notre foi.

Mais cette prédication apostolique, où la trouverons-nous ? S’est-elle tue avec le dernier des Apôtres ? Évidemment non, car il est certain que Dieu veut le salut de tous les hommes, et sans la foi à la parole du Christ, il n’y a pas de salut. Où donc les hommes, à travers les âges, iront-ils chercher les paroles de la vie éternelle, celles de Jésus redites par Ses Apôtres ? Les découvriront-ils, par le moyen de discussions critiques, dans les livres et autres documents de ce genre ? ou bien, comme à l’origine, les apprendront-ils de maîtres vivants autorisés ? Nous disons que l’ordre donné par le Christ de prêcher l’Évangile dans le monde entier à toute créature, demeure et demeurera toujours agissant : «Enseignez toutes les nations… ; Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde» (Matth. XXVIII, 18-20), La prédication apostolique ne cesse pas ; le magistère vivant ne meurt pas. C’est et ce sera toujours par un enseignement vivant, par une tradition orale que l’Évangile parviendra au monde entier. Les Apôtres vivent dans leurs successeurs : leur voix parle toujours ; toujours le Christ est avec eux, les assistant et garantissant leur enseignement.

La prédication apostolique, la prédication ecclésiastique qui la continue, tel est donc le moyen voulu de Dieu pour faire connaître au monde la «parole du salut» (Act. XIII, 26). Ce trésor confié par le Christ à Ses Apôtres repose dans le coeur et la mémoire de l’Église. Des Apôtres jusqu’à nous, une Tradition ininterrompue et fidèle conserve et transmet ces vérités révélées. Une succession continue de maîtres qui enseignent et de disciples qui apprennent, se passe le vivant flambeau de la doctrine. Ce que Paul disait aux premiers chrétiens, ses disciples : «J’ai reçu du Seigneur ce que je vous ai transmis» (I Cor. XI, 23), l’Église le répète d’âge en âge : je vous transmets ce que j’ai appris du Seigneur. Le siège de l’intégrale vérité révélée, c’est aujourd’hui, comme à l’origine, la mémoire fidèle de l’Église du Christ. Elle «garde la parole de Dieu» ; ce qu’elle croit, c’est ce que nous devons croire : «Mon Dieu, je crois fermement tout ce que croit et enseigne la sainte Église parce que c’est Vous qui le lui avez révélé» (Formule de l’acte de foi).

Cette divine Église qui conserve en son coeur ...
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Message  gabrielle Lun 18 Sep 2023, 12:44 pm

Cette divine Église qui conserve en son coeur le trésor de la foi, qui a appris du Seigneur toute la vérité révélée, est aussi celle qui par l’esprit du Seigneur a compris tout le sens de la vérité révélée.

Jésus le lui a promis : «Et Moi Je prierai le Père, et Il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’Il demeure toujours avec vous ; c’est l’Esprit de vérité… Le Paraclet, l’Esprit-Saint que Mon Père enverra en Mon Nom, vous enseignera toutes choses, et vous rappellera tout ce que Je vous ai dit… Quand le Paraclet, l’Esprit de vérité sera venu, Il vous guidera, dans toute la vérité» (Jo. XIV, 16, 26 ; XVI, 13). Et pour que l’Église pût tirer «de son trésor des choses nouvelles et des choses anciennes» (Matth. XIII, 52), Jésus lui donne la possession et l’intelligence des antiques écritures : « Alors Il leur [aux Apôtres] ouvrit l’esprit pour comprendre les Écritures» (Luc XXIV, 45). Dépositaire de la vérité révélée, l’Église en est aussi l’interprète authentique : elle est la règle directive de notre foi, dont la parole de Dieu est, nous l’avons dit, la règle constitutive.

«Prêcher la parole» (II Tim. IV, 2), «être tout entier à la prière et au ministère de la parole» (Act. VI, 4), tel est le rôle des Apôtres et de leurs successeurs. Est-ce à dire que le Christ ait refusé ou interdit à Son Église le secours de l’écriture ? Assurément non : toute mémoire humaine est faillible, et la Providence qui ne prodigue point inutilement les miracles, voulait que Son Église employât, elle aussi, pour conserver le dépôt de la foi, les moyens que suggère la nature essentiellement sociable et éducable de l’homme. Après la parole, le principal moyen est l’écriture. L’Esprit-Saint a donc inspiré à l’Église des livres sacrés où s’est exprimée, du moins partiellement, la doctrine vivante au coeur des Apôtres.

Ces livres inspirés, œuvres de l’Esprit divin principalement, sont vraiment et réellement la parole de Dieu, source pure où l’Église puise pour enseigner la foi ; ils sont aussi l’oeuvre de l’Église qui les a écrits sous l’inspiration de l’Esprit ; c’est à elle qu’ils appartiennent ; c’est à elle qu’il faut en demander la parfaite intelligence.

Enfin la parole de Dieu que prêche l’Église est consignée dans des livres, des documents humains qui conservent la doctrine chrétienne, et deviennent à leur tour des témoins de cette doctrine, et un très utile secours pour le Magistère vivant. Il y reconnaît son trésor de famille et y puise ses propres richesses. Parmi ces ouvrages, les écrits des Pères de l’Église tiennent un rang à part. Sans doute ils ne sont pas, comme les Écritures, divinement inspirés, ils ne sont pas formellement la parole de Dieu ; mais ils ont été providentiellement élaborés pour le bien de la société chrétienne. Le Magistère vivant reconnaît en eux les témoins autorisés de la Tradition.

Nous pouvons maintenant définir l’objet de ce Traité...
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Message  gabrielle Mer 20 Sep 2023, 6:45 am

Nous pouvons maintenant définir l’objet de ce Traité : ce sera la vérité révélée considérée, non en elle-même et dans son contenu, mais dans sa durée parmi les hommes et son passage d’une génération à l’autre ; c’est la conservation et la transmission de la doctrine du salut, du dépôt de la foi c’est la façon dont l’Église toujours vivante réalise le vœu de Paul à son disciple Timothée : «Depositum custodi ; ô Timothée, garde le dépôt [que je t’ai confié], en évitant les discours vains et profanes et tout ce qu’oppose une science qui n’en mérite pas le nom ; quelques-uns, pour en avoir fait profession [de cette fausse science], ont erré dans la foi» (I Tim. VI, 20-21).


3. Question préalable. – Avant de chercher comment s’est conservée et transmise la doctrine du Christ, il nous faut répondre à la question préalable : Le Christ a-t-Il enseigné une doctrine ? et, à supposer qu’Il en ait enseigné une, a-t-Il voulu qu’elle se conservât et fût transmise intacte à la postérité ? Si, en effet, le Christ n’a point été un Maître de science religieuse et n’a rien révélé, s’Il n’a été qu’un homme très pieux, dont l’exemple fut sans doute remarquable, mais sans plus, notre étude n’a pas d’objet. Il n’y a pas lieu de se demander comment s’est conservé et transmis un dépôt qui n’existe pas. Et de même, si le Christ n’a pas eu l’intention d’enseigner la postérité, inutile de chercher les moyens qu’Il aurait dû prendre pour atteindre un tel but. La théologie tout entière s’évanouit, aussi bien que l’objet du Magistère et de la Tradition. Il nous faut donc d’abord vider ce débat ; nous le ferons par les deux propositions suivantes.
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Message  gabrielle Jeu 21 Sep 2023, 11:39 am

4. — A. Jésus-Christ «est venu de Dieu comme docteur» (Jo. III, 2), pour enseigner à Ses disciples une doctrine qu’ils devraient croire.

Adversaires. – On peut s’étonner qu’il y en ait. Notre énoncé parait si évidemment vrai qu’il n’y a pas lieu d’insister. De fait, pendant près de dix-huit siècles nulle contestation ne s’était élevée à ce sujet. Avec les incroyants la controverse  portait sur les titres que le Christ pouvait avoir pour réclamer notre soumission intellectuelle à Sa parole. Ainsi Jésus ayant dit aux Juifs : «L’œuvre que Dieu vous demande, c’est que vous croyiez en celui qu’Il a envoyé» ; ceux-ci répliquaient : «Quel miracle faites-Vous donc, afin que nous le voyions et que nous croyions en Vous ?» (Jo. VI, 29-30).

On ne contestait pas qu’Il réclamât la foi ; on Lui demandait d’établir Son droit à être cru. Avec les hérétiques, autre était la discussion ; il s’agissait de savoir quelle était la doctrine du Christ, quelles vérités précisément Il avait enseignées.

Et, de fait, que le Christ Se soit présenté au monde comme un Maître, un prophète ; qu’Il soit venu rendre témoignage à la vérité, apporter aux hommes une doctrine de salut inconnue jusqu’à Lui ; et qu’Il ait exigé de Ses disciples la foi à cette doctrine, est-il possible d’en douter ?

Voici cependant que vers la fin du XVIIIe siècle, Protestants piétistes et Philosophes déistes se rencontrent et s’unissent pour refuser au Christ ce rôle de docteur et ramener Sa religion à une simple morale. Sarcastique, Voltaire écrivait : «Votre Maître n’a jamais annoncé que le sacrement était le signe visible d’une chose invisible… Il dit : Aimez Dieu et votre prochain. Tenez-vous en là, misérables ergoteurs. Prêchez la morale et rien de plus» (Dict. philos. art. Morale).

J. J. Rousseau, dans la Profession de foi du Vicaire savoyard, professe avec plus d’étalage de sensibilité les mêmes théories. Au milieu du siècle dernier, Renan reprenait et vulgarisait cette idée : «Jésus n’est pas un fondateur de dogmes, un faiseur de symboles ; c’est l’initiateur du monde à un esprit nouveau… Jésus a fondé la religion absolue, n’excluant rien, ne déterminant rien, si ce n’est le sentiment… On chercherait vainement une proposition théologique dans l’Évangile. Toutes les professions de foi sont des travestissements de l’idée de Jésus» (Vie de Jésus, ch. 28). Mais c’est surtout le protestantisme libéral (c’est-à-dire incroyant), et, à sa suite, le modernisme qui ont parfait le système.

Harnack, A. Sabatier, Loisy en sont les principaux artisans. Voici le résumé de leur théorie : Jésus n’est que le prédicateur de la religion de l’esprit, l’initiateur de la vraie piété. Il n’a rien enseigné ; Il a seulement exhorté les hommes à aimer Dieu, comme des fils aiment un Père. Il s’est dit l’envoyé de Dieu, et à bon droit, parce qu’Il avait la conscience intime d’avoir trouvé Dieu en Son cœur, par l’amour, et d’avoir ouvert aux autres le même chemin. De Soi-même Jésus n’a promulgué aucun dogme. Héritier des dogmes peu nombreux de l’antique religion juive, Il ne les a pas répudiés, Il s’en est simplement servi pour revêtir Sa propre prédication. Mais ils n’ont aucune importance et peuvent être répudiés sans dommage ; ils sont dans l’Évangile la partie humaine, accessoire, caduque ; la partie divine, originale, essentielle et durable, c’est l’expérience, réalisée premièrement par Jésus, et que nous avons aussi à réaliser, l’expérience de la paternité divine. Bien plus, il y a une opposition foncière entre l’Évangile et toute dogmatique figée, rigide : la religion de l’esprit exclut les religions d’autorité. «L’Évangile, écrit A. Sabatier, n’était d’abord qu’une invitation toute morale, une expérience, une consolation proposée à chacun ; à la fin [on en a fait] une doctrine imposée» (Esquisse… l. 3, ch. 1, n. 4). Et M. Loisy : «On ne veut pas dire que Jésus ait professé un corps de doctrines… Jésus poursuivait une œuvre, non la diffusion
d’une croyance» (Évang. Synopt. Introd.).

Par le Décret Lamentabili, le Saint-Office a condamné cette fausse théorie, qu’il résume ainsi : «Le Christ n’a pas enseigné un corps déterminé de doctrine, applicable à tous les temps et à tous les hommes ; mais plutôt Il a inauguré un mouvement religieux adapté ou adaptable aux divers temps et lieux» (T. 216, b. 59).


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Message  gabrielle Ven 22 Sep 2023, 2:45 pm

A. L’Évangile de saint Jean. Sur le sujet qui nous occupe, deux conclusions s’en dégagent nettement : le Christ se présente manifestement comme docteur ; une doctrine religieuse très riche s’exprime dans tout l’Évangile.

I. Le Christ se présente manifestement comme docteur. Il est venu dans le monde afin de communiquer aux hommes la doctrine qu’Il a reçue de Son Père ; aussi exige-t-Il de Ses disciples une croyance, une foi qui n’est pas seulement une pieuse affection du cœur, mais qui comporte essentiellement une adhésion de l’esprit. Citons quelques textes :

a) Jésus est la lumière : «La lumière, la vraie, celle qui éclaire tout homme, venait en ce monde» (Jo. I, 9). «Je suis la lumière du monde… Je suis venu dans le monde comme une lumière, afin que celui qui croit en Moi ne demeure pas dans les ténèbres» (ib. VIII, 12 ; XII, 46). Jésus est «la vérité» (ib. XIV, 9) ; «la grâce et la vérité sont venues par Lui» (I, 17). Il est un témoin de Dieu : «Dieu, personne ne Le vit jamais ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, c’est Lui qui nous L’a fait connaître» (I, 18), et encore : «Moi Je dis ce que J’ai vu chez le Père» (VIII, 38), «Je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité» (XVIII, 38).

– b) Jésus a été envoyé pour annoncer aux hommes la doctrine de Son Père : «Ma doctrine n’est pas de Moi, mais de Celui qui M’a envoyé» (VII, 16). «Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu» (III, 34). «Les paroles que Vous M’avez données, Je les leur [à mes disciples] ai données» (XVII, 8 ).

à suivre

c) Il exige, en retour de Sa parole, la foi, la foi dogmatique...
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Message  gabrielle Mer 27 Sep 2023, 11:43 am

c) Il exige, en retour de sa parole, la foi, la foi dogmatique, celle qui adhère avec certitude à la parole entendue et à cause de l’autorité de celui qui parle. Nos adversaires prétendent que la foi dont parle l’Évangile est une foi-confiance, un pur mouvement du cœur. Cette prétention est insoutenable. Notons que saint Jean n’emploie pas le mot foi, La règle de la Foi 11111˚, dans son Évangile ; en revanche le mot , La règle de la Foi 22210 croire, revient près de cent fois, avec le sens complet de croire et de se confier. Ces deux significations y sont presque inséparables ; mais, s’il s’agit d’une vérité attestée, c’est l’idée de croyance qui domine ; s’il s’agit de promesse, l’idée de confiance l’emporte : c’est le sens de Jésus, s’adressant à Marthe « Ne vous ai-je pas dit que, si vous croyez, vous verrez la gloire de Dieu ? » (Jo. XI, 40). D’ailleurs, là même où l’idée de confiance apparaît en relief, la croyance est à l’arrière-plan, surtout n’est jamais exclue.

Quant à l’idée de croyance, de foi intellectuelle, nombreux sont les passages d’où elle ressort clairement. C’est ce qui a lieu toutes les fois que l’objet de la foi est la mission du Christ : « Le Père vous aime, parce que vous avez cru que je suis sorti du Père et je suis venu dans le monde » (XVI, 27 ; voir aussi i, 49-50, XVII, 8, XX, 29, 31, etc.) ; quand le motif de la foi est le témoignage du Père, la Vérité infinie : « Celui qui croit au Fils de Dieu a ce témoignage [de Dieu] en lui-même ; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, puisqu’il n’a pas cru au témoignage que Dieu a rendu à son Fils » (I Jo. v, 10) ; toutes les fois, aussi, que Jésus accomplit ses miracles en signe de la vérité de sa parole : « Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, ne me croyez pas. Mais, si je les fais, lors même que vous ne voudriez pas me croire, croyez à mes œuvres » (X, 37-38). Remarquons enfin cette expression si fréquente, « croire en Jésus ». Croire en quelqu’un, c’est accepter comme vrai ce que cette personne affirme de soi-même, car, par cette expression, on indique que la personne qui réclame la foi est-elle même l’objet de la foi ; ainsi Jésus est l’objet de son enseignement ; il atteste son origine, sa nature, sa mission ; il se présente comme le Christ, le Fils unique. Il est remarquable aussi que celle formule, croire en quelqu’un, n’est employée que de Dieu et de Jésus : « Vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi » (Jo. XIV, 1).

II. Le quatrième Évangile renferme une très riche doctrine.
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Message  gabrielle Ven 29 Sep 2023, 7:32 am

II. Le quatrième Évangile renferme une très riche doctrine. Dans le Prologue (I, 1-18), l’évangéliste nous en présente un abrégé ; au cours du livre, Jésus lui-même, dans ses discours, l’expose magnifiquement. Toute cette doctrine se rapporte à Dieu, à l’Esprit-Saint, à l’Incarnation qui est l’idée centrale du livre, à la Rédemption, aux Sacrements, à l’Église, etc. Sans doute le quatrième Évangile est aussi l’histoire du Christ, mais il en est plus encore la théologie. Il complète les Évangiles antérieurs, surtout doctrinalement. Jean a voulu nous faire participer à « ce qu’il avait entendu, ce qu’il avait vu, ce qu’il avait contemplé et touché du Verbe de vie » (I Jo. I, 1). C’est pourquoi les plus anciens Pères l’ont surnommé « le Théologien ».

à suivre

B. Les Évangiles synoptiques.
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Message  gabrielle Dim 01 Oct 2023, 7:39 am

B. Les Évangiles synoptiques. Les rationalistes ne nient pas la richesse doctrinale du quatrième Évangile ; ils nient qu’elle soit l’enseignement de Jésus. L’Évangile johannique, disent-ils, ne diffère pas seulement des Évangiles synoptiques par le ton, les nuances, la profondeur ; il s’y oppose, il est inconciliable avec eux ; le portrait qu’il a peint de Jésus, Fils de Dieu, ne ressemble point à celui que les synoptiques ont tracé de Jésus, fils de l’homme ; le Maître des paraboles n’est point le Docteur qui enseigne à Jérusalem dans le parvis du Temple. D’ailleurs, l’auteur du quatrième Évangile est un inconnu, « un croyant qui ne semble pas avoir eu le moindre souvenir personnel de ce que furent la vie, l’enseignement et la mort de Jésus ; un mystique qui exprime ses expériences ; un théologien étranger à toute préoccupation historique » (Loisy) 3 . En réalité, les Évangiles synoptiques nous amènent aux mêmes conclusions que Jean.

3 On remarquera l’audace de ces affirmations. Le lecteur en trouvera la réfutation, qui relève de la critique biblique, dans l’ouvrage de M. Lepin : L’origine du quatrième Évangile, ou dans l’Introduction du Commentaire de saint Jean, par le P. Lagrange.
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Message  gabrielle Mar 03 Oct 2023, 12:39 pm

I. Chez eux aussi, Jésus se présente et s’impose comme un Maître, comme le seul Maître : « Qu’on ne vous appelle pas non plus Maître ; car vous n’avez qu’un Maître, le Christ », (Matth. XXIII, 10 et X, 24-27, XXVI, 18) ; et c’est un Maître qui enseigne avec autorité : « Le peuple était dans l’admiration de sa doctrine. Car il enseignait comme ayant autorité et non comme leurs Scribes » (ib. VII, 28-29). C’est qu’il est l’envoyé de Dieu, un prophète, le Christ, le Fils même de Dieu (Luc x, 22). Aussi il réclame la foi (dogmatique) à sa parole : « Qui croira sera sauvé ; qui ne croira pas sera condamné » (Mc. XVI, 16). Chez les Synoptiques, comme en saint Jean, la foi est confiance et croyance ; comme chez saint Jean, l’objet de la foi est principalement ces vérités dogmatiques : que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, le Sauveur ; et le fondement de la foi, ce sont les prophéties accomplies en Jésus et les miracles opérés par lui.

II. Sans doute, chez les Synoptiques, la prédication du Christ est plus morale que dogmatique. Ces Évangiles nous font surtout connaître sa prédication en Galilée, à un peuple de paysans, de pêcheurs. Ils nous montrent Jésus dans sa vie humble, au milieu des petits qu’il instruit au moyen de proverbes, de paraboles. Jean, au contraire, nous le présente principalement dans ses entretiens avec les scribes, les lettrés, les docteurs de la loi, à Jérusalem (Jo. ch. III, V, VII-XIII). Doit-on s’étonner que le langage, les sujets traités soient bien différents ?

Il est d’ailleurs illégitime
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Message  gabrielle Sam 07 Oct 2023, 7:08 am

Il est d’ailleurs illégitime d’opposer la prédication morale de Jésus à sa prédication dogmatique ; et toutes les deux sont objet de foi. Préceptes et dogmes se tiennent : toute vérité spéculative est ordonnée à la vie morale (voir saint Paul aux Philippiens II, 5-11), et tout précepte naît d’une vérité. La morale s’appuie partout sur le dogme, et partout le dogme fleurit en morale. Il est inexact aussi de prétendre que les Synoptiques ignorent ou taisent les vérités dogmatiques. Il n’y a rien d’essentiel en saint Jean qui ne se trouve aussi chez eux : tout ce que le quatrième Évangile déclare explicitement, ils le contiennent implicitement ; la Christologie est la même chez eux et chez lui. Seulement, Jean dans le recul des années voit mieux les perspectives des mystères divins ; il a pu mieux que ses prédécesseurs méditer à loisir et pénétrer la profondeur des paroles de Jésus.

En nous les rapportant, il projette sur elles une lumière plus vive, il nous les offre richement déployées. Enfin, et ceci est caractéristique, chez les Synoptiques comme chez saint Jean, le Christ ne saurait être séparé de sa doctrine. Les mystères de sa nature, de sa mission en ce monde, se traduisent, ici et là, par sa vie, sa conduite, comme par sa parole. Chez les Synoptiques, comme chez saint Jean, le Christ se montre à nous avec la même autorité de Docteur, la même assurance de Maître de toutes choses ; il réclame même dévouement, même obéissance, même amour total pour sa personne ; il est, non pas le serviteur à la façon des anciens prophètes, mais le Fils dans la maison de son Père. C’est bien le même et unique Christ, dont ses auditeurs disaient les uns avec scandale et colère, les autres avec un étonnement soumis : « Tu te fais Dieu » (Jo. X, 24).


Concluons donc avec la plus entière certitude que le Christ est bien, comme la Tradition chrétienne l’a toujours cru inébranlablement, le révélateur des mystères divins, « te Maître venu de la part de Dieu » (Jo. III, 2), pour confier à ses Apôtres, à son Église, le dépôt total de la vérité : « Ils savent à présent que tout ce que vous m’avez donné vient de vous ; car les paroles que vous m’avez données, je les leur ai données ; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment reconnu que je suis sorti de vous, et ils ont cru que c’est vous qui m’avez envoyé » (Jo. XXII, 7-8 ).


5. — B. Le Christ veut que tous les hommes croient à sa doctrine ; il veut donc aussi que cette doctrine se conserve inaltérée et soit prêchée au monde jusqu’à la fin des temps.
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Message  gabrielle Lun 09 Oct 2023, 2:15 pm

5. — B. Le Christ veut que tous les hommes croient à sa doctrine ; il veut donc aussi que cette doctrine se conserve inaltérée et soit prêchée au monde jusqu’à la fin des temps. – Le Christ, nous l’avons montré, est venu enseigner au monde la vérité. Il veut aussi que tous les hommes se sauvent par la connaissance et la profession de cette vérité. Il veut donc nécessairement que la vérité évangélique se conserve pure et soit prêchée entière à tous les hommes jusqu’à la fin du monde. Si telle est bien la volonté du Christ, il n’a pas pu abandonner l’intégrité de son Évangile aux hasards de l’oubli et de l’erreur ; il a pris les moyens propres à la conservation et à la transmission de la vérité. Il est donc légitime de chercher à connaître ces moyens, cette règle de la foi, ces canaux qui, du Christ jusqu’à nous, amènent les eaux pures de la révélation.

Adversaires. Ce ne sont pas les premiers réformateurs du XVIe siècle, ni leurs disciples fidèles, les protestants orthodoxes. Ils admettent comme nous la nécessité d’accepter intégralement le pur Évangile. Ce ne sont pas non plus les rationalistes, ni les protestants libéraux ; ceux-ci nient radicalement que Jésus ait jamais songé à perpétuer sa mission. Le Christ, pensent-ils, partageait l’exclusivisme juif et ne s’est point préoccupé du salut des Gentils ; d’autre part, il croyait la fin du monde prochaine et n’a pu penser à faire durer sa prédication 4. Notre démonstration est dirigée contre ces nombreux protestants, partisans d’une orthodoxie mitigée, entre la stricte doctrine de Luther et de Calvin et le rationalisme destructeur : Latitudinaristes de toutes nuances, trop souvent voisins de l’indifférentisme. Voici leur position : Il n’importe pas au salut de s’attacher à telle ou telle confession : toutes sont également vraies, ou également fausses ; aucune n’a conservé, ni ne pouvait conserver intacte la doctrine du Christ. Qu’a-t-il, d’ailleurs, lui-même exactement pensé et voulu ; on peut là-dessus se former une opinion, non une certitude. Soyons chrétiens, cela suffit. Distinguons dans l’Évangile les vérités fondamentales des vérités accessoires ; tenons fermement les premières, et nous serons sauvés. On reconnaît la théorie des Articles fondamentaux, chère à Jurieu 5.


Malheureusement, jamais les Synodes nationaux des divers pays protestants n’ont pu s’entendre ni sur l’objet, ni sur le nombre de ces articles fondamentaux ! John Wesley, fondateur des Méthodistes, n’en admet plus qu’un : la justification et le salut par le Christ : «  les autres dogmes, dit-il, vrais ou faux, sont sans importance ». Kattenbusch renchérit : il n’est pas même nécessaire qu’on s’entende sur les idées, pourvu qu’on use des mêmes mots. Auguste Sabatier pousse jusqu’aux extrêmes, et estime qu’on peut être chrétien et sauvé sans confesser Jésus personnellement, sans même croire en Dieu, au sens traditionnel du mot ! C’est l’effondrement de
toute croyance.

4 Voir la réfutation de ces erreurs dans L’Église, nn. 6 et 45.
5 Voir L’Église, n. 19.

Preuve. Le Christ ordonne expressément que son Évangile soit prêché etc
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Message  gabrielle Sam 14 Oct 2023, 12:04 pm

Preuve. Le Christ ordonne expressément que son Évangile soit prêché à toutes les notions jusqu’à la fin du monde et il exige, sous peine de condamnation, que tout homme écoute et reçoive avec foi ses paroles : « Allez par tout le monde, et prêchez l’Évangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, McXVI, 13-16 voir aussi Matth. XXVIII, 18-20). Mais, l’Évangile que Jésus ordonne ainsi de prêcher et de croire, c’est son Évangile intégral, c’est, sans aucune altération ni diminution, toute la doctrine qu’il a révélée. C’est cela  précisément que nos adversaires refusent d’admettre, s’adjugeant le droit de choisir les vérités qu’ils croiront. Montrons donc que l’idée même d’un choix est arbitraire et contraire à la volonté du Christ.

Rien, en effet, n’est plus étranger à son enseignement que cette prétendue distinction entre vérités fondamentales qu’il faut croire et vérités accessoires, qu’il serait loisible de rejeter. Le protestant invoque l’Écriture comme unique règle de sa foi : où donc dans l’Écriture trouvera-t-il rien qui autorise une telle distinction ? Nous pouvons même dire qu’a priori elle est inacceptable en pareille matière. En effet, qu’un homme se présente comme un Maître dans les questions les plus graves ; que ce Maître soit, non un homme seulement, mais encore un Dieu ; qu’il se soit incarné pour apprendre aux hommes la voie et les moyens du salut éternel ; n’est-il pas évident que Celui-là veut être cru dans tout son enseignement, veut que ses disciples écoutent et retiennent scrupuleusement toute sa doctrine ? Ou bien serait-ce que ce Maître divin enseigne, au moins parfois, des doctrines sans valeur et sans intérêt ; ou encore, qu’il ne s’inquiète pas que ses envoyés les taisent et que ses auditeurs en fassent fi ? Invraisemblable a priori, ce choix prétendu loisible entre les vérités évangéliques est de plus positivement écarté par les déclarations du Christ. Avec une insistance remarquable, Jésus répète qu’il faut « écouter ses paroles, et les observer » (Matth. VII, 21) ; que c’est être insensé que « d’entendre ses paroles et ne pas les mettre en pratique » (ib. VII, 26). Maintes fois, après qu’il a parlé, il redit l’adjuration solennelle : « Que celui qui a des oreilles pour entendre, entende ! » (ib. XI, 15, XIII, 9 ; Mc. IV, 23) Il affirme que « le ciel et la terre passeront, mais [ses] paroles ne passeront point » (Matth.XXIV, 35). Il veut que ses disciples transmettent au monde tout ce qu’il leur a appris : « Allez donc, enseignez toutes les nations… leur apprenant à garder tout ce que je vous ai commandé » (ib. XXVIII, 19-20). Si sa doctrine est sacrée, c’est qu’elle vient de Dieu : « Je n’ai point parlé de moi-même ; mais le Père qui m’a envoyé m’a prescrit lui-même ce que je dois dire et ce que je dois enseigner… Les choses que je dis, je les dis comme mon Père me les a enseignées » (Jo. XII, 49-50) ; et encore : « Tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître » (ib XV, 15). Et comme Jésus est le messager et l’écho du Père, ainsi l’Esprit-Saint sera près des disciples le remplaçant et l’écho du Fils : « L’Esprit-Saint que le Père enverra en mon nom vous rappellera tout ce que je vous ai dit… Car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu » (Jo. XIV, 26, XVI, 13).

Soutenir, après de telles déclarations, que le Christ a voulu laisser à ses disciples le choix entre « les paroles » qu’ils écouteront et celles auxquelles ils fermeront l’oreille ; que s’il nous apprend tout ce qu’il a appris de son Père, à nous il sera permis de n’en apprendre et de n’en retenir qu’une partie ; n’est-ce pas se moquer, du moins « n’avoir pas d’oreilles pour entendre » ? Nous pouvons donc conclure avec certitude : Le Christ a voulu expressément que sa doctrine fût pour tous les hommes jusqu’à la fin des temps le moyen de salut par la foi. Il a voulu, en conséquence, qu’elle fût intégralement conservée, et prêchée sans altération à tous. D’où il suit nécessairement qu’il a institué les moyens propres à assurer cette parfaite conservation et transmission.

6. Division du Traité. — Le Traité de LA RÈGLE DE LA FOI comprend trois parties. Le Magistère vivant, La Tradition, L'Écriture. Les deux premières seront étudiées dans le présent volume; la troisième, dans le volume suivant. Ici donc deux parties : I. Le Magistère vivant, règle immédiate de la foi. — II. La Tradition, la parole de Dieu consignée dans les livres humains, à la différence de l'Écriture qui est la parole de Dieu écrite sous l'inspiration du Saint-Esprit.

Dans un appendice, nous étudierons l'importante question du Développement du dogme.



à venir

Le Magistère Vivant


Dernière édition par Louis le Lun 19 Fév 2024, 5:01 pm, édité 1 fois (Raison : Ajout du 6.)
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Message  gabrielle Lun 16 Oct 2023, 11:56 am



PPREMIÈRE PARTIE

LE MAGISTÈRE VIVANT

Division du sujet Nous établirons : 1º l'existence du Magistère vivant authentique; 2º la nécessité de ce Magistère; 3º son infaillibilité; 4º comment il s'exerce de façon ordinaire et extraordinaire; 5º enfin quel est son objet.

Chapitre premier

Existence du Magistère vivant authentique.

7. Le Christ a institué en la personne de ses Apôtres un Magistère vivant authentique.


Position de la question.
La règle objective ou constitutive de notre foi (n. 2) est la parole de Dieu ; je dois croire ce que Dieu a dit. Mais comment saurai-je ce qu’il a dit ? Comment savoir, par exemple, s’il a révélé la transsubstantiation, le caractère sacramentel du mariage, etc. ? Y a-t-il une règle qui gouverne et dirige immédiatement la foi ? Telle est la question. À cette question le catholique répond : le premier et principal moyen de connaître la vérité révélée, c’est d’écouter le Magistère vivant, institué par le Christ. À ce Magistère public les particuliers, les fidèles doivent une nécessaire obéissance comme à la règle directive de la foi. – Non, réplique le protestant : la vérité révélée est conservée uniquement dans l’Écriture, et la règle directive de la foi est le jugement privé du fidèle qui lit l’Écriture sous la lumière de l’Esprit-Saint. On voit l’opposition radicale de ces deux conceptions : d’une part, une religion sociale, soumise à l’autorité ; d’autre part, l’individualisme et l’indépendance, l’autonomie religieuse de chaque fidèle. Non pas que le protestant rejette l’autorité de Dieu, mais il ne reconnaît aucune autorité extérieure, publique, communiquée par Dieu à des hommes : « Je pourrais, comme protestant, écrit Vinet, avoir des opinions catholiques, et qui sait si je n’en ai pas ? Ce que je repousse absolument, c’est l’autorité. »

A. Sabatier, qui cite ces paroles (Relig. d’aut., p. 442), les loue vivement. « Si l’on nous objecte, dit aussi Harnack : Vous êtes divisés ; autant de têtes, autant d’avis ; nous répondons : c’est vrai. Mais nous ne désirons pas qu’il en soit autrement. Au contraire, nous désirons encore plus de liberté, plus d’individualisme dans la croyance et son expression » ( Essence du christian., p. 328) 6 . Tous fidèles au principe du libre examen, les protestants ne l’entendent cependant pas tous de la même manière : anciens et modernes diffèrent beaucoup sur ce point. Voyons leurs systèmes, puis ceux
des modernistes.

6 Voir aussi l’article Réforme par Cl. Bouvier, dans le Dict. Apol. de la Foi chrétienne, col. 801-804.

Théories protestantes.


Dernière édition par Louis le Mar 30 Avr 2024, 7:00 am, édité 2 fois (Raison : Ajout en haut de; insertion du lien (n. 2))
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Message  gabrielle Ven 20 Oct 2023, 11:17 am

Théories protestantes. 1° Les protestants anciens, orthodoxes, admettent le surnaturel, avec une tendance à l’illuminisme. Dieu, disent-ils, veille à la conservation de la vérité révélée par deux moyens qui se complètent : l’un, hors de nous, ce sont les Livres inspirés ; l’autre, en nous, dans notre cœur, c’est le témoignage de l’Esprit. Quant à l’Écriture et à son origine divine, elle est à elle-même sa preuve : « Touchant ce qu’ils [les catholiques] interrogent, comment nous connaîtrons que l’Écriture est sortie de Dieu, si nous n’avons notre recours au décret de l’Église : autant vaut comme si aucun s’enquérait dont nous apprendrons à discerner la lumière des ténèbres, le blanc du noir, l’aigre du doux. Car l’Écriture ne montre pas moindre évidence de sa vérité, que les choses blanches ou noires, de leur couleur, les choses rances ou amères, de leur  saveur » (Calvin, Instit. chrét., I, 7). L’Esprit-Saint avertit par un goût intérieur le fidèle qui lit la Bible, que c’est bien la parole de Dieu et il lui en donne l’intelligence. Chaque fidèle est donc un juge infaillible de la vérité révélée : « Tout protestant [est] pape, une Bible à la main » (Boileau, Sat. 42) ; plus encore, il est un lecteur inspiré. Ainsi le protestant reconnaît une sorte de Magistère extérieur, mais non vivant, c’est l’Écriture, et une lumière intérieure surnaturelle, par où il juge du sens de l’Écriture. « Pour moi, écrit Luther, contre tout ce que peuvent dire les Pères, les hommes, les anges et les démons, j’établis [pour règle] non la Tradition ni le consentement universel, mais la parole de l’unique et éternelle majesté, l’Évangile. C’est la parole de Dieu, non la nôtre. Telle est ma position, mon siège, ma demeure, ma gloire, mon triomphe ; c’est là où je brave les Papistes, les Thomistes, les Henricistes et tous les Sophistes » (Contre le roi Henri VIII). Et voici pour le rôle intérieur de l’Esprit : « Il faut qu’en toi-même, dans ta conscience tu ressentes le Christ. Tant que tu n’auras pas eu cette expérience intime, tu n’auras pas goûté la parole » (Luther, lettre à Spalatin). Melanchton dit aussi : « L’interprétation [de l’Écriture] n’est pas liée à une autorité ; c’est un don des âmes pieuses. » Et Zwingle : « Je suis sûr que Dieu m’enseigne, car je l’ai senti. J’ai commencé à me donner tout entier à l’Écriture, à demander à Dieu sa lumière, et l’Écriture a commencé à me devenir bien plus claire. Maintenant je suis sûr que la pensée de Dieu est bien celle que j’ai comprise. »

à venir les protestants modernes et les modernistes
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Message  gabrielle Dim 22 Oct 2023, 2:49 pm

2° Les protestants modernes, même conservateurs, ont plutôt une tendance au naturalisme, sinon au rationalisme. Ils ne tiennent même pas toujours que l’Écriture soit inspirée. Dieu, pensent-ils, n’a point pourvu à la conservation durable de la vérité révélée. Jésus-Christ n’a établi pour cela aucun moyen. Il a prêché, il a fait des disciples auxquels il a inspiré l’amour de Dieu et du prochain, avec un zèle ardent pour continuer son œuvre de salut. Pour que son Évangile ne pérît pas il s’est confié à la Providence générale. C’est par l’étude des documents que nous pouvons connaître la prédication de Jésus, exactement comme nous connaissons la doctrine du Bouddha ou de Socrate. Les fidèles, surtout les doctes, n’ont donc à obéir qu’aux lois de la critique historique, nullement à une autorité religieuse. En ces matières leur indépendance est absolue.


Théories modernistes.
Les modernistes avouent que, la religion étant chose essentiellement sociale, les fidèles doivent reconnaître l’autorité doctrinale de l’Église. Ceux-ci toutefois ont le droit, d’après Tyrrell, quand le bien commun de la religion le réclame, d’en appeler des décisions du Magistère à l’Esprit-Saint qui vit en nous. Pour Loisy, le Magistère de l’Église n’a été ni institué, ni voulu, ni même prévu par le Christ. On peut dire cependant qu’il procède de lui, parce qu’il est sorti par évolution des germes répandus par le Christ.

Doctrine catholique. Elle affirme que le Christ a voulu dans son Église des maîtres qui enseignent et des fidèles qui sont enseignés ; des maîtres qui ont reçu la charge et le pouvoir de parler en son nom, et des fidèles qui ont le devoir de les écouter. Il n’appartient donc pas aux fidèles de chercher à leur guise les dogmes dans l’Écriture, ni de décider quelles sont les vérités à croire : doctes et ignorants, les fidèles, qui sont l’Église enseignée, reçoivent par le Magistère authentique, qui est l’Église enseignante, toute la vérité révélée.

à suivre: Explication des termes.
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Message  gabrielle Mar 24 Oct 2023, 2:27 pm

Explication des termes. Nous disons un Magistère : a) institué sciemment et expressément par le Christ, et non pas, comme le prétendent les modernistes, surgi en dehors de ses prévisions et de ses intentions ; b) vivant, c’est-à-dire qui demeure toujours dans des maîtres vivants et s’exprime par leur bouche, et non pas ce Magistère, divin sans doute mais mort, que les protestants cherchent dans l’Écriture ; c) authentique 7, c’est-à-dire divinement autorisé pour exiger la foi, et non pas ce Magistère, vivant sans doute mais sans autorité, que les protestants attribuent à leurs pasteurs et qui demeure soumis au libre examen de chaque fidèle. Le rôle du Magistère est donc un rôle de héraut ou de témoin qui redit fidèlement le message dont il a été chargé ; mais c’est aussi un rôle de gardien et d’interprète des vérités révélées, de juge enfin pour trancher les
controverses.

Certes, nous ne nions pas qu’on puisse aussi par l’étude privée de l’Écriture arriver à la connaissance de la vérité révélée. Mais nous disons que cette voie n’est pas toujours aisée ni ouverte à tous, encore moins obligatoire, en tout cas pas suffisamment sûre, quelle que soit la science de l’exégète. Nous disons encore que cette étude exégétique, pour ne point s’égarer, doit se faire sous la direction de l’Église ; qu’aucun fidèle n’est dispensé par sa science personnelle de la loi de recevoir la vérité révélée par l’organe du Magistère qu’a institué le Christ. Pour tous, la prédication de l’Église demeure la règle directive de la foi.

Note théologique de la proposition. C’est un dogme de foi : « La doctrine de la foi, dit le Concile du Vatican, révélée par Dieu, a été confiée à [l’Église], épouse du Christ, comme un dépôt divin, pour qu’elle le garde fidèlement et l’explique infailliblement » (De fide, ch. 4). Et encore : « Il faut croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, Écriture et Tradition, et que l’Église, soit par un jugement solennel, soit par le Magistère ordinaire et universel, propose à notre croyance comme divinement révélé » (ib. ch. 3). On peut même dire que ce dogme est fondamental, car sa négation consciente et délibérée est l’essence même de l’hérésie. Qui rejette l’autorité du Magistère fera « naufrage dans la foi ».

7 Dérivé d’un substantif grec dont le sens est « qui agit de soi-même », donc qui est maître absolu, qui agit avec autorité, l’adjectif authentique désigne la qualité de ce qui a pouvoir absolu, qui fait autorité, qui fait loi, par exemple une pièce, dont la certitude est garantie par un acte officiel. On a ensuite appelé « un authentique » cette pièce originale elle-même, et désigné par le mot authenticité le caractère d’un écrit qui appartient bien à l’auteur auquel on l’attribue ; par exemple : l’authenticité de l’Évangile de saint Jean

Preuve. Il y en aura deux : l’une indirecte et implicite ; l’autre expresse et directe.
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Message  gabrielle Mer 25 Oct 2023, 12:51 pm

Preuve. Il y en aura deux : l’une indirecte et implicite ; l’autre expresse et directe.


Preuve indirecte. Le Christ a institué l’Église pour continuer son oeuvre ici-bas ; or, cette
oeuvre était « de rendre témoignage à la vérité » (Jo. XVIII, 37), et d’apporter aux hommes la
doctrine du salut (ib. XVII, 3) ; il a donc évidemment donné à ses Apôtres et l’ordre et les moyens
d’enseigner authentiquement sa doctrine. Le Christ a fondé une Église hiérarchique, institué des pasteurs chargés de la gouverner. Nous pouvons donc conclure légitimement que ces pasteurs, chargés de gouverner, sont aussi des docteurs, chargés d’enseigner, ou mieux sont docteurs parce que pasteurs. Pourquoi, en effet, le Christ a-t-il donné aux Apôtres le pouvoir de gouverner les fidèles, sinon pour les conduire à la vie éternelle ? et n’est-ce pas premièrement en leur enseignant la doctrine du Christ qu’ils les conduisent au salut ? Il faut donc un pouvoir de Magistère à l’Église pour remplir sa mission.

Preuve directe. Nous la prenons de la conduite du Christ envers ses Apôtres, pendant sa vie publique et après sa résurrection.

a) Pendant sa vie publique, le Christ prépare ses Apôtres au rôle de docteur qu’il veut leur confier. Non seulement il les instruit avec la foule, mais encore en particulier : il les réunit en, un groupe distinct, qui pour lui a tout quitté (Matth. XIX, 27), et à qui il donne une formation spéciale : « À vous il a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux » (ib. XIII, 11) ; à eux seuls il explique les paraboles (ib.XIII, 18, 37, XV, 15) ; à eux seuls il annonce sa passion, sa mort, sa résurrection (Mc. IX, 8-12 ; Luc IX, 18-22). Il provoque leurs questions ; les loue, quand ils ont compris ; il leur reproche au contraire leur inintelligence (Matth. XIII, 51, XV, 16). Il leur déclare qu’il ne leur a rien caché de sa doctrine, qui est celle de son Père (Jo. xv, 15). Il les envoie faire un premier essai de prédication apostolique (Matth. x ; Mc. VI ; Luc IX). Il leur fait entrevoir leur rôle auprès des nations à évangéliser : ils sont la lumière du monde, le sel de la terre ; ils sont les scribes, c’est-à-dire les docteurs, du royaume des cieux « qui tirent de leur trésor l’ancien et le nouveau » (Matth. XIII, 52) ; ils sont les nouveaux prophètes, et c’est pourquoi ils seront persécutés (Matth. XXIII, 34) ; mais par eux l’Évangile sera prêché au monde et beaucoup croiront en Jésus : « Je ne prie pas seulement pour eux, mais aussi pour ceux qui par leur prédication croiront en moi » (Jo. XVII, 20).


b) Après sa résurrection,
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Message  gabrielle Ven 27 Oct 2023, 12:31 pm

b) Après sa résurrection, le Christ confère à ses Apôtres la mission d’enseigner toute sa doctrine au monde. Nous invoquons principalement ici le texte célèbre de saint Matthieu, XXVIII, 18-20 : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, etc.… » De ce passage Bossuet a pu dire justement : « Tout consiste à bien comprendre six lignes de l’Évangile » (Première Instr. sur les promesses à l’Église, n. 51). Mais il faut aussi de ce texte rapprocher d’autres paroles semblables : Mc. XVI, 15-16 ; Luc XXIV, 48-49 et Act. I, 8 ; Jo. XIV, 16-17, XV, 13. Notons que l’authenticité du passage de saint Matthieu est certaine, garantie par tous les manuscrits, toutes les versions antiques ; aussi les éditions critiques le donnent intégralement. Mais il est si gênant pour nos adversaires qu’ils ont tout tenté pour l’écarter 8 ; les uns niant la valeur historique du texte, les autres chicanant sur le sens. Établissons-le donc clairement, puisque la valeur historique ne peut être niée sérieusement.

Jésus s’adresse au Collège apostolique seul, « aux Onze » (Matth. XXVIIIi, 16 ; Mc. XVI, 14  ; Actes I, 2) ; il leur ordonne « de faire disciples par l’enseignement », La règle de la Foi Goupil10, toutes les nations, leur apprenant, La règle de la Foi Goupil11˚, à observer tout ce qu’il leur a commandé. C’est dire qu’il donne aux Apôtres le pouvoir de commander eux-mêmes l’assentiment et l’obéissance. Ils sont donc des témoins authentiques (Luc XXIV, 48), dont la parole fait autorité. Envoyés par le Christ, ils ont son pouvoir même ; il le leur dit expressément : « Tout pouvoir m’a été donné… Allez donc, enseignez… », c’est-à-dire, évidemment, avec ce même pouvoir que j’ai reçu d’en haut, et que je vous communique. Enfin, le Christ affirme qu’il sera présent jusqu’à la fin des temps avec ses Apôtres enseignant, baptisant, gouvernant. Aussi « qui croira sera sauvé, qui ne croira pas sera condamné ».

8 Voir l’exposé et la réfutation de ces objections dans le tome I des Sacrements ³, Le Baptême, n. 76.


Le Christ a voulu que le Magistère vivant institué par lui fût perpétuel en son Église.
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Message  gabrielle Mar 31 Oct 2023, 12:02 pm

8. Le Christ a voulu que le Magistère vivant institué par lui fût perpétuel en son Église.

Adversaires. Parmi les premiers protestants, il y en eut qui admettaient que le Christ avait conféré à ses Apôtres ce Magistère authentique. Mais, disaient-ils, c’était là une prérogative personnelle, non transmissible, et qui a disparu avec eux (voir par exemple, Neander, Hist. des dogmes, I, 76).

Nous disons au contraire que le Magistère institué par le Christ dans son Église est par nature perpétuel, que les Apôtres qui ont reçu la charge et le pouvoir d’enseigner, les ont transmis à leurs légitimes successeurs, qui font avec eux une même personne juridique. Il faut en effet distinguer chez les Apôtres une double fonction : l’une de fondateurs, elle est personnelle, extraordinaire, non transmissible ; l’autre de pasteurs et de docteurs, elle est ordinaire, transmissible. Comme fondateurs, ils peuvent recevoir de Dieu jusqu’à leur mort de nouvelles révélations qui appartiennent au trésor de la foi (Jo. XVI, 12-15 ; Apoc. I, 1-3, XXII, 18-19) ; leurs successeurs ne le peuvent pas. Comme docteurs, ils gardent et expliquent la révélation ; leurs successeurs le font aussi.

Preuves. L’Écriture. Le Christ veut que le Magistère institué par lui dans son Église dure aussi longtemps qu’il assistera cette Église dans son enseignement ; or il dit expressément qu’il l’assistera jusqu’à la fin des temps (Matth. XXVIII, 20). Le Christ veut évidemment que le Magistère dure aussi longtemps qu’il veut que les hommes soient enseignés. Or, il veut que les hommes soient enseignés jusqu’à la fin des temps : « Prêchez l’Évangile dans le monde entier, à toute créature » (Mc.), « à toutes les nations… jusqu’aux extrémités de la terre » (Matth., Luc).

La raison théologique. L’Église est indéfectible (Matth. XV, 18) ; donc aussi tout ce qui appartient à sa constitution divine. Or, le Magistère fait partie essentiellement de la constitution de l’Église (Matth. XXVIII, 19) ; il ne peut donc périr, pas plus que l’Église même.

9. L’institution divine du Magistère est confirmée par le témoignage de l’Église primitive et des Pères.
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Message  gabrielle Lun 06 Nov 2023, 11:16 am

9. L’institution divine du Magistère est confirmée par le témoignage de l’Église primitive et des Pères.

A. Le témoignage de l’Église primitive. Ce témoignage s’exprime de deux manières : pratiquement dans la conduite même des Apôtres, et théoriquement dans leurs déclarations,

1. La conduite des Apôtres. Ils exercent, en effet, manifestement cette autorité doctrinale. Aussitôt après avoir reçu l’effusion de l’Esprit-Saint à la Pentecôte, ils prêchent Jésus avec autorité, et, malgré les menaces, lui rendent un témoignage assuré « Nous vous avons expressément défendu, leur dit le grand-prêtre, d’enseigner ce nom-là ; et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine… Pierre et les Apôtres répondirent : On doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus que vous avez fait mourir… Nous sommes ses témoins pour ces choses [c’est-à-dire prêcher en son nom le salut] » (Act. v, 28-32) Sans doute, dans ce témoignage qu’ils rendent à Jésus, ils ont des collaborateurs : Étienne, Philippe, Barnabé, etc., mais les Apôtres demeurent les Maîtres et Docteurs principaux, et il faut enseigner en union avec eux. Paul lui-même soumet sa prédication à l’approbation de l’Église « de peur de courir ou d’avoir couru en vain » (Gal. II, 2). Les Apôtres tiennent si bien la place du Seigneur, que la doctrine de la foi, c’est « la parole, la prédication des Apôtres » (Act. II, 41-42) ; et cette prédication a force de loi, c’est « le commandement du Seigneur et Sauveur enseigné par vos Apôtres » (II Pet. III, 2) ; « Souviens-toi donc de l’enseignement que tu as reçu et entendu ; garde-le » (Apoc. III, 3). « Pour vous, que ce que vous avez entendu dès le commencement demeure en vous » (I Jo. II, 24). S’il s’élève des doutes, ce sont les Apôtres qui les éclaircissent (I Cor. VII-XII ; II Pet. III, 3-11) ; ce sont eux aussi qui solennellement tranchent les controverses (Act. XV). Ils excommunient les hérétiques (I Jo. II, 24 ; II Cor. XIII ; Gal. I, 8-9), les pécheurs (1 Cor. v, 3-5), et les réconcilient (II Cor. II, 5-11). Et, ce pouvoir, ils proclament qu’ils le tiennent de Dieu seul, et que c’est à lui seul qu’ils en rendront compte (I Cor. IV, 1-5). Enfin ils se choisissent des successeurs qu’ils établissent partout pour continuer leur œuvre (Act. XIV, 22, xx, 28-30 ; Épîtres à Tim. et à Tite).

Ainsi comme le Christ est l’envoyé de Dieu pour enseigner toute vérité, les Apôtres sont les envoyés du Christ pour ce même rôle. « J’ai été établi, dit Paul, prédicateur et Apôtre, docteur des nations dans la foi et la vérité » (I Tim. II, 7) ; et les évêques avec les prêtres continuent cette mission : « Les enseignements que tu as reçus de moi en présence de nombreux témoins, écrit le même Paul à soit disciple, confie-les à des hommes sûrs, qui soient capables d’en instruire d’autres » (II Tim. I, 2 ; voir encore ib. IV, 1-5 ; Heb. XIII, 7 ; I Pet. v, 1-4 ; II Pet. I, 12-13, etc.).

2. Les déclarations expresses des Apôtres. C’est Paul surtout que nous entendrons ici, parce que lui surtout, dans ses Lettres, a eu l’occasion de rappeler cette vérité fondamentale du rôle du Magistère ; mais les autres Apôtres parlent comme lui. Qu’il s’agisse en effet de l’apostolat lui-même ou de la foi prêchée par l’Apôtre, la notion d’un Magistère divinement institué est nettement inculquée :

a) L’apostolat. L’Apôtre est un maître institué par Dieu et délégué par le Christ à sa place : « Celui qui vous reçoit, me reçoit et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé » (Matth. x, 40 ; tout le chapitre expose la mission des disciples). L’élection de Matthias, qui remplace Judas (Act. I, 24), la vocation de Paul (Act. IX, 5, 15, XIII, 2), soulignent clairement cette délégation divine, que Paul formule en ces termes : « Paul, Apôtre, non de la part des hommes, ni par l’intermédiaire des hommes, mais par Jésus-Christ et Dieu le Père » (Gal. I, 1). Or, le principal ministère de l’Apôtre, c’est de prêcher la vérité : « Il ne convient pas, dit Pierre aux chrétiens de Jérusalem, que nous laissions la parole de Dieu, pour servir aux tables ». Les Diacres seront chargés de ces soins matériels, et « nous, nous serons tout entiers à la prière et au ministère de la parole » (Act. VI, 2, 4). Et Paul : « Je n’attache aucun prix à la vie, pourvu que j’accomplisse le ministère que j’ai reçu du Seigneur Jésus d’annoncer la bonne nouvelle de la grâce de Dieu » (ib. xx, 24 ; voir XXVIII, 31). L’Apôtre n’a pas même le droit de taire la vérité chrétienne : « Nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu » (Act. IV, 20). Paul dit de même : « Malheur à moi, si je n’annonce pas l’Évangile ! » (I Cor. IX, 16). Les textes de ce genre sont innombrables.

b) La foi.
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Message  gabrielle Mer 08 Nov 2023, 10:52 am

b) La foi. Elle doit être reçue des maîtres institués par Dieu. Le fidèle, en effet, adhère à la parole de Dieu qui lui est déclarée par le ministre de Dieu : « Ayant reçu la divine parole que nous avons fait entendre, vous l’avez reçue, non comme une parole des hommes, mais, ainsi qu’elle l’est véritablement, comme une parole de Dieu » (I Thess. II, 13). La foi n’est donc pas une sorte d’intuition, c’est l’adhésion à un témoignage divin, présenté au croyant par un témoignage humain autorisé divinement : « Comment, demande Paul, croira-t-on en celui dont on n’a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler, s’il n’y a pas de prédicateur ? Et comment y aura-t-il des prédicateurs, s’ils ne sont pas envoyés ?… Ainsi la foi vient de la prédication entendue, et la prédication se fait par la parole de Dieu » (Rom. x, 14-18). S’il y a action de l’Esprit de Dieu sur le croyant, c’est principalement pour le rendre attentif à la prédication : « Le Seigneur ouvrit le cœur [de Lydie] pour qu’elle fût attentive à ce que disait Paul » (Act. XVI, 14). Ainsi, de toutes façons ressort nettement du témoignage de l’Église des Apôtres que le Magistère vivant authentique est le moyen divinement institué pour transmettre la doctrine du Christ.

10. — B. Le témoignage des Pères
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Message  gabrielle Sam 11 Nov 2023, 1:21 pm

10. — B. Le témoignage des Pères. Comme les textes sont innombrables, nous en choisissons quelques-uns seulement, et parmi les plus anciens, parce que leur antiquité même les rend plus saisissants.

Saint Clément Ier,
pape, non seulement intervient avec autorité dans les difficultés de l’Église de Corinthe, mais encore il fait la théorie de cette autorité doctrinale des Apôtres et de leurs successeurs : « Ainsi, ayant reçu ce mandat, les Apôtres s’en allèrent annoncer la venue du royaume de Dieu. Prêchant la parole dans les divers pays et villes, ils constituèrent des évêques et des diacres pour ceux qui croiraient… Les Apôtres savaient en effet par le Christ que des disputes s’élèveraient à ce sujet. Ainsi avertis, ils établirent des évêques, et ordonnèrent qu’on eût soin, ceux-ci venant à mourir, de leur donner des hommes éprouvés comme successeurs dans leur ministère » (Act II, 42-44.)

Saint Ignace d’Antioche († 107), pendant son voyage vers Rome, écrit aux Églises où il s’est arrêté dans sa route, et leur recommande avec instance la soumission à l’Évêque, à cette fin surtout que la foi demeure inaltérée. Ces sept lettres admirables sont un des plus précieux documents de la littérature chrétienne ; aussi nos adversaires se sont-ils acharnés à en ruiner l’authenticité. Mais les travaux de Lightfoot et de Funk ont montré avec évidence que cette authenticité est incontestable. Sur le sujet qui nous occupe ; le Magistère divin de l’Église, le témoignage de ces Lettres est si net que Lightfoot a pu écrire : « La hiérarchie est recommandée par lui [Ignace], presque uniquement comme une sûreté pour la pureté de la doctrine. L’unité du corps ecclésiastique est une garantie de l’unité de la foi. Le triple ordre ministériel [évêques, prêtres, diacres] était l’écorce qui protégeait le précieux noyau de la vérité. » Citons quelques passages : « Ayez soin d’être fermes dans les vérités du Christ et des Apôtres, par la foi et l’amour, dans le Père et le Fils et l’Esprit avec votre très digne évêque »(Ad Magn. 13). « Gardez-vous des hérétiques ; vous y arriverez si vous ne vous séparez pas de Jésus-Christ Dieu, ni de l’évêque, ni des leçons des Apôtres » (Ad Trall, 7). « Fils de la lumière de vérité, fuyez les doctrines perverses. Brebis, suivez votre pasteur ; abstenez-vous des pâturages mauvais [les hérésies]. Qui est avec Jésus-Christ, est avec l’évêque » (Ad PhiladI II, 3).

Hégésippe (vers l’an 180) voyage pour recueillir les listes épiscopales, « les successions épiscopales » ; il note que partout il trouve la même doctrine (cité par Eusèbe, Hist. Eccl., 4, 22).


Saint Irénée, évêque de Lyon, disciple de saint Polycarpe qui l’était de saint Jean, a écrit tout un traité, Adversus hæreses, où il combat les hérétiques en leur opposant le Magistère ecclésiastique
(écrit en 181-189) : Où faut-il chercher la vérité ? Dans l’enseignement des pasteurs actuels de l’Église : légitimes successeurs des Apôtres, ils ont reçu d’eux le dépôt de la Tradition et le conservent. Quiconque méprise cet enseignement est hérétique. Quant à l’Écriture, c’est du Magistère qu’il la faut recevoir, avec lui qu’il faut la lire : « Il faut lire l’Écriture sous la direction des prêtres, successeurs des Apôtres… C’est par la succession des évêques que nous est parvenu, fidèlement gardé, l’usage parfait des Écritures, sans addition, sans suppression, et leur explication légitime » (l. IV, 32). On remarquera la force de ces paroles contre la théorie protestante. Citons enfin ce passage célèbre d’où sort une même conclusion : « Il ne faut donc pas chercher ailleurs la vérité, qu’il est aisé de recevoir de l’Église, puisque les Apôtres ont pleinement mis en elle, comme en un riche dépôt, tout ce qui est vérité, afin que tout homme qui le désire puise chez elle le breuvage de vie. Elle est en effet la porte qui introduit à la vie. Tous les autres sont des voleurs et des brigands… Eh quoi ! si les Apôtres ne nous avaient même laissé aucune Écriture, ne faudrait-il pas suivre l’ordre de la tradition, qu’ils ont transmise à ceux auxquels ils confiaient les Églises ?

C’est à cette disposition ordonnée qu’obéissent nombre de nations barbares qui croient au Christ, et qui, sans parchemin ni encre, gardent écrite dans leurs cœurs par l’Esprit la doctrine du salut et conservent avec soin la tradition antique » (l. III, 4). Le même Docteur appelle l’Église « le candélabre à sept lampes qui porte la lumière du Christ » (l. v, 20).

Saint Cyprien († 258), évêque de Carthage, est aussi net dans son traité célèbre, L’Unité de l’Église 9. Avec un certain dépit, A. Sabatier note exactement ce fait incontestable : « Les évêques ne sont plus seulement les témoins historiques de la tradition apostolique : ils sont cette tradition vivante et en continuel exercice dans l’Église de Dieu » (Relig. d’aut., p. 177).

Il est inutile de continuer les citations des Pères ; ils sont innombrables et, dès ce moment, notre thèse incontestée.

11. La raison elle-même peut prouver l’institution divine du Magistère
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Message  gabrielle Lun 13 Nov 2023, 11:38 am

11. La raison elle-même peut prouver l’institution divine du Magistère. Cette preuve, nous la tirons du fait même que le Magistère existe, qu’il se donne pour divin, et qu’il est accepté pour tel. D’où nous concluons : vraiment ce Magistère a été institué par Dieu. Du fait nous montons au droit. Est-ce légitime ? Oui ; montrons-le.

C’est un fait constant que l’Église catholique exerce sur ses fidèles un pouvoir de magistère, qu’elle affirme et ordonne de croire que ce Magistère lui a été conféré par une institution divine. Or si l’on considère l’exercice de ce Magistère, tel qu’il se montre dans l’Église catholique, il apparaît comme un miracle moral permanent que ne peuvent expliquer ni les seules lois historiques, ni les causes naturelles. En effet, considérons quelle est l’action du Magistère ? Il s’exerce en tous les pays et en tous les temps ; il enseigne une doctrine sublime, très riche, qui demeure invariable, mais non figée, puisqu’elle se développe et progresse sans cependant s’altérer. Voyons son objet : c’est une doctrine qui convient également aux doctes et aux ignorants, qui ouvre à tous la voie de la sainteté et du salut, qui protège l’esprit humain d’innombrables erreurs, Et jamais l’insuffisance de quelques maîtres, ni les scandales de quelques pasteurs n’ont pu rejaillir, pour l’altérer, sur la doctrine transmise. Quels moyens emploie ce Magistère ? Ce ne sont pas les moyens humains : ni la puissance des armes, ni celle des richesses, ni le secours des princes, ni les prestiges de l’éloquence. Malgré quelles difficultés s’exerce-t-il ? Elles sont de toutes sortes : difficultés de la doctrine même qui est austère, exigeante, contraire aux passions ; difficultés, prédites d’ailleurs par le Christ, venant du dedans, telles les attaques des hérétiques, ou du dehors, celles des incrédules. – Et cependant cette doctrine est acceptée, ce Magistère est cru et obéi, soit dans son enseignement, soit dans ses revendications à une origine divine. II y a là un fait surnaturel qui ne s’explique que par l’action de la grâce. Dieu même en atteste la vérité. Ou bien dira-t-on que Dieu met sa puissance au service d’une doctrine fausse, d’un Magistère menteur ? Humainement, ce Magistère devait échouer ; il réussit, c’est qu’il vient de Dieu.

On reconnaît dans cette preuve un emploi particulier de l’argument général proposé par le Concile du Vatican : l’Église est par elle-même, par ses caractères suréminents « un témoignage irrécusable de sa divine mission » (De Fide, ch. 3).


Chapitre deuxième
Nécessité du Magistère vivant.
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