HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

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HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER - Page 14 Empty Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

Message  Monique Lun 19 Déc 2022, 6:53 am

Cette ville était livrée de nouveau à toutes les horreurs de la famine et de, la peste, et les Pères de la Compagnie de Jésus n'étaient plus là pour prodiguer aux victimes de ces fléaux destructeurs, les trésors de leur saint ministère et de leur sublime dévouement. Le capitaine de la Santa-Cruz ayant envoyé la chaloupe pour annoncer à la ville l'arrivée du saint corps de l'apôtre des Indes, le clergé, la noblesse et le peuple vinrent, un cierge à la main, le chercher au port, malgré la disposition haineuse du gouverneur, et on le conduisit processionnellement, à l'église de Sainte-Marie du Mont, qui appartenait à la Compagnie de Jésus. Les païens et les mahométans se mêlèrent avec empressement à la foule pour rendre hommage à ces restes vénérés; Diogo de Pereira semblait accompagner le convoi de son père; sa douleur était déchirante :
 
Qu'est-ce donc que ce lugubre vacarme? demanda don Alvare en quittant une table de jeu et ouvrant une fenêtre sur la place du Gouvernement.
 
C'est probablement, lui répond un des joueurs, le convoi du Père de Xavier; il devait arriver aujourd'hui.
Quels fanatiques ! ils verront bientôt les honneurs que je lui réserve, à leur saint Père !
 


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Message  Monique Mar 20 Déc 2022, 8:03 am

Après les cérémonies religieuses, la sainte dépouille fut retirée du cercueil qui la renfermait; on la porta dans le cimetière des pauvres, on la jeta dans une fosse trop petite, on la força pour l'y faire entrer, on foula cette terre « avec de gros leviers, dit le catéchiste du saint, témoin oculaire, et lui rompirent et abaissèrent le nez dans lestât que vous l'avez vue à Goa, et lui crevèrent le coté droit III... » C'étaient là, sans doute, les honneurs que le sacrilège gouverneur s'était promis de rendre à l'illustre Xavier.
 
 
1. « Soit que la crainte du gouverneur les retint (les habitants de Malacca), soit que Dieu le permit pour la plus grande gloire de son serviteur, ayant tiré le corps du cercueil, ils l'enterrèrent hors de l'église, dans le lieu où en enterrait d'ordinaire les gens du commun.
 
« Ils ne firent pas même la fosse assez grande, de sorte que, pressant le corps pour l'y faire entrer, ils rompirent quelque chose aux épaules, et il en sortit du sang qui répandit une odeur très-agréable. Ils furent encore si indiscrets que de fouler la terre qui couvrait le corps, et ils le meurtrirent en plus d'un endroit, comme si c'eût été la destinée du saint homme d'être tourmenté par les gens de Malacca pendant sa vie et après sa mort. » Vie de saint François-Xavier, par le P. Bonheurs, tome II, page 184.


 
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Message  Monique Mer 21 Déc 2022, 7:09 am

Ce jour-là même la peste cessait dans toute la ville, les malades se trouvaient guéris miraculeusement et des bâtiments chargés de vivres jetaient l'ancre devant le port et venaient mettre un terme à la famine. Le grand apôtre récompensait ainsi les témoignages de vénération que les habitants de Malacea venaient de lui donner, malgré le coupable gouverneur dont la haine avait attiré sur eux les châtiments du ciel.
 
Le corps de saint François de Xavier, privé de son cercueil, resta ainsi indignement enfoui dans la terre, dans la boue!... et malheur à qui eût osé le soustraire à cette profanation...
 
Cependant le Père Joam de Beira, retournant aux Moluques, d'après l'ordre de Xavier, avec le Frère Manoël de Tavora, arriva à Malacca dans le courant d'août et ne put se résoudre à s'embarquer pour sa destination, sans avoir vu ce qui restait de son bien-aimé supérieur. De son côté, Diogo de Pereira désirait depuis longtemps pouvoir rendre à son saint ami les honneurs mérités par son incomparable vie; mais le terrible gouverneur était là. Le Père de Beira insistait néanmoins :
 
Seulement le voir ! disait-il à Diogo; nous le recouvrirons ensuite, et Dieu saura bien un jour ménager les circonstances de manière à nous donner la consolation de rendre à son saint apôtre les honneurs qu'il mérite.
 
 Eh bien ! mon Père, allons-y vers le milieu de la nuit, afin de n'être pas surpris, lui répondit Pereira. Le 15 août 1553, dans la nuit, ils s'acheminèrent silencieusement au nombre de six : le Père de Beira, le Frère Manoël de Tavora, Diogo et Guilriermo de Pereira et deux autres Portugais. Ils découvrirent le précieux corps et le trouvèrent aussi frais que si la vie lie l'eût point quitté; le linge qui couvrait le beau visage de Xavier était marqué de son sang !... Les amis de notre saint se prosternèrent devant ce prodige; ils répandirent des larmes sur la profanation dont ils étaient témoins.
 
« Emportons-le l'emportons-le ! se dirent-ils à voix basse et tous à la fois; la Providence nous secondera.» Et, prenant dans leurs bras ce cher et vénéré fardeau, ils le portèrent dans un petit ermitage que Diogo de Pereira possédait hors de la ville, et ils convinrent de le garder là jusqu'au moment où Dieu leur permettrait de le faire transporter prudemment à Goa. Pereira lui fit faire un cercueil de bois précieux et doublé en damas; on plaça un oreiller de brocard sous la tète du saint, on le recouvrit d'un drap d'or, et on mit un cierge allumé dans la chambre. Ce cierge devait avoir une durée de dix heures; il brûla jour et nuit pendant dix-huit jours !
 


 
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Message  Monique Jeu 22 Déc 2022, 7:26 am

 Cependant, un bâtiment allait mettre à la voile pour les Moluques; le Père de Beira crut devoir laisser le Frère de Tavora auprès du corps dont il était forcé de se séparer; il le chargea de veiller sur ce cher dépôt et de l'accompagner à Goa dès qu'une occasion se présenterait, et il partit, brûlant de zèle plus que jamais pour la gloire de Dieu et le salut des âmes. Il semblait, disait-on, que l'esprit du grand Xavier était passé en lui. Bientôt après son départ, le Père Alcaceva venant du Japon, débarquait à Malacca, où il devait attendre qu'un vaisseau fit voile pour Goa; il se joignit à Manoël de Tavora pour honorer la sainte dépouille de leur Père bien-aimé, dans la demeure solitaire de Diogo de Pereira, demandant chaque jour à Dieu l'occasion de la transporter sûrement à la métropole des Indes portugaises, où la vénération publique l'attendait impatiemment.
 
Un des premiers jours de février 1554, avant le lever du soleil, un vaisseau de guerre jetait l'ancre devant le port de Malacca. Son équipage était nombreux, son armement formidable. Le débarquement s'effectua salis délai et dans le plus grand silence; il y avait du mystère et de la solennité dans cette arrivée et dans ce mouvement. Les portes de la ville s'ouvrent... Le capitaine, les officiers, un détachement de soldats se présentent; ils parlementent un instant, entrent dans la ville et vont droit au palais du Gouvernement. Les soldats entourent le palais et s'emparent de toutes les issues; les officiers, au milieu desquels on distingue un personnage dont l'autorité supérieure se devine à la déférence qu'on lui témoigne, pénètrent dans l'intérieur. Bientôt, l'agitation se manifeste dans les rues de Malacca, à la nouvelle du mystérieux débarquement et de l'entrée silencieuse d'un grand personnage entouré d'officiers et d'hommes de guerre. Chacun attend avec anxiété que l'évènement soit connu; on va, on vient, on s'informe... Enfin, on apprend que l'heure de la justice de Dieu a sonné pour le grand coupable; que don Antonio de Noronha vient d'arriver pour le remplacer en qualité de gouverneur de la ville et de major de la mer, et qu'il a mission de s'emparer de sa personne et de l'envoyer à Goa sous bonne et sûre garde.


 
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Message  Monique Ven 23 Déc 2022, 6:58 am

Peu de jours après, don Alvare d'Ataide, déclaré criminel d'État, traversait les rues de Malacca, au milieu des soldats et des officiers chargés de surveiller sa personne, et il était embarqué pour Goa, d'où le vice-roi l'envoya en Portugal pour y être jugé par la chambre royale. Reconnu coupable de haute trahison envers l'Eglise et envers l'Etat, il fut condamné à une détention perpétuelle, et tous ses biens furent confisqués. Quelques années après, son corps se couvrit d'horribles ulcères, il le vit tomber par lambeaux et il reconnut que la justice de Dieu le frappait; on croit qu'il en appela à sa miséricorde et qu'il mourut repentant. Diogo de Pereira, comblé d'honneur à la cour, fut généreusement dédommagé, par le roi, des pertes que lui avait fait subir la jalouse cupidité de son ennemi : ainsi fut accomplie la double prédiction de notre saint.
 
Le capitaine Lopez Noronha allait mettre à la voile pour Goa; le Père d'Alcaceva et le Frère de Tavora, déposèrent sur son bâtiment le plus précieux trésor des Indes, et s'embarquèrent avec lui sur la Santa-Anna. Ce vieux vaisseau offrait si peu de garantie, que personne n'avait voulu prendre passage à son bord; mais lorsque se répandit la nouvelle qu'il allait être chargé du saint Père, les passagers se présentèrent en foule; on se disputait le bonheur de faire ce voyage si près de lui car on l'aimait tout haut depuis qu'on n'avait plus à redouter la colère du sacrilège gouverneur.
 
Cependant, une tempête des plus violentes éprouve bientôt la foi des confiants passagers. Le navire est jeté sur un banc de sable, et la quille s'enfonce si profondément; que tous les efforts de la manoeuvre sont impuissants à la dégager :
 
Saint Père, s'écriait-on, dégagez-nous ! vous êtes là, le navire ne peut périr!
À l'instant même, un coup de vent enlève la quille, le vaisseau remonte, reprend le large de lui-même,.... on est sauvé !
 
Dans le détroit de Ceylan, nouveau danger plus effrayant encore. Le bâtiment se heurte contre un écueil, le gouvernail est enlevé, on reste engagé, on ne comprend pas que le vaisseau n'ait pas volé en éclats par la violence du choc ! La mâture est abattue, on, cherche à alléger le poids, on va jeter les marchandises à la mer :
 
Non ! non! il faut que le saint Père nous sauve ! disent les passagers pleins de confiance dans le cher trésor qu'ils possèdent.
 


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Message  Monique Sam 24 Déc 2022, 6:33 am

Le capitaine fait porter sur le pont le cercueil de l'apôtre des Indes; on s'agenouille autour de ce protecteur bien-aimé; on lui parle comme on le faisait lorsqu'il était plein de vie et que d'une parole on d'un signe il apaisait les tempêtes. Aussitôt un bruit terrible se fait entendre, la Santa-Anna glisse légèrement entre deux écueils et se trouve au large. Le rocher venait de se fendre pour la dégager ! Enfin, on arrive heureusement au mouillage de Cochin.
 
Tous les habitants de la ville accourent rendre un hommage de vénération et de regret à celui qu'ils chérissaient comme un père, et dont ils étaient les premiers enfants. On s'arrêta à Baticala; ce fut le même empressement, les mêmes regrets, le même amour. La femme d'Alitonio Rodriguez, officier royal, malade depuis longtemps, assure qu'elle guérira si on la porte sur le navire, près du cercueil vénéré. On cède à ses instances, elle retrouve la santé.
 
A vingt lieues de Goa, le vent change, il est devant, on ne peut plus avancer. Le capitaine Lopez descend dans la chaloupe, gagne la ville à force de rames, va annoncer au collège l'arrivée des restes mortels du saint Provincial, et raconte les dangers qu'il a courus dans la traversée et dont le saint apôtre l'a sauvé d'une manière si miraculeuse. Ici nous allons laisser parler le Père Blandoni alors à Goa. Il mandait à la Compagnie de Jésus, en date du 24 décembre de la même année 1554 :
 
« ..... Melchior courut chez le vice-roi, lui demander un canot à deux rames pour aller au-devant du vaisseau dont les vents contraires ralentissaient la marche, et prendre à son bord le précieux dépôt dont il était chargé. Le vice-roi, s'empressa de faire préparer une faste. Le capitaine Lopez vit faire ces dispositions avec un vif chagrin. Il priait, il demandait en grâce qu'on né dépouillât pas son navire du puissant palladium qui l'avait miraculeusement sauvé des plus grands périls; mais Melchior et tous nos Frères brûlaient d'un trop vif désir de posséder au plus tôt les restes vénérés de leur Père, pour céder aux prières de Lopez. Il s'embarqua sans retard avec trois de nos Frères, quatre enfants élèves de la maison, et Mindez Pinto négociant portugais, qui avait été dans l'intimité de Xavier, pendant son séjour au Japon. Le vice-roi fit recommander à Melchior, au moment de son embarquement, de ne pas rentrer dans la ville avant de l'avoir fait prévenir de son arrivée.
 
« Après avoir erré pendant quatre jours et quatre nuits, nos Pères rencontrèrent enfin le navire de Lopez près de Baticala; ils y montèrent aussitôt et firent transporter sur leur embarcation le cercueil de Xavier avec tous ses ornements. Pendant ce temps, les enfants, couronnés de fleurs et portant des branches d'olivier, chantaient le Gloria in excelsis, puis, le cantique Benedictus; les matelots pavoisaient le vaisseau déchargeaient leur artillerie et faisaient retentir l'air de leurs acclamations.
 


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Message  Monique Dim 25 Déc 2022, 7:49 am

« Le surplis qui revêtait le saint corps, bien qu'il eût séjourné près de trois mois dans la chaux vive (1), était d'un blanc éclatant; il était si parfaitement conservé que Melchior eut dès ce moment la pensée de le réserver pour s'en revêtir lorsqu'il irait se présenter à l'empereur du Japon. La face de Xavier était couverte; les mains étaient croisées sur la poitrine; la couleur du ruban qui les tenait attachées était aussi fraîche que s'il sortait des mains de l'ouvrier; ses pieds étaient chaussés de sandales. Melchior vint aborder, avec son cher dépôt, à un ermitage consacré à la sainte Vierge, et situé à Rebendar, éloigné de la ville d'une demi lieue environ; il y passa la nuit avec ses compagnons.
 
« Bien que l'on fût en carême, nos Frères firent orner les autels et décorer l'église. Plusieurs personnes voulaient qu'on mit en branle toutes les cloches de la ville, mais nos Pères s'y opposèrent et jugèrent plus convenable qu'on sonnât deux fois seulement comme pour un service funèbre. Le lendemain matin (2), le vice-roi, le chapitre, la confrérie de la Miséricorde, la noblesse, les grands officiers royaux, les magistrats, nous tous, enfin,et une immense multitude d'habitants, nous sortîmes processionnellement au-devant du corps que nous allâmes attendre sur le rivage. Les rues étaient pavoisées dans tout le parcours, et si remplies de spectateurs de toutes les classes, qu'on pouvait à peine frayer un passage au cortège ; toutes les fenêtres et les toits étaient encombrés de monde qui faisait tomber une pluie de fleurs sur le corps du saint à mesure qu'il passait. Quatre-vingt-dix enfants, en surplis, et portant un cierge, ouvraient le cortège ; des parfums brûlaient dans toutes les rues où il passait; deux encensoirs de chaque côté du cercueil, l'entouraient d'un léger nuage d'encens. Arrivé dans notre église, le corps resta couvert, l'affluence du peuple était si grande, qu'on n'aurait pu l'exposer sans inconvénient. Le vice-roi, malgré son extrême désir de le contempler, ne put satisfaire sa dévotion par ce motif.
 
 
1 Le Père Blandon ajouter qu'il avait plus tard séjourné dans la terre plus longtemps encore.
2 16 mars 1554, vendredi de la semaine de la Passion.


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Message  Monique Lun 26 Déc 2022, 8:09 am


« La foule ayant enfin perdu l'espérance de le voir, s'était écoulée peu à peu, il ne restait plus qu'un petit nombre de personnes qui suppliaient avec larmes qu'on leur donnât la consolation de voir leur bon Père, et protestaient qu'elles ne se retireraient pas sans avoir eu ce bonheur. Melchior ne put résister à leurs instances. Il fit placer une barrière à l'entrée de la chapelle, et chacun put voir le corps sans en approcher. Tous étaient frappés d'étonnement et d'admiration en reconnaissant ses traits : « Et pourtant, disaient-ils, voilà seize mois qu'il est mort ! est-ce croyable ?» A peine furent-ils sortis de l'église, que toute la ville apprit le prodige dont ils avaient été témoins, et que la foule se porta sur notre maison avec une vivacité, un empressement inexprimables; c'était une masse prodigieuse d'assiégeants à laquelle il fut impossible de résister. Pendant quatre jours et quatre nuits l'église fut constamment remplie. Ceux qui l'avaient déjà vu voulaient le revoir encore, et puis encore ! Melchior jugeant enfin avoir assez fait pour la satisfaction du public, fit placer la châsse près du maître-autel, et fit mettre une barrière devant pour la défendre contre l'envahissement des fidèles.
 
« Quant à nous, si nous éprouvons une grande joie de garder le corps de François de Xavier, nous en éprouvons une plus grande encore à la pensée qu'il nous protège et intercède pour nous dans le ciel (1).
 
On avait placé le corps vénéré debout, et élevé, afin que le peuple pût le contempler de toutes les parties de l'église, ce qui empêcha le désordre en donnant pleine satisfaction à la multitude. On portait des malades et des infirmes de tous les points de la ville et des environs, tous s'en retournaient guéris! Les paralytiques marchaient, les aveugles voyaient, il semblait que le saint Père ne pût rien refuser à ses enfants de Goa. L'exaltation de l'amour et de la reconnaissance fut portée à ce point, parmi les fidèles sur qui tombait cette pluie de grâce et de bénédiction, que les lépreux même purent venir se mêler à la foule et demander à leur Père bien- aimé de se souvenir des tendres soins et des caresses paternelles qu'il leur prodiguait pendant sa vie ! Nul ne songea à les éloigner, ni à s'éloigner d'eux. On les encourageait même :
 
 
« Allez ! leur disait-on, le saint Père vous guérira ! il guérit tout le monde. »
Et les lépreux voyaient disparaître leur lèpre.
 
 
1 Le P. Blandoni ayant été témoin des faits qu'il raconte, nous avons cru devoir donner la préférence à sa relation, qui diffère en quelques détails de celle du P. Bouhours.
 
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Message  Monique Mar 27 Déc 2022, 6:55 am

Le chapitre avait chanté la messe de la Croix, le vendredi, dans l'église du Collège; les religieux franciscains y avaient chanté celle de la sainte Vierge, le samedi; personne n'avait pense à, célébrer un office funèbre pour l'apôtre qui avait rempli toutes les contrées orientales du. bruit de ses miracles, et qui opéraient de si éclatants prodiges depuis sa mort.
 
La Santa-Anna s'ouvrit d'elle-même, après qu'on eut débarqué les passagers et les marchandises, et coula entièrement dans les eaux de Goa, sans qu'il en restât la moindre épave !
 
Cette même année, 1554, il arrivait à Goa une lettre adressée à maître Francisco de Xavier; cette lettre était de saint Ignace, et appelait notre saint en Europe. Le Père de Polanco, alors secrétaire du célèbre fondateur de la Compagnie de Jésus, assure que saint Ignace rappelait saint François de Xavier dans l'intention de se décharger sur lui du titre et des fonctions de général de la Société... Cette lettre arrivait trop tard.
 
L'illustre géant avait fourni sa course, il avait atteint le but. En dix années seulement, il avait franchi des espaces si considérables que, d'après les calculs qui en ont été faits, il a été reconnu que les immenses distances parcourues par le grand apôtre, suffiraient, ajoutées l'une à l'autre, pour faire plusieurs fois le tour du globe (1) ! En dix années seulement il avait porté la foi sur une étendue de plus de trois mille lieues, et il avait planté la croix si solidement dans ces contrées, que des millions de chrétiens ont donné leur vie pour sa défense. Les Indes et le Japon comptent de magnifiques légions de martyrs, et le nom de François de Xavier n'y sera jamais oublié.
 
 
1 On a calculé que dans le cours de son apostolat, depuis son départ de Paris pour Venise jusqu'à sa mort, notre saint avait fait plus de trente cinq mille lieues!


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Message  Monique Mer 28 Déc 2022, 7:43 am


III
 
JEAN III, ROI DE PORTUGAL, AU VICE-ROI DES INDES.

 
Lisbonne, 28 mars 1556. VICE-ROI, MON AMI,
 
La vie et les actions merveilleuses de Francisco de Xavier ont été si admirables, que leur publication doit nécessairement tourner à la gloire de Dieu, Notre-Seigneur. Je vous enjoins, pour cela, de faire entendre les témoins partout où ils seront, de faire une enquête sur toutes les actions prodigieuses de cet homme extraordinaire, sur tous les faits surhumains qu'il a accomplis, sur tous les prodiges que Dieu a opérés par son ministère ou à ses prières, soit de son vivant soit après sa mort. Vous en ferez dresser des actes authentiques dont vous m'enverrez les originaux. Vous ferez inscrire tous les faits et toutes les enquêtes jour par jour, sous leurs dates respectives, dans les registres publics. Cette enquête se fera de telle manière, que tout homme qui connaîtra des particularités de la vie, des actions, des habitudes de Francisco de Xavier, dans les pays qu'il a parcourus, répondra, en conscience et sous la foi du serment, aux questions qui lui seront adressées. Vous me ferez passer une double expédition de cette enquête, revêtue de votre signature et de celle de l'auditeur général, au nombre de trois copies, par trois voies différentes. Ce faisant, vous me ferez beaucoup de plaisir.
 
Vice-roi, mon ami, je vous salue.
 
Moi, le roi.
 
 
Ce ne fut pas chose aisée que de satisfaire ce désir, ou plutôt d'obéir à cette volonté de Jean III. Tous les peuples indiens s'indignèrent à la seule pensée de cette enquête; c'était, à leur avis, élever des doutes sur la sainteté de leur saint Père, et rien ne pouvait les blesser plus vivement et plus profondément. Déjà les Palawars, sur la côte de la Pêcherie, ne consultant que leur tendre dévotion pour leur grand Père chéri, avaient élevé une église en son honneur, malgré les représentations des Pères de la Compagnie. Ils venaient en foule l'honorer dans cette église, où ils avaient placé son image, et leur saint apôtre, toujours plein de tendresse pour ses premiers enfants indiens, leur accordait tant de faveurs, que les miracles ne se comptaient plus; cette église devint le pèlerinage le plus célèbre. Le roi de Travancor, ne pouvant se persuader que le grand Xavier fût autre chose qu'un dieu, lui avait fait bâtir un temple plus magnifique qu'aucun de ceux qu'il avait fait élever en l'honneur de Mahomet, dont il suivait la loi. Sur la côte de Comorin, les musulmans lui avaient aussi consacré une mosquée. Tous les infidèles des Indes ne l'appelaient que le Dieu, le maître du ciel, de la terre et des mers. Les images de l'apôtre de l'Orient étaient partout, et partout elles faisaient des prodiges. L'évêque de Goa lui-même en portait une sur sa poitrine, et obtint de notre saint la guérison d'une maladie regardée alors comme incurable. Francisco Nunhez, grand vicaire de Coulan, dans un rapport sur les miracles opérés dans l'étendue de sa juridiction, dit qu'on fut obligé de faire creuser un puits pour les pèlerins qui accouraient de toute part à l'église que la ville de Coulan avait fait bâtir en son honneur. Il ajoute que les églises du pays, dédiées à d'autres saints, perdaient leur titre si on y plaçait l'image de l'apôtre des Indes. Pour tout le peuple c'était aussitôt l'église du grand Père ou du saint Père.
 
 
Les païens étaient dans l'usage de jurer en touchant un fer rougi au feu, pour attester la vérité de leur témoignage. Depuis la mort de Xavier, ils ne juraient plus que par son nom, et souvent Dieu ne voulut pas permettre qu'on mentit impunément après s'être appuyé du nom de son grand apôtre. Un païen débiteur d'une somme considérable envers un chrétien finit par nier sa dette; il n'avait rien à craindre, pensait-il, puisqu'il n'existait point de preuve et qu'il n'y avait pas eu de témoin de l'emprunt. Le créancier l'oblige, en présence de témoins, de jurer par le saint Père Francisco qu'il ne lui doit rien; l'idolâtre le jure, et, rentré chez lui, il est saisi d'une sorte de frénésie, au milieu de laquelle il vomit tout son sang, et meurt en proférant des paroles de rage qui jettent l'épouvante parmi ceux qui cherchent inutilement à le secourir.  Il y eut plusieurs exemples de ce genre de châtiment après de tels serments prêtés à faux.

Les Japonais ne témoignaient pas moins de confiance dans la sainteté de l'illustre Xavier. La maison où il avait demeuré à Amanguchi était regardée comme un lieu sanctifié par sa présence; on y venait l'invoquer, lui demander des grâces extraordinaires, et on y obtenait une infinité de miracles. A Saxuma, les chrétiens conservaient avec vénération une pierre sur laquelle il avait prêché souvent, et la montraient, avec un saint orgueil, comme leur plus cher trésor. Le roi de Firando écrivait, en 1554, au Père Melchior Nunhez, provincial de la Compagnie de Jésus dans les Indes.


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Message  Monique Jeu 29 Déc 2022, 6:54 am


« Le grand et célèbre bonze François de Xavier vint, il y a quatre ans, dans mes Etats; il convertit un grand,nombre de mes sujets à la religion d'un seul Dieu, et j'en sais fort satisfait; je les protège contre la haine des bonzes de Chaca et d'Amida. Le bonze chrétien, qui est à Funaï, est venu deux fois à ma cour; il a baptisé plusieurs de mes parents et des grands de mon royaume; j'ai entendu sa doctrine, j'en suis fort content; elle est descendue dans mon coeur, et je veux lui obéir et être chrétien; c'est pourquoi les portes de mon palais s'ouvriront devant vous, si vous voulez vous rendre au grand désir que j'ai de vous voir. Autrefois j'ai menti, mais je ne mentirai plus. Si vous venez me voir, vous ferez une chose très-agréable au seul Dieu des chrétiens qui est le vrai, et votre venue réjouira mon coeur. »
 
Le roi de Cangoxima, que saint François de Xavier n'avait pu convertir, ravi de la soumission et des vertus des chrétiens de ses Etats, écrivait aussi au Père provincial pou lui demander, des prêtres de sa Société, et lui disait :
 
« Avant que vos saints mystères fussent enseignés dans mon royaume, nous étions brûlés par un air de feu, et vos bonzes furent comme des, éventails qui rafraîchirent les coeurs des mortels. »
 
Pour les habitants de Cangoxima, le grand Xavier était l'éventail céleste.
 
Le Père Luiz Alméida mandait à la Compagnie de Jésus qu'à son passage devant la forteresse du Prince Hexandono, où Xavier avait converti un si grand nombre de personnes par une seule prédication, il trouva la foi la plus vive dans tous ceux qui avaient reçu le baptême de sa main. La princesse opérait de nombreux miracles par le petit livre de prières qu'il lui avait laissé, et l'intendant en avait obtenu plusieurs également, au moyen de sa discipline. On fit une foule de questions sur lui au Père Alméida qu'on retint quinze jours dans la forteresse, pour en recevoir les secours religieux dont on était avide.
 



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Message  Monique Ven 30 Déc 2022, 8:30 am

Le roi de Bunaaago, qui aimait si tendrement le saint apôtre du Japon, mais qui n'avait pas en le courage de sacrifier ses passions à une religion qu'il reconnaissait seule vraie, éprouva l'effet de la protection de notre saint; il se convertit sincèrement, fit jeter dans la mer les idoles qu'il avait gardées jusque-là dans son palais, se livra aux exercices de la pénitence, et fut enfin baptisé par le Père Cabral. En souvenir du saint qu'il avait aimé et admiré, et à qui il se sentait redevable de sa conversion, il voulut prendre au baptême le nom de François, auquel il joignit, pour sa plus grande satisfaction, celui de Xavier. Deux mois après son baptême, il eut des guerres à soutenir; il fut vaincu, détrôné, dépouillé, mais rien n'affaiblit sa foi. Il répondait à ceux qui attribuaient à son changement de religion les revers qu'il avait subis :
 
«J'ai fait le vœu de vivre et de mourir chrétien; peu m'importe la perte de mon royaume ! Une seule perte est redoutable, c'est celle de la foi ! Pour moi, je tiens tant à la conserver, que tout le reste ne m'est rien ! et quand je verrais le Japon, l'Europe, les Pères de la Compagnie de Jésus, et le Pape même renoncer à la foi en Jésus-Christ, je ne la renoncerais pas! Il faudrait donner ma vie, que je n'hésiterais pas, avec la grâce de Dieu, à la donner de grand coeur. »
 
Ses dispositions furent bénies; il recouvra ses états et sa puissance, et sollicita vivement la canonisation de son saint ami, de concert avec les rois d'Arima, d'Omura et autres souverains du Japon.
 



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Message  Monique Sam 31 Déc 2022, 7:52 am

Le Grand Mogol Akébar, émerveillé du bruit des miracles opérés en Asie par l'apôtre de l'Orient, députe un ambassadeur à Goa pour demander des prêtres de la Société du grand Xavier, afin qu'on lui explique la doctrine d'un Dieu par lequel il se fait de tels prodiges (1). L'ambassadeur sollicite de plus, pour lui-même, la faveur de voir le corps du célèbre saint Père des Indiens; et il n'ose approcher de ces restes mortels avant d'avoir ôté sa chaussure. Tous les gens de sa nombreuse suite l'imitèrent, et on vit tous ces musulmans se prosterner plusieurs fois, le front sur le pavé de l'église, avant de se permettre l'honneur de porter leurs regards sur le corps d'un saint dont la puissance était supérieure à celle de leur prophète.
Les vaisseaux qui passaient en vue de File de Sancian, saluaient de toute leur artillerie le lieu d'où le grand Xavier avait quitté la terre, et où son corps était resté près de trois, mois privé des honneurs qui lui étaient dus. Les Portugais y firent élever une chapelle qui depuis a été pillée et détruite par les pirates, et dont il ne reste que des ruines.
 
En Afrique même, le nom de François de Xavier était  vénéré comme celui de lhomme le plus extraordinaire et le plus merveilleux .
Faut-il s'étonner, après cela, que les Indiens, les  
Japonais, tous les peuples que la puissante parole du plus grand conquérant de l'Eglise avait convertis au christianisme, fussent blessés au Coeur des procédés employés pour donner à ses miracles. l'authenticité exigée pour la canonisation des saints ? Il semblait à ces bons Indiens qu'il suffisait d'ouvrir les yeux et de regarder autour d'eux, puisque les miracles éclataient partout.
 
 
 
1. En 1579, le P. Rodolphe Aquaviva, neveu du général de la Compagnie de Jésus, arrivait dans l'empire d'Akébar et, accueilli avec faveur par le souverain, il prêchait librement la doctrine d'un Dieu crucifié; mais nul ne put se résoudre à sacrifier ses passions à cette religion nouvelle, et le saint missionnaire jugeant que l'heure de la miséricorde divine n'était pas venue pour ces malheureux infidèles, s'éloigna en déplorant leur aveuglement. Il était réservé au grand nom de Xavier de faire briller plus éclatante à leurs yeux la lumière de la foi, et de soumettre leurs coeurs au joug de l'Evangile.  En 1595, le P. Geronimo de Xavier, neveu de l'illustre apôtre, se présentait à la cour du Grand Mogol, et faisait courber tous les fronts devant la croix de Jésus-Christ.


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Message  Monique Dim 01 Jan 2023, 7:31 am

Le bâtiment de Benoît Coelho faisant voile de Malacca pour Canton, quelques passagers devinrent gravement malades ; ils demandent au capitaine d'atterrir à Sancian et de les faire porter à l'endroit de la prairie où le saint Père a été inhumé. Le capitaine cède à ce pieux désir; les malades posent sur leur tête un peu de cette terre que la présence du corps révéré a sanctifiée, et à l'instant même tous recouvrent la santé.
 
Le capitaine Manoël de Sylva met à la voile au port de Cochin, et prend la route du Bengale. Au milieu du golfe il est assailli par une tempête qui le force à faire abattre la mâture et jeter à la mer un chargement précieux. Toutes ces mesures désespérées ne peuvent sauver le bâtiment, le naufrage est inévitable... On appelle à grands cris le saint Père qui tant de fois a calmé la fureur de la mer... Au même moment une terrible lame semblable à une montagne, qui allait s'abattre sur le navire et le submerger, recule et disparaît au nom de Xavier !
 
Les grains du chapelet de notre saint suffisaient pour opérer des merveilles, aussi bien que les pauvres lambeaux de ses vêtements, qu'on s'était partagés avec la plus touchante parcimonie; c'étaient à peine quelques fils ! mais c'était assez. Les croix qu'il avait plantées lui-même sur les lieux les plus élevés, étaient surchargées d'ex-voto offerts, non-seulement par les Chrétiens, mais par les païens et les musulmans, en reconnaissance des faveurs obtenues par son intercession. La croix de Cotate, à laquelle était attachée l'image du grand Père, devint une des plus célèbres par la guérison soudaine des malades qui s'y étaient fait porter. Un paralytique y avait retrouvé le mouvement, un aveugle y avait recouvré la vue, les prodiges s'y multipliaient chaque jour, et il fallut faire des copies de l'image miraculeuse que tout le monde voulait avoir.


 
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Message  Monique Lun 02 Jan 2023, 6:45 am

Gaspar Gonzalez, fier de posséder une de ces copies qu'il apportait de Cotate, arrive à Cochin à onze heures du soir. A minuit, le feu prenait à la maison voisine de la sienne, chez Christophe Miranda. Les habitations étaient généralement construites en bois et recouvertes de feuilles de palmier : en un instant, lincendie ne présenta qu'un immense jet de flammes. La fille de Miranda avait péri dans cette fournaise; les habitants des maisons environnantes avaient jeté à la hâte, parles fenêtres, les meubles, le linge, tout ce qu'ils avaient espéré pouvoir sauver ainsi, et chacun s'occupait de sa sûreté personnelle, lorsque Gonzalez se souvient du trésor qu'il possède. Il se jette à genoux avec tous les gens de la maison, il appelle le saint Père à leur secours, et présente aux flammes l'image de celui qui ne cesse de répandre les bienfaits du ciel sur ceux qui l'invoquent avec confiance. Au même instant les flammes s'abattent, le feu s'éteint, la ville est sauvée d'un embrasement général et inévitable.

Une pieuse veuve, Lucia de Vellanzan, née en Chine, avait habité Malacca, où elle avait eu le bonheur d'être dirigée par François de Xavier; depuis, elle habitait Cochin, et avait une si vive foi dans les mérites du saint apôtre, qu'elle obtenait d'admirables merveilles au moyen d'une petite médaille frappée à son effigie. Elle faisait le signe de la croix, avec cette médaille sur les malades quon lui portait, en leur disant :

« Au nom de Jésus et du saint Père Francisco, que la santé vous soit rendue ! »

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Message  Monique Mar 03 Jan 2023, 6:56 am

Gonzalvo Rodriguez avait, depuis plusieurs mois, un abcès près du cœur; malgré les remèdes employés, cet abcès avait pris tous les caractères d'un cancer et en avait tous les douloureux résultats. Il va trouver Lucia, il s'agenouille devant elle en la priant de le guérir par la médaille du saint Père, et Lucia ayant fait le signe de la croix, par trois fois, sur la partie ulcérée, la plaie disparut aussitôt.

Maria Diaz était aveugle et paralysée de tout le côté droit, de la tête aux pieds. On la porte chez Lucia, qui la garde chez elle, et met chaque jour sur le côté paralysé une compresse imbibée de l'eau dans laquelle elle a baigné la médaille miraculeuse. Le septième jour la paralysie étant guérie, Lucia fait le signe de la croix avec la médaille sur les yeux de Maria, à qui la vue est rendue au même instant, et qui va tout de suite à l'église de la Compagnie de Jésus pour remercier son bienfaiteur.

Manoël Fernandez Ficgheredo fat guéri par le même moyen d'affreux ulcères aux jambes, en même temps que d'une dysenterie jugée mortelle. Partout enfin, les miracles étaient innombrables.

Cependant, plusieurs prédictions de l'illustre Xavier s'accomplissaient littéralement.


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Message  Monique Mer 04 Jan 2023, 7:10 am

La Santa-Cruz, après avoir sillonné les mers pendant vingt-deux ans, et avoir été vendue plusieurs fois, toujours fort au-dessus de sa valeur, en raison de la parole prophétique du grand apôtre, la Santa-Cruz quittait un jour le port de Malacca, et, suivant l'habitude, elle était surchargée. A peine on avait levé l'ancre, que le vaisseau enfonce, l'eau y pénètre on est forcé de revenir au port, et on demande aux capitaines qui mettent à la voile pour la même destination, de prendre une partie des marchandises. Alors s'élève un cri d'indignation et du rivage et des navires en rade:

« Quoi ! vous craignez de couler! ne savez-vous pas que le saint Père ne s'est jamais trompé ! La Santa-Cruz ne périra pas sur mer; il l'a dit: donc c'est vrai ! Il faut que vous ayez bien peu de foi ! Ne voyez-vous pas les miracles qu'il fait chaque jour partout? Vous offensez Dieu et le saint Père ! Repartez bien vite, et ne craignez rien ! »

Et la Santa-Cruz reprend le large, ne fait plus d'eau, et arrive à bon port à Cochin. La réputation de ce bâtiment l'avait fait surnommer le Navire du saint Père, et dans tous les ports de l'Orient, dès qu'il arrivait, tous les vaisseaux à l'ancre le saluaient de leur artillerie. Après avoir été acheté parle commandant de la forteresse de Dia, le Navire du saint Père fit plusieurs voyages,mais le capitaine, le trouvant un jour en mauvais état, l'envoie à Cochin pour y être radoubé. On le fait avancer dans le bassin de radoub. À peine il y est arrivé, qu'il s'ouvre de lui-même; toutes les pièces se détachent, et il ne reste de cette coque, qui tombait de vétusté, que des poutres et des planches dont on ne pouvait faire aucun emploi.

La population de Cochin, s'était portée en masse sur le port, en apprenant que la Santa-Cruz était envoyée pour être radoubée, toute la ville connaissait la prédiction de Xavier et savait que ce bâtiment avait été construit à Cochin, tout le peuple fat donc témoin de son accomplissement. Le capitaine Jorge Nanliez s'empara d'une planche qu'il fit appliquer à sa frégate, dans la pensée que ce débris aurait conservé une vertu qui la garantirait des dangers de la mer. Il lui semblait impossible que cette épave d'un navire sur lequel le grand apôtre avait voyagé pendant sa vie et après sa mort, ne lui fût pas le meilleur des préservatifs contre tout accident. Il entreprit les traversées les plus dangereuses par les plus mauvais temps, et répondit toujours aux conseils de la prudence humaine:

« Ma frégate porte la planche du Saint Père; c'est la planche de salut, elle me sauvera de tout péril. » En effet, la frégate, après avoir résisté aux plus gros temps, aux plus violentes tempêtes, se défit d'elle-même comme la Santa-Cruz, au port de Coulan, où on devait la radouber.


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Message  Monique Jeu 05 Jan 2023, 7:58 am

Pedro Veilho, marchand portugais, habitant à Malacca, et à qui notre saint avait prédit, à Sancian, qu'il mourrait le lendemain du jour où il aurait trouvé le vin. amer, Pedro Veillio s'était bien plus occupé, depuis ce moment, des intérêts de son âme que de ceux de son négoce. Il vivait dans les exercices de la pénitence et de la piété, malgré sa position au milieu du monde, et était arrivé ainsi à une extrême vieillesse sans rien perdre de sa gaieté naturelle, et sans oublier la prédiction de son bienheureux ami.

Un jour, étant à table avec plusieurs convives, il trouve le vin amer et demande à ceux qui l'entourent si ce goût est le même pour eux; tous répondent que le vin est excellent. Pedro Veillio tient à s'assurer que la politesse n'est pour rien dans l'affirmation de ses amis, il se fait servir un autre vin, et lui trouve une égale amertume. Il ne lui reste plus de doute, sa dernière heure est proche. Il fait intérieurement à Dieu le sacrifice de sa vie, puis il dit à ses convives la prédiction du Père de Xavier. Après le repas, il s'occupe de l'arrangement de ses affaires, il distribue sa fortune aux pauvres, il va dire adieu à ses amis, leur demande leurs prières, les invite, à son enterrement et fait préparer ses funérailles. Le lendemain matin, il assiste au saint sacrifice qui était offert à son intention, il y communie en viatique.... à la fin de la messe il était mort.


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Message  Monique Ven 06 Jan 2023, 8:00 am

IV

 
Cependant le corps du grand Xavier conservait toujours toutes les apparences de la vie; c'était toujours la même fraîcheur, la même coloration, la même flexibilité ; on ne se lassait pas d'admirer cette merveille. Don Diaz Carvalho avait connu intimement le saint apôtre et voyagé souvent avec lui; il vient à Goa pour le voir, plusieurs, années après sa mort, et, frappé d'étonnement et d'admiration, il s'écrie :

« Mais il est vivant ! quelle fraîcheur ! quelles couleurs ! C'est lui !... il vit. »


Le grand vicaire de Goa, don Ambrosio de Ribeira, porta son doigt sur la blessure faite à ce saint corps a Malacca... Le sang coula de cette blessure au contact du doigt, et il en sortit aussi de l'eau ! Ce prodige se renouvela sous le doigt d'un Frère de la Compagnie de Jésus..

On expose un jour le saint corps à la vénération empressée des fidèles de Goa. Une femme lui baise les pieds, et, espérant n'être pas vue, elle enlève un fragment de chair avec ses dents et l'emporte mystérieusement, heureuse d'avoir pu ravir cette précieuse relique... Mais le sang coule, il coule abondamment et en présence d'une multitude de témoins. C'était le sang le plus pur, le plus riche, le plus beau !... Les médecins sont appelés, ils certifient le miracle, ils attestent que c'est à leurs yeux le plus grand des prodiges (1).

1 Nous voyons dans le procès-verbal de l'ouverture du tombeau de saint François de Xavier, en 1782, que ce doigt était alors à l'intendance de la marine, à Goa, et la propriété de l'intendant général, don Lobe Jose d'Almeïdà, qui l'attesta.


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Message  Monique Sam 07 Jan 2023, 7:22 am

En 1612, le Père Aquaviva, général de la Compagnie de Jésus, demanda à la maison de Goa d'envoyer à Rome le bras droit de saint François de Xavier. Ce bras qui avait opéré de si grands prodiges, en produisit alors un nouveau et plus admirable encore. Le corps fut trouvé toujours frais, toujours flexible, toujours coloré comme celui d'un homme avant; on coupa le bras désiré par le supérieur général, et le sang ,coula avec autant d'abondance que si le corps eût été plein de vie ! On en imbiba des linges que les Pères de Goa envoyèrent à Philippe IV roi d'Espagne, et on en recueillit dans un flacon qu'on envoya avec la main à la Maison de Rome (2). Le bras fut partagé entre les collèges de Cochin, de Malacca et de Macao. Le bâtiment qui portait ces saintes reliques en Europe, fut rencontré et poursuivi par des corsaires; il allait être atteint, lorsque le capitaine s'écrie :

« Qu'on porte le bras du saint Père dans la hune ! il mettra les pirates en fuite. »

L'ordre est exécuté, et les écumeurs de mer virent de bord, s'éloignent à toutes voiles et ne reparaissent plus.

De ces précieuses reliques, la main est restée à Rome, le flacon de sang est à la Maison de Jésus à Paris. L'église du Bon-Jésus, à Goa, renfermait une autre relique du grand Xavier; le crucifix, qui, probablement, reçut son dernier regard, sa dernière prière, son dernier soupir, qui fut enlacé dans ses mains vénérées, après sa mort, et que ses frères en retirèrent lorsqu'ils placèrent le saint corps dans la châsse à le recevoir.

2 on verra plus loin, dans les fragments d'une lettre de Monseigneur Canoz, les résultats de cette amputation.


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Message  Monique Dim 08 Jan 2023, 7:25 am

Dans notre première édition, nous avons dit que cette relique avait été enlevée an noviciat des Jésuites, à Montrouge, en 1823; mais il résulte des renseignements qu'il nous a été donné de recueillir, qu'il existe plusieurs crucifix ayant appartenu au grand apôtre, et que celui conservé à Lisbonne ne peut être le crucifix enlevé à Montrouge. Monsieur le marquis de Ribeira-Grande, possesseur actuel de l'une de ces reliques, a bien voulu nous faire parvenir à ce sujet des renseignements dont nous aimons à lui exprimer ici notre reconnaissance :

On sait que la Compagnie de Jésus fut violemment expulsée du Portugal en 1759, et de toutes les colonies portugaises, de 1760à 1762. Plusieurs de ses religieux, accusés de crimes imaginaires, avaient été martyrisés à Lisbonne (1), et quinze cents d'entre eux étaient entassés dans les cachots souterrains de la forteresse Saint-Julien, ou dans les horribles prisons que l'impiété avait créées pour l'innocence et la vertu.


1 Les Jésuites ne furent pas seuls persécutés: plusieurs, familles des plus illustres, et non moins innocentes des crimes dont on les accusaient, subirent les mêmes supplices.



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Message  Monique Lun 09 Jan 2023, 8:18 am

Dans les colonies, les Jésuites ignorant encore les supplices de tout genre infligés à la charité sacerdotale et au zèle apostolique de leurs frères de Portugal, s'étaient vus envahis tout à coup par la force armée, brutalement arrachés de leurs saintes et paisibles demeures, et traînés par les rues et les chemins, comme des malfaiteurs, jusqu'au port le plus voisin. Embarqués sur les vaisseaux qui les attendaient, ils avaient été enfermés à fond de cale, et là, livrés à toutes les privations spirituelles et corporelles, ils avaient à souffrir et la faim et la soif, et le froid et l'insomnie, et l'obscurité et l'infection... tout ce que la plus cruelle inhumanité peut imposer aux victimes d'une tyrannie en délire. Le pouvoir qui s'était fait leur bourreau se déclarait en même temps leur spoliateur, en s'emparant de leurs biens, de leurs meubles, de leurs effets...

Les saints religieux ne purent donc rien emporter avec eux, et ceux à de Goa se virent forcés d'abandonner non-seulement le, corps vénéré de leur glorieux frère de Xavier, mais encore tous les chers souvenirs qui se rattachaient au grand apôtre, et, entre tous, le crucifix précieusement conservé dans leur église du Bon-Jésus. Que devint cette sainte relique? Voici, textuellement, la relation que nous devons à la gracieuse obligeance de monsieur le marquis de Ribeira-Grande; elle est écrite, en son nom, par monsieur Guillon, précepteur de ses enfants :

« Quand les RR. PP. Jésuites eurent été chassés de Goa, les prêtres qui fuirent chargés de leur église seraient demeurés en possession du précieux crucifix de saint François Xavier. Plus tard, les successeurs de ces prêtres firent présent du crucifix au comte de Sarzedas, vice-roi de l'Inde de 1807 à 1814. En 1814, M. le comte de Sarzedas revint en Portugal, où il mourut en 1818, et donna à son tour la sainte relique à sa nièce Dona Eleonora da Camara, devenue depuis marquise de Ponta Delgada, et occupant une position élevée près la reine D. Maria II. Madame la marquise est morte en 1850, au palais de son neveu M. le marquis de Ribeira-Grande, et lui a légué, au moment de sa mort, le crucifix qu'elle avait reçu, pour qu'il fût conservé dans la chapelle du palais.


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Message  Monique Mar 10 Jan 2023, 7:25 am

« Le même comte de Sarzedas fit présent à sa sœur, madame la marquise de Pombal, Dona Francisca, grand'mère du marquis de Pombal actuel, du bâton qu'il avait retiré des mains du saint, selon la coutume de tous les vice-rois, qui, au moment de prendre possession de leur charge, enlevaient le bâton déposé par leur prédécesseur et déposaient ensuite le leur. Ceci soit dit en passant pour rectifier déjà un passage d'une note insérée par M. Daurignac, dans la vie du saint, page 321 tome II. Le bâton possédé par le marquis de Pombal, n'est donc pas le bâton sur lequel s'appuyait le saint. M. le marquis possède en revanche des lettres autographes du saint.

« Maintenant, pour en revenir à notre crucifix, les uns prétendent que le véritable crucifix de saint François Xavier est à Rome (1), d'autres disent à Sevilha, d'autres (et M. Daurignac consigne cette opinion dans sa note) affirment qu'il a été volé en 1823 au noviciat des Jésuites de Montrouge. Les détails qui précèdent suffisent pour prouver que madame da Camara n'a pas acheté à Paris le crucifix volé à Montrouge, et que le crucifix de Lisbonne n'a rien de commun avec les autres qu'on affirme véritables (du moins certaines personnes). Celui de Montrouge aurait été remis aux RR. PP. Jésuites après leur rétablissement en France, par Monseigneur l'archevêque de Besançon, « que les circonstances avaient mis à même d'en disposer » (dit la note).

Quelles circonstances? Nous ne savons rien sur celui de Rome, ni sur celui de Sevilha; mais jusqu'à ce qu'il soit indiqué d'où Monseigneur de Besançon tenait le crucifix de Montrouge volé en 1823, et jusqu'à ce qu'il soit prouvé que les jésuites, au moment de leur expulsion de Goa, purent emporter le crucifix du saint, il est permis de regarder le crucifix possédé aujourd'hui par M. le marquis de Ribeira-Grande, comme étant le véritable crucifix de saint François Xavier. Il n'aurait passé jusqu'ici que par trois mains : des prêtres de la maison des Jésuites, à Goa, dans les mains du comte de Sarzedas, puis dans celles de madame da Camara, et finalement dans celles du marquis de Ribeira ..... M. le marquis ne ferait pas difficulté d'envoyer une photographie de ce crucifix, demandée directement... Le christ est en cuivre, le bois de la croix, appelé en portugais pao santo (bois saint) est du bois de l'Inde (gayac) renommé pour sa dureté et son poids. Le tout est d'un travail grossier.

» Il résulte évidemment de ces dernières indications, que le grand apôtre eut successivement plusieurs crucifix, et que celui qui fut enlevé à Montrouge peut lui avoir appartenu quoique n'étant pas celui qu'il conserva jusqu'à sa mort. En 1540, lorsqu'il partit de Rome pour le Portugal, les Indes étaient trop récemment conquises par les Portugais, pour que le bois de gayac ne fût pas en Europe un bois de luxe de grand prix. Or, les premiers Pères de la Compagnie de Jésus, pauvres volontaires, n'avaient, ne pouvaient avoir dans les missions d'Italie, où ils avaient déjà opéré tant de bien, qu un crucifix des plus simples et des moins dispendieux. Saint François de Xavier emporta donc aux Indes un crucifix italien, dont la croix devait être du bois le moins recherché. Comment s'en sépara-t-il? C'est ce que nous ne pouvons que conjecturer.


1 Nous avons la certitude qu'il n'existe point à Rome de crucifix attribué à saint François de Xavier. Nous parlerons plus loin de celui de Séville. (Note de l'auteur. )



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Message  Monique Mer 11 Jan 2023, 7:38 am

Les constitutions de la Compagnie de Jésus interdisent aux religieux tout échange de ce genre. Le crucifix qu'ils reçoivent au noviciat, ils doivent le conserver jusqu'à leur mort et ne s'en séparer jamais : s'il se détériore par l'usage, ils doivent le faire consolider; si un accident le brise, ils doivent le faire rajuster. Leur crucifix est leur seule richesse, leur seul trésor de ce monde. Mais lorsque le grand apôtre de l'Orient quitta l'Europe, les constitutions n'étaient encore qu'ébauchées, il en emportait l'esprit, non la lettre, et, à la distance où il se trouva durant les dix années de son immortel apostolat, il ne les connut jamais que sommairement, le saint fondateur ne les ayant achevées que très-tard.

Saint François de Xavier dont l'aimable cœur ne savait rien refuser, à moins que la délicatesse de sa conscience ne lui en fit un devoir, a donc pu consentir quelquefois à un échange, soit en faveur d'un de ses 'frères qui l'aurait sollicité au moment d'un de ses départs pour une course lointaine, soit en faveur d'un vice-roi, ou Oie quelque personnage qu'il aura craint de blesser par un refus. Ce que nous pouvons regarder comme certain, c'est que ces échanges durent avoir lieu avant son embarquement à Malacca pour les Mohiques; car nulle considération humaine n'aurait pu le séparer un seul instant de l'objet du plus touchant miracle, du crucifix que l'adorable Providence lui fit rapporter par un crabe, du fond de la mer des Moluques, sur le rivage de lîle de Baranura. Nous ne pouvons douter que ce ne soit le même qui ait reçu son dernier soupir après avoir été sa dernière consolation ici-bas; le même que ses frères de Goa retirèrent avec vénération de ses mains sacrées, après sa mort. Est-ce le même, qui est aujourd'hui à Lisbonne, dans la chapelle du palais de M. le marquis de Ribeira-Grande?


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Message  Monique Jeu 12 Jan 2023, 7:54 am


D'après la relation de monsieur Guillon, nous avons dû prendre des informations à Séville, et voici ce qui a été constaté.

Le roi Ferdinand VII ayant décrété, en 1815, le rétablissement de la Compagnie de Jésus en Espagne, le révérend Père Emmanuel de Zuniga, commissaire-général, fat chargé d'offrir à ce prince en témoignage de la reconnaissance de la Compagnie, un crucifix de l'illustre apôtre des Indes. Cette précieuse relique est renfermée, dit un chapelain d'honneur de la reine Isabelle II, qui a bien voulu donner ces détails « dans une boite en écaille, croisée d'un ruban et portant deux sceaux, dont l'un est de la Compagnie, l'autre de monseigneur Gravina, nonce de Sa Sainteté dans ce royaume, à l'époque où il fut donné. La boîte en écaille est de plus enfermée dans une autre en maroquin, et sur la face principale de celle-ci, on lit en lettres d'or : crucifix de saint François-Xavier, appelé du cancre. » Cette relique est conservée dans l'oratoire du roi.

Tels sont les renseignements donnés par l'un des chapelains d'honneur de la reine, dans une lettre adressée par lui, le 21 janvier 1861, au révérend Père Zarandona. L'inscription ne porte pas une certitude relativement au miracle qui se rattache au plus précieux des crucifix de notre saint; elle indique seulement une opinion généralement adoptée dans la Compagnie, que le crucifix alors à Rome, avait été l'objet de ce miracle. Le sceau de la Compagnie de Jésus, celui du nonce du pape garantissent son authenticité. Quant à celui de Lisbonne, la relation de monsieur Guillon ne laisse rien à désirer. Il paraît évident qu'il a été aussi à l'usage du saint apôtre, et, par cela seul il doit avoir opéré des prodiges, il est donc une relique précieuse.


A suivre...
Monique
Monique

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