HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

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HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER - Page 10 Empty Re: HISTOIRE DE SAINT FRANCOIS DE XAVIER

Message  Monique Dim 11 Sep 2022, 7:54 am

François de Xavier, avant de quitter Malacca, reçut les premiers vœux de don Joam de Bravo, jeune portugais, que la vie de sublime dévouement des Pères Perez et Oliveira avait séduit; il avait renoncé à une grande fortune, à une brillante position dans le monde, et s'était retiré à l'hôpital, où il vivait depuis trois mois sous la conduite des Pères, dans l'exercice des œuvres de pénitence et de charité, n'aspirant qu'au bonheur de devenir membre de la sainte Compagnie de Jésus. Xavier le reçut après l'avoir examiné, et lui laissa avant de partir un règlement de vie, daté de manière à révéler toute la sensibilité de son cœur :



De la chapelle de Sainte-Marie du Mont, près de Malacca, la veille et la nuit de Saint-Jean-Baptiste, sur le point de m'embarquer pour le Japon, 1549.



De ces instructions, nous citerons seulement un fragment qui nous semble l'abrégé des vertus de notre saint, et nous rappelle les sacrifices qu'il eut à faire pour les acquérir.

« Quelque chose que vous fassiez, en quelque situation que vous vous trouviez, travaillez toujours à vous vaincre vous-même. Domptez vos passions, embrassez ce que les sens abhorrent le plus; réprimez surtout le désir naturel de la gloire, et ne vous pardonnez rien là-dessus jusqu'à ce que vous ayez arraché de votre cur jusqu'aux racines mêmes de l'orgueil, et que non- seulement vous supportiez volontiers qu'on vous rabaisse au-dessous de tout le monde, mais encore que vous ayez de la joie d'être méprisé. Sans cette humilité et cette mortification, tenez pour certain que vous ne pouvez ni croître en vertu, ni être utile au salut du prochain, ni plaire à Dieu, ni enfin persévérer dans la Compagnie de Jésus.

« Obéissez en tout au Père avec lequel vous demeurez, et, quelque pénibles et difficiles que vous paraissent les choses qu'il vous ordonne, exécutez-les avec allégresse, ne lui résistant jamais et n'exceptant jamais rien pour quelque cause que ce soit. Enfin, écoutez-le, obéissez-lui, laissez-vous conduire par lui en toutes choses, comme si le Père Ignace vous parlait et vous dirigeait lui-même. »



Après avoir ainsi réglé toutes choses comme s'il allait à la mort, l'illustre apôtre de l'Orient s'embarqua dans la jonque de Nécéda, corsaire chinois que ses brigandages avaient fait surnommer le Voleur, et auquel personne n'eût osé confier sa vie en montant à son bord.


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Message  Monique Lun 12 Sep 2022, 7:46 am

III


SAINT FRANÇOIS DE XAVIER AUX PÈRES DE LA COMPAGNIE DE JÉSUS, RÉSIDANT A GOA.



Cangoxima (1), 3 novembre 1549.



« Que la grâce et l'amour de Notre-Seigneur Jésus-Christ soient toujours avec vous ! Ainsi soit-il.

« Je vous ai donné à Malacca les détails sur notre voyage et notre séjour dans cette ville. Je vais reprendre la suite de mon récit.

« Nous fîmes voile de Malacca le jour de Saint-Jean-Baptiste, sur le soir, et nous abordâmes au Japon, par la grâce de Dieu, le 15 août suivant. Dieu nous a toujours donné le vent en poupe; mais comme les barbares sont plus perfides que les vents, notre patron, changeant de dessein, voulut changer de route, et s'arrêtait follement dans toutes les îles qu'il rencontrait, perdant ainsi beaucoup de temps.

« Deux choses nous affligeaient vivement : la première, c'est que nous ne profitions pas du bon vent que Dieu nous donnait, et que, s'il venait à nous manquer, nous étions contraints de relâcher et d'hiverner sur les côtes de Chine, et nous perdions la possibilité d'arriver au Japon cette année; la seconde cause de notre affliction, c'est que le patron et son équipage ne cessaient de faire d'exécrables sacrifices à une idole qu'ils traînaient sur la poupe du navire, malgré nos prières et nos instances pour les en détourner. Ils jetaient des sorts pour lui demander s'il était prudent d'aborder au Japon, ou si nous aurions une heureuse navigation; ses réponses étaient tantôt bonnes, tantôt mauvaises, disaient-ils. A la moitié de notre course, nous relâchâmes dans une île pour y faire du bois et prendre du lest, afin de nous garantir contre les tourmentes qui rendent les mers de la Chine si périlleuses. Là, les gens de l'équipage recommencèrent leurs impies sacrifices pour savoir si nous devions profiter du bon vent; l'idole promit une heureuse traversée, mais nous ne devions pas perdre de temps. Alors, nous levâmes l'ancre sur-le-champ, à notre grande satisfaction. Nous étions tous fort gais; les païens se reposaient avec confiance sur la foi en leur idole placée sur la poupe entre des cierges, et au milieu de la fumée du bois de calambac (1) qu'ils brûlaient en sols honneur, tandis que nous mettions toute notre confiance en Dieu et dans les mérites de Jésus-Christ son Fils, dont nous allions porter le nom inconnu, parmi les nations païennes.

«Pendant que nous voguions ainsi, au gré de nos désirs, il prit encore fantaisie à nos païens de consulter l'idole pour savoir si, arrivés au Japon, ils pourraient retourner sains et saufs à Malacca. L'idole répondit qu'ils arriveraient au Japon, mais qu'ils né reverraient pas Malacca. Les voilà consternés et incertains sur ce qu'ils doivent faire; puis, tout à coup, ils se décident à aller hiverner en Chine, pour Waller au Japon que l'année prochaine ! Vous devez juger de notre douleur en nous voyant ainsi à la merci du démon, devenu notre pilote ! Nous allâmes mouiller à un port de la Cochinchine, et deux accidents nous arrivèrent le même jour, fête de Sainte-Madeleine.



1 Ou Kagosima, capitale du royaume de Saxuma.
1 Bois d'aloès.


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Message  Monique Mar 13 Sep 2022, 7:07 am

« Vers le soir, la mer étant très-houleuse et les flots soulevés avec furie, notre navire à l'ancre était violemment agité. Manuel Sina, chrétien chinois, un de nos compagnons, surpris par le roulis, tomba la tête en avant dans la sentine, malheureusement ouverte, profonde et pleine d'eau. Nous le crûmes perdu ! mais Dieu le sauva. Il resta quelque temps dans l'eau jusqu'à la ceinture, et nous eûmes beaucoup de peine à l'en retirer. Il était blessé à la tête et sans connaissance. Pendant que nous étions occupés à lui ni être le premier appareil, voilà qu'une nouvelle secousse jette dans la mer la fille du patron; mais ici, il n'y eut pas de remède : la mer était si agitée, que tous nos secours furent inutiles; nous eûmes, avec son père, la douleur de la voir périr sous nos yeux. Ce malheur jeta Nécéda dans le désespoir. Cétait un spectacle déchirant que celui de ce malheureux père, remplissant le vaisseau de ses cris et de ses sanglots ! L'équipage était dans l'abattement à la vue du danger prochain qui nous menaçait tous. Ne sachant où donner de la tête, ils vont au pied de leurs idoles, passent le reste du jour et toute la nuit à leur faire des sacrifices d'oiseaux et de toutes sortes de viandes, et ne cessent de se tourmenter pour apaiser leurs divinités. Dans un de ces moments de délire, Nécéda voulut savoir, par la voix des sorts, si sa fille eût également péri, dans le cas où Manuel fût mort; la réponse fut affirmative.

« Vous pouvez vous faire une idée du danger que nous courions, placés ainsi à la merci du démon et de ses aveugles adorateurs, et ce qui serait résulté de ce voyage, si Dieu nous avait abandonnés à leur fureur. Poussé à bout, à la vue des outrages faits à Notre-Seigneur Jésus-Christ par ces abominables sacrifices, je demandai à Dieu de ne pas nous submerger avant d'avoir arraché aux ténèbres ces malheureux, créés à son image, et rachetés au prix de son sang; où, si sa volonté était de permettre qu'ils y restassent enfouis, d'aggraver au moins les supplices de notre ennemi commun, de l'auteur de toutes ces superstitions .

« ........ Nos larmes n'étaient pas encore essuyées, que la mer se calma; nous levâmes l'ancre et poursuivîmes notre route. En peu de jours, nous atteignîmes Canton, port de la Chine où notre patron voulait passer l'hiver. Il nous fallut employer tous les moyens pour le forcer à reprendre la route du Japon; nos prières étant de nul effet, nous le menaçâmes de la colère du gouverneur de Malacca, et de celle de tous les Portugais. Dieu permit enfin qu'il se rendit, et nous remîmes à la voile. Bientôt nous découvrîmes, Ting-Tcheou (1), autre port de la Chine, et déjà nos gens se disposaient à y entrer pour attendre le retour de la bonne saison et reprendre alors la route du Ja Éon, lorsque nous vîmes sortit du port une barque se dirigeant vers nous à force de rames ; elle venait nous prévenir que le port était occupé par un tel nombre de pirates, que nous serions perdus si nous avancions. En effet, de la hune on découvrait à un lieue de distance seulement, les brigantins de ces écumeurs de mer. Notre patron n'hésita pas et gagna le large; mais le vent nous repoussait de Canton avec tant de force, qu'il nous fallut avancer vers le Japon, en dépit de Nécéda, de l'équipage et de l'enfer ! Enfin, le jour même de l'Assomption de la Sainte-Vierge, 15 août 1549, nous touchions cette terre après laquelle nous avions tant soupiré !

« N'ayant pu aborder ailleurs, nous débarquâmes à Cangoxima, qui précisément est la patrie de Paul de Sainte-Foi; nous y fûmes parfaitement accueillis par ses parents, ses amis et ses concitoyens.



1 Dans la province de Fokien.


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Message  Monique Mer 14 Sep 2022, 6:47 am

« Maintenant, voici quelques détails sur les îles japonaises, au moins sur ce que j'ai pu voir et apprendre par moi-même.

« De tous les peuples barbares que j'ai vus, nul ne peut être comparé à celui-ci pour la bonté de sa nature. Il est d'une probité parfaite, franc, loyal, ingénieux , avide d'honneurs et de dignités. L'honneur est pour lui le premier de tous les biens. Il est pauvre, mais chez lui la pauvreté n'est pas méprisée. La noblesse pauvre n'est pas moins considérée que si elle était riche, et jamais l'indigence ne déterminerait un gentilhomme à se mésallier pour relever son nom par le secours d'une opulence plébéienne : il croirait s'avilir. Les Japonais sont obligeants. Ils ont un goût excessif pour les armes, qu'ils considèrent comme une sauvegarde indispensable. Tout le monde est armé, les petits comme les grands : tous portent à la ceinture un poignard et une épée, même les enfants de quatorze ans, et ils ne comprennent pas qu'on supporte une parole offensante.

« Les plébéiens respectent la noblesse autant que celle-ci respecte les rois et les princes, et tient à honneur de les servir et de leur obéir. Cette soumission tient uniquement au respect; ils croiraient se dégrader en obéissant par crainte.

« Le Japonais mange peu et boit beaucoup. Sa boisson est une liqueur produite par le riz fermenté, car la vigne est inconnue ici. Ils regardent comme infâmes toutes sortes de jeux surtout ceux de hasard, parce que le joueur, disent-ils, convoite le bien d'autrui. S'ils jurent, ce qui est rare, c'est par le soleil. Presque tous savent lire, ce qui nous sera d'un grand secours pour leur faire apprendre les prières et les principaux points de la doctrine chrétienne.

« ...... Ils écoutent avidement tout ce que nous leur disons de Dieu et de la religion. Les Japonais n'adorent point de figures d'animaux; ils rendent les honneurs divins à d'anciens personnages dont la vie, autant que j'ai cru le comprendre, ressemblait à celle de nos anciens philosophes. Quelques-uns adorent le soleil, d'autres la lune. Tous entendent parler, avec plaisir, de ce qui se rapporte à l'histoire naturelle et à la philosophie morale. Bien que coupable de plusieurs crimes, ils se condamnent dès qu'on leur en découvre l'énormité à la seule lumière de la raison.


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Message  Monique Jeu 15 Sep 2022, 7:38 am

« ...... La vie des bonzes est plus criminelle que celle du peuple, et pourtant ils jouissent d'une grande considération.... J'ai eu plusieurs conférences avec quelques-uns des plus fameux, et notamment avec celui qui, en raison de son habileté, de son titre et de son grand âge, il est octogénaire, jouit du respect, de la vénération même de toute la contrée il est parmi les bonzes comme une sorte d'évêque; il a le titre de Ninchit: Je l'ai toujours trouvé hésitant sur les questions les plus simples, quoique les plus importantes, comme par exemple: notre âme est-elle immortelle ? ou périt-elle avec le corps ? A cela, il répond tantôt affirmativement, tantôt négativement. Si ce fameux docteur est si peu solide, que puis-je penser des autres? Cependant, ce qui vous paraîtra surprenant, il m'aime beaucoup et le peuple comme les bonzes, recherche notre conversation avec avidité. Ce qui les étonne singulièrement, c'est que nous ayons fait six mille lieues dans l'unique but de leur annoncer l'Evangile.

« Le sol de ces îles est éminemment propre à recevoir la semence évangélique; rendez-en grâce à Dieu avec nous. Si rions possédions parfaitement la langue du pays, nous ferions ici une abondante récolte. Dieu veuille que nous la possédions bientôt ! Déjà nous commençons à la parler, et en quarante jours nous avons fait des progrès suffisants pour pouvoir expliquer les dix Commandements de Dieu.

Je n'entre dans ces détails que pour vous porter à remercier l'adorable Providence d'avoir ouvert à votre zèle ces nouvelles contrées.

« ...... Tenez-vous donc prêts; d'ici à deux ans j'en appellerai peut-être plusieurs d'entrevous. Livrez-vous en attendant à la méditation et à la pratique de l'humilité. Exercez-vous à vous vaincre et à surmonter toutes les répugnances de la nature. Appliquez-vous à vous étudier, afin de vous connaître :la connaissance de soi-même est la mère de l'humilité et de la confiance en Dieu. . . . . .

« ...... Dépouillez-vous, mes chers enfants, de toute confiance dans vos propres forces, dans la sagesse humaine, dans l'estime des autres, pour vous reposer entièrement dans les bras de la Providence. Vous serez ainsi toujours debout, toujours armés et prêts à combattre ou à supporter toutes les peines spirituelles et corporelles; car Dieu fortifie les faibles et il élève les petits.

« Je connais un homme qui a contracté l'habitude de ne mettre sa confiance qu'en Dieu seul, au milieu des dangers les plus effrayants; Dieu l'en récompense par une effusion merveilleuse de grâces, qu'il serait trop long d'énumérer ici.

« Mais reprenons notre relation...


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Message  Monique Ven 16 Sep 2022, 7:49 am

« Les habitants de Cangoxima n'ont pas blâmé; Paul d'avoir embrassé le christianisme, et semblent même l'en estimer davantage. Tous le félicitent d'avoir eu le bonheur de faire le voyage des Indes, et d'être le premier Japonais qui en a découvert les richesses. Le roi de Saxuma, d'où dépend Cangoxima, habite à six lieues d'ici; Paul jugea de son devoir d'aller lui présenter ses hommages et en fut très-bien reçu (1). Le roi, après lui avoir témoigné le plaisir qu'il avait à le revoir, lui fit beaucoup de questions sur les moeurs, les usages, les richesses, les forces et la puissance des Portugais, et il parut très-satisfait de ses réponses. Mais ce qui lui parut une merveille des plus surprenantes, ce fut un petit tableau que Paul lui montra, représentant la sainte Vierge tenant l'Enfant Jésus sur ses genoux. Frappé d'admiration et de respect à la vue de cette belle peinture, il se jeta à genoux et ordonna à ses courtisans de l'imiter. Ce tableau ayant été présenté ensuite à la reine mère, elle fut saisie du même respect et de la même admiration, et peu de jours après elle envoya demander à Paul une copie de cette image; mais il ne se trouva pas de peintre capable de la reproduire. Elle demanda alors qu'on lui écrivît un abrégé de la religion chrétienne; Paul s'empressa de la satisfaire.

« Paul, qui prêche jour et nuit l'Evangile à ses parents et amis, a déjà converti sa mère, sa femme, sa fille, et plusieurs de ses proches et de ses voisins. Personne ne les a désapprouvés. Puisse le ciel nous délier bientôt la langue, afin que nous puissions nous livrer sans réserve à la prédication; car nous sommes comme des statues : on nous parle, on nous fait des signes, et nous sommes muets ! Nous redevenons enfants; toute notre occupation est d'apprendre les premiers éléments de la grammaire japonaise. Dieu nous fasse la grâce d'imiter la simplicité des enfants, et d'en avoir l'innocence comme nous en pratiquons les exercices !....

« Lorsque nous vînmes dans ces contrées, entraînés par la soif des conquêtes, nous pensions faire une chose agréable à Dieu, et nous ne faisions qu'entrevoir les grâces dont il daignerait un jour nous favoriser. Mais aujourd'hui, nous voyons clairement que ce voyage est un bonheur pour nous-mêmes, et que c'est dans notre propre intérêt qu'il nous a conduits dans ce pays; car, pour nous rendre plus aptes à son service, et nous tenir dans son unique dépendance, il a brisé tous les liens qui nous attachaient encore aux créatures, et qui auraient pu affaiblir notre confiance en lui seul. Ah ! mes Frères, je vous en prie! joignez vos actions de grâces aux nôtres pour le remercier de tant de bienfaits, et que vos prières nous préservent du vice affreux d'ingratitude !......

« . . . . Je regarde comme un bienfait signalé de la Providence de nous avoir amenés dans un pays où nous serons à l'abri des plaisirs de la table, et où la tentation même ne pourra nous atteindre. Le Japonais ignore l'usage de la viande, même celui de la volaille; il ne vit que d'herbages, de riz, de blé, de poissons et de fruit dont il fait ses délices : aussi ne connaît-il aucune des maladies résultant de l'intempérance; il jouit d'une excellente constitution.



1 Paul allait solliciter sa grâce pour le motif qui l'avait forcé de quitter le Japon; il l'obtint pleine et entière.


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Message  Monique Sam 17 Sep 2022, 8:03 am

« On compte ici un grand nombre d'Académies. Si nous voyons partout les esprits disposés à recevoir l'Evangile, nous écrirons peut-être à toutes les Universités du monde chrétien pour réveiller leur foi, exciter leur zèle et satisfaire notre conscience; car elles pourraient aisément venir au secours de ces peuples environnés de ténèbres, et les amener à la connaissance de la vérité. Nous écrirons à leurs docteurs comme à nos maîtres et à nos supérieurs, les priant de nous regarder comme le moindre d'entre eux; et s'ils ne peuvent eux-mêmes venir prendre part à nos travaux, nous les prierons de seconder au moins de tous leurs moyens ceux qui seraient assez zélés pour se vouer au salut des âmes pour la gloire de Dieu, et qui trouveraient ici des consolations spirituelles plus grandes et plus solides que celles qu'ils peuvent espérer là où ils sont. Enfin, si le travail est tel qu'il me paraît devoir être un jour, je n'hésiterai pas, je m'adresserai directement au Saint-Père et je l'instruirai de l'état des choses; car c'est à lui, vicaire de Jésus-Christ , père de toutes les nations, pasteur de tous les chrétiens, qu'appartiennent ceux qui sont prêts à baisser la tète sous le joug de l'Evangile et à entrer dans le sein de l'Eglise sous la domination du pontife souverain. Nous ferons encore un appel à toutes les communautés religieuses vouées au service de Dieu, et qui brûlent du désir de voir glorifier le nom de Jésus-Christ et s'étendre l'empire de la Croix. Nous les appellerons aux îles du Japon pour y étancher la soif qui les dévore; et si ces vastes contrées sont trop étroites pour leur zèle, nous leur montrerons du doigt l'empire de la Chine, dont la population et l'étendue sont infiniment plus considérables, et dont l'entrée nous sera facile, sous la protection de l'empereur du Japon, comme je l'espère avec la grâce de Dieu.

L'empereur du Japon est lié d'intérêts et d'amitié avec celui de la Chine, qui lui a donné son sceau pour en contre-signer les passe-ports des sujets japonais qui voudraient pénétrer dans son empire. On dit que plusieurs navires ont fait ce trajet en dix ou douze jours. Nous espérons, si Dieu nous laisse encore dix ans sur cette terre, que nous verrons de grandes choses effectuées et par ceux qui viendront apporter ici la lumière évangélique, et par ceux qui en auront été éclairés et convertis.

« Le jour de Saint-Michel, 29 septembre, nous fûmes reçus en audience par le roi de Sàxuma, qui nous accueillit très-bien : «Conservez précieusement, nous dit-il, tous les documents de votre religion, car si la vérité en est prouvée, je mettrai le diable en fureur. » Peu de jours après, il rendit un édit qui donnait à ses sujets la liberté d'embrasser le christianisme. Heureuse nouvelle ! que j'ai réservée pour la fin de ma lettre, afin que le plaisir qu'elle vous fera soit augmenté par la surprise. Rendez-en grâces à Dieu !. . . .

« . . . . . Ma plume ne tarit pas lorsqu'elle vous parle de mon affection pour vous tous et pour chacun de vous. Si les âmes de ceux qui s'aiment pouvaient se rendre sensibles aux yeux du corps, vous vous verriez tous peints dans la mienne, mes bien chers Frères, comme dans un miroir, à moins que votre humilité ne vous permît pas de vous reconnaître ornés de toutes les vertus dont mon cœur se plaît à vous embellir.

« Que le Seigneur éclaire nos esprits ! qu'il nous fasse connaître sa sainte volonté et nous donne à tous la force de l'exécuter ponctuellement !.....

« Tout à vous en Jésus-Christ,


« François. »


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Message  Monique Dim 18 Sep 2022, 9:00 am

IV


Après les douloureuses angoisses d'une si longue et si pénible traversée, Dieu, nous l'avons vu, fit subir à l’héroïque François de Xavier une épreuve plus pénible, plus douloureuse encore, lorsqu'il eut touché le sol du Japon pour le salut duquel il venait de s'exposer à de si grands dangers, lui qui possédait le don des langues depuis son arrivée dans les Indes, ne comprend pas un seul mot de celle du Japon qu'il brûle d'évangéliser. Il est, suivant son expression, comme une statue; et le zèle le dévore. Il ne voit que païens et idoles autour de lui; et il ne peut laisser échapper de son âme la moindre étincelle du feu qui l'anime pour la conversion des uns, pour le renversement des autres. Dieu semble lui retirer ses faveurs au moment où il vient de souffrir si amèrement pour procurer sa gloire, au moment où elles lui seraient plus nécessaires que jamais !

L'épreuve était grande pour ce cœur d'apôtre ! Mais François de Xavier, dont l'humilité égale le zèle, ne se décourage pas un instant. Il redevient enfant, comme il le mandait à ses Frères, il s'applique à l'étude de cette langue si difficile pour un Européen, et il attribue à ses péchés la privation que Dieu lui impose. Il écrit à saint Ignace, sous cette admirable impression, ces lignes remarquables et relatives certainement, dans sa pensée, à la cessation d'une faveur qui lui avait été si libéralement accordée jusqu'ici :



« Je ne pourrai jamais assez dire combien je suis redevable aux Japonais, puisque c'est à eux que je dois l'insigne faveur que Dieu m'a faite de connaître l'énormité et la multitude de mes péchés. Jusqu'ici, emporté hors de moi, je n'avais pas encore sondé toute la profondeur de l'abîme qu'ils ont creusé dans mon âme; je ne l'ai bien vu qu'au moment où Dieu, au milieu des angoisses et des misères par lesquelles il m'éprouvait au Japon, me dessilla les yeux et me fit toucher au doigt la nécessité où j'étais d'avoir près de moi un homme qui eût constamment les yeux sur ma personne. Que votre charité veuille donc ouvrir les siens sur les conséquences que peut avoir la direction des saintes âmes de nos Pères et de nos frères qu'elle a confiées à ma sollicitude ! La miséricorde de Dieu m'a fait connaître combien je suis dépourvu des qualités nécessaires à un tel emploi, et je suis si con vaincu de mon incapacité; que je devrais espérer de votre bonté la faveur d'être placé sous la direction de mes Frères, plutôt que celle d'avoir la charge rigoureuse de les conduire. »


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Message  Monique Lun 19 Sep 2022, 8:07 am


Cependant, on l'a vu, quarante jours avaient suffi au prodigieux Xavier pour apprendre la langue si compliquée du Japon, de manière à pouvoir expliquer le Décalogue. Dès que le roi eut publié l'édit qui autorisait ses sujets à embrasser la religion chrétienne, le grand apôtre commença ses prédications; on les écouta avec avidité, et là, comme partout, il fut aimé et vénéré. Les bonzes eux-mêmes, qui ne voulaient pas de sa religion, voulaient de sa personne et-la recherchaient sans cesse. La foi faisait de rapides progrès, on demandait le baptême avec empressement, et déjà une grande partie des habitants de Cangoxima étaient chrétiens, lorsque les bonzes, s'apercevant de cette immense défection, comprennent qu'ils trouveront leur ruine dans celle de leur religion, et conspirent la perte des prédicateurs étrangers qu'ils avaient tant admirés d'abord : ils travaillent à leur nuire de mille manières; ils tâchent surtout d'ameuter le peuple contre eux, même les enfants. François de Xavier prêchait un jour sur la place publique, un bonze l'interrompt, l'insulte, et s'adressant au peuple :

Défiez-vous, lui dit-il, de cet imposteur ! c'est un démon qui a pris une figure d'homme pour vous séduire !

Le peuple hausse les épaules, il reproche à ce bonze sa mauvaise foi et lui dévoile le fond de sa pensée :

C'est parce que vous perdez nos offrandes que vous voulez nous empêcher de sauver nos âmes ! vous feriez mieux d'écouter le saint Père et de lui laisser sauver aussi la vôtre !

Mais deux seulement suivirent alors ce sage conseil; les autres, tenant trop à leurs vices pour les sacrifier au salut de leurs âmes, continuèrent à faire feu de toutes leurs batteries contre le chef des bonzes chrétiens. Alors Dieu vint appuyer de ses prodiges la parole de l'apôtre, qui devait ce semble renouveler tous les miracles opérés autrefois par le divin Sauveur.


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Message  Monique Mar 20 Sep 2022, 7:57 am

Un jour, le saint bien-aimé des Japonais, se promenant sur le rivage de la mer, s'arrête à considérer de pauvres pêcheurs qui s'affligeaient de ne rien prendre; leur filet remontait toujours vide, et, découragés, ils allaient cesser leur inutile travail :

Pourquoi vous décourager, mes enfants ? leur dit Xavier de sa douce et compatissante voix.

Saint Père, il n'y a pas de poisson aujourd'hui ! La mer n'est jamais poissonneuse à Cangoxima, et il y a des jours où on ne prend pas un seul poisson.

Voyons, un peu de courage ! Rejetez le filet.

Mais il y a si longtemps que nous le jetons inutilement, saint Père !

N'importe; jetez-le encore une fois, et ayez confiance en Dieu.


Les pêcheurs obéissent... et voilà qu'ils peuvent à peine remonter le filet, tant il est plein; ils ne comprennent rien à une pêche qui produit non-seulement une quantité dont ils n'avaient pas d'exemple, mais encore une qualité qu'ils ignoraient. Le lendemain et les jours suivants, même succès ! Depuis que notre saint avait prié, la mer de Cangoxima était devenue une des meilleures pour la pêche, et le miracle se continuait encore; un grand nombre d'années après.


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Message  Monique Mer 21 Sep 2022, 8:17 am

Une pauvre femme, dont l'enfant était enflé dans tout le corps, apprend que le Père de Xavier guérit tous les malades qu'il touche. Elle prend son petit moribond dans ses bras, elle court au saint Père, car au Japon comme dans les Indes, c'était ainsi qu'on le désignait :

Mon Père, lui dit-elle, voilà mon pauvre petit enfant ! vous voyez qu'il va mourir si vous ne le guérissez tout de suite !

La pauvre mère pleurait abondamment. L'apôtre laissa tomber sur elle un regard où se peignait la plus consolante pitié et qui fut pour elle l'espérance. Aussitôt elle lui donne son enfant :

Tenez ! guérissez-le, mon Père

Xavier prend dans ses bras l'enfant qu'on lui tendait ainsi; il le regarde avec émotion.

« Dieu te bénisse ! lui dit-il. »


Et il répète deux fois encore cette parole; puis il remet l'enfant à sa mère dont les larmes sont devenues en un instant des larmes de joie. Son enfant désenflé, très-bien portant, paraissait plus beau qu'avant d'être malade.

Un lépreux, à la nouvelle de ce miracle, espère sa guérison s'il parvient à approcher du saint Père. Séparé de tout le monde, il ne lui est pas permis de Taller trouver; mais on lui parle tant de sa charité, qu'il ose le faire prier de venir à lui. Notre saint ne pouvant s'y rendre dans le moment, y envoie un des siens, en lui disant :

« Vous demanderez trois fois à ce malade s'il croira en Jésus-Christ dans le cas où sa lèpre disparaîtrait, et, s'il le promet, vous ferez sur lui le signe de la croix après chacune de ses réponses. »

L'envoyé de l'apôtre exécute ponctuellement les ordres qu'il a reçus; le malade répond trois fois qu'il croira en Jésus-Christ, et après le dernier signe de la croix qui suit sa dernière réponse, la lèpre disparaît subitement ! La foi de ce Japonais devint si vive, qu'on lui accorda bientôt la grâce du baptême.


A suivre...
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Message  Monique Jeu 22 Sep 2022, 7:44 am

Un seigneur encore idolâtre venait de perdre sa fille unique; il était fou de douleur. Deux néophytes de ses amis lui parlent des miracles de François de Xavier et l'engagent à lui demander la résurrection de sa fille. Le malheureux père s'emporte contre ses amis; il croit que leur foi chrétienne a altéré leur raison, car jamais au Japon nul n'entendit parler de la résurrection des morts; jamais idole ne fit rien de semblable; jamais bonze ne lut dans les livres des savants une merveille de ce genre : les morts ne peuvent ressusciter. Cependant, les chrétiens parviennent à lui inspirer assez de confiance dans les prodiges du saint Père, et le païen va se jeter à ses pieds avec des cris de douleur à briser le cœur. Xavier en est touché : il s'éloigne un moment avec Fernandez; puis, revenant au seigneur japonais:

Allez, lui dit simplement le saint en comprimant l'émotion qu'il éprouve, allez, votre fille vit.

Comment ! elle ne peut vivre, puisque vous n'avez pas invoqué sur elle le Dieu des chrétiens !

Elle est vivante répète Xavier.

Le malheureux seigneur se retire furieux:

Le bonze chrétien s'est moqué de moi, disait-il; il n'a pas invoqué son Dieu; il n'est pas venu toucher la tête de ma fille comme il fait aux malades, et il me dit qu'elle est vivante !

Il retournait chez lui, outré de colère contre le chef des bonzes chrétiens, lorsqu'il rencontre les gens de sa maison, venant lui annoncer que la jeune fille est revenue à la vie. Un peu plus loin, il voit sa fille elle-même courant au-devant de lui:

Si vous saviez, mon père ! lui dit-elle en l'embrassant, si vous saviez, ce qui m'est arrivé ! J'étais morte ! deux horribles démons s'étaient saisis de moi; ils m'emportaient dans un abîme de feu ! J'étais perdue ; lorsque deux hommes, à l'air noble et au regard doux et compatissant, m'ont arraché de leurs mains, et, au même instant, je suis revenue à la vie, comme si je me réveillais, et je me sens dans l'état de santé le plus parfait !


Ma fille ! ma chère fille ! tu étais bien morte, c'est vrai ; mais le chef des bonzes chrétiens t'a ressuscitée par son Dieu, qui est plus fort et plus puissant que les nôtres ; allons le remercier !


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Message  Monique Ven 23 Sep 2022, 7:00 am

Et le père et la fille viennent trouver le Père de Xavier, qui était encore avec Fernandez. En les voyant la jeune fille s'écrie

            Les voilà ! voilà ceux qui m'ont délivrée des mains des démons ! Je les reconnais bien !

Elle se prosterne à leurs pieds, demandant instamment, ainsi que son père, la grâce du baptême, qui leur fut accordée dès que leur instruction le permit.

Ce miracle produisit un immense effet sur un peuple qui, jusqu'alors, n'avait jamais entendu parler de résurrection, et dont la langue n'avait pas même de mot qui répondît à cette idée. Xavier était pour les Cangoximains, encore païens, un véritable Dieu beaucoup plus puissant qu'Amida et Chaca, leurs plus grandes divinités. Plusieurs se convertirent, et les bonzes, d'autant plus irrités, jurèrent une haine implacable au célèbre apôtre, dont la réputation s'étendait déjà jusqu'aux extrémités de l'empire japonais.

Un homme du peuple, payé par eux, l'insultait et le menaçait avec rage dans les rues de la ville, après une de ses instructions. Xavier supportait ses injures et ses menaces sans lui répondre et sans rien perdre de son inaltérable douceur, lorsque, subitement éclairé d'en haut, il voit la vengeance de Dieu prête à fondre sur ce malheureux. Il le regarde avec l'expression de la pitié, et lui dit tristement

« Dieu veuille conserver votre langue ! »

Et à l'instant même la langue du païen est putréfiée ! Elle sort malgré lui de sa bouche, les vers y fourmillent ! .. La foule exalte la puissance du Dieu des chrétiens, les bonzes sont plus méprisés, que jamais, et, quelques jours après, la femme d'un des premiers seigneurs de la cour, ayant abandonné Chaca et Amida qu'elle avait comblés jusqu'alors de ses libéralités, recevait le baptême solennellement, ainsi que toute sa famille. Les bonzes n'avaient plus aucun moyen de nuire au grand apôtre dans l'esprit des Cangoximains; leur faiblesse ne pouvait lutter contre sa puissance, et il fallait pourtant mettre un terme à ses conquêtes de chaque jour : Amida et Chaca les inspirèrent.


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Message  Monique Sam 24 Sep 2022, 7:35 am

Des vaisseaux portugais, qui d'ordinaire mouillaient à Cangoxima, venaient de passer sans s'arrêter, et avaient gagné Firando où ils portaient leurs riches marchandises. Le commerce de Cangoxima et de tout le royaume de Saxuma souffrirait de l'absence des marchands portugais, le roi en serait irrité, l'occasion était trop précieuse pour la perdre.

Ce calcul fait, les principaux d'entre les bonzes vont se présenter au roi; ils lui disent qu'il a encouru la colère des dieux Amida et Chaca, à qui il doit son trône; que la postérité maudira son nom; que déjà les chrétiens montrent leur fourberie, car c'est sûrement le chef de leurs bonzes qui a envoyé les marchands portugais à Firando et les a empêchés de s'arrêter à Cangoxima. Les Dieux l'ont ainsi voulu pour punir le peuple qui a déserté les pagodes, et surtout pour punir le roi, dont la faiblesse avait permis à ses sujets de changer de religion.

Le roi tremblait suffisamment; les bonzes profitèrent de la peur qu'ils venaient de faire à sa crédule majesté pour lui arracher un édit révoquant celui qu'elle avait accordé à Xavier, et portant peine de mort contre ceux de ses sujets qui embrasseraient désormais la religion prêchée par les bonzes européens.

A cette accablante nouvelle François de Xavier ne songea plus qu'à fortifier les chrétiens dans la foi. Tous lui promirent de mourir plutôt que d'y renoncer, et l'apôtre voyant qu'il ne pourrait gagner un plus grand nombre d'idolâtres, s'éloigna du royaume de Saxama pour porter ailleurs la lumière de l'Evangile :



« Nous prîmes congé de nos néophytes, écrivait-il, mais ce ne fut pas sans regrets, ce ne fut pas sans larmes de part et d'autre ! Ces pauvres gens s'épuisaient en remerciements de ce que nous étions venus de si loin, et à travers de si grands dangers, pour leur enseigner le chemin du ciel. Je leur laissai Paul, qui achèvera de les instruire et de les fortifier. »


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Message  Monique Dim 25 Sep 2022, 8:05 am

Notre saint s'éloigna de son cher Paul et de ses néophytes en septembre 1550. Il était resté un an à Cangoxima. Avant de partir, il donna des lettres de recommandation aux deux bonzes qu'il avait convertis, et qui désiraient visiter les Indes et l'Europe. Disons tout de suite que Paul de Sainte-Foi travailla si bien après le départ de Xavier, que l'édit contre le christianisme ne reçut point d'exécution, que le nombre des idolâtres diminua sensiblement, et que le roi de Saxuma, sollicité par les seigneurs de sa cour, et d'ailleurs édifié de toutes les vertus des chrétiens, écrivit au vice-roi des Indes, peu d'années après, pour lui demander les Pères de la religion de Xavier que les Japonais avaient surnommé: Le saint par excellence.

Xavier avait pris la route de Firando avec le Père Côme de Torrez et le Frère Fernandez; il voyageait à pied, selon son usage, portant sa chapelle sur son dos, lorsque non loin de la forteresse du prince Hexandono, vassal du roi de Saxuma, il rencontra quelques-uns de ses gens qui le pressèrent vivement de monter au château et de faire une visite au prince. Le saint apôtre, dans l'espoir de faire à Dieu une conquête de plus, céda à leurs instances. Hexandono, ravi de voir le bonze chrétien dont la célébrité remplissait le Japon, le reçut avec les plus grands honneurs; il réunit tous les soldats de la garnison, sa famille, ses gens, et Xavier, se présentant au milieu de cette immense et imposante réunion, prêcha aussitôt la foi en Jésus-Christ. Il produisit une telle impression, que plusieurs s'empressèrent de lui soumettre leurs doutes, et dix-sept, suffisamment éclairés, demandèrent le baptême avec tant de foi, que l'apôtre le leur accorda; il les baptisa en présence de leur prince, qui, dans la crainte de déplaire au roi, ne permit pas à un grand nombre de recevoir cette faveur. Il promit seulement de se faire baptiser lui-même, et de laisser libre tous ses gens dès qu'il y serait autorisé par le souverain, qu'il pensait ne devoir pas soutenir longtemps l'édit arraché par les bonzes. Néanmoins ce prince, admirant la doctrine prêchée par François de Xavier, permit à sa femme de lui demander le baptême qu'elle reçut avec bonheur.

Notre saint ayant remarqué une grande solidité d'esprit dans l'intendant du prince, le chargea du soin d'entretenir la foi et la piété des néophytes. Il désigna le lieu qui lui parut le plus propre aux réunions et lui ordonna d'y présider, d'y lire à haute voix une partie de la doctrine chrétienne tous les dimanches, les psaumes de la pénitence tous les vendredis, et les litanies des saints tous les jours. En partant, il lui laissa une discipline dont il s'était servi quelquefois. L'intendant attachait depuis un si grand prix à cet instrument de pénitence, qu'il permettait rarement aux chrétiens de s'en servir. Cette discipline fit une infinité de miracles, et les successeurs de François de Xavier dans l'apostolat du Japon, la trouvèrent en la possession de la princesse qui l'avait gardée précieusement, après la mort du vieil intendant, et qui s'en servait pour opérer des prodiges, ainsi que d'un petit livre écrit de la main de l'illustre Xavier, et qu'il lui avait donné en la quittant; ce petit livre contenait quelques prières et les litanies des saints.


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Message  Monique Lun 26 Sep 2022, 7:51 am

V



Le bruit éclatant et soudain de nombreuses salves d'artillerie, auquel se mêlait celui de cris confus et prolongés, poussés par une multitude de voix, mettait en grand émoi toute la population de Firando et portait lé trouble dans l'esprit de son roi Taquanombo. Brouillé depuis peu avec le petit souverain de Saxuma, il craignait que ce ne fût une surprise de cet ancien allié devenu son ennemi, et qu'il n'eût appelé à son aide les Portugais dont les vaisseaux mouillaient dans ses eaux. Comment se défendre du formidable canon des Européens? La situation était embarrassante, et il importait de l'éclairer au plus tôt.

Taquanombo, plein de ces sinistres pensées avait dépêché un de ses courtisans, avec ordre de s'informer exactement de l'état des choses sur le port, et il attendait son retour dans la plus grande anxiété, lorsqu'enfin l'envoyé reparaît. Il dit au roi, et ceci le rassure complètement, que tout ce bruit n'est qu'une manifestation de joie de la part des équipages; que les Portugais, et en général les Européens, sont dans l'usage d'exprimer leur joie à coups de canon, de saluer leur souverain à coups de canon, et de trier leurs ennemis à coups de canon :

            Or, ajoute l'envoyé, les Portugais en rade viennent d'avoir une surprise qui leur a fait tant de plaisir, qu'ils ont crié et tiré le canon comme s'ils voyaient l'ennemi ou le roi : voilà tout.

            Et sait-on ce qui leur a fait ce plaisir? demande Taquanombo.


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Message  Monique Mar 27 Sep 2022, 7:50 am

Ce qui réjouit leur cœur, c'est que le grand bonze d'Europe qui fait tomber la pluie sur la terre et fait venir le poisson dans la mer, ce bonze qui redonne la vie quand on est mort et. la santé quand on est malade, ce bonze chrétien, dont le Dieu est si puissant, est arrivé au port dans une jonque du pays ; les Portugais l'ont reconnu de loin, ils ont tiré le canon, ils ont poussé de grands cris de joie, ils ont sonné toutes les trompettes, hissé tous leurs pavillons, ils ont embrassé le bonze en pleurant et en riant. On croirait qu'ils n'ont pas toute leur raison, si on ne savait que ce grand bonze est un Dieu, et qu'on ne peut trop faire pour lui.

Le roi, enchanté de savoir que le célèbre bonze chrétien était à Firando, témoigna le désir de le voir, et les Portugais, pour donner à ce prince une idée de la vénération que méritait leur saint apôtre, voulurent le conduire au palais en grande pompe. L'humble Xavier ne put se défendre de tant d'honneurs, qui d'ailleurs devaient rejaillir sur la religion dont il était le ministre. Escorté de tous les soldats des équipages, les drapeaux entête, au son des trompettes et entouré des officiers et des capitaines en grand costume, notre saint traversa les rues de Firando et se rendit à la cour de Taquanombo, où il reçut un accueil proportionné à la pompe qui l'entourait. Les Portugais le présentèrent au roi comme le personnage le plus illustre et comme l'ami de leur souverain, auprès duquel nul n'était aussi puissant que Xavier, le grand apôtre des Indes. Et quand ils apprirent à Taquanombo que le roi de Saxuma l'avait forcé de sortir de ses États, ce prince, charmé de l'occasion de contrarier son ennemi en se rendant agréable au roi de Portugal, donna toute liberté au missionnaire de prêcher la religion chrétienne dans son royaume.

En sortant du palais, François de Xavier commença à parler d'un seul Dieu sur la place publique, et la foule vint aussitôt l'entourer et l'écouter. Vingt jours lui suffirent pour faire plus de chrétiens qu'il n'en avait fait à Cangoxima durant plus d'une année. L'empressement et la docilité de ce peuple promettant les plus consolants succès, il n'hésita pas à lui laisser le Père Côme de Torrez, et à pousser plus loin ses conquêtes. Il partit à la fin d'octobre 1550, accompagné de Juan Fernandez et de deux chrétiens japonais, Bernard et Mathieu; il alla s'embarquer à Facata, pour se rendre de là à Amanguchi, capitale du petit royaume de Naugata, à plus de cent lieues de Firando. Son intention était de ne point séjourner à Amanguchi, et de continuer son voyage jusqu'à Meaco, capitale de l'empire; mais ayant appris le désordre de mœurs qui régnait dans la capitale de Naugata, il voulut y jeter en passant la semence évangélique. Il l'y répandait à pleines mains; sou zèle, excité par la pensée des crimes dont cette ville était souillée, semblait plus ardent que jamais; la ferveur de sa prière continuelle, pour toutes ces âmes perdues de vice, répondait à son zèle; mais Dieu permit qu'il ne recueillît, en ce moment, que l'insulte et l'outrage. Le peuple, les enfants mêmes le poursuivaient en lui jetant des pierres et en l'accablant d'injures ! François de Xavier supporta ces humiliations avec une douceur inaltérable, et n'accusa que ses péchés de l'insuccès de ses prédications.


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Message  Monique Mer 28 Sep 2022, 7:46 am

Oxindolio, roi d'Amanguchi, voulant connaître par lui-même la doctrine européenne dont on ne cessait de parler, désira voir les bonzes d'Europe, et réunit les seigneurs de la cour pour les entendre

D'où êtes-vous? dit-il à Xavier.

Je suis Européen.

Pourquoi êtes-vous venu au Japon?

Pour prêcher la loi d'un Dieu unique; car nul ne peut être sauvé, s'il n'adore ce Dieu et Jésus-Christ son Fils avec un cœur pur de vices, s'il ne lui rend le culte religieux qui lui est dû, s'il n'accomplit, en un mot, la loi divine.

Expliquez-nous cette loi.


Alors le saint apôtre expliqua les principales vérités de la foi, répondit aux objections de chacun, parla plus d'une heure, fit même verser quelques larmes à son auditoire....... et ce fut tout. Il ne gagna pas une seule âme à Jésus-Christ !

Après avoir ainsi semé sans recueillir pendant un mois entier, il prit la route de Meaco avec ses compagnons, vers la fin de décembre, par une pluie fine et glacée qui ne cessait que pour faire place à la neige la plus épaisse et la plus soutenue.

L'hiver est si rude au Japon, que, dans les villes, une galerie couverte règne devant les maisons, de manière à faire communiquer de l'une à l'autre sans sortir dans la rue. Mais le courage des quatre voyageurs est plus fort que la rigueur de la température; il surmontera généreusement tous les obstacles qu'elle opposera à l'ardeur de leur zèle.


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Message  Monique Jeu 29 Sep 2022, 7:11 am

Notre humble et intrépide Xavier, dont l'exemple animait ses compagnons, entreprend résolument, à pied, sa chapelle sur son dos, et sans vêtement d'hi ver, un voyage de quinze jours de marche dans toute autre saison, mais dont il ne pouvait apprécier la durée probable par le temps des neiges, des glaces et du typhon aussi violent dans les terres que sur mer. Bernard servait de guide et portait sur son dos les provisions de bouche....... un sac contenant du riz grillé. C'était là toute leur ressource pour se réconforter dans leurs fatigues; et elles furent grandes dans ce voyage ! Elles furent grandes pour le corps; elles furent grandes pour le cour, pour l'âme de notre héros; mais son courage n'en fut point ébranlé.

Des torrents glacés se trouvaient sur la route; il fallait les traverser, et il glissait, roulait, se blessait... N'importe ! il revenait à la charge, il atteignait l'autre bord, et il tendait la main aux trois autres moins agiles, quoique plus jeunes que lui. Souvent ils enfonçaient dans la neige jusqu'au-dessus du genou; souvent aussi, après avoir gravi péniblement les rochers escarpés des hautes montagnes, sur lesquelles la neige était dure et glacée, ils disparaissaient tout à coup, et se trouvaient au fond d'un abîme, dont ils ne parvenaient à sortir que par un miracle de la divine Providence qui veillait sur eux, en n'épargnant aucune épreuve à leur foi.

Ces grandes fatigues accablèrent enfin notre saint il fut pris d'une fièvre qui l'obligea de s'arrêter quelques jours à Saccaï; mais dès qu'il se sentit mieux, il reprit courageusement la route de Meaco. Dans toutes les villes, dans tous les villages qu'il traversait, il annonçait un seul Dieu et Jésus-Christ son fils, par qui seul l'homme peut être sauvé; on se moquait de lui. Les enfants le poursuivaient en criant : Deos ! Deos ! Deos! Xavier répétait ce mot si souvent en prêchant, que les enfants le retenaient comme un mot étranger qu'ils avaient ignoré jusqu'alors. La langue japonaise n'ayant pas d'équivalent au mot Dieu exprimant l'idée d'une puissance souveraine, le saint apôtre prononçait ce nom en portugais; l'étonnement en était d'autant plus grand pour les Japonais, qui le redisaient sans le comprendre.


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Message  Monique Ven 30 Sep 2022, 7:35 am


Dans une ville où il se voyait écouté avec plus d'attention qu'ailleurs, il parla plus longtemps, il expliqua la nécessité de fuir le vice et de pratiquer la vertu pour être sauvé. Cette étrange doctrine souleva la fureur de la foule. On se jeta sur notre saint, on le traîna hors des murs de la ville, on le condamna à être lapidé, et on allait exécuter cette cruelle sentence, lorsqu'un orage épouvantable, que nul n'avait prévu, éclata si violemment, que chacun s'enfuit à la hâte, cherchant un abri. François de Xavier demeura seul au milieu de cette tourmente, remerciant l'adorable Providence qui le délivrait ainsi d'une mort certaine, pour lui donner le temps de porter ailleurs le nom de Jésus-Christ.

Cependant nos voyageurs continuaient leur route vers Meaco, à travers des dangers sans cesse renouvelés et des retards d'autant plus grands, que Bernard, chargé de diriger la petite caravane, souvent trompé par la neige dont le pays était couvert, s'égarait complètement. Un jour, où il ne pouvait parvenir à s'orienter. suffisamment, arrive un cavalier qui paraissait très-sûr de son chemin. Xavier lui demande s'ils sont sur la route de Meaco.

Oui, lui répondit-il, et j'y vais aussi; si vous voulez me suivre, tenez, portez-moi ce paquet qui m'est d'un très-grand embarras sur mon cheval.

Bien volontiers, lui dit notre saint.


Et il se charge d'une énorme valise, ravi d'avoir été pris pour un pauvre malheureux que chacun avait droit de faire travailler pour son compte. Le voyageur n'eut pas même la pensée de ralentir le pas de son cheval. Il en résulta que François de Xavier, s'étant efforcé longtemps de le suivre, tomba sur le chemin, épuisé, anéanti, mourant de faiblesse et de lassitude. Ses compagnons, qui n'avaient pu marcher aussi rapidement, malgré leur bonne volonté, le trouvèrent étendu à terre, ayant à peine la force de leur parler ! Ses jambes et ses pieds, excessivement enflés, étaient déchirés en plusieurs endroits... Il ne se plaignit pas; il avait espéré arriver ainsi jusqu'à Meaco, guidé par le cavalier inconnu. Dieu ne l'avait pas permis, il lui avait seulement donné une occasion de s'humilier et de souffrir, et il l'en remerciait de toute la force de son âme.


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Message  Monique Sam 01 Oct 2022, 7:25 am

Enfin, après deux mois de la plus pénible marche, il entrait à Meaco, sur la fin de février 1551. Il trouva cette ville absorbée par les bruits de guerre; il ne put obtenir d'audience du souverain, dont il vit d'ailleurs que l'autorité était absolument nulle; et jugeant que le moment n'était pas venu d'annoncer à cette ville une religion inconnue, qui condamne tous les désordres dans lesquels elle était plongée, il prit le parti de retourner à Amanguchi, mais dans des conditions différentes.

Il avait remarqué que le peuple s'était moqué de sa pauvre soutane déchirée, qu'il raccommodait pourtant lui-même du mieux qu'il pouvait ; mais nous sommes forcé de convenir que ce mieux n'était pas très-bien, et qu'il équivalait presque à une déchirure de plus: il fallut donc en changer. Il avait aussi remarqué que les Japonais étaient fort curieux de tous les produits de l'industrie européenne et, jugeant que des présent en ce genre lui mériteraient l'estime du roi, il se rendit tout d'abord à Firando où il avait laissé, entre les mains des Portugais, les objets qu'il lui avait paru superflu d'emporter.

En partant de Meaco, il chantait les premiers versets du psaume CXIII, avec un accent qui émut vivement Juan Fernandez, et lui fit penser fille son Père de Xavier était intérieurement éclairé sur le Progrès que la religion ferait bientôt dans l'empire dont il quittait la capitale. Notre saint s'était embarqué sur le fleuve, la route de terre étant trop longue pour la reprendre à pied; d'ailleurs l'état de guerre de ce pays la rendait chaque jour plus dangereuse. A Saccaï, il prit la mer et gagna Firando. Le vice-roi des Indes et le gouverneur de Malacca l'avait forcé d'emporter au Japon une petite horloge, une épinette, instrument fort recherché alors, même en Europe, et quelques autres objets inconnus dans les pays qu'il allait parcourir. François de Xavier espérant tout de ces présents sur l'esprit du roi d'Amanguchi, se hâta de lui faire demander une audience en arrivant. Lé roi, émerveillé de ces prodiges, admira l'intelligence et les talents des Européens, et le même jour il envoya au chef des bonzes chrétiens une somme considérable qui lui revint intacte: Xavier la refusait et demandait seulement une nouvelle audience pour le lendemain, afin de remettre à Oxindono les lettres de l'évêque des Indes et du gouverneur de Malacca.

C'est étrange ! dit Oxindono; les bonzes d'Europe refusent l'argent, et les nôtres n'en ont jamais assez ! A l'audience du lendemain, il loua le bonze chrétien et le remercia en lui témoignant le désir de lui être agréable:

Toute la faveur que je sollicite, lui répondit le Père de Xavier, c'est la permission de prêcher la religion de Jésus-Christ dans vos Etats, puisque nul homme ne peut être sauvé que par elle.


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Message  Monique Dim 02 Oct 2022, 7:46 am

Oxindono, admirant le désintéressement d'un tel bonze, l'autorisa à prêcher la religion qui inspirait tant de générosité, rendit un édit par lequel il permettait à ses sujets de pratiquer la religion chrétienne, et défendit, sous les peines les plus sévères d'inquiéter les bonzes de cette religion. Il fit plus encore, il assigna pour demeure à Xavier et aux trois chrétiens qui l'accompagnaient, une ancienne bonzerie inhabitée.

« ..... Dès que nous y fûmes établis, écrivait notre saint, nous fîmes là nos instructions, et l'affluence des auditeurs était immense. Nous prêchions deux fois le jour, à la suite de chaque discours, nous avions une longue conférence sur les matières qui venaient d'être traitées; de manière que nous ne cessions de prêcher ou de répondre aux questions qui nous étaient adressées. Bonzes, noblesse, gens du peuple, tout le monde accourait en foule; quand il n'y avait plus moyen d'entrer, on restait à la porte. Le résultat fat que la fausseté des superstitions païennes et celles de leurs auteurs fut bientôt démontrée, et que la vérité parut éclatante à tous les esprits. Il est remarquable que ceux qui avaient été le plus âpres dans la discussion, furent nos premières conquêtes. Presque tous étaient des hommes de distinction, qui devinrent nos meilleurs amis dès qu'ils furent chrétiens, et nous mirent au courant des mystères ou plutôt des inepties de la religion japonaise divisée en neuf sectes. Ainsi éclairés, il nous fut aisé de la combattre. Chaque jour aux prises avec des bonzes, des magiciens et autres, nous les confondîmes en peu de temps par nos questions et nos raisonnements ...... »

L'avidité de cette nation pour chercher la vérité près du saint apôtre ne connaissait pas de bornes. C'était non-seulement, le jour, mais encore la nuit qu'on venait lui soumettre des difficultés. Il ne trouvait pas toujours le temps de réciter son bréviaire de suite, et, bien qu'il lui fût permis de dire un office plus court que le romain, il n'usa jamais de cette autorisation. On raconte même que jamais il n'avait omis le récitation du Veni Creator avant chacune des heures canoniales,et que son visage s'animait alors comme si le Saint-Esprit eût voulu donner un signe sensible de sa présence sur le séraphique Père de Xavier. Qu'on juge par là du sacrifice qu'il s'imposait en se livrant incessamment à l'indiscrétion de ceux qui venaient le consulter. Quelquefois on ne lui laissait pas même le temps de dire la messe; bien moins encore pouvait-il trouver un moment pour prendre un peu de repos ou quelques légers aliments : c'était aux yeux de tous un miracle incessant qui soutenait sa précieuse existence, et lui donnait la force de résister à des fatigues que nul autre n'aurait pu supporter. On lui posait les questions les plus diverses et les plus difficiles; il écoutait avec calme, dignité et bienveillance; puis, il répondait à chacun avec tant de clarté et rend ait la vérité si frappante, qu'il les ravissait tous.


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Message  Monique Lun 03 Oct 2022, 7:40 am

Un jour où la foule était immense et les questions plus nombreuses encore que de coutume. Dieu manifesta sa puissance d'une manière inouïe jusqu'alors. L'un demandait à l'apôtre aimé de Dieu l'explication de l'éternité qu'il ne pouvait comprendre, taudis qu'un autre le priait de lui donner celle du mouvement des astres; un troisième désirait qu'il éclairât Ses doutes sur l'immortalité de l'âme, et un quatrième voulait savoir d'où venaient les couleurs de l'arc-en-ciel; quelques autres proposaient des difficultés sur la grâce, ou tenaient à savoir comment se forment les éclipses du soleil, tandis que d'autres encore voulaient être éclairés sur les peines de l'enfer, ou sur l'étendue et la population de la terre. Le grand Xavier avait écouté toutes les questions qu'on lui posait avec sa grâce et sa bonté ordinaires. Lorsqu'on eut fini, il se leva, promena sur l'immense assemblée un regard inspiré, prononça quelques paroles et produisit nu étonnement et une admiration qui semblaient tenir de la stupeur. On se regardait, on regardait François de Xavier, on ne trouvait pas de paroles pour exprimer les sentiments qui remplissaient l'âme.......

Une seule réponse, par le plus merveilleux des prodiges, une seule réponse du saint apôtre venait de résoudre à la fois toutes les difficultés, d'une manière si claire, si précise et si complète, que chacun se croyait sous le prestige d'un songe !

Il fallut pourtant reconnaître la réalité de cette merveille, car Dieu la renouvela depuis, pour son apôtre privilégié, toutes les fois que les questions auraient demandé, par leur nombre et leur diversité, un temps plus considérable due celui qu'il était possible d'y consacrer.

Les Japonais ne purent voir clans ce prodige un miracle de la puissance divine et persistèrent longtemps à l'attribuer à la science de François de Xavier, pour laquelle, disaient-ils, il n'y avait de mystère ni dans ce monde, ni dans l'autre; ce qui faisait dire aux bonzes en parlant du Père de Torrez :

« Il a de la science, assurément; mais il n'approche pas du Père de Xavier! Il n'a pas le talent de résoudre plusieurs difficultés avec une seule réponse ! Le Père François de Xavier est le plus grand homme de l'Europe et du monde entier !


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Message  Monique Mar 04 Oct 2022, 7:31 am

Les conversions devenant plus nombreuses à mesure que les esprits étaient éclairés, et la classe lettrée n'ayant plus le même besoin des conférences, Xavier crut devoir les cesser pour les prédications sur les places publiques. Elles étaient d'autant plus nécessaires, que les bonzes des différentes sectes, cherchant à combattre l'influence du grand bonze chrétien et la puissance des vérités qu'il enseignait s'entendirent pour le décrier publiquement, et s'efforçaient de prévenir le peuple contre cette religion nouvelle qui condamnait tous les plaisirs et excitait la colère d'Amida et de Chaca. François de Xavier prêchait donc deux fois par jour dans un quartier, pendant que Juan Fernandez prêchait dans l'autre, au grand déplaisir des bonzes dont le crédit diminuait en proportion de la confiance qu'inspirait notre saint.

Les Chinois que le commerce attirait à Amanguchi eurent la curiosité de voir le fameux bonze européen dont on leur disait tant de merveilles et ils accoururent sur la plus grande place, dès que leur vint la nouvelle qu'il allait y prêcher. La langue du Japon est bien différente de celle de la Chine; mais les marchands chinois la sachant assez pour leur commerce, espéraient comprendre quelque chose de la doctrine qui venait de si loin, et que ce bonze si merveilleux ne vendait pas.

En voyant le grand apôtre, ils éprouvèrent un sentiment de respect que témoignaient leur attitude et leurs regards. François de Xavier s'en aperçoit; son cœur s'émeut à la vue de ces Chinois qui l'écoutent, et à la pensée de leur vaste empire que la lumière de l'Evangile n'a jamais éclairé. Son désir d'y pénétrer, d'y porter l'adorable nom de Jésus-Christ est plus vif, plus ardent que jamais; il porte un regard de tendre compassion sur ces pauvres païens... Un nouveau prodige s'opère ! Dieu rend à son apôtre le don qui lui avait été retiré à son arrivée au Japon. Xavier s'adresse aux Chinois qui l'écoutent, et il leur parle le chinois le plus pur ! La foule, ravie de cette étonnante merveille, s'écrie en battant des mains, que jamais homme ne fut si grand que le bonze chrétien, et que sa doctrine ne peut qu'être supérieure à celle des bonzes japonais.


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Message  Monique Mer 05 Oct 2022, 6:30 am

Quelques jours après, le nombre des chrétiens s'était accru considérablement, et en moins de deux mois, plus de cinq cents idolâtres avaient renoncé à leurs idoles et reçu le baptême. Les grands et les lettrés avaient donné l'exemple, le peuple les suivit, et la ferveur de ces néophytes était si vive, qu'il n'était plus question partout dans Amanguchi, que de la religion chrétienne et de ses saintes pratiques. Ils étaient si heureux, qu'ils n'avaient pas d'expressions pour témoigner leur reconnaissance à celui qui était venu de si loin leur apporter la vérité, et avec elle le bonheur de cette vie et celui de la vie à venir. Xavier surabondait de joie !

« .... Bien que je sois déjà tout blanc, écrivait-il (1), je suis plus vigoureux et plus robuste que jamais; car les travaux auxquels on se livre pour instruire une nation civilisée, avide de connaître la vérité, sont bien adoucis par l'abondance de la moisson et l'espérance de nouvelles récoltes. Au plus fort de mes fatigues lorsqu'il me fallait satisfaire l'empressement de la multitude affamée qui se pressait à nos conférences, mon corps nageait dans la sueur, il est vrai, mais mon âme nageait dans la joie !

« Un des principaux seigneurs de ce pays, le prince Neatondono, nous donnait des témoignages de sincère affection, ainsi que sa femme; ils nous ont secondés de tous leurs moyens pour la propagation de l'Evangile mais nous n'avons pu déterminer ni l'un ni l'autre à embrasser une religion dont ils reconnaissent la vérité. Et pourquoi ? Parce qu'ils ont placé trop d'argent à la banque du dieu Amida; parée qu'ils ont bâti en son honneur des monastères de bonzes et les ont richement dotés, afin que les bonzes prient sans cesse Amida de les préserver de tout malheur en ce monde et de les faire participer à son bonheur dans l'autre. Ils craindraient de perdre capital, intérêt et récompense, s'ils changeaient de religion. »

Une circonstance vint encore augmenter de beaucoup le nombre des chrétiens, au grand désespoir des bonzes.

 
1 Dans une autre traduction nous lisons : « Bien que je blanchisse déjà... » il avait alors quarante-cinq ans seulement.



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